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Reçu aujourd’hui — 5 novembre 2025 6.2 📰 Infos Monde

Avec le port péruvien de Chancay, la Chine consolide sa puissance

5 novembre 2025 à 07:00
Vous êtes en terminale ou en première spécialité histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques (HGGSP) ? La Lettre de l’éduc est pour vous. Chaque semaine, Benjamin Daubeuf, professeur agrégé d’histoire-géographie, vous conseille la lecture d’un article d’actualité qui résonne avec votre programme. Cette semaine, nous nous intéressons à la stratégie chinoise pour accroître sa puissance mondiale, notamment grâce à la construction de ports commerciaux à l’étranger.

© “Courrier international”

La Lettre de l’éduc, révisez les programmes d’histoire-géographie avec “Courrier international”, par Benjamin Daubeuf.

Aux Etats-Unis, la paralysie budgétaire dure depuis 36 jours, le plus long shutdown de l’histoire

5 novembre 2025 à 06:48
Les conséquences s’étendent pour des millions d’Américains alors que des fonctionnaires ne sont pas payés et que certaines allocations ne sont plus versées. Le précédent record avait été atteint en 2019, sous le premier mandat de Donald Trump.

© MANDEL NGAN/AFP

Un panneau devant le Congrès américain explique que « le centre d’accueil des visiteurs du Capitole est fermé en raison d’un manque de crédits budgétaires », causé par le shutdown, à Washington, le 4 novembre 2025.

En Californie, Gavin Newsom remporte son pari et obtient des électeurs un redécoupage électoral favorable aux démocrates

5 novembre 2025 à 06:46
Les votants ont approuvé une nouvelle carte qui devrait accorder aux démocrates cinq sièges supplémentaires à Washington, de quoi compenser les modifications poussées par Donald Trump au Texas.

© JILL CONNELLY/GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP

Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, lors d’un meeting de campagne en faveur de la proposition 50, à Los Angeles, le 1ᵉʳ novembre 2025.

États-Unis: l'anti-Trump Zohran Mamdani élu maire de New York

5 novembre 2025 à 06:39
Zohran Mamdani, devenu maire de New York, marque l'histoire avec un score inédit depuis les années 60. Porté par un discours à gauche, il propose des crèches et des bus gratuits, un gel des loyers, financés par une taxe sur les riches. Opposant farouche à Donald Trump, Zohran Mamdani incarne une Amérique jeune et multiculturelle. Les récentes élections en Virginie et New Jersey confirment un vote-sanction contre Trump, les démocrates s'imposant largement.

Un avion-cargo s'écrase au décollage faisant sept morts aux États-Unis

5 novembre 2025 à 06:12
Un avion s'est écrasé peu après son décollage de l'aéroport de Louisville, dans le Kentucky. L'accident a fait sept morts et causé d'importants dégâts, laissant une traînée de destruction et de flammes. Les pompiers ont lutté pour maîtriser les incendies sur plusieurs centaines de mètres. Une enquête est en cours pour déterminer les causes de l'accident.

Zohran Mamdani devient le plus jeune maire de l’histoire de New York, le premier socialiste revendiqué et le premier musulman

5 novembre 2025 à 06:11
L’élection du candidat démocrate de 34 ans à la tête de la capitale financière de la planète consacre surtout une ligne politique : réduction du coût de la vie, taxation des plus riches, opposition totale à Donald Trump.

© Shannon Stapleton/REUTERS

Zohran Mamdani, lors de son élection à la mairie de New York, à Brooklyn, le 4 novembre 2025.

EN DIRECT, guerre en Ukraine : l’état-major ukrainien fait état d’au moins « 49 » affrontements mardi sur le front de Pokrovsk

5 novembre 2025 à 06:08
Les services de renseignements ukrainiens ont fait part, de leur côté, de « combats acharnés » dans cette zone de l’oblast de Donetsk, dans l’est du pays.

© Service de presse de la présidence ukrainienne/AP

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, au centre, rencontre des militaires près de Pokrovsk, sur la ligne de front, dans l’oblast de Donetsk, en Ukraine, le 4 novembre 2025.

