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Reçu hier — 31 octobre 2025 L'Express

L'ONU hausse le ton contre les frappes anti-drogue de Donald Trump

31 octobre 2025 à 16:38

L'ONU a appelé vendredi 31 octobre les Etats-Unis à cesser leurs frappes aériennes dans les Caraïbes et le Pacifique contre des bateaux qu'ils présentent comme appartenant à des narcotrafiquants, réclamant des enquêtes "rapides, indépendantes et transparentes".

"Ces attaques – et leur coût humain croissant – sont inacceptables. Les Etats-Unis doivent mettre fin à ces attaques et prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher les exécutions extrajudiciaires des personnes à bord de ces bateaux, quelles que soient les infractions criminelles qui leur sont reprochées", a déclaré le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, dans un communiqué.

15 attaques et 62 morts

Les Etats-Unis procèdent depuis début septembre à des frappes aériennes dans le Pacifique et surtout dans les Caraïbes contre des bateaux qu'ils présentent comme appartenant à des narcotrafiquants. Au total, le gouvernement Trump a revendiqué 15 attaques ces dernières semaines, faisant selon lui 62 morts, sans apporter la preuve de liens entre ces personnes et le narcotrafic.

Les "circonstances" de ces attaques "ne trouvent aucune justification dans le droit international", a dénoncé Volker Türk. Il rappelle que la lutte contre le trafic international de drogues relève "du maintien de l'ordre" et souligne qu'"en vertu du droit international des droits de l'homme, le recours intentionnel à la force létale n'est autorisé qu'en dernier recours contre des individus qui représentent une menace imminente pour la vie".

Or "d'après les informations très succinctes fournies publiquement par les autorités américaines, aucune des personnes se trouvant à bord des bateaux visés ne semblait représenter une menace imminente pour la vie d'autrui ni justifier l'usage de la force armée létale (...) en vertu du droit international", a-t-il ajouté.

Des enquêtes indépendantes demandées

Le Haut-Commissaire demande "des enquêtes rapides, indépendantes et transparentes sur ces attaques". "Comme nous le disons toujours, la responsabilité incombe à l'Etat. Il est du devoir et de la responsabilité de l'État concerné de mener des enquêtes. C'est la première étape, mais ces enquêtes doivent être rapides, approfondies et transparentes", a souligné une porte-parole du Haut-Commissaire, Ravina Shamdasani, lors d'un point de presse à Genève.

Des experts ont remis en question la légalité des frappes dans des eaux étrangères ou internationales, contre des suspects qui n'ont pas été interceptés ou interrogés. Le président américain justifie, lui, ce déploiement au nom du conflit armé contre des gangs classés "terroristes". Donald Trump accuse notamment le président vénézuélien Nicolas Maduro de faire partie d'un cartel. Ce dernier dément et dénonce des tentatives de déstabilisation de son pouvoir par les Etats-Unis.

© afp.com/Ludovic MARIN

Le siège de l'ONU à New York, le 20 septembre 2022

L'Ukraine appelle l'UE à renforcer les droits de douane sur les importations russes

31 octobre 2025 à 16:27

La Russie a bombardé des installations énergétiques en Ukraine avec des centaines de drones et de missiles, faisant au moins quatre morts et de nombreux blessés, notamment des enfants, et provoquant d'importantes coupures de courant, a annoncé jeudi 30 octobre Kiev. Dans le même temps, l'armée russe a affirmé avoir conquis deux autres villages, Sadové dans la région de Kharkiv (nord-est) et Krasnoguirské dans celle de Zaporijjia (sud), où les forces ukrainiennes, en infériorité numérique, perdent progressivement du terrain. Ce vendredi, Kiev a appelé l'Union européenne à augmenter ses droits de douane sur les importations de produits russes n'étant pas encore soumis à des sanctions prises par Bruxelles depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine.

Les infos à retenir

⇒ L'Ukraine appelle l'UE à renforcer les droits de douane sur les importations russes

⇒ L'Ukraine a mené 160 frappes réussies sur des sites pétroliers russes en 2025

⇒ L'Ukraine remet un captif Russe à la Lituanie pour un procès pour crimes de guerre

L'Ukraine a mené 160 frappes réussies sur des sites pétroliers russes en 2025

L'Ukraine a effectué presque 160 frappes réussies contre des sites pétroliers russes depuis le début de l'année, a indiqué vendredi le chef du service de sécurité ukrainien (SBU). "Depuis le début de l'année, il y a eu presque 160 attaques réussies contre des installations d'extraction et de raffinage du pétrole" russes, a déclaré le général Vassyl Maliouk à des journalistes dont l'AFP.

Ces derniers mois, Kiev a mené de multiples frappes de drones sur des raffineries de pétrole en Russie, entraînant une hausse du prix de l'essence dans le pays. S'exprimant à la presse, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait estimé lundi que la Russie avait perdu plus de 20% de ses capacités de raffinage de pétrole à cause de ces attaques.

Vendredi, le chef du SBU, Vassyl Maliouk, a également affirmé que les services de renseignement ukrainiens, durant une opération conjointe avec d'autres forces ukrainiennes, avaient détruit il y a plus d'un an un missile balistique à portée intermédiaire russe Orechnik, lors d'une frappe sur le site de lancement de Kapoustine Iar, dans la région russe d'Astrakhan (sud-ouest). L'AFP n'est pas en mesure de confirmer cette affirmation de source indépendante.

Un porte-parole du SBU a affirmé à l'AFP que le missile avait été détruit "dans un hangar", dans la nuit du 8 au 9 juillet 2024, alors qu'il était "presque prêt" à être lancé.

A l'époque, des médias russes avaient rapporté des attaques de drones dans ce secteur et les autorités locales avaient affirmé que plus d'une vingtaine d'appareils ennemis avaient été abattus. En août 2025, le président Vladimir Poutine avait lui annoncé que Moscou avait lancé la production en série de l'Orechnik, une arme hypersonique de dernière génération capable de porter une charge nucléaire.

En novembre 2024, la Russie avait utilisé pour la première fois cet engin, sans charge nucléaire, pour frapper une usine militaire dans la ville de Dnipro, dans le centre de l'Ukraine.

L'Ukraine appelle l'UE à renforcer les droits de douane sur les importations russes

Kiev a appelé vendredi l'Union européenne à augmenter ses droits de douane sur les importations de produits russes n'étant pas encore soumis à des sanctions prises par Bruxelles depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine. "Si des produits ne sont pas visés par des sanctions (européennes), nous allons soulever la question de l'imposition de droits de douane", a déclaré Andriï Sybiga, chef de la diplomatie ukrainienne.

Selon lui, une telle manoeuvre pourrait permettre à l'UE de contourner l'opposition de la Hongrie et de la Slovaquie qui menacent de bloquer l'extension de sanctions contre Moscou. "Nous allons y travailler avec nos partenaires européens", a indiqué M. Sybiga lors d'un point presse conjoint avec le président Volodymyr Zelensky.

L'UE a déjà augmenté les droits de douane sur certaines marchandises russes, notamment les produits agricoles et les engrais, dans le cadre de ses paquets de sanctions contre Moscou après le début de l'invasion en 2022. Mais les sanctions nécessitent l'accord de tous les membres de l'UE, y compris Budapest et Bratislava.

En revanche, l'imposition de droits de douane ne nécessite que "la majorité qualifiée" de l'UE (au moins 15 membres de l'UE représentant ensemble au moins 65 % de la population totale du Bloc, NDLR), a souligné M. Sybiga. Selon lui, l'augmentation des tarifs douaniers de l'UE sur certains produits russes serait donc "l'un des moyens de renforcer les sanctions" européennes en évitant de possibles blocages de membres des 27.

Les marchandises russes sont soumises à des droits de douane de l'UE produit par produit, qui peuvent varier considérablement. Les importations de produits russes dans l'UE ont chuté de 62,7 milliards d'euros au premier trimestre 2022, avant le début de l'invasion, à 6,98 milliards d'euros au deuxième trimestre 2025, soit une baisse de 89%, selon les statistiques officielles européennes.

L'Ukraine remet un captif Russe à la Lituanie pour un procès pour crimes de guerre

L'Ukraine a remis à la Lituanie un militaire russe capturé par ses forces armées, afin qu'il y soit jugé pour crimes de guerre, a annoncé le parquet ukrainien vendredi 31 octobre. "Pour la première fois depuis le début de l’agression à grande échelle, l’Ukraine a remis un militaire russe à un État étranger, la Lituanie, afin qu’il soit poursuivi pour crimes de guerre", a déclaré le procureur général d’Ukraine Rouslan Kravtchenko sur les réseaux sociaux, qualifiant l’événement d’"historique pour la justice". "C’est un signal clair adressé à tous les criminels de guerre : vous ne pourrez vous soustraire à la justice dans aucun pays du monde libre. Justice sera faite", a-t-il poursuivit.

Le suspect, un officier haut gradé de la marine russe, est accusé de "détention illégale, torture et traitement inhumain des civils et prisonniers de guerre", notamment contre un citoyen lituanien, selon le procureur général. Le procureur détaille "des coups, des tortures par électrochocs, des suffocations, l’enfermement de personnes dans des coffres métalliques".

Le parquet lituanien l’accuse d’avoir, avec d'autres militaires de son unité, organisé un "camp" dans la ville ukrainienne de Melitopol, occupée par Moscou dès les premiers jours de son invasion de l’Ukraine en 2022, dans lequel "des civils et des prisonniers de guerre, dont un citoyen de la République de Lituanie, ont été détenus illégalement, torturés et humiliés".

Le suspect a été capturé par les forces de Kiev en août 2023 dans la région de Zaporijjia (sud), près du village de Robotyné, peut-on lire dans le communiqué. Selon le parquet de Vilnius, le suspect a été transféré en Lituanie mardi avant d’être placé en détention provisoire jeudi pour une période de trois mois. Il a été inculpé en Lituanie pour "crimes de guerre, torture, privation illégale de liberté et violations des Conventions de Genève" et risque la prison à perpétuité.

© afp.com/JOHN THYS

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky fait une déclaration à la presse à son arrivée au sommet des dirigeants de l'Union européenne à Bruxelles, le 23 octobre 2025

Gaza : ce rapport qui pointe l’indulgence des Etats-Unis face aux potentiels crimes de l’armée israélienne

31 octobre 2025 à 13:27

Quelques semaines après le cessez-le-feu signé entre Israël et le Hamas, un rapport américain dévoilé par le Washington Post fait état de "plusieurs centaines" de violations potentielles des droits de l’homme à Gaza par l’armée israélienne lors de la guerre… qui pourraient justifier un arrêt de l’aide des Etats-Unis à leur allié.

Les officiels interrogés par le quotidien doutent toutefois du fait qu’Israël ne doive un jour rendre des comptes aux Etats-Unis sur ces actions, en raison de la longueur du processus d’examen et du statut particulier dont bénéficie le pays du Proche-Orient dans ce contexte.

Un ensemble de lois américaines comme base juridique

Le Washington Post eu accès à un rapport classifié d’un organisme de surveillance du gouvernement américain (Office of Inspector General) portant sur les actions de l’armée israélienne, qui bénéficie de l’aide des forces américaines.

Le lien juridique entre les actions d’Israël dans la bande de Gaza depuis les attaques du 7 octobre et l’intervention des Etats-Unis réside dans les lois dites "Leahy Laws", du nom du sénateur qui les a portées devant le Congrès dans les années 1990. Celles-ci interdisent au département d’Etat et au département de la Défense "d’utiliser des fonds pour apporter une assistance à des unités de forces de sécurité étrangères lorsqu’il existe des informations crédibles impliquant ces unités dans la commission de violations graves des droits humains", indique la page Internet du Département d’Etat américain (l’équivalent du ministère des Affaires étrangères en France). Il s’agit par exemple d’actes de torture, d’exécutions extrajudiciaires ou de disparitions forcées, précise le texte. En décembre 2024, plusieurs Palestiniens et Palestino-américains avaient déposé une plainte devant la justice américaine, accusant l’administration Biden de ne pas appliquer cette loi à Israël malgré les accusations d’exactions à Gaza, selon le Guardian.

La campagne militaire menée par Israël pendant deux ans à Gaza a mis ces textes de loi à l’épreuve, puisque les Etats-Unis fournissent au moins 3,8 milliards de dollars (environ 3,28 milliards d’euros) d’aide militaire à Israël chaque année. D’après un rapport du Congrès américain, en cumulé, Israël est le plus important récipiendaire d’aide américaine depuis la Seconde Guerre mondiale.

Malgré l’existence des Leahy Laws, de nombreux événements qui ont eu lieu dans la bande de Gaza depuis 2023 attendent encore d’être examinés. Comme la mort des collaborateurs de l’ONG World Central Kitchen en avril 2024, ou encore celle de plus de 100 Palestiniens regroupés à côté de camions d’aide humanitaire en février 2024, selon les autorités palestiniennes. L’administration Biden avait signalé ces deux cas au Congrès, indiquant que les Etats-Unis n’avaient pas encore rendu de "conclusions définitives" sur la question de l’utilisation d’armes américaines dans ces frappes.

"Des années" pour étudier les accusations envers Israël

Le rapport examine également la façon dont les violations potentielles des droits de l’homme par les pays auxquels les Etats-Unis portent assistance sont étudiées. Et décrit comment un "processus bureaucratique sur-mesure" mis en place par les administrations démocrates et républicaines successives avantage Israël par rapport aux autres pays accusés des mêmes faits. Dans le cas d’Israël, le protocole fait appel à des officiels plus haut placés et dure plus longtemps que pour les autres pays. Quand "une simple objection d’un officiel" suffit à suspendre l’aide militaire pour ces derniers, pour l’Etat hébreu, il faut qu’un groupe de travail composé notamment de l’ambassade américaine à Jérusalem parvienne à un accord. Ce groupe peut ensuite déclarer une entité "inéligible" à l’aide américaine, une décision qui doit être approuvée par le département d’Etat américain.

Résultat : jusqu’ici, les Etats-Unis n’ont jamais gelé une quelconque aide militaire à leur allié israélien, "malgré des preuves claires", selon un ancien officiel du Département d’Etat interrogé par le Washington Post. Les multiples violations potentielles des droits de l’homme au regard du droit américain par Israël pourraient donc mettre "des années" à être étudiées, selon les sources du quotidien, et même être oubliées.

Reste que ce rapport est le tout premier du gouvernement américain à reconnaître l’ampleur des actions de l’armée israéliennes qui pourraient tomber sous le coup de la loi américaine. Sa publication intervient alors que Donald Trump est en guerre contre les instances indépendantes de supervision de la bureaucratie américaine, puisqu’il a remercié 17 inspecteurs généraux depuis son retour à la Maison-Blanche. Ces organes de contrôle seraient, selon le président américain, "injustes". Pourtant, selon les informations du journal, ces instances sont justement en train de réunir des preuves sur le vol d’aide humanitaire par le Hamas à Gaza. Un sujet pourtant porté par l’administration Trump.

© afp.com/Sharon ARONOWICZ

L'aide américaine à l'armée israélienne pourrait être gelée sous le coup d'une loi des années 1990 empêchant les Etats-Unis d'aider militairement un pays violant les droits de l'homme.

"Entre Xi et Trump, l’escalade commerciale pourrait reprendre" : le constat sans appel d’Alice Ekman

31 octobre 2025 à 12:00

Une trêve d’un an… Reconductible. Les marchés financiers ont (un peu) soufflé, à l’issue de la rencontre à haut risque entre Donald Trump et Xi Jinping, ce 30 octobre à Busan (Corée du Sud). Au terme d’un tête-à-tête qualifié "d’extraordinaire" par le président américain, les deux dirigeants se sont entendus pour apaiser leur conflit commercial, six ans après leur dernière rencontre. C’était au sommet du G20 à Osaka (Japon) et déjà, Chine et États-Unis se livraient une guerre économique intense. Ce 30 octobre, plusieurs accords ont été trouvés – sur les terres rares, le soja ou les droits de douane liés au Fentanyl.

Mais "rien de formel n’a été signé", rappelle Alice Ekman. Pour cette spécialiste de la Chine, directrice de la recherche de l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne et auteure de Dernier vol pour Pékin (réédition Champs/Flammarion, 2024), cette rencontre n’est qu’une étape. Et elle n’atténue en rien la rivalité sino-américaine, qui dépasse largement le cadre commercial ou technologique.

L’Express : A l’issue de cette rencontre, Donald Trump a déclaré : "Sur une échelle de 1 à 10, nous sommes à 12." Partagez-vous cet optimisme ?

Alice Ekman : Non, ce n’est assurément pas une rencontre historique, mais une étape, parmi d’autres, en vue d’un éventuel accord. Pour l’heure, chaque partie peut se prévaloir de succès relatifs – comme le soulignent les comptes rendus américains et chinois, très différents dans leur ton et leur contenu. Cette réunion marque une pause dans l’escalade commerciale, mais celle-ci pourrait reprendre.

