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Reçu aujourd’hui — 20 octobre 2025 7.4.2 📰 Infos Monde

Martine Drozdz, géographe : « Lors de l’Exposition universelle d’Osaka, les enjeux planétaires n’étaient pas au rendez-vous »

20 octobre 2025 à 17:00
Alors que l’édition 2025 s’est refermée au Japon, la chercheuse au CNRS interroge l’utilité de ces grands événements mondiaux. Elle y voit, malgré leurs défauts, de formidables moteurs pour élaborer des récits et des contre-récits de notre manière d’habiter le monde.

Le gel des avoirs russes «permet à l’Ukraine d’avoir une bouffée d’oxygène supplémentaire»

20 octobre 2025 à 16:53
Alors que la guerre en Ukraine se poursuit, les Européens cherchent toujours un moyen d'utiliser les avoirs russes gelés pour aider Kiev financièrement. Les ministères des Affaires étrangères des 27 se penchent une nouvelle fois sur la question ce lundi 20 octobre à Luxembourg, avant que la Commission ne s'y arrête à son tour jeudi. Faut-il en prêter une partie à l'Ukraine pour reconstruire le pays ou bien les utiliser pour acheter des armes ? Les avis sont partagés. Entretien avec Julien Vercueil, professeur d'économie et vice-président de l’Inalco.

Gaza: la France "déplore les violations récentes du cessez-le-feu"

20 octobre 2025 à 16:19
Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne sont réunis ce lundi 20 octobre au Luxembourg afin d'échanger sur le rôle que pourrait jouer l'Europe dans le processus de paix en Ukraine mais aussi à Gaza. Pour Jean-Noël Barrot, "toutes les parties" doivent respecter "strictement" les engagements de l'accord de paix signé en Egypte.

« Le cessez-le-feu à Gaza ralentit les sanctions contre Israël ; elles doivent cependant être décidées et appliquées »

Pour une trentaine d’élues et élus écologistes, le plan présenté par le président américain Donald Trump n’a de « paix » que le nom, tandis que le gouvernement israélien viole le cessez-le-feu qu’il vient à peine de signer, tout en cherchant à « bloquer toute possibilité de construire un Etat palestinien ».

Narcos, pétrole et parfum de guerre froide : Donald Trump - Nicolas Maduro, la bataille des Caraïbes

20 octobre 2025 à 16:00

A 62 ans, dont douze au pouvoir, Nicolas Maduro traverse une mauvaise passe. Crise de la soixantaine ? Grosse fatigue ? Insomnies ? Bien pire : depuis un an, le dirigeant vénézuélien fait face à une de ces accumulations de mauvaises nouvelles qui faisait dire à Jacques Chirac : "Les emmerdes, ça vole toujours en escadrilles". Tout commence à l’été 2024 lorsque l’opposition, pour une fois unie sous la houlette de María Corina Machado, fait la démonstration que son candidat a remporté l’élection présidentielle. Avant la proclamation officielle du résultat à l’échelle nationale par le gouvernement, ses très nombreux partisans recueillent et documentent les résultats de chaque bureau de vote du pays, puis les rendent publics. Contre l’évidence, et contre l’avis de la communauté internationale, Maduro se déclare vainqueur. Selon le décompte – crédible – de l’opposition, il a au contraire perdu par 30 % des suffrages contre 67 % à son adversaire Edmundo Gonzalez qui remplace "Maria Corina", celle-ci ayant été empêchée par Maduro de se présenter, sous un motif fallacieux.

Quelques semaines plus tard, nouvelle tuile : Donald Trump, qui, durant son premier mandat, avait lancé une politique de "pression maximum" contre Caracas, est réélu a la Maison-Blanche. Il nomme Marco Rubio, qui est d’origine cubaine, au ministère des Affaires étrangères et au poste-clé de Conseiller à la sécurité nationale. Pas de chance, celui qui est le premier Latino de l’histoire à occuper cette fonction s’intéresse de près au Venezuela ! Plaque tournante du trafic de drogue, le pays pétrolier est désormais considéré par Washington comme un narco-Etat qui menace la sécurité nationale des Etats-Unis.

Une récompense pour la capture de Maduro

Quelques mois passent et la pression s’accentue. Washington ajoute le cartel des Soleils - en référence à l’astre figurant sur les épaulettes des généraux -, une organisation criminelle liée à des membres du gouvernement vénézuélien et des hauts gradés, à la liste du Département d’Etat des organisations terroristes, où figurent aussi le Hezbollah, Al-Qaïda, des cartels mexicains ou Boko Haram (Nigeria). Enfin en août, la justice américaine double, jusqu’à 50 millions de dollars, la récompense promise à quiconque permettra l’arrestation de Nicolas Maduro, tenu pour le grand chef mafieux au sommet de l’Etat.