Aux États-Unis, 36 jours de shutdown : la paralysie budgétaire bat un record de longévité

5 novembre 2025 à 06:18
La paralysie budgétaire aux États-Unis est entrée mercredi dans son 36e jour, dépassant le précédent record établi en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump. Les républicains et les démocrates n'arrivent toujours pas à se mettre d'accord sur le budget, alors que des centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux ont été mis au chômage technique et que les aides sociales sont fortement perturbées.

« Le statu quo a échoué » : comment San Francisco, devenue le repoussoir de l’Amérique conservatrice, se rachète une conduite

5 novembre 2025 à 06:00
REPORTAGE - La ville californienne a longtemps signé la promesse d’un monde meilleur. Mais elle est aussi devenue, aux yeux de l’Amérique entière, le symbole d’une gauche libérale dépassée. Son maire démocrate, Daniel Lurie, cherche à tout prix à rectifier le tir.

© Sopa Images/SPUS/ABACA

Le fentanyl, notamment, fait des ravages parmi les sans-abri, à San Francisco. 

Au Salvador, Nayib Bukele sur la même ligne que Donald Trump

5 novembre 2025 à 06:00

Nous sommes le 26 septembre 2019, à l’Assemblée générale des Nations unies à New York. Nayib Bukele, récemment élu président du Salvador, monte à la tribune et commence son discours.

Pour l’instant, rien d’anormal. Jusqu’à ce que le président glisse la main dans sa poche et en sorte son smartphone.

Les yeux rivés sur l’écran de son portable, Nayib Bukele laisse s’écouler quelques secondes de silence. Il tend ses bras, montre son plus beau sourire et immortalise le moment. Le président salvadorien vient de se prendre en photo à la tribune de l'ONU, sous les yeux médusés des diplomates. Sur le selfie, sa tête apparaît en contre-plongée avec au-dessus le logo des Nations unies : la carte du monde entourée de branches d’olivier.

Depuis le début de cette série, on imagine une application de rencontre fictive, qui mettrait en relation Donald Trump avec les dirigeants d’Amérique latine. On s’est dit que Nayib Bukele aurait forcément mis sur son profil ce selfie pris en plein discours à l'ONU. Et le goût pour la provocation, ce n’est pas le seul point commun entre les deux chefs d’Etat.

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Cet épisode a été écrit et présenté par Solène Alifat et réalisé par Jules Krot avec Sébastien Salis.

Crédits : CNews, Euronews, TV5Monde

Musique et habillage : Emmanuel Herschon/Studio Torrent

Logo : Jérémy Cambour

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Le "soft power" américain anéanti par la frénésie de Donald Trump

© afp.com/Brendan Smialowski

Le président américain Donald Trump serre la main du président du Salvador, Nayib Bukele, lors d'une réunion dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche à Washington le 14 avril 2025

Etats-Unis : le socialiste Zohran Mamdani élu maire de New York

5 novembre 2025 à 05:57

Les sondages ne s’étaient pas trompés. Le socialiste Zohran Mamdani, 34 ans, a remporté mardi 4 novembre la mairie de New York, devançant l’ancien gouverneur de l’Etat, le centriste Andrew Cuomo, et le républicain Curtis Sliwa, selon les projections de plusieurs médias américains. Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis. "En cette période d’obscurité politique, New York sera la lumière", a-t-il déclaré après sa victoire, affirmant que celle-ci marquait la victoire de "l’espoir sur la tyrannie" et pouvait "montrer à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre".

Le président américain, qui a fait de Zohran Mamdani l’une de ses nouvelles bêtes noires, a rapidement réagi. "Trump n’était pas sur les bulletins de vote, et la paralysie budgétaire, (sont) les deux raisons pour lesquelles les républicains ont perdu les élections ce soir, selon les sondeurs", a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

Il avait plus tôt appelé les électeurs juifs à faire barrage au jeune candidat. "Toute personne juive qui vote pour Zohran Mamdani […] est une personne stupide !!!", avait écrit le milliardaire républicain, accusant ce dernier, militant de la cause palestinienne, de les "haïr".

