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Reçu aujourd’hui — 20 novembre 2025 7.4.2 📰 Infos Monde

Derrière l'image : opération meurtrière contre les "bébé noirs" au Congo-Brazzaville

20 novembre 2025 à 18:01
Depuis la fin septembre, une opération de répression meurtrière est en cours contre les gangs qui sévissent au Congo-Brazzaville. Surnommés kulunas ou "bébés noirs", ces gangs de jeunes sont accusés de violences et de trafic de drogue entre autres. Si des habitants se disent soulagés de voir les autorités agir, leur traque a aussi donné lieu à des exécutions sommaires, vivement critiquées. Explication avec Corentin Bainier de la rédaction des Observateurs.  

Un comportement "passible de la peine de mort" : Donald Trump accuse des démocrates de sédition

20 novembre 2025 à 18:43

"COMPORTEMENT SEDITIEUX, passible de la peine de MORT!" a écrit jeudi 20 novembre Donald Trump sur son réseau Truth Social, juste après avoir attaqué six élus démocrates qui ont appelé à la désobéissance civile dans l'armée.

Dans un message publié peu auparavant sur la même plateforme, le président américain avait qualifié ces opposants de "traîtres" ayant un "comportement séditieux". "Ceci est vraiment mauvais et dangereux pour notre pays", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social en commentaire d'un article de presse consacré à cet appel lancé sur X par six élus démocrates à la Chambre des représentants et au Sénat, ayant eux-mêmes servi dans l'armée ou les services de renseignement. "Trump vient de réclamer la mort pour des élus démocrates. Absolument infâme", a réagi le Parti démocrate sur X. Les meneurs démocrates à la Chambre des représentants ont dénoncé dans un communiqué la "rhétorique violente et déchaînée" du président américain, l'appelant à supprimer ses messages "avant que quelqu'un ne soit tué".

"Vous pouvez refuser les ordres illégaux"

Ces six élus démocrates à la Chambre des représentants et au Sénat, ayant eux-mêmes servi dans l'armée ou les services secrets, ont publié sur X une vidéo dans laquelle ils lancent à l'intention des militaires et des agents du renseignement : "Vous pouvez refuser les ordres illégaux." Dans leur vidéo, ces six démocrates estiment que "cette administration oppose nos militaires en uniforme et nos professionnels du renseignement aux citoyens américains".

"Aujourd'hui, les menaces contre notre Constitution ne viennent pas seulement de l'étranger, mais aussi d'ici, chez nous", dénoncent ces élus, dont le sénateur Mark Kelly, un ancien membre de la marine américaine et astronaute de la Nasa, ou la sénatrice Elissa Slotkin, qui a servi pour la CIA en Irak.

Les six élus de l'opposition ont reçu jeudi le soutien d'un groupe disant représenter "plus de 360" anciens responsables militaires et diplomatiques, qui a accusé dans un communiqué la Maison-Blanche de "transformer un principe de droit fondamental en désaccord politique".

L'utilisation des forces armées critiquée

Les élus démocrates ne précisent pas dans leur vidéo à quels ordres ils font référence, mais Donald Trump et son fidèle allié au Pentagone, le ministre Pete Hegseth, sont critiqués pour leur utilisation des forces armées, tant aux Etats-Unis qu'à l'étranger. Le républicain a notamment ordonné le déploiement de la Garde nationale dans plusieurs villes démocrates, dont Los Angeles et Washington, contre l'avis des autorités locales.

Les Etats-Unis ont également mené ces dernières semaines une vingtaine de frappes dans les Caraïbes et le Pacifique contre des embarcations qu'ils accusent - sans présenter de preuves - de transporter de la drogue, faisant au moins 83 victimes. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Volker Türk, a exhorté Washington à enquêter sur la légalité de ces frappes, relevant de "solides indices" de "violations du droit international" humanitaire et "d'exécutions extrajudiciaires". Le ministère de la Justice a lui assuré le 12 novembre que ces frappes avaient "été ordonnées conformément aux lois du conflit armé et constituent donc des ordres licites".

Avant Donald Trump, d'autres hauts responsables de la Maison-Blanche avaient attaqué l'appel des six élus de l'opposition. "Des responsables démocrates appellent ouvertement la CIA et les dirigeants de l'armée à se rebeller contre leur Commandant en chef. Ne sous-estimez pas à quel point le Parti démocrate est devenu dangereusement radicalisé", avait réagi mercredi sur X le directeur de cabinet adjoint de la Maison-Blanche, Stephen Miller.

