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Reçu aujourd’hui — 9 novembre 2025 6.2 📰 Infos Monde

Harry Haft, le rescapé d'Auschwitz qui boxait pour survivre

9 novembre 2025 à 11:15
Durant des décennies, Harry Haft, un immigré polonais arrivé aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale, n'a pas su y mettre des mots. Forcé de combattre des codétenus dans un camp annexe d'Auschwitz, il a fallu du temps à ce boxeur pour raconter son histoire. Un de ses enfants retrace dans un livre le destin d'un survivant, hanté par ses blessures.

Apaisement Pékin-Washington : la Chine desserre l’étau sur les métaux rares stratégiques

9 novembre 2025 à 09:12

Nouveau signe d'apaisement après la rencontre Trump-Xi de la semaine dernière : la Chine a confirmé dimanche suspendre une interdiction d'exportation vers les Etats-Unis de gallium, germanium et antimoine, des métaux rares cruciaux pour l'industrie moderne. Pékin avait annoncé en décembre 2024 des restrictions sur ces métaux, dans le cadre d'une réglementation visant les biens à "double usage", c'est-à-dire pouvant être utilisés dans un cadre civil mais aussi militaire - par exemple pour fabriquer des armements.

Les interdictions sont suspendues dès ce dimanche et "jusqu'au 27 novembre 2026", a indiqué dimanche dans un communiqué le ministère chinois du Commerce. Il confirme ainsi une annonce de la Maison-Blanche faite il y a quelques jours.

Cette annonce est un nouveau signe de bonne volonté de Pékin, dans la foulée de la rencontre entre les présidents chinois Xi Jinping et américain Donald Trump le 30 octobre en Corée du Sud. Ce sommet a permis de dissiper des mois de tensions qui ont crispé l'économie mondiale. "En principe, l'exportation vers les Etats-Unis de produits à double usage liés au gallium, au germanium, à l'antimoine et aux matériaux superdurs ne sera pas autorisée", stipulait l'interdiction de décembre 2024 - désormais suspendue. Le ministère chinois du Commerce n'a toutefois pas dit explicitement dimanche si des autorisations seraient désormais délivrées, ni quand ni à quelle échelle.

Infrarouge et munitions

Ce dossier était devenu un sujet de contentieux entre Pékin et Washington. Car les deux pays rivalisent pour la domination technologique mondiale et ces métaux rares sont essentiels dans cette optique. La Chine en est un important producteur mondial. Ils ne sont pas classés comme "terres rares", un autre groupe de métaux cruciaux, mais sont également nécessaires à des pans entiers de l'économie.

Le gallium, que l'on trouve notamment dans les circuits intégrés, les LED et les panneaux photovoltaïques, est ainsi considéré comme une matière première critique, selon l'Union européenne. Le germanium est indispensable pour les fibres optiques et l'infrarouge. Enfin, l'antimoine est utilisé tant pour la transition énergétique, intégré aux batteries de véhicules électriques, que par l'industrie de l'armement, pour renforcer blindages et munitions.

Le ministère chinois du Commerce, dans son court communiqué de dimanche, a également annoncé l'assouplissement de restrictions sur les exportations de produits liés au graphite - toujours dans le cadre de ces réglementations sur les produits à "double usage". Les examens plus stricts des utilisations et utilisateurs finaux de ces produits, annoncés en décembre 2024, sont aussi suspendus jusqu'au 27 novembre 2026.

Détente

Il s'agit des dernières mesures d'apaisement en date prises par Pékin après la rencontre Xi-Trump. La Chine avait déjà annoncé mercredi prolonger d'un an la suspension d'une partie des droits de douane imposés aux produits américains en pleine guerre commerciale, pour les maintenir à 10%.

Le géant asiatique avait aussi indiqué "cesser d'appliquer des droits de douane supplémentaires" imposés depuis mars sur le soja et un certain nombre d'autres produits agricoles américains. Des mesures qui touchaient durement la base électorale de Donald Trump.

Donald Trump avait par ailleurs annoncé fin octobre que la Chine avait accepté de suspendre pour un an les restrictions imposées le 9 octobre sur l'exportation de technologies liées aux terres rares - essentielles pour la défense, l'automobile ou l'électronique.

© REUTERS

Donald Trump et Xi Jinping lors du G20 d'Osaka, en juin 2019.

EN DIRECT, Gaza : le Hamas annonce la remise prochaine de la dépouille d’un officier israélien, tué en 2014

9 novembre 2025 à 11:03
La branche armée du mouvement islamiste a annoncé qu’elle allait remettre dimanche la dépouille de l’officier israélien Hadar Goldin, tué en 2014. « Le corps a été trouvé hier dans un tunnel de la ville de Rafah », selon un communiqué. Israël doit encore confirmer l’identité du corps de cet officier tué, à l’âge de 23 ans.