De manière générale, à chaque fois que les dirigeants américains et chinois se voient, on guette l’avènement de la fin de la guerre commerciale, mais celui-ci ne se matérialise finalement pas ! De toute façon, même s’il survenait, la rivalité sino-américaine perdurerait, car elle dépasse largement le cadre commercial ou technologique.

Plusieurs sujets importants n’ont pas été abordés, tel l’achat, par la Chine, de pétrole russe, ou Taïwan. Pourtant, ce n’était pas un manque de temps. La rencontre, qui devait durer 4 heures, s’est achevée au bout d’une heure quarante…

Oui, cette rencontre ne marque finalement que la reconduction de la trêve commerciale, qui devait expirer le 10 novembre. Non seulement il n’y a pas eu d’accord formel, mais les sujets les plus sensibles n’ont pas été évoqués. Les Etats-Unis et la Chine ont provisoirement réussi à échanger en "silo" - c’est-à-dire à séparer les questions commerciales et technologiques des grands enjeux militaires et géostratégiques (divergences sur l’Ukraine et sur Taïwan, entre autres). Pour le moment. Car ces questions sont étroitement liées et les dirigeants ne pourront plus les reléguer au second plan lors de leur prochaine rencontre. La rivalité idéologique demeure par ailleurs très forte entre les deux pays, quel que soit le président américain en place, et elle pourrait revenir sur le devant de la scène. On se souvient des échanges très tendus sur les prétendues failles de l’Amérique, de son système politique, vigoureusement pointés du doigt par la diplomatie chinoise lors du sommet d’Anchorage en Alaska en mars 2021, peu de temps après l’élection de Joe Biden. La Chine souhaitait clairement "faire la leçon" aux Etats-Unis. Cette volonté demeure.

Quelles seront les prochaines étapes ?

La visite de Donald Trump en avril 2026 pourrait mener à un accord commercial formel, et éventuellement substantiel. Mais rappelons-nous de l’accord dit de "phase 1" ("phase 1 deal") de janvier 2020, lors du premier mandat présidentiel de Donald Trump. Les objectifs de l’accord n’avaient pas été atteints, dans un contexte de crise de Covid-19 – la Chine n’avait finalement pas acheté les 200 milliards de dollars de produits américains supplémentaires, contrairement à ses engagements.

Quelles conséquences cette rencontre du 30 octobre peut-elle avoir sur l’Europe ?

Si une "phase 2 deal" était signée entre Pékin et Washington courant 2026, et les engagements respectés, cela pourrait avoir des conséquences négatives pour l’Europe, notamment si un engagement d’achat de produits américains par la Chine se faisait à terme au détriment des produits européens. En parallèle, les pressions commerciales américaines sur l’Union européenne pourraient s’intensifier.

Idéalement, les Etats-Unis devraient tenir l’Union européenne informée de son plan d’action vis-à-vis de la Chine, pas uniquement par élégance vis-à-vis de ses alliés – attente qui semble irréaliste alors que Donald Trump est président –, mais parce que Washington et Bruxelles ont intérêt à faire front commun pour mieux défendre leurs intérêts vis-à-vis de Pékin, et être davantage en position de force dans les négociations. Une relative convergence transatlantique sur la stratégie à adopter vis-à-vis de la Chine ferait sens, mais cela semble difficilement atteignable dans le contexte actuel. Les tensions entre les Etats-Unis et l’Europe, si elles perdurent, risque d’avoir un impact durable et particulièrement défavorable autant pour l’un que pour l’autre et de modifier les rapports de force mondiaux, alors que, de son côté, la Chine parvient à faire rapidement émerger une coalition de pays ouvertement antioccidentaux, qui coopèrent et se coordonnent de plus en plus efficacement.

> Alice Ekman sera l’invitée des Jeudis de L’Express le 13 novembre prochain à 12h00.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS, SUO TAKEKUMA

Portraits des présidents américain Donald Trump et chinois Xi Jinping

Reprise des essais nucléaires : l’annonce floue de Donald Trump inquiète le reste du monde

31 octobre 2025 à 11:13

L’annonce surprise de Donald Trump, qui prétend vouloir reprendre les essais d’armes nucléaires, continue ce vendredi 31 octobre de susciter inquiétude et protestations dans le monde entier, sans même qu’ait été éclairci le sens réel de ses déclarations.

Des survivants japonais des bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki en août 1945, uniques occurrences de l’usage de l’arme suprême et symbole depuis du tabou militaire absolu, se sont joints à moult protestations diplomatiques. La directive du président républicain "va à l’encontre des efforts déployés par les nations du monde entier pour construire un monde pacifique sans arme nucléaire et est absolument inacceptable", a dénoncé l’organisation Nihon Hidankyo, dans une lettre à l’ambassade des Etats-Unis au Japon.

Le maire de Nagasaki, Shiro Suzuki, a pour sa part regretté que l’ordre présidentiel "piétine les efforts des peuples […] qui ont versé sang et larmes pour un monde" dénucléarisé.

Jeudi, Donald Trump a annoncé vouloir tester les armes nucléaires américaines, laissant planer le doute - à dessein ou non - sur son propos : test d’explosion d’ogives nucléaires, ou essai d’armement capables de les transporter ? "En raison des programmes d’essais menés par d’autres pays, j’ai demandé au ministère (de la Défense) de commencer à tester nos armes nucléaires sur un pied d’égalité" avec la Russie et la Chine, a-t-il déclaré sur son réseau Truth Social.

Or, nul pays n’a procédé à un essai nucléaire depuis trois décennies - à l’exception de la Corée du Nord (à six reprises entre 2006 et 2017). En revanche, de nombreuses puissances, Etats-Unis en tête, effectuent régulièrement des tests de vecteurs - missiles, sous-marins, avions de chasse ou autres.

"Sous aucune circonstance"

L’Iran, accusé par les Occidentaux et Israël de développer l’arme atomique malgré ses démentis, a jugé que les Etats-Unis faisaient porter "le risque de prolifération le plus dangereux au monde". L’annonce du président américain "est une mesure régressive et irresponsable" et une "menace grave pour la paix et la sécurité internationales", a déclaré sur X le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi. "Le monde doit s’unir pour demander des comptes aux États-Unis".

Dans un contexte géopolitique incandescent, et alors que la rhétorique nucléaire revient périodiquement au premier plan depuis l’invasion russe en Ukraine, en février 2022, Donald Trump a versé de l’huile sur le feu.

Les essais nucléaires "ne doivent jamais être permis, sous aucune circonstance", a déclaré un porte-parole de l'ONU. "Nous ne devons pas oublier l’héritage désastreux des plus de 2 000 essais nucléaires menés ces 80 dernières années", a ajouté Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Jeudi, le vice-président américain J.D. Vance a appuyé les propos du chef de l’Etat, arguant de la nécessité de s’assurer que l’arsenal nucléaire national "était en état de marche et fonctionnait bien". "Pour être clair, nous savons qu’il fonctionne proprement, mais vous devez veiller à cela au fil du temps", a-t-il ajouté à propos de l’arsenal américain. Ce vendredi matin, depuis la Malaisie, c'est le ministre américain de la Défense Pete Hegseth qui a assuré qu'il était "très responsable", de la part des Etats-Unis, de "reprendre des essais" d'armes nucléaires : "Le Président a été clair, nous devons avoir une dissuasion nucléaire crédible", a-t-il fait valoir.

Obligations internationales

Reste que Washington est signataire du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (Tice). Faire exploser des ogives en constituerait une violation flagrante.

La décision de Donald Trump a semblé répondre aux manœuvres récentes de la Russie : cette semaine, le président russe Vladimir Poutine s’est félicité de l’essai final réussi d’un missile de croisière d'"une portée illimitée", puis de celui d’un drone sous-marin. Mais le Kremlin a jugé bon jeudi de préciser qu’il s’agissait bien d’essais d’armes capables de porter une ogive nucléaire et non de bombes elles-mêmes. "Nous espérons que le président Trump en a été informé correctement", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Pékin, pour sa part, a émis le souhait que Washington respecte "sérieusement" ses obligations internationales et prenne "des mesures concrètes pour préserver le système mondial de désarmement et de non-prolifération nucléaires".

Washington et Moscou restent liés en principe par le traité de désarmement New Start, qui limite chaque partie à 1 550 ogives stratégiques offensives déployées et prévoit un mécanisme de vérifications, interrompues depuis deux ans. Le traité doit expirer en février.

A tout le moins, Donald Trump n’a semblé nullement ébranlé par les protestations qu’il a provoquées. Evoquant le blocage budgétaire qui paralyse actuellement son administration, il a réclamé un changement du règlement du Sénat pour sortir de l’impasse. "Il est temps pour les républicains de jouer leur 'CARTE TRUMP' et de mettre en œuvre ce qu’on appelle l’Option Nucléaire ", a-t-il écrit sur son Truth Social, comme une énième provocation.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Le président américain Donald Trump descend d'Air Force One à son arrivée à la base militaire Joint Base Andrews, dans le Maryland, près de Washington, aux Etats-Unis, le 30 octobre 2025

Les cinq coups de Donald Trump qui ont assommé l’Europe

31 octobre 2025 à 07:45

Alors que Donald Trump fête, le 5 novembre, le premier anniversaire de sa réélection à la Maison-Blanche, l’Europe en est toujours à se demander avec angoisse comment elle pourrait assumer seule son destin. Cinq dossiers géopolitiques de première importance disent le désarroi dans lequel les menées brutales du président américain ont plongé les dirigeants du Vieux Continent.

1. L’Ukraine

Depuis que Trump a stoppé les financements américains en faveur de Kiev, aider la nation ukrainienne à résister à l’agression russe est devenu un objectif vital pour la grande majorité des chefs d’Etat et de gouvernement européens. Ils s’en montrent pourtant bien peu capables. Une tentative de gager l’aide sur les avoirs russes gelés en Europe, discutée au Conseil européen du 23 octobre, a tourné court suite aux objections juridiques (fondées) de la Belgique. Or, les caisses de Kiev seront vides dès le début 2026.

2. La garantie de sécurité américaine

La rhétorique anti-européenne de l’administration Trump terrifie nombre de dirigeants de ce côté-ci de l’Atlantique, alors que la menace russe s’accentue. A plusieurs reprises, Washington a évoqué le projet d’une réduction des troupes américaines déployées en Europe. Les plans de l’Otan prévoient qu’en cas de coup dur, les 100 000 militaires américains présents (dont la moitié en Allemagne) seraient renforcés par 200 000 hommes supplémentaires. Ces plans pourraient bien être obsolètes. Sans compter le parapluie nucléaire américain, de plus en plus sujet à caution.

3. Le Proche-Orient

Trump discute de l’avenir de la bande de Gaza avec l’Arabie saoudite, le Qatar ou la Turquie… mais pas avec la France, l’Allemagne ou le Royaume-Uni. Sur une question géopolitique qui impacte directement leur sécurité, les Européens sont traités comme quantité négligeable. En termes de poids politique, il n’a pas servi à grand-chose que l’UE ait été, depuis des années, le principal financier de l’Autorité palestinienne. Même chose au sujet de l’Iran : Trump n’a pas pris la peine de prévenir ses "alliés" européens lorsqu’il a fait bombarder, le 21 juin, trois sites liés au programme iranien de fabrication de la bombe atomique.

4. Le commerce

Les Européens ont renoncé en août à déclencher des représailles aux droits de douane de 15 % que Trump leur a imposés de manière unilatérale. Conscients de leur faiblesse militaire, ils espéraient alors qu’en échange de leur docilité, le président américain soutiendrait l’Ukraine. Le compte n’y est pas, et le "deal" apparaît clairement pour ce qu’il est : un tribut payé par un vassal à son suzerain, pour une protection qui n’est même plus garantie.

5. Le Groenland

Même s’il a mis une sourdine à ses revendications, Trump n’a pas renoncé à ses visées sur ce territoire qui appartient au royaume du Danemark et dont l’annexion constituerait une violation gravissime de la souveraineté européenne. Or, les marques de soutien à Copenhague ont été rares et mesurées, à part celles émanant des voisins nordiques de Copenhague et aussi, de manière remarquable, de la France, par la voix d’Emmanuel Macron. Beaucoup de responsables européens préfèrent se taire, pour ne pas s’attirer les foudres de Trump. Raser les murs ne fera pas avancer l’autonomie stratégique européenne.

L’ordre du jour de l’administration Trump percute tout ce que l’Europe incarne. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les démocraties européennes ont pris pour boussole commune le respect du droit et la quête du consensus plutôt que le règne de la force et de l’intimidation. Elles ne savent pas comment réagir quand la démocratie américaine, leur modèle et protecteur, jette aux orties le cadre international patiemment construit depuis 1945.

Trump poursuit des flirts poussés avec les autocrates de la planète, du moins les plus puissants d’entre eux. Il ménage Xi Jinping et Vladimir Poutine ; il courtise le nord-coréen Kim Jong-un, qui possède l’arme nucléaire. Tout se passe comme s’il aspirait à un monde divisé en trois grandes zones d’influence, autour des Etats-Unis dans le monde anglophone et latino-américain, de la Chine en Asie orientale et de la Russie au cœur de l’Eurasie. Un monde qui ne laisserait aucune place à une Europe unie et attachée à ses valeurs démocratiques ; un monde que l’historien grec Thucydide décrivait-il y a déjà plus de deux millénaires, celui où "les forts font ce qu’ils peuvent et les faibles subissent ce qu’ils doivent".

© afp.com/Ludovic MARIN

Le président américain Donald Trump (d) et son homologue français Emmanuel Macron à l'issue d'une conférence de presse conjointe à la Maison Blanche, le 24 février 2025 à Washington
Reçu avant avant-hier L'Express

Reprise des tests nucléaires : les trois interprétations possibles des annonces de Donald Trump

30 octobre 2025 à 19:48

C'est une rhétorique qui a fait son retour dans la diplomatie mondiale depuis le début de l'invasion russe en Ukraine en février 2022. Brandie d'abord par Vladimir Poutine - qui s'est félicité dimanche de l'essai final réussi du missile de croisière Bourevestnik -, puis pas plus tard que ce jeudi 30 octobre, par Donald Trump - qui a été jusqu'à ordonner à son ministère de la défense de "commencer à tester" les armes nucléaires américaines.

S'il se matérialisait, ce scénario signerait une rupture avec l'interruption en vigueur depuis plus de trente ans. Mais pour Donald Trump, elle est justifiée compte tenu des agissements de la Chine et de la Russie, qui selon lui procéderaient "apparemment tous à des essais nucléaires". "S'ils font des essais, j'imagine qu'on doit en faire", a-t-il déclaré, sous l'oeil circonspect des experts, qui fournissent trois grilles de lecture possibles de ces dernières annonces.

Répondre aux tests russes

Première interprétation possible : Donald Trump pourrait faire référence aux essais de systèmes qui transportent les ogives - comme ceux que teste en ce moment Vladimir Poutine - et non aux essais d'ogives eux-mêmes. C'est en tous cas ce qu'a été tenté de penser, de prime abord, l'ancien directeur du centre de non-prolifération de l'Otan William Alberque, cité par l'AFP.

Une hypothèse qui aurait une portée limitée car les Etats-Unis, à l'instar de toutes les puissances nucléaires, testent déjà leurs armes. Il y a quelques semaines par exemple, les Etats-Unis ont tiré une volée de quatre Trident, les missiles balistiques mer-sol tirés à partir de sous-marins nucléaires lanceur d'engins. Mais d'autres déclarations à la presse poussent les experts à envisager d'autres possibilités.

Effectuer des tests "sous-critiques"

Alors que les ogives nucléaires sont régies par un traité, le TICE (traité d'interdiction complète des essais nucléaires), qui interdisent les essais nucléaires au-delà d'un certain dégagement d'énergie, la Chine et la Russie procéderaient à des tests "sous-critiques" respectant la limite mais s'en rapprochant.

De leur côté, "les Etats-Unis procèdent à des tests sous-critiques plus restrictifs, sans aucun dégagement d'énergie, aucune chaleur, aucune réaction critique", analyse auprès de l'AFP, Héloïse Fayet, chercheuse sur la dissuasion à l'Institut français des relations internationales (IFRI). Donald Trump pourrait à présent exiger de se mettre à niveau, "mais c'est un sujet extrêmement compliqué et je ne sais pas s'il entre dans ce degré de subtilité", juge-t-elle.

Reprise réelle des tests

Enfin, dernière hypothèse, maximaliste : la reprise des tests proprement dits. Si une grande partie des trumpistes y sont favorables, l'intérêt stratégique serait limité pour Washington, qui dispose déjà, comme les autres puissances nucléaires, d'un programme de simulation efficace. "Le seul intérêt serait politique", fait valoir Héloïse Fayet.

En mettant à exécution cette menace, Donald Trump pourrait tenter de pousser les Russes et les Chinois à la table des négociations, afin d'obtenir un accord tripartite de contrôle des armements. Et ce dans un contexte où l'architecture internationale sur la prolifération nucléaire tend à devenir obsolète. Le dernier accord liant Moscou et Washington, New Start, arrive à expiration en février, comme le rappelle Conflits.

