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Donald Trump relance le débat sur la publication trimestrielle des résultats des entreprises

16 septembre 2025 à 12:08

Donald Trump a une nouvelle fois évoqué lundi 15 septembre l’idée d’une publication des résultats des entreprises cotées en Bourse tous les six mois, au lieu de trois, pour que ces dernières puissent économiser de l’argent.

"Les entreprises et les sociétés ne devraient plus être obligées de 'rendre compte' de leurs résultats tous les trimestres […], mais plutôt tous les six mois", a écrit le président américain sur son réseau social Truth, "sous réserve de l’approbation de la SEC", le gendarme financier américain.

Le locataire de la Maison-Blanche avait déjà soumis cette idée en 2018, au cours de son premier mandat. Selon lui, "cela permettra de réaliser des économies et aux dirigeants de se concentrer sur la bonne gestion de leur entreprise", a-t-il expliqué sur Truth. "Avez-vous déjà entendu l’affirmation selon laquelle la Chine a une vision sur 50 à 100 ans de la gestion d’une entreprise, alors que nous gérons nos entreprises sur une base trimestrielle ??? Pas bon !!!, a-t-il ajouté.

Interrogée par l’AFP, la SEC a assuré qu’elle allait donner "la priorité à cette proposition afin d’éliminer davantage les régulations inutiles qui pèsent sur les entreprises".

Moins de transparence

Donald Trump relance ainsi le débat sur une question devenue un serpent de la mer dans les milieux d’affaires et financiers. Les partisans de la suppression des résultats trimestriels estiment que ces rapports d’étape censés fournir un carnet de santé d’une entreprise à un moment donné mettent beaucoup de pression sur elles à court terme au détriment de la performance à long terme.

"Cela pourrait certainement aider les entreprises à faire des économies", commente auprès de l’AFP Sam Stovall, de CFRA, selon qui "la production de deux rapports par an demanderait moins de temps que celle de quatre rapports." "Cela augmenterait probablement la volatilité (sur les marchés, NDLR), car il y aurait moins d’indications permettant de réajuster les attentes", tempère toutefois l’analyste. Comme le souligne Reuters, certains investisseurs avertissent aussi qu’une publication semestrielle plutôt que trimestrielle entraînerait une diminution de la transparence.

Le New York Times rappelle que Donald Trump a fait de la déréglementation une pierre angulaire de sa présidence. En mars, le secrétaire au Trésor Scott Bessent avait vanté "son programme audacieux visant à stimuler la prospérité américaine en maîtrisant les réglementations contraignantes".

La Commission européenne a aboli en 2013 l’obligation pour les sociétés présentes en Bourse de présenter leurs résultats tous les trois mois. La plupart des grandes entreprises de l’Union ont néanmoins continué à publier à une fréquence trimestrielle.

© afp.com/Kevin Dietsch

Le président américain Donald Trump répond aux questions des journalistes dans le bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington, le 15 septembre 2025

Avec Stephen Miran, Donald Trump place l’un de ses pions au cœur de la Fed

16 septembre 2025 à 10:47

C’est un coup qu’il attendait de jouer depuis longtemps. Avec l’approbation lundi 15 septembre par le Sénat américain de l’un de ses conseillers économiques comme "gouverneur" de la Réserve fédérale (Fed), Donald Trump est enfin parvenu à placer l’un de ses pions au cœur de cette institution qui contrôle la politique monétaire des Etats-Unis. Un pas vers le contrôle de cet organisme indépendant du pouvoir exécutif depuis 1951, qui résistait jusqu’ici à ses pressions.

Le nouveau gouverneur Stephen Miran, 42 ans, est à la tête du Comité des conseillers économiques (CEA) de la Maison-Blanche. Il est surtout un fidèle extrême de Donald Trump, architecte et défenseur de la politique économique du président républicain. Sa présence au conseil de la Fed ne durera que quatre mois : Stephen Miran doit occuper un poste de gouverneur vacant depuis la démission surprise d’Adriana Kugler, dont le mandat courrait jusqu’au 31 janvier 2026. Mais elle intervient à un moment crucial, alors que Donald Trump multiplie les attaques contre la banque centrale.

Mardi et mercredi se tient par ailleurs une réunion cruciale de la Fed, au cours de laquelle la banque centrale doit décider du niveau de ses taux directeurs. Douze personnes votent ensemble sur les taux d’intérêt américains : les membres du conseil des gouverneurs (six gouverneurs et son président, Jerome Powell), le président de la Fed de New York et quatre présidents de Fed régionales qui changent d’une année sur l’autre. S’il prête serment in extremis, l’allié de Donald Trump pourra voter dès maintenant sur les taux d’intérêt et influencer les délibérations internes sur les règles régissant Wall Street.

L’arme de Donald Trump dans son duel avec la Fed

Le vote très serré autour de la nomination de Stephen Miran (48 voix contre 47) a donné lieu à une forte opposition de la part des démocrates, qui craignent qu’il ne permette enfin à Donald Trump de faire appliquer ses desiderata au sein de l’institution. Car la bataille est historique entre la Fed et le président milliardaire.

À l’origine de la querelle, le maintien obstiné par la Fed de ses taux directeurs, alors que Donald Trump réclame depuis des mois une détente monétaire pour alléger les coûts d’emprunt et soutenir la croissance. Le conseil des gouverneurs s’y est jusqu’ici refusé, principalement en raison de la guerre commerciale que le président américain a lui-même déclenchée, et du risque important d’inflation associé. Un risque minimisé par Donald Trump, tout comme par Stephan Miran. Lors de son audition, ce dernier a estimé à rebours de la majorité des économistes, qu’il n’y avait "pas eu d’augmentation détectable du niveau global des prix à la suite de l’instauration de droits de douane" par l’exécutif américain.

Depuis plusieurs mois, la vendetta de Donald Trump contre la Fed s’est aussi personnifiée en un ennemi : Jerome Powell, son président, qui résiste contre vents et marées aux pressions du locataire de la Maison-Blanche. Après l’avoir traité à maintes reprises "d’imbécile" et d’abruti" pour ne pas avoir baissé les taux d’intérêt, il menace régulièrement de le limoger. Lundi encore, le président des Etats-Unis appelait le patron de la Fed à baisser les taux d’intérêt "MAINTENANT, ET PLUS FORTEMENT QUE CE QU’IL A EN TÊTE", dans un message sur Truth Social. La réunion de cette semaine devrait de toute façon marquer la première baisse de taux de 2025. Les investisseurs anticipent majoritairement une diminution d’un quart de point, ce qui est le plus courant en politique monétaire.

L’absence assumée d’indépendance de Stephen Miran

Alors que la politique monétaire n’évolue pas assez vite à son goût, Donald Trump a changé de tactique pour gagner en contrôle sur la Fed, en tentant de faire de la place pour ses fidèles. Il a récemment essayé de pousser vers la sortie la gouverneure Lisa Cook. Il l’accuse d’avoir menti pour obtenir des emprunts immobiliers à des taux plus favorables. Lundi, une cour d’appel américaine a confirmé une précédente décision de justice permettant à la gouverneure de rester temporairement en fonction, malgré l’annonce de son limogeage par Donald Trump. Mais l’affaire est loin d’être close.

Pour l’heure, le président américain devra se contenter des quatre mois de siège de Stephen Miran à la Fed. Du fait de la brièveté du mandat, ce dernier a expliqué aux sénateurs début septembre qu’il ne prévoyait pas de démissionner de son poste de conseiller du président mais seulement de prendre un congé sans solde. La situation inédite - un gouverneur gardant un lien avec la Maison-Blanche - a révolté l’opposition. "C’est la première fois en 90 ans qu’un responsable en exercice à la Maison-Blanche joue un rôle dans l’établissement de la politique monétaire" pointe le Washington Post.

Une absence ouverte d’indépendance sans précédent, et très inquiétante. "Cela signifie concrètement qu’il reste un employé de la Maison-Blanche tout en travaillant pour la Réserve fédérale, pourtant si indépendante", dénonce Lisa Gilbert, coprésidente de l’organisation de défense des consommateurs Public Citizen, auprès de la radio publique américaine NPR. En mars 2024, le jeune économiste proposait dans un éditorial de réduire les mandats des membres du conseil de la Fed et de clarifier qu’ils siègent "à la discrétion du président américain".

Elizabeth Waren, puissante sénatrice démocrate, a quant à elle jugé la semaine dernière que Stephen Miran ne pourra pas dans ces conditions voter une décision qui déplairait à Donald Trump, sous peine de ne pas retrouver son poste à la Maison-Blanche. Elle a dénoncé une forme de "servitude" et estimé qu’"il n’aura aucune crédibilité auprès des marchés, aucune crédibilité auprès des entreprises et aucune crédibilité auprès de la population". Sa nomination marque également un changement parmi les républicains du Sénat, "qui ont généralement fait en sorte de protéger la Fed de l’influence de Trump au cours de son premier mandat", pointe le Washington Post. Cette fois, seule une sénatrice républicaine de l’Alaska s’est opposée à la nomination de Miran.

© Brendan SMIALOWSKI / AFP

Donald Trump a nommé un de ses proches conseillers économiques, Stephen Miran, en tant que nouveau gouverneur de la Fed.

Ukraine : Donald Trump va "probablement" rencontrer Volodymyr Zelensky la semaine prochaine

16 septembre 2025 à 12:12

Espérant toujours pouvoir négocier un accord de paix entre l’Ukraine et la Russie, Donald Trump devrait rencontrer la semaine prochaine son homologue Volodymyr Zelensky, a fait savoir le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio mardi 16 septembre. Depuis leur entretien catastrophique à la Maison-Blanche en février, les deux dirigeants se sont rencontrés à deux reprises. "Si la paix est possible, il veut l’obtenir", a ajouté Marco Rubio à propos du président américain, précisant toutefois : "A un certain moment, il pourrait conclure que ce n’est pas possible. Il n’en est pas encore là, mais il pourrait atteindre ce stade."

Donald Trump a menacé plusieurs fois d’imposer des sanctions à la Russie si le président Vladimir Poutine ne faisait pas de compromis. Mais il n’est pas allé au bout de ses menaces, alors même que Moscou intensifie ses attaques, au grand dam de l’Ukraine. La semaine dernière, le Kremlin a estimé que les négociations de paix avec Kiev étaient en "pause", trois ans et demi après le début de son invasion.

Les infos à retenir

⇒ Donald Trump va "probablement" rencontrer Volodymyr Zelensky la semaine prochaine

⇒ Des frappes russes font deux morts dans le sud de l’Ukraine

⇒ Pologne : deux Biélorusses arrêtés après le survol par un drone de bâtiments gouvernementaux

Marco Rubio annonce une rencontre probable Trump-Zelensky la semaine prochaine

Le président américain va "probablement" rencontrer son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky la semaine prochaine et espère toujours négocier un accord de paix entre Kiev et Moscou, a déclaré mardi le secrétaire d’Etat Marco Rubio.

Donald Trump a eu "de multiples appels avec Poutine, de multiples rencontres avec Zelensky et probablement il aura une nouvelle rencontre la semaine prochaine à New York", où se tient l’Assemblée générale de l'ONU, a indiqué le chef de la diplomatie américaine à des journalistes en Israël. "Il va continuer d’essayer. Si la paix est possible, il veut l’obtenir", a-t-il ajouté. "A un certain moment, le président pourrait conclure que ce n’est pas possible. Il n’en est pas encore là, mais il pourrait atteindre ce stade."

"Si d’une manière ou d’une autre il (Donald Trump) devait se désengager, ou sanctionner la Russie en disant 'j’en ai fini', alors il ne resterait plus personne au monde capable de jouer les médiateurs pour mettre fin à la guerre", a encore dit Marco Rubio.

Russie : arrestation d'une femme accusée de sabotage ferroviaire pour le compte de l'Ukraine

Les services russes de sécurité (FSB) ont annoncé mardi avoir arrêté une citoyenne russe accusée d'avoir fait exploser, sur ordre de l'Ukraine, une bombe artisanale sur un tronçon ferroviaire du Transsibérien. Depuis le début de l'offensive en Ukraine en 2022, les autorités russes multiplient les arrestations pour "espionnage", "trahison", "sabotage", "extrémisme", "discrédit de l'armée", avec souvent de très lourdes peines de prison à la clé.

Cette femme née en 1974, dont l'identité n'a pas été précisée, est accusée d'avoir mené "un acte de sabotage" sur une section du Transsibérien, dans la région sibérienne de Transbaïkalie, a affirmé le FSB dans un communiqué. Elle aurait agi "sur ordre des services spéciaux ukrainiens", d'après cette même source. Elle est soupçonnée d'avoir confectionné un engin explosif artisanal en août dernier, de l'avoir déclenché sur les voies ferrées et d'avoir envoyé une vidéo de l'explosion à son contact pour obtenir une "récompense", selon le FSB. Accusée de "sabotage", elle a été placée en détention provisoire et encourt jusqu'à vingt ans de prison.

Des frappes russes font deux morts dans le sud de l’Ukraine

Des frappes russes ont fait deux morts dans le sud de l’Ukraine, dans les régions de Zaporijia et Mykolaïv, ont annoncé les autorités locales mardi au moment où les Européens craignent une escalade du conflit.

