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Reçu aujourd’hui — 28 novembre 2025 L'Express

Démission du bras droit de Volodymyr Zelensky : ce scandale de corruption qui secoue l'Ukraine

28 novembre 2025 à 17:57

Volodymyr Zelensky a limogé vendredi 28 novembre son chef de cabinet, Andriy Yermak, considéré comme son bras droit et l'un des hommes les plus influents d'Ukraine, après la perquisition de son logement par les enquêteurs de l'agence anticorruption. Cette démission, qui risque de déstabiliser la présidence, arrive à un moment très difficile pour l'Ukraine, alors que ses soldats sont à la peine sur le front et qu'elle négocie avec les Etats-Unis sur un plan visant à mettre fin à quatre ans de guerre avec la Russie.

Le deuxième homme le plus influent d'Ukraine

Âgé de 54 ans, Andriy Yermak était justement à la tête de la délégation ukrainienne pour ces pourparlers et l'un des membres les plus importants de l'équipe du président Zelensky. Sa démission intervient deux semaines après la révélation d'un scandale de corruption d'ampleur dans le secteur énergétique, déjà mis à mal par les bombardements russes.

"Le chef du cabinet, Andriy Yermak, a présenté sa démission", a annoncé Volodymyr Zelensky dans son message quotidien à la population diffusé sur les réseaux sociaux, le remerciant d'avoir "toujours représenté la position de l'Ukraine" et "toujours adopté une position patriotique". Il a précisé qu'il s'entretiendrait samedi avec les personnes susceptibles de remplacer Andriy Yermak à la tête de la présidence. Un décret de Volodymyr Zelensky a validé dans la foulée sa démission.

Le président a appelé les Ukrainiens à "ne pas perdre (leur) unité", alors que de nombreuses voix s'interrogeaient depuis quatre ans sur l'influence croissante de Andriy Yermak sur le président, qualifiés par certains d'"hypnotique", et sur son contrôle des accès à Volodymyr Zelensky.

Dans la matinée, l'agence anticorruption ukrainienne (NABU) et le parquet spécialisé dans ces affaires (SAP) avaient mené des perquisitions au domicile d'Andriy Yermak, sans préciser pour quelle raison. Ce dernier, nommé à la présidence en 2020, deux ans avant le début de l'invasion russe de l'Ukraine, avait confirmé ces fouilles et assuré coopérer "pleinement" avec les enquêteurs.

L'un des pires scandales de corruption

Ces perquisitions sont liées, selon des députés d'opposition, à l'un des pires scandales de corruption de la présidence Zelensky, qui avait mené début novembre à la destitution de deux ministres et à plusieurs arrestations. Le NABU avait alors mis au jour un "système criminel", orchestré selon les enquêteurs par un proche du président, qui a permis de détourner environ 86 millions d'euros dans le secteur énergétique.

Acculé par ces révélations, Volodymyr Zelensky avait introduit des sanctions contre l'organisateur présumé, Timour Minditch, son ancien associé d'affaires et considéré comme son ami proche. Selon un député d'opposition, Andriy Yermak serait indirectement mentionné sur des enregistrements de conversations entre les suspects comme ordonnant des pressions sur les structures anticorruption. Il y figurerait sous le pseudonyme d'"Ali Baba", qui reprend les premières lettres de son prénom et son patronyme, Andriï Borysovytch.

Ancien producteur de cinéma et juriste spécialisé en propriété intellectuelle, Andriy Yermak avait travaillé avec le président ukrainien à l'époque où ce dernier était un comédien très populaire. Il était considéré comme le deuxième homme le plus influent du pays, après Volodymyr Zelensky. Depuis le début de l'invasion russe il y a bientôt quatre ans, il a mené plusieurs sessions de négociations avec les Américains à Washington, ou encore le week-end dernier à Genève.

"Cette situation affaiblit" la position ukrainienne dans les négociations et la Russie exploitera "sans aucun doute" ce scandale, a commenté auprès de l'AFP l'analyste politique ukrainien Volodymyr Fessenko.

Volodymyr Zelensky sous "hypnose"

L'influence d'Andriy Yermak sur Volodymyr Zelensky est un sujet très discuté en Ukraine depuis le début de la guerre et qui suscite des interrogations jusqu'au sein de l'équipe présidentielle. Les voix critiques accusent le chef de cabinet de concentrer trop de pouvoir, prenant de facto la direction de la politique étrangère du pays et contrôlant l'accès au président.

Son influence sur Volodymyr Zelensky, "c'est comme de l'hypnose", estimait sarcastiquement en novembre auprès de l'AFP une source haut placée au sein du parti présidentiel. Andriy Yermak a "écarté le ministère des Affaires étrangères" des négociations avec Washington, selon cette source. Andriy Yermak "ne permet à personne d'approcher Zelensky, sauf les gens loyaux" et cherche à "influencer presque toutes les décisions de la présidence", a renchéri auprès de l'AFP un ancien haut responsable ayant travaillé avec le chef de l'Etat.

Parfois surnommé "vice-président", Andriy Yermak accompagne Volodymyr Zelensky à quasiment tous les évènements officiels. Selon des médias, les lits des deux hommes se trouvent même côte à côte dans le bunker souterrain de la présidence, ce qui a suscité de nombreuses blagues sur les réseaux sociaux. Ils passent aussi du temps libre ensemble pour faire du sport ou regarder des films.

© STR / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / AFP

Cette démission, qui risque de déstabiliser la présidence, arrive à un moment très difficile pour l'Ukraine, alors que ses soldats sont à la peine sur le front et qu'elle négocie avec les Etats-Unis sur un plan visant à mettre fin à quatre ans de guerre avec la Russie.

Attaque à Washington : les "unités zéro", ces "escadrons de la mort" dont le suspect a fait partie

28 novembre 2025 à 13:28

On les appelle "unités zéros". Ces forces paramilitaires, inconnues du grand public, font de nouveau parler d’elles ces derniers jours aux Etats-Unis. A l’origine de ce retour en pleine lumière : l’auteur présumé de la fusillade contre deux membres de la Garde nationale à Washington a un temps travaillé pour elles en Afghanistan. Le directeur de la CIA John Ratcliffe l’a lui-même confirmé à CBS News jeudi 27 octobre : "Le suspect a auparavant travaillé avec le gouvernement américain, y compris la CIA, en tant que membre d’une force partenaire à Kandahar", a-t-il fait savoir.