Risque de retour de bâton

Certains spécialistes notent toutefois que ces essais pourraient se retourner contre les Etats-Unis. "Ce serait faire un cadeau à la Russie et à la Chine, qui développent de nouveaux types d'armes nucléaires et tireraient profit de la reprise des essais", analyse dans les colonnes du Wall Street Journal un ancien conseiller du président Bill Clinton, expert en armes de destruction massive.

Reste que ces dernières déclarations n'ont pas été du goût de Pékin, qui a appelé Washington à respecter "sérieusement" les obligations du TICE. D'autant que les Etats-Unis, dont le dernier essai remonte aux années 1990, se sont depuis engagés, comme la Russie et la Chine, à observer un moratoire sur les essais nucléaires souterrains.

© afp.com/COLIN MURTY

Le sous-marin nucléaire d'attaque rapide USS Minnesota de la marine américaine, de classe Virginia, navigue au large des côtes de l'Australie occidentale, le 16 mars 2025

Rob Jetten, l’homme qui dompte l’extrême droite aux Pays-Bas (et qui peut inspirer l’Europe)

30 octobre 2025 à 19:00

Peu l’avaient vu venir, mais ce passionné de course à pied a tout donné dans le sprint final. Vainqueur avec son parti centriste des élections législatives néerlandaises, selon les résultats encore provisoires, Rob Jetten a réussi l’exploit de devancer (d’une courte tête, quelques milliers de voix seulement) le Parti pour la liberté (PVV) du tribun d’extrême droite Geert Wilders. Il a toutes les chances de devenir le prochain Premier ministre, s’il parvient à former une coalition ce qui, même pour un athlète comme lui, peut prendre quelques mois aux Pays-Bas.

Libéral, européiste et pragmatique, le nouveau champion de la politique néerlandaise se voit comme un modèle à suivre par tous ceux qui veulent enrayer l’essor des forces populistes en Europe et ailleurs. "C’est un résultat électoral historique parce que nous avons montré, pas seulement aux Pays-Bas mais aussi au monde entier, qu’il était possible de battre les mouvements populistes et d’extrême droite", a-t-il lancé à ses partisans en liesse. "Des millions d’électeurs néerlandais ont tourné la page Wilders et dit adieu à la politique de la négativité et de la haine". Il entend renouer avec le cours traditionnellement pro-européen des Pays-Bas. "La situation de l’Europe sera désastreuse si nous ne renforçons pas l’intégration" entre les États membres, dit-il.

Le parti D66 de Jetten obtiendrait 26 élus sur les 150 députés de la chambre basse (Tweede Kamer) du Parlement, selon les projections (le résultat final des élections n’est pas attendu avant le 7 novembre). Il en aurait ainsi autant que le PVV de Wilders. Mais là où D66 triple presque son score (il n’avait que 9 élus dans la chambre sortante), le PVV en perd un tiers. À 38 ans, Jetten pourrait devenir le plus jeune chef de gouvernement de l’histoire néerlandaise. Le premier, aussi, à afficher sans complexe son homosexualité. Son compagnon est un joueur de hockey argentin qu’il a rencontré en faisant ses courses dans un supermarché.

L’attitude positive

À son programme politique, Jetten a inscrit l’accélération de la construction de logements (il en manque 400 000 dans le pays) avec la création de 10 villes nouvelles. En septembre, les sondages ne lui promettaient que 11 sièges. Il en a finalement obtenu plus du double. Sa recette ? Ce qu’il appelle l’attitude positive, c’est-à-dire la mise en avant de ce qui marche (la dette maîtrisée, l’économie qui fonctionne, le chômage bas…) plutôt que ce qui ne va pas (notamment les difficultés d’intégration des immigrés musulmans). L’inclusion, plutôt que la division. "Je suis le seul candidat positif, alors que Wilders est celui de la destruction", proclame-t-il.

Sa tactique ? Le heurt frontal avec l’extrême droite. Tout au long de sa campagne, il a présenté le scrutin comme un duel entre lui-même et Geert Wilders, le grand vainqueur des législatives précédentes il y a deux ans. Le PVV avait alors participé à une coalition gouvernementale focalisée sur la lutte contre les abus du système d’asile. Mais Wilders lui a retiré son soutien au début de l’été en reprochant à ses partenaires de ne pas être suffisamment déterminés. En provoquant des élections anticipées, l’homme aux cheveux blonds peroxydés espérait être en mesure de briguer le poste de chef du gouvernement, ce que les sondages lui laissaient entrevoir. Les électeurs en ont décidé autrement.

Rob Jetten date son entrée en politique du jour de l’assassinat par un islamiste fanatique, le 2 novembre 2004 à Amsterdam, du réalisateur de cinéma Theo van Gogh, l’arrière petit-neveu du peintre. Van Gogh avait déclenché une polémique avec un court-métrage, "Soumission", qui critiquait la place congrue réservée aux femmes dans l’islam. A l’annonce de son assassinat, des jeunes de l’équipe de football dans laquelle jouait Rob Jetten s’en prennent à une école primaire fréquentée par des enfants turcs. Lui cherche à s’interposer. Il a alors 17 ans. "J’avais toujours été intéressé par la politique mais c’est là que j’ai pris conscience, pour la première fois, que si on n’est pas d’accord avec quelque chose, il faut agir".

A 23 ans, Rob Jetten se fait élire au conseil municipal de Nimègue, en 2010. Sept ans plus tard, il est élu à la Tweede Kamer, où il devient chef du groupe parlementaire D66. En 2022, il fait son entrée au gouvernement de Mark Rutte, comme ministre du Climat et de l’Énergie. En 2024, il est brièvement ministre des Finances par intérim. Il entend désormais constituer une coalition de "forces positives et regardant vers l’avenir". Pour commander une majorité parlementaire, il aura besoin de trouver au moins trois partenaires, qui pourraient être les chrétiens-démocrates centristes du CDA, l’alliance entre travaillistes et écologistes (gauche) et le Parti populaire (VVD, centre droit) anciennement dirigé par Mark Rutte. Jetten devra faire preuve de patience : il est peu probable que son gouvernement, s’il parvient à le constituer, voit le jour avant le début de l’an prochain. En 2023, il avait fallu 7 mois.

© afp.com/Lina Selg

Le chef du parti centriste néerlandais D66, Rob Jetten, le 18 octobre 2025, à Leiden, aux Pays-Bas

Giorgia Meloni s'acharne à construire un pont, quitte à enjamber les règles de l'Otan

30 octobre 2025 à 18:51

Mercredi 29 octobre, la Cour des comptes italienne a rejeté le projet du gouvernement de relier la Sicile à la péninsule par un pont suspendu, dont la construction est évaluée à 13,5 milliards d’euros. Une décision vertement condamnée par l’exécutif de Giorgia Meloni, qui y perçoit une "ingérence des juges". Mais l’ambition de la cheffe du gouvernement d’extrême droite dépasse la simple question architecturale. Derrière ce pont pharaonique se cache un vieux rêve italien, hérité de l’Antiquité, et régulièrement ravivé par la droite, sous des prétextes différents. Aujourd’hui, c’est l’angle militaire que le gouvernement a choisi pour justifier son projet dispendieux.

Un serpent de mer italien

L’idée de relier la Sicile au continent à travers le détroit de Messine ne date pas d'hier. Et le gouvernement n’hésite pas à s'en revendiquer : "Nous avons attendu un siècle, nous attendrons un siècle et deux mois", avait déclaré le vice-Premier ministre, Matteo Salvini, après la décision de la Cour. Dès l’Antiquité, selon le Romain Pline l’Ancien, des barques et des tonneaux attachés entre eux auraient formé une passerelle permettant de transporter éléphants et marchandises depuis l'île.

Le projet s'ancre véritablement dans la politique au XIXe siècle, lors de l’unification du pays, puis est repris par Benito Mussolini dans les années 1940, dans le cadre de son projet impérial. En 1971, un premier projet de loi pour sa construction se solde en échec. Dans les années 2000, c’est au tour de Silvio Berlusconi, alors Premier ministre, de le remettre sur la table. Nouvel échec.

Mais dans l’opposition, le marronnier n’emballe pas. Si officiellement, le pont de Messine aurait pour objectif de stimuler le développement économique en Sicile, les nombreux naufrages qu’a connu le projet ont poussé Giorgia Meloni et son gouvernement à adopter une nouvelle stratégie de communication pour permettre son approbation : le présenter comme une infrastructure militaire.

Alors que la gauche et plusieurs mouvements locaux restent hostiles au chantier, l'argument militaire agace plus qu’il ne séduit. Selon Politico, un eurodéputé de la gauche italienne populiste a dénoncé : "C’est se moquer des citoyens et des engagements pris auprès de l’Otan. Je doute que ce bluff du gouvernement soit accepté". Et d'ajouter : "Le gouvernement devrait s’arrêter et éviter de se ridiculiser au niveau international, ce qui couvrirait l’Italie de ridicule".

Un camouflage militaire

Pourquoi alors donner des allures militaires à un pont civil ? Selon Politico, un responsable du Trésor italien aurait suggéré que classer le pont comme projet de défense permettrait au gouvernement de contourner certains des obstacles économiques et techniques : le coût pharaonique, la difficulté de construire dans cette zone sismique et la nécessité de déplacer les populations pendant les travaux.

Surtout, ériger le pont de Messine en investissement pour l’armée italienne, permettrait à Rome de booster ses dépenses militaires et le pays en a bien besoin. En 2024, l’Italie n’y a consacré que 1,49 % de son PIB, loin du seuil des 2 % fixés par l’Otan - un objectif que l'Alliance souhaite porter à 5 % d’ici 2035. L’Italie qui fait partie des pire élèves de l’alliance transatlantique serait soulagée d’un poids si elle pouvait ajouter les 13,5 milliards d’euros nécessaires à la construction du pont dans ses comptes.

D’autant plus que l’idée n’est pas complètement tirée par les cheveux. Techniquement, 1,5 % des 5 % demandés par l’Otan peuvent être consacrés à des "innovations" plus larges, dont les infrastructures militaires. Dans un rapport publié en avril, les autorités italiennes affirmaient que "le pont du détroit de Messine constitue une infrastructure fondamentale en ce qui concerne la mobilité militaire, compte tenu de la présence d’importantes bases de l'Otan dans le sud de l’Italie", le présentant comme un projet d'intérêt public prioritaire. Giorgia Meloni a même invoqué la menace russe, estimant que le pont serait un atout face à un Vladimir Poutine qui se "projette de plus en plus en Méditerranée".

Les Américains sceptiques

Mais ce nouvel étiquetage du pont de Messine n’emballe pas les Américains. S'ils n'ont pas encore rejeté officiellement le projet, leurs critiques sont à peine voilées. Le 2 septembre, l’ambassadeur américain auprès de l’Otan, Matthew Whitaker déclarait "avoir eu des conversations avec certains pays qui ont une vision très élargie des dépenses liées à la défense". Et le diplomate de cingler qu’il ne peut s’agir de "ponts qui n’ont aucune valeur militaire".

Selon Bloomberg, Washington souhaiterait s'assurer que ses alliés investissent dans des équipements utiles aux opérations militaires, et non dans des "exploits techniques extravagants".

L’argument militaire du pont de Messine apparaît donc avant tout comme un prétexte politique. Le projet semble davantage relever du vieux fantasme italien, popularisé par Mussolini, puis ressuscité par Giorgia Meloni. S’il restait un doute sur la dimension symbolique du chantier, le vice-Premier ministre, Antonio Tajani, l'a levé en proposant de baptiser le pont "Berlusconi", en hommage à son mentor.

© afp.com/ANWAR AMRO

La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a apporté son soutien au nouveau président libanais, Joseph Aoun

Un "choc" avec la Russie d'ici trois ans ? Pourquoi l'hypothèse agite l'état-major français

31 octobre 2025 à 08:34

Soirée de cocktail au siège de l’Otan, à Bruxelles. En cet automne 2009, militaires et diplomates trinquent à l’Alliance atlantique. Tous sont encore secoués. Il y a un peu plus d’un an, Moscou, qui semblait si bien s’entendre avec les Européens, a envahi la Géorgie. Le conflit a duré neuf jours : un cessez-le-feu a été signé sous l’égide de l’Union européenne. Paris peut s’en attribuer le mérite : la médiation entre les deux pays a été assurée par Nicolas Sarkozy. "A l’époque, Sarkozy convenait que les Russes avaient été un peu excessifs. Mais il était convaincu, comme Angela Merkel, qu’il fallait rattraper le coup et les ramener dans le concert des nations", se rappelle le général Michel Yakovleff, alors représentant du commandant suprême des forces alliées en Europe de l’Otan.

Au milieu des mondanités, des représentants polonais et baltes s’approchent de lui, la mine renfrognée. A leur yeux, l’Ouest se voile la face. Le Kremlin est embarqué dans une croisade révisionniste qui finira par frapper d’autres ex-satellites soviétiques, puis l’Europe elle-même. "Vous, les Français et les Allemands, vous ne comprenez pas la nature du régime russe. Quand vous l’aurez compris, vous le considérerez comme une menace", lui assurent-ils.

Effort de réarmement

Seize ans plus tard, leur mise en garde résonne autrement. L’écho est venu, ce 22 octobre, du chef d’état-major des armées lui-même. Devant les députés de la commission de la défense, le général Fabien Mandon a expliqué que l’armée française doit être "prête à un choc dans trois, quatre ans", face à la Russie qui "peut être tentée de poursuivre la guerre sur notre continent". Sa déclaration intervient alors que s’ouvrent les négociations du budget 2026, où le ministère des Armées est l’un des rares en hausse - une augmentation de 13 %, à 57,1 milliards d’euros.

Mais cet "effort de réarmement" dépasse le simple calendrier budgétaire. Depuis des semaines, les alertes se succèdent. Le 11 juillet, l’ancien chef d’état-major, Thierry Burkhard, a affirmé que Moscou considère désormais la France comme "son principal adversaire en Europe". La Russie, "puissance de nuisance", "est partie prenante de toutes les menaces", a-t-il insisté. A Berlin, les services de renseignement mettent aussi en garde contre un Kremlin susceptible "d’entrer en conflit militaire direct avec l’Otan" d’ici 2029. A Londres, le ministre de la Défense britannique John Healey constate une "augmentation de 30 % des navires russes menaçant les eaux britanniques". "La Russie nous challenge ; elle nous teste ; elle nous surveille", résume-t-il au micro de la BBC.

Une "négligence criminelle"

Désormais, pas une semaine ne se passe sans qu’une capitale européenne ne manifeste son inquiétude. Mobilisée en Ukraine, la Russie multiplie les provocations : incursions de drones dans le ciel européen ; survols brefs d’avions militaires en Lituanie ; cyberattaques et campagnes de désinformation. Ciblée par la guerre hybride russe, l’Europe veut réagir. "Les déclarations du général Mandon visent à préparer le pays psychologiquement et industriellement à un 'choc'. Cela peut aller des attaques hybrides à une atteinte directe à la souveraineté d’un allié, explicite l’historien Guillaume Lasconjarias. Le message est que nous ne pouvons pas nous contenter d’être des herbivores dans un monde de carnivores". La France aurait donc "trois à quatre ans" devant elle. Un délai ultra-contraint, à peine nécessaire pour donner de la visibilité à l’industrie de défense. Un délai fixé, surtout, par l’agressivité du voisin russe.

Le temps où seuls les Etats baltes mettaient en garde contre Moscou est terminé. Confrontés à la nécessité d’augmenter leurs dépenses militaires, incertains de la protection de l’allié américain, les Européens de l’Ouest ont radicalement révisé leur attitude en trois ans. "Il n’y a rien de controversé à dire que Moscou veut attaquer l’Europe, assure Keir Giles, consultant senior au sein du programme Russie et Eurasie du think-tank Chatham House et auteur de Russia’s war on everybody (Bloomsbury Publishing). La plupart des pays d’Europe occidentale ont fait preuve d’une négligence criminelle en omettant d’éduquer leur population au risque qu’elle encourt de voir son mode de vie lui être retiré".

Lire (et écouter) les Russes

Cette lucidité tardive pourrait presque exaspérer à l’Est. "Ils vous diraient qu’il fallait prêter attention aux propos des Russes pour s’en rendre compte", s’amuse le général Yakovleff. Ces derniers mois, les prises de position des proches du Kremlin donnent des sueurs froides aux Européens. Chez les intellectuels d’abord. En mars, Vladislav Sourkov, idéologue à l’origine du poutinisme, expliquait dans nos colonnes : "Le monde russe n’a pas de frontières. […] Nous nous étendrons donc dans toutes les directions, aussi loin que Dieu le voudra."

L’idéologie est secondée par la machine médiatique. Habitué des outrances, le présentateur vedette Vladimir Solovyov distille régulièrement des menaces contre "l’Europe satanique". "Nous disposons de suffisamment de munitions pour détruire la France ou le Royaume-Uni", s’est même vanté en 2023 l’ancien général Andrey Gurulyov, un de ses chroniqueurs. L’augmentation des budgets militaires européens n’a fait qu’accroître leur obsession. Cet été, Solovyov a suggéré de mener des frappes préventives sur le territoire européen : "Il n’y a aucun intérêt à attendre qu’ils se préparent. Il faut les détruire immédiatement".