"Une personne a été tuée" au cours d’une attaque, a déclaré Ivan Fedorov, chef de l’administration militaire régionale de Zaporijia sur Telegram, précisant que des équipes des secours étaient sur place. "Le nombre de personnes blessées dans l’attaque ennemie sur Zaporijia est passé à neuf", a-t-il écrit dans un autre message, relevant le bilan des blessés.

Le gouverneur de la région de Mykolaïv, Vitali Kim, a lui fait état d’un mort dans sa région. "Il y a quelques heures, les Russes ont attaqué une ferme dans la communauté de Tchornomorska". "Un homme, un conducteur de tracteur, a été tué alors qu’il travaillait dans le champ", a-t-il détaillé sur Telegram, condamnant "une attaque ciblée contre des civils".

Pologne : deux Biélorusses arrêtés après le survol par un drone de bâtiments gouvernementaux

Deux ressortissants biélorusses ont été arrêtés à Varsovie après le survol par un drone de bâtiments gouvernementaux, a annoncé lundi le Premier ministre polonais Donald Tusk sur son compte X.

Un porte-parole du SOP (Service de protection de l’Etat, organisme chargé de la sécurité des membres du pouvoir et des institutions d’Etat) a indiqué à la chaîne TVN24 que les deux opérateurs du drone avaient été arrêtés lundi vers 19h00, sans confirmer qu’ils étaient de nationalité biélorusse et sans préciser la nature du drone.

La Pologne et les pays de l’Alliance atlantique ayant une présence militaire sur son sol sont en état d’alerte depuis l’intrusion dans la nuit du 9 au 10 septembre d’une vingtaine de drones russes. Plusieurs pays européens, dont la France, l’Allemagne et la Suède, ainsi que la Grande-Bretagne, ont annoncé le renforcement de leur contribution à la défense aérienne de la Pologne le long de sa frontière orientale avec l’Ukraine et la Biélorussie, alliée de Moscou.

© afp.com/Mandel NGAN

Le président américain Donald Trump serre la main de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une rencontre dans le bureau Ovale à la Maison-Blanche, le 18 août 2025 à Washington

"Netanyahou est prêt à plonger le Moyen-Orient dans le chaos" : après l'attaque à Doha, la révolte du Golfe

16 septembre 2025 à 09:19

Une douzaine de pelleteuses sont au travail, en pleine canicule, à trier les gravats. Elles déplacent ce qui reste du rez-de-chaussée d’une belle villa beige, presque entièrement calcinée et dont les climatiseurs extérieurs pendent dans le vide. Nous ne sommes pas à Beyrouth, Damas, Sanaa ou Téhéran, mais en plein cœur du quartier des ambassades à Doha, au Qatar, et à quelques mètres seulement du lycée international de Choueifat où l’élite locale envoie ses enfants.

Le 9 septembre, à 15 heures, le ciel s’est abattu sur cette maison de deux étages. Le ciel, ou plutôt une dizaine de missiles israéliens, d’après des sources américaines. "C’était comme un tremblement de terre, avec deux énormes secousses, confie un habitant, qui a senti le sol vibrer alors qu’il se trouvait dans le grand centre commercial de la ville, à plusieurs kilomètres des frappes. Puis une épaisse colonne de fumée noire a envahi le ciel, comme dans un film." C’est la première fois depuis sa création, en 1971, que le richissime émirat gazier, qui a le PIB par habitant le plus élevé de la planète, subit les dégâts d’une opération militaire sur son sol. "Tout le monde était en état de choc, nous avons tous appelé nos familles pour savoir si elles étaient en sécurité, raconte l’analyste qatari Rashid Al-Mohanadi, du Middle East Council on Global Affairs. Au début, on pensait que c’était la station pétrolière juste à côté qui avait explosé. La surprise a été totale quand nous avons appris qu’il s’agissait d’une attaque israélienne qui visait non seulement l’équipe de négociateurs palestiniens, mais aussi le territoire du pays qui accueille ces négociations."

Cette demeure faisait office de QG du Hamas à Doha depuis l’établissement du mouvement palestinien au Qatar, en 2012, à la demande des Etats-Unis et avec l’accord d’Israël. Un endroit sûr, qui permettait de garder un canal de négociations discrètes. C’est dans cette maison que les dirigeants du Hamas en exil ont dansé et prié le 7 octobre 2023, en visionnant les images de l’attaque terroriste de leurs troupes en Israël. Dans cette maison, aussi, qu’ils se sont réunis le 9 septembre pour étudier la dernière proposition américaine de cessez-le-feu à Gaza : l’occasion pour Israël d’éliminer quelques visages connus du Hamas et de venger l’attentat de la veille à Jérusalem, quitte à franchir toutes les lignes rouges. Le bombardement a fait six morts, mais les cadres du Hamas présents en sont sortis vivants.

Aucun pays ne se sent à l'abri d'une opération israélienne

La réputation d’Israël, elle, aura du mal à se relever de cette opération. En bombardant pour la première fois un émirat du Golfe, l’Etat hébreu a brisé un tabou et fait trembler les palais de la région. Des tremblements de peur et de colère. "Le gouvernement israélien actuel veut bouleverser l’ordre régional et imposer sa domination, ce qui est très dangereux pour le Moyen-Orient, souligne l’analyste qatari Rashid Al-Mohanadi. Pour atteindre cette hégémonie, Benyamin Netanyahou est prêt à plonger la région dans le chaos, la mort et la destruction." Plus personne ne se sent à l’abri.

Depuis le 7-Octobre, Israël a frappé cinq pays souverains, sans compter la guerre dans la bande de Gaza. Cette frénésie militaire israélienne fait courir les rumeurs les plus folles au Moyen-Orient : Tsahal pourrait désormais frapper le Hamas à Istanbul, les Israéliens auraient déjà tenté une opération similaire au Caire, et même Riyad ou Dubaï ne seraient plus hors limite… "D’un côté, les pays du Golfe se réjouissent en coulisses de voir Israël agir contre leurs ennemis traditionnels, qui sont l’Iran et le Hamas, estime Chuck Freilich, ancien conseiller à la sécurité nationale d’Israël. De l’autre, ils craignent qu’Israël ne déstabilise la région et soit, en définitive, un acteur de plus en plus imprévisible."

L’Etat hébreu a toujours été source de légendes et de méfiance dans les capitales voisines. A chaque assassinat ou événement étrange, l’ombre du Mossad refait surface. Le bombardement du QG de l’Organisation pour la Libération de la Palestine en 1985 à Tunis, qui avait tué près de 70 personnes, avait déjà servi d’avertissement à ses voisins. Mais l’opération à Doha marque un tournant : Israël a frappé le territoire d’un allié extrêmement proche des Etats-Unis, à moins de vingt kilomètres de la plus grande base militaire américaine de la région. Au lendemain des frappes israéliennes, le Premier ministre qatari, Mohammed Ben Abdulrahman Al-Thani, a tenu une conférence de presse où il est apparu très nerveux, ne pouvant s’empêcher de taper avec ses doigts sur la table et de cibler Benyamin Netanyahou : "Il dit vouloir redessiner le Moyen-Orient, et maintenant il veut aussi redessiner la région du Golfe ?"

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamas Al-Thani, à l'ouverture du sommet exceptionnel des dirigeants arabes et musulmans à Doha, le 15 septembre 2025
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamas Al-Thani, à l'ouverture du sommet exceptionnel des dirigeants arabes et musulmans à Doha, le 15 septembre 2025

L’appel à ses puissants voisins a été entendu : dès le 15 septembre, moins d’une semaine après l’attaque israélienne, tous les dirigeants arabes et musulmans ont accouru au chevet du Qatar pour un "sommet arabe et islamique d’urgence". Mohammed ben Salmane (Arabie saoudite), Recep Tayyip Erdogan (Turquie), Abdel Fattah Al-Sissi (Egypte), Ahmed Al-Charaa (Syrie) ou encore Mahmoud Abbas (Palestine) : personne ou presque ne manquait à l’appel. Même le président iranien, Massoud Pezechkian, a fait le déplacement à Doha, moins de trois mois après avoir envoyé une dizaine de missiles en direction du Qatar pendant la guerre Israël-Iran. L’alliance contre l’ennemi israélien fait oublier les rancœurs. "Le Qatar montre son poids diplomatique avec ce sommet, juge Khalid Al-Khulaifi, ancien diplomate qatari et spécialiste des relations internationales au Center for International Policy Research. En venant à Doha, ces dirigeants font passer le message que si le Qatar est attaqué, c’est tout le monde arabo-musulman qui est attaqué. Israël, ou du moins son Premier ministre, se croit suffisamment intouchable pour frapper cinq pays arabes le même jour sans qu’il n’y ait de réaction… C’est ridicule."

Le bilan du sommet s’avère contrasté : des déclarations de solidarité avec le Qatar, une belle photo de famille comme symbole de l’unité face à Israël mais aucune décision commune concrète. Ni sanctions économiques, ni réponse militaire. En coulisses, l’Egypte proposait la création d’une force arabe multinationale, capable d’intervenir pour défendre les frontières et la souveraineté de ses pays membres. "Mais les armées arabes restent des rivaux historiques, c’est impossible pour elles de coopérer, remarque un connaisseur de la région. Vous ne verrez jamais un soldat égyptien monter en première ligne pour défendre la Turquie ou le Qatar, c’est de la science-fiction."

La fiabilité américaine en débat

Ce sommet arabo-musulman accentue surtout la pression sur les Etats-Unis, censés être les garants de la sécurité du Qatar et du Golfe en général. "Ces frappes sur Doha montrent que le parapluie américain n’est pas si puissant puisqu’il ne protège pas des attaques israéliennes", pointe l’analyste koweïtien Abdulaziz Al-Anjeri. En mai, pourtant, Donald Trump posait fièrement à Doha, entre un drone géant MQ-9 Reaper et un avion de chasse F-15, deux produits phares de l’industrie militaire de l’Oncle Sam. Le président républicain promettait alors de "déployer toute la puissance américaine pour protéger les Etats-Unis et leurs alliés, et quel allié nous avons ici !" Le Qatar venait tout juste de lui offrir un nouveau jet privé, évalué à 400 millions de dollars.

Trois jours après le bombardement israélien, Trump dînait en tête à tête avec le Premier ministre qatari à New York, signe de l’ampleur du malaise à la Maison-Blanche. "Avec les Etats-Unis, toutes les options sont sur la table, assure l’analyste qatari Rashid Al-Mohanadi. Mais si les Etats-Unis comptent conserver leur rôle sécuritaire auprès des pays du Golfe, ils n’ont d’autres choix que de leur proposer des garanties équivalentes à celles qui existent avec le Japon et la Corée du Sud, c’est-à-dire un accord de défense mutuelle."

Les pays du Golfe ne regardent pourtant pas à la dépense pour s’assurer la protection américaine. Le Qatar débourse environ huit milliards de dollars chaque année pour abriter les 10 000 soldats américains de la base d’Al-Udeid, quand l’Arabie saoudite a promis 600 milliards de dollars d’investissements aux Etats-Unis cette année. "Les Etats du Golfe sont mal équipés pour répondre à la menace israélienne en raison de leur dépendance à Washington, soutient Hasan Alhasan, ancien conseiller du prince de Barhein. Ils ne peuvent ni rivaliser avec les capacités militaires israéliennes ni compter sur la protection américaine, ce qui devient un immense problème puisque Israël apparaît de plus en plus comme la brute du Moyen-Orient et partage désormais avec l’Iran la vision d’une région qu’ils peuvent utiliser comme un champ de bataille."

Les autres options sécuritaires : la Chine, la Russie et... l'Europe

Pendant deux ans, les monarchies du Golfe ont ménagé Israël malgré le bilan humanitaire terrifiant dans la bande de Gaza, s’en tenant à des condamnations de principe. L’attaque au Qatar fait l’effet d’un électrochoc. Même les Emirats arabes unis, qui fêtaient ce 15 septembre les cinq ans des accords d’Abraham les liant à Israël, menacent de représailles diplomatiques et tracent à présent des "lignes rouges" pour l’Etat hébreu.

"Les pays du Golfe réévaluent leurs alliances militaires, accélèrent leurs productions nationales d’armement et tentent d’être moins dépendants des Etats-Unis", observe Hasan Alhasan. Les options : Chine, Russie, mais aussi Europe. Les déclarations de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne, condamnant sans ambiguïté les frappes israéliennes à Doha, ont agréablement surpris les leaders qataris. La reconnaissance de l’Etat palestinien par une douzaine de pays occidentaux, à l’initiative de Paris, est aussi perçue comme l’espoir d’un retour de la diplomatie au Moyen-Orient.

En sortant de leur sommet à Doha, les dirigeants du monde arabo-musulman ont sans doute aperçu l’œuvre artistique du britannique Martin Creed, installée pendant le blocus subi par le Qatar de 2017 à 2021. Un message lumineux géant, accroché à la façade de l’hôtel Sheraton : "Everything is going to be all right" - "Tout va bien se passer". Comme un mantra pour le petit Qatar, et pour ses grands voisins dans la tourmente.

© afp.com/-

Images de la retransmission par la télévision du Qatar des funérailles des six personnes tuées dans des frappes israéliennes, à Doha le 11 septembre 2025.