Tout au long de la campagne, l’élu du Queens à l’Assemblée de l’Etat de New York a été attaqué pour son opposition très vive à la politique israélienne. Il est toutefois resté ferme sur ses positions, multipliant dans le même temps les manifestations de soutien à la communauté juive.

"Changer la ville"

Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, Zohran Mamdani n’a jamais, depuis, quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant Eric Adams, qui a également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo.

Né en Ouganda dans une famille d’intellectuels d’origine indienne, arrivé aux Etats-Unis à 7 ans et naturalisé en 2018, il a fait de la lutte contre la vie chère le cœur de sa campagne. Si Donald Trump l’a qualifié de "communiste", ses propositions - encadrement des loyers, bus et crèches gratuits - relèvent plutôt de la social-démocratie.

Très populaire auprès des jeunes, Zohran Mamdani a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s’étaient éloignées de la politique, "des électeurs frustrés par le statu quo, en quête de nouvelles personnalités", selon le politologue Costas Panagopoulos.

Forte participation

Signe de l’engouement pour le scrutin, avant la fermeture des bureaux de vote à 21h00, plus de deux millions d’électeurs s’étaient rendus aux urnes, la plus importante participation depuis des décennies. "J’ai vraiment adhéré au message que Zohran Mamdani portait dans le cadre de sa campagne. Je pense sincèrement qu’il peut changer la ville pour le mieux," rapporte Alan Ismaiel, ingénieur informatique de 25 ans rencontré par l’AFP après avoir voté dans le Queens.

"Si Zohran Mamdani devient maire, Trump n’en fera qu’une bouchée", a prédit Andrew Cuomo, insistant, comme il l’a fait durant toute la campagne, sur l’inexpérience de son adversaire. Plusieurs fois, le président républicain a promis de mettre des bâtons dans les roues du jeune candidat démocrate s’il était élu, en s’opposant au besoin au versement de certaines subventions fédérales à la ville.

Au sein même de son parti, Zohran Mamdani ne fait pas l’unanimité. Plusieurs figures, notamment le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer, ne le soutiennent pas publiquement.

Autres victoires démocrates

Voisin de New York, l’Etat du New Jersey a choisi la démocrate Mikie Sherrill contre l’homme d’affaires républicain Jack Ciattarelli. L’Etat a longtemps été considéré comme un bastion démocrate. Mais à la dernière présidentielle, Donald Trump y avait considérablement réduit l’écart. Plus au sud sur la côte est, la Virginie a élu la première femme à sa tête, la démocrate Abigail Spanberger, battant la républicaine Winsome Earle-Sears.

"Les démocrates fument Donald Trump et les républicains extrémistes à travers le pays", s’est réjoui sur X le ténor démocrate Hakeem Jeffries. "Le Parti démocrate est de retour", a ajouté le chef de la minorité à la Chambre des représentants.

Les Californiens de leur côté ont approuvé, selon plusieurs médias américains, un texte visant à redécouper leur carte électorale en faveur des démocrates, qui cherchent à compenser ce qu’ont fait au Texas les républicains sous la pression de Donald Trump.

© afp.com/Leonardo Munoz

Le candidat démocrate à la mairie de New York Zohran Mamdani quelques heures avant sa victoire, alors qu'il vote à Astoria, dans le Queens, le 4 novembre 2025

Une "mini-Otan" : quand le Grand Nord fait bloc contre la Russie

5 novembre 2025 à 05:45

Afin d’illustrer à quel point les pays nordiques sont complémentaires, les businessmen scandinaves ont coutume de dire : "Pour lancer un nouveau produit sur le marché, faites-le dessiner en Finlande (pays du design), fabriquez-le en Suède (pays d’ingénieurs), confiez-en la commercialisation aux Danois (des marchands dans l’âme) et laissez les Norvégiens (peuple de marins) gérer l’export." A l’heure où la menace russe s’étend de l’Ukraine jusqu’à la mer Baltique, et où Moscou mène une guerre hybride mêlant cyberattaques, sabotages, survols de drones et violation de l’espace aérien, les quatre pays septentrionaux, déjà unis par une culture, des langues et une histoire commune, ont décidé d’approfondir un peu plus encore leur coopération, mais sur le plan militaire cette fois.