De simples cabotinages ? En juillet 2025, l’ancien président russe Dmitry Medvedev a indiqué que la Russie "devait se tenir prête, et, si nécessaire, envisager des frappes préventives" contre l’Occident. Le 2 octobre, Poutine a surenchéri, lançant un avertissement à peine voilé depuis un forum à Sotchi : la Russie suit attentivement "la militarisation croissante de l’Europe". "La réponse aux menaces sera, pour le moins, très convaincante. Je dis bien la réponse. Nous n’avons nous-même jamais initié une confrontation militaire", a-t-il déclaré, accusant le Vieux Continent de mener "une escalade permanente" du conflit en Ukraine.

Révision de calendrier

Un épisode, à la veille de l’invasion, résume le changement de perception. Le 4 février 2022, les Etats-Unis mettent en garde contre une invasion russe en Ukraine pouvant "survenir à tout moment". Plusieurs pays, comme la Norvège ou le Royaume-Uni, font plier bagage à leurs personnels non-essentiels. Bruxelles tarde à y croire. Signe de l’incrédulité à Paris, il faut presque attendre minuit le 23 février pour que le Quai d’Orsay appelle les ressortissants français à "quitter sans délai" le pays. Six heures plus tard, Moscou lance son "opération militaire spéciale". Les capitales européennes découvrent, abasourdies, le retour de la guerre sur leur continent.

En Europe, les politiques et militaires se divisent entre ceux qui excusent Moscou, voyant dans la guerre une réponse à l’élargissement de l’Otan, et ceux qui alertent sur un risque de confrontation directe. "L’idée a aussi circulé que la Russie ne pourrait pas s’en prendre à un pays européen ou un membre de l’Otan comme elle était incapable de gagner contre l’Ukraine", observe Jean-Louis Thiériot, député (LR) de Seine-et-Marne et ex-ministre aux Anciens combattants. L’enlisement du conflit en Ukraine inquiète autant qu’il rassure. "Jusqu’au début de l’année 2024, l’Otan estimait encore qu’il faudrait entre dix et vingt ans à la Russie pour être prête à attaquer un des alliés en utilisant sa force militaire conventionnelle, reprend Keir Giles. Mais cette estimation a rapidement baissé".

La crainte de l’arsenal russe

La Russie a reconstitué ses forces militaires beaucoup plus rapidement que prévu. "L’armée [russe] est désormais plus nombreuse - de 15 % - qu’elle ne l’était lors de l’invasion de l’Ukraine, écrivait le 11 avril 2024 le général Christophe Cavoli, alors commandant suprême des forces alliées de l’Otan en Europe, dans une lettre adressée aux sénateurs américains. Au cours de l’année écoulée, la Russie a augmenté ses effectifs de première ligne de 360 000 à 470 000 hommes". En hommes comme en équipements, l’armée gagne en épaisseur. "La Russie est certes un peu à la peine dans le conflit, mais son armée bénéficie d’un budget considérable. Elle s’est aguerrie dans le conflit en Ukraine. Son appareil militaire monte rapidement en puissance", souligne Camille Grand, ex-secrétaire général adjoint de l’Otan de 2016 à 2022, désormais secrétaire général de l’Association des industries aérospatiales et de défense.

L’hypothèse d’un cessez-le-feu mal négocié hante les Européens. "L’arrêt des opérations en Ukraine permettrait aux Russes de se reconfigurer, estime le général (2S) Michel Yakovleff. Cela lui laissera le temps de se restructurer en fonction de ses enseignements". Dans ce contexte, les "trois ou quatre ans" évoqués par le général Mandon sont donc déterminants. "Les forces terrestres russes aujourd’hui mobilisées seraient alors disponibles pour être utilisées ailleurs. La Russie constitue déjà une réserve stratégique qu’elle pourrait utiliser contre un pays de l’Otan", estime Keir Giles.

Frappé par les sanctions internationales, Moscou n’est pas non plus tout à fait isolé, et s’appuie sur des livraisons massives de munitions depuis la Corée du Nord. En parallèle, la Russie multiplie les efforts pour développer son arsenal, et le fait savoir aux Européens. En novembre 2024, Vladimir Poutine menace par exemple de frapper Kiev avec le missile de moyenne portée Orechnik. Dans la foulée, le général Valery Gerasimov, chef d’état-major russe, affirme qu’il peut atteindre toute l’Europe. Ce 26 octobre, le président russe a sorti une carte similaire avec un autre missile, le Bourevenstnik. Cet "oiseau de tempête", "capable d’échapper à tous les systèmes de défense antimissile actuels et futurs", assure Poutine, a été introduit dans le but d’effrayer autant l’Ukraine que les Occidentaux.

Pour accroître sa crédibilité, la Russie tente de déployer ses forces militaires en Arctique. Certains de leurs navires et sous-marins s’orientent vers l’un des passages stratégiques les plus importants de l’Arctique vers l’Atlantique, au nord de l’Europe. "Si les sous-marins russes parviennent à faire cette jonction sans être détectés, ils pourraient potentiellement viser des capitales européennes avec leurs missiles, puis traverser l’Atlantique pour menacer la côte est des Etats-Unis", note un article du Financial Times datant de mai 2025.

Changement de théâtre

A cette guerre des nerfs s’ajoute un nouveau jeu d’alliances. Les stratèges occidentaux observent avec inquiétude la coopération entre Moscou et Pékin dans la zone arctique. En juillet 2024, les deux pays ont, entre autres, mené des patrouilles militaires conjointes dans le détroit de Béring en Arctique. "Des soldats nord-coréens sont présents en Ukraine. L’effort de guerre russe est soutenu par Pyongyang, des drones iraniens et de la technologie chinoise. On a longtemps prétendu séparer les théâtres d’opérations, remarque Camille Grand. Il faut réfléchir à l’interconnexion".

Les Européens redoutent désormais des soutiens croisés. En septembre 2024, une note du think-tank suédois SCEEUS observe la manière dont la Chine pourrait fournir à Moscou "une assistance militaire directe, ouverte, systématique et étendue, sous forme de systèmes d’armes, de munitions, d’équipements et de technologies. A l’inverse, il est également possible d’envisager un soutien militaire russe direct aux ambitions chinoises concernant Taïwan et l’Indo-Pacifique". Dans cette configuration, l’allié américain concentrerait la majorité de ses forces dans le Pacifique, délaissant le Vieux Continent.

L’Europe isolée

Le scénario noir a pris un peu plus corps cette année. Le 14 février 2025, le vice-président des Etats-Unis J.D. Vance fait la leçon aux Européens sur la scène de la conférence de sécurité, à Munich. Dans un discours véhément, il les enjoint à prendre "des mesures importantes dans les années à venir pour assurer [leur] propre défense". Dix jours plus tard, le chancelier allemand fraîchement élu, Friedrich Merz, s’affole : "Tous les signaux que nous recevons en provenance des Etats-Unis indiquent que l’intérêt pour l’Europe faiblit de manière significative". Ce 26 octobre, les Etats-Unis ont annoncé un retrait d’une de leurs brigades stationnées en Roumanie. "Ce n’est pas un retrait américain d’Europe ni un signe d’un engagement réduit envers l’Otan et l’article 5", a indiqué l’armée américaine dans un communiqué. Les 2 000 ou 5 000 hommes d’une brigade ne sont qu’une petite partie des 85 000 "Boys" déployés sur le continent. Mais cette décision est évidemment très scrutée dans le contexte actuel.

L’Europe est prise dans un tango diabolique : augmenter les dépenses militaires pour satisfaire Donald Trump, sans en faire trop pour ne pas le pousser à quitter le continent européen. "En Ukraine, Poutine a fait une erreur d’évaluation. Il a attaqué en sous-estimant les forces ukrainiennes. Il pensait réussir son opération spéciale en quelques semaines. Notre rôle est de faire prendre conscience aux Russes que toute nouvelle opération militaire d’ampleur serait conduite à l’échec", souligne Jean-Louis Thiériot.

Il serait tentant de penser que la France est à l’abri d’un conflit en raison de sa dissuasion nucléaire. Or en Europe, on craint aussi un scénario d’invasion "à bas bruit". En 2014, des hommes cagoulés et lourdement armés étaient apparus en Crimée. Ils se présentaient comme des forces locales venues défendre les séparatistes. La séquence s’est conclue par l’annexion russe. "Si d’autres petits hommes verts surgissent à Narva, en Estonie, voulant rattacher les russophones à la mère patrie, comment fait-on ? s’interroge Jean-Louis Thiériot. On ne va pas utiliser l’arme nucléaire. On est bien obligés de se battre avec une armée conventionnelle. On est bien obligés de gagner".

© AFP

La Russie suit attentivement "la militarisation croissante de l’Europe", a averti Vladimir Poutine le 2 octobre dernier. Un avertissement à peine voilé.

Menace russe : l'UE veut favoriser la mobilité militaire via un système d'entraide entre pays

30 octobre 2025 à 16:45

Réarmer l'Europe. A Bruxelles, où chefs d'Etat et de gouvernement des 27 se sont réunis jeudi dernier, cet impératif était sur toutes les lèvres. Depuis, la Commission européenne planche sur des modes opératoires concrets. Et réfléchit notamment à un système de "mobilité militaire", rapporte le Financial Times. Objectif : favoriser l'entraide entre les pays pour déplacer des chars et de l'artillerie lourde à travers le continent en cas de guerre.

Améliorer les infrastructures de transport

Et ce, en permettant notamment aux gouvernements de se coordonner pour le partage de camions, de wagons et de ferries capables de transporter ce matériel. Mais aussi de déplacer des troupes à travers le bloc, si la Russie venait à poursuivre sa guerre au-delà de l'Ukraine, selon trois responsables au fait de ces plans, cités par le journal britannique.

Dès le mois prochain, la Commission entend ainsi formuler des propositions pour améliorer les infrastructures de transport (harmoniser les écartements des voies ferrées ou encore s'assurer que les ponts ne cèdent pas sous le poids de convois importants) et assouplir les formalités douanières. Des procédures jugées indispensables pour réduire le nombre de jours qu'il faudrait à une armée pour traverser l'UE.

Recenser les capacités de chaque Etat

Toujours selon le Financial Times, le plan de ressources partagées s'inspirerait de celui que les 27 utilisent pour lutter contre les incendies durant la période estivale. Cependant, le dispositif de défense serait bien plus complexe puisque les armées ne sont pas propriétaires de tous les moyens de transport qu'elles exploitent et ont pour habitude de louer avions et trains auprès d'opérateurs privés.

Dans un premier temps, la Commission envisagerait donc de demander aux Etats membres qu'ils recensent les moyens de transport dont ils disposent, pour faciliter la mobilité de l'armée, a fait savoir un responsable. La Commission examinerait également la possibilité, pour l'UE, de disposer de sa propre flotte de camions et de wagons de chemin de fer. Une option qui pourrait toutefois se révéler plus difficile à mettre en oeuvre, en l'état actuel du budget de l'UE.

Renforcer le budget de défense européen

Ces projets marquent une étape de plus dans le réarmement enclenché par Bruxelles ces derniers mois. L'Europe s'efforce de renforcer ses capacités de défense et de ranimer, dans ce cadre, l'Agence européenne de défense (AED), créée en 2004 mais sous-financée ces dernières années, au point que certains à Bruxelles la qualifient désormais de "belle endormie", rapportent Les Echos. L'agence, qui devrait retrouver un plus large rôle, aura la charge de rédiger, chaque automne, un rapport détaillant la progression du processus de réarmement.

Un processus entamé devant le désengagement américain de l'Otan - acté en pleine guerre en Ukraine. Mais devenu "brûlant" ces dernières semaines, sous le coup des incursions russes dans l'espace aérien européen. Au point que l'Allemagne, qui se rêve en armée "la plus forte d'Europe", a multiplié les investissements tout récemment dans le groupe d'armement Rheinmetall. Le dernier en date se chiffre, selon Politico, à plus de 88 milliards d'euros.

© dpa Picture-Alliance via AFP

Un char de combat Leopard 2 de la Bundeswehr participant à l'exercice final de l'OTAN Quadriga 2024, en Lituanie.

"Ce serait une catastrophe écologique majeure" : l’alerte d’un spécialiste sur les pétroliers russes dans l’Arctique

31 octobre 2025 à 08:50

Long de 275 mètres, le pétrolier Lynx s’est, à la fin de l’été, retrouvé coincé dans la banquise arctique. Non équipé pour la glace, le navire russe a dû attendre plusieurs jours pour recevoir de l’aide. Il a finalement repris sa route à vitesse réduite en direction de la Chine, afin d’y livrer jusqu’à 150 000 tonnes de pétrole.

Si la catastrophe a cette fois-ci été évitée, Olivier Faury, spécialiste de la route maritime du Nord, alerte sur les risques "importants" pris par la Russie pour contourner les sanctions économiques. "S’il y avait une marée noire dans ces zones nordiques, ce serait une catastrophe écologique majeure, combinant un environnement vierge et une capacité d’intervention très limitée. Tous les ingrédients d’un désastre seraient réunis", avertit le professeur associé à l’EM Normandie. Entretien.

L’Express : La flotte fantôme russe, qui pourrait compter jusqu’à 1 400 pétroliers selon l’UE, pose-t-elle un risque en termes de sécurité maritime et d’environnement ?

Olivier Faury : En soi, une flotte de navire ne pose pas de problème, si elle est gérée correctement et que les réglementations sont respectées. Le problème ici réside dans ce que nous appelons les navires fantôme car ils coupent le système AIS qui permet de les localiser. Ce sont aussi des navires âgés, parfois mal entretenus et pas toujours bien assurés.

Ces navires ne sont pas toujours adaptés aux conditions de navigation en Arctique, impliquant la présence de glace ce qui les rend particulièrement sensibles aux chocs avec des plaques de glace dérivantes ou avec d’autres navires qui naviguent en convoi. Les risques sont d’autant plus importants que les bateaux russes, pétroliers ou gaziers, ne disposent pas de la classe de glace leur permettant de naviguer dans ces zones. Cela veut dire que leur coque n’est pas renforcée et qu’ils ne disposent pas non nécessairement d’un moteur assez puissant. Ils sont donc bien plus vulnérables aux éléments externes, d’autant plus que ces navires russes fantômes empruntent la route maritime du Nord reliant l’océan Atlantique à l’océan Pacifique, afin de notamment rejoindre la Chine.

En mars, la collision entre un porte-conteneurs et un pétrolier en mer du Nord a fait un mort. C’est grave, mais cela aurait pu être bien pire si les navires étaient plus éloignés des côtes car le temps d’intervention des secours serait allongé.

En Arctique, c’est une autre histoire… Même si le navire émet un signal, il est peut-être très compliqué d’intervenir. La présence de glace, le faible nombre de ports pouvant servir de refuge ou la capacité de réponse limitée sont autant de facteurs jouant le rôle de catalyseur en cas d’accident.

Le réchauffement climatique ne vient-il pas en "aide" aux navires russes ?

Si la tendance globale est à la fonte de la banquise, la glace ne disparaît pas. On se retrouve avec des plaques de glace dérivantes. Une glace qui dérive et un navire qui entre en collision, cela rappelle quelques mauvais souvenirs…

Les navires qui ne sont pas équipés glace risquent de rentrer en contact avec de la glace, ou se retrouver bloqués, et dans les deux cas, cela peut engendrer des dégâts sur la coque et engendrer de la pollution. Les navires non adaptés font aussi peser un réel danger sur un écosystème fragile au niveau de résilience très faible. S’il y avait une marée noire dans ces zones nordiques, ce serait une catastrophe écologique majeure, combinant un environnement vierge et une capacité d’intervention très limitée. Tous les ingrédients d’un désastre seraient réunis.

Ainsi, l’un des enjeux principaux pour mitiger les risques liés à cette navigation est de prédire l’état de la glace que le navire va rencontrer, à plus ou moins court terme en intégrant de nombreux paramètres (courants marins, courants dans l’air…).

Cependant, il y a aussi une composante économique. Un navire avec une classe de glace n’a pas le même prix qu’un navire non équipé pour ces zones. De plus, le passage du Nord-Est n’est ouvert que pendant quelques mois. L’un des moyens pour une navigation plus sécurisée est d’être assisté d’un brise-glace en plus d’avoir un navire à coque renforcé. Les sanctions économiques du fait de la guerre en Ukraine, ont fortement impacté la construction de gaziers de classe polaire expliquant les risques maritimes importants pris par les Russes.

Les Russes auraient pour objectif de construire des brise-glace nucléaires colossaux

The Barents Observer a révélé que le pétrolier Lynx, qui faisait route entre Mourmansk et la Chine, a pendant plusieurs jours été coincé dans la banquise à 72° Nord, avant de recevoir de l’aide…

Le navire, qui transportait, selon ces informations, 150 000 tonnes de pétrole, n’avait pas la classe de glace. Ce pétrolier de la flotte fantôme a changé plusieurs fois de nom, de propriétaire et d’Etat de pavillon ces dernières années. Il est compliqué de savoir si on est passé près d’une catastrophe, mais dans tous les cas, quand un pétrolier est bloqué dans la glace sans l’équipement nécessaire, ce n’est jamais bon.