"Le pire est passé" : en Argentine, Javier Milei promet de lever le pied sur les mesures d’austérité

16 septembre 2025 à 08:25

Le président ultralibéral argentin Javier Milei a adouci son ton après une gifle électorale, assurant lundi 15 septembre que "le pire est passé" sur les mesures d’austérité budgétaire, et promettant des gestes pour les retraites, l’éducation et la santé dans son budget 2026.

"L’équilibre budgétaire reste la pierre angulaire de notre programme", et est "non-négociable", a martelé Javier Milei, dans une allocution télévisée présentant les grandes lignes du budget 2026. Mais "nous comprenons que beaucoup (d’Argentins) n’ont pas encore ressenti dans leur réalité matérielle" le "succès de notre gestion", a-t-il ajouté, dans une concession peu commune. "Rome ne s’est pas faite en un jour", a-t-il commenté.

La présentation du budget, le deuxième en 21 mois de présidence de Javier Milei, intervient dans un contexte épineux pour l’exécutif, huit jours après un cuisant revers électoral dans l’importante province de Buenos Aires. Il y a été devancé de 14 points par l’opposition péroniste (centre-gauche) dans un scrutin régional, perçu comme un test sérieux en vue des législatives nationales de mi-mandat fin octobre. Milei a reconnu une "claire défaite".

"Le cap est bon"

"Nous savons que le chemin est ardu, mais nous savons que le cap est le bon", a lancé lundi le chef de l’Etat, dans un ton moins vindicatif qu’à l’accoutumée, et avec des références aux "plus vulnérables", aux "énormes efforts consentis par tous" mais qui "valent la peine". "C’est la seule voie pour que l’Argentine sorte définitivement du cycle de désillusions consécutives que nous vivons depuis des décennies", a-t-il conclu.

Javier Milei n’a pas formulé d’objectif chiffré dans son allocution, préalable à l’envoi du projet de loi de budget pour débat au Parlement - où il est minoritaire. Mais selon le document transmis au Parlement, qui a filtré dans des médias dont l’AFP, le gouvernement mise sur une inflation de 10,1 % en 2026 - contre 19,5 % pour les huit premiers mois de 2025. Il prévoit également une croissance de 5 % (contre 4,5 % selon les dernières projections du FMI).

La présentation du budget 2026 intervient dans un contexte d’inquiétude des marchés financiers concernant le maintien du cap économique, mais aussi le peso, monnaie argentine qu’ils considèrent surévaluée. Lundi, le peso sous pression a flirté avec le plafond de sa bande de flottement prévu, à 1 475 pesos pour un dollar.

Vainqueur surprise de la présidentielle 2023 sur une formule dégagiste "anti-caste", Javier Milei s’est attelé depuis, comme promis, à une "thérapie choc" : une drastique austérité budgétaire, qui a notamment vu la suppression de 53 000 emplois publics, et le définancement de secteurs comme les chantiers publics, les retraites, l’éducation, la santé.

Concernant ces secteurs, source des plus fortes oppositions - et mobilisations de rue - contre la politique du gouvernement, Javier Milei a promis pour 2026 un geste : une hausse des dépenses sur les retraites de 5 points de pourcentage au-dessus de l’inflation, de 17 points pour la santé, et de 8 points pour l’éducation.

"Disque rayé"

La stabilisation macro-économique, en particulier l’inflation spectaculairement jugulée - de 211 % en interannuel à fin 2023, à 33,6 % actuellement -, s’est faite au prix d’un ralentissement de l’économie (récession de 1,8 % en 2024), et d’une consommation anémiée. Il y a des secteurs de l’économie "qui sont restés un peu à la traîne par rapport à la réactivation" de l’économie, a dû reconnaître le porte-parole présidentiel Manuel Adorni au lendemain de la gifle électorale.

"Disque rayé […] 'le pire est passé' fait partie des phrases rebattues de la droite argentine", a réagi lundi soir Axel Kicillof, gouverneur péroniste de la province de Buenos Aires, et perçu comme l’espoir - le seul - présidentiable d’une opposition encore sous le choc du "tsunami Milei" de 2023. "Le problème de Milei, c’est qu’il a vendu des faux bijoux en campagne, disant qu’il allait faire une politique originale, novatrice, un ajustement n’affectant que 'la caste'" mais qui au final a affecté les retraités et d’autres, a-t-il accusé.

Juan Luis Bour, économiste de la Fondation de recherches économiques latino-américaines, a expliqué à l’AFP percevoir dans les annonces de Milei des "défis", pour "maintenir un équilibre budgétaire d’ensemble", "particulièrement dans le contexte d’une économie qui croît peu, et d’un risque pays si élevé".

© Getty Images via AFP

Javier Milei le 20 novembre 2024 à Buenos Aires.

Israël a lancé une opération terrestre "de grande ampleur" dans la ville de Gaza

16 septembre 2025 à 11:26

Après avoir intensifié dans la nuit ses bombardements, l'armée israélienne a annoncé le lancement mardi 16 septembre avant l'aube de son offensive terrestre majeure à Gaza-ville. La veille, Israël avait de nouveau reçu le "soutien indéfectible" directement de la bouche du secrétaire d’Etat américain Marco Rubio, en visite à Jérusalem. Avant de monter dans l’avion pour Doha, celui-ci a prévenu le Hamas qu’il ne lui restait plus qu’une "fenêtre très courte", de "quelques jours, peut être quelques semaines" pour trouver un accord avec l’Etat hébreu.

Les infos à retenir

⇒ Israël lance son offensive terrestre majeure à Gaza-ville

⇒ Une commission de l'ONU accuse Israël de "génocide"

⇒ Le Hamas n’a qu’une "fenêtre très courte" pour accepter un accord, selon Marco Rubio

Israël lance son offensive terrestre majeure à Gaza-ville

L'armée israélienne a lancé dans la nuit de lundi à mardi une offensive terrestre sur la ville de Gaza, les troupes progressant ce mardi "vers le centre" de la plus grande ville du territoire palestinien, a déclaré un responsable militaire à des journalistes. "La nuit dernière, nous sommes passés à l'étape suivante, la phase principale du plan pour la ville de Gaza (…) Les forces du commandement sud de l'armée israélienne ont étendu les activités terrestres dans le principal bastion du Hamas à Gaza, qui est la ville de Gaza", a-t-il ajouté, en estimant à "2 000 à 3 000" le nombre de combattants du Hamas opérant dans l'agglomération dont l'armée veut prendre le contrôle. 

Benyamin Netanyahou a parlé de son côté d'"une opération de grande ampleur" dans la ville de Gaza, rapportent plusieurs médias américains dont le New York Times. Le Premier ministre israélien, qui s’exprimait devant un tribunal de Tel-Aviv pour témoigner dans le cadre de son procès pour corruption, a ajouté qu’Israël se trouvait à un tournant "décisif".

Dans la nuit de lundi à mardi, la ville de Gaza a été touchée par des bombardements forts et soutenus, au lendemain d’une visite à Jérusalem du secrétaire d’Etat américain qui a réitéré l’appui des Etats-Unis à Israël. "Gaza brûle" s’est félicité le ministre israélien de la Défense Israël Katz, avant d’affirmer la détermination d’Israël à poursuivre son offensive. "Tsahal frappe d’une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a-t-il déclaré sur X.

Une commission de l'ONU accuse Israël de "génocide"

Une commission d’enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l’intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d’autres responsables israéliens. La commission, qui ne s’exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu’un génocide se produi (sai) t à Gaza et continu (ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l’AFP sa présidente, Navi Pillay. "La responsabilité incombe à l’Etat d’Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Près de deux ans après le début de la guerre, la commission d’enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide. A savoir : "meurtre de membres du groupe ; atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, et l’ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n’avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Israël a aussitôt "rejeté catégoriquement" un rapport "biaisé et mensonger", et appelé "à la dissolution immédiate de cette commission d’enquête".

Le Hamas a une fenêtre "très courte" pour accepter un accord, selon Marco Rubio

Le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a averti mardi que le Hamas ne disposait que de quelques jours pour accepter un accord de cessez-le-feu, au moment où Israël a lancé des frappes particulièrement nourries sur la ville de Gaza. "Les Israéliens ont commencé à mener des opérations là-bas. Nous pensons donc que nous avons une très courte fenêtre de temps pour qu’un accord puisse être conclu" avec le mouvement islamiste palestinien, a-t-il déclaré à des journalistes. "Nous n’avons plus des mois" mais "probablement quelques jours et peut-être quelques semaines," a-t-il déclaré aux journalistes en quittant Israël pour le Qatar.

Marco Rubio a promis lundi au gouvernement de Benyamin Netanyahou le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

Le Qatar, seul médiateur possible ?

Le chef de la diplomatie américaine a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l’émirat. "Evidemment, ils doivent décider s’ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu’ils sachent que, s’il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c’est le Qatar," a déclaré Marco Rubio aux journalistes alors qu’il se rendait à Doha depuis Israël.

Quelques heures plus tôt, Donald Trump avait assuré lundi que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou ne frapperait plus le Qatar, après l’attaque inédite menée par Israël la semaine dernière à Doha contre des chefs du Hamas. Benyamin Netanyahou a pourtant refusé d’exclure de nouvelles frappes lors d’une rencontre avec le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio à Jérusalem.

A l'ouverture d'un débat urgent au Conseil des droits de l'homme à Genève, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a condamné ce mardi l'attaque israélienne au Qatar, et appelé tous les pays à en faire autant. "La frappe israélienne contre les négociateurs à Doha le 9 septembre est une violation choquante du droit international" et "une atteinte à la paix et à la stabilité régionales", a-t-il affirmé.

Le Luxembourg va reconnaître l'Etat de Palestine

Le Luxembourg entend se rallier la semaine prochaine lors d'une réunion à New York aux pays qui reconnaissent l'Etat de Palestine. A son arrivée mardi à une réunion de l'UE à Bruxelles, le chef de la diplomatie Xavier Bettel a confirmé les propos tenus la veille par le Premier ministre Luc Frieden à l'issue d'un échange à huis clos avec les députés de la commission des Affaire étrangères au Grand-duché.

© afp.com/Menahem Kahana

Une photo prise depuis la frontière israélienne avec la bande de Gaza montre des véhicules blindés militaires israéliens stationnés face aux bâtiments détruits dans le territoire palestinien, le 16 septembre 2025

Assassinat de Charlie Kirk : faut-il avoir peur de la génération Z ?

16 septembre 2025 à 06:30

C’est un simple regard, ou une expression du visage, qui, en anglais, porte un nom : le "Gen Z stare". Il se traduit par "regard de la Génération Z" et désigne une attitude inexpressive, vide, neutre et passive-agressive souvent adoptée par les jeunes nés entre 1997 et 2012 (aujourd’hui âgés de 13 à 28 ans) en réponse à un propos qu’ils désapprouvent ou qui les gêne. Ses origines commencent seulement à être débattues. Le "Gen Z stare" (l’expression est née en juillet sur les réseaux sociaux) serait la conséquence du confinement et du repli sur soi pendant le Covid-19 avec, pour résultat, l’enfermement de la génération TikTok dans une bulle cognitive.

Les dommages collatéraux sont nombreux : difficultés dans les interactions humaines (y compris lors de relations sociales superficielles), réticence à échanger des points de vues avec d’autres êtres humains, incapacité à accepter des avis divergents. Ce phénomène accentue l’incompréhension entre générations. Et nourrit la polarisation politique sur les campus universitaires.

Selon un vaste sondage auprès des étudiants de 257 universités américaines, par The Foundation for Individual Rights and Expression, 1 étudiant sur 3 (34 %) estime qu’il est légitime d’employer la violence afin de faire taire un orateur sur les campus ! Ce qui peut expliquer les messages réjouis et décomplexés de nombreux jeunes sur les réseaux sociaux après l’assassinat de l’influenceur conservateur Charlie Kirk. Ce n’est pas tout. 1 étudiant sur 2 (54 %) juge acceptable de barrer la route à des étudiants qui viendraient assister au discours d’un orateur. Et 2 sur 3 trouvent normal d’empêcher un intervenant de s’exprimer en manifestant à grand renfort de cris et de slogans.

L’assassinat de Charlie Kirk s’inscrit dans le contexte particulier de la violence politique américaine et dans un pays où la liberté d’expression (y compris des opinions extrêmes, racistes, antisémites ou néonazies), ainsi que le port d’armes sont garantis par la Constitution, rappelle l’historien américaniste Patrick Weil. "S’ajoute à cela l’effet délétère des algorithmes des réseaux sociaux et, de manière frappante, l’isolement des jeunes – et des moins jeunes – qui se replient sur eux-mêmes ou sur leurs tribus en ligne", poursuit-il. Ceci explique peut-être cela : depuis la fin du confinement, une dizaine d’assassinats ou tentatives d’assassinat (visant des élus du Congrès, le président Trump, un gouverneur, un juge, etc.) ont ponctué la vie politique américaine.

© afp.com/Patrick T. Fallon

Une photo du suspect du meurtre de Charlie Kirk, Tyler Robinson, le 12 septembre 2025, dans l'Utah

Dimitri Minic : "Poutine cultive auprès de Trump l’idée qu’il faut abandonner l’Ukraine"

16 septembre 2025 à 05:45

Pour ce quatorzième épisode, nous regardons du côté de la Russie, après un été particulièrement chargé sur le front diplomatique et militaire. L’armée russe continue de grignoter des territoires dans l’est de l’Ukraine, mais au prix de lourdes pertes. Plusieurs médias russophones basés à l’étranger, comme Meduza et Mediazona, estiment que les combats ont fait plus de 200 000 morts dans les rangs russes depuis l’invasion de février 2022. En comptant les blessés, les pertes dépasseraient le million d’hommes.