© Abdel Kareem Hana/AP

Un proche montre la photo d’un Palestinien, dont la dépouille a été rapatriée d’Israël dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu et transportée à l’hôpital Nasser de Khan Younès, dans la bande de Gaza, le 8 novembre 2025.

Après la tempête Kalmaegi, un supertyphon s’abat sur les Philippines, où plus d’un million de personnes ont été évacuées

9 novembre 2025 à 11:02
Le « super-typhon » Fung-wong a provoqué la mort d’une femme qui tentait d’évacuer son domicile dans le centre des Philippines. Les secours peinent déjà à intervenir dans certaines zones après la tempête précédente, qui a fait plus de 200 morts.

© ERWIN MASCARINAS / AFP

Des habitants évacuent leurs maisons inondées en raison des fortes pluies causées par le typhon Fung-Wong, sur l’île de Mindanao, aux Philippines, le 8 novembre 2025.

Comment Donald Trump repousse les limites de l’outrance grâce à l’IA

9 novembre 2025 à 11:00
Le recours aux visuels orduriers générés par intelligence artificielle est désormais devenu la norme pour le président des Etats-Unis et son administration. Un mode de communication qui, sous couvert d’humour, insensibilise un peu plus chaque jour l’opinion à la violence politique.

© Solène Reveney / Le Monde

Donald Trump utilise de plus en plus de vidéos générées par IA sur ses réseaux sociaux.

EN DIRECT, guerre en Ukraine : les dernières informations

9 novembre 2025 à 11:00
Des attaques de drones et de missiles russes, pendant la nuit de vendredi à samedi, ont fait au moins quatre morts, à Dnipro et à Kharkiv. La Russie cible les centrales électriques et les installations gazières ukrainiennes, provoquant régulièrement des coupures.

© Gleb Garanich / REUTERS

Dans les rues de Kive pendant une coupure d’électricité, le 8 novembre 2025.

Enhanced Games : « Les lois du marché poussent les athlètes à prendre tous les risques possibles pour être vainqueur »

9 novembre 2025 à 10:30
Dans une tribune au « Monde », le professeur d’éducation physique et sportive Maxime Scotti s’inquiète de la tenue des Enhanced Games en 2026 aux Etats-Unis, une compétition sportive qui autorise et encourage le dopage. Il y voit une « porte ouverte à toutes les excentricités », et une grave mise en danger des athlètes au nom du triomphe de la performance.

La Chine réautorise l’exportation de certains métaux rares, cruciaux pour l’industrie, vers les Etats-Unis

9 novembre 2025 à 08:36
L’interdiction, levée pour un an, concerne le gallium, le germanium et l’antimoine. Ce dossier était devenu un sujet de contentieux entre Pékin et Washington.

© Evelyn Hockstein / REUTERS

Les présidents américain, Donald Trump, et chinois, Xi Jinping, échangent quelque mots au moment de quitter l’aéroport international de Gimhae, après une réunion bilatérale en marge du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), à Pusan, en Corée du Sud, le 30 octobre 2025.

Philippines : plus d’un million d'évacués, au moins un mort à l'approche du "super-typhon" Fung-wong

9 novembre 2025 à 03:41
Accompagné de vents atteignant 230 km/heure, le super-typhon Fung-wong s'approche dimanche des Philippines. Plus d’un million de personnes ont déjà été évacuées et une personne est morte, alors que les écoles et bâtiments publics resteront fermés lundi. Fung-wong balaiera le pays seulement quelques jours après le typhon Kalmaegi, qui a fait plus de 224 morts d'après le dernier bilan du gouvernement.

"Si je suis arrêté, je mourrai en prison" : le témoignage glaçant de Viktor, espion dans une base russe

9 novembre 2025 à 07:45

Ils s’appellent Sofia, Viktor, Lena et Pavel. Ou plutôt, nous les appellerons ainsi. Sofia travaille avec l’association Mémorial, interdite en Russie. Viktor, employé sur une base militaire, fait passer des informations à l’armée ukrainienne. Lena combat dans les rangs d’une unité de volontaires russes intégrée aux forces armées de Kiev. Pavel aide les réfugiés des régions russes touchées par la guerre, et en profite pour distiller des messages pacifistes.

Les contacter nous a pris plusieurs mois. Les conversations ont eu lieu par la messagerie cryptée Signal, plutôt que Telegram, soupçonnée d’être infiltrée par le FSB. Deux d’entre eux ont préféré garder éteinte leur caméra au moment de témoigner. Tous ont relu, avant publication, leurs interviews, pour s’assurer qu’il n’y restait aucune information risquant de les identifier formellement. Le risque qu’ils ont pris, en nous parlant, est considérable tant, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, la répression est omniprésente en Russie.

