↩ Accueil

Vue normale

Reçu aujourd’hui — 16 septembre 2025Sans catégorie

Vladimir Poutine affirme que 100 000 soldats participent aux exercices militaires russo-biélorusses

16 septembre 2025 à 19:43

Des dizaines de milliers de militaires russo-biélorusses ont participé à des exercices militaires aux portes de l’Union européenne. C’est en tout cas ce que sous-entend le président Vladimir Poutine, qui a affirmé mardi 16 septembre que 100 000 militaires prenaient part aux manœuvres Zapad-2025, dont une partie des exercices se déroulent non loin de la frontière avec l’UE.

Des contingents d’Iran et d’Inde, ainsi que d’autres pays asiatiques et africains, participent à ces manœuvres lancées vendredi et qui doivent se conclure mardi, selon les agences de presse russes. "Les exercices se déroulent sur 41 terrains d’entraînement avec la participation de 100 000 militaires. Environ 10 000 systèmes d’armement et équipement militaires seront et sont utilisés", a déclaré Vladimir Poutine selon des propos retransmis à la télévision russe.

Vladimir Poutine est apparu sur le terrain d’entraînement de Moulino dans la région russe de Nijni Novgorod, chose rare, vêtu d’un treillis militaire et aux côtés de son ministre de la Défense Andreï Belooussov et de membres de l’état-major. Selon le président russe, le but de ces manœuvres est de "mettre en place tous les éléments nécessaires à la défense inconditionnelle de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et à la protection contre toute agression" de l’alliance entre la Russie et le Bélarus.

Vladimir Poutine est apparu sur le terrain d'entraînement de Moulino dans la région russe de Nijni Novgorod, mardi 16 septembre 2025.
Vladimir Poutine est apparu sur le terrain d'entraînement de Moulino dans la région russe de Nijni Novgorod, mardi 16 septembre 2025.

La Pologne et les pays baltes inquiets

Une partie de ces exercices se sont notamment déroulés en Biélorussie, pays frontalier de l’UE, sous l’œil inquiet de ses voisins tels que la Pologne et les pays baltes, qui ont pris des mesures de sécurité. Ils ont lieu alors que la Russie a déployé des centaines de milliers de soldats sur le front en Ukraine, pays contre lequel elle a lancé une offensive de grande ampleur en février 2022.

Selon le ministère russe de la Défense, Zapad-2025 a impliqué, au-delà des composantes classiques de l’armée, "l’utilisation massive de drones" et de "moyens de guerre électronique" en tenant compte de "l’expérience acquise" sur le front ukrainien. Les troupes engagées s’entraînent à "repousser une agression militaire à grande échelle" sur "trois fronts et dans la zone arctique".

Mardi, dans le cadre de ces manœuvres, une frégate russe doit tirer un missile hypersonique de croisière Zircon, qui appartient à la nouvelle famille d’armements mis au point ces dernières années par Moscou. Selon Minsk, des représentants d’une vingtaine de pays assistent aux exercices, dont les Etats-Unis, la Hongrie et la Turquie, membres de l’Otan.

Des contingents militaires du Bangladesh, du Bélarus, de l’Inde, de l’Iran, du Burkina Faso, du Congo et du Mali participent à divers degrés à ces manœuvres, selon Moscou.

© afp.com/Handout

Photo tirée d'un document distribué par le ministère russe de la Défense, le 12 septembre 2025, montrant les forces armées russes participant aux exercices militaires conjoints Zapad-2025, dans un lieu non divulgué.

Donald Trump au Royaume-Uni : faste royal et contrats économiques au cœur d’une visite sous tension

16 septembre 2025 à 18:59

Défilé militaire, procession royale, calèches… En voyage d’Etat au Royaume-Uni du mardi 16 septembre au soir au jeudi 18 septembre, pour la seconde fois de sa carrière politique, Donald Trump bénéficiera d’une réception en grande pompe. Mercredi, le président américain et son épouse, Mélania, assisteront à une cérémonie royale au château de Windsor, avant une rencontre plus politique entre Donald Trump et le Premier ministre britannique Keir Starmer jeudi. Objectif de la visite : renforcer les liens diplomatiques entre les deux alliés, dans un contexte international instable.

Protégé par un dispositif de sécurité massif, sur terre, dans les airs et sur la Tamise, Donald Trump arrivera mardi soir sur le territoire britannique, et restera mercredi confiné dans l’enceinte du château de Windsor, à 40 kilomètres de Londres, pour la partie royale de ce voyage d’Etat.

Réception royale

A leur arrivée à Windsor, les Trump seront accueillis par le prince et la princesse de Galles, William et Catherine, symbole de l’avenir de la famille royale. De là, ils rencontreront Charles et la reine Camilla. Une salve royale sera tirée du château et depuis la Tour de Londres en leur honneur, avant que le roi, la reine, le prince héritier et son épouse ne se joignent à eux pour une procession en calèche. Ils déposeront ensuite une gerbe sur la tombe de la reine Elizabeth II dans la chapelle Saint-Georges, avant un banquet d’Etat au château de Windsor.

Pour cet accueil, rien n’a été laissé au hasard. Selon certains médias britanniques, le roi Charles III, 76 ans, toujours soigné pour un cancer, n’était pas emballé à l’idée de réinviter l’imprévisible président américain, qui avait déjà eu les honneurs d’une première visite d’Etat en 2019, accueilli par la reine Elizabeth II.

Mais le gouvernement travailliste entend capitaliser sur la fascination de Donald Trump pour la famille royale, et ainsi renforcer la relation historique entre Londres et Washington. Trump, dont la mère était Ecossaise, pourra "savourer le faste et le cérémonial qu’il affectionne", souligne auprès de l’AFP Evie Aspinall, directrice du centre de réflexion British Foreign Policy Group.

"S’agit-il uniquement d’apparat et de cérémonie ? En grande partie. Et toute discussion ouverte sur la politique sera interdite avec les membres de la famille royale, qui évitent soigneusement le sujet", analyse à ce sujet CNN.

Visite très politique

Pour Keir Starmer, c’est en effet l’occasion de détourner l’attention du mécontentement" dans le pays, "et de braquer les projecteurs sur les questions internationales, où il a connu le plus de succès en tant que Premier ministre", ajoute Evie Aspinall. Le président américain sera sur place moins de 48 heures, et n’a prévu de se rendre ni à Downing Street, résidence du Premier ministre, ni au Parlement. Mais il rencontrera tout de même Keir Starmer jeudi, à Chequers, sa résidence de campagne.

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni espèrent conclure un accord préservant l’acier et l’aluminium britanniques des droits de douane américains. Une nouvelle coopération dans le domaine du nucléaire civil doit également voir le jour. Mais le principal sujet de discussion devrait être la signature d’un partenariat technologique, comprenant des investissements de milliards de dollars des géants de la Silicon Valley en Grande-Bretagne, dans les domaines de l’intelligence artificielle et de l’informatique quantique.

Si Donald Trump et Keir Starmer sont des opposants politiques, ils entretiennent néanmoins des rapports cordiaux. "Nous sommes devenus amis en peu de temps", avait déclaré Trump lors d’une réunion au sommet du G7 au Canada cet été, rapporte CNN. Keir Starmer est ainsi parvenu à conclure un nouvel accord commercial avec Donald Trump de manière relativement rapide, là où d’autres partenaires, notamment l’Union européenne, se sont efforcés pendant des semaines de négocier des plans pour éviter des droits de douane massifs.

Impopulaire

Cette visite est néanmoins sujette aux polémiques au Royaume-Uni, où Donald Trump est un personnage très impopulaire. "En juin 2019 déjà, lors de sa première et dernière visite, sa venue avait été accompagnée d’une pétition signée par plus d’un million de personnes disant que Donald Trump ne devait pas être reçu. Des milliers de personnes avaient protesté dans les rues, arborant ces ballons à l’effigie moqueuse, rebaptisés 'Trump Baby'", rappelle la BBC. Comme en 2019, des milliers de manifestants ont prévu de défiler à Londres.

La rencontre intervient dans un moment délicat pour Keir Starmer, contesté au sein même de son parti après deux semaines calamiteuses qui ont vu le départ de sa numéro 2 Angela Rayner et le limogeage de son ambassadeur à Washington Peter Mandelson, après des révélations sur ses liens étroits avec le criminel sexuel américain Jeffrey Epstein.

Un sujet dont Donald Trump aurait préféré qu’il ne traverse pas l’Atlantique, lui aussi ayant été un temps proche d’Epstein, avant que celui-ci ne décède en prison.

© AFP

Donald Trump lors de sa visite au Royaume-Uni en 2019. Fasciné par la famille royale, il avait été reçu en grande pompe par la défunte reine Elizabeth II.

Déploiement de la Garde nationale à Memphis : ce que prévoit Donald Trump

16 septembre 2025 à 18:44

Donald Trump a signé lundi 15 septembre le décret présidentiel de déploiement des militaires de la Garde nationale à Memphis, dans le Tennessee. Une mesure qu’il présente comme une réponse à la criminalité dans certaines grandes villes américaines dirigées par des élus démocrates.

Le président américain a affirmé vendredi 12 septembre que cette opération serait une "réplique" de celle réalisée à Washington, malgré les critiques des démocrates qui l’accusent de dérive autoritaire et de militariser les questions de sécurité publique.

La Garde nationale et le FBI

L’opération à Memphis "comprendra la Garde nationale, le FBI" et d’autres agences fédérales, a déclaré Donald Trump lors d’une cérémonie à la Maison-Blanche, expliquant sa décision par "la criminalité" qui sévit selon lui dans cette ville. "On va probablement s’occuper de Chicago ensuite", a-t-il ajouté, cette grande ville démocrate étant dans sa ligne de mire depuis plusieurs semaines.

Le président républicain affirme que le déploiement de la Garde nationale dans la capitale Washington, mais aussi à Los Angeles avant elle, a aidé ces deux villes face à la criminalité des immigrés, réitérant son discours habituel sur ce sujet. Car c’est bien la question de la criminalité à Memphis qui pousse le président américain à déployer des troupes de la Garde nationale. "En 2024, Memphis avait le taux de criminalité violente le plus élevé, le taux de criminalité contre les biens le plus élevé et le troisième taux de meurtre le plus élevé des Etats-Unis", a affirmé le responsable de la Maison-Blanche. Pourtant, quelques jours avant cette annonce, la police de Memphis avait signalé une baisse significative dans toutes les catégories criminelles majeures durant les huit premiers mois de 2025, par rapport à la même période des années précédentes, avec la criminalité globale à son plus bas niveau depuis 25 ans et les homicides au plus bas depuis six ans.

Républicains d’un côté, démocrates de l’autre

Ville à majorité noire, Memphis est dirigée par un maire démocrate, dans un Etat du Tennessee tenu lui par un gouverneur républicain. En s’adressant à CNN, le maire de Memphis, Paul Young, a déclaré samedi qu’il n’était "pas satisfait" de l’arrivée de la Garde nationale, mais qu’il cherchait des moyens d’investir pour lutter contre la criminalité dans la ville.

Il a également indiqué attendre plus de détails notamment sur le nombre de soldats déployés, leur date d’arrivée et leurs missions. Il a suggéré que la Garde nationale puisse contribuer au contrôle de la circulation lors d’événements majeurs, au suivi des caméras de surveillance ou à l’embellissement des quartiers, nous apprend CNN.

Toujours selon la chaîne de télévision américaine, plusieurs dirigeants locaux ont exhorté le gouvernement à reconsidérer cette décision, à l’image du maire du comté de Shelby - où se trouve Memphis - Lee Harris qui a qualifié ce déploiement de menace pour la démocratie, tandis que les membres du conseil municipal ont plutôt réclamé le rétablissement des financements fédéraux pour les programmes de prévention de la violence, au lieu d’une présence militaire.

Le représentant d’État Justin J. Pearson, dont le district comprend des parties de Memphis et du comté de Shelby, a déclaré lundi que "personne ne déroule le tapis rouge" pour accueillir la Garde nationale, rapporte CNN. "Une occupation militarisée de notre ville n’est pas une solution à nos problèmes," a affirmé Pearson lors d’une conférence de presse du Parti démocrate du comté de Shelby lundi à la mairie de Memphis. "Ce dont nous avons besoin, c’est d’éradiquer la pauvreté, pas d’une occupation militaire", a-t-il ajouté. "Alors ne nous envoyez pas la Garde nationale. Donnez-nous les ressources dont notre population, notre ville et notre comté ont besoin."

A noter que la précédente tentative de Donald Trump de déployer la Garde nationale a fait face à des contestations juridiques. En juin, le président américain a envoyé 2 000 soldats à Los Angeles contre la volonté du gouverneur Gavin Newsom. Ce dernier a porté la décision devant les tribunaux où un juge fédéral a statué que le déploiement était illégal. L’administration a annoncé qu’elle ferait appel de cette décision.

© afp.com/Frederic J. BROWN

Des soldats de la Garde nationale de Californie, à Los Angeles, le 17 juin 2025

Giorgia Meloni et l’Europe : les dessous d’une influence grandissante

16 septembre 2025 à 17:00

Il est aisé d’être prise pour Blanche-Neige quand on est entouré de 26 nains. Si Giorgia Meloni est la nouvelle star politique de l’Union européenne, la présidente du Conseil italien le doit à son talent personnel, à son positionnement politique pragmatique, mais aussi au fait que ses pairs sont loin de briller. Dans les autres grands Etats membres - Allemagne, France, Espagne, Pologne -, les dirigeants sont tous plus ou moins profondément embourbés. Pas elle, qui s’apprête à fêter, le 25 septembre, le troisième anniversaire de la victoire électorale à laquelle elle a conduit la coalition des droites italiennes.

"Nous ne sommes plus l’homme malade de l’Europe", s’est-elle réjouie le 27 août à Rimini, devant le rassemblement annuel du puissant mouvement catholique Comunione e Liberazione. Elle peut plastronner : Rome emprunte désormais au même taux que Paris sur les marchés. Le renversement est total. Il y a quelques années encore, l’Italie donnait des sueurs froides à toute la zone euro avec son endettement public monumental et son instabilité politique chronique. Aujourd’hui, c’est la France qui joue ce rôle mortifiant.

