Les Européens proposent de diriger une « force multinationale » en Ukraine



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L’histoire d’une réconciliation entre les États-Unis et la Biélorussie, ce petit Etat enclavé d’Europe de l’Est, a peut-être continué de s’écrire samedi 13 décembre dernier. A la faveur de plusieurs mois de pourparlers, l’émissaire de Donald Trump, John Coale, alors en visite en Biélorussie auprès du président autoritaire Alexandre Loukachenko, a annoncé ce jour-là la levée des sanctions américaines visant le potassium. Une production qui demeure la plus grande source de revenus pour le pays proche allié de la Russie.
Dans un premier temps, l’émissaire américain n’avait pas donné de détails sur la portée de cette mesure et n’avait pas indiqué ce que les autorités biélorusses avaient concédé en échange. Mais quelques heures plus tard, Minsk a annoncé la libération de 123 prisonniers politiques, dont des figures de l’opposition.
Parmi les libérés, Maria Kolesnikova, figure de l’opposition biélorusse et ses compères Viktor Babariko et Maksim Znakou, tous trois aperçus à la frontière ukrainienne lors d’un point presse. Les autorités ukrainiennes ont déclaré que cinq Ukrainiens et 104 Biélorusses étaient arrivés samedi sur le territoire ukrainien, où ils ont été accueillis par le chef de l’agence de renseignement militaire de Kiev. Autre libération importante : celle d’Ales Bialiatski, un militant des droits de l’homme et colauréat du prix Nobel de la paix en 2022. L’opposant a rejoint Vilnius, la capitale de la Lituanie voisine. Parmi les personnes libérées se trouvent également des citoyens d’Australie, de Grande-Bretagne, de Lituanie, de Pologne et des États-Unis.
Ces derniers mois, Donald Trump a encouragé le président biélorusse à libérer les centaines de prisonniers politiques que compte le pays, et Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis plus de 30 ans, a gracié des dizaines de personnes. En échange, Washington avait déjà partiellement levé les sanctions contre la compagnie aérienne biélorusse Belavia, lui permettant d’entretenir et d’acheter des pièces pour sa flotte, qui comprend des Boeing. La rencontre entre l’émissaire américain et le président Loukachenko et la libération d’otage effective "représentent un dégel lent mais régulier des relations entre Washington et la Biélorussie", souligne The New York Times.
L’émissaire américain John Coale a affirmé samedi que la proximité entre Alexandre Loukachenko et son homologue russe Vladimir Poutine pourrait être utile dans la difficile médiation américaine en cours pour tenter de mettre fin à la guerre entre Kiev et Moscou. "Votre président (Loukachenko, NDLR) a une longue histoire avec le président Poutine et a la capacité de le conseiller. C’est très utile dans cette situation", a déclaré John Coale, cité par l’agence de presse étatique biélorusse Belta.
D’autre part, ce réchauffement des relations pourrait aussi largement profiter à la Biélorussie, cible de sanctions américaines depuis 2020, renforcées en 2022 après l’invasion russe en Ukraine que le pays a soutenue. "Loukachenko a libéré tous les prisonniers parce que son régime en profitera", écrit ainsi le journal allemand Der Spiegel.
Avant 2022, la Biélorussie utilisait le port de Klaipeda en Lituanie pour exporter ses engrais et son potassium. Mais lorsque la guerre en Ukraine a conduit le gouvernement lituanien à couper cette route d’exportation, Minsk a été forcé de collaborer encore davantage avec la Russie, donnant à Moscou plus de contrôle sur l’approvisionnement mondial en engrais crucial. Pour le président biélorusse, le rapprochement des États-Unis pourrait être le signe d’une volonté de réduire la dépendance de son pays à celui de Vladimir Poutine.