Mais il n’est pas question de renoncer pour Vladimir Poutine. L’été lui a profité comme jamais sur le plan diplomatique depuis l’invasion de février 2022. Il a ainsi pu rencontrer Donald Trump à Anchorage, en Alaska, sur le sol américain. Une réhabilitation internationale sans avoir rien à concéder. Puis début septembre, il a fait assaut d’amabilité avec Xi Jinping. D’abord au sommet de Tianjin, pour une photo historique, main dans la main avec le président chinois et le dirigeant indien Narendra Modi. Puis, dans la foulée, place Tiananmen, pour une parade militaire d’ampleur, au côté du dirigeant communiste.

Les Ukrainiens, de leur côté, espèrent que Donald Trump va prendre résolument leur parti, après avoir tendu les bras à plusieurs reprises au maître du Kremlin. Après tout, le dirigeant russe continue de lui refuser aussi bien des pourparlers de paix qu’un cessez-le-feu. Trois ans et demi après l’invasion de février 2022, Vladimir Poutine se montre plus intransigeant que jamais.

Pour mieux comprendre la situation du moment, l’Etat-Major reçoit l’un des meilleurs spécialistes des élites politico-militaires de Russie et de leur vision des affaires sécuritaires et mondiales. Dimitri Minic est chercheur au Centre Russie-Eurasie de l’Institut des relations internationales. Il est l’auteur d’un livre tiré de sa thèse, publiée par la Maison des sciences de l’homme et qui s’intitule "Pensée et culture stratégiques russes : du contournement de la lutte armée à la guerre en Ukraine".

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Cet épisode a été écrit et présenté par Clément Daniez, et réalisé par Jules Krot.

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© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Le président américain Donald Trump (d) et son homologue russe Vladimir Poutine, à Anchorage, en Alaska, le 15 août 2025
Reçu hier — 15 septembre 2025Sans catégorie

Guerre en Ukraine : les nouveaux drones kamikazes de Kiev qui vont épuiser les défenses russes

15 septembre 2025 à 19:48

Un nouvel engin militaire va bientôt rejoindre le ciel ukrainien, avec comme objectif d’user les défenses russes, à quelques mois de l’hiver. Lundi 15 septembre, le ministre ukrainien de la Transformation Digitale, Mykhailo Fedorov, a annoncé que le pôle d’innovation en matière de défense, Brave1, allait expérimenter un nouveau drone kamikaze de fabrication ukrainienne, sur le champ de bataille, dès cet automne.

D’une portée de 40 kilomètres, ces nouveaux appareils offrent une échelle de frappe deux fois supérieure à celle des drones utilisés actuellement, tout en étant capables de contourner le système de brouillage russe. Ils offrent une alternative moins coûteuse que des obus ou des missiles pour les frappes de longue distance, renforçant le système d’artillerie, tout en réduisant les risques pour les soldats, moins exposés sur le front. Les premiers essais sur le champ de bataille doivent intervenir dans les prochaines semaines.

Frapper au-delà des lignes de défense

Actuellement, les drones FPV, massivement utilisés sur le champ de bataille par l’Ukraine, peuvent atteindre des cibles situées à 10 ou 20 kilomètres de distance en moyenne, note le site spécialisé avion-chasse.fr. Ces nouveaux modèles vont ainsi permettre de causer des dégâts au-delà des lignes de défense : "les cibles ne se limitent plus aux tranchées ou véhicules proches du front, mais incluent désormais des dépôts logistiques, des radars ou des systèmes de commandement situés à l’arrière", analyse-t-il.

Ils sont également censés résister aux systèmes électroniques de brouillage, l’un des principaux moyens de défense de la Russie. "Les munitions récemment testées sont conçues pour être bon marché, évolutives et pratiques, offrant aux forces ukrainiennes une capacité de frappe flexible avec une portée étendue", résume Brave1, cité par le site américain spécialisé dans l’armement Defence-blog.

"S’ils s’avèrent résistants, ces nouveaux systèmes pourraient améliorer la capacité de l’Ukraine à frapper les centres logistiques, les positions d’artillerie et les équipements situés derrière les lignes russes", ajoute pour sa part Kyiv Independent. L’effet recherché est d’étirer les défenses russes et de les épuiser aussi bien sur le front, qu’à l’arrière.

Technologie économique

Les engins sans pilote sont massivement utilisés dans la guerre en Ukraine, en raison notamment de leur coût plus économique. Un drone FPV coûte environ 3 000 euros, là où un missile guidé en coûte plusieurs dizaines de milliers, compare avion-chasse.fr. Ces appareils sont également de fabrication locale, ce qui réduit la dépense vis-à-vis des fournitures d’armes de l’extérieur. Pour ces raisons, Kiev a ainsi rapidement développé son programme de drones, l’une des technologies qui a le plus évolué depuis le début du conflit.

Cherchant à rattraper son désavantage matériel face à la Russie, l’Ukraine mise sur l’innovation, et a ainsi lancé Brave1 en 2023, une initiative conjointe entre le ministère de la Défense et les agences de développement numérique, s’appuyant notamment sur des startups ukrainiennes. Mais elle fait face à une limite financière. En effet, le président Volodymyr Zelensky déclarait en juin dernier que l’Ukraine pourrait produire jusqu’à 8 millions de drones par an, mais qu’elle n’avait pas les ressources économiques suffisantes à ce stade.

De son côté, la Russie a également augmenté sa production, en particulier de drones d’attaque de type Shahed, qu’elle utilise pour mener des frappes quasi quotidiennes sur les villes ukrainiennes. En juin, le président russe Vladimir Poutine a annoncé vouloir créer une branche spécialisée dans l’armée, dédiée aux systèmes sans-pilote.

© afp.com/Genya SAVILOV

Un droniste ukrainien contrôle un drone lors d'un vol d'entraînement dans l'est de l'Ukraine, le 12 août 2025.

Assassinat de Charlie Kirk : l’inquiétante spirale de la violence et de la censure aux Etats-Unis

15 septembre 2025 à 17:30

Ces derniers jours, l’influenceuse américaine complotiste Laura Loomer a trouvé son nouveau cheval de bataille : "détruire les aspirations professionnelles de quiconque se réjouit de la mort de Charlie Kirk", célèbre militant d’extrême droite, assassiné lors d’un meeting le 10 septembre. Depuis la semaine dernière, les Etats-Unis connaissent une vaste campagne de représailles organisée par l’extrême droite, contre tous ceux qui auraient exprimé de la joie ou un manque d’empathie, après le meurtre de l’influenceur. Des fonctionnaires, journalistes, ou salariés de plusieurs entreprises ont ainsi perdu leur travail, tandis qu’un site recensant des milliers de posts défavorables à Charlie Kirk et des données personnelles sur leur auteur a vu le jour.

"Les républicains font pression non seulement pour punir le meurtrier présumé, mais aussi ceux dont ils estiment que les propos ont contribué à la mort ou l’ont déshonorée", explique l’agence Associated Press. L’assassinat de Charlie Kirk lors de l’un de ses meetings à l’Université d’Utah Village, la semaine passée, a vivement agité l’Amérique. A 31 ans, cet influenceur d’extrême droite, comptabilisant des millions d’abonnés, était devenu un relais important du trumpisme parmi la jeunesse conservatrice. Il organisait notamment des débats dans les universités, où il affichait des propos ouvertement racistes, sexistes, et transphobes. Récemment, il avait suscité la polémique en affirmant que "l’avortement était l’Holocauste de notre époque".

Quelques minutes après que Charlie Kirk a été abattu en pleine foule, le département d’État des États-Unis (en charge des Affaires étrangères) avait déjà prévenu qu’il suspendrait le visa de n’importe quel étranger qui se réjouirait de la mort de l’influenceur xénophobe. Mais les trumpistes sont allés plus loin : selon un comptage de Reuters, ils sont parvenus ce week-end à faire virer pas moins d’une quinzaine de personnes - fonctionnaires, salariés, ou journalistes.

Appels aux licenciements

Parmi les personnalités publiques, on retrouve le commentateur politique de la chaîne MSNBC, Matthew Dowd, qui intervient depuis une dizaine d’années dans les télévisions américaines. Ce dernier s’est vu congédié après avoir affirmé que "les pensées haineuses [- sous-entendues de Charlie Kirk - NDLR] mènent à des paroles haineuses, qui mènent ensuite à des actes haineux". Après une cyber-campagne menée contre le chroniqueur, la présidente de la chaîne, Rebecca Kutler, a présenté ses excuses, qualifiant les propos de Matthew Dowd "d’inappropriés" et indiquant qu’il avait été renvoyé, explique le New York Times.

La maison d’édition DC Comics a aussi suspendu la série "Red Hood", après que son autrice Gretchen Felker-Martin, transgenre, a ironisé sur le décès du militant connu pour ses positions transphobes, rapporte la chaîne CNN. Un vice-doyen de l’université Middle Tennessee State et deux professeurs des universités Austin Peay State et Cumberland ont également été renvoyés après une campagne de la sénatrice républicaine Marsha Blackburn à leur égard. L’un d’eux avait déclaré que Charlie Kirk "avait provoqué son propre destin".

De nombreux salariés anonymes font aussi partis de la liste, allant de travailleurs de la restauration jusqu’aux transports. Le week-end dernier, le secrétaire aux Transports Sean Duffy a ainsi indiqué "qu’American Airlines avait suspendu des pilotes qui, selon lui, célébraient l’assassinat de Kirk", indique Associated Press.

Fichage en ligne

Ces campagnes de harcèlement ont notamment été facilitées par la création du site "Expose Charlie’s Murderers" ("Dénoncer les meurtriers de Charlie", en français), qui recense des dizaines de milliers de publications sur la mort de Charlie Kirk, avec les données personnelles de leur auteur, comme leur lieu de résidence ou leur profession. En quelques jours, le site créé anonymement a reçu 30 000 contributions, et se projette comme "une plateforme permanente d’archives sur les activistes radicaux appelant à la violence, actualisée en continu". Mais la plupart des messages postés sur le site ne semblent ni provenir d’activistes ultra-radicaux, ni appeler à la violence.

L’un des premiers posts figurant sur le site est par exemple une publication de la journaliste canadienne Rachel Gilmore, qui ne s’est pourtant jamais réjouie de la mort de Charlie Kirk, et avait au contraire dit "espéré qu’il survive", terrifiée "par les représailles" que cela pourrait susciter chez ses "fans d’extrême droite". Après que son nom a circulé sur le site, elle a indiqué que sa vie était devenue "un enfer" recevant constamment des insultes et des menaces de viols de la part de supporters "MAGA". En ce début de semaine, le site était devenu inaccessible, sans que l’on sache encore pourquoi.

Une campagne de représailles à large échelle, qui tranche avec les propos d’une extrême droite cherchant à se présenter comme défenseuse "de la liberté d’expression", et accusant ses adversaires de vouloir mettre en place une "cancel culture", remarque la presse américaine.

"En février dernier, lors de la Conférence sur la sécurité de Munich, le vice-président J.D. Vance avait critiqué l’administration Biden pour avoir encouragé les entreprises privées à faire taire ceux qui critiquaient la gestion de la pandémie, rappelle Associated Press. Il avait ajouté : sous la direction de Donald Trump, nous pouvons être en désaccord avec vos opinions, mais nous nous battrons pour défendre votre droit de les exprimer sur la place publique", indique l’agence de presse américaine, soulignant cette contradiction de l'exécutif.

© CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Pour la droite radicale américaine, Charlie Kirk est mort en "martyr" et toute critique ciblant le militant conservateur doit être punie.

TikTok : Donald Trump annonce un accord avec la Chine

15 septembre 2025 à 15:54

Après deux jours de négociations menées à Madrid, la Chine et les États-Unis sont parvenus à un accord concernant TikTok, que le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping doivent finaliser ce vendredi.

"Les grandes discussions commerciales en Europe entre les Etats-Unis et la Chine se sont TRES BIEN déroulées. Cela va bientôt s'achever. Un accord a aussi été trouvé sur une 'certaine' entreprise que les jeunes de notre pays veulent vraiment garder. Ils seront vraiment très heureux", s'est félicité le président Trump sur son réseau Truth Social. "Je vais parler avec le président Xi vendredi", a ajouté Donald Trump.

Un "cadre" pour un accord sino-américain autour de TikTok a été trouvé, a précisé par la suite le secrétaire au Trésor américain. "Les deux dirigeants, le président Trump et le président chinois Xi, se parleront vendredi pour finaliser l'accord, mais nous avons bien un cadre pour un accord sur TikTok", a déclaré Scott Bessent. "Le cadre vise à ce que (le réseau social) passe sous propriété américaine. Mais encore une fois, je ne vais pas anticiper sur l'appel entre les dirigeants prévu vendredi", a-t-il ajouté.

