L'instant + : les petites iraniennes se tournent vers le karaté pour s'affirmer

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Le président français a accueilli ce lundi 17 novembre son homologue sur la base de Villacoublay, au sud-ouest de Paris, où des industriels ont présenté les fleurons de l'armement tricolore au dirigeant du pays en guerre depuis 2022 avec la Russie. Ils ont signé une "déclaration d'intention qui porte sur la coopération relative à l'acquisition par l'Ukraine d'équipements de défense français".
Selon l'Elysée, l'accord se projette sur un horizon d'une dizaine d'années et porte sur de possibles contrats à venir pour l'acquisition de quelque "100 Rafale", avec leurs armements associés", ainsi que huit systèmes de défense aérienne SAMP-T nouvelle génération, en cours de développement. Sont aussi concernées quatre systèmes de radar, "de nouvelles acquisitions de bombes propulsées (AASM Hammer)", et des drones d'observation, d'attaque ou d'interception, a précisé la présidence française.
Le président ukrainien avait déjà signé le mois dernier une lettre d'intention en vue d'acquérir 100 à 150 avions de chasse suédois Gripen. Ce changement d'approche permet de planifier le renforcement à long terme de la défense ukrainienne après une éventuelle issue du conflit.
S'agissant des drones et des bombes guidées, Emmanuel Macron a évoqué "des engagements de production d'ici à la fin de l'année et sur les trois années qui viennent". Sur les Rafale, les délais s'annoncent plus longs, en raison des temps de négociation des contrats, de production et de formation des pilotes. S'agissant du financement, il reste à clarifier mais la France compte avoir recours à la fois à sa propre contribution budgétaire et aux mécanismes européens. Le président français a d'ailleurs relancé la piste de "l'endettement commun" pour que l'Union européenne puisse "continuer d'apporter à l'Ukraine un soutien financier prévisible et stable à long terme" - malgré la résistance allemande.
Cette neuvième visite du dirigeant ukrainien en France depuis le début de la guerre en février 2022 intervient alors que la situation sur le front est compliquée pour son pays, à l'orée de l'hiver. Dans la nuit de dimanche à lundi, des frappes russes ont tué au moins cinq personnes dans l'est de l'Ukraine, selon les autorités locales. Elle a lieu aussi au moment où l'Ukraine est ébranlée par un scandale de corruption ayant poussé deux ministres à la démission et forcé Volodymyr Zelensky à prendre des sanctions contre l'un de ses proches.
Après cette visite à Villacoublay, Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky se sont rendus au mont Valérien, à l'ouest de Paris, visiter l'état-major de la "force multinationale Ukraine" que Paris et Londres préparent pour qu'elle puisse être déployée dans le cadre d'un éventuel accord de cessez-le-feu et des "garanties de sécurité" à fournir à Kiev. Mis en place par la "coalition de volontaires", à laquelle participent, selon l'Elysée, 35 pays en incluant l'Ukraine, cet état-major "fonctionne" et est "dès à présent" capable "de déployer une force dès le lendemain d'un cessez-le-feu", assure-t-on côté français.
Les garanties de sécurité envisagées pour l'Ukraine, échafaudées depuis des mois par cette coalition, comprennent un soutien à l'armée de Kiev et des volets terrestre, maritime et aérien. Mais leur mise en œuvre reste conditionnée à un très hypothétique arrêt des combats.
Dans l'après-midi à l'Elysée, les deux dirigeants participeront à un "forum drones franco-ukrainien". Kiev entend utiliser cette année plus de 4,5 millions de drones, qui sont responsables de 70 % des destructions de matériels ennemis sur le front. Le pays a développé pour cela un agile réseau de production. L'Ukraine utilise également des drones pour abattre les drones Shahed lancés chaque nuit contre elle.

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En pleine guerre, des amis du président pillent le pays en détournant des sommes astronomiques ; pendant ce temps, les citoyens souffrent comme jamais sous les bombardements de l’agresseur russe. Le nouveau scandale de corruption qui secoue l’Ukraine est dévastateur pour Volodymyr Zelensky. Plusieurs inculpés sont des proches, voire des intimes du chef de l’Etat. L’Office national anticorruption leur reproche d’avoir amassé quelque 100 millions de dollars (85 millions d’euros) en contraignant les fournisseurs de compagnies publiques d’énergie à leur verser des pots-de-vin.