Lesdites "unités zéro" étaient exclusivement composées de ressortissants afghans et opéraient sous l’égide de la Direction nationale de la sécurité (NDS), l’agence de renseignement créée avec le soutien de la CIA pour appuyer le précédent gouvernement afghan, soutenu par les États-Unis. Anciennement connues sous le nom "d’équipes de poursuite antiterroriste", ces unités ont été entraînées à mener des raids nocturnes et des missions clandestines à travers l’Afghanistan pendant la guerre menée par les États-Unis. Au moment du retrait américain en août 2021, ces unités ont été officiellement intégrées aux services de renseignement afghans. Elles comptaient alors des milliers de membres.

Forces paramilitaires entraînées par la CIA

Lors de la prise de contrôle éclair du pays par les talibans, alors que l’armée afghane se désagrégeait et que l’armée américaine s’efforçait d’évacuer des milliers de personnes, les unités zéro ont joué un rôle essentiel dans la sécurisation des dernières bases américaines et de l’Otan à Kaboul, la capitale afghane. Certains de leurs membres ont ensuite pu être évacués vers les États-Unis. Le suspect de l’attaque survenue mercredi à Washington en fait partie. Selon trois personnes proches du dossier citées par le New York Times, il avait obtenu l’asile du gouvernement américain en avril dernier.

Au moment du retrait américain, plusieurs responsables afghans avaient déclaré au New York Times que leurs salaires pendant leur mission au sein de ces unités leur avaient été versés par la CIA. L’ONG internationale Human Rights Watch révèle d’ailleurs que la CIA était largement impliquée dans le recrutement, l’entraînement et la supervision de ces unités.

"Escadrons de la mort"

Mais ces unités avaient également la réputation d’être impitoyables, ce qui leur a souvent valu d’être qualifiées d'"escadrons de la mort" par les organisations de défense des droits de l’homme. Dans un rapport de 2019, Human Rights Watch a ainsi documenté l’implication de ces forces dans plusieurs affaires "d’exécutions extrajudiciaires et de disparitions forcées, de frappes aériennes indiscriminées, d’attaques contre des installations médicales et d’autres violations du droit international humanitaire".

En 2018, une "unité zéro" a été accusée d’avoir mené un raid contre une maison dans la province afghane de Nangarhar, au cours duquel elle aurait abattu cinq membres d’une même famille, dont une femme âgée et un enfant, toujours selon cette ONG. Si la CIA a jusqu’à présent nié les allégations de brutalité au sein de ces unités - et accusé les talibans d’être à l’origine de cette "propagande mensongère" -, le New York Times rappelle qu’un ex-combattant afghan de ces forces s’est déjà vu refuser l’asile aux Etats-Unis, sur la base d’accusations portées par Human Rights Watch.

© NurPhoto via AFP

Des soldats aghans dans la province de Nangarhar le 14 avril 2017.

Baïkonour : le cosmodrome russe endommagé lors du décollage d’une fusée vers l’ISS

28 novembre 2025 à 11:15

Le pas de tir du cosmodrome russe de Baïkonour, au Kazakhstan, a subi des dommages jeudi 27 novembre lors du décollage d’une fusée Soyouz emportant un équipage russo-américain vers la Station spatiale internationale, a indiqué l’agence spatiale russe Roscosmos. "Nous avons relevé des dommages sur plusieurs éléments" du pas de tir, a écrit Roscosmos sur les réseaux sociaux, après l’inspection de ces installations qui sont les seules à permettre à la Russie de faire décoller des vols habités.

L’agence spatiale a cependant assuré que "tous les matériels de réserve sont disponibles pour la réparation", et que le pas de tir serait remis en état "dans les plus brefs délais".

Des dommages importants, selon des blogs spécialisés

Des blogs russes spécialisés ont de leur côté affirmé que la Russie ne serait durablement pas en mesure d’assurer le lancement de vols habités, estimant que les dommages subis par les installations lors du décollage de jeudi étaient importants.

La mission Soyouz MS-38, emportant les cosmonautes russes Sergueï Koud-Svertchkov et Sergueï Mikaïev ainsi que l’astronaute américain Chris Williams, a décollé de Baïkonour jeudi à 10h27 (heure française). Le vaisseau s’est par la suite arrimé à la Station spatiale internationale (ISS) sans dommage, selon Roscosmos.

L’espace est un des rares domaines dans lesquels s’est poursuivie la coopération entre la Russie et les Etats-Unis après le début de l’offensive russe en Ukraine en février 2022.

© AFP

Décollage d'une fusée Soyouz transportant un équipage russo-américain, à Baïkonour le 27 novembre 2025.

Défense : avec "Michelangelo", l’Europe bientôt dotée de son "dôme de fer" ?

28 novembre 2025 à 10:47

Vers une défense antiaérienne européenne connectée ? C’est la promesse faite par l’entreprise publique italienne Leonardo, qui a présenté jeudi 27 novembre un système pointu d’intelligence artificielle. Sa mission : connecter les radars, missiles et systèmes de commandement européens pour neutraliser de potentielles menaces russes. Un fonctionnement inspiré du dôme de fer israélien, opérationnel depuis 2011. "Il s’agit d’un modèle important pour la sécurité de l’Italie, de l’Europe et des pays de l’Otan dans les années à venir", a déclaré Roberto Cingolani, directeur général de Leonardo, lors de la présentation du système aux hauts responsables de l’armée italienne. Selon lui, ce système baptisé "Michelangelo" sera opérationnel dès "fin 2027".

L’idée est de permettre à n’importe quel pays européen de pouvoir l’utiliser, alors que chacun empile aujourd’hui des systèmes différents, achetés à des industriels et à des pays parfois concurrents. D’un côté, l’Allemagne a pris la tête d’un projet de bouclier aérien européen (ESSI) basé notamment sur des équipements américains (Patriot) et israéliens (Arrow 3) et a été suivie par une vingtaine de pays - dont le Royaume-Uni, la Suède et la Finlande. De l’autre, plusieurs Etats comme l’Italie ou la France se sont montrés critiques d’un système basé sur des technologies non-européennes et ont préféré privilégier le système franco-italien SAMP-T.

Renforcer l’intégration des systèmes de défense européens

Pour Leonardo, Michelangelo pourrait permettre de réconcilier ces deux visions : "Le système est conçu pour être ouvert, c’est-à-dire compatible avec les actifs et les plateformes défensives d’autres pays et conformément aux normes de l’Otan, précise le groupe italien. Roberto Cingolani a également fait valoir que ce système sera essentiel pour les pays d’Europe de l’Est, "qui ne sont peut-être pas en mesure d’utiliser des systèmes haut de gamme tels que le F-35 ou le Patriot, mais pourraient néanmoins intégrer leurs ressources existantes dans un bouclier plus large".

