Volodymyr Zelensky a failli croire à la solution miracle pour remplir ses caisses vides. "Nous nous approchons de cette décision clé qui permettra d'utiliser les avoirs russes", déclarait avec confiance le président ukrainien, en marge du Conseil européen jeudi 23 octobre à Bruxelles. Las, quelques heures plus tard, il fallait bien se rendre à l’évidence : la proposition d’utiliser les milliards de la Banque centrale russe immobilisés dans l’Union européenne pour aider Kiev à acheter des armes, a échoué. Le Premier ministre belge, Bart De Wever, a refusé d’endosser la responsabilité d’une solution qui, selon lui, présente de graves lacunes financières et légales.
La Belgique est en première ligne parce que c’est elle qui détient, avec quelque 185 milliards d’euros, la quasi-totalité des avoirs russes bloqués dans l’Union européenne en application des sanctions décrétées après l’invasion de l’Ukraine en 2022 (le reste se trouve en Allemagne et en France). Si un prêt de 140 milliards d’euros gagé sur ces avoirs était accordé par l’UE à l’Ukraine, comme l’a proposé la Commission européenne, le royaume ne voudrait pas se retrouver seul à faire face à des représailles juridiques, financières ou même sécuritaires de la Russie.
Bart De Wewer, le nationaliste flamand qui gouverne la Belgique depuis le début de l’année, exige des garanties en béton sur trois points. D’abord, qu’une base juridique solide protège la Belgique et l’UE. Ensuite, qu’en cas de nécessité de rembourser, les partenaires de l’UE se portent garants, avec une mutualisation intégrale du risque. Enfin, que les autres pays qui détiennent eux aussi des avoirs russes (c’est le cas notamment du Royaume-Uni, du Canada et des États-Unis) participent à l’opération.
Le Premier ministre belge s’est montré alarmiste sur les représailles à attendre du Kremlin. "Les Etats membres doivent comprendre que si nous prenons l’argent de Poutine, il confisquera le nôtre. Les entreprises européennes seront saisies en Russie. L’argent occidental gelé en Russie sera également saisi". Il a expliqué que la saisie d’avoirs étrangers, même s’il n’y a pas d’appropriation, serait un précédent lourd de conséquences. "Même pendant la Seconde Guerre mondiale, cela n’a jamais été fait", a-t-il souligné.
Plusieurs options sur la table
En Belgique, les avoirs de la Banque centrale russe sont logés chez Euroclear, une société de services financiers basée à Bruxelles et dont l’Etat belge est actionnaire. Les intérêts générés par ce trésor ont déjà été utilisés par l’UE pour financer un prêt de 50 milliards de d’euros accordés à l’Ukraine. Mais les avoirs eux-mêmes ont été jusqu’ici épargnés. Depuis plusieurs mois, Euroclear se sait dans le viseur des autorités russes. Selon la presse belge, elle a engagé des gardes du corps de la société de sécurité française Amarante pour protéger la CEO Valérie Urbain et les sept autres membres du conseil d’administration.
Selon De Wever, mieux vaudrait lancer un emprunt communautaire pour financer l’aide à l’Ukraine, que l’Europe est désormais quasiment seule à assurer depuis que les Etats-Unis ont cessé toute assistance financière à Kiev. Dans leur communiqué final, les Vingt-Six (la Hongrie de Viktor Orban a préféré ne pas s’associer aux conclusions) invitent la Commission à leur "présenter dès que possible des options pour un soutien financier basé sur une évaluation des besoins de financement de l’Ukraine". Le mot "options" est au pluriel, ce qui indique que la solution des avoirs russes n’est plus forcément la seule sur la table. Le Portugais António Costa, président du Conseil européen, a pourtant assuré que la "décision politique" avait été prise pour que l’Europe assure "un soutien financier entier" à l’Ukraine en 2026 et 2027. Mais des "objections techniques" soulevées par certains pays ont conduit à reporter la décision au prochain Conseil ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement, les 18 et 19 décembre, selon Costa.
Pour Volodymyr Zelensky, le temps presse. "Nous avons besoin (d’une aide financière) en 2026, a-t-il expliqué à Bruxelles. Mieux vaudrait l’avoir dès le début de l’année". L’Ukraine a besoin de quelque 60 milliards d’euros par an pour financer son budget et acheter les armes dont elle a besoin pour résister à l'agression russe. Sans l’aide européenne, elle pourrait faire face à un défaut de paiement à la fin du premier trimestre 2026. Pour l’Union européenne, mise au pied du mur par la défection américaine, c’est désormais sa propre crédibilité qui est en jeu.
C’est une succession de visites, qui sonnent comme un avertissement. Ces dernières semaines, plusieurs hauts responsables américains se sont rendus au Moyen-Orient afin de veiller au respect du cessez-le-feu à Gaza. Dès son entrée en vigueur le 10 octobre, l’envoyé spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, se sont rapidement rendus dans la région pour des consultations. Ils ont été suivis par ces derniers jours par le secrétaire d’État, Marco Rubio, et le vice-président, J.D. Vance. Une manière d’empêcher le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, de nuire au plan Trump en reprenant une offensive totale contre le Hamas, selon des responsables américains cités par le New York Times.
"Le voyage de Vance en Israël vise à démontrer la force du nombre, autrement dit, l’engagement de l’ensemble de l’administration Trump à faire progresser le plan du président en 20 points", affirme auprès de L’Orient-Le jour Seth Binder, directeur de plaidoyer au Middle East Democracy Center. Et si J.D. Vance avait reconnu avant son voyage que "des hauts et des bas" seraient inévitables dans l’application de l’accord de cessez-le-feu, le vice-président a toutefois tenu à exempter le Hamas de toute faute grave, affirmant que "quand on parle du Hamas, on parle de 40 cellules différentes. Certaines d’entre elles respecteront probablement le cessez-le-feu. Beaucoup, comme nous l’avons vu aujourd’hui, ne le feront pas". De quoi faire peser la responsabilité du cessez-le-feu aussi sur Israël.
🇮🇱 Depuis la signature de l’accord de paix entre Israël et le Hamas, les observateurs s’interrogent sur l’avenir politique du Premier ministre israélien. Pour Karim Emile Bitar, spécialiste du Moyen-Orient et de la politique étrangère des États-Unis, Benyamin Netanyahou "sait que l'heure des comptes va peut-être venir". 🔗 Lien en bio #israel#monde#trump#netanyahou#news#newsattiktok#apprendresurtiktok#sinformersurtiktok
Cette surveillance quasi-constante, désignée ironiquement par la presse israélienne comme du "Bibi-sitting", ou "baby-sitting de Bibi" – le surnom de Netanyahou – a suscité de vives interrogations lors d’une conférence de presse donnée mercredi à Jérusalem : Israël serait-il devenu un "vassal des États-Unis" ? "Nous ne voulons pas d’un État vassal – et ce n’est pas ce qu’Israël est. Ni d’un État client – et ce n’est pas ce qu’Israël est. Nous voulons un partenariat", a balayé le vice-président américain.
Il faut dire que le contexte politique est tendu. En Israël, l’un des deux projets de loi récemment adoptés par des députés de droite, malgré les objections de Benyamin Netanyahou et de la plupart des membres de son parti, le Likoud, établirait la "souveraineté" israélienne sur les territoires occupés de Cisjordanie, mettant ainsi fin à toute perspective de solution à deux États. Problème : Donald Trump s’y oppose fermement, et les responsables américains n’ont pas dissimulé leur mécontentement face à cette législation incendiaire.
"Si c’était une manœuvre politique, c’était une manœuvre politique très stupide et je me sens personnellement insulté", a déclaré J.D. Vance devant les journalistes. "La Cisjordanie ne sera pas annexée par Israël. La politique de l’administration Trump est que la Cisjordanie ne sera pas annexée par Israël", a-t-il insisté, tandis que Marco Rubio a estimé que ce vote pourrait "menacer l’accord de paix".
Un soutien aux pays arabes
Dans une interview accordée au magazine Time, Donald Trump a également réaffirmé qu’une telle annexion "n’arriverait pas, car [il a] donné [s] a parole aux pays arabes", ajoutant, menaçant, qu’"Israël perdrait tout le soutien des États-Unis si cela se produisait". Dans une déclaration conjointe, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar, la Turquie, l’Égypte et d’autres puissances régionales ont aussi "condamné avec la plus grande fermeté" l’adoption de ces projets de loi. Peu avant, le président américain s’était engagé à défendre le Qatar en cas d’attaque, et le mois prochain, il devrait recevoir le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à la Maison-Blanche pour discuter d’un pacte de sécurité.
Selon The Guardian, l’administration américaine se tient dans tous les cas prête à suspendre son aide militaire à Israël en cas de pépins, alors qu’une proposition récente de vente d’hélicoptères et de véhicules d’assaut d’infanterie d’une valeur de 6,4 milliards de dollars (4,8 milliards de livres sterling) a été faite au moment où les Forces de défense israéliennes (FDI) intensifiaient leur offensive sur la ville de Gaza.
Souvent Trump varie, bien fol est qui s’y fie… En une semaine, le président américain a : passé un appel "très productif" à Vladimir Poutine ; étrillé – pour la seconde fois – Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche, le sommant d’abandonner aux Russes la région de Donetsk ; annoncé un sommet avec Poutine ; décommandé le même sommet, furieux que les négociations "ne mènent à rien" ; et clôturé ce festival de tête-à-queue par une bombe lâchée sur le trésor national russe : son pétrole.
L’administration américaine a annoncé le 22 octobre des sanctions contre deux géants du secteur des hydrocarbures russes, Rosneft et Lukoil, les deux plus gros fournisseurs de pétrole. A eux seuls, ils représentent 55 % de la production d’or noir. Depuis son retour au bureau Ovale en janvier 2025, c’est la première fois que Donald Trump donne son feu vert à des sanctions contre Moscou. En trois ans de guerre, son prédécesseur avait donné son accord à 140 paquets de sanctions, soit en moyenne un par semaine.
Sanctions secondaires
Après huit mois de tergiversations, la frustration de Donald Trump semble l’avoir poussé à bout. Le Trésor américain a déploré le "refus du président Poutine d’arrêter cette guerre insensée" et se dit "prêt à aller plus loin si cela s’avérait nécessaire". En plus de Rosneft et Lukoil, 34 de leurs filiales sont dans le viseur de l’administration. Mais la menace s’étend bien au-delà de ces seules sociétés, puisque les Etats-Unis se réservent le droit d’appliquer des sanctions secondaires. En d’autres termes, de s’attaquer à toute institution financière facilitant l’achat de pétrole aux entreprises sur liste noire. Les banques concernées ont jusqu’au 21 novembre pour y mettre fin, sous peine d’être exclues du système financier américain. De quoi faire réfléchir les deux plus gros clients de Moscou : la Chine et l’Inde.
"Trump s’attelle enfin à ce qui compte le plus en matière d’application des sanctions, à savoir frapper les banques étrangères grâce auxquelles Moscou contourne les interdits. Rien n’est plus efficace que cela" souligne Elina Ribakova, économiste associée à l’Institut Bruegel, basé à Bruxelles. Plusieurs raffineries indiennes et chinoises ont déjà annoncé la suspension de leurs importations de pétrole russe.
Ces nouvelles sanctions auront un "impact direct et immédiat sur les profits pétroliers de la Russie" anticipe Kimberly Donovan, ancienne fonctionnaire du Trésor américain, sur le site de l’Atlantic Council. "Tant pour les ventes légales que pour celles réalisées grâce à la flotte fantôme du Kremlin, qui contourne le plafonnement des prix."
Signe de la nervosité des marchés, le prix du baril a bondi, ce jeudi 23 octobre. Le baril de Brent de la mer du Nord s’est envolé de 5,6 %, à plus de 66 dollars. Une hausse qui ne devrait pas durer, estime cette chercheuse. Pour rappel, début janvier 2025, aux derniers jours de son mandat, Joe Biden annonçait les sanctions les plus sévères jamais prises contre les hydrocarbures russes. Elles visaient deux des quatre plus grandes sociétés russes du secteur : Gazprom Neft et Surgutneftegas. Le marché global ne s’est pas effondré. "Par ailleurs, le pétrole russe n’est pas la seule option sur le marché, il existe des substituts, reprend Elina Ribakova. Au prix actuel, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont une capacité d’exportation et ils seraient probablement heureux de regagner certains des marchés que la Russie leur a pris depuis la guerre."
Le plus dur reste à faire
Pour continuer à vendre son pétrole, la Russie devra offrir des rabais plus importants et trouver de nouvelles routes. Pénible, mais pas impossible. Depuis 2022, Moscou a l’habitude de naviguer en zone grise pour poursuivre son business d’hydrocarbures, son assurance-vie. Ces exportations pèsent entre 30 et 50 % du budget russe, de loin la première source de cash du Kremlin.
Surtout, les Russes connaissent le point faible des sanctions occidentales : leur application. "Longtemps, nous n’avons pas pris les sanctions très au sérieux, ce qui a bien sûr donné à la Russie des failles à exploiter, bien entendu elle nous a remerciés et en a profité ! ironise Elina Ribakova. Il faut donc attendre plusieurs semaines avant de se réjouir vraiment de ces nouvelles sanctions américaines, pour voir si elles seront correctement appliquées, et si les institutions financières qui facilitent leur contournement sont frappées aussi."