Le réseau social TikTok est au cœur d'un différend entre les deux pays depuis des mois. Washington demandait à ce que TikTok soit vendu d'ici le 17 septembre à un propriétaire non chinois, sous peine d'être interdit aux Etats-Unis. En vertu d'une loi votée au Congrès en 2024, TikTok est en principe sous le coup d'une interdiction aux Etats-Unis, sauf si sa maison mère, le groupe chinois ByteDance, en abandonne le contrôle.

Guerre d'influence

La date limite pour que l'application populaire trouve un acheteur non chinois ou soit interdite aux États-Unis est fixée au 17 septembre, après une troisième prolongation de cette échéance par le président Trump.

Une loi fédérale exigeant la vente ou l'interdiction de TikTok pour des raisons de sécurité nationale devait entrer en vigueur la veille de l'investiture de Donald Trump en janvier. Ce texte visait à empêcher que les autorités chinoises ne puissent mettre la main sur des données personnelles d'utilisateurs de TikTok aux Etats-Unis ou ne soient en mesure d'influencer l'opinion américaine via le puissant algorithme du réseau social, même si aucun élément n'a jamais été produit pour justifier ces craintes. La cession nécessite le feu vert de la société ByteDance mais aussi des autorités chinoises, qui n'ont, ni l'une, ni les autres, validé jusqu'à présent l'idée même d'une vente.

De nouvelle négociations en vue

Entamées dimanche, les négociations entre la Chine et les Etats-Unis se tenaient à Madrid, au siège du ministère espagnol des Affaires étrangères, après un cycle de discussions menées à Genève, Stockholm et Londres. Les délégations étaient dirigées, d'une part, par Scott Bessent et, d'autre part, par le vice-Premier ministre chinois He Lifeng, qui ne s'est pas exprimé à l'issue des discussions lundi.

"Nous avons eu de très bonnes discussions", a estimé Scott Bessent à l'issue de la deuxième journée des pourparlers, précisant que ces échanges s'étaient concentrés sur TikTok. "Nous tiendrons de nouvelles négociations commerciales dans environ un mois à un autre endroit, mais nous avons parlé de nombreuses choses que nous pourrions faire à l'avenir", a-t-il ajouté.

© The Yomiuri Shimbun via AFP

Le président chinois Xi Jinping et le président américain Donald Trump lors du sommet du G20 à Buenos Aires, en novembre 2018.

Intrusion d’un drone en Roumanie : la Russie accuse l’Ukraine

15 septembre 2025 à 10:43

L’ambassade de Russie à Bucarest a qualifié de "provocation" de l’Ukraine l’intrusion d’un drone en Roumanie, après la convocation dimanche 14 septembre de l’ambassadeur russe au ministère roumain des Affaires étrangères en raison de cet incident.

La Roumanie a annoncé avoir convoqué dimanche l’ambassadeur de Russie pour dénoncer le vol "inacceptable" d’un drone russe la veille dans son espace aérien, quelques jours après une intrusion spectaculaire d’aéronefs similaires dans le ciel polonais, condamnée par l’Union européenne.

Bucarest a fait part au chef de la représentation diplomatique russe, Vladimir Lipaïev, de "sa vive protestation" face à "cet acte inacceptable et irresponsable", selon un communiqué du ministère roumain des Affaires étrangères. Celui-ci a "instamment demandé à la partie russe de prendre toutes les mesures nécessaires" en vue d’éviter qu’une telle "violation de la souveraineté de la Roumanie" ne se reproduise. "De tels incidents récurrents contribuent à l’escalade et à l’amplification des menaces sur la sécurité régionale", a dit le ministère à l’ambassadeur.

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🇵🇱 La Pologne a demandé à l'Otan d'activer l'article 4, qui prévoit des consultations entre alliés en cas de menace. En cause, une incursion, sans précédent, de plusieurs drones russes dans son espace aérien. On vous explique 🎥 Les dernières infos sont à retrouver sur lexpress.fr 📱 🔗 Lien en bio #pologne #russie #apprendresurtiktok #Sinformersurtiktok #newsattiktok

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Une "provocation délibérée du régime de Kiev"

Lors de cet entretien, Vladimir Lipaïev a qualifié d'"infondée" la protestation de la Roumanie, selon l’ambassade dans un communiqué publié dans la nuit de dimanche à lundi. "Aucune réponse concrète et convaincante n’a été donnée" par la partie roumaine aux questions posées par l’ambassadeur russe sur l’identification de ce drone, a poursuivi la même source.

"Tous les faits portent à croire que c’était en effet une provocation délibérée du régime de Kiev" visant "à entraîner les autres pays européens dans une aventure militaire dangereuse contre la Fédération de Russie", a-t-elle ajouté.

La Roumanie avait signalé samedi soir qu’un drone "Geran" avait pénétré dans son espace aérien au cours d’une attaque russe contre des infrastructures de l’Ukraine voisine. Deux avions de combat roumains F-16 ont "détecté un drone dans l’espace aérien national" qui a survolé pendant environ 50 minutes l’est de la Roumanie, à partir du village de Chilia Veche, avant de repartir près de la ville de Pardina en direction de l’Ukraine, selon le ministère de la Défense. "Les pilotes ont reçu l’autorisation d’abattre la cible mais, au moment où ils ont eu un contact direct, ils ont évalué les risques collatéraux et ont décidé de ne pas ouvrir le feu".

Quatre jours plus tôt, dans la nuit de mardi à mercredi, 19 aéronefs sans pilote présumés russes avaient fait une intrusion dans le ciel polonais, la première du genre depuis le début de l’offensive russe en Ukraine en février 2022. Depuis, la Pologne est en état d’alerte, tout comme les Etats de l’Alliance atlantique ayant une présence militaire sur son sol.

© Belga via AFP

Auprès de l'ambassadeur russe à Bucarest, la Roumanie a dénoncé des "incidents récurrents" qui "contribuent à l'escalade et à l'amplification des menaces sur la sécurité régionale".

Allemagne : l’extrême droite fait une percée et triple son score dans l’Ouest industriel

15 septembre 2025 à 09:38

Le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) a triplé son score au scrutin des élections locales de la région industrielle de Rhénanie du Nord-Westphalie (ouest), d’après les premières estimations publiées le dimanche 14 septembre par la chaîne allemande WDR. Le parti a obtenu un score historique de 16,4 % (contre 5 % il y a un an) dans ce Lander le plus peuplé d’Allemagne, traditionnellement acquis aux conservateurs de la CDU et aux socio-démocrates du SPD.

Environ 13,7 millions d’habitants étaient appelés à voter avant la fermeture des bureaux de vote à 18 heures, lors de ces élections "suivies dans tout le pays comme un baromètre de l’humeur nationale", souligne le New York Times. Face à l’AfD, le CDU a maintenu son score, à 34,2 %, tandis que le score du SPD a légèrement baissé à 22,6 % dimanche (contre 24 % il y a 5 ans). Les Verts ont chuté de 8,5 points, tombant à 11,7 %. Un véritable "avertissement pour la coalition nationale, vieille de quatre mois, du chancelier conservateur Friedrich Merz avec les sociaux-démocrates", juge Reuters. "Mais l’AfD n’a pas réussi à rafler l’État comme certains le craignaient", temporise le NYT.

Les élections municipales dans le Land le plus peuplé du pays étaient un premier test important, quelques mois après les élections fédérales dont est issu le gouvernement de Friedrich Merz (CDU), en coalition avec le SPD. Lors de ces élections à l’échelle de l’Allemagne en février dernier, l’AfD avait atteint un score national historique de 20,8 %. Avec l’objectif déclaré de devenir bientôt le premier parti du pays. Ces nouveaux résultats sont donc encourageants pour le parti d’Alice Weidel.

L’AfD mise sur l’Ouest ouvrier et industriel

Bien que sa base électorale soit principalement des États de l’est de l’Allemagne, durant ces élections "l’AfD espère capitaliser sur le virage vers la droite dans l’ouest de l’Allemagne", explique la chaîne Allemagne Deutsche Welle. A en croire les premières estimations, le pari est gagnant. Ces 16 % "ont souligné l’attrait croissant du parti pour les électeurs en dehors de ses bastions dans les États de l’ancienne Allemagne de l’Est, où il est la force politique la plus forte", confirme Politico. Les dirigeants de l’AfD considèrent désormais l’Ouest, plus peuplé et rempli de villes industrielles en déclin (aciérie, industrie charbonnière…) "comme la clef de l’expansion de la base du parti, en particulier avec les électeurs de la classe ouvrière qui font de plus en plus défection vers l’extrême droite", poursuit le média d’analyse politique.

Créé en 2013, le parti a connu un essor dès 2016, notamment sur le thème de l’immigration, favorisé notamment par les agressions sexuelles dont 1 200 femmes ont été victimes lors de la nuit du Nouvel An, dont la moitié à Cologne (ouest). Depuis l’importance du parti n’a cessé de croître, notamment dans les Länder de l’est : il est devenu la première force politique en Thuringe avec 33 % des voix aux élections locales de septembre 2024. Pour ces élections locales à hauts enjeux, l’AfD a même reçu un soutien du milliardaire de la technologie Elon Musk.

© afp.com/John MACDOUGALL

La cheffe de file de l'extrême droite allemande Alice Weidel se donne pour objectif de conquérir l'Ouest Allemand, historiquement acquis à la CDU.

Attaque au Qatar : les dirigeants arabes appellent à "revoir" les liens diplomatiques avec Israël

15 septembre 2025 à 19:02

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a promis, ce lundi 15 septembre, le "soutien indéfectible" de son pays à Israël pour éliminer le Hamas palestinien, près de deux ans après une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza. Le déplacement de Marco Rubio coïncide avec un sommet arabo-islamique à Doha durant lequel l'émir du Qatar s'en est pris de nouveau à Israël après son attaque inédite le 9 septembre dans la capitale qatarie contre des chefs du Hamas.

Les infos à retenir

⇒ Attaque au Qatar : les dirigeants arabes et musulmans appellent à "revoir" les liens diplomatiques avec Israël

⇒ Gaza : Marco Rubio apporte le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël

⇒ La flottille pour Gaza quitte la Tunisie

Attaque au Qatar : les dirigeants arabes et musulmans appellent à "revoir" les liens diplomatiques avec Israël

Les dirigeants arabes et musulmans réunis en sommet à Doha ont appelé ce lundi à "revoir" les liens avec Israël après l'attaque israélienne ayant ciblé des responsables du Hamas palestinien au Qatar la semaine dernière, selon un projet de communiqué consulté par l'AFP. Selon le texte, ce sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), exhorte "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre". 

En visite à Jérusalem, Marco Rubio apporte le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël dans ses objectifs à Gaza

En visite à Jérusalem ce lundi, le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a redit le "soutien indéfectible" de Washington à Israël dans ses objectifs à Gaza. "Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré le chef de la diplomatie américaine. "Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté, déclarant en outre que les Etats-Unis maintiendraient une "pression maximale" sur l’Iran.

A ses côtés lors d’une conférence de presse conjointe, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a fait valoir que cette visite de Marco Rubio était un "message clair" du soutien américain à Israël, et affirmé que Donald Trump était "le plus grand ami" qu’Israël ait jamais eu à la Maison-Blanche.

Madrid annule un contrat de 700 millions d'euros pour des lance-roquettes de conception israélienne

Le gouvernement espagnol a annulé un contrat de près de 700 millions d'euros pour des lance-roquettes de conception israélienne, dans la foulée de l'embargo sur les contrats d'armement avec Israël confirmé la semaine dernière, selon des documents officiels consultés lundi par l'AFP. Ce contrat, attribué à un consortium formé par des entreprises espagnoles, prévoyait l'acquisition de 12 exemplaires du système de lance-roquette de haute mobilité (SILAM), développé à partir du système Puls du groupe israélien Elbit Systems, selon le "Military Balance" de l'Institut international d'études stratégiques (IISS).

Donald Trump dit à Israël de "faire attention" après son attaque au Qatar

Donald Trump a mis Israël en garde dimanche, quelques jours après son attaque contre des responsables du Hamas au Qatar, pays que le président américain considère comme un "très bon allié". "Le Qatar est un très bon allié. Israël et tous les autres, il faut faire attention. Quand on attaque des gens, il faut faire attention", a déclaré à des journalistes Donald Trump, qui s’était dit "très mécontent" de l’assaut israélien mené mardi dans ce pays qui accueille le bureau politique du Hamas.

La diplomatie américaine a néanmoins affirmé que cette offensive n’allait pas affecter les relations avec Israël. Le Qatar est l’un des médiateurs dans les négociations en vue d’un cessez-le-feu à Gaza, où la guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023. L’attaque israélienne, qui a tué cinq membres du Hamas et un membre des forces de sécurité qataries, a suscité une réprobation plus large, notamment dans le monde arabe, Doha exhortant la communauté internationale à "arrêter le deux poids deux mesures" avec Israël.

La flottille pour Gaza quitte la Tunisie

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d’ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d’envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l’a pas oubliée", a dit à l’AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d’embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie. "Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n’avons pas d’autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l’aube lundi, selon un photographe de l’AFP sur place.

Les tensions toujours vives entre l’Espagne et Israël

Le ministre des Affaires étrangères israélien Gidéon Saar a affirmé dimanche soir que le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et son gouvernement étaient "une honte pour l’Espagne" après l’arrêt de la Vuelta pour cause de manifestations propalestiniennes. Gidéon Saar a accusé Pedro Sanchez d’avoir "encouragé les manifestants à sortir dans les rues" pour stopper la course cycliste. "Sanchez et son gouvernement : la honte pour l’Espagne", a-t-il ajouté sur X.