Le dispositif a aussitôt reçu le soutien du ministre italien de la Défense, Guido Crosetto, qui a à son tour souligné que "chaque pays peut y intégrer ses propres technologies". "Ensemble, nous pouvons coopérer pour créer un système de défense très avancé contre tous les types de menaces, des missiles hypersoniques aux petits drones, car les menaces se présentent aujourd’hui sous de nombreuses formes différentes", a-t-il ajouté depuis Paris après une rencontre avec son homologue française Catherine Vautrin. Reste à voir si les gouvernements européens iront au-delà d’un soutien rhétorique et s’accorderont pour financer ce projet de défense de leur espace aérien.

© afp.com/MARCO BERTORELLO

Le logo du géant italien Leonardo à Milan, en Italie, le 16 octobre 2024

Guerre en Ukraine : Volodymyr Zelensky limoge son bras droit, sur fond d’accusations de corruption

28 novembre 2025 à 12:22

Vladimir Poutine a posé ses conditions jeudi 27 novembre, en affirmant que la Russie ne cesserait les hostilités en Ukraine que si les forces de Kiev acceptaient de se retirer des territoires dont Moscou revendique l’annexion. Faute de quoi l’armée russe les prendra "par la force", a menacé le maître du Kremlin, dont les déclarations interviennent alors que les Etats-Unis ont présenté la semaine dernière un plan visant à mettre fin à la guerre, qui a été perçu comme largement favorable aux Russes. Ce texte a été amendé le week-end dernier après des consultations avec les Ukrainiens et doit désormais être présenté à Moscou, où l’émissaire américain Steve Witkoff est attendu la semaine prochaine.

Les infos à retenir

⇒ Volodymyr Zelensky limoge son bras droit après des perquisitions anticorruption

⇒ La Belgique redit son opposition à l'utilisation des avoirs russes pour financer l'Ukraine

⇒ Viktor Orban à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine

Volodymyr Zelensky limoge son bras droit après des perquisitions anticorruption

Le président Volodymyr Zelensky a limogé vendredi son chef de cabinet, Andriy Yermak, considéré comme son bras droit et l'un des hommes les plus influents d'Ukraine, après la perquisition de son logement par les enquêteurs de l'agence anticorruption.

Âgé de 54 ans, Andriy Yermak était à la tête de la délégation ukrainienne pour les pourparlers avec les Etats-Unis et la Russie et l'un des membres les plus importants de l'équipe du président Zelensky. Sa démission intervient deux semaines après la révélation d'un scandale de corruption d'ampleur dans le secteur énergétique, déjà mis à mal par les bombardements russes.

Le président a appelé les Ukrainiens à "ne pas perdre (leur) unité", alors que de nombreuses voix s'interrogeaient depuis quatre ans sur l'influence croissante de Andriy Yermak sur le président, qualifiés par certains d'"hypnotique", et sur son contrôle des accès à Volodymyr Zelensky.

La Belgique redit son opposition à l'utilisation des avoirs russes pour financer l'Ukraine

Dans une lettre datée de jeudi, le Premier ministre belge Bart De Wever a réaffirmé son opposition à l'utilisation par l'UE des avoirs russes gelés pour financer l'Ukraine, menaçant ainsi la viabilité du dispositif. "Pourquoi nous aventurer ainsi dans des terrains juridiques et financiers inconnus ?", interroge le conservateur flamand dans ce courrier de quatre pages à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Ce dispositif, prévoyant un recours aux avoirs gelés de la banque centrale russe, dont l'essentiel se trouve en Belgique, est "à mon avis, fondamentalement erroné", souligne-t-il.

La Commission européenne a proposé une utilisation de ces avoirs pour financer un "prêt de réparation" de quelque 140 milliards d'euros à l'Ukraine, que Kiev ne rembourserait que si la Russie paie des réparations de guerre. L'Allemagne, les pays baltes, les pays scandinaves, la Pologne et les Pays-Bas y sont très favorables. Mais l'opération, complètement inédite, soulève de nombreuses interrogations, et pas seulement en Belgique. La Banque centrale européenne (BCE) s'inquiète d'éventuelles turbulences sur les marchés financiers, et d'une possible déstabilisation de l'euro.

Bart De Wever redoute quant à lui que son pays paie seul les pots cassés en cas de problème, et soit exposé à d'éventuelles représailles russes. "Je ne ferai jamais porter à la Belgique seule les risques et les dangers qui découleraient de l'option d'un prêt de réparation", écrit-il.

Vladimir Poutine salue la position "équilibrée" de Viktor Orban sur l'Ukraine lors d'une rencontre à Moscou

Le président russe Vladimir Poutine a salué vendredi la position "équilibrée" de la Hongrie sur l'Ukraine, lors d'une rencontre au Kremlin avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban. "Je connais votre position équilibrée sur la question ukrainienne", a déclaré le président russe à Viktor Orban, qui s'oppose au sein de l'Union européenne aux sanctions contre la Russie et critique le soutien à Kiev.

De son côté, le dirigeant hongrois a annoncé que son pays continuerait à acheter des hydrocarbures à la Russie à l'avenir. "Je tiens à réaffirmer que les approvisionnements énergétiques en provenance de Russie constituent actuellement la base de l'approvisionnement énergétique de la Hongrie et qu'ils le resteront à l'avenir", a-t-il déclaré selon des propos retransmis à la télévision.

Lors d'une visite aux Etats-Unis début novembre, le dirigeant nationaliste a obtenu de Donald Trump une dérogation aux sanctions américaines liées au pétrole russe, valable un an. Rare dirigeant européen proche à la fois du président américain et du président russe, Viktor Orban n’a pas cherché à diversifier réellement les importations de son pays depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 et dépend fortement du pétrole russe. Depuis son retour au pouvoir en 2010, il a rencontré Vladimir Poutine 15 fois. La rencontre de vendredi est leur quatrième depuis le début de la guerre en Ukraine.

Sud-Africains recrutés en Russie : la fille de l'ex-président Zuma démissionne du Parlement

La fille de l'ex-président sud-africain Jacob Zuma a démissionné du Parlement après des accusations de recrutements de Sud-Africains au profit de la Russie pour qu'ils combattent en Ukraine, a annoncé vendredi lors d'une conférence de presse le directeur du parti MK, fondé et présidé par son père.