Pour y parvenir, il faut une volonté politique mais aussi un budget et du personnel. Or, depuis l’investiture de Donald Trump le 20 janvier 2025, plusieurs équipes travaillant à l’exécution des sanctions ont subi des coupes nettes. "A l’exception de deux employés, tous les membres du Bureau de coordination des sanctions ont été écartés du département d’Etat, et les employés restants ont été transférés au Bureau des affaires économiques et commerciales", signalait en août dernier un rapport de la minorité démocrate au Sénat. Au ministère de la Justice, deux autres groupes chargés de la surveillance des entreprises et des oligarques fraudeurs ont été démantelés. L’organisme central du système de sanctions américaines reste toutefois actif : il s’agit de l’Office de contrôle des actifs étrangers (OFAC).
Si Donald Trump joint les actes à la parole et se tient – une fois n’est pas coutume - à sa position, l’OFAC a du pain sur la planche. Le plus dur reste à faire.
Le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine juste avant le début de leur sommet, le 15 août 2025 sur la base militaire Elmendorf-Richardson en Alaska.
C’est un premier pas très prudent, mais qui risque de changer la donne dans le soutien à l’Ukraine. Alors que les avoirs de la Banque centrale russe dans l’Union européenne ont été immobilisés suite aux sanctions décidées par les Occidentaux après l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, les dirigeants européens ont demandé jeudi 23 octobre à la Commission européenne d’explorer les moyens de financer l’Ukraine sur les deux années à venir, laissant la porte ouverte à la mise en place d’un prêt qui s’appuierait sur les avoirs russes gelés.
Cette proposition a minima survient alors que Donald Trump a lui-même durci le ton face à Vladimir Poutine. Les Etats-Unis, exaspérés par l'attitude du président russe, ont décidé de prendre à leur tour des sanctions contre Moscou et ont annoncé des mesures contre le pétrole russe. Le maître du Kremlin a toutefois jugé jeudi soir qu'elles n'auraient pas d'"impact significatif" sur l'économie de son pays.
Les infos à retenir
⇒Les dirigeants européens évoquent la piste de l’utilisation des avoirs gelés russes
⇒ Les sanctions américaines contre Moscou sont "un véritable tournant", affirme Emmanuel Macron
⇒ La Lituanie dénonce l’incursion de deux avions russes sur son territoire
Russie : cinq blessés dans une attaque de drone ukrainien en banlieue de Moscou
Cinq personnes, dont un enfant, ont été blessées dans une attaque nocturne de drone ukrainien visant un immeuble résidentiel à Krasnogorsk, en banlieue de Moscou, ont indiqué vendredi les autorités locales. "Un drone ennemi a frappé dans la nuit un immeuble résidentiel", a écrit sur Telegram un responsable local, Dmitri Volkov, en précisant que l'attaque a visé le 14e étage du bâtiment. "Cinq personnes ont été blessées", parmi lesquelles quatre adultes et un garçon né en 2017, qui ont tous été hospitalisées, selon la même source.
Au total, le ministère russe de la Défense a annoncé vendredi avoir neutralisé 111 drones ukrainiens au-dessus du territoire russe.
Une avancée vers l’utilisation des avoirs russes au profit de l’Ukraine
Les dirigeants européens ont demandé jeudi à la Commission européenne d’explorer les moyens de financer l’Ukraine sur les deux années à venir, ouvrant la possibilité à la mise en place d’un prêt qui s’appuierait sur les avoirs russes gelés, dont le montant représente quelque 210 milliards d’euros.
Jusqu’à présent, la saisie pure et simple de ces avoirs était une ligne rouge pour les pays de l’UE, mais la Commission propose, grâce à ces derniers, de financer un prêt de 140 milliards d’euros à Kiev. Cette piste, qui est délibérément formulée en termes vagues afin de prendre en compte les réserves de la Belgique où se trouve l’essentiel de ces fonds, sera à l’ordre du jour du prochain sommet européen en décembre.
"Nous avons obtenu un soutien politique concernant les avoirs russes gelés", a réagi Volodymyr Zelensky dans une publication sur X, bien que l’accord auquel les leaders européens sont parvenus soit plus ambigu que cela.
Les sanctions américaines contre Moscou sont "un véritable tournant", affirme Emmanuel Macron
Le président français Emmanuel Macron a estimé jeudi soir que les sanctions décidées par Donald Trump contre deux groupes pétroliers russes allaient "dans la bonne direction" et porteront un "coup massif" au financement de l’effort de guerre russe.
"C’est un véritable tournant qui, combiné aux sanctions (européennes) que nous venons de prendre, à la pression qui a été mise aussi sur plusieurs autres acteurs, va porter ses effets", a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à l’issue d’un Conseil européen à Bruxelles. "C’est un coup massif qui est porté au financement de l’effort de guerre de la Russie alors même que pour la première fois depuis le début de ce conflit, l’économie russe commence à souffrir bien davantage", a-t-il ajouté.
Les alliés de Kiev se réunissent à Londres
Les alliés de l’Ukraine se réunissent ce vendredi à Londres autour du Premier ministre britannique Keir Starmer pour discuter des livraisons d’armes de longue portée à Kiev, dans le cadre de la Coalition des volontaires, regroupant 26 pays essentiellement européens.
Durant cette rencontre, prévue dans l’après-midi en présence du président ukrainien Volodymyr Zelensky, Keir Starmer, qui codirige ce groupement avec le président français Emmanuel Macron, devrait appeler à "placer l’Ukraine dans la position la plus forte possible à l’approche de l’hiver", selon un communiqué de ses services.
Le pays, cible d’une offensive de Moscou depuis février 2022, est visé ces dernières semaines par davantage d’attaques russes visant ses infrastructures énergétiques, qui menacent de priver de lumière et de chauffage les Ukrainiens à l’approche de l’hiver.
La Lituanie proteste après l’incursion de deux avions russes sur son territoire
Les autorités lituaniennes ont "vivement" protesté et convoqué jeudi soir le chargé d’affaires de l’ambassade de Russie, dénonçant une brève incursion dans l’espace aérien de la Lituanie de deux avions russes en provenance de la région de Kaliningrad.
Jeudi après-midi, un appareil Soukhoï SU-30, "probablement au cours d’un entraînement à un ravitaillement" en vol et un avion de ravitaillement IL-78 ont pénétré sur le territoire lituanien sur environ 700 mètres et l’ont quitté 18 secondes plus tard, près de la petite ville de Kybartai, selon un communiqué de l’armée lituanienne.
Vilnius a demandé à la Russie d'"expliquer immédiatement" les raisons de la violation de l’espace aérien lituanien et de prendre "toutes les mesures nécessaires pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent à l’avenir", selon ce texte. Le ministère russe de la Défense a démenti de son côté toute violation de l’espace aérien lituanien.
La Corée du Nord construit un mémorial pour ses soldats tués dans la guerre en Ukraine
La Corée du Nord a commencé à construire un mémorial dédié à ses soldats morts au combat pour la Russie en Ukraine, ont rapporté jeudi les médias d’Etat, le leader Kim Jong-un saluant lors de l’événement l'"apogée historique" des relations avec Moscou. Le "Musée commémoratif des exploits militaires" verra le jour dans la capitale Pyongyang, où Kim Jong-un et l’ambassadeur de Russie en Corée du Nord, Alexander Matsegora, ont assisté à une cérémonie d’inauguration, selon l’agence officielle KCNA.
Kim Jong-un a félicité ses troupes, présentes depuis un an dans la région russe de Koursk, pour avoir aidé la Russie à remporter une "victoire décisive", a rapporté KCNA. "Nos héros ont détruit les envahisseurs néonazis diaboliques grâce à leur détermination à ne tolérer aucune agression et à anéantir les agresseurs", a-t-il déclaré, ajoutant que les relations entre Pyongyang et Moscou "atteignaient désormais leur apogée historique". "Pyongyang sera toujours aux côtés de Moscou. Notre amitié et notre unité dureront éternellement", a-t-il encore affirmé.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky fait une déclaration à la presse à son arrivée pour le sommet des dirigeants de l'UE, le 23 octobre 2025 à Bruxelles
Le président américain Donald Trump a décidé jeudi 23 octobre de rompre immédiatement les négociations commerciales avec le Canada, accusant les autorités canadiennes d’avoir tordu les propos de son prédécesseur Ronald Reagan dans une campagne publicitaire contre la hausse des droits de douane entre les deux pays.
"Compte tenu de leur comportement scandaleux, TOUTES LES NÉGOCIATIONS COMMERCIALES AVEC LE CANADA SONT PAR LA PRÉSENTE ROMPUES", a-t-il publié sur son réseau Truth Social. "La Fondation Ronald Reagan vient d’annoncer que le Canada a utilisé de manière frauduleuse une publicité, qui est FAUSSE, dans laquelle Ronald Reagan s’exprime négativement sur les droits de douane", rapporte le président dans son message.
Il fait référence à une campagne publicitaire financée par la province canadienne d’Ontario, pour environ 75 millions de dollars, afin de convaincre les électeurs républicains américains, selon plusieurs médias. Sur X, la Fondation Ronald Reagan a déclaré que cette campagne avait utilisé "de manière sélective des extraits audio et vidéo" d’un discours radiophonique sur le commerce de l’ancien président républicain en avril 1987. Selon la Fondation, la publicité "déformait" les propos de Ronald Reagan (1981-1989), ajoutant qu’elle "examinait ses options juridiques dans cette affaire".
Donald Trump accuse les autorités canadiennes d’avoir "agi ainsi uniquement pour influencer la décision de la Cour suprême des Etats-Unis et d’autres tribunaux", devant lesquels est contestée la légalité des décrets du président américain ayant déclenché ces hausses douanières. "LES DROITS DE DOUANE SONT TRÈS IMPORTANTS POUR LA SÉCURITÉ NATIONALE ET L’ÉCONOMIE DES ÉTATS-UNIS", a justifié le président.
Un accord sur le point d’être conclu ?
Avant cette sortie imprévue, un accord commercial entre Ottawa et Washington portant sur l’acier, l’aluminium et l’énergie semblait pouvoir être conclu, selon le Globe and Mail, avant la rencontre prévue entre le Premier ministre Mark Carney et Donald Trump lors du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (Apec), à la fin du mois.
Interrogé à ce sujet mardi, le Premier ministre canadien n’avait pas nié ni confirmé l’imminence de cette possible entente. "On verra", avait-il laissé tomber devant les journalistes. "Nous sommes dans les négociations intensives à ce moment-ci."
Mark Carney avait rencontré début octobre le président Trump à la Maison-Blanche pour tenter d’avancer vers une résolution du conflit, mais n’avait obtenu aucune concession publique.
Environ 85 % des échanges transfrontaliers restent exempts de droits de douane, les Etats-Unis et le Canada continuant d’adhérer au traité de libre-échange nord-américain (Aceum). Mais les droits de douane sectoriels mondiaux imposés par Donald Trump, en particulier sur l’acier, l’aluminium et les automobiles, ont durement touché le Canada, entraînant des pertes d’emplois et mettant les entreprises sous pression.
Ce montage photos créé le 2 mai 2025 montre, à gauche, le président américain, Donald Trump, s’exprimant à Washington le 23 avril 2025, et, à droite, le nouveau Premier ministre canadien, Mark Carney, parlant à Ottawa le 2 mai 2025
Les autorités lituaniennes ont "vivement" protesté et convoqué dans la soirée jeudi 23 octobre le chargé d’affaires de l’ambassade de Russie, dénonçant une brève incursion dans l’espace aérien de la Lituanie de deux avions russes en provenance de la région de Kaliningrad.
Jeudi après-midi, un appareil Soukhoï SU-30, "probablement au cours d’un entraînement à un ravitaillement" en vol et un avion de ravitaillement IL-78 ont pénétré sur le territoire lituanien sur environ 700 mètres et l’ont quitté 18 secondes plus tard, près de la petite ville de Kybartai, selon un communiqué de l’armée lituanienne.
Deux chasseurs Eurofighter Typhoon espagnols effectuant une mission de police aérienne de l’Otan dans les pays baltes "ont été déployés" aussitôt dans la zone de l’incident.
"Dans la soirée du 23 octobre, le chargé d’affaires de l’ambassade de la Fédération de Russie en Lituanie a été convoqué […], une note de protestation lui a été remise et une vive protestation a été émise concernant la violation de l’espace aérien lituanien", a écrit le ministère lituanien des Affaires étrangères, dans un communiqué.
Vilnius a demandé à la Russie d'"expliquer immédiatement" les raisons de la violation de l’espace aérien lituanien et de prendre "toutes les mesures nécessaires pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent à l’avenir", selon ce texte.
La Russie dément toute violation
Le ministère russe de la Défense a démenti de son côté toute violation de l’espace aérien lituanien. "Les vols se sont déroulés dans le strict respect des règles d’utilisation de l’espace aérien au-dessus du territoire russe. Les avions n’ont pas dévié de leur route et n’ont pas violé les frontières d’autres États", a-t-il indiqué sur Telegram.