"Nicolas Maduro et sa femme Cilla Flores, sont terrifiés à l’idée d’être assassinés", témoigne un consultant occidental (désireux de rester anonyme) qui les a rencontrés plusieurs fois ces dernières années. Selon lui, le couple dort habituellement en sous-sol dans des lieux bunkerisés. La semaine dernière, leur inquiétude a dû augmenter d’un cran : Donald Trump a laissé fuiter l’information selon laquelle il autorisait la CIA à mener des actions clandestines au Venezuela… En outre, depuis un mois, une impressionnante flotte américaine est déployée dans la mer des Caraïbes : un porte-avions, un sous-marin, un croiseur, un porte-hélicoptères, cinq destroyers, etc. Ce n’est pas tout. 10 000 soldats sont sur le pied de guerre sur l’île de Porto Rico, à 500 kilomètres au nord de Caracas.

"Après ses déclarations de début d’année sur la reprise de contrôle du canal de Panama, un parfum de guerre froide plane incontestablement sur la région, estime le spécialiste de l’Amérique latine Gaspard Estrada en évoquant ce qui constitue la plus importante présence navale américaine dans les Caraïbes depuis 1965. Depuis deux mois, le Pentagone multiplie en effet les démonstrations de force au large du Venezuela. Dans le cadre de la lutte contre le narcotrafic, l’US Navy a détruit et coulé au moins cinq hors-bords vénézuéliens transportant, selon elle, de la cocaïne, tuant 27 personnes. Pas vraiment légal mais, face à des mafieux, Trump, on le sait, ne s’encombre guère d’états d’âme.

Enfin, le 15 octobre, une escadrille de l’US Air Force – semblable à celle qui a bombardé l’Iran en juin – s’est envolée vers le Venezuela : après avoir décollé de Louisiane, trois bombardiers B-52 ont volé pendant deux heures près des eaux territoriales du pays latino. Les forteresses volantes étaient escortées par des chasseurs F-18, des F-35 et des avions ravitailleurs. A l’évidence, l’on assiste à une guerre psychologique. Car, persuadé que le pays de Simon Bolivar peut tomber comme un fruit mûr, Trump n’a nulle intention d’envahir le Venezuela, façon Débarquement de Normandie.

"La popularité de 'Maria Corina' dont le prix Nobel de la paix a renforcé la stature morale, mais aussi l’appui international et les fractures à l’intérieur du régime sont autant d’éléments qui laissent à penser que le règne de Nicolas Maduro touche à sa fin", veut croire Carlos Blanco, un ex-dirigeant de gauche qui conseille María Corina Machado. Mais depuis Washington, Virginia Contreras, une ex-diplomate nommée par Hugo Chavez aujourd’hui en délicatesse avec Maduro est désillusionnée : "La situation se dégrade depuis très longtemps sans que rien ne change. Régulièrement, on croit à la fin du régime, puis les espoirs s’effondrent."

Il rêve d'un changement de régime à Caracas

La vraie question est : que veut Trump ? Pendant qu’il est accaparé par ses "deals" au Moyen Orient et les tractations avec Vladimir Poutine au sujet de l’Ukraine, il laisse la bride sur le cou du secrétaire d’Etat Marco Rubio. A la manœuvre, celui-ci rêve d’un changement de régime à Caracas. Il sait que par ricochet, cela fragiliserait les deux autres dictatures rouge-brunes de la région, Cuba et le Nicaragua. Reste à savoir comment faire tomber le "bolivarien" Maduro. L’assassiner au moyen de frappes ciblées ? Par sûr que l’idée, mise en œuvre contre le Hamas et le Hezbollah, soit géniale. "Cela ne résoudrait rien, reprend notre connaisseur occidental du pouvoir vénézuélien. Maduro serait aussitôt remplacé par pire que lui, par exemple Diosdado Cabello, le ministre de la Sécurité et de la Justice, ou Vladimir Padrino, le ministre de la Défense, tous deux recherchés par la justice américaine." Autre scénario envisagé, se débarrasser d’abord de l’entourage de Maduro, puis négocier avec ce dernier. Pour Marco Rubio, l’élimination de Diosdado Cabello aurait en tout cas un goût de revanche : en 2017, selon le Miami Herald, cet impitoyable pilier du régime projetait en effet de faire assassiner le sénateur de Floride (Rubio) par des tueurs mexicains.