>> Le témoignage de Sofia, opposante clandestine à Vladimir Poutine : "Si tout le monde s’en va, qui va agir ici ?"

Pas de caméra, pas d’appel depuis son domicile mais depuis une chambre d’hôtel anonyme, au gré d’un déplacement… Viktor a les codes et les réflexes de la clandestinité. A l’été 2022, révulsé par les tueries de Boutcha, ce jeune homme, employé sur une base militaire russe, s’est mis à la disposition de la légion "Liberté de la Russie", une unité formée de volontaires russes anti-Poutine engagés dans les forces armées ukrainiennes. Pour des raisons de sécurité, il ne donnera pas d’informations précises sur ses "actes de guerre", mais il nous confie son histoire. Et ses espoirs.

"Je vis dans une ville russe, près de la frontière avec l’Ukraine, où se trouve un aérodrome militaire. C’est là que je travaille. La guerre, je l’ai vue arriver avant tout le monde. Je voyais que l’on préparait les bombardiers, mais je n’y ai pas cru. Dans les premières semaines de combat, je n’ai pas du tout pensé aux Ukrainiens. Je suis russe, je suis patriote, je me disais qu’au fond, on était là-bas pour les aider… En avril 2022, j’ai découvert les photos de Boutcha. En voyant ces corps, cette photo de Zelensky en larmes, j’ai réalisé que je m’étais trompé. Et je ne suis pas le seul dans ce cas. On n’entend pas la voix de ceux qui ne sont pas d’accord, ceux qui sont contre les décisions du pouvoir. On s’imagine que la population russe est entièrement pour la guerre, mais ce n’est pas vrai, il y a beaucoup de gens qui pensent par eux-mêmes, des gens qui connaissent la vérité sur Boutcha et le reste. Seulement, ils sont terrifiés de parler, et si quelqu’un ose le faire, ça ne dure jamais très longtemps.

Après le 24 février, l’Etat a tout de suite resserré les boulons. J’étais au travail à cette époque-là, on ne nous a pas laissés rentrer chez nous pendant trois semaines. Ça grouillait d’agents du FSB. C’était terrifiant.

J’ai d’abord cherché à foutre le camp. Je ne voulais plus vivre en Russie. Puis j’ai entendu parler de la légion "Liberté de la Russie". J’ai alors compris que je ne pouvais pas me contenter de ne pas être complice, que je devais me battre maintenant, pour ne pas me sentir étranger dans mon propre pays pour le restant de mes jours, pour que mes enfants n’aient pas à s’enfuir plus tard. Et j’ai décidé de rejoindre la lutte armée. J’ai pris le risque de contacter la légion. Pour moi, c’était la possibilité de partir, d’être entraîné, d’avoir une arme et de me battre avec des camarades. Il n’y avait que des avantages… à part le risque d’être tué, mais quand on travaille dans un aéroport militaire en Russie, ce risque existe aussi.

Mais César [NDLR : nom de guerre de Maximilian Andronnikov, chef de la légion "Liberté de la Russie"] m’a convaincu que je serais plus utile ici. Alors je suis resté. Je fais passer des informations à la légion. Parfois, je transmets un message, un colis… Oui, c’est risqué. Mais d’un autre côté, faire l’espion clandestin, ça me semblait moins dangereux que de sortir dans les rues pour crier que Poutine est un fils de p***. Avant l’invasion, on pouvait parler de politique dans sa cuisine ou au café. Depuis, tout a changé.

Je ne voudrais pas que mes parents, mes amis viennent me tenir compagnie en prison

Aujourd’hui, tout le monde a peur de parler. Moi aussi, d’ailleurs. Je ne sais pas qui, parmi mes proches, soutient la démocratie, et qui a décidé que tout cela ne le regarde pas. Et je ne peux rien leur dire de mon activité, c’est la règle n°1 du partisan. Il ne faut jamais parler de ce que l’on fait, et surtout pas à ses amis ou à sa famille. Déjà, parce que si on m’arrête, tous ceux qui étaient au courant seront considérés comme des complices. Je ne voudrais pas que mes parents, mes amis, viennent me tenir compagnie en prison. Ensuite, parce que je ne peux pas savoir ce qu’il y a dans la tête de mon interlocuteur.