Les trois pays baltes (Lituanie, Lettonie, Estonie), membres de l’Otan et soutiens fermes de l’Ukraine, tous voisins de la Russie ou de son allié biélorusse, dénoncent des violations de leur territoire par des avions ou des drones russes.
En septembre, trois avions de chasse MiG-31 russes étaient entrés dans l’espace aérien estonien au-dessus du golfe de Finlande où ils sont restés pendant environ 12 minutes, selon Tallinn. Cet incident a poussé l’Estonie à réclamer à l’époque une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité de l'ONU et l’activation de l’article 4 du Traité fondateur de l’Alliance atlantique qui prévoit des consultations entre alliés en cas de menace pesant sur l’un de ses membres.
Donald Trump est, on ne le sait que trop bien, imprévisible. Et la question de la guerre en Ukraine ne fait pas exception. Depuis son arrivée à la Maison-Blanche en janvier, il n’avait pas mis en place une seule nouvelle sanction contre la Russie. Mais mercredi, voilà qu'il a décidé de s’en prendre au pétrole russe. "J'ai simplement estimé que c’était le bon moment", a-t-il expliqué sur NBC News.
Le président américain espère que ces sanctions mettront rapidement fin à la guerre. Mais ce revirement peut-il vraiment changer la donne ? Alors que les combats et les attaques de drones russes se poursuivent, est-ce une bonne nouvelle pour l’Ukraine ? La réponse dans cet épisode...
L’hiver arrive. Comment les Ukrainiens le devinent-ils ? A l’intensité des frappes russes sur leurs infrastructures énergétiques. Ces dernières semaines, Moscou pilonne avec une force décuplée le réseau électrique et les capacités de production de gaz du pays. Une stratégie que l’armée de Vladimir Poutine intensifie chaque année depuis le début de son invasion à grande échelle, dès lors que les températures commencent à baisser. Si l’Ukraine réplique en visant désormais des raffineries de pétrole ennemies, elle n’en reste pas moins vulnérable à ces frappes à répétition. Des coupures de courant affectent régulièrement plusieurs dizaines de milliers d’Ukrainiens. Rien qu’entre le 6 et le 12 octobre, DTEK, le plus grand fournisseur privé d’énergie, a rétabli l’électricité pour 1,9 million de familles. Depuis février 2022, il l’a fait pour près de 23,8 millions de foyers - certains plusieurs fois. Un véritable travail de Sisyphe.
L’hiver approche et l’Ukraine espère avoir trouvé un début de parade. Une solution pour garder les lumières allumées malgré les bombardements : un réseau caché de batteries. D’une capacité de 200 mégawatts (MW), l’ensemble permet d’alimenter environ 600 000 foyers pendant deux heures. Soit l’équivalent de la moitié de la capitale Kiev. Ce réseau peut donc prendre le relais si une importante source de production est subitement indisponible. Les ingénieurs sur le terrain gagnent ainsi un temps précieux pour rétablir la situation et éviter un nouveau black-out. "L’objectif essentiel est d’assurer un équilibrage - éviter les pics et les pannes - et soutenir la fiabilité du système en maintenant un certain niveau de fréquence au sein du réseau", décrit à L’Express Oleksandr Selyschev, PDG de DTEK Renouvelables, qui a chapeauté le projet.
Les six blocs de batteries sont entrés en fonctionnement le 1er octobre. Leur localisation est tenue secrète. Tout juste sait-on qu’ils sont répartis sur des sites entre Kiev et la région de Dnipropetrovsk, à des endroits clés du réseau. Et qu’ils font l’objet de mesures de protection renforcées. Cette disposition limite le risque d’une seule attaque ciblant et endommageant un système centralisé. De plus, chacun des six blocs est composé d’une multitude de batteries - 698 au total. "C’est comme des cubes de Lego. Si on en perd un, deux, ou cinq, on les remplace, illustre Oleksandr Selyschev. Cette technologie est sophistiquée en termes de système de gestion, mais relativement simple niveau assemblage."
Ingénieurs formés à l’étranger
Pour ce projet à 125 millions d’euros, DTEK s’est allié avec l’entreprise américaine Fluence, spécialiste du stockage. La coopération entre les deux groupes a été aussi rapide qu’efficace, surtout dans un pays en guerre. Contrat signé en décembre 2024. Préparation des sites secrets effectuée entre mars et mai, date de réception des batteries. Finalisation de l’ensemble du réseau en août. "C’est vraiment impressionnant, admire le patron de DTEK Renouvelables, car il faut en général deux ans pour réaliser ce type de travaux. Les équipes ont parfois travaillé 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour finir dans les délais impartis."
Le tout sous la menace constante des bombardements russes. Une réalité qui a poussé Fluence à opérer sans mettre un pied en Ukraine - une première du genre. "En préparation de cette mise en service à distance, vingt ingénieurs électriciens ukrainiens ont suivi une formation avancée sur les sites de projets existants en Allemagne et en Finlande", fait savoir le groupe. Ils ont ainsi pu parachever l’installation de manière autonome le moment venu.
Ce réseau de batteries est désormais l’un des plus grands d’Europe de l’Est. Et le deuxième du genre installé en Ukraine. DTEK en avait déjà construit un en 2021, à Enerhodar, ville proche de Zaporijia. Sauf que le site a rapidement été occupé par l’agresseur russe. "C’était un tout petit projet, 1 MW seulement. Nous voulions acquérir de l’expérience, toucher du bout des doigts cette technologie. Ce test a été important puisqu’il nous a donné des idées sur la manière de procéder aujourd’hui", pointe Oleksandr Selyschev.
Dans le futur, des projets similaires à celui de DTEK, qui en a déjà annoncé un nouveau en Pologne (de 133 MW, toujours avec Fluence), devraient continuer à émerger. Ukrenergo, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, a lancé plusieurs appels d’offres en ce sens. "La demande totale formulée s’élevait à 421 MW pour ce type de services. Nous n’en fournissons que 140 MW dans ce cadre - mais nous en avons construit 200 MW au total. D’autres acteurs installeront assurément de nouveaux systèmes de stockage par batteries dans différentes régions du pays", affirme Oleksandr Selyschev.
Grâce notamment au stockage par batteries, "l’Ukraine a une occasion unique de mettre en place un système énergétique reposant sur un mix plus équilibré et plus efficace, renforçant ainsi sa sécurité énergétique et sa résilience économique futures", estime le Center for Strategic and International Studies (CSIS) dans une analyse publiée cet été. "Avec un soutien stratégique, elle peut former le capital humain nécessaire pour exploiter un réseau décentralisé moderne", poursuivent les chercheurs du CSIS. Et survivre à un quatrième hiver de guerre.
Le système de batteries installé par DTEK permet d’alimenter pendant deux heures environ 600 000 foyers, soit l’équivalent de la moitié de la capitale ukrainienne Kiev.
Faire la lumière sur une série de viols sur mineurs ayant fait plus de mille victimes en Angleterre depuis les années 1980. C'est l'objectif de l'enquête nationale lancée en juin par le gouvernement britannique. Mais avant même d'avoir commencé, cette enquête est plongée dans la tourmente.
Quatre victimes viennent d'annoncer qu'elles refusent d'y participer, à moins que la ministre chargée de la protection civile, Jess Philipps, n'accepte de démissionner. Elles reprochent, documents à l'appui, à la ministre d'avoir pris du retard dans la mise en place de cette enquête et d'avoir cherché à élargir sa portée à d'autres crimes, au risque de diluer les accusations initiales.
Quatre victimes de viols refusent de participer à l'enquête
Dans une lettre conjointe adressée à la ministre de l'Intérieur, publiée sur X, ces victimes accusent Phillips d'être "inapte" à diriger l'enquête. "Être publiquement contredites et écartées par une ministre alors qu'on est une victime disant la vérité, c'est se sentir à nouveau méprisé. C'est une trahison qui a détruit le peu de confiance qui subsistait", ajoutent-elles.
Philipps a aussitôt démenti les accusations portées à son encontre : "les allégations de retard intentionnel, de manque d’intérêt ou d’élargissement et de dilution de la portée de l’enquête sont fausses", a-t-elle déclaré devant la Chambre des communes.
Jess Philipps a reçu l'appui de plusieurs ministres de sa famille politique, comme Josh MacAlister (ministre de l'enfance), qui a déclaré qu'elle bénéficiait du "soutien sans réserve" du Premier ministre et du ministre de l'Intérieur. "Jess restera en poste. Je connais Jess ; elle défend depuis toujours les jeunes filles victimes de maltraitance", a-t-il déclaré à Sky News. En revanche, d'autres personnalités de l'opposition notamment, à commencer par la dirigeante conservatrice Kemi Badenoch, se sont jointes à l'appel des quatre victimes, pour demander le départ de Jess Phillips.
Les deux favoris pour présider la commission d'enquête se retirent également
Outre la mise en retrait de plusieurs victimes, un autre événement a lui aussi secoué le processus. Les deux individus pressentis favoris pour présider la commission d'enquête - la travailleuse sociale Annie Hudson et l'ancien chef adjoint de la police Jim Gamble - ont à leur tour annoncé qu'ils se retiraient. Leurs raisons ? Le manque de confiance de certaines victimes à leur égard - lié selon eux à leurs précédentes occupations professionnelles - et la récupération politique de ce dossier.
Sur la BBC jeudi matin, Gamble a ainsi déclaré que tous les partis politiques, notamment le parti d'extrême droite Reform UK et les Conservateurs, étaient "responsables du chaos créé cette semaine", car ils avaient tous participé à un "marquage politique" de cette affaire, au lieu d'apaiser la colère.
Le gouvernement à la recherche d'un nouveau président pour la commission d'enquête
En réaction, Keir Starmer a mandaté Louise Casey - la rédactrice d'un rapport de 200 pages sur les scandales d'abus sexuels sur mineurs -, pour se mettre en quête d'un autre personne pour présider la commission d'enquête. "Les victimes n'ont toujours pas de président, de mandat et rien qui ressemble à la justice qu'elles méritent", a de son côté déploré le député libéral-démocrate Max Wilkinson, critiquant au passage le gouvernement pour les retards dans l'enquête.
L'enquête devrait notamment permettre de déterminer si les agences de l'Etat ont échoué à protéger les victimes, des gangs de pédophiles - pour la plupart composés d'hommes d'origine pakistanaise ou asiatique - par crainte d'être accusées de racisme ou par préjugés envers ces mineures. Une affaire qui était revenue sur le devant de la scène dans le sillage d’une série de tweets d’Elon Musk, en janvier 2025, dans lesquels il accusait Keir Starmer, ancien procureur de l’affaire, d’avoir "couvert des viols de masse".
La police britannique dans le viseur des victimes
Le Premier ministre britannique avait finalement promis de rouvrir une enquête. Lors de la séance de questions au gouvernement mercredi, il a souhaité rassurer les victimes, assurant que "la portée de l'enquête" ne serait "pas diluée" et que le gouvernement "n'éviterait pas les questions culturelles ou religieuses". Mais une chose est sure : ces scandales ne font qu'abîmer un peu plus l'image de la police britannique déjà largement écornée dans l'opinion, comme le rappelle Le Figaro.
Celle-ci est accusée, entre autres, de misogynie depuis l’affaire Sarah Everart, cette jeune femme vivant à Londres qui avait été enlevée, violée puis tuée par un policier effectuant sa ronde en 2021. Début octobre, une enquête de la BBC a relancé des accusations de misogynie institutionnalisée au sein de la police britannique. On y voit et entend notamment un sergent minimiser les viols subis par une femme enceinte frappée au ventre par son compagnon.
Mohammed Zahid arrive au tribunal de Manchester, le 14 janvier 2025. Des procédures préliminaires sont en cours pour huit personnes accusées d'exploitation sexuelle d'enfant.
Mercredi 22 octobre, le parlement israélien a examiné de deux propositions de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie. Ce projet a été violemment critiqué de toute part, y compris par le bureau du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. Dans un communiqué, le bureau fustige une "provocation politique délibérée de l’opposition" visant à "semer la discorde" pendant la visite de plusieurs membres de l’entourage de Donald Trump. Les Etats-Unis, par le biais de J.D. Vance, Marco Rubio et de Donald Trump en personne s’y sont fermement opposés. La proposition a également été condamnée par des nombreux pays arabes et musulmans comme le Pakistan et la Turquie par exemple.
Les infos à retenir
⇒ Plusieurs pays fustigent la proposition loi israélienne sur l’annexion de la Cisjordanie
⇒ Le bureau de Benyamin Netanyahou qualifie cette proposition de loi de "provocation" de l’opposition
⇒ Donald Trump menace de retirer son soutien à Israël si la Cisjordanie était annexée
Plusieurs pays arabes et musulmans condamnent la proposition de loi israélienne sur l’annexion de la Cisjordanie
Plusieurs pays arabes et musulmans, dont l’Arabie saoudite, ont condamné jeudi 23 octobre dans un communiqué conjoint l’examen par le parlement israélien de deux propositions de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie.