Le chef de gouvernement socialiste, l’une des voix les plus critiques en Europe sur l’action menée par Israël à Gaza, avait fait part dimanche matin de son "admiration" pour les manifestants, tout en disant son "respect" des sportifs. Ce lundi, il a redit "sa profonde admiration pour la société civile espagnole qui se mobilise contre l’injustice", et estimé en outre qu’Israël ne devrait participer à "aucune compétition internationale […] tant que la barbarie continuerait" à Gaza, évoquant l’exemple de la Russie et des sanctions qui visent ses sportifs depuis l’invasion de l’Ukraine.

Des ONG demandent la fin du "commerce avec les colonies illégales" dans les territoires palestiniens

Des ONG ont appelé lundi les États et entreprises, notamment européens, à mettre fin à leur "commerce avec les colonies illégales" d’Israël dans les territoires occupés palestiniens. Plus de 80 organisations, dont la Ligue des Droits de l’Homme et Oxfam, publient pour l’occasion un rapport intitulé "Commerce avec les colonies illégales : comment les Etats et entreprises étrangères permettent à Israël de mettre en œuvre sa politique de colonisation illégale". Leur campagne cible nommément des entreprises et institutions qui "par le maintien de leurs activités commerciales avec les colonies illégales, contribuent directement à la crise humanitaire causée par l’occupation prolongée d’Israël".

Par exemple le distributeur français Carrefour, dont les partenariats commerciaux en Israël "soutiennent directement l’économie des colonies" en y permettant la vente de ses produits, selon le rapport. Ou comme l’équipementier britannique JCB, dont les engins servent aussi bien à la destruction de maisons ou cultures palestiniennes qu’à la construction de colonies illégales, accusent les ONG. Le rapport pointe aussi du doigt les banques étrangères, comme le groupe britannique Barclays, qui financent des activités commerciales, et le géant industriel allemand Siemens qui contribue selon les ONG aux infrastructures de transport bénéficiant aux colonies.

Dans un communiqué, les organisateurs de la campagne "insistent pour que les États, particulièrement ceux de l’UE et le Royaume-Uni, interdisent explicitement les activités commerciales avec les colonies d’Israël, y compris la prestation de services et la réalisation d’investissements".

© afp.com/-

Une photo fournie par l'agence de presse officielle saoudienne SPA montre le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane et l'émir du Qatar cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani lors du sommet arabe-islamique à Doha, le 15 septembre 2025

Espagne : la fin chaotique de la Vuelta ravive les tensions avec Israël

15 septembre 2025 à 12:48

Les barrières tombent, et un flot de manifestants pénètrent sur Gran Via, en plein cœur de Madrid. Brandissant drapeaux et pancartes dénonçant le "génocide sioniste" à Gaza, plus de 100 000 manifestants pro-palestiniens ont provoqué la fin prématurée du Tour d’Espagne cycliste en bloquant sa dernière étape, dimanche 14 septembre en fin de journée. Plusieurs incidents avaient déjà perturbé la Vuelta depuis son arrivée en Espagne, en raison de la participation de l’équipe Israel-Premier Tech à la compétition, alors qu’un puissant mouvement de soutien à la Palestine soulève ces derniers mois la société civile comme la vie politique espagnole.

Dans plusieurs points de la ville, des flots de manifestants ont ainsi renversé les barrières et déferlé sur la chaussée. La foule, dans laquelle se trouvaient des familles avec pour certaines de jeunes enfants en poussette, ou des personnes âgées, a défilé tranquillement, encadrée par des policiers. Près de la gare d’Atocha, les policiers ont répliqué dans un premier temps plus fermement, en chargeant et en lançant quelques grenades lacrymogènes, avant finalement, de laisser les manifestants défiler aux cris de "Boycott Israël", "Ce n’est pas une guerre, c’est un génocide !" ou "Halte aux morts d’enfants innocents !".

Des renforts exceptionnels avaient été déployés dimanche, et des blindés avaient même été prépositionnés à certains carrefours en cas d’incidents graves. Mais impossible cette fois de retenir le flot de manifestants sans basculer dans de violents affrontements. À une cinquantaine de kilomètres de l’arrivée, les coureurs ont donc mis pied à terre, la direction de la course annonçant son arrêt définitif. Épilogue d’une compétition qui aura été marquée quasi quotidiennement par des manifestations et des incidents.

Los manifestantes propalestina ocupan parte de la calle de Gran Vía, recorrido que forma parte de La Vuelta a España y por el que se espera que pasen los ciclistas.https://t.co/Xk35b2tIUZ pic.twitter.com/Zva1TgZOrf

— RTVE Noticias (@rtvenoticias) September 14, 2025

"Une honte pour l’Espagne"

Depuis son arrivée sur le territoire espagnol, la course a été le théâtre de manifestations pro-palestiniennes qui ont fortement perturbé les coureurs. Dans un pays où la cause palestinienne est très populaire, ces manifestations ont en outre lieu en période de grande tension entre le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez et celui de Benyamin Netanyahou. Le ton ne cesse de monter ces derniers mois entre les deux pays.

Dimanche soir après l’arrêt de la Vuelta, le ministre des Affaires étrangères israélien Gideon Saar a affirmé que le Premier ministre espagnol et son gouvernement étaient "une honte pour l’Espagne", accusant Pedro Sanchez d’avoir "encouragé les manifestants à sortir dans les rues" pour stopper la course cycliste.

Le chef de gouvernement socialiste, l’une des voix les plus critiques en Europe sur l’action menée par Israël à Gaza, avait fait part dimanche matin de son "admiration" pour les manifestants, tout en disant son "respect" des sportifs. Ce lundi, il a redit "sa profonde admiration pour la société civile espagnole qui se mobilise contre l'injustice", et estimé en outre qu'Israël ne devrait participer à "aucune compétition internationale (...) tant que la barbarie continuerait" à Gaza, évoquant l'exemple de la Russie et des sanctions qui visent ses sportifs depuis l'invasion de l'Ukraine.

La semaine dernière déjà, l’Espagne avait choisi de durcir sa position face à Israël. Une série de mesures "pour mettre fin au génocide" avaient été annoncées par Pedro Sanchez, dont (entre autres) une consolidation de l’embargo sur les armes, l’interdiction d’accueillir dans les ports espagnols des navires transportant du carburant destiné à l’armée israélienne, 10 millions supplémentaires d’aide humanitaire, mais aussi un renforcement du soutien à l’autorité palestinienne et de nouveaux projets de coopération dans l’agriculture ou l’assistance médicale.

"Nous savons que ces mesures ne suffiront pas à freiner l’invasion ni les crimes de guerre. Mais nous espérons qu’elles contribueront à accroître la pression sur le gouvernement israélien […] à ce que les citoyens espagnols sachent et ressentent que, face à cet épisode infâme, leur pays s’est trouvé du bon côté de l’histoire", avait déclaré Pedro Sanchez.

Règlement de compte

En Espagne, pays traditionnellement perçu comme proarabe, la position du Premier ministre bénéficie d’un large soutien dans l’opinion. Cette ligne a toutefois ravivé les tensions avec Israël, qui a rappelé son ambassadeur à Madrid après la reconnaissance de l’Etat de Palestine par le gouvernement socialiste en mai 2024. En août déjà, le chef de la diplomatie israélienne Gideon Saar avait dénoncé sur X un gouvernement espagnol "corrompu" et "antisémite", l’accusant de détourner l’attention de ses propres problèmes en menant une campagne "anti-israélienne" et une "rhétorique sauvage qui respire la haine".

Dans la soirée, la fin chaotique de la Vuelta a aussi tourné au règlement de compte politique entre le gouvernement espagnol et l’opposition de droite. "La société espagnole ne tolère pas que le génocide à Gaza soit normalisé dans des événements sportifs ou culturels", a salué sur les réseaux sociaux la ministre du Travail Yolanda Diaz, issue de la plateforme d’extrême gauche Sumar et N.3 du gouvernement. Selon elle, "Israël ne peut participer à aucun événement tant qu’il continue de commettre un génocide".

Le chef du Parti populaire (l’opposition de droite), Alberto Nunez Feijoo a répondu en fustigeant dimanche sur X "une honte internationale relayée dans le monde entier", due, selon lui, au gouvernement socialiste qui a "non seulement permis, mais aussi encouragé l’interruption de La Vuelta".

Dans un communiqué, le vainqueur Jonas Vingegaard s’est lui dit "très déçu" que "ce moment d’éternité" lui ait été volé. "Tout le monde a le droit de manifester mais pas d’une manière qui influe ou mette en péril notre course", a-t-il regretté.

© AFP

Une vague de 100 000 manifestants pro-palestiniens ont mis fin à la dernière étape de la Vuelta, le Tour d'Espagne de cyclisme, dimanche 14 septembre.
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Ukraine : Kiev revendique deux attaques sur le réseau ferroviaire russe

14 septembre 2025 à 17:26

Une source au sein du renseignement militaire ukrainien (GUR) a affirmé dimanche que l'Ukraine était responsable de deux opérations de sabotage ce week-end sur le réseau ferroviaire russe, qui ont fait au moins trois morts. Dans un message transmis à l'AFP, cette source anonyme affirme que le GUR, en coopération avec des unités de l'armée, a mené une attaque samedi dans la région russe d'Oriol ainsi qu'une autre dimanche matin dans la région de Léningrad.

Deux trains ont déraillé tôt dimanche dans des zones distinctes de la région de Léningrad, a annoncé le gouverneur régional Alexandre Drozdenko sur Telegram. Le GUR n'a revendiqué qu'un de ces deux incidents, disant avoir fait exploser, vers 2H30 du matin dimanche, une section de la voie ferrée entre les villes de Saint-Pétersbourg et Pskov, entre les stations Stroganovo et Mchinskaïa.

Selon le gouverneur russe, cet incident a entraîné le déraillement d'un train de marchandises transportant 15 wagons-citernes vides, sans faire de victime, tandis que le GUR affirme que les citernes ont été "détruites avec leur carburant". Des médias russes ont publié des images montrant plusieurs citernes renversées le long de la voie ferrée. Dans la même région, un autre déraillement a entraîné dimanche la mort du conducteur du train, à proximité de la station Semrino dans le district de Gatchina, selon le gouverneur régional.

Samedi, une explosion avait été signalée sur une section de chemin de fer à plus de 800 km de là, dans la région russe d'Oriol. Selon les autorités, elle a causé la mort de trois militaires de la Rosgvardia, la garde nationale russe.

Le GUR a affirmé avoir mené cette opération afin de "perturber" la liaison entre les villes d'Oriol et de Koursk et indique que les militaires tués étaient des démineurs envoyés sur place après la découverte de mines par des employés des chemins de fer russes. Le réseau ferroviaire russe a été à plusieurs reprises touché par des déraillements, des explosions et des incendies depuis le lancement de l'invasion russe à grande échelle de l'Ukraine, en février 2022. Kiev, quand elle revendique des sabotages, affirme que la Russie utilise son réseau ferroviaire pour acheminer des troupes et du carburant à ses forces combattant en Ukraine. 

© afp.com/Handout

Photo prise et publiée par le service de presse présidentiel ukrainien, le 20 août 2025, du président ukrainien Volodymyr Zelensky participant à une réunion avec des journalistes ukrainiens et étrangers à Kiev

VIH, tuberculose, hépatite… Des maladies graves se propagent dans l’armée russe

14 septembre 2025 à 14:08

L’alerte a été donnée fin juillet dernier par la fondation Carnegie Endowment for International Peace. Selon un rapport de Carnegie Politika, la publication numérique du groupe de réflexion qui propose des analyses sur la Russie et l’Ukraine, le nombre de cas de VIH parmi les militaires russes a augmenté de 2 000 % depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, en février 2022. D’après la Fondation Carnegie pour la paix internationale, fin 2022, le nombre de cas dans l’armée avait été multiplié par 13 par rapport au niveau d’avant-guerre, et par 20 fin 2024.

Selon l’Institut central de recherche épidémiologique de Rospotrebnadzor, à l’automne 2022, le VIH avait été diagnostiqué chez 1 % de la population russe, soit environ 1,5 million de personnes, relate The Moscow Times, un média russe indépendant installé à Amsterdam et lié à la Fondation Carnegie pour la paix internationale. Depuis 2022, la Russie se classe régulièrement parmi les cinq premiers pays au monde en termes de nouvelles infections, derrière l’Afrique du Sud, le Mozambique, le Nigeria et l’Inde. Le problème n’a pas débuté avec la guerre : en 2021, avant l’invasion russe de l’Ukraine, la Russie enregistrait déjà 3,9 % des nouveaux cas de VIH dans le monde, soit plus que la Tanzanie, l’Ouganda, la Zambie ou le Kenya.

Des soldats malades envoyés au front ?

Rien n’indique que la situation pourrait s’inverser. Comme le rapporte Courrier International, sur sa chaîne Telegram, la journaliste et propagandiste pro-Kremlin Anastasia Kashevarova affirme que l’état-major russe prévoit de regrouper les soldats atteints du VIH, de l’hépatite ou de la tuberculose dans des unités distinctes afin de les envoyer au front ukrainien. Cette annonce n’a pas été confirmée par le ministère de la Défense russe. Toutefois, selon plusieurs médias indépendants russes, des soldats séropositifs ou porteurs de maladies infectieuses participent bien à la guerre en Ukraine, en dépit des affirmations des autorités.