Obtenir le consentement de Maduro pour qu’il soit exfiltré vers, par exemple, Moscou, le Qatar ou Istanbul (en échange de la vie sauve) serait une autre option. "C’est plus facile à dire qu’à faire car le Vénézuélien est lui-même prisonnier de forces qui le dépassent, explique encore notre témoin. Sa sécurité personnelle est, en effet, assurée par des soldats cubains et des mercenaires russes de l’ex-groupe Wagner." Or ni La Havane ni Moscou n’ont intérêt à céder quoi que ce soit à Washington. Le fait est que depuis un quart de siècle, les Cubains et les Russes – mais aussi les Chinois et les Iraniens – ont tous avancé leurs pions au Venezuela… et ils ne comptent pas les retirer. Pour Donald Trump, à l’inverse, la chute de Maduro et le retour de la démocratie à Caracas seraient une victoire politique majeure, sachant que les électorats cubano-américain et américano-vénézuélien pèsent lourd, non seulement en Floride mais aussi à Washington – au Sénat et à la Chambre des représentants.

Du pétrole lourd

Derrière tous ces calculs se cache un autre enjeu : l’or noir. Autrefois surnommé "Venezuela saoudite", le pays pétrolier abrite toujours d’extraordinaires réserves de pétrole lourd. Cependant, un quart de siècle d’incompétence, de corruption et de clientélisme a ruiné le pays. A peine arrivé au pouvoir en 1999, Hugo Chavez s’est mis en tête de chasser les compagnies pétrolières occidentales, notamment américaines, et d’utiliser l’entreprise nationale Petroleos de Venezuela (PDVSA) comme sa cassette personnelle pour financer sa "révolution" et arroser ses amis, à commencer par Fidel Castro. "Officiellement, il s’agissait de remplacer les 'impérialistes' américains par des Russes, des Chinois et des Iraniens", raconte Humberto Calderón Berti, ancien patron de PDVSA, ex-président de l’OPEP et aujourd’hui conseiller de María Corina Machado. "Le problème, c’est que nous n’avons aucune affinité, ni culture ou langue en commun, avec ces trois peuples. Finalement, les Russes n’ont pas exploité le pétrole, les Chinois se sont focalisés sur nos minerais, et les Iraniens ont participé au narcotrafic afin, notamment, de financer le Hezbollah."

Résultat ? La production a plongé, passant de 3,7 millions à 800 000 barils par jour, dès les années 2010. Parallèlement, le nombre d’employés est passé de 40 000 à 100 000, tous supporters de feu Chavez. A l’inverse, ce dernier a un jour licencié d’un seul coup (en direct à la télévision !) 20 000 cadres, ingénieurs et ouvriers qui dénonçaient ce clientélisme. Sans personnel compétent et sans investissements, la compagnie PDVSA, autrefois une fierté nationale, a périclité. Les puits et raffineries ont été abandonnés, pillés et… revendus en pièces détachées à des ferrailleurs ! Si elle arrive un jour au pouvoir, María Corina Machado promet de faire revenir des investisseurs étrangers, dont Total, en s’appuyant sur des privatisations. Dans ce pays qui possède d’immenses réserves inexploitées, il y a matière à un bon "deal" avec Trump. Lequel n’entend pas laisser les Chinois prendre racine dans cet eldorado pétrolier en puissance.

© AFP

Un tunnel pour relier l’Alaska à la Russie, ce projet fou miroité par Moscou

20 octobre 2025 à 15:15

C’est un projet datant de plus d’un siècle, sur lequel Moscou tente de capitaliser pour se rapprocher encore plus de son rival américain. Alors que Donald Trump a annoncé un sommet avec Vladimir Poutine "dans les deux prochaines semaines" pour évoquer la situation en Ukraine, la Russie a ressorti de ses cartons l’idée de construire un tunnel sous le détroit de Béring, permettant de relier les deux pays de l’Alaska à la Tchoukotka.

Jeudi 16 octobre, dans la foulée d’une conversation téléphonique entre les présidents russe et américain, Kirill Dmitriev, le patron du Fonds souverain d’investissements directs (RDIF) en charge de réchauffer les relations économiques avec les Etats-Unis, a en effet évoqué sur X la possibilité d’un "tunnel Poutine-Trump", un "lien de 112 km symbolisant l’unité". Selon lui, cette infrastructure, unique au monde, pourrait être réalisée en moins de huit ans et coûterait "seulement" 8 milliards de dollars (environ 6,9 milliards d’euros), bien loin des estimations traditionnelles qui tablaient sur un montant de 65 milliards de dollars pour un projet d’une telle ampleur. Le négociateur russe a également proposé que le maître d’œuvre soit The Boring Company, une société spécialisée dans le creusement de tunnels via des foreuses à haut rendement fondée par… Elon Musk, en 2016.

"N’est-il pas préférable de relier (nos continents) par un tunnel Alaska-Russie, plutôt que d’augmenter les risques d’une Troisième guerre mondiale", a-t-il écrit vendredi, dans une deuxième salve de messages sur X. "Cela transformerait une des dernières frontières du monde en une success-story partagée – prouvant ainsi que les rivaux peuvent collaborer quand les enjeux sont à la hauteur", a-t-il encore affirmé.