"L’Arabie saoudite, la Jordanie, l’Indonésie, le Pakistan, la Turquie, Djibouti, Oman, la Gambie, la Palestine, le Qatar, le Koweït, la Libye, la Malaisie, l’Egypte, le Nigeria, la Ligue arabe et l’Organisation de coopération islamique condamnent avec la plus grande fermeté l’adoption par la Knesset (parlement israélien) de deux projets de loi visant à imposer une soi-disant "souveraineté israélienne" sur la Cisjordanie occupée et sur les colonies illégales israéliennes", affirme le communiqué relayé par l’agence de presse saoudienne, SPA.
Annexion de la Cisjordanie : le bureau de Benyamin Netanyahou dénonce une "provocation" de l’opposition
"Le vote de la Knesset sur l’annexion était une provocation politique délibérée de l’opposition, destinée à semer la discorde pendant la visite du vice-président J.D. Vance en Israël", affirme le bureau de Benyamin Netanyahu dans un communiqué.
Plus tôt jeudi, J.D. Vance avait estimé que cette initiative constituait une "insulte" et l’avait qualifiée de "manœuvre politique stupide". Le secrétaire d’Etat Marco Rubio, arrivé en Israël jeudi soir, s’est également insurgé que la Knesset se soit prononcée pour l’examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Donald Trump dit qu’il retirera son soutien si Israël devait annexer la Cisjordanie
Le président américain Donald Trump prévient qu’Israël perdrait "le soutien des Etats-Unis" en cas d’annexion de la Cisjordanie, dans une interview au magazine Time diffusée ce 23 octobre et réalisée le 15 octobre par téléphone.
Interrogé, le président aurait répondu "Cela n’arrivera pas. Cela n’arrivera pas parce que j’ai donné ma parole aux pays arabes", dans le cadre des négociations d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. "Et vous ne pouvez pas faire cela maintenant. Israël perdrait tout le soutien des Etats-Unis si cela se produisait", a-t-il ajouté. Un tel projet nuit aux efforts visant à consolider le fragile cessez-le-feu dans la bande de Gaza, selon Washington.
Donald Trump a également détaillé la manière dont il a fait pression sur le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou pour le convaincre d’accepter son plan de paix. "Bibi, tu ne peux pas lutter contre le monde entier", a-t-il affirmé lui avoir dit lors d’un entretien téléphonique. "Vous savez, je l’ai arrêté parce qu’il aurait juste continué. Cela aurait pu durer des années".
Le président américain a également affirmé être convaincu que l’Arabie saoudite et l’Iran normaliseront leurs relations avec Israël d’ici la fin de l’année.
La famine à Gaza ne s’améliore pas depuis la trêve, la situation reste "catastrophique", dit l’OMS
L’aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza est "insuffisante" et n’a pas permis une amélioration de la situation dans le territoire a alerté jeudi l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
"La faim est toujours présente car il n’y a pas assez de nourriture" qui parvient à la bande de Gaza depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu et "la situation reste catastrophique", a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, au cours d’une conférence de presse en ligne depuis le siège de l’OMS à Genève.
Alors que l’accord négocié par Donald Trump prévoit l’entrée de 600 camions par jour, Tedros Adhanom Ghebreyesus a assuré qu’actuellement seuls 200 à 300 camions pénétraient quotidiennement et dont "un grand nombre […] sont commerciaux".
L’Organisation mondiale de la Santé a affirmé jeudi qu’elle prévoyait qu’au moins sept milliards de dollars seraient nécessaires pour la seule réhabilitation du système de santé de la bande de Gaza. "Il n’y a pas d’hôpitaux pleinement opérationnels à Gaza et seuls 14 sur 36 fonctionnent. Il y a une grave pénurie de médicaments, d’équipements et de membres du personnel de santé essentiels" a déclaré le directeur général de l’OMS.
Un ministre israélien présente ses excuses après ses propos "malheureux" sur l’Arabie saoudite
"Mes propos sur l’Arabie saoudite était malheureux" s’est excusé le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, sur X à la suite de vives réactions à une déclaration dans laquelle il avait conseillé à l’Arabie saoudite de continuer "à monter à chameau", plutôt que d’exiger la création d’un Etat palestinien en échange d’une normalisation des relations entre les deux pays.
Le président américain Donald Trump parle à la presse à bord d'Air Force One avant son arrivée à la base Andrews, près de Washington, le 19 octobre 2025
60 jours. C’est le temps que s’accorde l’entourage du président des Etats-Unis pour instaurer la paix au Sahara occidental. Steve Witkoff, envoyé spécial pour le Moyen-Orient de Donald Trump, l’a annoncé à l’occasion d’une interview accordée à la chaîne américaine CBS News le 19 octobre. "Notre équipe travaille actuellement sur l’Algérie et le Maroc. Un accord de paix sera conclu entre ces deux pays d’ici soixante jours, à mon avis", a-t-il estimé aux côtés de Jared Kushner, gendre du président américain.
"Un demi-siècle d’une crise grave"
Une déclaration qui n’a pas manqué de surprendre, les tensions entre Rabat et Alger remontent à plusieurs décennies. En cause : un désaccord sur le statut du Sahara occidental, dont la souveraineté est revendiquée par le Maroc qui l’administre depuis 1979 alors que l’Algérie soutient les indépendantistes du Front Polisario, mouvement créé en 1973 pour lutter contre l’occupation espagnole.
Comme le rappelle le quotidien Le Matin d’Algérie, cette annonce intervient alors que les tensions sont loin d’être apaisées : les deux voisins n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 2021. Et le quotidien de mettre en garde contre un tel accord qui "constituerait un tournant historique pour la région, rompant avec plus d’un demi-siècle d’une crise grave, avec fermeture des frontières, renvoi des ambassadeurs, le tout sur un fond trouble de rivalités politiques et géostratégiques." Alger ne s’est pas encore exprimé officiellement.
Une proposition déjà dans les rouages de l'ONU
Comme le rapporte en exclusivité le journal espagnol El Confidencial, Washington semble prêt à se positionner du côté du Maroc. Les Etats-Unis soumettront le 30 octobre une proposition au Conseil de sécurité des Nations unies pour "enterrer à la fin de ce mois l’autodétermination des Sahraouis et miserait plutôt sur le plan d’autonomie limitée que le Maroc offre depuis 18 ans au Front Polisario". Toujours selon El Confidential, la France aurait collaboré à la rédaction du texte, membre permanent du Conseil. Le 30 octobre 2024, Emmanuel Macron avait réaffirmé la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Lors du vote, seule la Russie pourrait empêcher l’approbation en y mettant son veto.
Conscient que faire basculer la Russie dans son camp est donc crucial, Nasser Bourita, le chef de la diplomatie marocaine a pris la route de Moscou où il s’est entretenu avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, pour "tenter de le convaincre de s’abstenir lors du vote".
Dans le journal algérien d’Etat, L’Expression, pas question de s’en inquiéter. D’ailleurs le titre dément, affirmant que la question du Sahara occidental n’aurait même pas été abordée lors de la rencontre russo-marocaine. Au contraire, Moscou "fidèle à sa position immuable, considère que la question du Sahara occidental ne pourra être résolue que lorsque toutes les parties parviendront à un accord commun fondé sur les résolutions pertinentes de l'ONU".
Le Maroc vend la peau de l’ours
Mais pour Rabat, pas de place pour le débat, l’issue est évidente : la Russie votera en faveur du Maroc. "La position russe s’inscrit dans un contexte international mouvant où Moscou, affaibli par son isolement occidental, cherche à renforcer son influence sur le continent africain", tranche le journal marocain proche de la couronne, Le Matin.
Sans grande surprise le titre s’est d’ailleurs félicité de la déclaration de Steve Witkoff. Dans ses colonnes, Le Matin estime que cette annonce constitue le signal que "le Maroc s’impose comme un partenaire clé : un Etat stable, doté d’institutions solides et d’une diplomatie équilibrée" aux yeux des Etats-Unis.
"Au lendemain du 7-Octobre, la pression sur le Mossad est énorme" note l’historien Yvonnick Denoël, spécialiste du renseignement. Les services extérieurs israéliens sont alors sommés par Benyamin Netanyahou d’accélérer leurs opérations pour frapper vite et fort. Le compte à rebours est lancé.
Et la réponse du Mossad est pour le moins... spectaculaire. Les 17 et 18 septembre 2024, plusieurs milliers de bipeurset de talkies-walkies utilisés par le Hezbollah, au Liban principalement, et dans une plus faible mesure en Syrie, explosent simultanément. Bilan : 42 morts et 3 500 blessés, dont plusieurs hauts responsables du mouvement chiite. Quelques jours plus tard, le 28 septembre, une frappe à Beyrouth tue le leader du mouvement, Hassan Nasrallah. Le 13 juin 2025, Israë bombarde massivement l'Iran, ces "frappes préventives" visant le programme nucléaire iranien. Enfin, le 9 septembre 2025, Israël frappe cette fois les négociateurs du Hamas au Qatar. Autant de coups d'éclat permis par les renseignements du Mossad et ses agents sur place, que ce soit au Liban, en Iran ou au Qatar.
Comment l'agence israélienne a-t-elle orchestré ces opérations spectaculaires ? Dans un nouveau long format vidéo, L’Express plonge dans le secret des services extérieurs israéliens. C’est à découvrir sur notre site, et tous nos réseaux sociaux.
La police fédérale américaine de l'immigration (ICE), déployée par Donald Trump dans l'ensemble du pays, dispose de moyens financiers colossaux et dépense des dizaines de millions de dollars pour l'achat d'armes, munitions, gilets pare-balles et technologies de surveillance, selon des documents comptables consultés par l'AFP. Ces dépenses d'armement et de technologie sont largement supérieures à ce qu'elles étaient sous la présidence Biden ou durant le premier mandat de Donald Trump.
Plus de 70 millions de dollars de commandes
L'ICE que ses détracteurs accusent de se transformer en force paramilitaire, a reçu pour mission d'expulser un nombre sans précédent de migrants en situation irrégulière sur le sol américain et dépense sans compter pour y parvenir. Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche le 20 janvier, l'ICE a passé pour plus de 70 millions de dollars de commandes dans la catégorie "fabrication d’armes légères, munitions et accessoires". A titre de comparaison, entre le 20 janvier et le 20 octobre 2024, l’agence avait dépensé 9,7 millions de dollars dans cette même catégorie, selon les mêmes documents officiels.
Rien qu’en septembre, l'ICE a commandé pour 10 millions de dollars d’armes à feu et de chargeurs à la société Quantico Tactical Incorporated et pour 9 millions de dollars de fusils et accessoires auprès du fabricant d’armes automatiques Geissele Automatics. L’agence a également acheté pour plus de 10 millions de dollars de gilets pare-balles, holsters et équipements associés au cours du même mois.
3,75 millions de dollars dépensés en logiciels de surveillance
Ces achats massifs de matériel s’accompagnent d’une frénésie de dépenses dans les logiciels de surveillance, selon les documents consultés par l'AFP. Ainsi, en septembre, l'ICE a dépensé 3,75 millions de dollars pour des logiciels et services associés auprès de la société de reconnaissance faciale Clearview AI.
Depuis le début du second mandat Trump, l’agence fédérale a également acheté des produits de Magnet Forensics et Cellebrite, deux sociétés qui fabriquent des logiciels d’extraction de données de téléphones portables, ainsi que des produits de Penlink qui fournit des données de localisation issues de centaines de millions de téléphones. S'ajoute à cela un contrat de 30 millions de dollars avec Palantir pour développer "Immigration OS", une plateforme tout-en-un destinée à cibler les migrants en situation irrégulière et identifier ceux en cours de retour volontaire vers leur pays d'origine.
Dans le même temps, l'ICE a réactivé un contrat de deux millions de dollars avec Paragon, un fournisseur israélien de logiciels espions. Ce contrat avait été suspendu sous l’administration Biden, après un décret de 2023 interdisant l’achat de logiciels espions présentant des risques pour la sécurité nationale.
Surveillance des réseaux sociaux 24h/24
Au-delà des contrats déjà signés, l’agence a lancé des appels d’offres pour renforcer sa surveillance des réseaux sociaux. Un appel d'offres, publié début octobre, recherche des prestataires capables de créer un centre de surveillance des réseaux sociaux, avec près de 30 analystes opérant 24h/24, pour "recueillir en temps réel des informations cruciales et spécifiques" sur des individus à partir des données partagées en ligne.
Si les opérations de surveillance jouent un rôle important dans les activités policières, les défenseurs des droits humains s’inquiètent depuis longtemps de l’ampleur des données collectées à l’ère des réseaux sociaux. "Une surveillance à grande échelle des réseaux sociaux menace la liberté d’expression", affirme Cooper Quintin, un expert en technologie. "Si les gens savent que l'ICE surveille les réseaux sociaux, à la recherche de toute personne exprimant une forme d’attachement à son pays d’origine, cela va en dissuader beaucoup de s’exprimer publiquement", a déclaré l'expert à l’AFP.
La possibilité d’acheter des données via des tiers permet aussi aux agences de surveiller un grand nombre de personnes sans mandat judiciaire, a-t-il fait remarquer. L'ICE n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP.