© afp.com/Brendan SMIALOWSKI

"Face au narcotrafic, il n’est pas trop tard" : après l’assassinat de Mehdi Kessaci, le conseil à la France de Federico Varese

20 novembre 2025 à 18:26

A Marseille, un cap a été franchi le 13 novembre quand deux tueurs à moto ont ouvert le feu sur Mehdi Kessaci, dans un quartier tranquille du IVe arrondissement. Le seul tort de ce jeune homme de vingt ans, qui passait les concours pour devenir gardien de la paix ? Etre le petit frère d’Amine Kessaci, figure locale de la lutte contre le crime organisé.

Depuis, une vague de peur et de colère s’est abattue sur la cité phocéenne, tant ce meurtre ressemble à "un assassinat d’intimidation" pour faire taire un militant gênant. Une pratique malheureusement courante pour les mafias de l’autre côté de la frontière, comme le rappelle Federico Varese, spécialiste italien du crime organisé et professeur de sociologie à Sciences Po Paris. Auprès de L’Express, il raconte la puissance inédite des réseaux criminels sur notre continent, mais insiste : face aux mafias, "il n’est jamais trop tard pour agir".

L'Express : Le meurtre de Mehdi Kessaci, dont le grand frère milite contre le crime organisé, a choqué Marseille et toute la France. Sa mort ressemble à "un assassinat d’intimidation" : est-ce une tactique répandue au sein des mafias en Europe ?

Federico Varese : Cette histoire est particulièrement choquante et terrible. Malheureusement, il s’agit d’une tactique plutôt courante du crime organisé, notamment de la mafia sicilienne : quand ils ne pouvaient pas mettre la main sur le témoin principal, ils tuaient ses proches. Ce fut le cas pour Tommaso Buscetta qui, en tant qu’ancien membre de la mafia sicilienne, était sans doute le témoin le plus important de l’Etat italien contre la mafia : un nombre incroyable de ses proches ont été assassinés [NDLR : officiellement, 14 membres de sa famille ont été tués par la mafia].

Il est aussi habituel pour la mafia de cibler des militants. En 1993, la mafia sicilienne avait assassiné un prêtre à Palerme, dont le seul tort était d’avoir ouvert une école pour sortir les enfants de la rue. Pour ces organisations criminelles, procéder à ce genre de meurtres, avec un tel retentissement public, représente évidemment une étape majeure, qui requiert des investissements et des ressources militaires importantes. C’est un phénomène très inquiétant pour Marseille, car cela montre que l’organisation qui a commis cet assassinat ne craint pas ses conséquences.

Qu’est-ce que ce meurtre indique sur le poids pris par le crime organisé à Marseille ?

C’est un message d’alerte pour Marseille : nous n’avons plus seulement affaire à un phénomène criminel, mais à un phénomène prêt à attaquer directement l’Etat. Le frère de la victime, Amine Kessaci, avait rencontré Emmanuel Macron, ce qui signifie que l’attaque va bien au-delà d’un acte contre un simple militant. Ce sont des individus qui aspirent à contrôler un territoire, à représenter l’autorité sur ce territoire. Et tous ceux qui remettent en cause leur autorité, y compris les militants associatifs qui perturbent leur business, deviennent des cibles.

Souvent, nous pensons ce phénomène mafieux réservé à la Sicile, à l’Amérique latine, la Russie, Hongkong ou au Japon, mais en réalité il peut surgir partout. Nous ne devrions pas supposer que le crime organisé de type mafieux, comme nous l’avons en Sicile, ne peut pas se répandre : c’est une catégorie très spécifique de crime organisé, qui ne consiste pas seulement à vendre de la drogue, mais à imposer son autorité à une communauté et à contester l’Etat.

Dans une tribune au Monde, Amine Kessaci écrit que les autorités françaises doivent comprendre qu’elles sont dans "une lutte à mort" avec le crime organisé. Son analyse est-elle justifiée ?

J’ai lu sa tribune et il a toute ma sympathie. Je suis d’accord avec lui. Nous devons toutefois faire attention à ce que l’Etat fera pour contre-attaquer : par exemple, à Rio de Janeiro en octobre, la police a foncé dans les favelas, elle a tué 132 personnes, puis elle est repartie. Il s’agit d’une réaction militaire, très lourde, mais qui ne changera pas la situation sur place.