Stabilité et crédibilité

Rares étaient ceux qui prédisaient à Meloni qu’elle incarnerait un jour la stabilité et la crédibilité internationale retrouvées de son pays. Il est vrai que cette mère célibataire de 48 ans, issue d’un milieu pauvre, sans bagage universitaire, à l’expérience gouvernementale minimale, détonne parmi les chefs d’Etat et de gouvernement européens, d’autant plus qu’elle dirige un parti politique qui plonge ses racines dans le fascisme. En 2022, lorsqu’elle fit son entrée dans le somptueux Palazzo Chigi, la résidence des chefs de gouvernement, au centième anniversaire presque jour pour jour de la marche de Mussolini sur Rome, la majorité des médias européens la dépeignait sous les traits d’une extrémiste qui allait installer à Rome un régime illibéral, rompre les ponts avec l’Europe et s’aplatir devant Vladimir Poutine.

La première femme à diriger la République italienne n’a rien fait de tel. D’ailleurs, elle n’a pas fait grand-chose depuis trois ans. Un mot résume sa tactique : la circonspection. "Son principal succès diplomatique est d’avoir projeté l’image d’une dirigeante relativement modérée, alors qu’elle vient de l’extrême droite, observe Nathalie Tocci, directrice du cercle d’études Istituto Affari Internazionali, à Rome. Mais elle n’a rien réalisé de concret en termes de percée diplomatique ou de contribution réelle, que ce soit pour l’intégration européenne ou pour les relations transatlantiques."

"Sur l’Europe, elle est réaliste"

Le coup de maître de l’Italie, qui a réussi à s’arroger la part du lion du grand emprunt européen post-Covid, n’est pas à mettre au crédit de Meloni mais à celui de Mario Draghi, son prédécesseur au Palazzo Chigi. Elle n’a eu qu’à se baisser pour récolter la manne tombée du ciel bruxellois : 194 milliards d’euros sur la période 2021-2026 pour financer, entre autres, des ponts et des lignes de chemin de fer à grande vitesse, des écoles et des projets environnementaux à foison. Elle a suivi à la lettre le vieux dicton italien : "Ne trahis pas celui qui t’aide" et maintenu son pays, grosso modo, là où Draghi l’avait laissé : dans le camp européiste, sans enthousiasme mais sans hostilité non plus. Son premier déplacement, après son élection, l’a conduit à Bruxelles, où elle a su établir une bonne relation de travail avec Ursula von der Leyen.

"Sur l’Europe, elle est réaliste", souligne Nicola Procaccini, qui la connaît depuis leur adolescence commune dans la section romaine des jeunesses post-fascistes et qui est aujourd’hui député européen de son parti Fratelli d’Italia. "Elle comprend bien le bénéfice que l’Italie tire d’un engagement constructif en Europe. Si elle est au centre du jeu, c’est parce qu’elle incarne le barycentre politique, qui s’est déplacé vers le centre droit ces dernières années."

Meloni cultive ses relations avec Trump

En politique étrangère, Meloni mène une diplomatie conservatrice, atlantiste et attachée aux valeurs démocratiques. Sa principale décision en la matière est d’avoir discrètement sorti la Péninsule, en 2023, du programme des "routes de la soie" de Xi Jinping. "Il est de l’intérêt de l’Italie et de l’Occident d’empêcher d’advenir un monde où prévaudrait la loi du plus fort, a-t-elle dit dans un discours devant l’Atlantic Council il y a un an à New York. Les régimes autoritaires aiment jouer avec l’idée d’un déclin inévitable de l'Occident (...). Laissez-moi leur répondre que nous préserverons nos valeurs."

Fidèle à la tradition italienne, Meloni ne regarde pas seulement vers Bruxelles, mais aussi vers Washington. Son combat contre l’immigration clandestine, son attachement aux valeurs familiales chrétiennes et son opposition à la gestation pour autrui plaisent à l’équipe de Donald Trump. Elle a été la seule dirigeante européenne conviée à l’investiture du président américain, le 20 janvier. Mais contrairement à d’autres, elle a su éviter toute flagornerie dans ses rapports avec Trump. Le vice-président, J.D. Vance, l’a reconnu à mi-mot, le 20 mai sur la chaîne NBC : "Elle parvient à délivrer un message extraordinairement direct sans paraître offensante. Il faut du talent pour ça."

Même si elle s’est abstenue d’adhérer à la ligne pro-russe de Viktor Orban, elle veille à ménager le Premier ministre hongrois, son seul vrai rival à la tête du mouvement nationaliste en Europe. Sur l’Ukraine, elle affiche un appui de principe à Volodymyr Zelensky, mais elle limite l’aide militaire au minimum et refuse toute idée d’envoyer des soldats italiens sur le terrain pour garantir un hypothétique cessez-le-feu. Elle a souscrit à la décision de l’Otan de porter les dépenses de défense à 3,5 % du produit intérieur brut mais pour l’instant, elle s’est surtout contentée de manipulations comptables pour mettre le label "défense" sur des financements qui relevaient d’autres budgets. Et ses députés à Bruxelles ont voté systématiquement contre toute préférence européenne dans les achats d’armements.

La personnalité la plus puissante d'Europe

Le site d’information bruxellois spécialisé Politico la classe dans son dernier palmarès comme la personnalité la plus puissante d’Europe. Son ascension au firmament continental l’a conduite à des frictions avec Emmanuel Macron, qui revendique cette place depuis 2017. Elle ne cache pas à quel point le président français l’exaspère. "Qui es-tu pour représenter les institutions européennes ?", lui a-t-elle lancé en février dernier en réunion à Bruxelles, alors que Macron revenait de Washington où il avait tenté de défendre les intérêts de l’Union face à Trump. Meloni, pour sa part, a plaidé pour l'accommodement plutôt que la riposte face à l’agressivité commerciale du président américain. Sa ligne s’est imposée. Parallèlement, elle a tiré parti de l’éclipse française au Maghreb pour faire avancer les intérêts économiques italiens en Algérie et en Tunisie.

Sa ligne conservatrice à l’intérieur et tout en nuances et en compromis à l’extérieur semble plaire aux Italiens : après trois ans de pouvoir, les sondages placent son parti aux alentours de 30 % des intentions de vote, quatre points de mieux qu’aux élections de 2022. A ce rythme, elle pourrait bien, fait rarissime dans l’histoire contemporaine de la Péninsule, rester au pouvoir pendant toute la législature. Tentera-t-elle de se faire réélire lors du prochain rendez-vous électoral, prévu au plus tard en 2027 ? On l’ignore encore mais si son parcours prouve une chose, c’est qu’il ne faut surtout pas la sous-estimer.

© afp.com/Phil Noble

La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, lors d'une conférence de presse commune avec son homologue britannique Keir Starmer, à Rome le 16 septembre 2024

"Gaza brûle" : ce que l'on sait de la nouvelle offensive israélienne sur la ville

16 septembre 2025 à 16:46

Il y avait dans la ville de Gaza, plus grande localité de l’enclave palestinienne, un million d’habitants avant le début de la guerre en octobre 2023. Combien en restera-t-il après l’offensive terrestre menée en ce moment par Tsahal, exposant des milliers de civils à de nouveaux déplacements et aux bombardements ? Israël a entamé dans la nuit de lundi à mardi 16 septembre une attaque terrestre pour reprendre le contrôle total de la ville. Et ce, en dépit de lourdes condamnations internationales, à commencer par les Nations Unies, qui qualifient officiellement la situation à Gaza de "génocide".

Le Haut-commissaire aux droits de l’homme de l'ONU, Volker Türk, a dénoncé mardi l’offensive terrestre lancée par Israël sur Gaza-ville, exigeant la fin du "carnage", et pointant des "preuves grandissantes" d’un "génocide". Après plusieurs mois d’enquête, l'ONU rejoint donc la longue liste des organisations pointant un crime de génocide à Gaza, en plus d’associations pour la défense des droits humains ou encore de personnalités académiques.

Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a, pour sa part, fustigé un "rapport biaisé et mensonger". Les dirigeants israéliens ont toujours rejeté ces accusations, portées également par l’Afrique du Sud auprès de la Cour Internationale de Justice, et soutenues par une centaine de pays - tout comme l’accusation d’orchestrer la famine à Gaza.

Bombardements meurtriers

Malgré les critiques, Tsahal a ordonné mardi à tous les habitants de la ville de Gaza, où sont réfugiés des milliers de déplacés, d’évacuer les lieux. Londres a ainsi dénoncé une décision "totalement irresponsable et épouvantable", tandis que l’Union européenne dit craindre "plus de destructions, plus de morts".

L’annonce de l’assaut à Gaza-ville a été faite juste après le départ d’Israël du secrétaire d’Etat américain Marco Rubio, en visite à Jérusalem. Un responsable militaire israélien a indiqué que "les forces du commandement sud ont étendu les activités terrestres dans le principal bastion du Hamas : la ville de Gaza. La phase principale de l’offensive a commencé pendant la nuit […]", a-t-il dit en estimant à "2 000 à 3 000" le nombre de combattants du Hamas opérant dans l’agglomération.

"Gaza brûle", s’est quant à lui félicité le ministre de la Défense Israël Katz. "L’armée frappe d’une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de l’armée se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas".

Mais si Tsahal justifie l’intervention terrestre par des objectifs avant tout militaires, plusieurs analystes évoquent également la poursuite d’un nettoyage ethnique, par la destruction systématique des derniers bâtiments d’habitations. "L’armée israélienne bombarde massivement des lignes de communication vitales depuis la mi-août. Cela comprend des immeubles de grande hauteur, des écoles abritant des milliers de Palestiniens déplacés, des réservoirs d’eau, des panneaux solaires sur les toits, des points d’accès Internet et des stations de recharge mobiles", indique le journal Middle East Eye, sur la base de témoignages sur place.

A l’Agence France-Presse, des témoins parlent également de "nombreuses personnes emprisonnées sous les décombres de maisons rasées par les bombardements massifs et incessants sur Gaza-ville" dont "on peut entendre les cris", raconte Ahmed Ghazal, un habitant. "Nous avons retiré des enfants déchiquetés", déplore un autre, Abou Abd Zaqout, alors que des Palestiniens fouillent les décombres à la recherche d’éventuels survivants.

"Terrifiés pour leurs proches"

En Israël, la situation préoccupe le Forum des familles des otages. Dans un communiqué, celles-ci se sont dites "terrifiées" pour leurs proches après l’intensification des frappes à Gaza. M. Netanyahou "fait tout pour qu’il n’y ait pas d’accord et pour ne pas les ramener", ont-elles dit après une rencontre avec le secrétaire d’Etat américain, la veille.

Sur les 251 personnes enlevées lors des attaques du 7 octobre 2023, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l’armée israélienne. L’offensive menée par Israël dans l’enclave a, quant à elle, tué plus de 64 900 Palestiniens, selon les données des autorités locales, probablement sous-estimées. La quasi-entièreté de la population a été déplacée, et le territoire réduit en poussière.

© afp.com/Menahem KAHANA

Une photo prise depuis la frontière israélienne avec la bande de Gaza montre de la fumée s'élèvant sur le site de bombardements israéliens sur le territoire palestinien dévasté et assiégé, le 16 septembre 2025

Guerre en Ukraine : Donald Trump se prépare une porte de sortie

16 septembre 2025 à 16:32

L’ego chatouilleux de Donald Trump devait inventer quelque chose pour justifier son incapacité à mettre fin à la guerre en Ukraine. Non seulement Vladimir Poutine bombarde l’Ukraine comme jamais, mais il joue avec les nerfs de l’Otan en envoyant des drones au-dessus de la Pologne ou de la Roumanie.

Dans l’impasse, le président américain semble avoir compris que la meilleure façon de freiner la Russie consiste à la frapper au portefeuille. D’où sa proposition, destinée à mettre les Européens face à leurs contradictions : les Américains sont prêts à déclencher des sanctions supplémentaires contre Moscou, mais seulement si les membres de l’Otan arrêtent de se fournir en pétrole russe et s’ils imposent des barrières tarifaires de 50 à 100 % à la Chine - qui en importe massivement.

La Hongrie et la Slovaquie achètent encore du pétrole russe

De telles mesures gripperaient sérieusement la machine de guerre du Kremlin. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky appelle d’ailleurs avec insistance les Européens à se sevrer des hydrocarbures de son ennemi.

On n’y est toujours pas. L’UE a certes drastiquement réduit sa consommation de pétrole russe, mais elle permet à la Hongrie et à la Slovaquie d’en acheter. Et elle ne prévoit de se passer complètement du gaz russe – qui devrait représenter cette année encore 13 % de ses importations en la matière – que fin 2027.

Surtout, l’Europe n’a pas l’intention de déclarer une guerre commerciale à la Chine, ni à l’Inde, également dans le collimateur de Washington pour les mêmes raisons. En mettant sur la table son "deal", Donald Trump sait qu’il sera jugé inacceptable par le Vieux Continent. Ce faisant, il se prépare une porte de sortie en cas d’échec des discussions. On connaît d’avance le refrain : lui avait fait tous les efforts possibles, mais les Européens (et les Chinois) ont tout bloqué.

© afp.com/Mandel NGAN

Le président américain Donald Trump s'exprime lors d'une réunion à la Maison Blanche, à Washington, le 26 août 2025

Mario Draghi déplore la "lenteur" de l’Europe à se réformer, un an après son rapport choc

16 septembre 2025 à 13:34

"Notre modèle de croissance s'érode" : l’ancien président de la Banque centrale européenne Mario Draghi a déploré mardi 16 septembre la "lenteur" de l’Europe à agir pour redresser sa compétitivité, un an après la remise d’un rapport choc prônant des "réformes radicales" pour échapper au décrochage économique.

"Les entreprises et les citoyens […] sont déçus par la lenteur de l’Europe, et son incapacité à aller aussi vite" que les Etats-Unis ou la Chine, a-t-il déclaré dans un discours à Bruxelles. "Notre modèle de croissance s’érode, nos vulnérabilités s’accroissent, le financement des investissements requis n’est pas clairement tracé", a constaté l’économiste italien, invité par la commission européenne à dresser un premier bilan, douze mois après la publication de ses préconisations.

Le bras de fer commercial avec les Etats-Unis, ou l’endettement des pays européens, "nous ont rappelé cruellement que l’inaction menace non seulement notre compétitivité, mais également notre souveraineté", a-t-il encore estimé.