"Certains bataillons sont constitués majoritairement d’anciens détenus souffrant potentiellement de tuberculose, de toxicomanes chroniques ou de jeunes venus des régions occupées de Donetsk et Louhansk, qui souffrent d’un manque de soins depuis 2014", explique un médecin militaire russe, sous couvert d’anonymat, dans les colonnes du média russe Novaïa Gazeta Europe, dont la rédaction est en exil. "Un soldat peut contaminer des dizaines de camarades", prévient-il.

Selon le rapport du Carnegie Endowment for International Peace, cette forte augmentation est due à la fois aux conditions de vie sur le front - des rapports sexuels non protégés entre soldats et la consommation de drogues - et aux politiques du gouvernement russe qui, sous couvert de protection des "valeurs traditionnelles", a accru la pression sur les organisations de prévention et d’éducation luttant contre le VIH.

Ainsi, en avril dernier, l’organisation Elton John AIDS Foundation, qui lutte contre le VIH dans le monde depuis plus de 30 ans, a été classifiée comme "indésirable" en Russie. Cette organisation "vise à soutenir des associations pour la prévention et la lutte contre le sida parmi les groupes les plus vulnérables (personnes LGBT, toxicomanes), ainsi qu’à lutter contre la discrimination […] de personnes infectées par le VIH", a indiqué le parquet dans un communiqué. Mais elle est "beaucoup plus concentrée sur la propagande des relations sexuelles non traditionnelles, des modèles de famille occidentaux et du changement du sexe", a regretté le parquet russe dans ce communiqué.

Le parquet accuse ainsi Elton John AIDS Foundation d’avoir "une attitude négative envers la politique des pays qui défendent les valeurs spirituelles et morales traditionnelles" et de "participer à une campagne de dénigrement de la Russie menée par l’Occident" depuis le début de l’opération russe en Ukraine en février 2022.

Partage de seringues et raréfaction des campagnes de prévention

La hausse des cas de VIH dans l’armée russe est accrue par le partage de seringues, les viols de guerre, les relations tarifées durant les permissions, mais aussi par la raréfaction des campagnes de prévention. Les modes de transmission prospèrent au sein d’une armée d’hommes combattants qui vivent chaque jour comme si c’était le dernier et gagnent un salaire décent. De même, la réutilisation du matériel permettant les transfusions sanguines dans les hôpitaux de campagne auprès des soldats blessés ne se fait pas toujours dans des conditions sanitaires satisfaisantes.

Une telle épidémie "ne peut s’expliquer que par des transmissions par le sang, typiques d’un usage collectif de matériel non stérile", observe Alexeï Lakhanov, consultant international spécialisé dans la prévention du VIH, dans le média indépendant russe Current Time, affilié à Radio Svoboda. Il souligne que, même en temps de paix, les militaires présentent déjà un risque deux à cinq fois plus élevé d’être infectés par le VIH que la moyenne de la population civile.

Malgré la forte augmentation des cas de VIH dans les forces armées russes, un test positif à la maladie constitue toujours un motif officiel d’inaptitude au service militaire. Lors de la conscription, cette règle est généralement respectée : des rapports font état de conscrits achetant des certificats de dépistage du VIH et de l’hépatite afin d’éviter d’être envoyés au front, constate Carnegie Endowment for International Peace. Sur le front lui-même, cependant, ces règles ne sont plus aussi scrupuleusement respectées. Les médias indépendants et les réseaux sociaux regorgent d’histoires de commandants sur le terrain refusant de laisser des soldats quitter le front, quel que soit leur état, car ils sont déjà en nombre insuffisant, relève la fondation.

Vers "un raz de marée d’épidémies" ?

Si la contagion se poursuit au sein de l’armée russe, relève Courrier International, c’est aussi parce que l’armée russe a recruté certains de ces soldats en connaissance de cause. Le site d’investigation russe Vajnie Istorii, installé en Lettonie, a repéré une trentaine d’annonces de recrutement de combattants ayant d’éventuelles "particularités médicales", accessibles sur Avito, un site russe prévu à cet effet. De tels centres de recrutement ont probablement pour objectif d’atteindre les objectifs de recrutement de soldats sous contrat imposés par les autorités.

Les conséquences sanitaires dépassent les seules zones de combat et pourraient être de plus en plus graves. "Quand ces soldats rentreront chez eux, ce sera un raz de marée d’épidémies", s’alarme le médecin interviewé par Novaïa Gazeta Europe. Or "le système de santé russe, affaibli par des années de réformes, n’est pas préparé à cette vague".

© afp.com/Handout

Fin 2022, le nombre de cas de VIH dans l’armée russe a été multiplié par 13 par rapport au niveau d’avant-guerre, et par 20 fin 2024, selon un rapport.

Intrusions de drones en Pologne et Roumanie : qu’est-ce que l’opération Sentinelle orientale déployée par l’Otan ?

14 septembre 2025 à 11:40

Après la Pologne, la Roumanie. Moins de quatre jours après la spectaculaire intrusion dans le ciel polonais de 19 drones russes, dans la nuit du 9 au 10 septembre, un autre pays membre de l’Otan, la Roumanie, a affirmé samedi 13 septembre qu’un appareil sans pilote avait violé son espace aérien lors d’une attaque russe contre des infrastructures en Ukraine voisine.

L’armée roumaine a dépêché dans la soirée deux avions de combat F-16 pour surveiller la situation en liaison, a expliqué dans un communiqué le ministère de la Défense. Les autorités roumaines n’ont toutefois pas directement affirmé que le drone était russe.

Intrusion de drones en Pologne
Intrusion de drones en Pologne

Le Commandement opérationnel des Forces armées polonaises a lui fait état samedi d’opérations d’avions "polonais et alliés" en "raison de la menace de frappes de véhicules aériens sans pilote (drones) dans les régions d’Ukraine limitrophes de la République de Pologne". Le Premier ministre polonais Donald Tusk a également évoqué sur le réseau social X "la menace posée par des drones russes opérant au-dessus de l’Ukraine, près de la frontière polonaise" au cours de la journée de samedi.

"Sentinelle orientale sera flexible et agile"

L’intrusion sans précédent de drones russes dans le ciel polonais a poussé l’Otan à réagir. Vendredi, l’Alliance atlantique a annoncé le lancement d’une opération pour "renforcer encore davantage notre posture le long de notre flanc oriental", a déclaré devant la presse à Bruxelles le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte. Le nom de cette opération ? "Sentinelle orientale." L’ordre a d’ores et déjà été donné de lancer cette opération, a précisé le commandant suprême des forces alliées en Europe, le général américain Alexus Grynkevich, durant cette conférence de presse.

"Sentinelle orientale" débutera concrètement "dans les jours à venir" et comprendra des contributions provenant de plusieurs pays de l’Alliance, a précisé Mark Rutte. La France a déjà annoncé l’envoi de trois Rafale pour renforcer la défense de l’espace aérien polonais. L’Allemagne a également décidé de contribuer à une meilleure défense de l’espace aérien polonais. Selon un communiqué de presse de l’Otan, parmi les équipements dédiés à cette opération figurent deux F-16 et une frégate de guerre anti-aérienne du Danemark, les trois Rafale de France et quatre Eurofighters d’Allemagne. "Ces forces, et d’autres, renforceront les forces alliées existantes et renforceront la posture de dissuasion et de défense de l’Otan, là où cela sera nécessaire", précise le communiqué de l’Alliance. "Sentinelle orientale sera flexible et agile, offrant une dissuasion et une défense encore plus ciblées exactement quand et où cela est nécessaire", a assuré le général Grynkevich dans ce communiqué.

L’opération "sentinelle orientale" couvrira tout le flanc est des Etats membres de l’Otan, "du Grand Nord à la mer Noire et à la Méditerranée", a déclaré Alexus Grynkewich devant la presse. "Sur tout le flanc est, nous ajusterons et modifierons constamment notre posture de manière à prendre l’adversaire au dépourvu, mais aussi à répondre aux menaces spécifiques dès qu’elles apparaissent", a ajouté le commandant suprême des forces alliées de l’Otan en Europe. L’opération comprendra des capacités renforcées, des défenses aériennes et terrestres intégrées et un partage accru d’informations entre les partenaires de l’Otan, a-t-il également précisé. "L’Otan continuera à défendre chaque centimètre carré de son territoire", a promis le général américain.

Hélicoptères et avions de combat à la frontière polonaise

Cette initiative fait suite à la demande de la Pologne d’activer l’article 4 du traité de l’Atlantique Nord, qui prévoit que "les parties se consulteront chaque fois que, de l’avis de l’une d’elles, l’intégrité territoriale, l’indépendance politique ou la sécurité de l’une des parties sera menacée".

Dès samedi, la Pologne et l’Otan ont déployé des hélicoptères et avions de combat. "En raison de la menace de frappes de véhicules aériens sans pilote (drones) dans les régions d’Ukraine limitrophes de la République de Pologne […], des avions polonais et alliés opèrent dans notre espace aérien, et les systèmes terrestres de défense aérienne et de reconnaissance radar ont atteint leur plus haut niveau d’alerte", a indiqué le Commandement opérationnel des Forces armées polonaises sur X. Le vice-ministre de la Défense, Cezary Tomczyk, a précisé que des hélicoptères étaient également engagés.

© afp.com/Nicolas TUCAT

Pour lutter contre la menace des drones russes, l’Otan entend "renforcer sa posture le long de son flanc oriental", à l'Europe de l'est.

Guerre en Ukraine : après la Pologne, la Roumanie affirme à son tour qu'un drone russe a violé son espace aérien

14 septembre 2025 à 09:18

La Roumanie a affirmé samedi que son espace aérien avait été violé par un drone au cours d'une attaque russe contre des infrastructures en Ukraine voisine, quelques jours après que la Pologne a dénoncé l'entrée de drones russes sur son territoire.

L'armée roumaine a dépêché dans la soirée deux avions de combat F-16 pour surveiller la situation en liaison avec ces bombardements sur le sol ukrainien qui ont "détecté un drone dans l'espace aérien national", a expliqué dans un communiqué le ministère de la Défense. Les appareils ont suivi cet engin jusqu'à ce qu'il "disparaisse des radars" près du village de Chilia Veche, a-t-il ajouté. Le drone "n'a pas survolé de zones habitées et n'a pas constitué une menace imminente pour la sécurité de la population" en Roumanie, membre comme la Pologne de l'Otan, a précisé le ministère.

Le même jour, les Polonais et l'Alliance atlantique ont déployé des hélicoptères et des avions de combat en raison d'attaques d'aéronefs sans pilote russes en Ukraine, non loin de la frontière polonaise. La Pologne et les pays de l'Otan ayant une présence militaire sur son territoire sont en état d'alerte depuis l'intrusion au cours de la nuit du 9 au 10 septembre d'une vingtaine de drones russes.

Des fragments de drones se sont écrasés à plusieurs reprises en Roumanie depuis le début, en février 2022, de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, surtout depuis que cette dernière a intensifié ses frappes sur les ports ukrainiens. En février, la chambre haute du Parlement roumain a voté une loi autorisant à abattre les drones violant l'espace aérien du pays.

© afp.com/Vyacheslav PROKOFYEV

Le président russe Vladimir Poutine lors d'une réunion avec les membres du gouvernement à Moscou, le 27 août 2025

Benyamin Netanyahou affirme que la visite de Marco Rubio en Israël montre "la force" des liens entre Israël et les Etats-Unis

14 septembre 2025 à 17:28

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a entamé dimanche une visite en Israël, après avoir exprimé le soutien inébranlable des Etats-Unis à son allié dans sa guerre contre le Hamas malgré une frappe israélienne au Qatar qui a suscité la réprobation.

Cette visite intervient alors que le président américain Donald Trump s'est montré contrarié par l'attaque israélienne de mardi, qui visait des responsables du mouvement islamiste palestinien Hamas au Qatar, autre allié des Etats-Unis.

Ce bombardement sans précédent a été mené contre un complexe résidentiel en plein cœur de Doha, capitale du pays médiateur dans les négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Le Qatar exhorte la communauté internationale à arrêter le "deux poids deux mesures" et à sanctionner Israël

Le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, a exhorté dimanche la communauté internationale à "arrêter le deux poids deux mesures" et à sanctionner Israël pour ce qu'il a décrit comme ses "crimes". Il s'exprimait à la veille d'une réunion dans la capitale qatarie de dirigeants arabes et musulmans visant à condamner les frappes israéliennes ayant visé la semaine dernière à Doha des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas.

"Le temps est venu pour la communauté internationale de cesser le deux poids deux mesures et de punir Israël pour tous les crimes qu'il a commis", a déclaré le Premier ministre qatari. "Israël doit savoir que la guerre d'extermination en cours à laquelle notre peuple palestinien frère est soumis, et dont l'objectif est de les expulser de leur territoire, ne fonctionnera pas", a-t-il ajouté en référence à la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

La réunion de lundi à Doha reflète "la large solidarité arabe et islamique avec l'Etat du Qatar face à l'agression lâche d'Israël (...), ainsi que le rejet catégorique par ces pays du terrorisme d'Etat pratiqué par Israël", selon les autorités qataries.