Il faut augmenter les forces de police et bien sûr arrêter les responsables de ce meurtre, mettre les chefs de gang derrière les barreaux. Mais ce phénomène existe au-delà du seul chef de gang : quand vous le mettez en prison, un autre prend sa place puisque ce sont des communautés qui sont éloignées des autorités légitimes et qui se sentent abandonnées. Vous devez aussi reprendre le contrôle du territoire, reconstruire la confiance entre ces communautés et les autorités, retisser le tissu social, l’engagement communautaire. Exactement ce que fait Amine Kessaci.

Amine Kessaci, à Marseille, le 8 octobre 2024
Amine Kessaci, à Marseille, le 8 octobre 2024

Dans vos recherches, vous comparez le crime organisé à un Etat en formation, qui instaure une gouvernance alternative dans des zones négligées par les autorités publiques. Est-ce le cas de certains quartiers à Marseille et est-ce trop tard pour intervenir ?

Je pense que c’est ce qui se déroule à Marseille, même si le processus n’en est qu’au stade embryonnaire : une formation calquée sur l’Etat qui veut gouverner un territoire et défier les autorités. Mais le meurtre de Mehdi Kessaci peut entraîner un retour de bâton : ils sont peut-être allés trop loin et pourraient en subir les conséquences. Quand la mafia sicilienne a ciblé les juges Giovanni Falcone, Paolo Borsellino, et d’autres procureurs et policiers de premier plan, l’Etat a répondu de manière forte.

Mais l’Etat italien ne s’est pas pour autant attaqué aux racines qui expliquent la présence de la mafia en Sicile. Mon modeste conseil aux autorités françaises : il n’est pas trop tard, il n’est jamais trop tard. Les citoyens français ont le droit d’être protégés par l’Etat. Il n’est pas trop tard, mais la réponse ne peut pas être uniquement policière : il faut s’occuper de ces populations, leur faire confiance, ne pas les stigmatiser et se laisser aller au profilage racial ou ethnique. Et surtout, offrez aux jeunes des alternatives aux gangs : rien n’est plus dangereux pour le crime organisé que de le priver de cette base de recrutement.

En France, d’après un rapport du Sénat, les revenus du narcotrafic sont estimés à 7 milliards d’euros par an et 250 000 personnes vivraient de cette économie parallèle. Le crime organisé est-il plus riche et puissant qu’il ne l’a jamais été en France et en Europe ?

Tout à fait, ce sont des chiffres terrifiants et nous retrouvons ce phénomène partout en Europe. Malheureusement, cette capacité à contrôler des territoires est financée par l’argent de la drogue, avec des sommes considérables en jeu. La production de drogue en Colombie n’a jamais été aussi élevée, avec une hausse de 20 % l’année dernière et des rendements sans précédent. Beaucoup de cocaïne à bas prix débarque en Europe, notamment en France via le port du Havre.

En résumé, la drogue voyage de la Colombie jusqu’au Brésil puis vers la France directement, via l’organisation mafieuse brésilienne Primeiro Comando da Capital, sans même passer par l’Italie, l’Espagne ou Rotterdam. Donc l’approvisionnement augmente, il est bon marché et tous ces groupes se battent pour l’avoir. Ce même phénomène touche l’Europe du Nord mais aussi l’Italie, où la ’Ndrangheta est la principale organisation de liaison avec les Colombiens. D’une manière générale, la situation est terrifiante. Sans compter les drogues de synthèse qui peuvent être produites dans un laboratoire n’importe où en Europe, sans avoir besoin d’être transportées. L’offre et la consommation s’envolent.

Ce phénomène entraîne des niveaux de violence alarmants ces dernières années, avec les exemples les plus frappants aux Pays-Bas où la Mocro Maffia a tué des journalistes, des avocats et menacé la famille royale ou encore le Premier ministre…

C’est exact, des situations qui rappellent ce qui se passe à Marseille : pour intimider un témoin, ils ont tué l’avocat. Cette violence se répand partout et doit être reliée à la circulation des armes, qui va augmenter dans un futur proche car nous avons une guerre en Europe. A cause de l’invasion russe de l’Ukraine, le nombre d’armes à feu explose. Quand la guerre sera finie, une partie de ces équipements militaires sera récupérée par la pègre. Il faut se rappeler que dans les années 1990, après la guerre dans les Balkans, des quantités faramineuses d’armes sont entrées sur le marché noir. L’Italie, notamment, a croulé sous les Kalachnikov. Malheureusement, la guerre décidée par la Russie va inévitablement augmenter les stocks d’armes sur le marché noir en Europe.