Tout en saluant les actions déjà engagées et la détermination de la Commission à faire adopter de multiples mesures pour redresser la barre, il a regretté que "les gouvernements n’aient pas conscience de la gravité de la situation". "Continuer comme avant, c’est nous condamner à être relégués. Pour nous en sortir, nous avons besoin de changer de vitesse, d’échelle et d’intensité", a-t-il encore plaidé.

Selon les calculs du centre de réflexion bruxellois EPIC, seulement 11 % des 383 recommandations faites par Mario Draghi dans son rapport sur "l’avenir de la compétitivité européenne" ont été mises en œuvre totalement, et environ 20 % de manière partielle. Les économistes de Deutsche Bank Marion Muehlberger et Ursula Walther jugent également dans une note que "les progrès dans l’ensemble sont mitigés", avec des "réformes substantielles" mises en œuvre ou engagées, mais sans qu’il y ait de quoi bouleverser la donne à ce stade.

La commission "maintiendra sans relâche le cap"

Parmi les principales avancées, la relance de l’industrie de défense. L’urgence de réarmer l’Europe face à la menace russe a poussé les 27 à se lancer dans un effort de réindustrialisation collectif, avec une agilité remarquée. La semaine dernière, la Commission a ainsi annoncé avoir alloué 150 milliards d’euros de prêts à 19 pays, dans le cadre d’un ensemble de mesures visant à mobiliser jusqu’à 800 milliards d’euros.

L’Europe s’est également dotée d’une plateforme commune pour sécuriser ses approvisionnements en matières premières "critiques", et a multiplié les initiatives dans le domaine de l’intelligence artificielle.

Autant de réalisations mises en avant par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, qui, en recevant Mario Draghi, a reconnu la nécessité d’aller plus vite pour redresser la barre. Elle a assuré que la commission "maintiendra sans relâche le cap jusqu‘à ce que tout soit accompli", et a enjoint les autres institutions européennes à se joindre au mouvement, en particulier le Parlement, qui n’a toujours pas adopté une série de lois de simplification réglementaire dites "Omnibus". "Nous avons besoin d’une action urgente pour faire face à des besoins urgents, car nos entreprises et nos travailleurs ne peuvent plus attendre", a-t-elle exhorté.

Elle appelle aussi à mettre en œuvre "avec un sentiment d’urgence" le parachèvement du marché unique, un vaste projet consistant à lever d’ici 2028 de multiplier barrières internes qui continuent de freiner l’activité économique dans de nombreux domaines. Et de citer une estimation du Fonds monétaire international, selon laquelle ces barrières intra-européennes représentent l’équivalent de 45 % de droits de douane sur les biens, et de 110 % sur les services.

© afp.com/NICOLAS TUCAT

L'ancien président de la Banque centrale européenne Mario Draghi prononce un discours à Bruxelles le 16 septembre 2025

Enfants ukrainiens enlevés par la Russie : ce nouveau rapport qui accable Moscou

16 septembre 2025 à 13:22

Depuis le début de l’invasion à grande échelle lancée en février 2022, des enfants ukrainiens enlevés par la Russie ont été détenus dans plus de 210 établissements répartis à travers le pays et dans les territoires occupés, révèle un rapport de l’université de Yale publié ce mardi 16 septembre. Ils subissent un endoctrinement et un entraînement militaire forcé. Ces sites de détention, identifiés par le Humanitarian Research Lab (HRL) de la Yale School of Public Health, comprennent des colonies de vacances, des stations de santé, des écoles de cadets, des établissements médicaux et même une base militaire. Selon le rapport, "la Russie met en place un système potentiellement sans précédent de rééducation à grande échelle, de formation militaire et de structures d’hébergement capables de détenir des dizaines de milliers d’enfants ukrainiens pendant de longues périodes".

En 2023, la Cour pénale internationale a délivré un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine et un haut responsable russe en raison du transfert forcé d’enfants ukrainiens. Depuis 2022, les autorités russes organisent le transfert forcé de milliers d’enfants ukrainiens des territoires occupés vers la Russie. Au moins 19 546 mineurs auraient été "déportés", selon la police ukrainienne, mais ce chiffre, qui ne recense que les cas signalés par des proches, pourrait être bien plus élevé, révélait L’Express dans une enquête il y a quelques semaines. Auprès de L’Express, plusieurs personnalités signaient alors un appel à l’opinion internationale, dénonçant "une opération délibérée d’effacement de l’identité" des enfants ukrainiens déportés par la Russie.

Nommé "Les enfants volés d’Ukraine : au cœur du réseau russe de rééducation et de militarisation", le nouveau rapport de l’université de Yale, qui fait référence dans le suivi de ce dossier, révèle que plus de la moitié de ces sites de détention sont effectivement gérés par des organes gouvernementaux fédéraux ou locaux, tels que le ministère de la Défense russe et le département de gestion des biens de la présidence. La localisation précise de ces sites n’est pas détaillée par le rapport, qui évoque "un réseau d’établissements s’étendant de la mer Noire à travers la Sibérie jusqu’à la côte est de l’océan Pacifique". On sait néanmoins que ces sites incluent aussi bien des universités situées dans des centres urbains, que des camps isolés au fond de la Sibérie.

Concentration de sites de
Concentration de sites de "rééducation" par région russe.

"Rééduquer" les enfants au récit pro-russe

"Le réseau de lieux, et il s’agit bien d’un réseau, est au moins deux fois plus important que ce que nous pensions être sa taille maximale", a expliqué lors de la publication Nathaniel Raymond, directeur exécutif du laboratoire, auprès du Financial Times. Pourtant selon le rapport, le nombre réel de site de "rééducation" est probablement plus élevé. Plusieurs sites font encore l’objet d’enquêtes par le HRL et d’autres lieux pourraient exister sans avoir encore été identifiés. "Les établissements mentionnés dans cette étude sont actifs depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine en février 2022. Toutefois, il n’a pas encore été déterminé si des enfants d’Ukraine sont actuellement présents dans l’ensemble des 210 établissements, ni en quel nombre", précise également le document.

Le rapport constate que des activités de "rééducation" ont été recensées dans au moins 130 sites, soit les deux tiers d’entre eux. L’idée : "Faire suivre aux enfants des programmes culturels, patriotiques ou militaires qui s’alignent sur les récits pro-russes", explique le rapport.

Entraînement de parachutisme et production de drones

Au moins 39 de ces lieux organisent quant à eux directement une formation militaire et un endoctrinement pour les enfants ukrainiens. "Ce qui se passe en termes de militarisation des enfants est plus organisé et plus développé que ce que nous avions jamais imaginé", ajoute Nathaniel Raymond. Cet entraînement militaire "inclut, sans s’y limiter, un entraînement au combat et de parachutisme" précise le rapport. Dans certains établissements, des enfants ont été impliqués dans la production d’équipements militaires pour les forces armées russes, notamment des drones, des détecteurs de mines, des robots et des chargeurs rapides pour fusils d’assaut.

Pour effectuer ce travail d’enquête, les chercheurs se sont appuyés sur des sources publiques, telles que les réseaux sociaux, des déclarations officielles, des articles de presse et des images satellites commerciales. Le Humanitarian Research Lab est considéré comme une autorité de premier plan sur le transfert massif d’enfants ukrainiens. Il avait partagé ses données avec la Cour pénale internationale sous l’administration Biden, mais a cessé par crainte de violer les sanctions contre la CPI imposées par l’administration Trump. Créé en 2022 grâce à environ 6 millions de dollars de financement fédéral américain, le laboratoire a vu son avenir compromis lorsque ses fonds ont été suspendus par la politique de réduction des dépenses de l’administration Trump.

© © Adrien Vautier / Le Pictorium

Le 22 mars 2023, à Kiev. Nikita 10 ans, Dyana, 14 ans et Yana 11 ans débarquent tout juste après plus de 5 mois de déportation côté russe.

Donald Trump relance le débat sur la publication trimestrielle des résultats des entreprises

16 septembre 2025 à 12:08

Donald Trump a une nouvelle fois évoqué lundi 15 septembre l’idée d’une publication des résultats des entreprises cotées en Bourse tous les six mois, au lieu de trois, pour que ces dernières puissent économiser de l’argent.

"Les entreprises et les sociétés ne devraient plus être obligées de 'rendre compte' de leurs résultats tous les trimestres […], mais plutôt tous les six mois", a écrit le président américain sur son réseau social Truth, "sous réserve de l’approbation de la SEC", le gendarme financier américain.

Le locataire de la Maison-Blanche avait déjà soumis cette idée en 2018, au cours de son premier mandat. Selon lui, "cela permettra de réaliser des économies et aux dirigeants de se concentrer sur la bonne gestion de leur entreprise", a-t-il expliqué sur Truth. "Avez-vous déjà entendu l’affirmation selon laquelle la Chine a une vision sur 50 à 100 ans de la gestion d’une entreprise, alors que nous gérons nos entreprises sur une base trimestrielle ??? Pas bon !!!, a-t-il ajouté.

Interrogée par l’AFP, la SEC a assuré qu’elle allait donner "la priorité à cette proposition afin d’éliminer davantage les régulations inutiles qui pèsent sur les entreprises".

Moins de transparence

Donald Trump relance ainsi le débat sur une question devenue un serpent de la mer dans les milieux d’affaires et financiers. Les partisans de la suppression des résultats trimestriels estiment que ces rapports d’étape censés fournir un carnet de santé d’une entreprise à un moment donné mettent beaucoup de pression sur elles à court terme au détriment de la performance à long terme.

"Cela pourrait certainement aider les entreprises à faire des économies", commente auprès de l’AFP Sam Stovall, de CFRA, selon qui "la production de deux rapports par an demanderait moins de temps que celle de quatre rapports." "Cela augmenterait probablement la volatilité (sur les marchés, NDLR), car il y aurait moins d’indications permettant de réajuster les attentes", tempère toutefois l’analyste. Comme le souligne Reuters, certains investisseurs avertissent aussi qu’une publication semestrielle plutôt que trimestrielle entraînerait une diminution de la transparence.

Le New York Times rappelle que Donald Trump a fait de la déréglementation une pierre angulaire de sa présidence. En mars, le secrétaire au Trésor Scott Bessent avait vanté "son programme audacieux visant à stimuler la prospérité américaine en maîtrisant les réglementations contraignantes".

La Commission européenne a aboli en 2013 l’obligation pour les sociétés présentes en Bourse de présenter leurs résultats tous les trois mois. La plupart des grandes entreprises de l’Union ont néanmoins continué à publier à une fréquence trimestrielle.

© afp.com/Kevin Dietsch

Le président américain Donald Trump répond aux questions des journalistes dans le bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington, le 15 septembre 2025

Avec Stephen Miran, Donald Trump place l’un de ses pions au cœur de la Fed

16 septembre 2025 à 10:47

C’est un coup qu’il attendait de jouer depuis longtemps. Avec l’approbation lundi 15 septembre par le Sénat américain de l’un de ses conseillers économiques comme "gouverneur" de la Réserve fédérale (Fed), Donald Trump est enfin parvenu à placer l’un de ses pions au cœur de cette institution qui contrôle la politique monétaire des Etats-Unis. Un pas vers le contrôle de cet organisme indépendant du pouvoir exécutif depuis 1951, qui résistait jusqu’ici à ses pressions.

Le nouveau gouverneur Stephen Miran, 42 ans, est à la tête du Comité des conseillers économiques (CEA) de la Maison-Blanche. Il est surtout un fidèle extrême de Donald Trump, architecte et défenseur de la politique économique du président républicain. Sa présence au conseil de la Fed ne durera que quatre mois : Stephen Miran doit occuper un poste de gouverneur vacant depuis la démission surprise d’Adriana Kugler, dont le mandat courrait jusqu’au 31 janvier 2026. Mais elle intervient à un moment crucial, alors que Donald Trump multiplie les attaques contre la banque centrale.

Mardi et mercredi se tient par ailleurs une réunion cruciale de la Fed, au cours de laquelle la banque centrale doit décider du niveau de ses taux directeurs. Douze personnes votent ensemble sur les taux d’intérêt américains : les membres du conseil des gouverneurs (six gouverneurs et son président, Jerome Powell), le président de la Fed de New York et quatre présidents de Fed régionales qui changent d’une année sur l’autre. S’il prête serment in extremis, l’allié de Donald Trump pourra voter dès maintenant sur les taux d’intérêt et influencer les délibérations internes sur les règles régissant Wall Street.

L’arme de Donald Trump dans son duel avec la Fed

Le vote très serré autour de la nomination de Stephen Miran (48 voix contre 47) a donné lieu à une forte opposition de la part des démocrates, qui craignent qu’il ne permette enfin à Donald Trump de faire appliquer ses desiderata au sein de l’institution. Car la bataille est historique entre la Fed et le président milliardaire.

À l’origine de la querelle, le maintien obstiné par la Fed de ses taux directeurs, alors que Donald Trump réclame depuis des mois une détente monétaire pour alléger les coûts d’emprunt et soutenir la croissance. Le conseil des gouverneurs s’y est jusqu’ici refusé, principalement en raison de la guerre commerciale que le président américain a lui-même déclenchée, et du risque important d’inflation associé. Un risque minimisé par Donald Trump, tout comme par Stephan Miran. Lors de son audition, ce dernier a estimé à rebours de la majorité des économistes, qu’il n’y avait "pas eu d’augmentation détectable du niveau global des prix à la suite de l’instauration de droits de douane" par l’exécutif américain.

Depuis plusieurs mois, la vendetta de Donald Trump contre la Fed s’est aussi personnifiée en un ennemi : Jerome Powell, son président, qui résiste contre vents et marées aux pressions du locataire de la Maison-Blanche. Après l’avoir traité à maintes reprises "d’imbécile" et d’abruti" pour ne pas avoir baissé les taux d’intérêt, il menace régulièrement de le limoger. Lundi encore, le président des Etats-Unis appelait le patron de la Fed à baisser les taux d’intérêt "MAINTENANT, ET PLUS FORTEMENT QUE CE QU’IL A EN TÊTE", dans un message sur Truth Social. La réunion de cette semaine devrait de toute façon marquer la première baisse de taux de 2025. Les investisseurs anticipent majoritairement une diminution d’un quart de point, ce qui est le plus courant en politique monétaire.