Explosion du budget
Tous ces achats ont été rendus possibles par une enveloppe budgétaire massive votée par le Congrès contrôlé par les républicains. Le budget adopté en juillet a alloué à l'ICE un budget de fonctionnement de 75 milliards de dollars sur quatre ans, soit 18,8 milliards par an en moyenne. C’est presque le double du budget de 9,6 milliards de dollars de l’année fiscale 2024.
Alors que d’autres agences gouvernementales fonctionnent au ralenti en raison de la fermeture partielle de l’administration, l'ICE et son ministère de tutelle, la Sécurité intérieure, sont largement épargnés.
Trois hommes ont été arrêtés jeudi à Londres, soupçonnés d'avoir aidé les services de renseignement russes, a annoncé la police dans un communiqué. Ces hommes de 48, 45 et 44 ans "ont été arrêtés pour suspicion d'avoir aidé un service de renseignement étranger", indique la police, précisant que "le pays auquel se rapportent les infractions présumées est la Russie". Elle n'a pas précisé les nationalités des mis en cause, ni donné de détail sur les activités concernées.
Des perquisitions sont en cours aux trois domiciles où ces hommes ont été arrêtés ainsi qu'à une quatrième adresse dans l'ouest de la capitale. "Nous constatons un nombre croissant de personnes que nous décrivons comme des 'proxies' (intermédiaires) recrutés par des services de renseignement", a souligné Dominic Murphy, chef de l'unité antiterroriste de Londres, cité dans le communiqué.
Des conséquences "potentiellement très graves"
"Toute personne qui pourrait être contactée et tentée de se livrer à des activités criminelles au nom d'un Etat étranger ici au Royaume-Uni devrait y réfléchir à deux fois", a-t-il ajouté, prévenant que les conséquences de tels agissements seront "potentiellement très graves".
Mi-octobre, Ken McCallum, le chef des renseignements intérieurs britanniques (MI5) a mis en garde contre la menace quotidienne de l'espionnage chinois pour le Royaume-Uni, citant aussi la menace russe.
Les Etats-Unis et la Chine s’engageraient-ils dans une nouvelle bataille commerciale en Amérique du Sud ? C’est en tout cas ce que semblent dessiner les échanges des dernières semaines entre le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, et Luis Caputo, ministre argentin de l’Économie. Selon le Wall Street Journal, les deux hommes auraient évoqué la possibilité de limiter l’accès de la Chine aux ressources du pays, tout en permettant au contraire aux Etats-Unis de s’approvisionner à plus grande échelle en uranium, une ressource très importante en Argentine.
L’enjeu est de taille, car la Chine est le deuxième partenaire commercial de l’Argentine après le Brésil, et le premier acheteur de ses exportations agricoles. "Stabiliser l’Argentine, c’est "l’Amérique d’abord". Une Argentine forte et stable contribue à la prospérité de l’hémisphère occidental, ce qui est clairement dans l’intérêt stratégique des États-Unis", assure un porte-parole du Trésor auprès du journal américain.
D’autres responsables de l’administration tenteraient d’encourager les dirigeants argentins à conclure des accords avec des entreprises américaines pour relancer des projets d’infrastructures ou investir dans des secteurs clés comme les télécommunications. Car là encore, la Chine n’est pas loin : le géant téléphonique local, Telecom Argentina, a récemment accepté un prêt de 74 millions de dollars de la Banque de Chine, et Huawei, une entreprise technologique chinoise soumise à des restrictions d’activité aux États-Unis, exploite une entreprise de réseau mobile 5G en Argentine.
Un contexte tendu
Pour les Etats-Unis, limiter l’influence de la Chine dans les pays du sud du continent est aussi une question de sécurité nationale. Pékin "attaque les intérêts américains de toutes parts" en Amérique latine, a déclaré au Congrès l’amiral Alvin Holsey, chef du Commandement Sud des États-Unis, en février. "Vous pouvez faire du commerce, mais vous ne devriez certainement pas aller plus loin. Vous ne devriez certainement pas avoir quoi que ce soit en rapport avec l’armée chinoise. Et si c’est ce qui se passe, je serais très contrarié", a aussi lancé Donald Trump à Javier Milei, lors d’une réunion à la Maison-Blanche la semaine dernière.
Ces discussions interviennent dans un contexte tendu pour l’Argentine : l’administration du libertaire Javier Milei se heurte à des obstacles importants pour mener à bien son ambitieux programme de réforme économique et lutter contre une inflation galopante. Après avoir réduit les dépenses publiques et pris des mesures impopulaires pour combler le déficit budgétaire, l’administration Milei est désormais confrontée à une augmentation des paiements de sa dette pour l’année 2026 et à des caisses publiques vides. Les réserves de devises étrangères diminuent également, les Argentins se ruant sur le dollar pour se protéger des risques de turbulences économiques à l’approche des élections législatives de mi-mandat, ce dimanche 26 octobre.
Lundi, la banque centrale argentine (BCRA) a officialisé un accord d’échange bilatéral de devises avec les Etats-Unis, visant à "contribuer à la stabilité macroéconomique de l’Argentine, avec un accent particulier pour préserver la stabilité des prix et promouvoir une croissance économique durable", indiquait-elle dans un communiqué. En plus de cet accord de "swap", le Trésor américain a annoncé mercredi 15 octobre travailler depuis des semaines avec des acteurs privés à un autre dispositif de 20 milliards de dollars pour aider l’Argentine dans le remboursement de sa dette.
Javier Milei, ici le 14 octobre 2025 avec Donald Trump à Washington, assure à qui veut l'entendre que le soutien financier américain lui est acquis jusqu'à la fin de son mandat, "jusqu'à 2027". President Trump Meets With Visiting Argentine President Milei At The White House
Kiev assure qu’il peut maintenant frapper n’importe où dans la mer Noire : les services de sécurité ukrainiens (SBU) ont récemment dévoilé la dernière version du drone maritime "Sea Baby". Désormais, l’engin - qui ressemble bien plus à un bateau qu’à l’image traditionnelle du drone - est capable de transporter jusqu’à 2 000 kilos en charge utile, presque le double de son précédent modèle. Son nouveau rayon d’action, limité auparavant à 1 000 kilomètres, atteint les 1 500 kilomètres.
Une telle avancée technologique n’est pas sans importance dans la guerre contre Moscou, axée autour des drones. La Russie comme l’Ukraine ont particulièrement recours à ces armes opérées sans pilotes et bénéficiant d’une force de frappe considérable. Kiev a récemment révélé produire des millions de drones depuis le début de la guerre et a indiqué en utiliser près de 10 000 quotidiennement.
Des drones assistés par l’IA
Selon les déclarations du général de brigade des services de sécurité ukrainiens, Ivan Loukachevitch, rapportées par Euronews, la version améliorée du Sea Baby est également équipée d’un système de ciblage assisté par l’intelligence artificielle. Elle pourra aussi lancer de petits drones d’attaque aérienne et des systèmes d’autodestruction multicouches afin d’empêcher toute capture par les forces russes. Sea Baby aura en plus la capacité de transporter des armes contrôlées à distance, comme des lance-roquettes par exemple.
Cette arme améliorée sera opérée depuis des centres de contrôle mobiles situés à l’intérieur d’une camionnette, grâce à plusieurs écrans. Comme l’a souligné le général Loukachevitch, le Sea Baby est ainsi passé d’un engin de frappe à usage unique à une plateforme réutilisable et polyvalente qui élargit les options offensives de l’Ukraine.
Une arme efficace en mer Noire
L’agence de presse américaine Reuters relève le succès considérable qu’a eu l’Ukraine en mer Noire en utilisant ces drones décrits comme étant "essentiellement des bateaux, petits, rapides et sans équipage". Cet engin a permis de cibler la flotte russe, neutralisant certains navires et forçant les autres à quitter la péninsule de Crimée pour s’établir sur la côte russe de la mer Noire. De quoi permettre à l’Ukraine de maintenir ouvertes les principales routes commerciales civiles vers l’Europe. "Nous avons besoin que notre flotte commerciale navigue, travaille, maintienne l’économie en activité", a de fait expliqué Ivan Loukachevitch, dans des propos rapportés par Reuters.
Le drone Sea Baby est également à l’origine des frappes sur le pont - construit illégalement par Moscou - qui relie la Crimée à la Russie entre la mer Noire et la mer d’Azov.
Une technologie bientôt en vente ?
Depuis le début de la guerre, Kiev a pris une avance incontestable sur le reste de l’Europe en matière de production de drones. Lors de son allocution aux Nations Unies en septembre dernier, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a indiqué qu’il lèverait prochainement la restriction qui pèse sur l’export d’armes dans son pays depuis l’instauration de la loi martiale.
La nouvelle version du drone maritime Sea Baby devrait faire partie des armes que l’Ukraine va ouvrir à la vente pour ses partenaires internationaux. Selon Euronews, le pays compte environ 800 producteurs d’armes, dont plus de 200 produisent des drones.
Dans le spectacle de cirque que la France persiste à offrir à ses voisins, le numéro le plus affligeant restera celui des acteurs politiques qui n’ont cessé de faire de la suspension de la réforme des retraites une question de vie ou de mort. Que ce soit pour ne pas en concéder un iota, ou pour finir par brader un principe qu’ils avaient dit intangible, les uns et les autres se sont distingués, sauf rares exceptions, par leur indifférence aux menaces du monde. Au moment où la souveraineté des Etats de l’Europe dépend de leur capacité à s’unir et à s’armer face à la Russie et au désengagement américain, on aurait pu espérer que la grande bataille politique s’articule autour d’un débat sur l’aide à l’Ukraine, le développement d’une industrie de défense comme nécessité existentielle et facteur de croissance dans l’économie, la contribution de la France au pilier européen de l’Otan. Mais non. L’enjeu d’une possible censure n’est pas de travailler plus pour financer le modèle social français et la capacité de l’Europe à se défendre, mais de ne pas travailler trop.
Entre l’énergie que les artistes de l’Assemblée consacrent à une durée de travail dont l’allongement est une évidence à peu près partout ailleurs, et leur déni de la tempête extérieure qui risque d’emporter tout le chapiteau, le contraste est inquiétant. Quelle image de nous-mêmes renvoie à nos voisins européens ce désir collectif apparemment insurmontable de travailler moins longtemps que chacun d’eux, fussent-ils dirigés par des gouvernements de droite ou de gauche ? Par quelle magie espérons-nous préserver notre Etat social en évacuant la réalité du vieillissement et du déclin démographique, alors que, pour la première fois depuis 1945, le nombre de décès dépasse celui des naissances dans l’Hexagone ? Sa force de frappe indépendante fait de la France une voix influente dans le monde. Son endettement abyssal ajouté à la fragmentation des électeurs, son incapacité au compromis et la perte de toute majorité depuis le pari criminel de la dissolution sont en train de faire de ce grand pays le maillon faible de l’Europe, de moins en moins crédible et de plus en plus inadapté à la stature internationale dont les Français veulent continuer à se croire parés.
C’est bien le soutien à l’Ukraine et la sécurité de l’Europe qui sont en jeu derrière le vote d’un budget et la stabilité provisoire, derrière une éventuelle dissolution et l’élection présidentielle à venir. La France est un élément moteur de la mobilisation face à la guerre hybride menée par Poutine contre l’UE et l’Otan – après avoir beaucoup essayé de ne "pas humilier la Russie" en tentant de négocier avec elle, quitte à se faire donner une leçon d’histoire au bout d’une table de 6 mètres de longueur. Et ce, quoi qu’en disent les alliés du président russe, qui dénoncent contre toute évidence le "bellicisme" de l’UE et de l’Otan. L’initiative d’Emmanuel Macron, du Britannique Keir Starmer et de l’Allemand Friedrich Merz de former avec d’autres une coalition de volontaires pour garantir l’application d’un accord de cessez-le-feu entre Kiev et Moscou institue la naissance d’une identité stratégique de l’Europe, trop tardive mais désormais indispensable, à l’heure où les Etats-Unis amorcent leur repli du Vieux Continent.
Ligne de fracture
En France, la sécurité de l’Europe passe après l’abaissement de l’âge de la retraite. Que la question n’apparaisse même pas dans les accords actuels en dit long sur la déconnexion des politiques face aux défis stratégiques essentiels. La ligne de fracture qui aurait dû être mise sur la table, c’est celle du soutien impératif à l’Ukraine, autour des deux frères en politique étrangère que sont le RN et La France insoumise. Lorsqu’il s’agit de voter les textes visant à maintenir la ligne de la France d’une mobilisation active pour l’Ukraine, les deux extrêmes s’y opposent plus ou moins frontalement – ambiguïté pour l’un, et hostilité pour l’autre – et retrouvent leurs fondamentaux : détestation de l’UE et de l’Alliance atlantique, indulgence envers les autocrates. Avant de confier la formation d’un gouvernement au RN, une considération devrait l’emporter : le peu de garantie que présente pour la sécurité de la France et de l’Europe le parti de Marine Le Pen, qui a maintes fois formulé son admiration pour Vladimir Poutine.
