Un drone français abattu par le Mali ? C'est une image détournée, générée par IA
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Des craintes qui se renforcent. Les Pays-Bas restreignent désormais l’accès des États-Unis aux informations collectées par leurs agences de renseignement. "Parfois, nous ne partageons plus certaines choses", a souligné Peter Reesink, chef du renseignement militaire néerlandais, dans une interview accordée samedi 18 octobre au journal De Volkskrant. Un entretien réalisé de manière conjointe avec son homologue de la sécurité intérieure, Erik Akerboom. "Nous ne pouvons pas dire ce que nous partageons ou non" avec les États-Unis, a complété ce dernier. "Mais nous pouvons dire que nous sommes plus critiques [qu’il y a un an]."
Ces propos constituent pour la première fois un signe d’une méfiance assumée de la part de services de renseignement européens vis-à-vis de leurs partenaires américains. Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les liens des 27 membres de l’Union européenne avec Washington se sont étiolés. Le discours virulent tenu en février dernier à Munich (Allemagne) par le vice-président américain J.D. Vance à l’égard de ses alliés du Vieux continent incarne ce climat de suspicion grandissant.
L’étrange contexte lié à cette relation transatlantique dégradée se répercute ainsi sur les rapports entre agences de renseignement. Certes, Peter Reesink explique avoir été rassuré par une visite réalisée "il y a quelques mois" à la NSA et à la CIA américaines. "Nos liens sont bons et le resteront", assure-t-il. Avant d’immédiatement contrebalancer : "Cela ne change rien au fait que nous évaluons régulièrement notre collaboration". Le limogeage au printemps dernier de l’ex-patron de la NSA, Timothy Haugh, sur ordre de l’administration Trump, paraît avoir échaudé le responsable du renseignement militaire néerlandais, qui fait part de sa "grande tristesse" à ce propos.
Questionné au sujet du partage avec les États-Unis de renseignements néerlandais liés à la Russie, Peter Reesink explique aussi que la pertinence de celui-ci "sera pesée" avant tout envoi. Son collègue du renseignement intérieur constate de façon plus générale un changement de méthode du côté américain ces derniers mois, contraignant les autorités néerlandaises à réévaluer leurs pratiques vis-à-vis de Washington. "Nous ne jugeons pas politiquement ce que nous voyons, mais nous analysons nos expériences avec les services", précise Erik Akerboom. Et nous sommes très attentifs à la politisation de nos services de renseignement et aux violations des droits humains."
Les Pays-Bas sont traditionnellement de proches alliés des États-Unis. Mais la reconfiguration des relations diplomatiques de part et d’autre de l’Atlantique conduit Amsterdam, comme beaucoup d’autres nations du continent, à adopter de nouvelles tactiques en matière de renseignement. Ce mercredi, Politico rapporte ainsi que la mise à distance américaine de l’Europe a poussé les agences spécialisées des 27 à réinventer leur façon de travailler ensemble, en particulier via différents nouveaux groupes de partage, réunissant chacun une poignée de pays.
Mais le rôle de Bruxelles dans cette transmission de données sensibles demeure aujourd’hui limité. Comme relevé par le média américain, l’ex-président finlandais Sauli Niinistö avait rendu l’an dernier à la Commission européenne un rapport promouvant la création d’une agence de renseignement à l’échelle européenne, sur le modèle d’une structure de type CIA. L’objectif ? Mettre en place un "service de coopération en matière de renseignement à part entière au niveau de l’UE, qui peut répondre à la fois aux besoins stratégiques et opérationnels".
"Nous devons nous faire confiance", exhortait Sauli Niinistö au moment de la remise de son travail, préconisant cette solution notamment face aux risques liés à la menace russe à l’est du continent. Preuve du caractère inflammable d’un tel projet, le Premier ministre tchèque Petr Fiala avait à l’époque d’emblée rejeté la proposition, la jugeant "pas réaliste".
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