Notre continent a-t-il les outils pour contrer cette menace ? Pouvons-nous faire davantage contre le crime organisé au niveau européen ?

Selon moi, cette question des armes devrait être une priorité pour imaginer l’Ukraine d’après-guerre. Je n’ai pas encore perçu ce sujet dans les discussions, j’espère qu’il sera sur la table. La reconstruction de l’Ukraine ira de pair avec le retour à l’emploi des soldats qui étaient au front et l’assurance que les armes ne se retrouvent pas sur le marché noir. Il faut des programmes sociaux, comme à Marseille, pour faire en sorte que le crime organisé ne prenne pas le dessus. Car le crime organisé n’est que le résultat d’un processus qui commence bien plus tôt, un processus à la fois sociologique et structurel.

Au niveau européen, nous avons Europol et Eurojust [NDLR : qui gèrent respectivement la coordination policière et judiciaire des pays européens]. Eurojust est très utile car elle permet de coordonner les enquêtes en Europe. Europol permet d’échanger les données entre les différentes polices européennes, ce qui s’avère indispensable. Le niveau européen est essentiel pour combattre le crime organisé car, par définition, c’est un phénomène qui ne se limite pas à un seul endroit. La drogue voyage, ce qui implique une coopération avec la Colombie, le Brésil, les Etats-Unis et tous les partenaires européens.

Avez-vous un exemple de pays européen qui a réussi à agir de manière efficace contre le crime organisé ?

Je parlerais plutôt de solutions locales qui ont pu fonctionner. L’Italie, par exemple, ne se limite pas à une histoire catastrophique : l’introduction du délit d’association mafieuse a été fondamentale et a permis aux procureurs d’identifier le crime organisé sans qu’un crime évident ait été commis. Même sans recours direct à la violence, le simple fait qu’une personne appartenant à une certaine organisation émette une menace, ou même une simple demande, constitue en soi un crime. C’est un contournement de l’application traditionnelle de la loi, mais qui s’est révélée très efficace.

Le plus important est de faire en sorte que, quand les gens ont un problème, ils ne se tournent pas vers le crime organisé. L’échec de l’Italie n’est pas venu de son système judiciaire ou de sa police : au contraire, les capacités d’enquête de la police italienne sont excellentes, tous les boss de la mafia sicilienne sont en prison à l’heure actuelle, pas un seul n’est libre. En termes d’arrestations, c’est un succès majeur. Mais le problème, c’est que la mafia n’est pas seulement un phénomène criminel, c’est aussi un phénomène social, politique et économique.

L’Italie a connu de grandes marches contre la mafia il y a quelques années. Quel rôle la société peut-elle jouer dans la lutte contre le crime organisé ?

Cette semaine, nous avons accueilli la photographe Letizia Battaglia à Sciences Po. Elle est célèbre pour avoir photographié les crimes de la mafia dans les années 1990, à l’époque des grandes manifestations contre le crime organisé en Sicile. La société civile est très importante dans cette lutte, tout comme le journalisme de terrain. C’est pour cette raison que les journalistes et les représentants de la société civile sont des cibles privilégiées de ces organisations. Ils sont essentiels, mais ils ne doivent pas être laissés seuls.

En Italie, la réalité est que, après ces manifestations incroyables, rien n’a été fait pour s’attaquer aux racines profondes de la mafia. Malheureusement, en Sicile, certaines associations antimafia ne sont plus que des petits bureaux, avec de petits budgets, qui doivent se contenter d’organiser une cérémonie annuelle de souvenirs pour les victimes du crime organisé.

En France, beaucoup s’inquiètent de l’influence grandissante du crime organisé sur le monde politique et économique. A quel point est-ce une menace pour l’Europe ?

A l'échelon local, les hommes politiques ont besoin des votes : une des tâches principales de la mafia sicilienne consiste à récupérer des voix pour les hommes politiques, ce qui explique qu’il est aussi difficile de se débarrasser de ces organisations. Si elles sont efficaces, il est évident que les hommes politiques auront moins de raisons de s’attaquer au crime organisé… C’est l’étape suivante : une fois qu’ils contrôlent un territoire, ils peuvent aussi contrôler le vote. Ce doit effectivement être un motif d’inquiétude en France.

Il faut réfléchir au système électoral, car certains systèmes électoraux sont plus faciles à manipuler que d’autres. En Italie, auparavant, les élections locales se faisaient à la proportionnelle, par listes, avec un ordre de préférence : la mafia excellait à manipuler le système de vote par préférence pour faire élire ses candidats. Mais ici aussi, la priorité doit consister à unir les forces de la société civile, celles des autorités et des forces politiques pour reprendre le contrôle de ces territoires en regagnant la confiance de celles et ceux qui y vivent.