Les Etats-Unis ont frappé mardi et mercredi deux bateaux soupçonnés de trafic de drogue dans l’océan Pacifique, a annoncé mercredi 22 octobre le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth. Ces frappes, qui selon Washington visent des narcotrafiquants en eaux internationales, et qui ont fait respectivement deux et trois morts, sont les premières de ce type contre des navires dans l’océan Pacifique : les précédentes n’avaient jusqu’à présent eu lieu que dans les Caraïbes.
Une source militaire colombienne a affirmé à l’AFP que la frappe de mardi s’était produite "près" mais non à l’intérieur des eaux colombiennes. Au total, les Etats-Unis ont revendiqué neuf attaques de ce type ces dernières semaines, pour 37 morts. L’origine des navires visés – huit bateaux et un semi-submersible – n’a pas été précisée, mais certains ont été détruits au large du Venezuela.
Today, at the direction of President Trump, the Department of War carried out yet another lethal kinetic strike on a vessel operated by a Designated Terrorist Organization (DTO). Yet again, the now-deceased terrorists were engaged in narco-trafficking in the Eastern Pacific.
Washington a déployé des avions de chasse et des navires dans ce qu’il revendique comme une lutte contre le narcotrafic. La Maison-Blanche et le Pentagone ont toutefois produit peu de preuves pour étayer leurs affirmations selon lesquelles les personnes ciblées étaient impliquées dans le trafic de drogue.
Le Pentagone a déclaré au Congrès que les Etats-Unis étaient en "conflit armé" avec les cartels sud-américains, les qualifiant de groupes terroristes. "Tout comme Al-Qaïda a mené une guerre contre notre patrie, ces cartels mènent une guerre contre notre frontière et notre peuple. Il n’y aura ni refuge ni pardon, seulement la justice ", a déclaré Peter Hegset. Mais selon les experts, les exécutions extrajudiciaires restent illégales, même si elles visent des narcotrafiquants présumés.
Donald Trump dit à Gustavo Petro de "faire attention"
La Colombie est le premier producteur mondial de cocaïne, mais elle travaille depuis des décennies avec les Etats-Unis pour en réduire la production, contrôlée par divers groupes paramilitaires, cartels et guérillas.
"Ce qui est en jeu, c’est une relation historique vieille de plus de 200 ans, qui profite aux Etats-Unis comme à la Colombie", s’est alarmé mercredi l’ambassadeur colombien à Washington Daniel Garcia-Pena, dans un entretien à l’AFP, après avoir été rappelé à Bogota pour consultation. "Nous sommes face à un gouvernement américain qui cherche à changer le paradigme […] de ses relations internationales, dans lequel l’incertitude joue malheureusement un rôle très important", a-t-il ajouté, jugeant les menaces de Donald Trump "inacceptables".
Mercredi, le président américain a qualifié son homologue colombien Gustavo Petro de "baron de la drogue" et de "pire président que la Colombie ait jamais eu". L’élu de gauche a répondu en annonçant porter plainte pour diffamation devant la justice américaine. Donald Trump, qui a déjà proféré des menaces similaires à l’encontre du dirigeant vénézuélien Nicolas Maduro, a également invité Gustavo Petro à "faire attention". Le secrétaire d’Etat Marco Rubio a de son côté qualifié le dirigeant colombien de "fou".
Le Venezuela a pour sa part accusé les Etats-Unis de prétexter de la lutte contre le trafic de drogue pour tenter de renverser son président, Nicolas Maduro. Celui-ci a affirmé mercredi que son pays disposait de 5 000 missiles antiaériens portables pour contrer les forces américaines.
C’est une perspective qui inquiète les pays arabes, mais qui pourrait bien devenir réelle. Mardi 21 octobre, le vice-président américain, J.D. Vance, et le gendre du président Donald Trump, Jared Kushner, ont évoqué la possibilité d’une division en deux de Gaza à moyen et long terme, lors d’une conférence de presse en Israël consacrée au cessez-le-feu actuel.
Selon J.D. Vance, le territoire palestinien est actuellement séparé en deux zones, l’une relativement sûre contrôlée par Israël, l’autre extrêmement dangereuse dirigée par le Hamas, et l’objectif serait d’étendre géographiquement la première. D’ici là, aucun financement pour la reconstruction ne serait alloué aux zones encore sous contrôle de l’organisation terroriste, a précisé Jared Kushner, insistant sur la nécessité de la "démilitariser" d’abord et de mettre en place une force internationale de sécurité. "Des réflexions sont actuellement menées dans la zone contrôlée par Tsahal, pour autant que cela soit possible, afin de lancer la construction d’un nouveau Gaza et d’offrir aux Palestiniens qui y vivent un lieu où aller, un lieu où trouver du travail et un endroit où vivre", a-t-il encore ajouté.
Les médiateurs arabes, de leur côté, s’opposent fermement à l’idée de diviser Gaza, arguant qu’une telle séparation pourrait conduire à une zone de contrôle israélien permanent à l’intérieur de l’enclave. Or, dans le plan de paix de Donald Trump, la zone sous contrôle d’Israël doit se réduire à mesure que divers critères sont atteints, parmi lesquels la création d’un comité de technocrates pour administrer Gaza et celle d’une force internationale pour assurer la sécurité. Plusieurs gouvernements arabes souhaiteraient également que l’enclave soit supervisée par l’Autorité palestinienne, qui gouverne une grande partie de la Cisjordanie, mais le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou s’y oppose fermement.
🇮🇱 Depuis la signature de l’accord de paix entre Israël et le Hamas, les observateurs s’interrogent sur l’avenir politique du Premier ministre israélien. Pour Karim Emile Bitar, spécialiste du Moyen-Orient et de la politique étrangère des États-Unis, Benyamin Netanyahou "sait que l'heure des comptes va peut-être venir". 🔗 Lien en bio #israel#monde#trump#netanyahou#news#newsattiktok#apprendresurtiktok#sinformersurtiktok
D’après le Wall Street Journal, des responsables de la Maison-Blanche ont affirmé que Jared Kushner était l’instigateur du plan de reconstruction divisée, qu’il aurait élaboré aux côtés de l’envoyé spécial Steve Witkoff. Mais ce projet doit encore résoudre des questions importantes pour devenir viable, à commencer par la fourniture de services quotidiens aux Palestiniens vivant dans une partie de Gaza occupée par Israël, dans le cas où ils seraient disposés à s’y réinstaller. Des inquiétudes subsistent également quant à la manière d’empêcher les membres du Hamas de pénétrer du côté israélien, plusieurs sources évoquant la mise en place d’un programme de vérification des antécédents mené par les autorités israéliennes.
Avec cette reconstruction divisée, certains analystes en Israël, au contraire, voient une opportunité d’affirmer leur domination sur le Hamas. "Le projet de renforcement des zones sous contrôle israélien à Gaza pourrait affaiblir politiquement l’organisation terroriste, tout en permettant à l’armée israélienne de mener des opérations qui érodent encore davantage la capacité de combat du groupe", a déclaré auprès du Wall Street Journal Ofer Guterman, chercheur principal à l’Institut d’études de sécurité nationale de Tel-Aviv.
En attendant, la priorité absolue des États-Unis reste de maintenir le respect du cessez-le-feu, remis en cause par une série d’incidents et de différends liés au fait que le Hamas n’ait pas encore restitué les corps de certains otages morts à Gaza. Le secrétaire d’État Marco Rubio est attendu en Israël ce jeudi.
Elles sont "énormes" selon lui : Donald Trump a laissé éclater son exaspération mercredi 22 octobre envers Vladimir Poutine et annoncé des sanctions contre le secteur pétrolier russe, dans l’espoir d’amener Moscou à mettre fin à la guerre en Ukraine. "Ce sont des sanctions énormes […] Et nous espérons qu’elles ne dureront pas trop longtemps. Nous espérons qu’un terme sera mis à la guerre", a affirmé le président américain en recevant le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche.
Alors que l’Union européenne a annoncé en parallèle avoir trouvé un accord pour durcir ses sanctions sur les hydrocarbures russes et tarir les ressources du Kremlin, Volodymyr Zelensky a salué ce jeudi un "message fort". "Nous avons attendu cela, espérons que cela fonctionne, c’est très important", a-t-il déclaré à son arrivée à Bruxelles pour un sommet européen. Avant lui, l’ambassadrice d’Ukraine aux Etats-Unis Olga Stefanishyna avait salué également une décision qui "s’aligne pleinement avec la position constante de l’Ukraine selon laquelle la paix ne peut être obtenue que par la force et en exerçant une pression maximale sur l’agresseur à l’aide de tous les outils internationaux disponibles".
Donald Trump, qui s’est refusé pendant de longs mois à décider de ces sanctions, a estimé que ses conversations avec le président russe n’allaient "nulle part", au lendemain du report sine die d’une rencontre entre eux envisagée à Budapest. "A chaque fois que je parle avec Vladimir, nous avons de bonnes conversations mais ensuite elles ne vont nulle part", a-t-il affirmé.
Peu avant, le ministre américain des Finances Scott Bessent avait annoncé des sanctions contre les géants pétroliers russes Rosneft et Lukoil, "qui financent la machine de guerre du Kremlin", invoquant le "refus du président Poutine d’arrêter cette guerre insensée". Et de prévenir que les Etats-Unis étaient "prêts à aller plus loin si cela s’avérait nécessaire".
Interdiction de faire des affaires
Les sanctions impliquent un gel de tous les actifs de Rosneft et Lukoil aux États-Unis ainsi qu’une interdiction à toutes les entreprises américaines de faire des affaires avec les deux géants pétroliers russes. Elles ont fait bondir jeudi de près de 3 % les cours du pétrole au début des échanges asiatiques, attisant les craintes de tensions sur l’offre d’or noir.
Pour autant, les Etats-Unis ne ferment pas la porte à une rencontre avec les Russes, a assuré le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio tard mercredi. "Nous serons toujours intéressés par un dialogue s’il existe une possibilité de parvenir à la paix", a-t-il déclaré à la presse.
Ces annonces mercredi sont intervenues après une nouvelle nuit d’attaques russes dans toute l’Ukraine, avec plus de 400 drones et une trentaine de missiles, qui ont fait sept morts.
Les sanctions européennes, dont l’adoption formelle est prévue jeudi, prévoient quant à elles un arrêt total des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe et des mesures supplémentaires contre la flotte fantôme de pétroliers que Moscou utilise pour contourner les sanctions occidentales.
S’exprimant devant la presse, Mark Rutte a estimé que cette pression collective accrue sur Moscou était à même de "changer les calculs" de Vladimir Poutine et de "l’amener à la table des négociations" en vue d’un cessez-le-feu. "J’en suis absolument convaincu, ce ne sera peut-être pas aujourd’hui ni demain, mais nous y arriverons", a-t-il dit.
Le cycliste français Sofiane Sehili, incarcéré depuis début septembre en Russie, a été libéré jeudi 23 octobre après avoir été condamné à une amende pour "franchissement illégal de la frontière" russe et libéré, a rapporté l’agence publique russe RIA Novosti.
Un tribunal de la localité de Pogranitchny, dans la région de Primorié (Extrême-Orient russe), a "reconnu Sofiane Sehili coupable" et l’a condamné "à une amende de 50 000 roubles" (environ 530 euros), a annoncé la juge Irina Billé, citée par l’agence.
Compte tenu du temps passé en détention provisoire, le cycliste de 44 ans a été exempté du paiement de l’amende et libéré dans la salle du tribunal, selon la même source.
Selon les images diffusées sur Telegram par le service de presse unifié des tribunaux régionaux, Sofiane Sehili, vêtu d'un pull et d'un pantalon bleus, a écouté le jugement dans une cage en métal réservée aux prévenus, avant d'être libéré. Contactée par l’AFP, l’avocate de Sofiane Sehili, Alla Kouchnir, n’était pas joignable dans l’immédiat.
Accusé de "franchissement illégal de la frontière" russe, Sofiane Sehili risquait jusqu’à deux ans de prison. Il a été arrêté début septembre en Extrême-Orient russe, censé être l’étape finale de son record du monde de la traversée eurasienne à vélo, et était depuis en détention provisoire dans l’attente de son procès.
"Il ne pensait qu’à son exploit sportif"
Le cycliste d’endurance français de 44 ans avait voulu pédaler en Russie depuis la Chine via un poste-frontière qui n’était franchissable qu’en train ou en autocar, selon un responsable d’une commission publique de contrôle des prisons, Vladimir Naïdine. Or, utiliser ces modes de transport aurait invalidé son record après plus de 60 jours et des milliers de kilomètres d’effort.
Le cycliste était parti de Lisbonne début juillet, et comptait traverser 17 pays pour arriver début septembre à Vladivostok, en Extrême-Orient russe. Sa compagne Fanny Bensussan a indiqué en septembre à la chaîne française France 3 Occitanie que le cycliste avait décidé de se présenter devant les douaniers, convaincu qu’ils le laisseraient tout de même passer à vélo, mais avait été arrêté. "Il ne pensait qu’à son exploit sportif", avait-elle expliqué.
Ancien documentaliste au magazine culturel Télérama, Sofiane Sehili s’est spécialisé dans l’ultracyclisme, fait d’épreuves longues de plusieurs centaines ou milliers de kilomètres.