C’est comme dans un film, on est toujours au bord de la catastrophe. Pendant la première année, j’ai cru que ça me rendrait fou, j’ai pensé à prendre des médicaments. Puis j’ai adopté deux méthodes qui m’aident et font que je me sens bien aujourd’hui. D’abord, j’ai trouvé dans la légion des gens à qui parler. Nous discutons souvent. Et pour être honnête, c’est souvent moi qui me plains, et les autres qui m’écoutent. Partager mes difficultés, ça m’aide. Et puis, l’autre méthode, c’est que… la peur, l’angoisse, c’est épuisant. Au bout d’un moment, c’est comme si l’organisme décidait qu’il en avait assez d’avoir peur, on devient insensible et on fait juste son travail. Je sais que l’on peut m’arrêter demain et je sais ce que je risque. Tout le monde connaît l’article 275 du Code pénal. Haute trahison. Et je peux vous dire ça : parler avec vous, c’est l’article 275. Avoir demandé à rejoindre la légion, c’est 275. Et ne parlons même pas des informations que je fais passer ! Même si je me trouve un bon avocat, c’est quinze ans de camp à régime sévère. Et plus probablement vingt ou vingt-cinq. Je n’ai pas besoin d’en savoir plus. Pour quelqu’un qui, comme moi, a moins de 30 ans, c’est toute ma vie.

Je ne sais pas comment finira cette guerre, mais je sais que je dois y participer

Mais de toute façon, les gens ne survivent pas jusqu’à la fin de leur sentence. Navalny a survécu combien ? Trois, quatre ans ? [NDLR : trente-sept mois] Je sais que si je suis arrêté, je ne sortirai jamais de prison. Vous connaissez les conditions de détention. On voit des vidéos dans lesquelles des détenus sont violés avec des manches à balai. Et pas juste le bout. C’est 30, 50 centimètres dans l’intestin, tous les organes sont détruits. Il y a même une vidéo dans laquelle des gardiens castrent un détenu. C’est horrifiant, mais c’est comme ça en Russie. Et je me bats pour que ça ne soit plus comme ça.

Il y a trois ans, on avait l’impression que la dynamique était bonne, qu’on y était presque et que le régime allait s’effondrer. Quand il y a eu la révolte de Prigojine [NDLR, l'ancien chef du groupe paramilitaire Wagner], qu’il a marché sur Moscou… Je détestais ce type, mais j’ai croisé les doigts, pas tant pour qu’il gagne, mais pour que Poutine perde. Ça n’a pas eu lieu. Et maintenant, je me dis que la victoire ne sera pas pour tout de suite. Un jour, j’ai lu cette phrase : 'Les idées les plus importantes, ce sont celles qui bénéficieront à nos petits-enfants.' Je ne sais pas comment finira cette guerre, mais je sais que je dois y participer.

Pour moi, la victoire, ce serait rétablir l’équilibre territorial, tel qu’il a été défini à l’effondrement de l’URSS. Et pas seulement en Ukraine, mais aussi en Géorgie, en Tchétchénie… Je souhaite le pire à Poutine, mais il existe aussi un "Poutine collectif" - son entourage, les services de sécurité, tous ceux qui soutiennent l’autoritarisme… Mais croyez-moi, les empires finissent toujours par tomber. Je crois en la lutte armée. La victoire, pour moi, c’est prendre le Kremlin, y hisser notre drapeau, puis réfléchir à la façon de dénazifier notre propre société. Que nous arrêtions de mépriser les Biélorusses, les Ukrainiens, les Kazakhs, les juifs… Que la Russie apprenne à respecter les autres peuples, les autres pays. Ça, ça serait la victoire. J’y crois, parce que j’ai déjà vu des résultats concrets de mon travail. Ce qui viendra après, c’est le peuple russe qui en décidera.

Aujourd’hui, beaucoup de mes amis ont quitté le pays, mais d’autres… Je ne dirais pas qu’ils sont de mauvaises personnes, ce sont juste des gens qui ont pris un mauvais tournant, qui ont cru à ce paternalisme, à la propagande, au mythe du leader fort, au fait que la population civile ukrainienne est constituée de fascistes bandéristes néonazis [NDLR : en référence à Stepan Bandera, un nationaliste ukrainien qui collabora avec l'Allemagne nazie] …

Ces gens-là ne se taisent pas, ils se réjouissent de tout ce qui se passe. Pour eux, tuer des gens, piller une maison, c’est une preuve de courage. Je les connais depuis l’enfance, et c’est un dilemme pour moi. Je tiens à ces gens, nous sommes du même sang, nous avons les mêmes souvenirs. Mais je n’imagine pas d’autre façon d’agir. Je ne vois pas de scénario réaliste dans lequel je discuterais avec eux et où, au lieu de m’agresser, ils essaieraient de me comprendre. C’est une impasse. Et si le seul moyen de sortir de cette impasse, c’est qu’ils meurent ou qu’ils soient blessés, ce que je n’espère pas… eh bien, ce sera très dommage, mais ce sera comme ça."

© Celestino Arce/NurPhoto/AFP

Un membre russe de la légion "Liberté de la Russie" prépare la logistique dans son quartier général près des lignes de front du Donbass (photo d'illustration).
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