C’est ainsi que l’argent censé servir à réparer les centrales et les réseaux électriques attaqués sans relâche par l’armée russe a servi à édifier des villas luxueuses pour des hommes gravitant autour du président. Les militaires meurent au front par milliers pour défendre quelques kilomètres carrés du territoire national. Leurs familles endurent des coupures incessantes d’électricité, de chauffage et d’eau courante à l’orée de l’hiver. Et quelques puissants bien connectés détournent les investissements destinés à protéger les infrastructures essentielles ! Ces révélations ont abasourdi la population.
Le scandale n’est pas seulement du pain bénit pour les campagnes de désinformation menées par la Russie. Il met en danger la position de Zelensky sur la scène politique intérieure. Rien n’indique, à ce stade, qu’il aurait lui-même profité des détournements de fonds mais au minimum, son manque de constance dans la lutte contre les malversations et ses erreurs de jugement dans les nominations de ses proches à des postes de responsabilité constituent des fautes lourdes. Pire, il semble qu’il a voulu protéger les criminels en tentant, au mois de juillet, de démanteler les institutions anticorruption créées dans la foulée de la révolution de Maidan en 2014. A l’époque, il a fallu les protestations indignées de la population et une levée de boucliers de plusieurs dirigeants européens pour le forcer à renoncer.
Zelensky a cherché à préserver sa réputation la semaine dernière en poussant deux ministres à démissionner et en sanctionnant son ancien associé d’affaires Timour Minditch, accusé d’être le cerveau du réseau ; manifestement alerté, l’homme a fui le pays juste avant le coup de filet du 10 novembre pour se réfugier en Israël. Le président a également annoncé une réforme de fond en comble de la gouvernance des énergéticiens ukrainiens et un audit complet de leurs finances.
Il en faudra beaucoup plus cependant au chef de l’Etat pour regagner la confiance de ses concitoyens, lui qui s’était fait élire en 2019 sur un programme d’éradication complète de la corruption qui ronge le pays depuis son indépendance en 1991. Alors que la septième année de sa présidence est déjà bien entamée - il a été élu pour cinq ans mais la constitution et le code électoral proscrivent les élections en période de loi martiale - c’est désormais sa survie politique qui est hypothéquée.
L’affaire inquiète au plus haut point ses soutiens à l’étranger. Elle ne pouvait pas plus mal tomber au moment où l’Union européenne tergiverse sur l’octroi d’un méga prêt à l’Ukraine gagé sur les actifs russes gelés dans l’UE. Les caisses de Kiev sont censées être vides d’ici à quelques mois et le flux d’aide militaire occidentale a fondu depuis que Donald Trump a stoppé l’assistance américaine.
Signe de l’inquiétude européenne, le chancelier Friedrich Merz a appelé le président ukrainien à "poursuivre vigoureusement" le combat anticorruption. Désormais fournisseur numéro un d’aide financière et militaire à l’Ukraine (11,5 milliards d’euros prévus dans le budget 2026), le gouvernement allemand est sous le feu des critiques de l’opposition d’extrême droite qui lui reproche de dilapider l’argent public en le donnant à Kiev. Dans d’autres pays européens aussi, le soutien populaire à l’Ukraine est fragile.
Zelensky a montré qu’il avait du courage et de la détermination à revendre. Mais sa fermeté dans la guerre contre l’envahisseur russe s’est accompagnée d’une complaisance coupable dans l’autre combat essentiel, celui destiné à préserver l’intégrité de la démocratie ukrainienne. L’intérêt stratégique des Européens est d’empêcher une défaite de Kiev, qui donnerait les mains libres à Vladimir Poutine pour poursuivre ses agressions. Dans cette perspective, l’avenir de l’Ukraine indépendante et démocratique est un enjeu infiniment plus important pour le continent que le sort politique personnel de Volodymyr Zelensky.