Plusieurs ressortissants occidentaux ont été arrêtés en Russie depuis le début de l’offensive à grande échelle en Ukraine en 2022, et les relations diplomatiques entre Paris et Moscou sont glaciales.
L’idylle n’aura pas tenu très longtemps. Alors que le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine devaient se rencontrer à Budapest ces prochaines semaines, une réunion qui ne semble finalement plus d’actualité, Donald Trump a annoncé mercredi 22 octobre des sanctions pétrolières "énormes" contre la Russie. Peu avant, le ministre américain des Finances Scott Bessent avait annoncé des sanctions contre les géants pétroliers russes Rosneft et Lukoil, "qui financent la machine de guerre du Kremlin", invoquant le "refus du président Poutine d’arrêter cette guerre insensée".
Les infos à retenir
⇒ Les Etats-Unis annoncent des sanctions contre la Russie, qui se dit "immunisée"
⇒ Donald Trump dénonce des discussions qui ne vont "nulle part" avec Vladimir Poutine
⇒ Les sanctions américaines n'ont pas d'impact significatif sur la Russie, assure le président russe
Les sanctions américaines "sérieuses" mais sans "impact significatif" sur la Russie, selon Vladimir Poutine
Le président Vladimir Poutine a estimé jeudi que les sanctions prises la veille par Washington contre le secteur pétrolier russe étaient "sérieuses" mais qu'elles n'auraient pas d'"impact significatif" sur l'économie de son pays. Il a d'ailleurs estimé qu'il était "impossible" de remplacer les produits pétroliers russes sur le marché mondial.
Malgré l'annonce par Donald Trump du report de la rencontre prévue avec lui à Budapest, Vladimir Poutine a plaidé pour la poursuite du "dialogue", tout en avertissant une nouvelle fois contre toute livraison de missiles américains Tomahawk à l'Ukraine.
Volodymyr Zelensky appelle l'UE à avancer sur l'utilisation des avoirs gelés russes
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté jeudi à Bruxelles les dirigeants européen à utiliser les avoirs gelés russes pour soutenir son effort de guerre, au lendemain de l'annonce de sanctions américaines contre Moscou.
"J'espère qu'ils prendront une décision politique, une décision positive d'une manière ou d'une autre pour aider l'Ukraine", a-t-il déclaré devant la presse, en marge d'un sommet des 27 où la question de l'utilisation de ces avoirs de la banque centrale russe sont au coeur des discussions.
Deux journalistes ukrainiens tués par un drone russe dans l'est de l'Ukraine
Deux journalistes ukrainiens de la chaîne Freedom TV, Aliona Gramova et Evguen Karmazine, ont été tués jeudi par un drone russe à Kramatorsk, dans l'est de l'Ukraine. Un troisième journaliste, Alexandre Kolichev, a été blessé et hospitalisé, a indiqué Freedom TV.
"Il ne s'agit pas d'accidents ou d'erreurs, mais d'une stratégie délibérée de la Russie visant à faire taire toutes les voix indépendantes", a dénoncé le président Volodymyr Zelensky sur X.
Dix morts, douze disparus dans une explosion mercredi dans une usine en Russie
Une explosion dans une usine dans le centre de la Russie mercredi soir a fait au moins dix morts et douze disparus, a annoncé jeudi le gouverneur de la région de Tcheliabinsk, Alexeï Teksler. Des médias russes ont indiqué que cette usine fabriquait des explosifs destinés aux forces armées.
"Il ne s'agit pas d'une attaque de drone", a affirmé le gouverneur, mais la justice a néanmoins annoncé l'ouverture d'une enquête criminelle. En riposte à l'offensive à grande échelle lancée par la Russie en Ukraine en février 2022, Kiev a régulièrement pris pour cible avec des drones des sites industriels russes.
Alimentation électrique rétablie pour la centrale nucléaire de Zaporijjia
L'alimentation électrique de la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine a été rétablie après une panne record d'un mois depuis l'invasion russe, a déclaré jeudi l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
La reprise de l'alimentation de la plus grande centrale d'Europe, occupée depuis mars 2022 par les forces russes est intervenue après la réparation d'une ligne à l'extérieur du site grâce à un cessez-le-feu local. Elle constitue "une étape cruciale pour la sûreté et la sécurité nucléaires", a indiqué l'organisme de surveillance nucléaire des Nations unies dans un message sur X.
Moscou et Kiev se sont accusés, réciproquement et à plusieurs reprises, de risquer une catastrophe nucléaire en attaquant le site et se rejettent la faute concernant la dernière coupure d'électricité.
Libération du cycliste français Sofiane Sehili qui était détenu en Russie
Le cycliste français Sofiane Sehili, incarcéré depuis début septembre en Russie, a été libéré jeudi par la justice russe après avoir été condamné à une amende pour "franchissement illégal de la frontière" dans l'Extrême-Orient russe.
Compte tenu du temps passé en détention provisoire, le cycliste de 44 ans a été "exempté du paiement de l'amende et libéré dans la salle du tribunal" de la localité de Pogranitchny, dans la région de Primorié (Extrême-Orient russe) où a eu lieu l'audience, a-t-elle précisé.
Aucun Russe ou Bélarusse "ne devrait se qualifier" pour les Jeux 2026, a estimé le Comité international paralympique
Aucun athlète russe ou bélarusse "ne devrait se qualifier" pour les Jeux paralympiques d'hiver de Milan-Cortina (6-15 mars 2026) à la suite des prises de position des grandes fédérations, a estimé jeudi le Comité international paralympique (IPC).
Les positions prises par les trois premières fédérations (ski et snowboard, biathlon et curling) "signifient actuellement que les athlètes et les équipes de Russie et du Belarus ne peuvent participer à leurs événements, ce qui rend impossible leur qualification" pour les Paralympiques 2026, résume Andrew Parsons, le président de l'IPC, cité dans un communiqué.
Kiev annonce que la Russie a rendu 1.000 corps à l'Ukraine
La Russie a rendu jeudi à l'Ukraine 1.000 corps présentés comme ceux de soldats ukrainiens tués au combat, a annoncé l'administration ukrainienne chargée des prisonniers de guerre. "Les opérations de rapatriement se sont déroulées aujourd'hui" (jeudi) et portent sur "1.000 corps", a souligné cette administration sur Telegram, saluant l'aide apportée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Un travail d'identification des dépouilles doit désormais être mené par des médecins légistes et des enquêteurs, sous l'autorité de la justice ukrainienne.
A la mi-septembre l'Ukraine avait déjà annoncé avoir récupéré un millier de corps, comme en juillet et en août, signe de l'intensification des combats autour de la ligne de front dans l'est du pays. Par ailleurs début octobre, Moscou et Kiev avaient échangé 185 prisonniers de guerre de chaque camp.
Les échanges de dépouilles de militaires et de prisonniers de guerre constituent les seuls résultats des négociations entre les deux belligérants, plus de trois ans et demi après le début de l'invasion russe de l'Ukraine.
Des nouvelles sanctions américaines contre la Russie, qui se dit "immunisée"
Donald Trump a laissé éclater son exaspération envers Vladimir Poutine mercredi 22 octobre, et a annoncé des sanctions qualifiées "d’énormes" contre le secteur pétrolier russe, dans l’espoir d’amener Moscou à mettre fin à la guerre en Ukraine. "Ce sont des sanctions énormes […] Et nous espérons qu’elles ne dureront pas trop longtemps. Nous espérons qu’un terme sera mis à la guerre", a affirmé le président américain en recevant le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche.
Mais Moscou a balayé ces sanctions jeudi matin, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères dénonçant une "démarche exclusivement contre-productive". "Notre pays a développé une immunité solide contre les restrictions occidentales et continuera à développer avec assurance son potentiel économique, y compris dans le domaine énergétique", a ajouté Maria Zakharova lors de son briefing hebdomadaire.
Les nouvelles sanctions américaines, qui visent les groupes pétroliers russes Rosneft et Lukoil, sont la conséquence selon Washington de "l’absence de volonté sérieuse de la Russie de s’engager dans un processus de paix afin de mettre fin à la guerre en Ukraine". Elles impliquent un gel de tous les actifs de Rosneft et Lukoil aux États-Unis ainsi qu’une interdiction à toutes les entreprises américaines de faire des affaires avec les deux géants pétroliers russes. Le Trésor américain a dit être "prêt à aller plus loin si cela s’avérait nécessaire".
"Nous avons attendu cela. Espérons que cela fonctionne, c'est très important", a salué ce jeudi Volodymyr Zelensky, estimant qu'il s'agissait d'un "message fort". En parallèle, l’Union européenne a annoncé avoir trouvé un accord pour durcir ses sanctions sur les hydrocarbures russes et tarir les ressources du Kremlin. L’UE prévoit notamment un arrêt total des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) russe et des mesures supplémentaires contre la flotte fantôme de pétroliers que Moscou utilise pour contourner les sanctions occidentales.
Donald Trump déplore des discussions qui tournent en rond
"A chaque fois que je parle avec Vladimir, nous avons de bonnes conversations mais ensuite elles ne vont nulle part", a affirmé le président américain, Donald Trump, après avoir annoncé de nouvelles mesures pour mettre la pression à la Russie.
Peu avant, le ministre américain des Finances Scott Bessent avait justifié les sanctions prises en invoquant le "refus du président Poutine d’arrêter cette guerre insensée". "Le président Poutine n’a été ni franc, ni honnête à la table des négociations, comme nous l’aurions espéré", a déclaré le ministre lors d’une interview à la chaîne Fox Business, assurant que le président américain était "déçu de l’état actuel des pourparlers" sur la guerre en Ukraine.
Pour autant, les Etats-Unis ne ferment pas la porte à une rencontre avec les Russes, a assuré le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio tard mercredi. "Nous serons toujours intéressés par un dialogue s’il existe une possibilité de parvenir à la paix", a-t-il déclaré à la presse.
La Belgique menace de bloquer la mobilisation des avoirs russes si elle n'obtient pas des garanties
"Je veux une mutualisation complète du risque", a déclaré le Premier ministre Bart de Wever, lors de son arrivée au sommet, soulignant qu'en cas de problème, "les conséquences ne peuvent pas être uniquement pour la Belgique". "Si l'argent doit être remboursé, (il faudra) que chaque Etat membre contribue", pour ne pas laisser la Belgique assumer seule ce risque, a-t-il ajouté. Enfin, il exige que cette mobilisation des avoirs soit également mise en œuvre dans les autres pays alliés de Kiev. "Nous savons qu'il y a de vastes sommes d'argent russe dans d'autres pays qui ont toujours gardé le silence à ce sujet", a-t-il relevé. "Si ces trois exigences, qui me semblent tout à fait raisonnables, sont satisfaites, alors nous pourrons aller de l'avant. Sinon, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir au niveau européen, ainsi qu'au niveau national, politiquement et légalement, pour bloquer cette décision", a-t-il martelé.
La Commission européenne a proposé un montage financier qui lui permettrait de continuer à financer Kiev en s'appuyant sur les avoirs de la banque centrale russe gelés depuis l'invasion de l'Ukraine, sans les confisquer. Les dirigeants de l'UE doivent discuter de ce "prêt de réparation" en faveur de Kiev lors d'un sommet à Bruxelles jeudi, et les responsables de la Commission espèrent qu'ils donneront le feu vert à l'élaboration d'une proposition juridique plus détaillée.
Des frappes russes sur l'Ukraine tuent un secouriste et endommagent une synagogue selon Kiev
Des frappes russes sur l'Ukraine menées dans la nuit et tôt jeudi matin ont causé la mort d'un secouriste, perturbé le trafic ferroviaire et endommagé une synagogue, ont annoncé les autorités ukrainiennes.
Des journalistes de l'AFP à Kiev ont entendu des sirènes d'alerte et des explosions pendant la nuit, durant laquelle la Russie a lancé 130 drones, selon l'armée de l'air ukrainienne. Un secouriste a été tué et cinq autres blessés, alors qu'ils intervenaient sur un incendie à la suite d'un bombardement sur un village de la région de Kharkiv (nord-est).
Dans la capitale, huit personnes ont été blessées, selon les autorités locales, tandis que le ministre des Affaires étrangères Andriï Sybiga a fait état d'une frappe ayant endommagé une synagogue. "La terreur russe n'épargne personne, y compris les communautés religieuses", a-t-il fustigé sur X, assurant que depuis le début de l'invasion russe en février 2022, soixante-sept responsables religieux ont été tués et 640 lieux de culte endommagés.
"Je quitte cette réunion, lance un Donald Trump courroucé, je n’ai aucune raison de rester". La phrase du président américain fige tous les chefs d’Etat et de gouvernement réunis autour de lui, au sommet de l’Alliance atlantique le 12 juillet 2018 à Bruxelles. Le secrétaire général de l’Otan croit assister en direct à la fin de son organisation, qui garantit depuis plus de sept décennies la sécurité de l’Europe ; il cherche désespérément un moyen de faire revenir Trump sur sa décision de partir. Les mémoires des hommes politiques sont souvent fastidieux à lire mais ceux de Jens Stoltenberg font exception. Le récit que le Norvégien livre de son mandat à la tête de l’Otan, de 2014 à 2024, est vif, haut en couleur et surtout instructif (Vigie du monde, à la tête de l’Otan en temps de guerre, Flammarion, 496 pages, 24,90 €).
