Test de Metal Gear Solid Delta : Snake Eater | Le mythe reconstruit, la légende absente
Konami face à son héritage
Difficile d’évoquer Metal Gear Solid Delta: Snake Eater sans revenir sur l’histoire complexe et passionnée qui entoure la saga. Créé par Hideo Kojima à la fin des années 1980, Metal Gear s’est imposé comme l’un des piliers du jeu vidéo d’infiltration, porté par une narration ambitieuse, une mise en scène cinématographique et une identité singulière. Mais depuis le départ notable de Kojima de chez Konami en 2015, l’avenir de la série semblait scellé, ou tout du moins en suspens, au grand dam des fans.
Pourtant, contre toute attente, Konami opère depuis quelque temps un retour progressif sur le devant de la scène vidéoludique. Après plusieurs années de relative discrétion, l’éditeur semble déterminé à faire renaître ses licences phares. La sortie de Silent Hill 2 Remake en est une preuve tangible, et Metal Gear Solid Delta: Snake Eater s’inscrit dans cette même logique de résurrection stratégique.
Avec ce remake du mythique épisode sorti en 2004 sur PlayStation 2, Konami tente un pari risqué : raviver la flamme sans la présence de son créateur emblématique. Moderniser un chef-d’œuvre sans le trahir. Reste à savoir si l’opération relève de l’hommage fidèle… ou d’une réinterprétation bancale d’un monument du jeu vidéo.
Metal Gear Solid Delta : Snake Eater | Informations générales
- Disponible depuis le 28 Août 2025 sur PC, Xbox Series et PlayStation 5.
- Tarif de lancement : à partir de 79.99€ prix éditeur.
- Version testée : Exemplaire PS5 achetée par nos soins.
L’ombre d’un conflit, la naissance d’un héros
Dans Metal Gear Solid Delta: Snake Eater, c’est aux origines de la saga que le joueur est convié, avec un retour aux années 1960 en pleine Guerre Froide. Le récit suit Naked Snake, futur Big Boss, lors d’une mission d’infiltration périlleuse en pleine jungle soviétique. Chargé de neutraliser son mentor, The Boss, et de mettre un terme à une menace nucléaire imminente, Snake est confronté à un dilemme moral qui posera les fondations de toute la mythologie Metal Gear.
Ce scénario, riche en tension dramatique et en enjeux géopolitiques, mêle espionnage, trahison et réflexions sur le devoir et la loyauté. Hideo Kojima voulait avant tout raconter une histoire humaine, au-delà de la simple intrigue d’espionnage en explorant les zones grises de la morale, là où les héros ne sont ni tout à fait bons ni tout à fait mauvais, et où chaque décision peut avoir des conséquences lourdes et parfois douloureuses.
Le remake promet de revisiter ces événements emblématiques sous un nouveau jour, tout en conservant la complexité narrative qui a fait la renommée du jeu original. Mais dans ce retour aux sources, la question demeure : la légende pourra-t-elle garder toute sa profondeur sans la direction de Kojima ?
La mue du serpent
La première chose qui frappe dans Metal Gear Solid Delta : Snake Eater est bien évidemment sa refonte graphique. Oubliés les visages figés et les textures sommaires de l’époque PlayStation 2 : cette version 2025 s’offre une cure de jouvence spectaculaire, propulsée par l’Unreal Engine 5. En un clin d’œil, la jungle devient un personnage à part entière, luxuriante, menaçante, presque vivante. Feuillages dynamiques, jeux de lumière saisissants, reflets sur l’eau et particules dans l’air : chaque recoin de la forêt soviétique semble suinter de réalisme.
Les modèles 3D des personnages ont eux aussi été entièrement retravaillés, avec une fidélité impressionnante. Snake affiche désormais des expressions faciales crédibles, des animations plus naturelles, et une gestuelle qui renforce l’immersion. Mention spéciale à la mise en scène, plus cinématographique que jamais dans ce remake, qui sublime les moments cultes du jeu original sans les trahir. Une chose est sûre : le camouflage n’a jamais été aussi beau
Mais reste à savoir si cette modernisation visuelle s’accompagne d’un travail équivalent sur le plan sonore et ludique. Là encore, Metal Gear Solid Delta : Snake Eater joue la carte de la fidélité, parfois jusqu’au mimétisme. Les bruitages emblématiques, comme le fameux « ! » d’alerte, les communications radio ou les pas feutrés dans les herbes hautes, ont été retravaillés avec soin, conservant leur identité tout en gagnant en clarté et en spatialisation. Le sound design gagne en richesse, notamment grâce au support de l’audio 3D, qui accentue l’immersion lors des phases d’infiltration.