L’absence assumée d’indépendance de Stephen Miran

Alors que la politique monétaire n’évolue pas assez vite à son goût, Donald Trump a changé de tactique pour gagner en contrôle sur la Fed, en tentant de faire de la place pour ses fidèles. Il a récemment essayé de pousser vers la sortie la gouverneure Lisa Cook. Il l’accuse d’avoir menti pour obtenir des emprunts immobiliers à des taux plus favorables. Lundi, une cour d’appel américaine a confirmé une précédente décision de justice permettant à la gouverneure de rester temporairement en fonction, malgré l’annonce de son limogeage par Donald Trump. Mais l’affaire est loin d’être close.

Pour l’heure, le président américain devra se contenter des quatre mois de siège de Stephen Miran à la Fed. Du fait de la brièveté du mandat, ce dernier a expliqué aux sénateurs début septembre qu’il ne prévoyait pas de démissionner de son poste de conseiller du président mais seulement de prendre un congé sans solde. La situation inédite - un gouverneur gardant un lien avec la Maison-Blanche - a révolté l’opposition. "C’est la première fois en 90 ans qu’un responsable en exercice à la Maison-Blanche joue un rôle dans l’établissement de la politique monétaire" pointe le Washington Post.

Une absence ouverte d’indépendance sans précédent, et très inquiétante. "Cela signifie concrètement qu’il reste un employé de la Maison-Blanche tout en travaillant pour la Réserve fédérale, pourtant si indépendante", dénonce Lisa Gilbert, coprésidente de l’organisation de défense des consommateurs Public Citizen, auprès de la radio publique américaine NPR. En mars 2024, le jeune économiste proposait dans un éditorial de réduire les mandats des membres du conseil de la Fed et de clarifier qu’ils siègent "à la discrétion du président américain".

Elizabeth Waren, puissante sénatrice démocrate, a quant à elle jugé la semaine dernière que Stephen Miran ne pourra pas dans ces conditions voter une décision qui déplairait à Donald Trump, sous peine de ne pas retrouver son poste à la Maison-Blanche. Elle a dénoncé une forme de "servitude" et estimé qu’"il n’aura aucune crédibilité auprès des marchés, aucune crédibilité auprès des entreprises et aucune crédibilité auprès de la population". Sa nomination marque également un changement parmi les républicains du Sénat, "qui ont généralement fait en sorte de protéger la Fed de l’influence de Trump au cours de son premier mandat", pointe le Washington Post. Cette fois, seule une sénatrice républicaine de l’Alaska s’est opposée à la nomination de Miran.

© Brendan SMIALOWSKI / AFP

Donald Trump a nommé un de ses proches conseillers économiques, Stephen Miran, en tant que nouveau gouverneur de la Fed.

Ukraine : Donald Trump va "probablement" rencontrer Volodymyr Zelensky la semaine prochaine

16 septembre 2025 à 12:12

Espérant toujours pouvoir négocier un accord de paix entre l’Ukraine et la Russie, Donald Trump devrait rencontrer la semaine prochaine son homologue Volodymyr Zelensky, a fait savoir le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio mardi 16 septembre. Depuis leur entretien catastrophique à la Maison-Blanche en février, les deux dirigeants se sont rencontrés à deux reprises. "Si la paix est possible, il veut l’obtenir", a ajouté Marco Rubio à propos du président américain, précisant toutefois : "A un certain moment, il pourrait conclure que ce n’est pas possible. Il n’en est pas encore là, mais il pourrait atteindre ce stade."

Donald Trump a menacé plusieurs fois d’imposer des sanctions à la Russie si le président Vladimir Poutine ne faisait pas de compromis. Mais il n’est pas allé au bout de ses menaces, alors même que Moscou intensifie ses attaques, au grand dam de l’Ukraine. La semaine dernière, le Kremlin a estimé que les négociations de paix avec Kiev étaient en "pause", trois ans et demi après le début de son invasion.

Les infos à retenir

⇒ Donald Trump va "probablement" rencontrer Volodymyr Zelensky la semaine prochaine

⇒ Des frappes russes font deux morts dans le sud de l’Ukraine

⇒ Pologne : deux Biélorusses arrêtés après le survol par un drone de bâtiments gouvernementaux

Marco Rubio annonce une rencontre probable Trump-Zelensky la semaine prochaine

Le président américain va "probablement" rencontrer son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky la semaine prochaine et espère toujours négocier un accord de paix entre Kiev et Moscou, a déclaré mardi le secrétaire d’Etat Marco Rubio.

Donald Trump a eu "de multiples appels avec Poutine, de multiples rencontres avec Zelensky et probablement il aura une nouvelle rencontre la semaine prochaine à New York", où se tient l’Assemblée générale de l'ONU, a indiqué le chef de la diplomatie américaine à des journalistes en Israël. "Il va continuer d’essayer. Si la paix est possible, il veut l’obtenir", a-t-il ajouté. "A un certain moment, le président pourrait conclure que ce n’est pas possible. Il n’en est pas encore là, mais il pourrait atteindre ce stade."

"Si d’une manière ou d’une autre il (Donald Trump) devait se désengager, ou sanctionner la Russie en disant 'j’en ai fini', alors il ne resterait plus personne au monde capable de jouer les médiateurs pour mettre fin à la guerre", a encore dit Marco Rubio.

Russie : arrestation d'une femme accusée de sabotage ferroviaire pour le compte de l'Ukraine

Les services russes de sécurité (FSB) ont annoncé mardi avoir arrêté une citoyenne russe accusée d'avoir fait exploser, sur ordre de l'Ukraine, une bombe artisanale sur un tronçon ferroviaire du Transsibérien. Depuis le début de l'offensive en Ukraine en 2022, les autorités russes multiplient les arrestations pour "espionnage", "trahison", "sabotage", "extrémisme", "discrédit de l'armée", avec souvent de très lourdes peines de prison à la clé.

Cette femme née en 1974, dont l'identité n'a pas été précisée, est accusée d'avoir mené "un acte de sabotage" sur une section du Transsibérien, dans la région sibérienne de Transbaïkalie, a affirmé le FSB dans un communiqué. Elle aurait agi "sur ordre des services spéciaux ukrainiens", d'après cette même source. Elle est soupçonnée d'avoir confectionné un engin explosif artisanal en août dernier, de l'avoir déclenché sur les voies ferrées et d'avoir envoyé une vidéo de l'explosion à son contact pour obtenir une "récompense", selon le FSB. Accusée de "sabotage", elle a été placée en détention provisoire et encourt jusqu'à vingt ans de prison.

Des frappes russes font deux morts dans le sud de l’Ukraine

Des frappes russes ont fait deux morts dans le sud de l’Ukraine, dans les régions de Zaporijia et Mykolaïv, ont annoncé les autorités locales mardi au moment où les Européens craignent une escalade du conflit.

"Une personne a été tuée" au cours d’une attaque, a déclaré Ivan Fedorov, chef de l’administration militaire régionale de Zaporijia sur Telegram, précisant que des équipes des secours étaient sur place. "Le nombre de personnes blessées dans l’attaque ennemie sur Zaporijia est passé à neuf", a-t-il écrit dans un autre message, relevant le bilan des blessés.

Le gouverneur de la région de Mykolaïv, Vitali Kim, a lui fait état d’un mort dans sa région. "Il y a quelques heures, les Russes ont attaqué une ferme dans la communauté de Tchornomorska". "Un homme, un conducteur de tracteur, a été tué alors qu’il travaillait dans le champ", a-t-il détaillé sur Telegram, condamnant "une attaque ciblée contre des civils".

Pologne : deux Biélorusses arrêtés après le survol par un drone de bâtiments gouvernementaux

Deux ressortissants biélorusses ont été arrêtés à Varsovie après le survol par un drone de bâtiments gouvernementaux, a annoncé lundi le Premier ministre polonais Donald Tusk sur son compte X.

Un porte-parole du SOP (Service de protection de l’Etat, organisme chargé de la sécurité des membres du pouvoir et des institutions d’Etat) a indiqué à la chaîne TVN24 que les deux opérateurs du drone avaient été arrêtés lundi vers 19h00, sans confirmer qu’ils étaient de nationalité biélorusse et sans préciser la nature du drone.

La Pologne et les pays de l’Alliance atlantique ayant une présence militaire sur son sol sont en état d’alerte depuis l’intrusion dans la nuit du 9 au 10 septembre d’une vingtaine de drones russes. Plusieurs pays européens, dont la France, l’Allemagne et la Suède, ainsi que la Grande-Bretagne, ont annoncé le renforcement de leur contribution à la défense aérienne de la Pologne le long de sa frontière orientale avec l’Ukraine et la Biélorussie, alliée de Moscou.

© afp.com/Mandel NGAN

Le président américain Donald Trump serre la main de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une rencontre dans le bureau Ovale à la Maison-Blanche, le 18 août 2025 à Washington

"Netanyahou est prêt à plonger le Moyen-Orient dans le chaos" : après l'attaque à Doha, la révolte du Golfe

16 septembre 2025 à 09:19

Une douzaine de pelleteuses sont au travail, en pleine canicule, à trier les gravats. Elles déplacent ce qui reste du rez-de-chaussée d’une belle villa beige, presque entièrement calcinée et dont les climatiseurs extérieurs pendent dans le vide. Nous ne sommes pas à Beyrouth, Damas, Sanaa ou Téhéran, mais en plein cœur du quartier des ambassades à Doha, au Qatar, et à quelques mètres seulement du lycée international de Choueifat où l’élite locale envoie ses enfants.

Le 9 septembre, à 15 heures, le ciel s’est abattu sur cette maison de deux étages. Le ciel, ou plutôt une dizaine de missiles israéliens, d’après des sources américaines. "C’était comme un tremblement de terre, avec deux énormes secousses, confie un habitant, qui a senti le sol vibrer alors qu’il se trouvait dans le grand centre commercial de la ville, à plusieurs kilomètres des frappes. Puis une épaisse colonne de fumée noire a envahi le ciel, comme dans un film." C’est la première fois depuis sa création, en 1971, que le richissime émirat gazier, qui a le PIB par habitant le plus élevé de la planète, subit les dégâts d’une opération militaire sur son sol. "Tout le monde était en état de choc, nous avons tous appelé nos familles pour savoir si elles étaient en sécurité, raconte l’analyste qatari Rashid Al-Mohanadi, du Middle East Council on Global Affairs. Au début, on pensait que c’était la station pétrolière juste à côté qui avait explosé. La surprise a été totale quand nous avons appris qu’il s’agissait d’une attaque israélienne qui visait non seulement l’équipe de négociateurs palestiniens, mais aussi le territoire du pays qui accueille ces négociations."

Cette demeure faisait office de QG du Hamas à Doha depuis l’établissement du mouvement palestinien au Qatar, en 2012, à la demande des Etats-Unis et avec l’accord d’Israël. Un endroit sûr, qui permettait de garder un canal de négociations discrètes. C’est dans cette maison que les dirigeants du Hamas en exil ont dansé et prié le 7 octobre 2023, en visionnant les images de l’attaque terroriste de leurs troupes en Israël. Dans cette maison, aussi, qu’ils se sont réunis le 9 septembre pour étudier la dernière proposition américaine de cessez-le-feu à Gaza : l’occasion pour Israël d’éliminer quelques visages connus du Hamas et de venger l’attentat de la veille à Jérusalem, quitte à franchir toutes les lignes rouges. Le bombardement a fait six morts, mais les cadres du Hamas présents en sont sortis vivants.

Aucun pays ne se sent à l'abri d'une opération israélienne

La réputation d’Israël, elle, aura du mal à se relever de cette opération. En bombardant pour la première fois un émirat du Golfe, l’Etat hébreu a brisé un tabou et fait trembler les palais de la région. Des tremblements de peur et de colère. "Le gouvernement israélien actuel veut bouleverser l’ordre régional et imposer sa domination, ce qui est très dangereux pour le Moyen-Orient, souligne l’analyste qatari Rashid Al-Mohanadi. Pour atteindre cette hégémonie, Benyamin Netanyahou est prêt à plonger la région dans le chaos, la mort et la destruction." Plus personne ne se sent à l’abri.

Depuis le 7-Octobre, Israël a frappé cinq pays souverains, sans compter la guerre dans la bande de Gaza. Cette frénésie militaire israélienne fait courir les rumeurs les plus folles au Moyen-Orient : Tsahal pourrait désormais frapper le Hamas à Istanbul, les Israéliens auraient déjà tenté une opération similaire au Caire, et même Riyad ou Dubaï ne seraient plus hors limite… "D’un côté, les pays du Golfe se réjouissent en coulisses de voir Israël agir contre leurs ennemis traditionnels, qui sont l’Iran et le Hamas, estime Chuck Freilich, ancien conseiller à la sécurité nationale d’Israël. De l’autre, ils craignent qu’Israël ne déstabilise la région et soit, en définitive, un acteur de plus en plus imprévisible."

L’Etat hébreu a toujours été source de légendes et de méfiance dans les capitales voisines. A chaque assassinat ou événement étrange, l’ombre du Mossad refait surface. Le bombardement du QG de l’Organisation pour la Libération de la Palestine en 1985 à Tunis, qui avait tué près de 70 personnes, avait déjà servi d’avertissement à ses voisins. Mais l’opération à Doha marque un tournant : Israël a frappé le territoire d’un allié extrêmement proche des Etats-Unis, à moins de vingt kilomètres de la plus grande base militaire américaine de la région. Au lendemain des frappes israéliennes, le Premier ministre qatari, Mohammed Ben Abdulrahman Al-Thani, a tenu une conférence de presse où il est apparu très nerveux, ne pouvant s’empêcher de taper avec ses doigts sur la table et de cibler Benyamin Netanyahou : "Il dit vouloir redessiner le Moyen-Orient, et maintenant il veut aussi redessiner la région du Golfe ?"

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamas Al-Thani, à l'ouverture du sommet exceptionnel des dirigeants arabes et musulmans à Doha, le 15 septembre 2025
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamas Al-Thani, à l'ouverture du sommet exceptionnel des dirigeants arabes et musulmans à Doha, le 15 septembre 2025

L’appel à ses puissants voisins a été entendu : dès le 15 septembre, moins d’une semaine après l’attaque israélienne, tous les dirigeants arabes et musulmans ont accouru au chevet du Qatar pour un "sommet arabe et islamique d’urgence". Mohammed ben Salmane (Arabie saoudite), Recep Tayyip Erdogan (Turquie), Abdel Fattah Al-Sissi (Egypte), Ahmed Al-Charaa (Syrie) ou encore Mahmoud Abbas (Palestine) : personne ou presque ne manquait à l’appel. Même le président iranien, Massoud Pezechkian, a fait le déplacement à Doha, moins de trois mois après avoir envoyé une dizaine de missiles en direction du Qatar pendant la guerre Israël-Iran. L’alliance contre l’ennemi israélien fait oublier les rancœurs. "Le Qatar montre son poids diplomatique avec ce sommet, juge Khalid Al-Khulaifi, ancien diplomate qatari et spécialiste des relations internationales au Center for International Policy Research. En venant à Doha, ces dirigeants font passer le message que si le Qatar est attaqué, c’est tout le monde arabo-musulman qui est attaqué. Israël, ou du moins son Premier ministre, se croit suffisamment intouchable pour frapper cinq pays arabes le même jour sans qu’il n’y ait de réaction… C’est ridicule."