Présents dans la salle, ni Duduzile Zuma-Sambudla ni son père, président du pays de 2009 à 2018, ne se sont exprimés. Sa propre sœur l'avait accusée la semaine passée d'être impliquée dans le recrutement de 17 Sud-Africains, qui ont lancé des appels de détresse à l'actuel président Cyril Ramaphosa en se disant coincés dans la région ukrainienne du Donbass.

Selon Kiev, 1 426 ressortissants de 36 pays africains ont été identifiés dans les rangs russes, mais le chiffre des combattants étrangers pourrait être bien plus élevé.

Le chef de la diplomatie chinoise attendu en Russie

Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi doit se rendre en Russie la semaine prochaine, a annoncé vendredi son ministère, au moment où les Etats-Unis tentent de mettre fin à la guerre en Ukraine.

Le patron de la diplomatie chinoise doit prendre part lundi et mardi au 20e cycle des entretiens sur la coopération stratégique et sécuritaire entre les deux partenaires et alliés, a indiqué devant des journalistes la porte-parole des Affaires étrangères chinoises, Mao Ning. Convié par le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Sergueï Choïgou, Wang Yi "aura des échanges de vue exhaustifs sur des questions internationales et régionales de préoccupations mutuelles", a expliqué la diplomate chinoise, sans évoquer le conflit en Ukraine.

© afp.com/Oscar DEL POZO

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (à droite) et Andriï Iermak, à Madrid, le 18 novembre 2025

L’actu à La Loupe : face à Donald Trump et Vladimir Poutine, l'Europe a-t-elle encore son mot à dire ?

28 novembre 2025 à 06:00

De Belém pour parler climat à Johannesburg pour évoquer notamment les dossiers Soudanais et Palestiniens, les Européens étaient très occupés la semaine dernière. On attendait beaucoup de la COP 30 au Brésil et du G20 en Afrique du Sud : deux grandes réunions auxquelles l’administration Trump avait choisi de ne pas participer, laissant la main notamment à l’Europe.

Mais les Américains comptaient bien se faire remarquer. C’est le moment qu’a choisi Donald Trump pour soumettre à Kiev un nouveau plan de paix, négocié dans le plus grand secret avec... la Russie.

Une annonce surprise, dont les propositions étaient surtout à l’avantage de Vladimir Poutine : cession de certains territoires, réduction de l’armée ukrainienne ou encore interdiction d’entrer dans l’Otan. Le G20 s’est alors transformé dans les coulisses en réunion de crise sur l’Ukraine, et les alliés de Kiev se retrouvaient ensuite à Genève pour formuler une réponse.

Les négociations ont repris. Donald Trump assure qu’il ne reste que "quelques points de désaccord" à régler, quand le Kremlin estime que le nouveau plan européen n’est pas constructif. Du côté de l’Ukraine, on joue les équilibristes avec Washington, alors que les frappes se poursuivent sur le pays. Une séquence qui illustre l’effacement de l’Europe face aux Etats-Unis...

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Cet épisode a été écrit et présenté par Charlotte Baris, monté et réalisé par Jules Krot.

Crédits : Times News

Musique et habillage : Emmanuel Herschon / Studio Torrent

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© afp.com/Fabrice COFFRINI

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio donne une conférence de presse, le 23 novembre 2025 à Genève en Suisse

Vers des élections en Ukraine ? "Le risque d'ingérence russe serait de 100 %"

28 novembre 2025 à 05:45

Avec la révélation du plan en 28 points concocté par Washington et Moscou pour mettre fin à la guerre, revient sur la table l’épineuse question de l’organisation d’élections en Ukraine. Vieille antienne de Donald Trump, qui, un mois après sa prise de fonction, avait traité le président ukrainien de "dictateur sans élection", cette clause, également réclamée par le Kremlin, soucieux d’éjecter Volodymyr Zelensky du pouvoir, prévoit ainsi l’organisation d’élections "dans 100 jours". Un délai très court, remplacé dans la contre-proposition européenne par la formulation plus vague "dès que possible". Initialement prévue en avril 2024, la dernière présidentielle a été ajournée depuis lors en raison de la loi martiale. Problème, dans un pays où près d’un million de personnes sont toujours mobilisées sous les drapeaux et 7 autres millions ont fui à l’étranger, cet appel aux urnes relève du casse-tête. Est-ce pour autant impossible ? "Il faut tout reprendre à zéro, juge Olha Aivazovska, présidente du conseil d'administration de l'ONG Opora, une organisation de référence chargée de la surveillance des élections et du processus électoral en Ukraine. La législation actuelle n’est plus adaptée pour conduire ces élections à court terme, car la guerre a modifié en profondeur les conditions d’exercice du vote." Entretien.

L’Express : Le plan en 28 points dévoilé la semaine dernière prévoit la tenue d'élections dans les 100 jours suivant la signature potentielle d'un accord de cessez-le-feu. Est-ce réellement possible en si peu de temps ?

Olha Aivazovska : Pas du tout. Malheureusement, l'Ukraine n'a pas eu la possibilité d’organiser d’élection depuis le début de l’invasion russe, et nos capacités à y parvenir sont plus réduites que par le passé. Cela s’explique par les très nombreux défis que représenterait l’organisation d’un scrutin dans le contexte actuel. Tout d’abord, il nous faut mettre en place une législation électorale spécifique, qui permettra de garantir la sécurité du vote dans ses multiples composantes. Actuellement, par exemple, près de 30 % du territoire ukrainien est miné, ce qui rend la logistique extrêmement problématique, ne serait-ce que pour l'acheminement des bulletins de vote et du matériel pour le jour du scrutin. Cette même législation devra par ailleurs mettre en place les instruments permettant de déterminer là où le processus électoral est possible, car de nombreuses communes ont été partiellement ou totalement détruites.

C’est particulièrement le cas pour les élections locales, car certaines zones ne comptent plus que 10 % d’électeurs, ce qui compromet la représentativité des instances qui seraient élues. En parallèle, de nombreuses infrastructures physiques, comme les bureaux de vote, ont été détruites pendant la guerre. Et nous manquons par ailleurs des ressources humaines pour s’occuper de l’organisation du scrutin. Il va donc être nécessaire de former de nombreux personnels, afin qu'ils acquièrent les compétences nécessaires et soient en mesure de faire face aux risques potentiels qui pourraient survenir. A l’heure actuelle, rien ne garantit que le processus électoral pourra se dérouler normalement si la Russie tente d'interférer dans les élections, à travers des attaques, ou de la désinformation. Le processus électoral sera donc très différent de ce qu’il pouvait être avant le début de la guerre, et nécessitera de facto des investissements supplémentaires.