Netanyahu affirme que la visite de Rubio en Israël montre "la force" des liens entre les deux pays

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé dimanche lors d'une rencontre avec le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio que sa visite en Israël montrait "la force" des liens entre les deux pays.

Cette visite "montre la force de l'alliance israélo-américaine. Elle est aussi forte, aussi durable que les pierres du mur des Lamentations que nous venons de toucher", a dit M. Netanyahu, au cours d'une visite conjointe au mur des Lamentations, dans la vieille ville de Jérusalem.

Marco Rubio arrive en Israël après les frappes au Qatar

Le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, est arrivé dimanche en Israël après avoir exprimé le soutien indéfectible de l'administration de Donald Trump à son allié, malgré les récentes frappes israéliennes au Qatar, a constaté un journaliste de l'AFP.

Selon le département d’Etat américain, le but de ce voyage de M. Rubio est d'assurer Israël du soutien des États-Unis, avant la reconnaissance prochaine par plusieurs pays d'un État palestinien lors de l'Assemblée générale de l'ONU.

© afp.com/Jacquelyn Martin

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio lors d'une conférence de presse avec le ministre mexicain des Affaires étrangères Juan Ramon de la Fuente (hors champ) au ministère des Affaires étrangères à Mexico, le 3 septembre 2025

La Pologne et l'Otan déploient leurs avions après des frappes de drones russes en Ukraine

13 septembre 2025 à 19:52

La tension est maximale. La Pologne et l'Otan ont déployé, ce samedi 13 septembre, des hélicoptères et avions de combat en raison de frappes de drones russes en Ukraine non loin de la frontière polonaise, ont indiqué les autorités du pays.

"En raison de la menace de frappes de véhicules aériens sans pilote (drones, ndlr) dans les régions d'Ukraine limitrophes de la République de Pologne (...), des avions polonais et alliés opèrent dans notre espace aérien, et les systèmes terrestres de défense aérienne et de reconnaissance radar ont atteint leur plus haut niveau d'alerte", a indiqué le Commandement opérationnel des Forces armées polonaises sur X.

Le vice-ministre de la Défense, Cezary Tomczyk, a précisé que des hélicoptères étaient également engagés.

L'aide des pays européens

La Pologne et les pays de l'Alliance atlantique ayant une présence militaire sur son sol sont en état d'alerte depuis l'intrusion dans la nuit du 9 au 10 septembre d'une vingtaine de drones russes.

Plusieurs pays européens, dont la France, l'Allemagne et la Suède, ont annoncé le renforcement de leur contribution à la défense aérienne de la Pologne le long de sa frontière orientale avec l'Ukraine et le Bélarus.

Le Premier ministre polonais Donald Tusk a lui aussi évoqué sur X "la menace posée par des drones russes opérant au-dessus de l'Ukraine, près de la frontière polonaise" au cours de la journée de samedi.

L'espace aérien au-dessus de l'aéroport de Lublin (sud-est) a été fermé et plusieurs vols ont dû être détournés ou retardés.

© NurPhoto via AFP

Des véhicules blindés et des soldats polonais défilent dans la ville lors du défilé militaire annuel de Varsovie, en Pologne, le 15 août 2025.

Liban : l'OLP remet des armes à partir du plus plus grand camp de réfugiés

13 septembre 2025 à 17:33

L'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) a remis samedi à l'armée libanaise des armes du camp de réfugiés d'Aïn el-Heloué, le plus grand du Liban, pour la première fois depuis le début de cette opération. Dans le cadre d'un plan gouvernemental pour désarmer des groupes non étatiques, des factions de l'OLP présentes dans les camps de réfugiés palestiniens ont commencé le 21 août à remettre des armes à l'armée libanaise. Lors d'une visite à Beyrouth en mai, le président palestinien Mahmoud Abbas avait conclu avec le président libanais Joseph Aoun un accord prévoyant la remise aux autorités de toutes les armes présentes dans les camps palestiniens.

Le Liban accueille environ 222 000 réfugiés palestiniens, selon l'ONU, dont une majorité vit dans des camps. En vertu d'un accord tacite, les organisations palestiniennes contrôlent ces camps où l'armée libanaise ne pénètre pas. Dans un communiqué, l'armée a déclaré avoir reçu "cinq camions chargés d'armes provenant du camp d'Aïn al-Heloué", dans le sud du Liban, et "trois camions provenant du camp de Beddawi", dans le nord du pays. "La livraison comprenait divers types d'armes, d'obus et de munitions."

Des véhicules et soldats libanais ont été déployés dans les environs du camp près de la ville de Saïda, a constaté un photographe de l'AFP. Les militaires empêchaient toute personne de s'approcher. Plus tôt, un responsable de l'OLP, Abdelhadi al-Assadi, a affirmé que des camions chargés d'armes en provenance du camp d'Aïn el-Heloué avaient été remis à l'armée libanaise. Il a ajouté que des armes avaient été également remises par l'OLP en provenance du camp de Beddawi. Là aussi, c'est la première fois qu'une telle opération avait lieu dans ce camp.

L'OLP a déjà remis des armes des camps de Mar Elias, Chatila et Bourj al-Barajneh à Beyrouth, ainsi que des camps de Rachidiyé, Bass et Bourj Chemali dans le sud du Liban. Le Fatah de Mahmoud Abbas est la plus importante composante de l'OLP. Le Hamas islamiste et le Jihad islamique, des alliés du Hezbollah libanais, n'en font pas partie et ils n'ont pas encore annoncé une remise d'armes à l'armée libanaise. Sous forte pression américaine, le gouvernement libanais a également chargé l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah pro-iranien.

© afp.com/Zain JAAFAR

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas s'exprime lors de la 32ème session du Conseil central de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) à Ramallah le 23 avril 2025

Défense aérienne : le Danemark choisit des fournisseurs européens pour le plus gros contrat d'armement de son histoire

13 septembre 2025 à 17:07

Le Danemark avait fait savoir en mars dernier qu’il allait évaluer d’un côté le système Patriot américain, et de l’autre le système SAMP/T (Sol-Air Moyenne Portée/Terrestre) franco-italien, avant de signer en fin d’année le plus gros contrat d’armement de son histoire. Le suspens a pris fin vendredi 12 septembre, lorsque le ministère danois de la Défense a annoncé qu’il investirait ses 7,8 milliards d’euros dans le système européen SAMP/T, produit par MBDA et Thales. Cette somme tient aussi compte de l’achat de systèmes de défense aérienne de moyenne portée.

"C’est le plus important investissement en matière d’armement de notre histoire", a indiqué le gouvernement danois. Tout comme ses voisins, le Danemark se met en ordre de marche face à l’agression russe. Mais le petit pays refusait préférait largement le matériel américain : Copenhague en avait acheté 27 en 2016, avant de confirmer la commande de dix nouveaux en juillet dernier, en pleine menace américain d’annexion sur le territoire du Groenland.

Avant ce jour, Eurosam, l’entreprise détenue à 50 % par MBDA (Italie) et 50 % par Thales (France) n’avait jamais réussi à exporter son système. Surnommé système "Mamba", le SAMP/T l’emporte pour la première fois face au mythique matériel américain Patriot, et devient l’emblème d’un basculement pour l’industrie européenne de La Défense. Selon Les Échos, le Danemark a ainsi annoncé vendre qu’il prévoyait d’acheter huit batteries de défense sol-air de longue et moyenne portée.

Moins cher et plus rapide

Qu’est ce qui a fait basculer le Danemark ? "Les systèmes européens peuvent être livrés plus rapidement et à moindre coût que le système de défense antimissile américain Patriot", a expliqué Per Pugholm Olsen, chef de l’organisation danoise d’acquisition et de logistique de la défense, rapportent Les Échos.

Or, la rapidité est aujourd’hui un facteur crucial face à l’agressivité exponentielle de la Russie. "Il ne fait aucun doute que la situation en matière de sécurité est remise en question", a ainsi déclaré vendredi à la presse le ministre de la Défense, Troels Lund Poulsen. "Nous avons vu comment la Russie a violé l’espace aérien polonais avec plusieurs drones […] Cela nous rappelle à tous l’importance de renforcer notre puissance de combat", a-t-il poursuivi.

Dans un communiqué de presse, le ministère des Armées français a salué la décision du ministère de la Défense danois, en évoquant un "choix stratégique, qui permettra au Danemark de protéger son territoire et sa population des menaces aériennes en constante évolution. La décision de disposer d’un tel système de défense aérienne terrestre moderne, interopérable avec les systèmes de nos alliés, vient renforcer la sécurité européenne et la défense collective de l’Otan".

© AFP

Le système SAMP/T, surnommé Mamba, est produit par une entreprise française (Thales) et une entreprise italienne (MBDA).

Dégradation de la note de la France par Fitch : comment sont notés nos voisins européens ?

13 septembre 2025 à 13:19

La France descend au rang des simples "A". L’agence de notation Fitch a abaissé, vendredi 12 septembre au soir, la note souveraine de la France, de AA- à A+. Les raisons sont connues de tous : une instabilité politique persistante, et des incertitudes budgétaires qui empêchent l’assainissement des comptes publics français très dégradés. Quatre jours après la chute du gouvernement Bayrou et la désignation d’un nouveau Premier ministre (le troisième en un an), Fitch dresse un constat sévère de la situation des finances publiques dans la deuxième économie de la zone euro.

Je prends acte de la décision de Fitch de changer la note de la France de AA- à A+, décision motivée par la situation de nos finances publiques et l’incertitude politique, malgré la solidité de l’économie française.

Le nouveau Premier ministre a d’ores et déjà engagé la…

— Eric Lombard (@Eric_R_Lombard) September 12, 2025

La France bénéficiait jusqu’ici d’une note d’un cran supérieur, AA-, qui avait été maintenue en mars dernier. La meilleure notation, le triple A (ou AAA) signifie qu’un pays est tout à fait solvable : la France a perdu cette notation en juillet 2013, après l’avoir conservé 13 ans, alors que sa dette culminait alors à 93,4 %. Un an plus tard, la note française était passée de AA+ à AA, en raison de "déviation dans les objectifs budgétaires". En avril 2023, Fitch décidait d’abaisser la note française à AA-, principalement à cause des tensions sociales autour de la réforme des retraites. Une note équivalente à 17/20, qui signifiait que la dette française était encore jusqu’ici de "très bonne qualité".

L’improbable passage sous les 5 % de déficit annuel

Mais cette année, les finances publiques françaises parmi les plus détériorées de la zone euro font basculer la France dans le club des simples A avec la note A+, rejoignant ainsi la Belgique, Malte et l’Estonie. La dette française atteignait 113,9 % du PIB fin mars et le déficit était espéré à 5,4 % du PIB en 2025 par le gouvernement Bayrou. La croissance pourrait atteindre 0,8 %, selon les chiffres de l’institut statistique (Insee) cette semaine, mais elle n’est portée que par quelques secteurs et l’économie souffre globalement d’un manque de confiance généralisé.

Plus précisément, cette baisse de note s’explique par le fait que Fitch juge improbable de ramener le déficit public français sous 3 % du PIB en 2029, comme l’ambitionnait le gouvernement sortant pour remettre la France dans les clous européens. Car pour lui, les nouvelles discussions à venir sur le budget 2026 devraient réduire l’ampleur de l’effort budgétaire qui avait initialement été annoncé à 44 milliards d’euros par François Bayrou. De quoi compromettre l’objectif d’un déficit projeté à 4,6 % l’an prochain : l’agence de notation le voit rester supérieur à 5 % en 2026 et 2027.

Les autres pays de la Zone Euro

Seuls trois pays dans la Zone Euro font encore partie du club d’élite des triple A : l’Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg. Ces derniers respectent également l’ultime règle de Maastricht : conserver un déficit public annuel inférieur à 3 %. Plus globalement en Europe, La Suède, la Norvège, le Danemark, la Suisse et le Liechtenstein constituent le reste du club des triples A.

Avec ses 5,8 % de déficit annuel, la France détient désormais le record du déficit de la Zone Euro. Relativement à son économie solide, ce déficit ne fait pas de l’hexagone l’un des pays les moins bien notés d’Europe : à titre de comparaison, l’Italie, affichant un déficit de 3,4 % et une dette publique de 135 % de son PIB, est notée BBB. Le Portugal, salué par Fitch cette année pour son désendettement (avec une dette publique à 94 % du PIB) est noté A-. Tout en bas du classement, avec une dette de plus de 153 %, la Grèce pâtit toujours de la note de BBB-.

La dégradation de cette note française, qui mesure la capacité de la France à rembourser sa dette, marque tout de même un tournant pour le pays. En lui attribuant l’équivalent d’un 16/20, de qualité "moyenne supérieure", la note de Fitch pourrait conduire des investisseurs à vendre leurs titres de dette pour des placements moins risqués et entraîner des hausses de taux. Selon Fitch, l’endettement de la France continuerait de gonfler jusqu’à 121 % du PIB en 2027, "sans horizon clair de stabilisation" après cette année d’élection présidentielle, avec toujours le risque d’un blocage politique.

© afp.com/Ludovic Marin

L’agence de notation Fitch a abaissé, vendredi 12 septembre au soir, la note souveraine de la France, à A +.
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