Dans une étude réalisée récemment avec mes co-auteurs Laurent Fedi, Laurent Etienne et Ali Cheaitou, nous avons montré que la première cause des accidents, ce n’est pas la glace, mais la vétusté des navires. La glace joue le rôle de catalyseur, aggravant la situation. Et s’il y a un problème dans l’Arctique, vous devez attendre plusieurs jours pour que des secours puissent accéder à votre navire.

A quel point les Chinois empruntent-ils aussi cette route du Nord ?

La Chine semble l’utiliser pour le transport de conteneurs, en alternative au canal de Suez. Dès 2018, Pékin a lancé une stratégie "route de la Soie polaire". Le groupe danois Maersk avait aussi testé cette route il y a quelques années, mais l’impact d’un potentiel accident sur leur image, et la difficulté à respecter le temps de transport ont sans doute eu raison de leur souhait de naviguer dans cette partie du globe. Des groupes comme CMA CGM ou Maersk doivent transporter des marchandises d’un point A à B en temps et en heure. Le problème avec l’Arctique, c’est que les conditions de météo restent imprévisibles. Les Chinois envoient eux des navires plus gros, plus au nord, mais qui sont donc plus isolés.

Le canal Suez voit passer environ 13 000 navires par an. Aujourd’hui, la route du Nord n’est empruntée que par une centaine de navires. On est donc encore très loin d’un vrai axe rival. Je ne pense pas que l’ambition des Russes soit de concurrencer Suez. Il s’agit plutôt d’exporter leur pétrole et gaz et, en même temps, faire passer des conteneurs. Avec le renouvellement de la flotte de brise-glace, les Russes auraient pour objectif de construire des brise-glace nucléaires colossaux. La nouvelle classe leader devrait permettre d’assurer une navigation toute l’année…

Aux yeux de Poutine, la Russie est clairement la grande gagnant du réchauffement climatique

Les ressources dans l’Arctique deviennent moins difficilement accessibles, la navigation des bateaux est moins compliquée, les risques diminuent, même s’ils demeurent conséquents. Mais n’oublions pas que le réchauffement climatique provoque la fonte du permafrost, qui libère du méthane et impacte les infrastructures terrestres, les rendant plus difficiles et coûteuses à maintenir…

De plus, les difficultés que rencontre le canal de Panama pourraient relancer l’intérêt nord-américain pour le passage du Nord-Ouest qui passe le long des côtes canadiennes.

© afp.com/Sara Francis

Deux pétroliers, américain et russe, près de Nome, en Alaska.

Proche-Orient : le Liban demande à son armée de "s’opposer à toute incursion israélienne"

30 octobre 2025 à 12:56

Au lendemain d’une journée de violences intenses dans la bande de Gaza, la situation reste extrêmement tendue au Proche-Orient. Dans la nuit de mardi à mercredi, l’armée israélienne avait frappé "des dizaines de cibles terroristes" en représailles à la mort de l’un de ses soldats, tué lors d’une attaque revendiquée par le Hamas. Ces bombardements ont fait plus de cent morts, selon la Défense civile et les hôpitaux de Gaza, avant qu’Israël n’annonce mercredi 29 octobre un retour au cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre. Donald Trump a assuré que la trêve "tenait malgré tout", tandis que les chancelleries européennes appelaient Israël à la retenue et le Hamas à respecter ses engagements.

Ce jeudi 30 octobre, la tension a gagné le sud du Liban. Une incursion israélienne dans le village frontalier de Blida a fait un mort, provoquant la colère de Beyrouth, qui dénonce une "agression flagrante contre la souveraineté libanaise".

Les infos à retenir

⇒ Une incursion israélienne fait un mort dans le sud du Liban

⇒ Les secouristes turcs dans l’attente du feu vert à Rafah

⇒ Des militaires et civils français envoyés en Israël pour superviser le plan de paix

Le Royaume-Uni débloque 4 millions de livres pour aider au déminage de Gaza

Le Royaume-Uni va débloquer une enveloppe de 4 millions de livres (4,5 millions d'euros) afin de soutenir les efforts de déminage de la bande de Gaza et permettre ainsi l'acheminement de l'aide humanitaire, a annoncé jeudi le ministère des Affaires étrangères.

Ce financement, qui est destiné au service de la lutte antimines de l'ONU (UNMAS), permettra de déployer davantage d'experts chargés de retirer les mines, bombes et autres munitions larguées sur ce territoire palestinien dévasté par deux ans et demi de guerre avec Israël, détaille le ministère.

Un employé municipal tué après une incursion israélienne dans le sud du Liban

Le président libanais Joseph Aoun a demandé ce jeudi à l’armée de "s’opposer à toute incursion israélienne", après que l’armée israélienne a mené dans la nuit une incursion meurtrière dans un village frontalier du sud du Liban, tuant un employé municipal. Israël a affirmé que son armée agissait contre le Hezbollah pro-iranien et avait ouvert le feu sur un "suspect", ajoutant qu’une enquête avait été ouverte. Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l’Etat libanais et sa souveraineté".

Un photographe de l’AFP a vu des impacts de balles sur le bâtiment de la municipalité de Blida. Dans la pièce où dormait l’employé municipal, Ibrahim Salamé, le sol, les couvertures et le matelas étaient maculés de sang. Les lunettes, les papiers et les cigarettes de la victime gisaient à proximité. L’homme dormait dans le bâtiment car c’était son tour de garde, a déclaré à l’AFP Hassan Hijazi, le président de la municipalité de Blida, dont la plupart des maisons ont été détruites lors de la dernière guerre. "Nous avons entendu les soldats israéliens crier, puis il y a eu des tirs […]", raconte à l’AFP Hicham Abdel Latif Hassan, neveu de la victime. Lorsque les soldats israéliens se sont retirés à l’aube, "nous l’avons retrouvé mort près de son matelas".

L’aviation israélienne a en outre mené jeudi matin des frappes sur deux villages du sud du Liban, relativement éloignés de la frontière, al-Jarmak et Mahmoudiyé, selon l’Ani, l’Agence nationale d’information libanaise.

Gaza : les secouristes turcs toujours bloqués par Israël à Rafah

L’équipe de secouristes turcs dépêchée par Ankara pour participer à la recherche des corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza attend toujours le feu vert israélien à Rafah, a indiqué jeudi une source au ministère turc de la Défense. "La mission de l’Afad (l’Agence turque de gestion des catastrophes, NDLR) attend toujours à la frontière. Israël n’a toujours pas délivré d’autorisation", a ajouté cette source estimant qu'"Israël ne respectait pas toutes les conditions du cessez-le-feu".

"Israël n’autorise que partiellement (le passage de) l’aide humanitaire", a-t-elle précisé. Concernant la participation turque à une force internationale à Gaza, toujours suspendue à un feu vert du gouvernement israélien, les forces armées sont "prêtes", selon la même source. "Nous sommes en contact avec nos homologues. La Turquie est l’un des artisans du cessez-le-feu et a signé l’accord. Nous avons achevé tous les préparatifs nécessaires et nous attendons", a indiqué cette source. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a affirmé son droit de veto sur les membres de la force internationale qui devrait sécuriser l’après-guerre dans le territoire palestinien, que son allié américain tente de mettre en place.

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🇮🇱 Comment le Mossad a-t-il pu passer à côté de l'attaque du 7 octobre 2023 ? 🎥 C'est cette question que Renaud Toffier dissèque dans notre nouveau long format vidéo. A regarder en entier sur lexpress.fr. 🔗 Lien en bio #mossad #israel #hamas #monde #procheorient #news #newsattiktok #apprendreavectiktok #sinformersurtiktok

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Des militaires et civils français en Israël pour le plan de paix à Gaza

La France a dépêché des civils et militaires en Israël pour participer à un centre de coordination mis en place par les Américains pour planifier et organiser l’après-guerre dans la bande de Gaza, a indiqué mercredi soir le chef de la diplomatie française. "Nous avons dépêché des personnels militaires et civils français dans l’équipe que les Etats-Unis ont déployée en Israël pour mettre en œuvre le plan de paix", a déclaré Jean-Noël Barrot, lors d’un entretien sur la chaîne LCI, précisant que ce centre se situait "entre Jérusalem et Tel-Aviv".

Le ministre n’a pas précisé le nombre de personnels déployés mais ils sont déjà arrivés sur place, selon une source proche du ministre interrogée par l’AFP. "La France est historiquement impliquée dans la recherche de la stabilité au Moyen-Orient", avait réagi l’état-major français interrogé par l’AFP la semaine dernière, évoquant l’envoi de trois officiers de liaison français. D’après l’entourage du ministre, ce nombre sera plus important.

© afp.com/Rabih DAHER

De la fumée s'élève du village libanais de al-Jarmak après une frappe israélienne, le 30 octobre 2025.

Tensions avec l’Algérie : l’Assemblée adopte à une voix près un texte du RN contre l’accord de 1968

30 octobre 2025 à 12:43

Coup de tonnerre à l’Assemblée : les députés ont adopté, par 185 voix contre 184, une proposition de résolution du Rassemblement national visant à "dénoncer" l’accord franco-algérien de 1968, avec l’appui des groupes LR et Horizons.

"C’est une journée qu’on peut qualifier d’historique pour le RN", s’est aussitôt félicitée la cheffe des députés d’extrême droite Marine Le Pen, soulignant qu’il s’agissait du premier texte de son parti approuvé par l’Assemblée, en dépit des oppositions de la gauche, des macronistes et du gouvernement. Le texte était examiné dans le cadre de la niche parlementaire du parti, maître de l'ordre du jour dans l'hémicycle toute la journée.

Si la résolution n'a pas de valeur législative, Marine Le Pen a demandé au gouvernement de tenir "compte" du vote du Parlement sur son texte, qui appelle à dénoncer l'accord qui offre aux Algériens des clauses spécifiques en matière d'immigration et de séjour en France. "Nous considérons qu'il n'y a plus rien qui justifie le maintien de cette convention", a-t-elle insisté.

Gabriel Attal critiqué pour son absence

"Honte au RN" qui "continue sans fin les guerres du passé", a grondé en retour le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon, sur X.

Le texte a été soutenu par l'alliance RN-UDR, la moitié du groupe Les Républicains et la moitié du groupe Horizons, parti d'Edouard Philippe.

Le patron du PS Olivier Faure a lui fustigé le groupe macroniste. "Ils étaient où les macronistes ? Gabriel Attal absent", a-t-il écrit sur X, à propos de l'ancien Premier ministre, à la fois patron du parti macroniste et du groupe à l'Assemblée. "Il nous a manqué une voix. Cette voix qui nous a manqué pour faire face au RN, c'est celle de Gabriel Attal", a abondé devant les journalistes Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste.

Gabriel Attal a toutefois lui-même appelé à dénoncer l'accord de 1968, en janvier, pour "poser les limites et assumer le rapport de force avec l'Algérie", notamment à l'aune de l'arrestation de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Mais son groupe était contre le texte du RN.

Risque d'un "déferlement migratoire"

Le macroniste Charles Rodwell, auteur d'un récent rapport accablant contre ce même accord de 1968, avait justifié par avance un refus, au prétexte d'un supposé vide juridique qui risquerait de "provoquer un déferlement migratoire" dans l'Hexagone, analyse dénoncée par le RN.

Toutefois seuls 30 députés du groupe macroniste sur 92 étaient présents pour voter contre (trois se sont abstenus). Gabriel Attal était présent jeudi matin à un forum sur la transformation durable du tourisme. Il a cependant manqué des voix dans tous les groupes, y compris à gauche (52 députés LFI sur 72 ont participé au vote, 53 socialistes sur 69, 32 écologistes sur 38, six députés du groupe communiste et ultramarin sur 17). Douze députés MoDem ont pris part au scrutin (10 contre, deux abstentions) et trois députés Liot sur 22 (deux pour, un contre).

"Aucune raison de ne pas voter ce que nous voulons pour notre pays"

"Quand le RN porte des projets ou des convictions que nous partageons, il n'y a aucune raison (...) de ne pas voter ce que nous voulons pour notre pays", a justifié le chef des élus de droite, Laurent Wauquiez, rappelant que sa formation avait "porté" la même résolution il y a deux ans.

Du côté du parti d'Édouard Philippe également, "nous demandons cette dénonciation", a souligné le député Sylvain Berrios, soutenant un texte présenté comme "un mandat donné au gouvernement pour qu'il fasse son travail".

L'exécutif entend pourtant "privilégier la voie de la renégociation dans le cadre d'un dialogue exigeant avec l'Algérie", a expliqué le ministre des Relations avec le Parlement, Laurent Panifous, assurant que Paris n'aurait "rien à gagner à une aggravation de la crise" déjà prégnante avec Alger.

© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Marine Le Pen, à l'Assemblée nationale, le 16 octobre 2025.

Ce que l’on sait du Poséidon, ce drone sous-marin russe capable d’anéantir des villes côtières

30 octobre 2025 à 11:55

Moscou a de nouveau frappé un grand coup dans la démonstration de sa puissance militaire. Lors d’un échange avec des soldats blessés de la guerre en Ukraine ce mercredi 29 octobre, Vladimir Poutine a révélé que la Russie venait de tester une arme inédite : le drone sous-marin Poséidon, un appareil à propulsion nucléaire que le président qualifie d’"impossible à intercepter". Selon lui, cette torpille géante aurait non seulement été lancée depuis un sous-marin porteur, mais en plus, son réacteur nucléaire aurait fonctionné "pendant un certain temps". Un exploit que le chef du Kremlin a décrit comme "un immense succès".

Cette annonce intervient dans un climat de tension grandissante avec Washington. Quelques jours plus tôt, Moscou avait provoqué la colère de Donald Trump en se félicitant du test d’un missile de croisière à propulsion nucléaire, le Bourevestnik. Le président américain avait publiquement mis en garde son homologue russe contre une nouvelle escalade, l’invitant à "mettre fin à la guerre en Ukraine plutôt que de tester des missiles". Un avertissement ignoré par Vladimir Poutine, qui persiste à exhiber ses armes les plus redoutables.

Un monstre des profondeurs : les caractéristiques du Poséidon

Le Poséidon n’est pas une surprise pour les observateurs du monde militaire. Déjà en 2018, dans son discours sur l’état de la nation, Vladimir Poutine avait dévoilé cette arme futuriste parmi une série d’"innovations stratégiques" censées redéfinir l’équilibre nucléaire mondial. Conçu comme un véhicule autonome à propulsion nucléaire, ce drone sous-marin incarne une nouvelle génération d’armes dites de représailles, capables d’échapper à toute interception connue.

Long de près de vingt mètres et pesant une centaine de tonnes, le Poséidon serait capable de filer sous l’eau à plus de 60 nœuds, soit environ 110 à 130 kilomètres-heure et à plus d’un kilomètre de profondeur, selon les informations de l’agence de presse officielle russe TASS. Toujours d’après cette même source, sa discrétion serait telle qu’aucun système sonar existant ne pourrait le repérer. Moscou affirme qu’il pourrait emporter une ogive nucléaire de 100 mégatonnes, l’équivalent de deux fois la puissance de la bombe la plus dévastatrice jamais testée. Résultat : l’arme serait en mesure de provoquer, en explosant près des côtes, un tsunami radioactif suffisant pour submerger et rendre inhabitables des villes côtières.

Le président russe n’a pas précisé la distance parcourue par l’engin lors de ce dernier essai, mais il a vanté sa supériorité absolue : "La puissance du Poséidon dépasse largement celle de notre missile intercontinental Sarmat", a-t-il déclaré, affirmant que cette technologie n’a "été vue nulle part dans le monde".

D’après des sources russes, le drone serait alimenté par un réacteur miniature "cent fois plus petit" que ceux des sous-marins classiques, mais tout aussi performant, si ce n’est plus. Cette arme hors du commun est censée être déployée à terme sur le Belgorod, un sous-marin nucléaire géant mis en service en 2022, spécialement aménagé pour accueillir ce colosse des mers. Certains experts occidentaux doutaient encore récemment de son existence réelle, voyant dans les premières images diffusées à la télévision d’État en 2015 un simple outil de propagande. Mais le test confirmé par le Kremlin semble prouver que le Poséidon n’est pas un mythe.

Une escalade dans la course mondiale aux armements

L’apparition du Poséidon dans l’arsenal russe s’inscrit dans une logique de surenchère militaire engagée depuis plusieurs années. Le Kremlin présente ces avancées comme une réponse directe à ce qu’il décrit comme une course mondiale à l’armement, dominée par les États-Unis, la Russie et la Chine.

Les essais successifs du Bourevestnik et du Poséidon apparaissent comme autant de signaux adressés à Washington. "La Russie ne cédera jamais aux pressions occidentales", a martelé Vladimir Poutine, alors même que ses relations avec Donald Trump se sont nettement dégradées ces dernières semaines.