Le système électoral doit donc être revu en profondeur…

Absolument. La protection physique des candidats, des bureaux de vote, la mise en place de protocoles de cybersécurité suffisamment développés pour les bases de données électorales d'État, nécessitent des moyens et du temps. Or, l'Ukraine n'a pas encore lancé le processus. Pour l’heure, personne ne sait à quelle élection fait précisément référence le plan de paix russo-américain. S’agit-il d’une élection présidentielle dans un délai de 100 jours ? Si c’est effectivement le cas, cela signifie que nous n’aurions que 10 jours pour organiser tout le processus électoral, dans la mesure où les campagnes présidentielles s’étalent habituellement sur 90 jours. C’est bien sûr impossible.

Encore une fois, il faut tout reprendre à zéro. Certaines circonscriptions qui étaient auparavant utilisées lors des législatives se trouvent par exemple aujourd’hui en territoire occupé. La législation actuelle n’est donc plus adaptée pour conduire ces élections à court terme, car la guerre a modifié en profondeur les conditions d’exercice du vote. Organiser des élections protégées et préparées de manière adéquate exigera des ressources considérables, dont l'État ukrainien est totalement dépourvu.

De combien de temps l'Ukraine aurait-elle besoin pour organiser des élections en cas d’arrêt des combats ?

Selon notre feuille de route, si la situation ne s’aggrave pas, ce serait impossible avant au moins six mois voire un an. On peut regarder les exemples du passé pour établir un point de comparaison. Après la guerre dans les Balkans, un délai de neuf mois avait été prévu avant de nouvelles élections. Pourtant, le pays n’était pas aussi vaste que l’Ukraine, et les infrastructures n’avaient pas subi autant de dégâts que les nôtres.

Les migrations engendrées par la guerre compliquent également la donne…

Effectivement, le registre électoral national n'a pas été mis à jour ces quatre dernières années. Il a été fermé après l'invasion à grande échelle, et les informations sur les électeurs ne sont plus valides compte tenu de l’ampleur des migrations aussi bien internes que dans d’autres pays. Or il est indispensable de prévoir suffisamment de temps pour que les personnes concernées puissent déposer une demande de changement d'adresse électorale. Et cela représente des millions de personnes. Actuellement, plus de 10 millions d'électeurs vivent hors des territoires contrôlés par le gouvernement ukrainien où ils sont inscrits. Cela représente plus de 30 % du corps électoral total. Pour mettre à jour le registre électoral national, une campagne de mobilisation et de sensibilisation est nécessaire, ainsi qu'un délai suffisant pour permettre à chaque électeur d’actualiser ses informations.

Justement, au moins 7 millions d'Ukrainiens ont fui à l'étranger depuis le début de l'invasion à grande échelle. Comment garantir leur droit de vote ?

C’est un enjeu primordial, car il serait extrêmement préjudiciable que les Ukrainiens résidant actuellement à l'étranger – soit plus de 20 % de la population ukrainienne – n'aient pas la possibilité de voter. En Pologne, par exemple, il n’y aurait actuellement que quatre bureaux de vote disponibles, alors que près d'un million d'Ukrainiens y vivent. Cela s’explique par le fait que, selon la législation actuelle, seules les ambassades ou les consulats peuvent participer au scrutin pour le vote à l’étranger. Il est donc important de faire en sorte qu’un nombre suffisant d’infrastructures situées en dehors des frontières ukrainiennes puissent offrir la possibilité de voter.

Dans le cas contraire, si 20 % de la population n'a pas la possibilité de voter physiquement, ces élections ne seront pas suffisamment inclusives pour être qualifiées de démocratiques, libres et équitables. L'Ukraine doit donc signer des accords bilatéraux avec chaque pays, comme la France, l’Allemagne, la Pologne, et tous les autres, disposés à soutenir ce processus et à installer davantage de bureaux de vote hors des ambassades. De plus, nous pourrions compléter ce dispositif avec un système de vote anticipé, pour permettre aux citoyens de se rendre aux bureaux de vote tout au long de la semaine. Ce type de méthode existe et est utilisé dans de nombreux pays, mais pas en Ukraine.

Près d’un million d’Ukrainiens servent actuellement au sein de l’armée. Est-il vraiment envisageable qu’ils puissent tous participer à un scrutin ?

C’est une autre difficulté, et il n’y a malheureusement pas de solution miracle. Cela dépendra de leur lieu de déploiement et de leurs missions au moment du vote. S'ils se trouvent près des lignes de front, il est peu probable qu'ils seront en mesure de voter - ce qui pose un problème de représentativité. Pour ceux qui seront un peu à l’arrière, on pourrait en revanche ouvrir des bureaux de vote spéciaux, ou leur accorder des créneaux horaires leur permettant de voter dans des bureaux civils classiques. L'exercice du droit de vote pour tous les groupes de population doit constituer un principe fondamental pour les premières élections d'après-guerre, car la légitimité des représentants élus dépendra de la qualité de la participation au scrutin.

L’autre enjeu, en ce qui concerne les citoyens qui servent actuellement sous les drapeaux, est de leur permettre de se présenter comme candidat s’ils le souhaitent - en particulier en ce qui concerne les élections législatives ou locales. Ce qui est actuellement impossible si vous êtes en service actif. Il faut en effet se rappeler qu’il y a cinq ans, 95 % des militaires actuels étaient des civils, et nous devons donc leur offrir une chance de participer. Un processus inclusif serait un outil efficace pour prévenir les conflits au sein de la société, car tous ceux qui investissent aujourd'hui leur vie et leurs ressources dans la sécurité et la défense du pays doivent avoir la possibilité de se faire entendre.

Quel serait le risque d'ingérence russe si des élections se tenaient en Ukraine après un cessez-le-feu ?

Le risque d'ingérence russe est de 100 %. La Russie a systématiquement instrumentalisé le processus politique en Ukraine, pour s'assurer la loyauté de certains groupes au pouvoir. On peut citer l’exemple de l’ancien député Viktor Medvedtchouk, qui a été l’une des grandes courroies de transmission de Poutine sur la scène politique ukrainienne. A la suite de l’invasion à grande échelle, la Russie investira encore plus de ressources pour tenter d’occuper politiquement l’Ukraine. De la même manière qu’elle le fait en Géorgie.