Le bilan du sommet s’avère contrasté : des déclarations de solidarité avec le Qatar, une belle photo de famille comme symbole de l’unité face à Israël mais aucune décision commune concrète. Ni sanctions économiques, ni réponse militaire. En coulisses, l’Egypte proposait la création d’une force arabe multinationale, capable d’intervenir pour défendre les frontières et la souveraineté de ses pays membres. "Mais les armées arabes restent des rivaux historiques, c’est impossible pour elles de coopérer, remarque un connaisseur de la région. Vous ne verrez jamais un soldat égyptien monter en première ligne pour défendre la Turquie ou le Qatar, c’est de la science-fiction."

La fiabilité américaine en débat

Ce sommet arabo-musulman accentue surtout la pression sur les Etats-Unis, censés être les garants de la sécurité du Qatar et du Golfe en général. "Ces frappes sur Doha montrent que le parapluie américain n’est pas si puissant puisqu’il ne protège pas des attaques israéliennes", pointe l’analyste koweïtien Abdulaziz Al-Anjeri. En mai, pourtant, Donald Trump posait fièrement à Doha, entre un drone géant MQ-9 Reaper et un avion de chasse F-15, deux produits phares de l’industrie militaire de l’Oncle Sam. Le président républicain promettait alors de "déployer toute la puissance américaine pour protéger les Etats-Unis et leurs alliés, et quel allié nous avons ici !" Le Qatar venait tout juste de lui offrir un nouveau jet privé, évalué à 400 millions de dollars.

Trois jours après le bombardement israélien, Trump dînait en tête à tête avec le Premier ministre qatari à New York, signe de l’ampleur du malaise à la Maison-Blanche. "Avec les Etats-Unis, toutes les options sont sur la table, assure l’analyste qatari Rashid Al-Mohanadi. Mais si les Etats-Unis comptent conserver leur rôle sécuritaire auprès des pays du Golfe, ils n’ont d’autres choix que de leur proposer des garanties équivalentes à celles qui existent avec le Japon et la Corée du Sud, c’est-à-dire un accord de défense mutuelle."

Les pays du Golfe ne regardent pourtant pas à la dépense pour s’assurer la protection américaine. Le Qatar débourse environ huit milliards de dollars chaque année pour abriter les 10 000 soldats américains de la base d’Al-Udeid, quand l’Arabie saoudite a promis 600 milliards de dollars d’investissements aux Etats-Unis cette année. "Les Etats du Golfe sont mal équipés pour répondre à la menace israélienne en raison de leur dépendance à Washington, soutient Hasan Alhasan, ancien conseiller du prince de Barhein. Ils ne peuvent ni rivaliser avec les capacités militaires israéliennes ni compter sur la protection américaine, ce qui devient un immense problème puisque Israël apparaît de plus en plus comme la brute du Moyen-Orient et partage désormais avec l’Iran la vision d’une région qu’ils peuvent utiliser comme un champ de bataille."

Les autres options sécuritaires : la Chine, la Russie et... l'Europe

Pendant deux ans, les monarchies du Golfe ont ménagé Israël malgré le bilan humanitaire terrifiant dans la bande de Gaza, s’en tenant à des condamnations de principe. L’attaque au Qatar fait l’effet d’un électrochoc. Même les Emirats arabes unis, qui fêtaient ce 15 septembre les cinq ans des accords d’Abraham les liant à Israël, menacent de représailles diplomatiques et tracent à présent des "lignes rouges" pour l’Etat hébreu.

"Les pays du Golfe réévaluent leurs alliances militaires, accélèrent leurs productions nationales d’armement et tentent d’être moins dépendants des Etats-Unis", observe Hasan Alhasan. Les options : Chine, Russie, mais aussi Europe. Les déclarations de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne, condamnant sans ambiguïté les frappes israéliennes à Doha, ont agréablement surpris les leaders qataris. La reconnaissance de l’Etat palestinien par une douzaine de pays occidentaux, à l’initiative de Paris, est aussi perçue comme l’espoir d’un retour de la diplomatie au Moyen-Orient.

En sortant de leur sommet à Doha, les dirigeants du monde arabo-musulman ont sans doute aperçu l’œuvre artistique du britannique Martin Creed, installée pendant le blocus subi par le Qatar de 2017 à 2021. Un message lumineux géant, accroché à la façade de l’hôtel Sheraton : "Everything is going to be all right" - "Tout va bien se passer". Comme un mantra pour le petit Qatar, et pour ses grands voisins dans la tourmente.

© afp.com/-

Images de la retransmission par la télévision du Qatar des funérailles des six personnes tuées dans des frappes israéliennes, à Doha le 11 septembre 2025.

"Le pire est passé" : en Argentine, Javier Milei promet de lever le pied sur les mesures d’austérité

16 septembre 2025 à 08:25

Le président ultralibéral argentin Javier Milei a adouci son ton après une gifle électorale, assurant lundi 15 septembre que "le pire est passé" sur les mesures d’austérité budgétaire, et promettant des gestes pour les retraites, l’éducation et la santé dans son budget 2026.

"L’équilibre budgétaire reste la pierre angulaire de notre programme", et est "non-négociable", a martelé Javier Milei, dans une allocution télévisée présentant les grandes lignes du budget 2026. Mais "nous comprenons que beaucoup (d’Argentins) n’ont pas encore ressenti dans leur réalité matérielle" le "succès de notre gestion", a-t-il ajouté, dans une concession peu commune. "Rome ne s’est pas faite en un jour", a-t-il commenté.

La présentation du budget, le deuxième en 21 mois de présidence de Javier Milei, intervient dans un contexte épineux pour l’exécutif, huit jours après un cuisant revers électoral dans l’importante province de Buenos Aires. Il y a été devancé de 14 points par l’opposition péroniste (centre-gauche) dans un scrutin régional, perçu comme un test sérieux en vue des législatives nationales de mi-mandat fin octobre. Milei a reconnu une "claire défaite".

"Le cap est bon"

"Nous savons que le chemin est ardu, mais nous savons que le cap est le bon", a lancé lundi le chef de l’Etat, dans un ton moins vindicatif qu’à l’accoutumée, et avec des références aux "plus vulnérables", aux "énormes efforts consentis par tous" mais qui "valent la peine". "C’est la seule voie pour que l’Argentine sorte définitivement du cycle de désillusions consécutives que nous vivons depuis des décennies", a-t-il conclu.

Javier Milei n’a pas formulé d’objectif chiffré dans son allocution, préalable à l’envoi du projet de loi de budget pour débat au Parlement - où il est minoritaire. Mais selon le document transmis au Parlement, qui a filtré dans des médias dont l’AFP, le gouvernement mise sur une inflation de 10,1 % en 2026 - contre 19,5 % pour les huit premiers mois de 2025. Il prévoit également une croissance de 5 % (contre 4,5 % selon les dernières projections du FMI).

La présentation du budget 2026 intervient dans un contexte d’inquiétude des marchés financiers concernant le maintien du cap économique, mais aussi le peso, monnaie argentine qu’ils considèrent surévaluée. Lundi, le peso sous pression a flirté avec le plafond de sa bande de flottement prévu, à 1 475 pesos pour un dollar.

Vainqueur surprise de la présidentielle 2023 sur une formule dégagiste "anti-caste", Javier Milei s’est attelé depuis, comme promis, à une "thérapie choc" : une drastique austérité budgétaire, qui a notamment vu la suppression de 53 000 emplois publics, et le définancement de secteurs comme les chantiers publics, les retraites, l’éducation, la santé.

Concernant ces secteurs, source des plus fortes oppositions - et mobilisations de rue - contre la politique du gouvernement, Javier Milei a promis pour 2026 un geste : une hausse des dépenses sur les retraites de 5 points de pourcentage au-dessus de l’inflation, de 17 points pour la santé, et de 8 points pour l’éducation.

"Disque rayé"

La stabilisation macro-économique, en particulier l’inflation spectaculairement jugulée - de 211 % en interannuel à fin 2023, à 33,6 % actuellement -, s’est faite au prix d’un ralentissement de l’économie (récession de 1,8 % en 2024), et d’une consommation anémiée. Il y a des secteurs de l’économie "qui sont restés un peu à la traîne par rapport à la réactivation" de l’économie, a dû reconnaître le porte-parole présidentiel Manuel Adorni au lendemain de la gifle électorale.

"Disque rayé […] 'le pire est passé' fait partie des phrases rebattues de la droite argentine", a réagi lundi soir Axel Kicillof, gouverneur péroniste de la province de Buenos Aires, et perçu comme l’espoir - le seul - présidentiable d’une opposition encore sous le choc du "tsunami Milei" de 2023. "Le problème de Milei, c’est qu’il a vendu des faux bijoux en campagne, disant qu’il allait faire une politique originale, novatrice, un ajustement n’affectant que 'la caste'" mais qui au final a affecté les retraités et d’autres, a-t-il accusé.

Juan Luis Bour, économiste de la Fondation de recherches économiques latino-américaines, a expliqué à l’AFP percevoir dans les annonces de Milei des "défis", pour "maintenir un équilibre budgétaire d’ensemble", "particulièrement dans le contexte d’une économie qui croît peu, et d’un risque pays si élevé".

© Getty Images via AFP

Javier Milei le 20 novembre 2024 à Buenos Aires.

Israël a lancé une opération terrestre "de grande ampleur" dans la ville de Gaza

16 septembre 2025 à 11:26

Après avoir intensifié dans la nuit ses bombardements, l'armée israélienne a annoncé le lancement mardi 16 septembre avant l'aube de son offensive terrestre majeure à Gaza-ville. La veille, Israël avait de nouveau reçu le "soutien indéfectible" directement de la bouche du secrétaire d’Etat américain Marco Rubio, en visite à Jérusalem. Avant de monter dans l’avion pour Doha, celui-ci a prévenu le Hamas qu’il ne lui restait plus qu’une "fenêtre très courte", de "quelques jours, peut être quelques semaines" pour trouver un accord avec l’Etat hébreu.

Les infos à retenir

⇒ Israël lance son offensive terrestre majeure à Gaza-ville

⇒ Une commission de l'ONU accuse Israël de "génocide"

⇒ Le Hamas n’a qu’une "fenêtre très courte" pour accepter un accord, selon Marco Rubio

Israël lance son offensive terrestre majeure à Gaza-ville

L'armée israélienne a lancé dans la nuit de lundi à mardi une offensive terrestre sur la ville de Gaza, les troupes progressant ce mardi "vers le centre" de la plus grande ville du territoire palestinien, a déclaré un responsable militaire à des journalistes. "La nuit dernière, nous sommes passés à l'étape suivante, la phase principale du plan pour la ville de Gaza (…) Les forces du commandement sud de l'armée israélienne ont étendu les activités terrestres dans le principal bastion du Hamas à Gaza, qui est la ville de Gaza", a-t-il ajouté, en estimant à "2 000 à 3 000" le nombre de combattants du Hamas opérant dans l'agglomération dont l'armée veut prendre le contrôle. 

Benyamin Netanyahou a parlé de son côté d'"une opération de grande ampleur" dans la ville de Gaza, rapportent plusieurs médias américains dont le New York Times. Le Premier ministre israélien, qui s’exprimait devant un tribunal de Tel-Aviv pour témoigner dans le cadre de son procès pour corruption, a ajouté qu’Israël se trouvait à un tournant "décisif".

Dans la nuit de lundi à mardi, la ville de Gaza a été touchée par des bombardements forts et soutenus, au lendemain d’une visite à Jérusalem du secrétaire d’Etat américain qui a réitéré l’appui des Etats-Unis à Israël. "Gaza brûle" s’est félicité le ministre israélien de la Défense Israël Katz, avant d’affirmer la détermination d’Israël à poursuivre son offensive. "Tsahal frappe d’une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a-t-il déclaré sur X.

Une commission de l'ONU accuse Israël de "génocide"

Une commission d’enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l’intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d’autres responsables israéliens. La commission, qui ne s’exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu’un génocide se produi (sai) t à Gaza et continu (ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l’AFP sa présidente, Navi Pillay. "La responsabilité incombe à l’Etat d’Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Près de deux ans après le début de la guerre, la commission d’enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide. A savoir : "meurtre de membres du groupe ; atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, et l’ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n’avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Israël a aussitôt "rejeté catégoriquement" un rapport "biaisé et mensonger", et appelé "à la dissolution immédiate de cette commission d’enquête".

Le Hamas a une fenêtre "très courte" pour accepter un accord, selon Marco Rubio

Le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a averti mardi que le Hamas ne disposait que de quelques jours pour accepter un accord de cessez-le-feu, au moment où Israël a lancé des frappes particulièrement nourries sur la ville de Gaza. "Les Israéliens ont commencé à mener des opérations là-bas. Nous pensons donc que nous avons une très courte fenêtre de temps pour qu’un accord puisse être conclu" avec le mouvement islamiste palestinien, a-t-il déclaré à des journalistes. "Nous n’avons plus des mois" mais "probablement quelques jours et peut-être quelques semaines," a-t-il déclaré aux journalistes en quittant Israël pour le Qatar.

Marco Rubio a promis lundi au gouvernement de Benyamin Netanyahou le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

Le Qatar, seul médiateur possible ?

Le chef de la diplomatie américaine a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l’émirat. "Evidemment, ils doivent décider s’ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu’ils sachent que, s’il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c’est le Qatar," a déclaré Marco Rubio aux journalistes alors qu’il se rendait à Doha depuis Israël.