Dans cette escalade, Vladimir Poutine a également évoqué le déploiement prochain d’une nouvelle arme de son arsenal : le missile intercontinental Sarmat. Mais ce dernier n’a jamais quitté son silo lors du dernier essai, explosant dans la foulée. Une démonstration de puissance ratée, qui n’empêche pas la Russie de poursuivre son objectif : prouver au monde sa supériorité militaire, sur terre comme en mer.

© AFP

Le président russe Vladimir Poutine a régulièrement recours à la menace nucléaire.

Guerre en Ukraine : la Russie dit que ses récents tests d'armements n'étaient pas des "essais nucléaires"

30 octobre 2025 à 12:33

Défiant les avertissements de Donald Trump, Vladimir Poutine a annoncé mercredi 29 octobre le test d’un drone sous-marin russe à capacité nucléaire, quelques jours après avoir annoncé l’essai d’un missile qui a été critiqué par le président américain. La réaction de ce dernier à cette nouvelle annonce n’a pas tardé : le locataire de la Maison-Blanche, dont les efforts pour mettre fin à la guerre en Ukraine n’ont donné aucun résultat concret jusqu’ici, a ordonné jeudi la relance des essais d’armes nucléaires des Etats-Unis, interrompus depuis plus de 30 ans.

Les infos à retenir

⇒ Le Kremlin dit que ses récents tests d'armements n'étaient pas des "essais nucléaires"

⇒ Des frappes russes massives sur l’Ukraine provoquent des coupures d’électricité

⇒ Donald Trump assure que Washington et Pékin vont "travailler ensemble" sur la guerre en Ukraine

Londres en "contact" avec Kiev après l'arrestation d'un Britannique pour espionnage

Le Royaume-Uni a assuré jeudi être en "contact étroit" avec les autorités ukrainiennes, après l'arrestation la veille à Kiev d'un Britannique soupçonné d'espionnage pour le compte de la Russie. "Nous sommes au courant des informations selon lesquelles un ressortissant britannique a été arrêté en Ukraine. Nous restons en contact étroit avec les autorités ukrainiennes", a déclaré un porte-parole du bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth à l'AFP.

Mercredi, les Services de sécurité ukrainiens (SBU) avait annoncé l'arrestation et le placement en détention d'un ancien instructeur militaire européen pour espionnage, sans toutefois spécifier ni sa nationalité ni son poste. Selon cette source, les services de sécurité russes (FSB) avaient donné au suspect des instructions sur la fabrication d'engins explosifs et fourni une arme de poing et des munitions.

Le parquet ukrainien a ensuite précisé que cet homme était un "citoyen du Royaume-Uni et d'Irlande du Nord" et qu'il était arrivé en Ukraine en 2024 pour travailler comme instructeur pour former des militaires dans le sud du pays, avant de travailler avec les gardes-frontières.

D'après le parquet, il a commencé à collaborer avec Moscou et le FSB quelques mois plus tard et "a accepté de transmettre des informations militaires en échange d'argent". Placé en détention après avoir été arrêté à Kiev, il encourt jusqu'à 12 ans d'emprisonnement et la confiscation de ses biens.

Le Kremlin dit que ses récents tests d'armements n'étaient pas des "essais nucléaires"

Le Kremlin a tempéré jeudi ses récentes annonces sur les essais d'un drone sous-marin et d'un missile russes à capacité nucléaire, en soulignant qu'il ne s'agissait pas "d'essais nucléaires" à proprement parler, après la décision du président américain, Donald Trump, de relancer des tests d'armes nucléaires.

Donald Trump a ordonné jeudi le test d'"armes nucléaires" américaines, mais il n'a pas précisé s'il s'agissait d'essais d'armements pouvant transporter des ogives nucléaires, ou directement d'essais d'ogives nucléaires, ce que les Etats-Unis n'ont pas fait depuis 1992. Donald Trump a justifié cette annonce par "des programmes d'essais menés par d'autres pays", sans nommer explicitement la Russie, et a affirmé que Washington testerait ses armes "sur un pied d'égalité".

"En ce qui concerne les essais du Poséidon et du Bourevestnik, nous espérons que le président Trump en a été informé correctement. Cela ne peut pas être considéré comme un essai nucléaire", a réagi jeudi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. "Tous les pays s'occupent du développement de leur défense", mais ces derniers essais russes "ne constituent pas un essai nucléaire", a-t-il insisté. "Le président Trump a mentionné des essais nucléaires présumés d'autres pays. Jusqu'ici, nous n'avons eu aucune information sur de tels essais", a-t-il ajouté.

Des frappes russes massives sur l’Ukraine provoquent des coupures d’électricité

Des bombardements russes sur les infrastructures ukrainiennes ont privé d’électricité une grande partie du pays dans la nuit de mercredi à jeudi et fait plusieurs blessés selon les autorités ukrainiennes. "La Russie lance une nouvelle fois une attaque massive au missile et au drone contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes", a dénoncé la ministre ukrainienne de l’Energie, Svitlana Grintchouk, sur les réseaux sociaux.

Les équipements des centrales thermiques de plusieurs régions d’Ukraine "ont été sérieusement endommagés" selon le fournisseur d’énergie DTEK, qui déplore la "troisième attaque massive contre ses centrales thermiques depuis octobre".

L’attaque a aussi fait 15 blessés dans la ville de Zaporijia (sud-est), selon le chef de l’administration militaire régionale Ivan Fedorov sur Telegram. "Parmi les blessés, on compte six enfants - trois filles et trois garçons. Les enfants sont âgés de 3 à 6 ans", a-t-il ajouté.

Donald Trump assure que Washington et Pékin vont "travailler ensemble" sur la guerre en Ukraine

Le président américain Donald Trump a assuré jeudi que Washington et Pékin allaient "travailler ensemble" sur la guerre en Ukraine, après une rencontre avec son homologue chinois Xi Jinping en Corée du Sud. "L’Ukraine a été abordée de manière très forte. Nous en avons parlé pendant longtemps, et nous allons tous les deux travailler ensemble pour voir si nous pouvons obtenir quelque chose", a-t-il déclaré aux journalistes à bord d’Air Force One. Xi Jinping va "nous aider", a-t-il assuré.

Mardi, Volodymyr Zelensky avait appelé Donald Trump à faire pression sur Xi Jinping pour qu’il réduise son soutien à la Russie au cours de leur rencontre. "Si le président Trump parvient à avoir des discussions, à prendre des décisions et à obtenir un accord avec la Chine pour réduire les importations d’énergie russe, je pense que cela nous aidera tous", avait-il lancé au cours d’une conférence de presse à Kiev.

Un Germano-Russe condamné à six ans de prison pour des projets de sabotage en Allemagne

Un Germano-Russe accusé d'avoir espionné pour le compte de Moscou et préparé des actes de sabotages en Allemagne visant l'aide fournie à l'Ukraine a été condamné jeudi à six ans de prison par un tribunal de Munich (sud), ses deux complices écopant de peines de prison avec sursis.

Depuis l'invasion à grande échelle de l'Ukraine en février 2022, Berlin est devenu à la fois le plus important soutien européen de Kiev et une cible privilégiée d'actes de sabotage, de campagnes de désinformation, d'intimidation et d'espionnage, une "guerre hybride" attribuée au Kremlin. La Russie dément systématiquement être derrière ces affaires et incidents.

Le principal suspect Dieter Schmidt, accusé d'avoir fait des repérages de cibles potentielles, a été condamné pour activité de renseignement et "appartenance à un groupe terroriste à l'étranger", a déclaré le juge. Ce binational germano-russe a échangé des informations avec une personne liée aux services de renseignement russes pendant plusieurs mois, à partir d'octobre 2023, en vue d'éventuels actes de sabotage. Il a notamment transmis des photos et vidéos faites lors de repérages.

© afp.com/YURI KOCHETKOV

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, le 17 mars 2025 à Moscou

En réponse à Vladimir Poutine, Donald Trump relance les essais nucléaires américains

30 octobre 2025 à 08:38

Donald Trump a ordonné jeudi 30 octobre la relance des essais d’armes nucléaires des Etats-Unis, interrompus depuis plus de 30 ans, à la suite d’une série d’annonces de Vladimir Poutine sur le développement de nouvelles armes atomiques russes.

Cette déclaration du président américain, sans détails concrets, a ressemblé à une déclaration de force à quelques minutes de sa rencontre très attendue à Busan, en Corée du Sud, avec son homologue chinois Xi Jinping. Elle intervient aussi alors que le milliardaire républicain a haussé le ton contre le Kremlin, alors que ses efforts pour mettre fin à la guerre qui fait rage en Ukraine depuis plus de trois ans et demi n’ont donné aucun résultat concret.

5 489 ogives nucléaires russes contre 5 177 américaines

"En raison des programmes d’essais menés par d’autres pays, j’ai demandé au ministère de la Guerre de commencer à tester nos armes nucléaires sur un pied d’égalité. Ce processus commencera immédiatement", a déclaré le président américain sur son réseau Truth Social. "Les Etats-Unis possèdent plus d’armes nucléaires que tout autre pays", s’est-il réjoui. "La Russie arrive en deuxième position et la Chine loin derrière en troisième, mais elle rattrapera son retard d’ici cinq ans".

Selon le dernier rapport annuel de l’Institut de recherche international pour la paix de Stockholm (Sipri), les Russes affichent 5 489 ogives nucléaires contre 5 177 pour les Américains et 600 pour les Chinois. Au total, cette organisation estime à plus de 12 200 le nombre d’ogives détenues par les neuf pays disposant de l’arme atomique : la Russie, les Etats-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, le Pakistan, l’Inde, Israël et la Corée du Nord. A son arrivée à son entretien avec Xi Jinping, Donald Trump n’a pas répondu à une journaliste qui lui demandait de commenter sa toute fraîche et surprenante annonce nucléaire.

Un nouveau drone sous-marin

La déclaration de Donald Trump une série d’annonces de la part de Vladimir Poutine, qui ces dernières années n’a cessé de vanter les nouvelles capacités militaires de son pays. Dimanche, le président russe s’était félicité de l’essai final réussi du missile de croisière à propulsion nucléaire Bourevestnik, d'"une portée illimitée" et capable de tenir en échec, selon lui, quasiment tous les systèmes d’interception. "C’est inapproprié", avait réagi Donald Trump, appelant Vladimir Poutine à plutôt "mettre fin à la guerre en Ukraine".

Mais le dirigeant russe n’a pas tenu compte de ces reproches. "Hier, nous avons effectué encore un essai, d’un autre système prometteur, un drone sous-marin Poséidon", a dit Vladimir Poutine lors de la visite d’un hôpital militaire, une déclaration diffusée mercredi à la télévision publique russe. Le drone Poséidon, selon Moscou, est doté d’un système de propulsion nucléaire et peut également transporter des charges atomiques. "Aucun autre appareil dans le monde n’est égal à celui-là par sa vitesse et la profondeur" à laquelle il opère, a assuré le maître du Kremlin, en affirmant qu’il n’existait "aucun moyen de l’intercepter".

Donald Trump, qui se pose en président de la paix depuis son retour à la Maison-Blanche, semble durcir le ton contre Moscou depuis l’échec de son sommet en Alaska avec Vladimir Poutine cet été. La semaine dernière, il a reporté sine die un projet de rencontre, tout juste annoncé, avec Vladimir Poutine à Budapest, disant ne pas vouloir de discussions "pour rien" et les Etats-Unis ont ensuite imposé de nouvelles sanctions sur les hydrocarbures russes.

Washington et Moscou restent liés par le traité de désarmement New Start, qui limite chaque partie à 1 550 ogives stratégiques offensives déployées et prévoit un mécanisme de vérifications, interrompues depuis deux ans. Alors que le traité doit expirer en février prochain, Vladimir Poutine a proposé début octobre de le prolonger d’un an mais n’a pas mentionné une possible reprise des inspections des arsenaux.

Entre le premier essai nucléaire américain en juillet 1945 dans le désert du Nouveau-Mexique et le moratoire imposé par le président George H. W. Bush en 1992, les Etats-Unis ont conduit 1 054 essais nucléaires, et deux bombardements sur les villes japonaises d’Hiroshima et Nagasaki en 1945.

© afp.com/Vincent Thian

Le président américain Donald Trump s'exprime lors du 13e sommet Asean - États-Unis dans le cadre du 47e sommet de l'Asean à Kuala Lumpur, le 26 octobre 2025 en Malaisie.

Droits de douane, terres rares… Donald Trump salue le "grand succès" de sa rencontre avec Xi Jinping

30 octobre 2025 à 08:11

Le président américain Donald Trump a quitté la Corée du Sud ce jeudi 30 octobre après une rencontre de 1h40 avec son homologue chinois Xi Jinping qui porte l’espoir d’une trêve dans la guerre commerciale entre les deux pays. Les dirigeants des deux plus grandes économies du monde se sont serré la main à l’issue de leur entretien.

Le républicain avait déclaré s’attendre à une "rencontre très réussie" avec le président chinois, qu’il a qualifié de "redoutable négociateur" au début de leur rendez-vous à Busan. A l'issue de celui-ci, il s'est de fait félicité d’un "grand succès", et a annoncé qu’il se rendrait en Chine en avril prochain pour de nouvelles discussions. "Je serai en Chine en avril et [Xi Jinping] viendra ici peu après, que ce soit en Floride, à Palm Beach, ou à Washington", a-t-il déclaré aux journalistes à bord d’Air Force One. "Nous avons finalisé de nombreux points", a-t-il ajouté, qualifiant Xi Jinping de "dirigeant exceptionnel d’un pays très puissant". L’Express fait le point sur ce qu’il faut retenir de cette entrevue au sommet.

Un accord reconductible sur l’approvisionnement en terres rares

Le président américain a annoncé jeudi avoir conclu lors de son entretien avec son homologue chinois Xi Jinping un accord d’un an, reconductible, sur l’approvisionnement en terres rares, matériau essentiel sur lequel la Chine exerce un quasi-monopole. "L’accord concernant les terres rares est désormais conclu, et c’est valable pour le monde entier", a affirmé Donald Trump aux journalistes à bord de l’avion Air Force One, précisant que cet accord serait renégocié chaque année.

La Chine a confirmé peu après avoir accepté de suspendre pour un an des restrictions imposées le 9 octobre sur différentes exportations, dont certaines liées aux terres rares. "La Chine suspendra pendant un an la mise en œuvre des mesures de contrôle des exportations concernées, annoncées le 9 octobre, et étudiera et affinera des plans spécifiques", a déclaré le ministère du Commerce dans un communiqué.

Une réduction à 10 % des droits de douane liés au fentanyl

Donald Trump a également annoncé avoir convenu de réduire à 10 % les droits de douane contre la Chine liés au trafic de fentanyl, après ses pourparlers avec le président Xi Jinping. Il a aussi affirmé que le différend entre la Chine et les Etats-Unis avait été "résolu".

Washington impose depuis mars une surtaxe douanière de 20 % sur de nombreux produits chinois en représailles au contrôle jugé insuffisant de la Chine sur le trafic de Fentanyl et d'autres opioïdes vers les États-Unis - ce que conteste Pékin. Xi Jinping "a accepté de tout mettre en œuvre pour endiguer le flux" de cet opioïde mortel, qui a tué des milliers d'Américains, a affirmé Donald Trump. "Je suis convaincu qu'il va tout faire pour stopper ce fléau", a-t-il déclaré.

Achat "de volumes considérables" de soja et autres produits agricoles

Donald Trump a affirmé que la Chine allait acheter "dès maintenant" des volumes "considérables" de soja et autres biens agricoles. "De grandes quantités, des volumes considérables de soja et d’autres produits agricoles vont être achetés immédiatement", a indiqué Donald Trump aux journalistes à bord d’Air Force One.

En représailles aux surtaxes douanières américaines liées au fentanyl, la Chine avait imposé ses propres taxes sur les produits agricoles américains et suspendu ses importations de soja des Etats-Unis au profit d'autres pays producteurs (Brésil, Argentine...). Or, le géant asiatique est un débouché crucial : la Chine avait absorbé l'an dernier plus de la moitié des exportations américaines de soja. Alors que les agriculteurs américains souffrent, la question était critique pour Donald Trump, soucieux de s'assurer une victoire politique auprès d'un segment électoral crucial pour lui.

Un possible "accord énergétique"

La Chine et les Etats-Unis doivent également entamer des pourparlers pour un éventuel "accord énergétique", a indiqué le président américain après avoir rencontré son homologue chinois.

"La Chine a accepté de s'engager sur une procédure d'achat d'énergie américaine. Une transaction d'envergure pourrait avoir lieu concernant l'achat de pétrole et de gaz de l'Alaska", a indiqué Donald Trump sur son réseau Truth Social. "Nos équipes respectives (...) se réuniront afin d'étudier la faisabilité d'un tel accord", a-t-il ajouté.