Moscou cherchera à polariser la société au maximum et à attiser les tensions entre différents groupes de la population. On peut donc s’attendre à tout un éventail d’actions contre l’infrastructure électorale, voire à des attaques directes contre certains candidats dans le but de saper la confiance dans le bon déroulement du processus électoral.

Concrètement, de quelle manière pourrait-elle s’y prendre ?

Les Russes sont passés maîtres dans l'art de la manipulation politique et nous en avons eu la preuve dans de nombreuses élections européennes récentes. En Moldavie, la Russie a par exemple utilisé la messagerie Telegram pour recruter des agents d’influence prêts à servir ses intérêts contre rémunération.

Au-delà de cette seule application, nous avons également vu en Roumanie comment elle avait utilisé l’ensemble des réseaux sociaux pour interférer dans les élections. Ces tentatives ont été stoppées de manière très difficile par la commission électorale roumaine. L'Ukraine doit donc tirer les leçons des dernières campagnes électorales dans les pays voisins et mettre en place un système de défense contre ces risques potentiels. La protection du processus électoral contre toute ingérence russe sera une question absolument cruciale.

© AFP

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Ankara, le 19 novembre 2025.
Reçu hier — 27 novembre 2025 L'Express

Service militaire volontaire : les inspirations européennes d’Emmanuel Macron

27 novembre 2025 à 18:26

Trente ans après sa suppression par Jacques Chirac, le service militaire fait son retour en France. Emmanuel Macron en a annoncé les contours, ce jeudi 27 novembre, sur la base militaire de Varces, en Isère : il se fera sur la base du volontariat, pendant une durée de 10 mois et accueillera 3 000 jeunes dès l’été 2026. Alors que la menace russe s’accentue, le président dit accélérer la réforme de notre armée, qui compte 200 000 militaires d’active et bénéficiera, avec ce service national, "d’un appui en profondeur, au cœur de la nation", selon le chef de l’Etat.

En coulisses, l’Elysée explique que la France rejoint seulement le grand mouvement européen d’appel sous les drapeaux. "On regarde chez nos voisins et une grande partie d’entre eux ont un service militaire, obligatoire ou non, souligne un conseiller du président : soit ils l’ont maintenu, soit ils l’ont rétabli, soit ils sont en train de le rétablir, ce qui correspond à l’état des menaces qui pèsent sur nous, partenaires européens." Les équipes françaises ont notamment observé de près les pays du nord de l’Europe, comme la Norvège, et en discutent régulièrement avec leurs homologues allemands, qui tentent eux aussi de réinstaurer le service militaire.

Norvège : un service militaire prestigieux

Début 2024, la princesse Ingrid Alexandra de Norvège a fait la fierté de sa famille (royale) : à 19 ans, la deuxième dans la ligne de succession au trône a été sélectionnée pour réaliser son service militaire. Un honneur, après un processus de sélection encore plus rigoureux que celui des meilleures universités du pays. Chaque année, l’armée norvégienne appelle environ 11 000 jeunes sous les drapeaux, hommes et femmes, pour une durée comprise entre 12 et 19 mois. Face à la menace russe, en 2024, les autorités norvégiennes ont entrepris d’augmenter de 50 % le nombre de conscrits d’ici à 2036.

Si la conscription est obligatoire pour tous les Norvégiens de 19 à 44 ans, la taille de leur armée (23 000 soldats) ne permet d’accueillir que les profils les plus recherchés et les plus performants. "Les armées modernes n’ont pas forcément besoin de masse, mais de soldats extrêmement compétents et d’une population entraînée en cas d’attaque", pointe une source militaire française. Ce modèle norvégien inspire toute l’Europe, dont Emmanuel Macron, puisqu’un quart des jeunes conscrits décident ensuite de faire carrière dans l’armée.

Suède : une sélection plus rigoureuse et ouverte aux femmes

Le premier pays à s’être inspiré du modèle norvégien est aussi son plus proche voisin, la Suède. Après avoir supprimé le service militaire en 2010, Stockholm l’a remis en place en 2018 et vient de l’étendre aux femmes, avec un processus de sélection digne des meilleures écoles : un quart des 110 000 jeunes suédois sont appelés chaque année pour réaliser des tests physiques et intellectuels, puis les meilleurs d’entre eux effectuent entre 9 et 15 mois de service militaire.

"La loi suédoise précise que la sélection ne se fait pas en fonction de votre volonté de faire votre service, mais en fonction de vos compétences, explique David Bergman, chercheur à l’Université de défense de Suède. C’est un processus complet qui repose sur l’aptitude, au moyen de tests physiques, psychologiques et d’évaluation de l’intelligence. Il permet de recruter aussi bien des cuisiniers que des conducteurs de char, des chefs d’escouade ou des sous-mariniers." Par classe d’âge, ils sont ainsi 8 000 Suédois à suivre une formation militaire, soit deux fois plus qu’il y a sept ans. Objectif : 12 000 conscrits d’ici à 2032.

Des conscrits suédois participant à l'exercice militaire Aurora 23, au champ de tir de Rinkaby, en Suède, le 6 mai 2023
Des conscrits suédois participant à l'exercice militaire Aurora 23, au champ de tir de Rinkaby, en Suède, le 6 mai 2023

Danemark : le service militaire étendu, symbole d’un changement de cap

Longtemps, Copenhague a été l’un des mauvais élèves de l’Otan, avec seulement 1,37 % de son PIB consacré à la Défense en 2022. "Mais le Danemark a complètement changé sa posture militaire", indique Izabela Surwillo, spécialiste des questions de Défense au Danish Institute for International Studies. Ses dépenses militaires ont atteint 2 % de son PIB en 2024 et devraient atteindre 3,2 % en cette fin d’année 2025.

Symbole de ce revirement, l’évolution du service militaire votée le 1er juillet dernier : à compter de 2027, la conscription obligatoire s’ouvre aux femmes et passe de 4 à 11 mois. Tous ceux d’une classe d’âge tirés au sort doivent se rendre sous les drapeaux, ce qui concerne pour l’heure 4 700 Danois chaque année. L’objectif est d’atteindre 6 500 conscrits d’ici à 2033. "Pour l’instant au Danemark, l’engagement de la société est en retard par rapport aux engagements militaires, avec un discours public encore timide à propos de l’armée et des lacunes importantes dans les infrastructures, soulève Izabela Surwillo. Ce changement va de pair avec l’idée que toute la nation doit se rassembler face aux menaces."