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L’Australie est en deuil national. 15 personnes - dont une fillette - ont été assassinées dans un attentat antisémite sur la plage de Bondi, à Sydney. 42 blessés sont à déplorer. Dimanche 14 décembre, un père et son fils, Sajid Akram et Naveed Akram, ont ouvert le feu avec "des armes à longue portée" sur les quelque mille personnes rassemblées sur le sable pour célébrer le premier jour de la fête juive Hanouka. Certains médias rapportent que les enquêteurs antiterroristes australiens étudient la piste d’une allégeance à l’Etat islamique, et que des drapeaux de l’organisation auraient été retrouvés dans la voiture des assaillants.
Le Premier ministre australien, Anthony Albanese, a déploré un "acte purement maléfique, antisémite et terroriste". En réponse, il a annoncé ce lundi vouloir durcir la législation du pays sur le port d’arme. Devant la presse, l’homme d’Etat a déclaré : "Si nous devons renforcer cette législation, si nous pouvons faire quoi que ce soit, je suis tout à fait disposé à le faire et j’espère obtenir l’approbation du Conseil national cet après-midi."
L’Australie n’avait plus été confrontée à une telle tuerie depuis le massacre de Port Arthur en 1996. Dans les jours ayant suivi ce drame qui a coûté la vie à 35 personnes, le pays a revu en profondeur sa réglementation sur les armes à feu, réduisant drastiquement leur présence sur le territoire. En moins d’un an, grâce à un "accord national sur les armes" près de 650 000 armes à feu, soit 20 % de la proportion détenue par des particuliers, ont été rendues aux autorités, puis détruites.
Depuis, la législation australienne est régulièrement érigée en exemple, reconnue comme l’une des plus strictes et des plus efficaces au monde. Le pays est parvenu à restreindre l’accès aux armes semi-automatiques, à durcir les conditions d’obtention des permis et à imposer aux détenteurs d’armes à feu de justifier d’une "raison valable" pour en posséder une. Une réforme qui a bénéficié d’une large approbation publique. Comme l’a d’ailleurs souligné Anthony Albanese lors de la conférence de presse qui a suivi l’attentat de Bondi Beach, "la législation sur les armes à feu du gouvernement Howard a eu un impact considérable en Australie et représente un moment de fierté nationale".
Sauf que, depuis, l’Australie a eu tendance à baisser la garde. L’un des assaillants de Sydney, Sajid Akram - qui a été abattu par la police - était titulaire d’un permis. Membre d’un club de tir, il possédait six armes, légalement donc. Selon les forces de l’ordre qui les ont depuis saisies, toutes ont été actionnées dimanche. Son fils, Naveed Akram, avait quant à lui fait l’objet d’une enquête des services de renseignement nationaux pour ses liens présumés avec une cellule locale de l’Etat islamique. Information confirmée par le Premier ministre australien, qui a précisé que l’assaillant n’était pas considéré comme "une menace persistante ou imminente de violence". Selon les informations de la presse locale, il vivait chez ses parents, en proximité directe avec des armes donc.
Et depuis les saisies qui ont suivi l’attentat de 1996, le nombre d’armes en circulation a connu une augmentation exponentielle, d’après les chiffres de l’Australian Institute. Aujourd’hui, il y a plus de 4 millions d’armes à feu en Australie, soit près de deux fois plus qu’en 2001.
D’ailleurs, plusieurs mesures qui avaient été envisagées après le drame de 1996 n’ont pas vu le jour. Entre autres, le registre national des armes censé être créé n’a finalement jamais été instauré. Il en est de même pour la collaboration fédérale dont s’étaient félicités à l’époque les instigateurs de la réforme : à ce jour la législation varie d’un Etat australien à l’autre.
La nouvelle réforme pourrait justement remettre à l’ordre du jour certaines de ces mesures, dont le registre national. La copie pourrait également inclure une limitation du nombre d’armes pouvant être détenues par personne, une réévaluation des catégories d’armes autorisées, ou le réexamen des permis sur une période donnée. Les autorités étudient également la possibilité d’utiliser des renseignements criminels supplémentaires pour "étayer" l’octroi de permis d’armes à feu.

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