Ça tombe bien : en matière de défense, les quatre Nordiques se complètent à merveille. La Finlande a des troupes au sol et la plus grande artillerie d’Europe. La Suède possède une industrie de défense qui produit tout - des sous-marins et des avions de chasse en passant par des bazookas et des véhicules blindés. Le Premier ministre Ulf Kristerson vient d’ailleurs de promettre à Volodymyr Zelensky la vente de 100 à 150 chasseurs bombardiers Gripen "made in Sweden". Le Danemark, lui, apporte des forces spéciales et du volontarisme à revendre, à travers la très ferme Première ministre Mette Frederiksen. La Norvège, enfin, déploie des capacités de surveillance aérienne et une longue expérience dans la région arctique. Tous ces pays savent que, comme au temps des Vikings (800-1050) ou de l’Union de Kalmar qui réunissait les royaumes de Suède, Danemark et Norvège (1397-1523), l’union fait la force.

Prise séparément, chacune de ces nations peut paraître négligeable. Aucune n’excède 6 millions d’habitants, sauf la Suède qui en compte 10,5 millions. Mais ensemble, elles représentent 28 millions d’âmes – et même 34 millions si l’on y ajoute les trois Etats baltes d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie. Leurs PIB combinés s’élèvent à environ 2 000 milliards d’euros et placent la région au 10e rang mondial. Et cela grâce à une économie diversifiée, innovante et high-tech qui procure aux Nordiques un niveau de bien-être parmi les plus élevés du monde. Enfin, cerise sur le gâteau, la Scandinavie possède des ressources naturelles importantes : minerais, énergie et même terres rares.

Militairement, les forces des quatre armées (l’Islande, qui est le cinquième pays nordique, n’en possède pas) sont loin d’être négligeables. Ainsi, l’addition des F-35 américains et des Saab JAS-Gripen suédois constitue une armada de 239 avions de chasse ultramodernes. Si l’on y ajoute les aviations britanniques et hollandaises (qui viendraient en renfort en cas de guerre), le chiffre est deux fois plus élevé. Certes, c’est moins que les 1 200 Soukhoï et MIG russes, mais la plupart sont vieux, moins performants et assignés à d'autres régions du monde. En mer, la flotte alliée compte 34 navires de guerre, soit autant que les 34 bâtiments russes. Mais elle compte aussi dix sous-marins, contre un seul submersible russe.

Une région hautement stratégique

Après plusieurs décennies – post-guerre froide – passées à démanteler leurs armées (seule la Finlande n’a pas commis cette erreur), les Nordiques se remettent en ordre de bataille. Dès l’invasion de l’Ukraine en février 2022, Helsinki et Stockholm ont abandonné leur neutralité historique pour rejoindre l’Otan en 2023 et 2024– un tournant qui a aussitôt fait de la Baltique un "lac otanien". "Neutres mais membres associés de l’Otan depuis les années 1990, ces deux pays travaillaient déjà depuis longtemps main dans la main, notamment en effectuant des exercices aériens conjoints aux Etats-Unis, précise le Suédo-finlandais Tomas Ries, expert à l’Ecole de guerre suédoise. Cette collaboration ancienne et éprouvée a grandement facilité leur intégration dans l’Alliance atlantique. Il leur a suffi de brancher la prise sur l’Otan et de commencer à jouer ; Plug and play (branche et joue), comme on dit dans le jargon otanien !"