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C’était l’une de ses plus ardentes supportrices, celle qui l’avait défendu contre vents et marées, embrassant toutes ses théories conspirationnistes et notamment le vol de l’élection présidentielle de 2020. Donald Trump a pourtant rompu avec fracas la semaine dernière avec l’élue de Géorgie Marjorie Taylor Greene. "Je ne sais pas ce qui arrive à Marjorie, c’est une femme bien. Je pense qu’elle s’est égarée", a-t-il déclaré dans le bureau Ovale avant d’ajouter sur son réseau Truth Social qu’il soutiendrait volontiers un candidat contre elle dans une primaire pour les élections de mi-mandat de 2026, lors desquelles tous les sièges de la Chambre des représentants seront remis en jeu. Et d’ajouter : "Maggie 'la Dingue' ne fait que SE PLAINDRE, SE PLAINDRE, SE PLAINDRE".
Le grief du président envers cette alliée des plus zélées, incarnation de la droite la plus radicale, tient pour partie à son insistance à ce que soit publiée l’intégralité du dossier Epstein - Marjorie Taylor Greene fait partie des quatre républicains ayant ajouté leurs voix aux démocrates pour que la Chambre des représentants examine cette semaine une proposition de loi forçant le ministère de la Justice à cette publication. Longtemps rétif à rendre publics ces dossiers relatifs aux abus sexuels perpétrés par le financier new-yorkais, qui s’est suicidé en prison en 2019 et dont il a longtemps été proche, Donald Trump a finalement effectué dimanche l’un de ces revirements dont il est coutumier : "Les républicains de la Chambre devraient voter pour publier le dossier Epstein, parce que nous n’avons rien à cacher et qu’il est temps de mettre ce canular démocrate derrière nous", a-t-il écrit sur Truth Social. "Certains 'membres' du Parti républicain sont 'utilisés', et on ne peut pas laisser cela se produire".
Cette décision apaisera-t-elle la base Maga ? C’est à voir. Car si le dossier Epstein agite celle-ci depuis longtemps, et cristallise ses doutes, il n’est pas le seul. Marjorie Taylor Greene accuse en effet depuis plusieurs semaines le président de consacrer trop de son temps aux questions de politique internationale, au détriment des problématiques des Américains. Une position soutenue par d’autres figures de la base trumpiste, dont l’influent ancien conseiller Steve Bannon, qui notait il y a quelques jours que le président avait reçu la semaine passée des officiels d’Asie centrale, de Hongrie et de Syrie. "Je n’ai pas de problème avec le fait qu’il reçoive le président syrien, mais ensuite, il aurait dû [consacrer une réunion] aux questions domestiques", a-t-il déclaré au New York Times.
D’autres mesures ne passent pas, notamment les visas octroyés à des milliers d’étudiants chinois, alors que Donald Trump avait fait campagne sur la priorité à l’emploi donnée aux Américains. Ce programme, appelé H-1B, a été mis sur pied à la demande d’entreprises de la tech, qui disent ne pas trouver les profils dont elles ont besoin. Donald Trump a à nouveau affirmé la semaine passée qu’il pourrait accorder jusqu’à 600 000 visas par an aux étudiants chinois, faisant réagir le gouverneur de Floride Ron DeSantis : "Pourquoi importerions-nous des travailleurs étrangers alors que nous avons notre propre population dont nous devons prendre soin ?" a-t-il déclaré à des journalistes, selon Florida Politics. Un autre cri d’indignation est venu de… Marjorie Taylor Greene, qui a écrit sur X que ces étudiants prendraient des opportunités aux étudiants américains.
Même discorde quant à l’aide accordée à l’Argentine. Le président a approuvé un plan d’aide de 20 milliards de dollars destiné à stabiliser le peso argentin et déclaré que les États-Unis achèteraient du bœuf argentin, provoquant l’inquiétude de nombreux éleveurs de bétail américains.
Un autre élu républicain dont Marjorie Taylor Greene est proche, Thomas Massie, représentant, comme elle, d’un Etat rural du Sud, le Kentucky, a été le plus virulent, déclarant la semaine dernière sur CNN : "Quand ils protègent les pédophiles, quand ils gaspillent notre budget, quand ils déclenchent des guerres à l’étranger, je suis désolé, mais je ne peux pas être d’accord avec cela." Comme pour Marjorie Taylor Greene, le président s’active pour le défaire lors des élections de mi-mandat.

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