Quelques heures plus tôt, Donald Trump avait assuré lundi que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou ne frapperait plus le Qatar, après l’attaque inédite menée par Israël la semaine dernière à Doha contre des chefs du Hamas. Benyamin Netanyahou a pourtant refusé d’exclure de nouvelles frappes lors d’une rencontre avec le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio à Jérusalem.

A l'ouverture d'un débat urgent au Conseil des droits de l'homme à Genève, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a condamné ce mardi l'attaque israélienne au Qatar, et appelé tous les pays à en faire autant. "La frappe israélienne contre les négociateurs à Doha le 9 septembre est une violation choquante du droit international" et "une atteinte à la paix et à la stabilité régionales", a-t-il affirmé.

Le Luxembourg va reconnaître l'Etat de Palestine

Le Luxembourg entend se rallier la semaine prochaine lors d'une réunion à New York aux pays qui reconnaissent l'Etat de Palestine. A son arrivée mardi à une réunion de l'UE à Bruxelles, le chef de la diplomatie Xavier Bettel a confirmé les propos tenus la veille par le Premier ministre Luc Frieden à l'issue d'un échange à huis clos avec les députés de la commission des Affaire étrangères au Grand-duché.

© afp.com/Menahem Kahana

Une photo prise depuis la frontière israélienne avec la bande de Gaza montre des véhicules blindés militaires israéliens stationnés face aux bâtiments détruits dans le territoire palestinien, le 16 septembre 2025

Assassinat de Charlie Kirk : faut-il avoir peur de la génération Z ?

16 septembre 2025 à 06:30

C’est un simple regard, ou une expression du visage, qui, en anglais, porte un nom : le "Gen Z stare". Il se traduit par "regard de la Génération Z" et désigne une attitude inexpressive, vide, neutre et passive-agressive souvent adoptée par les jeunes nés entre 1997 et 2012 (aujourd’hui âgés de 13 à 28 ans) en réponse à un propos qu’ils désapprouvent ou qui les gêne. Ses origines commencent seulement à être débattues. Le "Gen Z stare" (l’expression est née en juillet sur les réseaux sociaux) serait la conséquence du confinement et du repli sur soi pendant le Covid-19 avec, pour résultat, l’enfermement de la génération TikTok dans une bulle cognitive.

Les dommages collatéraux sont nombreux : difficultés dans les interactions humaines (y compris lors de relations sociales superficielles), réticence à échanger des points de vues avec d’autres êtres humains, incapacité à accepter des avis divergents. Ce phénomène accentue l’incompréhension entre générations. Et nourrit la polarisation politique sur les campus universitaires.

Selon un vaste sondage auprès des étudiants de 257 universités américaines, par The Foundation for Individual Rights and Expression, 1 étudiant sur 3 (34 %) estime qu’il est légitime d’employer la violence afin de faire taire un orateur sur les campus ! Ce qui peut expliquer les messages réjouis et décomplexés de nombreux jeunes sur les réseaux sociaux après l’assassinat de l’influenceur conservateur Charlie Kirk. Ce n’est pas tout. 1 étudiant sur 2 (54 %) juge acceptable de barrer la route à des étudiants qui viendraient assister au discours d’un orateur. Et 2 sur 3 trouvent normal d’empêcher un intervenant de s’exprimer en manifestant à grand renfort de cris et de slogans.

L’assassinat de Charlie Kirk s’inscrit dans le contexte particulier de la violence politique américaine et dans un pays où la liberté d’expression (y compris des opinions extrêmes, racistes, antisémites ou néonazies), ainsi que le port d’armes sont garantis par la Constitution, rappelle l’historien américaniste Patrick Weil. "S’ajoute à cela l’effet délétère des algorithmes des réseaux sociaux et, de manière frappante, l’isolement des jeunes – et des moins jeunes – qui se replient sur eux-mêmes ou sur leurs tribus en ligne", poursuit-il. Ceci explique peut-être cela : depuis la fin du confinement, une dizaine d’assassinats ou tentatives d’assassinat (visant des élus du Congrès, le président Trump, un gouverneur, un juge, etc.) ont ponctué la vie politique américaine.

© afp.com/Patrick T. Fallon

Une photo du suspect du meurtre de Charlie Kirk, Tyler Robinson, le 12 septembre 2025, dans l'Utah

Dimitri Minic : "Poutine cultive auprès de Trump l’idée qu’il faut abandonner l’Ukraine"

16 septembre 2025 à 05:45

Pour ce quatorzième épisode, nous regardons du côté de la Russie, après un été particulièrement chargé sur le front diplomatique et militaire. L’armée russe continue de grignoter des territoires dans l’est de l’Ukraine, mais au prix de lourdes pertes. Plusieurs médias russophones basés à l’étranger, comme Meduza et Mediazona, estiment que les combats ont fait plus de 200 000 morts dans les rangs russes depuis l’invasion de février 2022. En comptant les blessés, les pertes dépasseraient le million d’hommes.

Mais il n’est pas question de renoncer pour Vladimir Poutine. L’été lui a profité comme jamais sur le plan diplomatique depuis l’invasion de février 2022. Il a ainsi pu rencontrer Donald Trump à Anchorage, en Alaska, sur le sol américain. Une réhabilitation internationale sans avoir rien à concéder. Puis début septembre, il a fait assaut d’amabilité avec Xi Jinping. D’abord au sommet de Tianjin, pour une photo historique, main dans la main avec le président chinois et le dirigeant indien Narendra Modi. Puis, dans la foulée, place Tiananmen, pour une parade militaire d’ampleur, au côté du dirigeant communiste.

Les Ukrainiens, de leur côté, espèrent que Donald Trump va prendre résolument leur parti, après avoir tendu les bras à plusieurs reprises au maître du Kremlin. Après tout, le dirigeant russe continue de lui refuser aussi bien des pourparlers de paix qu’un cessez-le-feu. Trois ans et demi après l’invasion de février 2022, Vladimir Poutine se montre plus intransigeant que jamais.

Pour mieux comprendre la situation du moment, l’Etat-Major reçoit l’un des meilleurs spécialistes des élites politico-militaires de Russie et de leur vision des affaires sécuritaires et mondiales. Dimitri Minic est chercheur au Centre Russie-Eurasie de l’Institut des relations internationales. Il est l’auteur d’un livre tiré de sa thèse, publiée par la Maison des sciences de l’homme et qui s’intitule "Pensée et culture stratégiques russes : du contournement de la lutte armée à la guerre en Ukraine".

RETROUVEZ TOUS LES EPISODES DE L’ETAT-MAJOR

Ecoutez cet épisode et abonnez-vous à L’Etat-Major sur Apple Podcasts, Spotify, Deezer, Podcast Addictet Amazon Music.

Cet épisode a été écrit et présenté par Clément Daniez, et réalisé par Jules Krot.

Logo : Jérémy Cambour et Adrien Levieux

Comment écouter un podcast ? Suivez le guide.

Pour aller plus loin :

"Des jours critiques nous attendent…" : l’armée polonaise est-elle prête à une guerre contre la Russie ?

"Vladimir Poutine a peut-être commis sa plus grande erreur…" : le testament d’Henry Kissinger

"Les Européens n’entreront jamais en guerre" : Vladimir Poutine, le grand manipulateur qui balade les Occidentaux

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Le président américain Donald Trump (d) et son homologue russe Vladimir Poutine, à Anchorage, en Alaska, le 15 août 2025
Reçu hier — 15 septembre 2025Sans catégorie

Guerre en Ukraine : les nouveaux drones kamikazes de Kiev qui vont épuiser les défenses russes

15 septembre 2025 à 19:48

Un nouvel engin militaire va bientôt rejoindre le ciel ukrainien, avec comme objectif d’user les défenses russes, à quelques mois de l’hiver. Lundi 15 septembre, le ministre ukrainien de la Transformation Digitale, Mykhailo Fedorov, a annoncé que le pôle d’innovation en matière de défense, Brave1, allait expérimenter un nouveau drone kamikaze de fabrication ukrainienne, sur le champ de bataille, dès cet automne.

D’une portée de 40 kilomètres, ces nouveaux appareils offrent une échelle de frappe deux fois supérieure à celle des drones utilisés actuellement, tout en étant capables de contourner le système de brouillage russe. Ils offrent une alternative moins coûteuse que des obus ou des missiles pour les frappes de longue distance, renforçant le système d’artillerie, tout en réduisant les risques pour les soldats, moins exposés sur le front. Les premiers essais sur le champ de bataille doivent intervenir dans les prochaines semaines.

Frapper au-delà des lignes de défense

Actuellement, les drones FPV, massivement utilisés sur le champ de bataille par l’Ukraine, peuvent atteindre des cibles situées à 10 ou 20 kilomètres de distance en moyenne, note le site spécialisé avion-chasse.fr. Ces nouveaux modèles vont ainsi permettre de causer des dégâts au-delà des lignes de défense : "les cibles ne se limitent plus aux tranchées ou véhicules proches du front, mais incluent désormais des dépôts logistiques, des radars ou des systèmes de commandement situés à l’arrière", analyse-t-il.

Ils sont également censés résister aux systèmes électroniques de brouillage, l’un des principaux moyens de défense de la Russie. "Les munitions récemment testées sont conçues pour être bon marché, évolutives et pratiques, offrant aux forces ukrainiennes une capacité de frappe flexible avec une portée étendue", résume Brave1, cité par le site américain spécialisé dans l’armement Defence-blog.

"S’ils s’avèrent résistants, ces nouveaux systèmes pourraient améliorer la capacité de l’Ukraine à frapper les centres logistiques, les positions d’artillerie et les équipements situés derrière les lignes russes", ajoute pour sa part Kyiv Independent. L’effet recherché est d’étirer les défenses russes et de les épuiser aussi bien sur le front, qu’à l’arrière.

Technologie économique

Les engins sans pilote sont massivement utilisés dans la guerre en Ukraine, en raison notamment de leur coût plus économique. Un drone FPV coûte environ 3 000 euros, là où un missile guidé en coûte plusieurs dizaines de milliers, compare avion-chasse.fr. Ces appareils sont également de fabrication locale, ce qui réduit la dépense vis-à-vis des fournitures d’armes de l’extérieur. Pour ces raisons, Kiev a ainsi rapidement développé son programme de drones, l’une des technologies qui a le plus évolué depuis le début du conflit.

Cherchant à rattraper son désavantage matériel face à la Russie, l’Ukraine mise sur l’innovation, et a ainsi lancé Brave1 en 2023, une initiative conjointe entre le ministère de la Défense et les agences de développement numérique, s’appuyant notamment sur des startups ukrainiennes. Mais elle fait face à une limite financière. En effet, le président Volodymyr Zelensky déclarait en juin dernier que l’Ukraine pourrait produire jusqu’à 8 millions de drones par an, mais qu’elle n’avait pas les ressources économiques suffisantes à ce stade.

De son côté, la Russie a également augmenté sa production, en particulier de drones d’attaque de type Shahed, qu’elle utilise pour mener des frappes quasi quotidiennes sur les villes ukrainiennes. En juin, le président russe Vladimir Poutine a annoncé vouloir créer une branche spécialisée dans l’armée, dédiée aux systèmes sans-pilote.

© afp.com/Genya SAVILOV

Un droniste ukrainien contrôle un drone lors d'un vol d'entraînement dans l'est de l'Ukraine, le 12 août 2025.

Assassinat de Charlie Kirk : l’inquiétante spirale de la violence et de la censure aux Etats-Unis

15 septembre 2025 à 17:30

Ces derniers jours, l’influenceuse américaine complotiste Laura Loomer a trouvé son nouveau cheval de bataille : "détruire les aspirations professionnelles de quiconque se réjouit de la mort de Charlie Kirk", célèbre militant d’extrême droite, assassiné lors d’un meeting le 10 septembre. Depuis la semaine dernière, les Etats-Unis connaissent une vaste campagne de représailles organisée par l’extrême droite, contre tous ceux qui auraient exprimé de la joie ou un manque d’empathie, après le meurtre de l’influenceur. Des fonctionnaires, journalistes, ou salariés de plusieurs entreprises ont ainsi perdu leur travail, tandis qu’un site recensant des milliers de posts défavorables à Charlie Kirk et des données personnelles sur leur auteur a vu le jour.

"Les républicains font pression non seulement pour punir le meurtrier présumé, mais aussi ceux dont ils estiment que les propos ont contribué à la mort ou l’ont déshonorée", explique l’agence Associated Press. L’assassinat de Charlie Kirk lors de l’un de ses meetings à l’Université d’Utah Village, la semaine passée, a vivement agité l’Amérique. A 31 ans, cet influenceur d’extrême droite, comptabilisant des millions d’abonnés, était devenu un relais important du trumpisme parmi la jeunesse conservatrice. Il organisait notamment des débats dans les universités, où il affichait des propos ouvertement racistes, sexistes, et transphobes. Récemment, il avait suscité la polémique en affirmant que "l’avortement était l’Holocauste de notre époque".

Quelques minutes après que Charlie Kirk a été abattu en pleine foule, le département d’État des États-Unis (en charge des Affaires étrangères) avait déjà prévenu qu’il suspendrait le visa de n’importe quel étranger qui se réjouirait de la mort de l’influenceur xénophobe. Mais les trumpistes sont allés plus loin : selon un comptage de Reuters, ils sont parvenus ce week-end à faire virer pas moins d’une quinzaine de personnes - fonctionnaires, salariés, ou journalistes.

Appels aux licenciements

Parmi les personnalités publiques, on retrouve le commentateur politique de la chaîne MSNBC, Matthew Dowd, qui intervient depuis une dizaine d’années dans les télévisions américaines. Ce dernier s’est vu congédié après avoir affirmé que "les pensées haineuses [- sous-entendues de Charlie Kirk - NDLR] mènent à des paroles haineuses, qui mènent ensuite à des actes haineux". Après une cyber-campagne menée contre le chroniqueur, la présidente de la chaîne, Rebecca Kutler, a présenté ses excuses, qualifiant les propos de Matthew Dowd "d’inappropriés" et indiquant qu’il avait été renvoyé, explique le New York Times.

La maison d’édition DC Comics a aussi suspendu la série "Red Hood", après que son autrice Gretchen Felker-Martin, transgenre, a ironisé sur le décès du militant connu pour ses positions transphobes, rapporte la chaîne CNN. Un vice-doyen de l’université Middle Tennessee State et deux professeurs des universités Austin Peay State et Cumberland ont également été renvoyés après une campagne de la sénatrice républicaine Marsha Blackburn à leur égard. L’un d’eux avait déclaré que Charlie Kirk "avait provoqué son propre destin".