Ces dernières années, les gouvernements nordiques ont aussi multiplié les accords bilatéraux qui permettent à l’US Air Force d’utiliser des bases aériennes partout en Scandinavie, que Washington regarde comme un 'porte-avions terrestre'. Dans le cas de la Finlande, dix-sept aéroports militaires sont concernés. Partout, les budgets de défense ont augmenté de manière significative. De moins de 2 % voilà peu, celui de la Suède, par exemple, passera à 3,5 % du PIB dès 2030. Et ce n’est qu’un début. Egalement significative est la création d’un espace aérien unique incluant le Danemark, la Suède, la Finlande, la Norvège et l’Islande. Un commandement aérien unifié a, par ailleurs, été inauguré à Bodø, en Norvège, afin que les quatre aviations nordiques opèrent comme une seule. En för alla, alla för en ! (un pour tous, tous pour un).

Du côté de l’armée de terre, plusieurs nouvelles brigades [NDLR : composée de 3 000 à 5 000 soldats, une brigade peut opérer comme une petite armée autonome] sont en cours de constitution, dont une en Finlande, la Forward Landing Forces (FLF). Elle opère sous l’égide de l’Otan et sous commandement suédois, en incorporant des combattants d’autres pays, dont des chasseurs alpins italiens. Située près de la frontière russe, cette "FLF" s’ajoute à d’autres forces déjà présentes au-delà du cercle polaire, notamment l’armée de terre norvégienne, habituée aux conditions extrêmes du Nord – grand froid, nuit polaire et, le printemps venu, sol détrempé. Peu peuplée, la région des trois frontières (Norvège-Suède-Finlande) n'en est pas moins hautement stratégique. Parce que son littoral s’ouvre sur l’Arctique et parce que la presqu’île de Kola, où la Russie possède l’essentiel de son arsenal nucléaire, n’est qu’à quelques dizaines de kilomètres.

Avec les Russes, les Européens du Nord savent depuis longtemps à quoi s’en tenir. A travers l’histoire, les Suédois ont mené une trentaine de guerres contre eux. Lors de leur ultime affrontement, en 1808-1809, ils ont été contraints de céder la Finlande au tsar. Devenus indépendants en 1917, les Finlandais ont ensuite résisté héroïquement à l’agression de l’Armée rouge de Staline (comme les Ukrainiens face à Poutine aujourd’hui) lors de la "guerre d’hiver" de 1939-1940 en infligeant à l’ennemi des pertes considérables : six fois plus de morts côté soviétique que du côté finlandais. "Nous connaissons parfaitement de quoi les Russes sont capables : viols, massacres, crimes de guerre", remarque l’expert militaire danois Sten Rynning, auteur de NATO, from Cold War to Ukraine, a History of the World’s Most Powerful Alliance (non traduit). "Personne ne peut se permettre de les laisser entrer chez lui. Il faut les bloquer à la frontière."

Chacun veut préserver l’Otan, mais tout le monde prépare le plan B

Ces jours-ci, les Scandinaves ne redoutent pas seulement la menace venue de l’Est. "Au reste, note le Suédo-finlandais Tomas Ries, 85 % des soldats stationnés derrière la frontière russo-finaldaise avant 2022 ont été envoyés se battre en Ukraine ; les deux tiers sont morts, blessés ou capturés là-bas." Aussi, les états-majors, à Stockholm ou Copenhague, sont également alarmés par les intentions de Donald Trump. "Depuis qu’il a exprimé son désir d’acquérir le Groenland [NDLR : région autonome du royaume du Danemark], une réelle inquiétude hante nos dirigeants", reprend l’expert danois Sten Rynning. Tout le monde se demande si les Etats-Unis vont un jour abandonner l’Otan", explique-t-il, même si lui croit plutôt au scénario d’un retrait partiel. "Les Américains pourraient délaisser leur rôle central en Europe et une partie de leur leadership pour se concentrer uniquement sur leurs intérêts vitaux, en particulier au Groenland et dans l’Arctique", prédit celui qui est aussi un professeur d’université à Odense, la jolie ville de l’auteur de La reine des neiges et du Vaillant soldat de plomb, le conteur Hans Christian Andersen.