Des trois présidents américains qu’il a côtoyés pendant ces dix années (Barack Obama, Donald Trump, Joe Biden) l’hôte actuel de la Maison-Blanche l’a le plus marqué. Soigner l’ego surdimensionné de l’Américain a occupé le Norvégien pendant des semaines entières. Son compte rendu du sommet de 2018 montre combien la survie de l’Otan tenait alors à un fil. Stoltenberg restitue sans filtre le coup de colère de Trump, qui reprochait à l’Allemagne de ne pas payer assez pour sa défense. "J’ai parcouru la salle du regard, écrit l’auteur. Tous étaient en état d’alerte maximale, certains appuyaient plus fort sur leur oreillette pour mieux entendre, d’autres, plus proches de Trump, l’avaient retirée pour entendre directement ses propos […]. Ce sommet pourrait bien marquer la fin de l’Otan".
Stoltenberg montre bien à quel point Trump est insensible aux tourments des Européens, qui comptent avant tout sur Washington pour leur sécurité. "Les Etats-Unis n’ont pas besoin de l’Otan, explique le président américain à ses homologues ce jour-là. Pourquoi devrais-je continuer à payer pour cette organisation si je n’en ai pas besoin ?" Et s’adressant directement à Angela Merkel, la chancelière allemande, il lance : "Angela, toi, tu peux payer les 2 % (NDLR : du produit intérieur brut) dès maintenant ! J’ai vu ton budget, tu as un excédent. Moi, j’emprunte pour assurer la défense, y compris celle de l’Allemagne, pendant que toi, tu fais des économies en comptant sur moi pour te protéger".
"Nous avions réussi à gagner du temps"
Selon le récit de Stoltenberg, c’est le Premier ministre néerlandais Mark Rutte (devenu depuis l’an dernier le successeur du Norvégien à l’Otan) qui sauve la mise des Européens ce jour-là. Rutte prend la parole pour souligner que les alliés des Américains avaient dépensé collectivement 33 milliards de dollars de plus l’année précédente pour leur défense. Il prend soin d’expliquer à l’adresse de Trump que cette hausse est la conséquence "de ton leadership". Quelques instants plus tard, en conférence de presse, Trump affirme aux journalistes : "Les Alliés dépenseront 33 milliards de plus, qui s’ajouteront aux engagements pris antérieurement". En réalité, aucun nouvel engagement n’avait été pris par quiconque lors du sommet. Mais pour Stoltenberg, l’essentiel était atteint : "Nous avions réussi à gagner du temps".
Les pages que Stoltenberg consacre aux préparatifs par la Russie de l’invasion de l’Ukraine en 2022, et à la guerre qui fait rage depuis, sont éclairantes. Il justifie le refus de l’Otan d’imposer une zone d’exclusion aérienne aux avions russes au-dessus de l’Ukraine, réclamée dès l’invasion par Volodymyr Zelensky, par le souci d’éviter que le conflit dégénère en troisième guerre mondiale. "Nous soutenions les Ukrainiens, mais nous n’étions pas prêts à mourir pour eux", résume le Norvégien. Il révèle qu’il a tenté de convaincre Volodymyr Zelensky d’accepter de renoncer à une partie des territoires occupés par la Russie en échange de la paix, sur le modèle de ce que la Finlande avait accepté après la guerre de 1939-1940 contre l’URSS. "Les Finlandais avaient dû céder 10 % de leur territoire et leur deuxième plus grande ville, Vyborg, à l’Union soviétique. Mais la Finlande avait survécu en tant qu’Etat indépendant".
Pour lui, l’essentiel est que l’Ukraine, elle aussi, survive comme Etat indépendant et démocratique, "avec des frontières sûres et une puissance militaire lui permettant de se défendre et d’avoir une force de dissuasion crédible contre de nouvelles attaques dans le futur". Et à ses yeux, une chose ne fait pas de doute : l’Ukraine "doit devenir membre de l’Union européenne et de l’Otan". "Si la guerre se terminait ainsi, ce serait une défaite pour Vladimir Poutine, même s’il continuait de contrôler la Crimée et le Donbass. Et une grande victoire pour l’Ukraine". Pas sûr que les Ukrainiens voient les choses de la même façon.
Plus de trois ans et demi après le début de la guerre, le scénario d’une paix en Ukraine - si chère à Donald Trump et sa quête du Prix Nobel - semble encore bien hypothétique. Mardi, Washington a fait savoir que la rencontre prévue à Budapest entre le président américain et son homologue russe n’aurait pas lieu dans "un avenir proche". Alors que sur le front la bataille continue de faire rage et les frappes russes de pleuvoir sur les villes ukrainiennes, L’Express s’est entretenu avec Yehor Cherniev, député ukrainien et vice-président de la commission de la sécurité nationale, de la défense et du renseignement à la Rada, pour faire le point sur les récents développements diplomatiques et militaires.
Le sommet entre Trump et Poutine est reporté sine die. Aura-t-il lieu ?
Yehor Cherniev : Je pense que Donald Trump a compris que Poutine cherche à gagner du temps, mais il voulait lui donner une dernière chance de montrer qu’il est prêt à mettre fin à cette guerre. Toutefois, si le président russe refuse d’avancer vers la paix en proposant des mesures concrètes, cela pourrait se retourner contre lui et ouvrir la voie à une livraison de Tomahawk à l’Ukraine et à de nouvelles pressions sur l’économie russe. Et cela me semble être le chemin à suivre. Parce qu’il est clair que Poutine veut seulement poursuivre la guerre. Rien n’indique un quelconque intérêt de sa part pour la paix. Cependant, avec nos partenaires, nous pouvons l’y forcer. En détruisant l’économie russe, par des sanctions et des frappes en profondeur.
Les États-Unis n’ont pas livré de missiles Tomahawk à l’Ukraine à l’issue de la rencontre Trump-Zelensky à Washington, le 17 octobre. Pour quelle raison ?
C’est une bonne question - même si la réponse appartient sans doute davantage à Donald Trump. Toutefois, on ne peut pas dire que la question des Tomahawk n’est plus à l’ordre du jour. En réalité, elle l’est toujours, mais elle est suspendue à une éventuelle rencontre entre le président américain et Vladimir Poutine. A mon sens, la question de la livraison des missiles Tomahawk à l’Ukraine constitue avant tout un moyen de pression sur Poutine. S’il accepte de faire marche arrière et de mettre fin à la guerre, alors les missiles Tomahawk ne seront probablement pas livrés. En revanche, s’il refuse, je pense que Trump sera, à terme, prêt à franchir le pas.
Mais la non-livraison des Tomahawk est un coup dur pour l’Ukraine…
Je reconnais qu’il serait formidable de disposer d’une nouvelle arme pour faire pression sur la Russie, avec des frappes en profondeur sur ses infrastructures critiques et sa production militaire. Pour l’instant, nous nous contenterons de continuer à le faire avec nos propres missiles et drones. Nous disposons de nos propres armes pour atteindre cet objectif, à l’instar de nos nouveaux missiles de croisière Flamingo, qui ont déjà porté des coups sévères à l’économie russe en détruisant des raffineries. Il s’agit de notre premier missile de croisière à longue portée et nous prévoyons de faire rapidement monter la production avec l’aide de nos partenaires.
L’Ukraine accepterait-elle vraiment de céder le Donbass aux Russes comme l’aurait, selon la presse américaine, suggéré Donald Trump ?
Non, même si le président Trump a contredit cette affirmation et indiqué avoir seulement mentionné les territoires déjà occupés par les Russes. Quoi qu’il en soit, la cession du Donbass n’est pas une option pour nous. Nous ne trahirons pas notre peuple qui vit encore là-bas. Et nous n’abandonnerons pas un territoire que la Russie n’a toujours pas réussi à conquérir depuis plus de douze ans - car c’est précisément dans le Donbass qu’a commencé la guerre en 2014. L’Ukraine refusera donc catégoriquement une telle option.
Selon Volodymyr Zelensky, la pénurie d’essence en Russie atteindrait 20% des besoins russes. La campagne de frappes ukrainiennes fonctionne-t-elle mieux que les sanctions économiques ?
Je ne sais pas si cela fonctionne mieux, mais il est certain que cela ajoute une pression sur les infrastructures énergétiques russes. Et c’est l’un de leurs grands points faibles. Lorsque nous détruisons les raffineries russes, cela pèse lourdement sur leur secteur pétrolier. Ils ont ainsi récemment arrêté d’exporter de l’essence. De plus, les Russes se retrouvent avec un surplus de pétrole brut – ce qui fait baisser les recettes qu’en tire l’Etat russe. Détruire la source de financement la plus rentable de leur budget me semble être une bonne décision.
Les sanctions sont-elles efficaces ?
Je pense que détruire les raffineries fonctionne simplement plus rapidement que les sanctions, qui, une fois qu’elles sont décidées, prennent un certain temps avant d’avoir des effets. Il s’agit davantage d’un poison lent. De plus, les Russes ont eu le temps de s’y préparer, comme le montre l’exemple de leur flotte fantôme. Nous allons donc continuer à détruire leurs différentes installations - même si bien sûr cela restera des cibles d’intérêt militaire. Le but de cette campagne est de mettre un terme à ce conflit en détruisant leur capacité à poursuivre la guerre. Cela implique de détruire leur base industrielle de défense et leurs raffineries – qui alimentent l’une comme l’autre les besoins de leur armée sur le front.
Avec toutes les nouvelles armes qu’elle développe, l’industrie de défense ukrainienne est-elle en train de devenir l’une des plus puissantes d’Europe ?
Si l’on parle en termes de quantités produites, et de certaines technologies nouvelles comme les drones, la réponse est oui. Toutefois, nous ne sommes pas en mesure de couvrir tout le spectre de l’armement. Nous n’avons par exemple toujours pas notre propre système de défense antiaérienne, notre propre avion de combat ou nos propres navires de guerre. Parce qu’il s’agit d’armes très sophistiquées qu’il serait particulièrement long et complexe à développer. C’est précisément la raison pour laquelle nous proposons à nos partenaires des coopérations industrielles : afin d’échanger des technologies de part et d’autre. Nous pouvons vous faire bénéficier de notre expertise et de nos technologies dans les drones, et vous pouvez partager avec nous des technologies plus sophistiquées comme les défenses antiaériennes.
Récemment, de nombreux pays européens ont été victimes de survols de leurs territoires par des appareils russes. Qu’est-ce que les Européens peuvent apprendre de l’Ukraine dans la protection de leur ciel ?
Tout d’abord, nous sommes prêts à vous fournir notre expérience et certaines des solutions que nous utilisons. Par exemple, nous avons développé des drones dont la mission est d’en intercepter d’autres, comme les Shahed. La Pologne, qui a été survolée par une vingtaine de drones le mois dernier, s’est déjà positionnée pour en acquérir. Nous pouvons également vous expliquer ce que nous utilisons et comment nous l’utilisons. Typiquement, pour détruire les drones Shahed que Moscou produit en masse, nous essayons de ne pas utiliser de munitions trop coûteuses. Parce que cela viderait nos réserves et serait extrêmement onéreux. Nous privilégions donc les missiles air-air tirés depuis des avions, les drones intercepteurs, ou les hélicoptères.
Les Européens pourraient s’accorder jeudi sur une utilisation des avoirs gelés russes au profit de l’Ukraine. Comment pourraient être utilisées ces ressources ?
Cela ouvrira une nouvelle source de financement pour cette guerre. Et nous en avons besoin car il est très difficile de la poursuivre au même niveau que les années précédentes sans les dons de matériel militaire américain. Nous ne disposons malheureusement pas de ressources suffisantes pour financer la guerre et acheter des armes, car nos partenaires européens ne peuvent pas couvrir tous nos besoins sur le champ de bataille. Donc je pense qu’il est juste d’utiliser l’argent russe contre la Russie, et pas seulement le nôtre ou celui de nos alliés.
Quelle est votre évaluation de la situation sur le front ?
La situation est assez difficile, toutefois notre ligne de front est encore loin de s’effondrer. Les Russes poussent dans notre direction, mais nous parvenons également à reprendre quelques territoires. La situation est dynamique, mais il n’y a pas de percées. Les Russes utilisent des masses de soldats sans se soucier des pertes. De temps en temps, ils ont un succès qui consiste à pénétrer dans notre ligne de front avec un petit groupe de soldats, mais nous les retrouvons et les neutralisons rapidement.
La saison de chauffe va bientôt commencer en Ukraine. Vous attendez-vous à une intensification des frappes russes contre vos infrastructures énergétiques ?
Il est difficile d’être complètement prêt face à cela. Nous nous sommes préparés ces derniers mois et avons l’expérience des dernières années. Mais la Russie va continuer à frapper nos infrastructures énergétiques et essayer de provoquer des black-out dans nos villes. Et c’est pour cela que nous demandons plus de défenses antiaériennes à nos partenaires, et de l’aide pour réparer certains dommages causés à nos installations.