Procès de Nicolas Gonidec, chantage à la sextape, Zelensky à Paris : le point à la mi-journée



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Officiellement, l’objectif était de trouver une issue à la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Mais derrière le plan de paix américain, un projet en 28 points présenté il y a dix jours et rédigé sans les alliés européens de Kiev, une autre logique apparaît selon le Wall Street Journal : celle d’un deal économique inédit entre Washington et Moscou, au grand dam de l’Europe. Objectif pour le Kremlin : sortir l’économie russe, d’une valeur de 2 000 milliards de dollars, de l’isolement.
Tout a commencé loin des chancelleries, sur les rives de Miami Beach. Le mois dernier, trois hommes se sont réunis dans une villa avec un ordinateur portable : Steve Witkoff, promoteur immobilier devenu l’émissaire de Donald Trump, Kirill Dmitriev, ex-patron du fonds souverain russe et négociateur choisi par Vladimir Poutine, et Jared Kushner, le gendre du président américain. Si ces cadres se voulaient loin du faste de la Maison-Blanche, c’est là que s’est écrit l’essentiel du plan de paix américain.
Pour Kirill Dmitriev, l’idée est simple : transformer l’après-guerre en opportunité économique. En cas d’accord, les entreprises américaines pourraient accéder en priorité aux 300 milliards de dollars d’actifs russes gelés en Europe, et financer une reconstruction de l’Ukraine menée depuis Washington.
A plus long terme, plusieurs projets sont évoqués selon le WSJ : exploitation des ressources minières dans l’Arctique, investissements énergétiques et, dans une version plus ambitieuse encore, coopération spatiale entre SpaceX et le secteur spatiale russe - jusqu’à une mission conjointe vers Mars. Un comble quand on sait que les industries spatiales rivales des Etats-Unis et de la Russie s’étaient livrées à une véritable course pendant la Guerre froide.
Selon des responsables occidentaux, repris par le WSJ, le Kremlin travaille depuis des mois à contourner les canaux institutionnels américains pour proposer à l’administration Trump une relecture complète de la relation bilatérale : moins géopolitique, plus commerciale. Autrement dit, que la Russie ne soit considérée non plus comme une menace militaire, mais comme un marché à conquérir - avec un avantage stratégique pour les Etats-Unis sur leurs alliés européens.
"En proposant des contrats de plusieurs milliards de dollars dans le secteur des terres rares et de l’énergie, Moscou pourrait redessiner la carte économique de l’Europe, tout en semant la discorde entre l’Amérique et ses alliés traditionnels", souligne le Wall Street Journal.
Face à Kirill Dmitriev, Steve Witkoff et Jared Kushner ont semblé réceptifs, leur vision rejoignant sans surprise celle de leur président, Donald Trump. Déjà dans les années 80, l’ex-magnat de l’immobilier défendait l’idée que les frontières importaient moins que la capacité à faire des affaires. Il avait proposé de négocier personnellement une fin rapide de la Guerre froide tout en construisant ce qu’il présentait aux diplomates soviétiques comme une "Trump Tower" en face du Kremlin, avec le régime communiste comme partenaire commercial.
Lorsqu’une version préliminaire du plan en 28 points a fuité, elle a immédiatement suscité des protestations. Des responsables européens et ukrainiens y ont vu une reprise directe de la position russe, ignorant largement les exigences de Kiev. La Maison-Blanche a tenté de temporiser, affirmant alors qu’aucune décision n’était prise. Mais les doutes persistent. "Ce n’est pas un plan de paix, c’est un plan d’affaires", a tranché Donald Tusk, le Premier ministre polonais.
A noter que plusieurs proches de Vladimir Poutine - des oligarques sanctionnés, issus notamment de Saint-Pétersbourg - auraient envoyé des émissaires frapper discrètement aux portes d’entreprises américaines pour évoquer investissements et exploitation des terres rares. Toujours selon le Wall Street Journal, des discussions existeraient également autour d’un éventuel retour d’Exxon Mobil dans le gigantesque projet gazier de Sakhaline, sous réserve d’un feu vert politique. A croire que Donald Trump espère que la paix pourra rapporter gros.

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