Allemagne : un plan similaire à celui de la France

Deux semaines avant les annonces d’Emmanuel Macron, le gouvernement allemand dévoilait son propre projet de service militaire volontaire : d’une durée de douze mois, il doit concerner 20 000 jeunes Allemands dès l’été 2026. L’Allemagne met les moyens pour attirer les conscrits : un salaire de 2 600 euros brut et la possibilité pour chaque engagé de passer son permis de conduire pendant son séjour à l’armée. "Les Allemands réinstaurent un service militaire davantage pour répondre à un besoin de recrutement, pose une source militaire française. Or, nous n’avons pas ce genre de difficulté puisque nous recrutons chaque année les jeunes que l’on souhaite." Le salaire des appelés français devrait davantage tourner autour de 1 000 euros par mois.

En Allemagne, tous les hommes de 18 ans auront l’obligation de remplir un questionnaire, afin de déterminer leurs compétences et leur volonté de servir dans l’armée. Les femmes, elles, peuvent le faire de manière volontaire. L’objectif : avoir 30 000 conscrits chaque année d’ici à 2030, date évoquée par les services de renseignements allemands pour une entrée en guerre de la Russie contre l’Otan. Les débats au Bundestag doivent débuter le 4 décembre.

Belgique : donner l’envie de servir

Début novembre, 149 000 Belges âgés de 17 ans ont reçu un courrier à leur domicile : "Félicitations ! L’année prochaine, vous aurez 18 ans : une étape importante et un moment décisif pour votre avenir. Le ministère de la Défense vous offre d’ores et déjà une opportunité unique : l’année de service militaire volontaire." Toutefois, les places sont chères pour ce retour de la conscription chez nos voisins, qui l’avait arrêtée en 1995 : seules 500 sont disponibles pour l’année prochaine, avec un salaire de 2 100 euros net par mois.

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Sur la base militaire de Varces, en Isère, Emmanuel Macron a dévoilé, le 27 novembre 2025, les contours du nouveau service militaire volontaire.

En Suisse, débats agités sur l’évolution du service militaire

27 novembre 2025 à 18:18

Alors qu’en France Emmanuel Macron a annoncé vouloir remettre en place un service national militaire pour les volontaires, la Suisse, elle, songe à le modifier. Ce dimanche 30 novembre, la population helvète doit se prononcer sur son remplacement par un service civique obligatoire pour tous, une proposition qui a suscité de vifs débats dans le pays. Pour ses défenseurs, l’objectif est de faire évoluer le service militaire obligatoire actuel vers un service pour tous, hommes et femmes, que ce soit dans l’armée, la protection civile ou dans des domaines tels que la protection de l’environnement et l’intervention en cas de catastrophes, la cyberdéfense ou l’agriculture.

"Le monde a changé ces dernières années. Assurer la sécurité dans le pays devient de plus en plus difficile. On ne peut plus compter uniquement sur l’armée. Le service citoyen permet une évolution vers un système de milice moderne et intégral, dans lequel l’armée conserve sa priorité et qui permet aussi aux femmes de s’y intégrer pleinement", soutient le conseiller national Beat Flach auprès du Temps, qui rappelle que les femmes n’ont actuellement pas l’obligation de servir en Suisse.

L’initiative viserait ainsi une "véritable égalité", où "chaque jeune contribuerait au bien-être de la collectivité d’une manière ou d’une autre", appuie à l’AFP Noémie Roten, à l’origine de la mesure. Selon elle, le système actuel est discriminatoire car il exclut les femmes des réseaux et expériences acquis lors du service, et dans un contexte de tensions géopolitiques et de conflits en Europe, Noémie Roten estime qu’il est temps d’accorder aux femmes une place égale dans un projet collectif de protection.

Une mesure déséquilibrée

A l’inverse, Cyrielle Huguenot, responsable égalité, famille et migration à l’Union syndicale suisse (USS), juge que l’initiative "occulte complètement la réalité des femmes dans ce pays". Selon elle, les Suissesses consacrent déjà 60 % de leur temps à des tâches non rémunérées, alors que pour les hommes, "c’est le contraire". "Et là en leur demandant un service non payé, on augmente encore plus ce déséquilibre", assure-t-elle. "Comment ose-t-on demander aux femmes d’en faire encore plus pour la société, avec tout le poids qu’elles portent déjà sur leurs épaules ? Le comité d’initiative parle d’égalité, alors que les femmes touchent encore 20 % de moins que les hommes en Suisse, qu’elles sont victimes de violences, et qu’elles n’ont pas les mêmes chances", s’emporte également Tamara Funiciello, conseillère nationale suisse, interrogée par Blick.

Opposé à la réforme, le gouvernement a repris l’argument mais a aussi insisté sur le fait que ce système doublerait son coût actuel. Le dispositif en vigueur prévoit au moins quatre mois de service militaire avant des sessions de recyclage de plusieurs semaines pendant une décennie. Mais pour Noémie Roten, avec un nombre accru de personnes, la durée du service pourrait facilement être raccourcie, permettant ainsi de réduire les coûts. En outre, le devoir civique national peut selon elle être considéré comme un investissement, renforçant la résilience de la Suisse en cas de catastrophe. Dans tous les cas, les sondages locaux semblent éloigner la possibilité de l’adoption de la mesure, bien qu’elle fût à l’origine plébiscitée. Selon l’institutgfs.bern, 64 % des personnes interrogées y sont opposées.

© afp.com/Fabrice Coffrini

Les Suisses ont très largement voté dimanche pour le maintien de la conscription militaire, selon la projection des résultats établie par l'institut de sondage GFS à Berne pour la télévision publique RTS.

Attaque à Washington : le FBI enquête pour terrorisme

27 novembre 2025 à 16:49

Le patron du FBI a annoncé jeudi 27 novembre que la police fédérale américaine menait une enquête pour terrorisme après que deux militaires de la Garde nationale ont été grièvement blessés par des tirs la veille à Washington, dans une attaque qualifiée d'"embuscade" par les autorités. "Il s'agit d'une enquête en cours pour acte de terrorisme", a déclaré Kash Patel lors d'une conférence de presse.

Une attaque "ciblée"

Deux militaires de la Garde nationale ont été blessés par balles mercredi dans la capitale américaine, à deux pas de la Maison-Blanche, par un ressortissant afghan, arrivé sur le sol américain en 2021. Âgés de 20 et 24 ans, ils se trouvent toujours jeudi dans un état critique, a précisé la procureure de Washington, Jeanine Pirro, pendant la conférence de presse.