L’art de l’infiltration, intact
Côté gameplay, les mécaniques sont calquées sur celles de l’opus original, dans les grandes lignes. Le joueur a ainsi le choix entre deux types de jouabilité : légende ou moderne.
Le gameplay légende reprend fidèlement le jeu d’origine, avec sa caméra en plongée, héritée de l’ère PS2. Un angle qui impose une lecture plus rigide de l’espace et oblige à jouer avec les sons, les mouvements ennemis et les angles morts pour progresser. Les vétérans retrouveront immédiatement leurs repères, tandis que les nouveaux venus risquent d’y voir une prise en main datée, peu intuitive à l’heure des caméras libres et du gameplay ultra-fluidifié.
La jouabilité moderne, elle, opte pour une approche plus cinématographique, proche de celle de Metal Gear Solid V (ou même de la version Subsistence du Snake Eater original). Caméra libre, déplacements plus souples, ergonomie légèrement repensée : de quoi rendre l’expérience plus accessible, sans pour autant bouleverser le rythme de l’infiltration. Snake reste lent, lourd, vulnérable, et c’est bien là tout l’intérêt.
Ce double choix de contrôle incarne à lui seul la philosophie de Delta : moderniser sans trahir. Une manière pour Konami de ménager la sensibilité des puristes tout en tendant la main aux néophytes.
Pour autant, l’équipe en charge du remake a décidé d’opter pour un ajout mineur : la chasse aux Ga-Kos. A l’instar de leurs cousins les Kerotans (que les puristes connaissent bien), ces petites figurines en forme de canards sont dissimulées un peu partout dans les environnements. Au nombre de 64 à collectionner, leur chasse s’avérera fastidieuse pour quiconque souhaite finir le jeu à 100%.
Enfin, et c’est important de le souligner : ce remake de Snake Eater cache en lui un autre remake. Confiée à PlatinumGames (Bayonetta, Vanquish, NieR: Automata…), la refonte du cauchemar de Snake emprisonné à Groznyj Grad a, elle aussi, été retravaillée, pour offrir une séquence plus intense, plus onirique et plus cohérente avec les technologies modernes.
Le fameux rêve éveillé de Snake (Guy Savage), séquence étonnante et déstabilisante dans le jeu original, gagne ainsi en lisibilité et en mise en scène. PlatinumGames y a injecté sa patte visuelle, avec un sens du rythme et une stylisation plus affirmée, sans dénaturer l’esprit initial. On y retrouve par ailleurs des influences proches de Metal Gear Rising, mais canalisées dans un format plus court et narratif. Une excellente surprise en somme.
Metal Gear Solid Delta : Snake Eater | Les points forts
- Visuellement superbe
- Un remake fidèle qui ne trahit pas le matériau d’origine
- Une histoire intelligente qui pose les bases d’une saga légendaire
- Un gameplay modernisé qui ajoute de la souplesse à l’ensemble
Metal Gear Solid Delta : Snake Eater | Les points faibles
- Quelques écueils techniques lors d’une surcharge d’effets visuels à l’écran, mais rien de bien méchant
Verdict définitif : 18/20
Metal Gear Solid Delta : Snake Eater parvient avec brio à conjuguer respect profond pour le jeu original et modernisation technique, offrant ainsi au joueur une immersion à couper le souffle, en adéquation avec la vision de Kojima. Konami réussit ici un pari audacieux : ressusciter un monument du jeu vidéo sans le dénaturer, en ménageant à la fois les puristes et les nouveaux venus. Si quelques choix, notamment en matière de mécaniques, pourront diviser, il est indéniable que Metal Gear Solid Delta : Snake Eater incarne une renaissance pleine de promesses et un retour aux sources magnifié.
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