De son côté, Peter Viggo Jakobsen, professeur à l’Ecole Royale de Défense du Danemark, estime que "la décision, en février, d’augmenter de 70 % les dépenses militaires pour les deux prochaines années traduit la panique au plus haut niveau à Copenhague". Ces dépenses visent la défense de la Baltique mais aussi du Groenland. "Bien sûr, chacun veut préserver l’Otan, poursuit Jakobsen, mais tout le monde prépare le plan B qui serait l’alliance étroite des pays nordiques renforcée par les pays baltes, la Pologne et l’Allemagne." Une mini-Otan, en somme. Voire une Otan dans l’Otan. "Mais pour cela, conclut-il, il faut d’abord que Berlin réussisse la modernisation et la réforme de la Bundeswehr et que Varsovie maîtrise la croissance exponentielle de son armée qui doit passer de 200 000 à 300 000 hommes d’ici à 2030."

Les Finlandais en première ligne

En attendant, les pays scandinaves peuvent compter, d’abord, sur les Finlandais. En première ligne avec leurs 1 300 kilomètres de frontière commune avec l’ours russe, ils connaissent parfaitement la mentalité de l’animal. A la fin de la guerre froide, ils sont les seuls à n’avoir pas baissé la garde ni cédé aux sornettes de "la fin de l’histoire". Sans bruit ni fanfare, ce peuple taiseux et madré a préservé tout son dispositif de défense. Outre son artillerie (la plus importante d’Europe avec 1 400 pièces) et une aviation dernier cri, Helsinki a maintenu les principes du service militaire et d’une armée de réservistes. Le pays peut compter sur une défense de 280 000 hommes et sur 800 000 réservistes mobilisables en quelques jours. "Notre pays dispose en outre d’un réseau de 50 000 abris anti-bombardements où près de 5 millions de personnes, soit 90 % de la population, peuvent se réfugier", se félicite le député Johannes Koskinen, qui préside la commission des Affaires étrangères.

Afin de préparer psychologiquement la population à toute éventualité, les pouvoirs publics ont distribué des consignes à tous les foyers sous la forme d’un prospectus. Il contient les consignes à appliquer en prévision d’une guerre ou d’une crise liée à une cyberattaque massive : chaque citoyen doit stocker de l’eau, de la nourriture, un réchaud à gaz, des piles, un transistor, etc., pour pouvoir tenir sept jours en autonomie. Après la Finlande, le dépliant a été distribué en Suède, puis au Danemark. Dans tous les pays nordiques, des ministères ou des agences de Défense civile ont été ressuscitées. "Pendant la guerre froide, toute la sécurité des pays du Nord reposait sur le principe de "Défense totale" avec l’idée que l’armée devait pouvoir s’appuyer sur la défense civile, c’est-à-dire une société civile robuste et résiliente où chacun connaît d’avance le rôle qui lui est assigné en cas de guerre", explique l’historien danois Rasmus Dahlberg, professeur à l’Université militaire royale de Copenhague. "Cette logique est aujourd’hui remise goût du jour." Les citoyens en éprouvent-ils de la peur ? "De la peur, non, répond, à Stockholm, Tomas Ries. Mais nous prenons au sérieux la capacité des Russes à devenir très brutaux." Alors, la "mini-Otan" du Grand Nord prend les devants.

© HEIKO JUNGE / NTB / AFP

Soldats suédois à la frontière finno-norvégienne devant un blindé "made in Sweden".

Guerre en Ukraine : la bataille de Pokrovsk, ville prise en tenaille par l’armée russe, entre dans sa phase finale

5 novembre 2025 à 05:45
L’infanterie russe progresse à l’intérieur de la ville, l’une des dernières grandes agglomérations de la région de Donetsk restée sous le contrôle des forces de Kiev. Le changement de tactique de Moscou, consistant à détruire la logistique ukrainienne, porte ses fruits après six mois d’efforts.

© Adrien Vautier/Le Pictorium pour « Le Monde »

Dima, 34 ans, chef d’une unité de tanks au sein du bataillon « Da Vinci Wolves », sur le front de Pokrovsk, dans l’oblast de Donetsk (Ukraine), le 4 juin 2025.
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