Washington et Pékin vont "travailler ensemble" sur la guerre en Ukraine

Alors que la guerre en Ukraine fait toujours rage, Donald Trump a assuré jeudi que Washington et Pékin allaient "travailler ensemble" sur le conflit. "L’Ukraine a été abordée de manière très forte. Nous en avons parlé pendant longtemps, et nous allons tous les deux travailler ensemble pour voir si nous pouvons obtenir quelque chose", a-t-il déclaré aux journalistes. Xi Jinping va "nous aider", a-t-il assuré.

La question de Taïwan absente des discussions

Le président américain a en revanche assuré que la question de Taïwan n’avait pas été abordée lors de sa rencontre avec le dirigeant chinois Xi Jinping, jeudi en Corée du Sud. "Taïwan n’a jamais été évoqué. Ce sujet n’a pas été abordé", a affirmé Donald Trump à bord d’Air Force One. Pékin revendique la souveraineté de l’île, dont Washington reste le soutien le plus puissant. Le sujet était vu comme un potentiel point d'achoppement majeur lors de la rencontre, alors que des analystes s'attendaient à voir Pékin chercher à faire pression au sujet de l'île.

Une relation de "partenaires et amis"

Le président chinois Xi Jinping a pour sa part déclaré avoir trouvé "des consensus sur des solutions aux problèmes" lors de sa rencontre avec Donald Trump. "Les équipes économiques et commerciales de la Chine et des Etats-Unis ont tenu des discussions approfondies et sont parvenues à des consensus sur des solutions aux problèmes", a-t-il déclaré, selon l'agence étatique Chine nouvelle. "Les deux équipes doivent affiner et finaliser les travaux de suivi le plus rapidement possible (...) et fournir des résultats concrets, afin de rassurer les esprits sur les économies de la Chine, des États-Unis et du monde", a-t-il ajouté.

Au début de son entretien avec Donald Trump, il avait déclaré que les deux pays devaient s’efforcer d’être "partenaires et amis" malgré leurs divergences et leur féroce opposition commerciale et stratégique. "La Chine et les États-Unis peuvent assumer conjointement leurs responsabilités de grandes puissances et travailler ensemble à la réalisation de projets plus ambitieux et concrets, pour le bien de nos deux pays et du monde entier", a-t-il affirmé à l’ouverture des discussions à Busan, indiquant qu'il était "ravi" de voir le président américain.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping se serrent la main avant des discussions à la base aérienne de Gimhae, en Corée du Sud, le 30 octobre 2025.

Législatives aux Pays-Bas : l’extrême droite et les centristes au coude-à-coude

30 octobre 2025 à 06:40

Donnée dans un premier temps battue, l’extrême droite de Geert Wilders est désormais donnée en tête des législatives anticipées aux Pays-Bas, à égalité avec un parti centriste pro-européen, dans une projection publiée jeudi 30 octobre à l’issue de ce scrutin très suivi en Europe.

Alors que les sondages réalisés à la sortie des urnes avaient créé la surprise en plaçant en première position le parti progressiste D66 de Rob Jetten, devant le parti d’extrême droite PVV de Geert Wilders, l’agence ANP leur a ensuite attribué 26 sièges chacun, sur 150 au Parlement. Cette projection s’appuie sur les résultats prenant en compte le dépouillement de près de 95 % des voix. Au début de cette nuit électorale à suspense, test de l’avancée de l’extrême droite en Europe, l’institut Ipsos I & O donnait 27 sièges à D66 et 25 au PVV.

Dans tous les cas, c’est une longue période de négociations qui s’ouvre pour les partis pour tenter de former une coalition, dans un système politique très fragmenté. Et c’est un revers pour le PVV qui perdrait 11 sièges par rapport à son succès électoral retentissant de 2023. "Les électeurs se sont exprimés. Nous espérions un autre résultat mais nous sommes restés fidèles à nous-mêmes", a déclaré sur X le dirigeant d’extrême droite de 62 ans.

Rob Jetten favori pour le poste de Premier ministre

Quel que soit le résultat définitif, Greet Wilders ne sera a priori pas Premier ministre, les principaux autres partis ayant exclu pour l’instant toute nouvelle collaboration avec lui, le jugeant peu fiable ou ses opinions trop peu acceptables.

Les premiers résultats placent donc le leader de D66, Rob Jetten, 38 ans, en pole position pour devenir le plus jeune Premier ministre néerlandais, et le premier ouvertement homosexuel. Ses partisans ont laissé éclater leur joie lors de leur soirée électorale à Leyde, près de La Haye, brandissant des drapeaux néerlandais et européens.

"On l’a fait !" s’est exclamé Rob Jetten dans un discours. "Il s’agit d’un résultat électoral historique car nous avons montré non seulement aux Pays-Bas mais aussi au monde entier qu’il est possible de vaincre les mouvements populistes et d’extrême droite", a-t-il déclaré devant des journalistes celui qui était monté en flèche ces derniers jours dans les sondages grâce à un message optimiste et une forte présence médiatique.

La nouvelle coalition pas pour tout de suite

Les élections aux Pays-Bas étaient suivies de près en Europe car elles devaient permettre d’évaluer l’ampleur de la poussée de l’extrême droite partout dans le continent, notamment au Royaume-Uni, en France et en Allemagne.

Greet Wilders a lui-même déclenché les élections anticipées en torpillant le gouvernement sortant après un différend sur l’immigration, retirant le PVV d’une fragile coalition quadripartite.

La campagne s’est principalement jouée autour de l’immigration et de la crise du logement, qui touche surtout les jeunes dans ce pays densément peuplé. Elle a été entachée de violences lors de manifestations anti-immigration, et de désinformation.

Le résultat définitif devrait être connu jeudi et les partis vont s’atteler à s’accorder sur une coalition, un processus qui pourrait prendre des mois. Derrière les deux formations en tête, le parti libéral de centre-droit VVD devrait remporter 22 sièges, l’alliance de gauche Verts/Travaillistes, 20, selon la projection d’ANP. Frans Timmermans, 64 ans, ancien vice-président de la Commission européenne, a jeté l’éponge après le résultat décevant de son alliance écologiste de gauche. "Ce soir, je quitte mes fonctions de chef de parti. Le cœur lourd", a-t-il déclaré.

"Il faudra certainement du temps aux Pays-Bas pour retrouver la stabilité et former une nouvelle coalition", a observé Sarah de Lange, professeure de sciences politiques à l’université de Leiden, avant le sondage de sortie des urnes. "Les partis sont idéologiquement très différents, ce qui rendra les compromis très difficiles", ajoute-t-elle, interrogée par l’AFP. En attendant la formation d’un nouveau gouvernement, le Premier ministre démissionnaire, Dick Schoof, continue de gérer les affaires courantes.

© afp.com/Sem van der Wal

Le dirigeant d'extrême droite Geert Wilders réagit aux législatives le 29 octobre 2025 à La Haye

Tournée asiatique : Donald Trump multiplie les accords commerciaux très favorables aux Etats-Unis

29 octobre 2025 à 19:58

Du Vietnam à la Corée du Sud en passant par Tokyo : en tournée en Asie depuis dimanche, Donald Trump a multiplié les accords commerciaux, assortis de promesses à coopérer sur la question-clé des minéraux critiques. Des accords qui confèrent aux Etats-Unis une longueur d'avance sur le Sud-Est asiatique, analyse l'agence de presse Bloomberg News. Retour en détail sur les différents partenariats conclus ces derniers jours.

Corée du Sud : automobile, construction navale

Séoul et Washington ont annoncé mercredi 29 octobre avoir finalisé l'accord commercial esquissé fin juillet. Selon un responsable sud-coréen, il prévoit une réduction à 15 % des taxes douanières réciproques sur l'automobile entre les deux pays - crucial pour Séoul puisque le marché américain absorbe la moitié des exportations de voitures sud-coréennes.

Il inclut également un plan d'investissements sud-coréens pour 350 milliards de dollars aux Etats-Unis "dont 200 milliards en numéraire et 150 milliards pour la coopération dans le secteur de la construction navale". Washington entend s'appuyer sur Séoul, deuxième plus gros constructeur de navires au monde, face à la domination chinoise sur cette industrie.

Terres rares : coopérations renforcées

A l'heure où Pékin durcit ses restrictions sur ses exportations de terres rares - matériaux essentiels dont la Chine a le quasi-monopole -, Washington est en quête d'approvisionnements alternatifs. Le président américain a conclu dimanche deux protocoles d'accord avec Kuala Lumpur et Bangkok pour "renforcer la coopération" sur les "minéraux critiques", promouvant "le commerce et l'investissement dans l'exploration, l'extraction (...) le raffinage". La Malaisie avait déclaré en 2023 détenir environ 16,2 millions de tonnes de réserves inexploitées de terres rares.

Les Etats-Unis et le Japon ont, eux, signé mardi un accord-cadre pour "sécuriser" leurs approvisionnements de terres rares et minéraux critiques, avec une mobilisation de capitaux pour soutenir conjointement des projets prioritaires.

Japon : construction navale, investissements

Les Etats-Unis ont également signé mardi avec Tokyo un protocole d'accord pour doper leur coopération sur la construction navale, sur lequel se penchera un groupe de travail conjoint. A été également publiée mardi une liste d'investissements "envisagés" par des firmes nippones, pour remplir l'engagement de 550 milliards de dollars d'investissements aux Etats-Unis promis par Tokyo dans le cadre de l'accord commercial nippo-américain conclu en juillet : nucléaire et intelligence artificielle y prédominent.

Malaisie : Boeing et investissements

Selon l'accord commercial signé dimanche, les taxes douanières américaines de 19 % visant la Malaisie seront maintenues, mais Washington accordera certaines exemptions, notamment à de nombreux produits agricoles. En échange, Kuala Lumpur devra offrir "un accès préférentiel" aux produits industriels, automobiles, biens agricoles, des Etats-Unis.

La Malaisie a également promis de commander 30 avions Boeing (avec une option pour 30 supplémentaires) et d'acheter pour 150 milliards de dollars de puces, composants aérospatiaux et équipements de centres de données. Enfin, le pays devra investir 70 milliards de dollars aux Etats-Unis sur la prochaine décennie, et gonfler ses achats d'hydrocarbures américains. Reste en suspens la questions des semi-conducteurs, dont la Malaisie est le sixième exportateur mondial et que l'administration Trump envisage de taxer lourdement.

Cambodge : exemptions accordées

Selon l'accord conclu dimanche, des droits américains "réciproques" de 19 % sont maintenus sur les exportations cambodgiennes, mais des exemptions sont ménagées. Le Cambodge s'engage à maintenir des droits de douane nuls sur les produits américains, mais aussi à "autoriser et faciliter les investissements pour explorer, extraire, raffiner (...) minéraux critiques et ressources énergétiques".

Vietnam : l'inconnue des biens "transbordés"

Le Vietnam avait conclu en juillet un compromis ramenant les surtaxes américaines douanières le visant à 20 %, bien en deçà des 46 % qu'il risquait. Selon l'accord-cadre conclu ce week-end, Washington maintient ces 20 % mais accordera des droits nuls sur certains produits dont la liste reste ouverte. En contrepartie, le Vietnam donnera "un accès préférentiel" aux exportations industrielles et agricoles américaines et réduira ses barrières réglementaires. Vietnam Airlines a accepté de finaliser sa commande de 50 Boeing, pour quelque 8 milliards de dollars selon la Maison blanche, qui fait aussi état d'achats importants de produits agricoles. Les deux parties travailleront à finaliser l'accord "dans les prochaines semaines".

En revanche, l'accord de juillet prévoyait que les Etats-Unis surtaxent à 40 % les produits conçus ailleurs et ne faisant que transiter par le Vietnam, notamment en vue d'échapper aux taxes américaines contre la Chine. Aucune définition précise n'est encore donnée, au grande dam des industriels vietnamiens, très intégrés aux chaînes de production chinoises.

Thaïlande : accord-cadre à finaliser

Donald Trump a conclu dimanche avec Bangkok un accord-cadre à finaliser "dans les prochaines semaines", qui assortit la surtaxe douanières actuelle (19 %) d'exemptions -en échange de l'élimination des barrières douanières thaïlandaises. Le texte prévoit aussi la commande de 80 avions américains pour 18,8 milliards de dollars, et des achats accrus de biens agricoles et hydrocarbures américains.

© AFP

Le président américain Donald Trump (2e à gauche) pose pour une photo de groupe avec le Premier ministre cambodgien Hun Manet (à gauche), le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim (2e à droite) et le président philippin Ferdinand Marcos Jr (à droite) avant le 13e sommet ASEAN-États-Unis à Kuala Lumpur, le 26 octobre 2025.

Face à la menace chinoise, Taïwan veut s'inspirer d'Israël pour garantir sa souveraineté

29 octobre 2025 à 18:59

"Un modèle". C'est ainsi que le président taïwanais a qualifié Israël, vantant la robustesse de son système de défense. Lai Ching-te n'a, en outre, pas hésité à convoquer la Bible, citant David contre Goliath en référence au rapport de force entre Taïwan et la Chine. Ou comment légitimer le réarmement de l'île et tenter de courtiser Washington, alors que Pékin intensifie depuis quelques jours les exercices militaires autour de Taïwan.

Manoeuvres d'intimidation de Pékin

"Xi Jinping n’hésitera pas à sacrifier le PIB chinois pour envahir Taïwan, ce qui serait le déclencheur d’une guerre catastrophique avec les Etats-Unis", alertait pas plus tard qu'hier dans les colonnes de L'Express Michael Beckley, responsable de la recherche sur l’Asie au Foreign Policy Research Institute.

Pour garantir son indépendance, Taïwan, fervent soutien de l'Etat hébreu, entend donc prendre exemple sur le modèle de défense israélien. "Le peuple taïwanais s'inspire souvent de l'exemple du peuple juif face aux défis que la Chine pose à sa position internationale et aux menaces qui pèsent sur sa souveraineté", a ainsi déclaré le président Lai lors d'un dîner organisé lundi soir à Taïwan par le Comité des affaires publiques américano-israéliennes.

Israël érigé en modèle de défense

Le président taïwanais est même allé plus loin, affirmant que "l'apaisement n'a jamais été le moyen de mettre fin aux gouvernements autoritaires" et que le concept de paix par la force était "une maxime que les sociétés israéliennes, américaines et taïwanaises ont depuis des années". Ces déclarations s'inscrivent dans la lignée de premières annonces du président Lai en ce sens, ce mois-ci. Ce dernier avait ainsi déclaré, le 10 octobre dernier, vouloir augmenter les dépenses de défense à plus de 3 % du PIB en 2026 et à 5 % d'ici 2030, pour "protéger la nation".

Il avait aussi officialisé le déploiement d'un nouveau système de défense aérienne multicouche appelé "T-Dome" afin de se défendre contre une éventuelle attaque future de Pékin. Une infrastructure inspirée par le système de défense antimissile "Iron Dome" d'Israël, ainsi que par le bouclier antimissile "Golden Dome" du président américain Donald Trump.

Opération séduction de la base MAGA

Alors que le président américain est actuellement en tournée en Asie et doit rencontrer dès demain le président chinois Xi Jinping en Corée du Sud, Taïwan redouble d'efforts pour rallier les Etats-Unis à sa cause. Notamment dans un contexte où l'île s'inquiète de la solidité de sa relation avec Washington, en cas d'attaque de la Chine.

Mercredi 29 octobre, Pékin n'a de son côté pas mâché ses mots, rapporte Courrier International, faisant savoir qu'elle ne "promettrait jamais de renoncer à l'usage de la force vis-a-vis de Taïwan". Reste à voir qui, de Xi Jinping ou de Lai Ching-te, réussira à avoir l'oreille de Donald Trump.

© Daniel Ceng / ANADOLU / Anadolu via AFP

Le président taïwanais Lai Ching-te prononce un discours à l’occasion de la fête nationale, devant le Palais présidentiel à Taipei, à Taïwan, le 10 octobre 2025.

Sahara occidental : pourquoi l'avenir du territoire est suspendu au vote de la Russie à l'ONU

29 octobre 2025 à 16:32

C'est un dossier explosif sur lequel Moscou continue d'entretenir le flou. Et pourtant, sa voix sera stratégique pour l'avenir de ce territoire, disputé depuis cinquante ans entre le Maroc et les indépendantistes du Front Polisario -soutenus par l'Algérie. Car dès demain, le Sahara occidental sera au coeur d'un vote à l'Onu. Les cinq membres permanents du conseil de sécurité devront se positionner sur un plan d'autonomie proposé par l'administration Trump et favorable au Maroc.

Si le Royaume-Uni et la France ont déjà fait savoir qu'ils se rangeraient derrière Washington, la Chine ainsi que la Russie, traditionnel allié d'Alger, sont, eux, restés plus ambigus. Pour Moscou, ce vote peut être l'opportunité de réaffirmer son non-alignement avec Washington. Ou au contraire de brosser Donald Trump dans le sens du poil pour espérer obtenir de futures concessions de sa part...

Proposition américaine favorable au Maroc

Le projet de résolution a été remis, le 22 octobre, par les Etats-unis. Selon Le Monde, il reprendrait un certain nombre d'éléments du plan marocain d’autonomie, proposé en 2007. Dans sa version initiale, le texte présentait ainsi ce statut d’autonomie "au sein de l’Etat marocain" comme "la solution la plus réalisable", utilisant même, à une reprise, une formule plus restrictive encore : "la base" de discussion – sous-entendu la seule.