De nombreux salariés anonymes font aussi partis de la liste, allant de travailleurs de la restauration jusqu’aux transports. Le week-end dernier, le secrétaire aux Transports Sean Duffy a ainsi indiqué "qu’American Airlines avait suspendu des pilotes qui, selon lui, célébraient l’assassinat de Kirk", indique Associated Press.

Fichage en ligne

Ces campagnes de harcèlement ont notamment été facilitées par la création du site "Expose Charlie’s Murderers" ("Dénoncer les meurtriers de Charlie", en français), qui recense des dizaines de milliers de publications sur la mort de Charlie Kirk, avec les données personnelles de leur auteur, comme leur lieu de résidence ou leur profession. En quelques jours, le site créé anonymement a reçu 30 000 contributions, et se projette comme "une plateforme permanente d’archives sur les activistes radicaux appelant à la violence, actualisée en continu". Mais la plupart des messages postés sur le site ne semblent ni provenir d’activistes ultra-radicaux, ni appeler à la violence.

L’un des premiers posts figurant sur le site est par exemple une publication de la journaliste canadienne Rachel Gilmore, qui ne s’est pourtant jamais réjouie de la mort de Charlie Kirk, et avait au contraire dit "espéré qu’il survive", terrifiée "par les représailles" que cela pourrait susciter chez ses "fans d’extrême droite". Après que son nom a circulé sur le site, elle a indiqué que sa vie était devenue "un enfer" recevant constamment des insultes et des menaces de viols de la part de supporters "MAGA". En ce début de semaine, le site était devenu inaccessible, sans que l’on sache encore pourquoi.

Une campagne de représailles à large échelle, qui tranche avec les propos d’une extrême droite cherchant à se présenter comme défenseuse "de la liberté d’expression", et accusant ses adversaires de vouloir mettre en place une "cancel culture", remarque la presse américaine.

"En février dernier, lors de la Conférence sur la sécurité de Munich, le vice-président J.D. Vance avait critiqué l’administration Biden pour avoir encouragé les entreprises privées à faire taire ceux qui critiquaient la gestion de la pandémie, rappelle Associated Press. Il avait ajouté : sous la direction de Donald Trump, nous pouvons être en désaccord avec vos opinions, mais nous nous battrons pour défendre votre droit de les exprimer sur la place publique", indique l’agence de presse américaine, soulignant cette contradiction de l'exécutif.

© CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Pour la droite radicale américaine, Charlie Kirk est mort en "martyr" et toute critique ciblant le militant conservateur doit être punie.

TikTok : Donald Trump annonce un accord avec la Chine

15 septembre 2025 à 15:54

Après deux jours de négociations menées à Madrid, la Chine et les États-Unis sont parvenus à un accord concernant TikTok, que le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping doivent finaliser ce vendredi.

"Les grandes discussions commerciales en Europe entre les Etats-Unis et la Chine se sont TRES BIEN déroulées. Cela va bientôt s'achever. Un accord a aussi été trouvé sur une 'certaine' entreprise que les jeunes de notre pays veulent vraiment garder. Ils seront vraiment très heureux", s'est félicité le président Trump sur son réseau Truth Social. "Je vais parler avec le président Xi vendredi", a ajouté Donald Trump.

Un "cadre" pour un accord sino-américain autour de TikTok a été trouvé, a précisé par la suite le secrétaire au Trésor américain. "Les deux dirigeants, le président Trump et le président chinois Xi, se parleront vendredi pour finaliser l'accord, mais nous avons bien un cadre pour un accord sur TikTok", a déclaré Scott Bessent. "Le cadre vise à ce que (le réseau social) passe sous propriété américaine. Mais encore une fois, je ne vais pas anticiper sur l'appel entre les dirigeants prévu vendredi", a-t-il ajouté.

Le réseau social TikTok est au cœur d'un différend entre les deux pays depuis des mois. Washington demandait à ce que TikTok soit vendu d'ici le 17 septembre à un propriétaire non chinois, sous peine d'être interdit aux Etats-Unis. En vertu d'une loi votée au Congrès en 2024, TikTok est en principe sous le coup d'une interdiction aux Etats-Unis, sauf si sa maison mère, le groupe chinois ByteDance, en abandonne le contrôle.

Guerre d'influence

La date limite pour que l'application populaire trouve un acheteur non chinois ou soit interdite aux États-Unis est fixée au 17 septembre, après une troisième prolongation de cette échéance par le président Trump.

Une loi fédérale exigeant la vente ou l'interdiction de TikTok pour des raisons de sécurité nationale devait entrer en vigueur la veille de l'investiture de Donald Trump en janvier. Ce texte visait à empêcher que les autorités chinoises ne puissent mettre la main sur des données personnelles d'utilisateurs de TikTok aux Etats-Unis ou ne soient en mesure d'influencer l'opinion américaine via le puissant algorithme du réseau social, même si aucun élément n'a jamais été produit pour justifier ces craintes. La cession nécessite le feu vert de la société ByteDance mais aussi des autorités chinoises, qui n'ont, ni l'une, ni les autres, validé jusqu'à présent l'idée même d'une vente.

De nouvelle négociations en vue

Entamées dimanche, les négociations entre la Chine et les Etats-Unis se tenaient à Madrid, au siège du ministère espagnol des Affaires étrangères, après un cycle de discussions menées à Genève, Stockholm et Londres. Les délégations étaient dirigées, d'une part, par Scott Bessent et, d'autre part, par le vice-Premier ministre chinois He Lifeng, qui ne s'est pas exprimé à l'issue des discussions lundi.

"Nous avons eu de très bonnes discussions", a estimé Scott Bessent à l'issue de la deuxième journée des pourparlers, précisant que ces échanges s'étaient concentrés sur TikTok. "Nous tiendrons de nouvelles négociations commerciales dans environ un mois à un autre endroit, mais nous avons parlé de nombreuses choses que nous pourrions faire à l'avenir", a-t-il ajouté.

© The Yomiuri Shimbun via AFP

Le président chinois Xi Jinping et le président américain Donald Trump lors du sommet du G20 à Buenos Aires, en novembre 2018.

Intrusion d’un drone en Roumanie : la Russie accuse l’Ukraine

15 septembre 2025 à 10:43

L’ambassade de Russie à Bucarest a qualifié de "provocation" de l’Ukraine l’intrusion d’un drone en Roumanie, après la convocation dimanche 14 septembre de l’ambassadeur russe au ministère roumain des Affaires étrangères en raison de cet incident.

La Roumanie a annoncé avoir convoqué dimanche l’ambassadeur de Russie pour dénoncer le vol "inacceptable" d’un drone russe la veille dans son espace aérien, quelques jours après une intrusion spectaculaire d’aéronefs similaires dans le ciel polonais, condamnée par l’Union européenne.

Bucarest a fait part au chef de la représentation diplomatique russe, Vladimir Lipaïev, de "sa vive protestation" face à "cet acte inacceptable et irresponsable", selon un communiqué du ministère roumain des Affaires étrangères. Celui-ci a "instamment demandé à la partie russe de prendre toutes les mesures nécessaires" en vue d’éviter qu’une telle "violation de la souveraineté de la Roumanie" ne se reproduise. "De tels incidents récurrents contribuent à l’escalade et à l’amplification des menaces sur la sécurité régionale", a dit le ministère à l’ambassadeur.

@lexpress

🇵🇱 La Pologne a demandé à l'Otan d'activer l'article 4, qui prévoit des consultations entre alliés en cas de menace. En cause, une incursion, sans précédent, de plusieurs drones russes dans son espace aérien. On vous explique 🎥 Les dernières infos sont à retrouver sur lexpress.fr 📱 🔗 Lien en bio #pologne #russie #apprendresurtiktok #Sinformersurtiktok #newsattiktok

♬ original sound - L’Express

Une "provocation délibérée du régime de Kiev"

Lors de cet entretien, Vladimir Lipaïev a qualifié d'"infondée" la protestation de la Roumanie, selon l’ambassade dans un communiqué publié dans la nuit de dimanche à lundi. "Aucune réponse concrète et convaincante n’a été donnée" par la partie roumaine aux questions posées par l’ambassadeur russe sur l’identification de ce drone, a poursuivi la même source.

"Tous les faits portent à croire que c’était en effet une provocation délibérée du régime de Kiev" visant "à entraîner les autres pays européens dans une aventure militaire dangereuse contre la Fédération de Russie", a-t-elle ajouté.

La Roumanie avait signalé samedi soir qu’un drone "Geran" avait pénétré dans son espace aérien au cours d’une attaque russe contre des infrastructures de l’Ukraine voisine. Deux avions de combat roumains F-16 ont "détecté un drone dans l’espace aérien national" qui a survolé pendant environ 50 minutes l’est de la Roumanie, à partir du village de Chilia Veche, avant de repartir près de la ville de Pardina en direction de l’Ukraine, selon le ministère de la Défense. "Les pilotes ont reçu l’autorisation d’abattre la cible mais, au moment où ils ont eu un contact direct, ils ont évalué les risques collatéraux et ont décidé de ne pas ouvrir le feu".

Quatre jours plus tôt, dans la nuit de mardi à mercredi, 19 aéronefs sans pilote présumés russes avaient fait une intrusion dans le ciel polonais, la première du genre depuis le début de l’offensive russe en Ukraine en février 2022. Depuis, la Pologne est en état d’alerte, tout comme les Etats de l’Alliance atlantique ayant une présence militaire sur son sol.

© Belga via AFP

Auprès de l'ambassadeur russe à Bucarest, la Roumanie a dénoncé des "incidents récurrents" qui "contribuent à l'escalade et à l'amplification des menaces sur la sécurité régionale".

Allemagne : l’extrême droite fait une percée et triple son score dans l’Ouest industriel

15 septembre 2025 à 09:38

Le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) a triplé son score au scrutin des élections locales de la région industrielle de Rhénanie du Nord-Westphalie (ouest), d’après les premières estimations publiées le dimanche 14 septembre par la chaîne allemande WDR. Le parti a obtenu un score historique de 16,4 % (contre 5 % il y a un an) dans ce Lander le plus peuplé d’Allemagne, traditionnellement acquis aux conservateurs de la CDU et aux socio-démocrates du SPD.

Environ 13,7 millions d’habitants étaient appelés à voter avant la fermeture des bureaux de vote à 18 heures, lors de ces élections "suivies dans tout le pays comme un baromètre de l’humeur nationale", souligne le New York Times. Face à l’AfD, le CDU a maintenu son score, à 34,2 %, tandis que le score du SPD a légèrement baissé à 22,6 % dimanche (contre 24 % il y a 5 ans). Les Verts ont chuté de 8,5 points, tombant à 11,7 %. Un véritable "avertissement pour la coalition nationale, vieille de quatre mois, du chancelier conservateur Friedrich Merz avec les sociaux-démocrates", juge Reuters. "Mais l’AfD n’a pas réussi à rafler l’État comme certains le craignaient", temporise le NYT.

Les élections municipales dans le Land le plus peuplé du pays étaient un premier test important, quelques mois après les élections fédérales dont est issu le gouvernement de Friedrich Merz (CDU), en coalition avec le SPD. Lors de ces élections à l’échelle de l’Allemagne en février dernier, l’AfD avait atteint un score national historique de 20,8 %. Avec l’objectif déclaré de devenir bientôt le premier parti du pays. Ces nouveaux résultats sont donc encourageants pour le parti d’Alice Weidel.

L’AfD mise sur l’Ouest ouvrier et industriel

Bien que sa base électorale soit principalement des États de l’est de l’Allemagne, durant ces élections "l’AfD espère capitaliser sur le virage vers la droite dans l’ouest de l’Allemagne", explique la chaîne Allemagne Deutsche Welle. A en croire les premières estimations, le pari est gagnant. Ces 16 % "ont souligné l’attrait croissant du parti pour les électeurs en dehors de ses bastions dans les États de l’ancienne Allemagne de l’Est, où il est la force politique la plus forte", confirme Politico. Les dirigeants de l’AfD considèrent désormais l’Ouest, plus peuplé et rempli de villes industrielles en déclin (aciérie, industrie charbonnière…) "comme la clef de l’expansion de la base du parti, en particulier avec les électeurs de la classe ouvrière qui font de plus en plus défection vers l’extrême droite", poursuit le média d’analyse politique.

Créé en 2013, le parti a connu un essor dès 2016, notamment sur le thème de l’immigration, favorisé notamment par les agressions sexuelles dont 1 200 femmes ont été victimes lors de la nuit du Nouvel An, dont la moitié à Cologne (ouest). Depuis l’importance du parti n’a cessé de croître, notamment dans les Länder de l’est : il est devenu la première force politique en Thuringe avec 33 % des voix aux élections locales de septembre 2024. Pour ces élections locales à hauts enjeux, l’AfD a même reçu un soutien du milliardaire de la technologie Elon Musk.

© afp.com/John MACDOUGALL

La cheffe de file de l'extrême droite allemande Alice Weidel se donne pour objectif de conquérir l'Ouest Allemand, historiquement acquis à la CDU.

Attaque au Qatar : les dirigeants arabes appellent à "revoir" les liens diplomatiques avec Israël

15 septembre 2025 à 19:02

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a promis, ce lundi 15 septembre, le "soutien indéfectible" de son pays à Israël pour éliminer le Hamas palestinien, près de deux ans après une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza. Le déplacement de Marco Rubio coïncide avec un sommet arabo-islamique à Doha durant lequel l'émir du Qatar s'en est pris de nouveau à Israël après son attaque inédite le 9 septembre dans la capitale qatarie contre des chefs du Hamas.

Les infos à retenir

⇒ Attaque au Qatar : les dirigeants arabes et musulmans appellent à "revoir" les liens diplomatiques avec Israël

⇒ Gaza : Marco Rubio apporte le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël

⇒ La flottille pour Gaza quitte la Tunisie

Attaque au Qatar : les dirigeants arabes et musulmans appellent à "revoir" les liens diplomatiques avec Israël

Les dirigeants arabes et musulmans réunis en sommet à Doha ont appelé ce lundi à "revoir" les liens avec Israël après l'attaque israélienne ayant ciblé des responsables du Hamas palestinien au Qatar la semaine dernière, selon un projet de communiqué consulté par l'AFP. Selon le texte, ce sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), exhorte "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre". 