Un projet ancien

Ce projet fou n’est néanmoins pas nouveau. Kirill Dmitriev a d’ailleurs expliqué que l’idée lui était venue en consultant des archives soviétiques récemment déclassifiées sur l’assassinat de John F. Kennedy. Le patron de la RDIF a publié une lettre d’un Américain adressée au dirigeant soviétique de l’époque Nikita Khrouchtchev, montrant une carte dessinée à la main matérialisant ledit ouvrage, sur laquelle était indiqué : "Le pont Kennedy-Khrouchtchev pour la paix mondiale pourrait et devrait être construit entre l’Alaska et la Russie".

Plusieurs années auparavant, en 1890, le gouverneur de l’Etat du Colorado de l’époque, William Gilpin, avait également eu l’idée d’une liaison ferroviaire entre les deux continents, prévoyant que du côté de l’Alaska, des "wagons soient chargés sur des ferrys brise-glace et transportés vers la Tchoukotka, où l’on souhaitait également construire une voie ferrée", indique le tabloïd proche du Kremlin Komsomolskaïa Pravda. Le projet, finalement repoussé par le gouvernement russe qui craignait le développement de l’influence étrangère, sera suivi par d’autres propositions de ponts ou tunnels, sans pour autant convaincre les investisseurs et les pays concernés. Le dernier en date, porté par un certain Fiodor Soloviev, immigré russe en Alaska, est resté dans les tiroirs, celui-ci admettait en 2013 que les tensions politiques entre Washington et Moscou, mais aussi l’absence de fonds publics, rendaient difficile un tel chantier.

Interrogé par RFI, Frédéric Lasserre, professeur de géographie à l’Université de Laval au Québec, pointe d’autres raisons : l’isolement géographique du détroit de Béring, représentant un véritable défi technique et logistique, mais aussi une absence de rentabilité, les ressources extraites en Alaska ou en Sibérie étant orientées vers les ports les plus proches pour être exportées par voie maritime sur les marchés mondiaux. "Certes, le passage par la voie ferrée serait plus rapide que par bateau, mais il coûterait beaucoup plus cher. Si on demande aux expéditeurs de payer trois fois plus pour gagner quelques jours, je ne suis pas sûr qu’ils décident de mettre leurs conteneurs sur une voie ferrée", illustre-t-il.

© AFP

Le chancelier allemand déclare la guerre à l’extrême droite avant une année électorale chargée

20 octobre 2025 à 14:41

Distancée dans certaines enquêtes d’opinion par l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), arrivée deuxième aux législatives de février dernier, l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de Friedrich Merz veut enrayer cette progression particulièrement forte dans l’est du pays, mais aussi l’essor que le parti connaît à l’ouest. "Ce parti veut ouvertement détruire la CDU, il veut un autre pays", a accusé le chancelier allemand, lors d’une conférence de presse à Berlin après une réunion de deux jours de son parti.

"Ce ne sont pas seulement des détails qui nous séparent. Ce sont des questions fondamentales et des convictions politiques fondamentales qui nous séparent de l’AfD", a-t-il ajouté, accusant ce parti antimigrants, eurosceptique et aux positions pro russes de remettre en cause "les décisions fondamentales" de l’Allemagne démocratique née en 1949, après la Seconde Guerre mondiale. Contacté par l’AFP, le parti d’extrême droite n’a pas commenté ces propos dans l’immédiat.

Une main tendue "qui veut nous détruire"

Le président de la CDU a clairement rejeté les appels émis la semaine dernière par certains au sein de sa formation et du parti frère bavarois, la CSU, qui s’étaient dits favorables à une coopération avec l’extrême droite. Ces derniers estimaient que la stratégie du cordon sanitaire, décidée en congrès en 2018, n’avait pas réussi à stopper la progression de l’AfD. "Nous allons nous en démarquer très clairement et sans ambiguïté", a insisté Friedrich Merz.

"La main tendue que l’AfD ne cesse de nous offrir est en réalité une main qui veut nous détruire", a-t-il déclaré en référence aux propositions de coopération de l’AfD. L’an prochain, sont prévues cinq élections régionales, dont deux à l’est, en Saxe-Anhalt et dans le Mecklenbourg-Poméranie occidental, où l’AfD est attendue largement à la première place, selon les sondages actuels.

A l’ouest, l’AfD est en progression constante, et elle peut espérer une deuxième place ou troisième place dans le Bade-Wurtemberg, en Rhénanie-Palatinat et à Berlin, derrière la CDU mais au coude-à-coude avec les sociaux-démocrates ou les Verts.

© afp.com/RALF HIRSCHBERGER

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