© afp.com/Clement MAHOUDEAU

Quand Donald Trump s'en prend aux Etats américains qui régulent l'IA

20 novembre 2025 à 17:07

Mardi 18 novembre, sur Truth Social, Donald Trump n’a laissé aucune place au doute. En quelques lignes, écrites en lettres capitales, il a exigé une règle fédérale unique pour encadrer l’intelligence artificielle. "Nous DEVONS disposer d'une norme fédérale unique au lieu d'un patchwork de 50 régimes réglementaires étatiques. Si nous ne le faisons pas, la Chine nous rattrapera facilement dans la course à l'IA. Intégrez-la dans la NDAA ou adoptez un projet de loi distinct, et personne ne pourra jamais rivaliser avec les Etats-Unis." Et l’ordre n’est plus seulement politique : la Maison-Blanche a déjà signé une ordonnance obligeant le ministère de la Justice à poursuivre les Etats qui tenteraient de réguler l’IA à leur manière. Le républicain accuse notamment les Etats américains de freiner l’innovation. Et quoi de pire pour le chantre du MAGA que de risquer de voir son pays dépassé par la Chine.

Une copie de l’ordonnance a été examinée par le Washington Post et le Wall Street Journal, et confirmée auprès de ces médias par une source proche de l’exécutif. Silence total, en revanche, du côté de l’administration Trump, qui refuse pour l’instant de commenter cette information.

Une offensive fédérale pour reprendre le pouvoir

Cette décision de Donald Trump n’était pas imprévisible. Depuis des mois, la Maison-Blanche cherche un moyen de neutraliser les initiatives étatiques. Dans les couloirs du Capitole, ses équipes jouent des coudes pour introduire une forme de moratoire national sur les lois des Etats, en l’associant au conséquent projet de dépenses de défense actuellement débattu.

Une première tentative d’adoption de décret avait tourné court en juillet dernier. Plusieurs élus républicains, dont l’ancienne figure trumpiste Steve Bannon et la sénatrice Marsha Blackburn, s’étaient rebellés. Ils craignaient que la dérégulation totale de l’intelligence artificielle expose les enfants à des risques accrus en ligne et menace de nombreux emplois.

Une proposition similaire voit aujourd’hui le jour. Selon cette dernière, le ministère de la Justice serait chargé de riposter devant les tribunaux contre toute loi jugée "trop restrictive" sur l’intelligence artificielle. En plus, un groupe de travail fédéral analyserait les textes déjà adoptés pour vérifier s’ils entravent, ou non, la liberté d’expression ou le commerce national. Et si un Etat n’obéit pas ? Le département du Commerce pourrait suspendre des financements essentiels, notamment pour l’accès à Internet haut débit. Un moyen de pression extrêmement efficace.

Donald Trump connaît bien cette approche. Ces derniers mois, Washington a poursuivi la Californie, New York et même le Vermont sur d’autres sujets. Objectif : imposer, coûte que coûte, les priorités présidentielles de ce second mandat.

"Un passage en force dissimulé"

Mais cette offensive crée des frictions jusque dans le camp des républicains. Car si Donald Trump parle au nom de la liberté d’entreprendre, des gouverneurs républicains refusent de céder une once de souveraineté. Ron DeSantis, en Floride, et Spencer Cox, en Utah, ont dénoncé publiquement sur X une "prise de pouvoir" du fédéral. "Un passage en force dissimulé dans une loi sur la défense : une insulte aux électeurs", fulmine Ron DeSantis.

Pendant ce temps, les géants technologiques applaudissent. Ils plaident pour un seul cadre juridique, qui leur éviterait de composer avec une mosaïque de règles contradictoires. Une plainte répétée par David Sacks, conseiller du président américain sur l’IA, qui voit dans la fragmentation actuelle un frein à l’innovation américaine.

Mais le risque juridique est bien présent puisque Washington pourrait empiéter sur les droits constitutionnels des Etats. Interrogé par le Washington Post, Travis Hall, du Center for Democracy and Technology, s’alarme : seul le Congrès peut décider d’une telle préemption. Dans le cas contraire, cela représenterait "un mépris des processus démocratiques". Et la promesse de longs combats devant les tribunaux. Une bataille déjà engagée… Et qui ne fait que commencer.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

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