En visite à Jérusalem, Marco Rubio apporte le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël dans ses objectifs à Gaza

En visite à Jérusalem ce lundi, le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a redit le "soutien indéfectible" de Washington à Israël dans ses objectifs à Gaza. "Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré le chef de la diplomatie américaine. "Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté, déclarant en outre que les Etats-Unis maintiendraient une "pression maximale" sur l’Iran.

A ses côtés lors d’une conférence de presse conjointe, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a fait valoir que cette visite de Marco Rubio était un "message clair" du soutien américain à Israël, et affirmé que Donald Trump était "le plus grand ami" qu’Israël ait jamais eu à la Maison-Blanche.

Madrid annule un contrat de 700 millions d'euros pour des lance-roquettes de conception israélienne

Le gouvernement espagnol a annulé un contrat de près de 700 millions d'euros pour des lance-roquettes de conception israélienne, dans la foulée de l'embargo sur les contrats d'armement avec Israël confirmé la semaine dernière, selon des documents officiels consultés lundi par l'AFP. Ce contrat, attribué à un consortium formé par des entreprises espagnoles, prévoyait l'acquisition de 12 exemplaires du système de lance-roquette de haute mobilité (SILAM), développé à partir du système Puls du groupe israélien Elbit Systems, selon le "Military Balance" de l'Institut international d'études stratégiques (IISS).

Donald Trump dit à Israël de "faire attention" après son attaque au Qatar

Donald Trump a mis Israël en garde dimanche, quelques jours après son attaque contre des responsables du Hamas au Qatar, pays que le président américain considère comme un "très bon allié". "Le Qatar est un très bon allié. Israël et tous les autres, il faut faire attention. Quand on attaque des gens, il faut faire attention", a déclaré à des journalistes Donald Trump, qui s’était dit "très mécontent" de l’assaut israélien mené mardi dans ce pays qui accueille le bureau politique du Hamas.

La diplomatie américaine a néanmoins affirmé que cette offensive n’allait pas affecter les relations avec Israël. Le Qatar est l’un des médiateurs dans les négociations en vue d’un cessez-le-feu à Gaza, où la guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023. L’attaque israélienne, qui a tué cinq membres du Hamas et un membre des forces de sécurité qataries, a suscité une réprobation plus large, notamment dans le monde arabe, Doha exhortant la communauté internationale à "arrêter le deux poids deux mesures" avec Israël.

La flottille pour Gaza quitte la Tunisie

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d’ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d’envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l’a pas oubliée", a dit à l’AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d’embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie. "Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n’avons pas d’autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l’aube lundi, selon un photographe de l’AFP sur place.

Les tensions toujours vives entre l’Espagne et Israël

Le ministre des Affaires étrangères israélien Gidéon Saar a affirmé dimanche soir que le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et son gouvernement étaient "une honte pour l’Espagne" après l’arrêt de la Vuelta pour cause de manifestations propalestiniennes. Gidéon Saar a accusé Pedro Sanchez d’avoir "encouragé les manifestants à sortir dans les rues" pour stopper la course cycliste. "Sanchez et son gouvernement : la honte pour l’Espagne", a-t-il ajouté sur X.

Le chef de gouvernement socialiste, l’une des voix les plus critiques en Europe sur l’action menée par Israël à Gaza, avait fait part dimanche matin de son "admiration" pour les manifestants, tout en disant son "respect" des sportifs. Ce lundi, il a redit "sa profonde admiration pour la société civile espagnole qui se mobilise contre l’injustice", et estimé en outre qu’Israël ne devrait participer à "aucune compétition internationale […] tant que la barbarie continuerait" à Gaza, évoquant l’exemple de la Russie et des sanctions qui visent ses sportifs depuis l’invasion de l’Ukraine.

Des ONG demandent la fin du "commerce avec les colonies illégales" dans les territoires palestiniens

Des ONG ont appelé lundi les États et entreprises, notamment européens, à mettre fin à leur "commerce avec les colonies illégales" d’Israël dans les territoires occupés palestiniens. Plus de 80 organisations, dont la Ligue des Droits de l’Homme et Oxfam, publient pour l’occasion un rapport intitulé "Commerce avec les colonies illégales : comment les Etats et entreprises étrangères permettent à Israël de mettre en œuvre sa politique de colonisation illégale". Leur campagne cible nommément des entreprises et institutions qui "par le maintien de leurs activités commerciales avec les colonies illégales, contribuent directement à la crise humanitaire causée par l’occupation prolongée d’Israël".

Par exemple le distributeur français Carrefour, dont les partenariats commerciaux en Israël "soutiennent directement l’économie des colonies" en y permettant la vente de ses produits, selon le rapport. Ou comme l’équipementier britannique JCB, dont les engins servent aussi bien à la destruction de maisons ou cultures palestiniennes qu’à la construction de colonies illégales, accusent les ONG. Le rapport pointe aussi du doigt les banques étrangères, comme le groupe britannique Barclays, qui financent des activités commerciales, et le géant industriel allemand Siemens qui contribue selon les ONG aux infrastructures de transport bénéficiant aux colonies.

Dans un communiqué, les organisateurs de la campagne "insistent pour que les États, particulièrement ceux de l’UE et le Royaume-Uni, interdisent explicitement les activités commerciales avec les colonies d’Israël, y compris la prestation de services et la réalisation d’investissements".

© afp.com/-

Une photo fournie par l'agence de presse officielle saoudienne SPA montre le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane et l'émir du Qatar cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani lors du sommet arabe-islamique à Doha, le 15 septembre 2025

Espagne : la fin chaotique de la Vuelta ravive les tensions avec Israël

15 septembre 2025 à 12:48

Les barrières tombent, et un flot de manifestants pénètrent sur Gran Via, en plein cœur de Madrid. Brandissant drapeaux et pancartes dénonçant le "génocide sioniste" à Gaza, plus de 100 000 manifestants pro-palestiniens ont provoqué la fin prématurée du Tour d’Espagne cycliste en bloquant sa dernière étape, dimanche 14 septembre en fin de journée. Plusieurs incidents avaient déjà perturbé la Vuelta depuis son arrivée en Espagne, en raison de la participation de l’équipe Israel-Premier Tech à la compétition, alors qu’un puissant mouvement de soutien à la Palestine soulève ces derniers mois la société civile comme la vie politique espagnole.

Dans plusieurs points de la ville, des flots de manifestants ont ainsi renversé les barrières et déferlé sur la chaussée. La foule, dans laquelle se trouvaient des familles avec pour certaines de jeunes enfants en poussette, ou des personnes âgées, a défilé tranquillement, encadrée par des policiers. Près de la gare d’Atocha, les policiers ont répliqué dans un premier temps plus fermement, en chargeant et en lançant quelques grenades lacrymogènes, avant finalement, de laisser les manifestants défiler aux cris de "Boycott Israël", "Ce n’est pas une guerre, c’est un génocide !" ou "Halte aux morts d’enfants innocents !".

Des renforts exceptionnels avaient été déployés dimanche, et des blindés avaient même été prépositionnés à certains carrefours en cas d’incidents graves. Mais impossible cette fois de retenir le flot de manifestants sans basculer dans de violents affrontements. À une cinquantaine de kilomètres de l’arrivée, les coureurs ont donc mis pied à terre, la direction de la course annonçant son arrêt définitif. Épilogue d’une compétition qui aura été marquée quasi quotidiennement par des manifestations et des incidents.

Los manifestantes propalestina ocupan parte de la calle de Gran Vía, recorrido que forma parte de La Vuelta a España y por el que se espera que pasen los ciclistas.https://t.co/Xk35b2tIUZ pic.twitter.com/Zva1TgZOrf

— RTVE Noticias (@rtvenoticias) September 14, 2025

"Une honte pour l’Espagne"

Depuis son arrivée sur le territoire espagnol, la course a été le théâtre de manifestations pro-palestiniennes qui ont fortement perturbé les coureurs. Dans un pays où la cause palestinienne est très populaire, ces manifestations ont en outre lieu en période de grande tension entre le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez et celui de Benyamin Netanyahou. Le ton ne cesse de monter ces derniers mois entre les deux pays.

Dimanche soir après l’arrêt de la Vuelta, le ministre des Affaires étrangères israélien Gideon Saar a affirmé que le Premier ministre espagnol et son gouvernement étaient "une honte pour l’Espagne", accusant Pedro Sanchez d’avoir "encouragé les manifestants à sortir dans les rues" pour stopper la course cycliste.

Le chef de gouvernement socialiste, l’une des voix les plus critiques en Europe sur l’action menée par Israël à Gaza, avait fait part dimanche matin de son "admiration" pour les manifestants, tout en disant son "respect" des sportifs. Ce lundi, il a redit "sa profonde admiration pour la société civile espagnole qui se mobilise contre l'injustice", et estimé en outre qu'Israël ne devrait participer à "aucune compétition internationale (...) tant que la barbarie continuerait" à Gaza, évoquant l'exemple de la Russie et des sanctions qui visent ses sportifs depuis l'invasion de l'Ukraine.

La semaine dernière déjà, l’Espagne avait choisi de durcir sa position face à Israël. Une série de mesures "pour mettre fin au génocide" avaient été annoncées par Pedro Sanchez, dont (entre autres) une consolidation de l’embargo sur les armes, l’interdiction d’accueillir dans les ports espagnols des navires transportant du carburant destiné à l’armée israélienne, 10 millions supplémentaires d’aide humanitaire, mais aussi un renforcement du soutien à l’autorité palestinienne et de nouveaux projets de coopération dans l’agriculture ou l’assistance médicale.

"Nous savons que ces mesures ne suffiront pas à freiner l’invasion ni les crimes de guerre. Mais nous espérons qu’elles contribueront à accroître la pression sur le gouvernement israélien […] à ce que les citoyens espagnols sachent et ressentent que, face à cet épisode infâme, leur pays s’est trouvé du bon côté de l’histoire", avait déclaré Pedro Sanchez.

Règlement de compte

En Espagne, pays traditionnellement perçu comme proarabe, la position du Premier ministre bénéficie d’un large soutien dans l’opinion. Cette ligne a toutefois ravivé les tensions avec Israël, qui a rappelé son ambassadeur à Madrid après la reconnaissance de l’Etat de Palestine par le gouvernement socialiste en mai 2024. En août déjà, le chef de la diplomatie israélienne Gideon Saar avait dénoncé sur X un gouvernement espagnol "corrompu" et "antisémite", l’accusant de détourner l’attention de ses propres problèmes en menant une campagne "anti-israélienne" et une "rhétorique sauvage qui respire la haine".

Dans la soirée, la fin chaotique de la Vuelta a aussi tourné au règlement de compte politique entre le gouvernement espagnol et l’opposition de droite. "La société espagnole ne tolère pas que le génocide à Gaza soit normalisé dans des événements sportifs ou culturels", a salué sur les réseaux sociaux la ministre du Travail Yolanda Diaz, issue de la plateforme d’extrême gauche Sumar et N.3 du gouvernement. Selon elle, "Israël ne peut participer à aucun événement tant qu’il continue de commettre un génocide".

Le chef du Parti populaire (l’opposition de droite), Alberto Nunez Feijoo a répondu en fustigeant dimanche sur X "une honte internationale relayée dans le monde entier", due, selon lui, au gouvernement socialiste qui a "non seulement permis, mais aussi encouragé l’interruption de La Vuelta".

Dans un communiqué, le vainqueur Jonas Vingegaard s’est lui dit "très déçu" que "ce moment d’éternité" lui ait été volé. "Tout le monde a le droit de manifester mais pas d’une manière qui influe ou mette en péril notre course", a-t-il regretté.

© AFP

Une vague de 100 000 manifestants pro-palestiniens ont mis fin à la dernière étape de la Vuelta, le Tour d'Espagne de cyclisme, dimanche 14 septembre.
Reçu avant avant-hierSans catégorie

Ukraine : Kiev revendique deux attaques sur le réseau ferroviaire russe

14 septembre 2025 à 17:26

Une source au sein du renseignement militaire ukrainien (GUR) a affirmé dimanche que l'Ukraine était responsable de deux opérations de sabotage ce week-end sur le réseau ferroviaire russe, qui ont fait au moins trois morts. Dans un message transmis à l'AFP, cette source anonyme affirme que le GUR, en coopération avec des unités de l'armée, a mené une attaque samedi dans la région russe d'Oriol ainsi qu'une autre dimanche matin dans la région de Léningrad.

Deux trains ont déraillé tôt dimanche dans des zones distinctes de la région de Léningrad, a annoncé le gouverneur régional Alexandre Drozdenko sur Telegram. Le GUR n'a revendiqué qu'un de ces deux incidents, disant avoir fait exploser, vers 2H30 du matin dimanche, une section de la voie ferrée entre les villes de Saint-Pétersbourg et Pskov, entre les stations Stroganovo et Mchinskaïa.

Selon le gouverneur russe, cet incident a entraîné le déraillement d'un train de marchandises transportant 15 wagons-citernes vides, sans faire de victime, tandis que le GUR affirme que les citernes ont été "détruites avec leur carburant". Des médias russes ont publié des images montrant plusieurs citernes renversées le long de la voie ferrée. Dans la même région, un autre déraillement a entraîné dimanche la mort du conducteur du train, à proximité de la station Semrino dans le district de Gatchina, selon le gouverneur régional.

Samedi, une explosion avait été signalée sur une section de chemin de fer à plus de 800 km de là, dans la région russe d'Oriol. Selon les autorités, elle a causé la mort de trois militaires de la Rosgvardia, la garde nationale russe.

Le GUR a affirmé avoir mené cette opération afin de "perturber" la liaison entre les villes d'Oriol et de Koursk et indique que les militaires tués étaient des démineurs envoyés sur place après la découverte de mines par des employés des chemins de fer russes. Le réseau ferroviaire russe a été à plusieurs reprises touché par des déraillements, des explosions et des incendies depuis le lancement de l'invasion russe à grande échelle de l'Ukraine, en février 2022. Kiev, quand elle revendique des sabotages, affirme que la Russie utilise son réseau ferroviaire pour acheminer des troupes et du carburant à ses forces combattant en Ukraine. 

© afp.com/Handout

Photo prise et publiée par le service de presse présidentiel ukrainien, le 20 août 2025, du président ukrainien Volodymyr Zelensky participant à une réunion avec des journalistes ukrainiens et étrangers à Kiev
❌