Mais devant les résistances exprimées par certains membres du Conseil, une nouvelle mouture aurait commencé à circuler dans la soirée de lundi. Elle réaffirmerait entre autres le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, dans l’esprit des résolutions passées du Conseil.

Rejet catégorique du Front Polisario

Une condition indispensable pour le Front Polisario, qui avait dénoncé, dans un courrier au président du Conseil de sécurité de l'ONU, le texte initial. Un texte qui, selon lui, "niait sa participation" et "écartait toute référence au référendum d'autodétermination", rapporte le quotidien algérien El Watan. Le mouvement indépendantiste a également dit regretter que l'Espagne, ancienne puissance coloniale du Sahara occidental, ne participe pas aux discussions. "On ne peut construire une paix durable en marginalisant les acteurs historiques et en contournant les principes qui fondent le droit international", a déclaré le Front Polisario.

De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déjà fait valoir qu'"aucun accord" ne pouvait être "imposé au mouvement sahraoui". Le tout, en prenant soin de rappeler ses désaccords avec Washington : pour Moscou, le dossier "n'est pas clos", a-t-il notamment expliqué. Et d'ajouter : "il le sera uniquement lorsque toutes les parties concernées estimeront que la décision a été prise dans le respect d'un juste équilibre des intérêts".

La Russie en position de force

Mais pour autant, plusieurs experts en sont convaincus : la Russie n'opposera pas son véto à la résolution américaine. "Au mieux, si le texte est trop en faveur du Maroc, la Russie s'abstiendra", juge par exemple le directeur du programme Afrique du Nord à l'International Crisis Group Riccardo Fabiani, cité par le journal espagnol El Independiente. Et d'ajouter que "la Russie a peu à gagner à adopter une position ferme, car elle entretient de bonnes relations avec l'Algérie et le Maroc et ne considère pas ce conflit comme important pour ses propres intérêts".

Mark N. Katz, professeur à l'université George-Mason aux Etats-Unis va même plus loin : pour lui, "les Russes pourraient même soutenir la résolution américaine {alignée sur la position de Rabat, NDLR}, s'ils estiment pouvoir obtenir des concessions ailleurs", notamment sur le dossier ukrainien.

Quid de la mission onusienne sur place ?

Pour être adopté jeudi 30 octobre, le projet de résolution devra obtenir les voix d’au moins neuf pays sur les quinze qui composent le Conseil, à savoir les cinq permanents, auxquels s’ajoutent dix membres élus pour deux ans : l’Algérie, la Corée du Sud, le Danemark, la Grèce, le Guyana, le Pakistan, le Panama, la Sierra Leone, la Slovénie et la Somalie.

D'autres enjeux seront également à l'ordre du jour des discussions. A commencer par le renouvellement du mandat de la Minurso, la mission onusienne chargée depuis 1991 de surveiller le cessez-le-feu - désormais caduc - dans le territoire. Car le texte porté par les Etats-Unis entend prolonger de seulement trois mois son mandat, alors que celui-ci est d'ordinaire renouvelé chaque année. De quoi affaiblir un peu plus une mission déjà mise à mal par les coupes budgétaires de l'administration Trump.

© Anadolu via AFP

Des personnes célèbrent le 50e anniversaire du Front Polisario et le déclenchement de la lutte armée pour l'indépendance du Sahara occidental à Aousserd à Tindouf au sud-ouest d'Alger, Algérie, le 20 mai 2023.

Vladimir Poutine annonce que la Russie a testé un drone sous-marin à capacité nucléaire

29 octobre 2025 à 14:10

L’Ukraine aura besoin du soutien financier de l'Europe pendant encore "deux ou trois ans" pour contrer l'invasion russe, a affirmé Volodymyr Zelensky, en référence à une proposition de la Commission européenne visant à débloquer progressivement les avoirs russes gelés pour financer l'effort de guerre ukrainien. Le président ukrainien espère également que Donald Trump fera pression sur Xi Jinping pour que Pékin diminue son soutien à Moscou et ses importations d'hydrocarbures russes, lors de la rencontre prévue jeudi entre les dirigeants américain et chinois.

Sur le front, l'armée russe, plus nombreuse, continue de grignoter du terrain dans certains secteurs, en dépit de lourdes pertes, et sans réussir pour l'heure à accomplir de percée majeure. La priorité du Kremlin reste la prise de la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine. Ces derniers jours, la pression s'est accentuée sur la ville de Pokrovsk, un bastion de la région que les forces russes cherchent à prendre depuis des mois. Volodymyr Zelensky a affirmé qu'environ 200 soldats russes se trouvaient actuellement dans la cité, "la cible principale des Russes".

Les infos à retenir

⇒ Vladimir Poutine dit que la Russie a testé un drone sous-marin à capacité nucléaire

⇒ Une frappe russe a touché un hôpital pour enfants à Kherson, selon Kiev

⇒ Un ex-instructeur militaire "européen" arrêté et accusé d'espionnage pour Moscou

Vladimir Poutine annonce que la Russie a testé un drone sous-marin à capacité nucléaire

Vladimir Poutine a déclaré mercredi 29 octobre que la Russie avait testé un drone sous-marin à capacité nucléaire, le Poséidon, quelques jours après avoir annoncé un essai final réussi du missile russe de croisière à propulsion nucléaire Bourevestnik.

"Hier, nous avons effectué encore un essai, d'un autre système prometteur - un drone sous-marin Poséidon", a dit le président russe. "Il n'existe aucun moyen de l'intercepter", a-t-il affirmé. Cet équipement militaire, selon Moscou, est à propulsion nucléaire et peut également transporter des charges atomiques. "Aucun autre appareil dans le monde n'est égal à celui-là par sa vitesse et la profondeur" à laquelle il opère, a poursuivi le maître du Kremlin.

Une source au sein du complexe militaro-industriel russe, citée précédemment par l'agence de presse officielle TASS, assure que le Poséidon, un drone sous-marin conçu pour la dissuasion nucléaire, est capable de se déplacer à plus d'un kilomètre de profondeur, à une vitesse de 60 à 70 noeuds, tout en restant indétectable. Il est censé équiper à terme le Belgorod, un sous-marin nucléaire mis en service en juillet 2022 et qui a les installations nécessaires pour lancer le Poséidon.

Dimanche, Vladimir Poutine avait annoncé un essai final réussi du missile de croisière à propulsion nucléaire Bourevestnik, d'"une portée illimitée" et capable de tenir en échec selon lui quasiment tous les systèmes d'interception. Vladimir Poutine avait dévoilé la mise au point par l'armée russe d'armes ultramodernes, parmi lesquelles les Bourevestnik et les Poséidon, en 2018, à l'époque pour faire face selon Moscou aux menaces des Etats-Unis.

Une frappe russe a touché un hôpital pour enfants à Kherson, selon Kiev

Un bombardement a touché mercredi un hôpital pédiatrique dans la ville ukrainienne de Kherson (sud), faisant neuf blessés dont quatre enfants, ont annoncé les autorités de Kiev, qui ont accusé Moscou d'"un nouveau crime de guerre". "L'ennemi a ouvert le feu sur un hôpital pour enfants à Kherson. Neuf personnes ont été blessées, dont quatre enfants et trois membres du personnel médical", a déclaré Dmytro Loubinets, le médiateur ukrainien pour les droits humains.

Selon lui, les bâtiments de l'hôpital ont subi d'"importants dégâts". "Il s'agit là d'un nouveau crime de guerre de la part de la Fédération de Russie, qui attaque délibérément des biens civils, en violation flagrante des normes du droit humanitaire international", a poursuivi Dmytro Loubinets, sur les réseaux sociaux. Son communiqué est accompagné d'une vidéo non vérifiée par l'AFP montrant un bâtiment aux fenêtres soufflées et à la façade endommagée, ainsi que des pièces contenant du matériel médical au milieu de décombres et ce qui semble être des taches de sang sur le sol.

Depuis sa libération par Kiev en novembre 2022 après six mois d'occupation russe, la ville de Kherson, située au bord du Dniepr, le fleuve marquant la ligne de front dans ce secteur, est quasi quotidiennement la cible de bombardements russes qui font régulièrement des morts et des blessés parmi les civils. Dans la région voisine d'Odessa, des frappes russes ont endommagé des installations électriques ukrainiennes, privant d'électricité près "de 26.900 foyers" et causant des dégâts "importants", selon l'opérateur privé DTEK. Face aux bombardements massifs qui touchent son territoire, l'Ukraine réplique par des attaques de drones et des frappes sur le territoire russe.

Mercredi, le gouverneur de la région russe de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, a affirmé qu'une attaque de drone ukrainien avait causé la mort d'au moins une personne et en avait blessé trois autres dans le village de Chebekino, frontalier de l'Ukraine.

Dans le même temps, le ministère russe de la Défense a revendiqué mercredi la prise par les soldats russes du village de Vychneve dans la région ukrainienne de Dnipropetrovsk (centre-est). Les troupes russes continuent de lentement grignoter du terrain dans certains secteurs, malgré de lourdes pertes, face à des forces ukrainiennes moins nombreuses.

Un ex-instructeur militaire "européen" arrêté et accusé d'espionnage pour Moscou

Les Services de sécurité ukrainiens (SBU) ont déclaré mercredi avoir arrêté un ancien instructeur militaire ayant travaillé en Ukraine et originaire d'un pays européen non identifié, l'accusant d'espionnage pour le compte de la Russie. "Selon les éléments du dossier, cet étranger a fourni à l'ennemi des informations officielles sur les forces de défense ukrainiennes et se préparait à commettre des actes terroristes", a affirmé le SBU dans un communiqué diffusé sur les médias sociaux.

Le suspect est arrivé en Ukraine début 2024 pour "travailler en tant qu'instructeur chargé de former le personnel mobilisé" et avait des "compétences dans le maniement des armes à feu et l'entraînement tactique", selon ce communiqué qui ne précise ni sa nationalité ni son poste. Selon cette source, il a commencé à collaborer avec Moscou quelques mois plus tard et les services de sécurité russes (FSB) lui ont donné des instructions sur la fabrication d'engins explosifs et fourni une arme de poing et des munitions. Placé en détention après avoir été arrêté à Kiev, il encourt jusqu'à 12 ans d'emprisonnement et la confiscation de ses biens, toujours selon le SBU.

Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine sur ordre du président russe Vladimir Poutine en février 2022, l'Ukraine a ouvert des milliers d'affaires pénales pour collaboration avec l'ennemi et arrête régulièrement des agents présumés travaillant pour la Russie.

Les Etats-Unis vont réduire leur présence militaire sur le front oriental de l'Europe

Les Etats-Unis vont réduire leur présence militaire sur le front oriental de l'Europe, a annoncé mercredi la Roumanie, concernée en première ligne par cette décision, alors que le conflit ukrainien continue de faire rage à ses portes.

Quelque 85.000 troupes américains sont stationnées en Europe, dont 20.000 venues en renfort après l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février 2022, selon le ministère américain de la Défense. "Le redimensionnement des forces américaines est le résultat des nouvelles priorités de l'administration présidentielle, annoncées en février", a souligné le ministère roumain de la Défense dans un communiqué.

Cette décision "a également pris en compte le fait que l'Otan a renforcé sa présence et son activité sur le flanc oriental", a-t-il ajouté. Il s'agit d'un "ajustement" qui n'empêchera pas les forces américaines de rester "plus importantes" qu'avant 2022, a réagi de son côté un responsable de l'Otan interrogé par l'AFP, soulignant que l'organisation avait été informée au préalable et que les "ajustements" à la présence américaine en Europe "ne sont pas inhabituels".

Toutefois, pour l'ancien conseiller à la sécurité nationale du président roumain, George Scutaru, il s'agit d'"un mauvais signal envoyé à la Russie" concernant la région de la mer Noire. "La Russie pourrait considérer que la mer Noire n'est pas si importante pour les intérêts américains en Europe", a-t-il déclaré à l'AFP, estimant qu'elle serait dès lors "encouragée à essayer de faire pression davantage, en particulier sur la Roumanie, en utilisant des drones, des incursions dans l'espace aérien".

© afp.com/Alexander KAZAKOV

Le président russe Vladimir Poutine lors d'une réunion télévisée avec des membres de son Conseil de sécurité, le 22 septembre 2025 au Kremlin

Guerre en Ukraine : la ville stratégique de Pokrovsk sous le feu des attaques de Moscou

29 octobre 2025 à 12:37

L’armée du Kremlin est aux portes d’un bastion de l’est de l’Ukraine qu’elle tente de prendre depuis des mois. "Pokrovsk est actuellement la cible principale des Russes" a confirmé gravement Volodymyr Zelensky lors d’un briefing mardi 28 octobre au matin. Dimanche soir, il avait déjà affirmé que des "combats féroces" se déroulaient à Pokrovsk et dans ses faubourgs. "Il y a des groupes de sabotage à l’intérieur, et la logistique est compliquée", a-t-il ajouté selon des propos rapportés par le Financial Times. Selon l’Etat-major ukrainien, l’armée russe est parvenue à faire entrer environ 200 soldats à Pokrovsk, qui se sont infiltrés en "petits groupes d’infanterie".

Pour l’heure, la ville résiste. "Dès que les soldats russes émergent ou tirent d’un endroit, ils sont localisés et détruits" a assuré Volodymyr Zelensky lors de son dernier briefing. Auprès du Washington Post, un major ukrainien décrit quant à lui un "chaos stable à l’intérieur" de la ville. "Nous tenons la ville pour l’instant", affirme-t-il, indiquant qu’il n’y a "aucun plan de retraite". Toujours selon les informations du Financial Times, "les deux camps s’appuient de plus en plus sur des drones chargés d’explosifs pour frapper les véhicules d’approvisionnement jusqu’à 20 kilomètres derrière la ligne de front".

La Russie tente d’encercler la ville

Les responsables russes ont présenté une image très différente — celle d’une armée ukrainienne au bord d’une déroute majeure. Dimanche, le général Valery Gerasimov, chef d’état-major des forces armées russes, a rapporté au président Vladimir Poutine que les troupes du Kremlin avaient encerclé près de 5 500 soldats ukrainiens dans la direction de Pokrovsk et 5 000 autres près de Koupiansk, dans la région de Kharkiv, au nord. Des chiffres démentis par l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW) basé à Washington, pour qui ces déclarations s’inscrivent dans "la guerre cognitive du Kremlin", destinée à faire croire à une victoire russe inévitable.

NEW: US President Donald Trump’s October 17 meeting with Ukrainian President Volodymyr Zelensky reportedly ended with Trump supporting a ceasefire on the current frontlines and not Russian President Vladimir Putin’s demands that Ukraine cede territory in Donetsk Oblast to Russia.… pic.twitter.com/j9A2fruduc

— Institute for the Study of War (@TheStudyofWar) October 21, 2025

Si Pokrovsk tombait, ce serait la plus grande prise russe depuis Bakhmout, en mai 2023. "Les gens comparent à Bakhmout, mais c’est différent : ici, ils sont moins nombreux et se cachent dans des sous-sols", souligne toutefois un officier auprès du Washington Post. Sur le terrain, la situation reste critique. Pokrovsk est difficile à ravitailler. "Le problème est principalement logistique : évacuations, munitions, carburant," confie un autre major au journal américain. "Ils ont tenté de nous encercler deux fois," conclut-il, "et ça n’a pas marché."

Le verrou stratégique pour contrôler le Donbass

Des combats sont en cours au niveau de plusieurs points chauds, le long d’environ 1 000 kilomètres de ligne de front. Cette poussée s’inscrit dans une offensive plus large qui a vu les troupes de Moscou progresser autour de Lyman et de Kostyantynivka, dans la région de Donetsk que Vladimir Poutine exige que Kiev cède comme condition à tout cessez-le-feu. Auprès du Financial Times, l’analyste militaire Kostyantyn Mashovets assure qu’"il n’y a pas d’encerclement", mais prévient que "la menace est très réelle". Selon des sources ukrainiennes, l’armée de Kiev a tout de même repris trois villages au nord de Pokrovsk, perdus lors d’une offensive surprise en août.

Située au cœur de la région de Donetsk, cette ville-forteresse de quelque 60 000 habitants avant l’invasion de 2022 constitue l’un des derniers grands bastions encore tenus par Kiev dans la région. Sa chute ouvrirait à la Russie la voie vers l’ouest et faciliterait la prise du reste de la région, notamment des cités de la "ceinture de forteresses" comme Kostiantynivka ou Kramatorsk. Véritable carrefour, Pokrovsk donne accès à des axes routiers et ferroviaires essentiels pour l’armée ukrainienne. Pour Moscou, la capturer reviendrait à briser le verrou qui empêche la domination totale du Donbass, cette région qui englobe les oblasts du Donetsk et de Louhansk.

© afp.com/Handout

Si la ville de Pokrovsk tombait, ce serait la plus grande prise russe depuis Bakhmout, en mai 2023.
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