Les prédictions de Gartner sont glaçantes car le volume des recherches traditionnelles va chuter de 25% d’ici 2026. Par exemple, chez les 18-24 ans, 66% utilisent déjà ChatGPT pour chercher de l’information, contre 69% pour Google. L’écart se resserre dangereusement.
Prince voit donc trois scénarios possibles pour l’avenir, et aucun n’est réjouissant.
Premier scénario, le plus nihiliste : Tous les journalistes, chercheurs et créateurs de contenu “meurent de faim” faute de modèle économique viable. Ce sont littéralement ses mots.
Deuxième scénario : On revient à un système de mécénat médiéval où cinq grandes entreprises IA emploient directement tous les créateurs. Adieu l’indépendance éditoriale.
Troisième scénario : On invente un nouveau modèle économique, mais personne ne sait encore lequel…
Voilà en gros les choix qui se présentent à nous.
Cloudflare, de son côté, ne reste bien sûr pas les bras croisés.
Prince a lancé AI Audit
, un système qui bloque par défaut tous les bots IA.
Comme il l’a dit
: “Je fais la guerre tous les jours aux gouvernements chinois, russe, iranien et nord-coréen qui tentent de hacker nos clients, et vous me dites que je ne peux pas arrêter un nerd avec une société dans la Silicon Valley ?”
La solution qu’il propose c’est donc un système de “pay-per-crawl” utilisant le protocole HTTP 402 (celui qui était prévu pour les micropaiements et que personne n’a jamais utilisé). Les IA devront donc payer pour crawler le contenu… On verra si ça marche…
L’économie des créateurs
, évaluée à 203 milliards de dollars en 2024, est donc directement menacée par les IA. Paradoxalement, 84% des créateurs utilisent maintenant l’IA pour produire du contenu, accélérant leur propre obsolescence. C’est le serpent qui se mord la queue où l’IA se nourrit de contenu humain pour créer du contenu synthétique qui remplace le contenu humain qui nourrit l’IA qui… vous voyez le problème ?
Le plus dingue, c’est la vitesse à laquelle tout s’effondre. En mai 2024, Google lançait AI Overview et en juin 2025, le pourcentage de recherches d’actualités sans clic est passé de 56% à 69%. En seulement un an. À ce rythme, d’ici 2027, plus personne ne cliquera sur rien.
Et tout cela se passe maintenant, sous nos yeux, et personne ne semble capable de l’arrêter.
Les éditeurs subissent donc une “menace existentielle”
selon les propres mots de Prince. Le New York Times a décidé de se battre en justice. Les petits blogs et petits médias disparaissent en silence et Reddit et les forums deviennent des jardins clos pour protéger leur contenu.
La question n’est donc plus de savoir si le modèle économique du web va s’effondrer, mais quand et comment on va reconstruire sur les ruines.
Prince compare la situation aux débuts d’Internet
: “Nous sommes dans une période de destruction créatrice
schumpétérienne
.” Sauf que cette fois, ce qui est détruit, c’est le tissu même du web ouvert.
Meta de son côté a lancé son Creator Monetization Suite
cette année, promettant de nouveaux moyens de monétisation… mais quand on y regarde de près, c’est juste une façon de garder les créateurs sous leur emprise, produisant du contenu que l’IA de Meta pourra ensuite digérer sans jamais les laisser partir ailleurs.
Bref, ces mêmes entreprises qui ont construit leur empire sur le contenu gratuit du web sont en train de le tuer et Google, qui a encouragé la création de contenu pendant 25 ans pour alimenter son moteur de recherche, est maintenant celui qui coupe le robinet du trafic.
Prince termine son interview sur une note sombre mais réaliste
: “L’internet tel que nous le connaissons ne survivra pas sous sa forme actuelle.”
Le choix qui nous reste est donc très simple : Soit on accepte un web contrôlé par cinq méga-corporations qui emploient directement tous les créateurs, soit on invente quelque chose de radicalement nouveau. Mais une chose est sûre, le web libre et ouvert qu’on a connu est en train de mourir, et il ne reviendra pas.
Vous entendez ce silence ?
C’est le bruit du web qui s’éteint, un site à la fois. Et pendant ce temps, les IA continuent de crawler, de digérer, de régurgiter. Et cela jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien à manger… Bienvenue dans l’ère post-trafic.
Population : Vous et quatre chatbots 😭.