Lors de cette attaque "ciblée", "un tireur isolé a ouvert le feu sans provocation, comme dans une embuscade", a-t-elle détaillé, précisant que l'assaillant était armé d'un revolver Smith & Wesson. Il a tiré sur les deux militaires avant d'être "maîtrisé" et "neutralisé" par d'autres gardes nationaux.

Un suspect afghan arrêté

Identifié comme Rahmanullah Lakanwal, 29 ans, a été transporté dans un hôpital local, "où il se trouve toujours à l'heure qu'il est, sous haute surveillance", a ajouté Jeanine Pirro. Elle a précisé qu'il ferait face à trois chefs d'agression armée avec intention de tuer.

Le suspect est un ressortissant afghan ayant travaillé avec les forces armées américaines en Afghanistan avant d'être exfiltré vers les Etats-Unis en septembre 2021 dans le cadre de l'opération "Allies Welcome" mise en place par l'administration du président démocrate Joe Biden pour aider les Afghans ayant collaboré avec les Américains.

Depuis la Floride où il passe la fête de Thanksgiving, Donald Trump s'est livré à une véhémente diatribe contre l'immigration, qualifiée de "plus grande menace pour la sécurité nationale", en reprochant à son prédécesseur démocrate Joe Biden (2021-2025) d'avoir laissé entrer des "millions" d'étrangers aux Etats-Unis.

Peu après l'allocution du président, le USCIS, une agence fédérale chargée de l'immigration, a annoncé la suspension immédiate et à durée indéfinie du "traitement de toutes les demandes d'immigration concernant des ressortissants afghans", "dans l'attente d'un nouvel examen des protocoles de sécurité et de vérification". AfghanEvac, une organisation chargée d'aider des Afghans à s'établir aux Etats-Unis après le retrait américain d'Afghanistan de 2021, s'est défendue, affirmant procéder à "des vérifications de sécurité (...) parmi les plus approfondies" en matière d'immigration.

© afp.com/Brendan SMIALOWSKI

Des membres de la garde nationale derrière un périmètre de sécurité le 26 novembre 2025 à Washington

Le plan secret de l’Allemagne en cas de guerre contre la Russie

27 novembre 2025 à 16:08

C’est un document jusqu’alors confidentiel, dont une partie du contenu vient d’être révélée par le Wall Street Journal. Ce mercredi 26 novembre, le journal américain a mis au jour un plan secret de guerre contre la Russie, élaboré par une douzaine d’officiers supérieurs allemands il y a deux ans et demi, et dont la mise en œuvre serait toujours un objectif. "Le but est de prévenir la guerre en faisant clairement comprendre à nos ennemis que s’ils nous attaquent, ils n’y parviendront pas", a déclaré l’un des auteurs de ce projet, connu dans les milieux militaires sous le nom d’OPLAN DEU.

Le document, de 1 200 pages, précise notamment comment près de 800 000 soldats allemands, américains et d’autres pays de l’Otan seraient acheminés vers l’est, en direction de la ligne de front, dans l’éventualité d’une guerre avec le pays de Vladimir Poutine. Les ports, fleuves, voies ferrées et routes empruntés par ces derniers y sont cartographiés, tandis que des détails sont donnés quant à la manière de ravitailler et protéger les combattants tout au long de leur trajet. "Regardez la carte : les Alpes constituant une barrière naturelle, les troupes de l’Otan devraient traverser l’Allemagne en cas d’affrontement avec la Russie, quel que soit le point de départ", a analysé auprès du Wall Street Journal Tim Stuchtey, directeur de l’Institut Brandenburg pour la société et la sécurité, un organisme non partisan.

Une série d’attaques

Si un tel plan existe, c’est parce que plusieurs responsables allemands sont convaincus que la Russie pourrait attaquer l’Otan en 2029, voire plus tôt, au regard ces derniers mois de la série d’incidents d’espionnage, de sabotages et d’intrusions dans l’espace aérien européen attribués à Moscou par les services de renseignement occidentaux. Des analystes estiment qu’un armistice en Ukraine, que les Etats-Unis s’efforcent d’obtenir cette semaine, pourrait permettre à la Russie de disposer de temps et de ressources pour préparer une offensive contre les pays d’Europe. Dans cette perspective, les planificateurs du plan souhaitent anticiper, pour réduire la probabilité d’une guerre et garantir la victoire dans le cas où la démonstration de force ne suffirait pas.

Face à ces menaces imminentes, plusieurs chantiers ont d’ores et déjà été lancés en Allemagne. En automne dernier, l’entreprise de défense Rheinmetall a installé un camp de campagne provisoire dans l’est du pays, pouvant accueillir 500 soldats pour une nuit, comprenant dortoirs, stations-service, système de surveillance par drones et gardes armés afin de détecter toute influence russe ou chinoise. En outre, Rheinmetall a récemment signé un contrat de 260 millions d’euros pour le ravitaillement des troupes allemandes et de l’Otan, dans le cadre des efforts déployés par l’armée pour intégrer davantage le secteur privé à ce plan.

Des failles logistiques

Mais ce camp militaire, depuis démonté, a aussi révélé de nombreuses failles : le terrain ne pouvait accueillir tous les véhicules, et était constitué de parcelles non contiguës, obligeant Rheinmetall à organiser des déplacements en bus pour les soldats. Une répétition générale précédente avait également mis en évidence la nécessité d’installer un nouveau feu de circulation à un endroit précis, afin de fluidifier la circulation lors du passage des convois militaires à travers le pays.

Ces "enseignements", au fur et à mesure, sont néanmoins intégrés au plan d’opération secret et à ses annexes, qui est hébergé sur le réseau sécurisé de l’armée. Parmi les principaux obstacles rencontrés par les planificateurs militaires allemands, se trouvent notamment des infrastructures datées, héritées de la Guerre froide et pas toujours utilisables. Ainsi, Berlin estime que 20 % des autoroutes et plus d’un quart des ponts autoroutiers nécessitent des réparations en raison d’un sous-investissement chronique. Les ports allemands de la mer du Nord et de la mer Baltique, eux, nécessitent des travaux d’une valeur de 15 milliards d’euros, dont 3 milliards pour des améliorations à double usage, comme le renforcement des quais, selon la fédération des ports allemands. L’enjeu est important, car cette fragmentation des infrastructures limiterait la liberté de mouvement des forces armées en cas de conflit.

© afp.com/INA FASSBENDER

Des chars Leopard 2 allemands, destinés à être livrés à l'Ukraine, le 1er février 2023 sur la base d'Augustdorf, en Allemagne.

Vladimir Poutine assure qu'il "cessera les hostilités" si l'Ukraine se retire des territoires revendiqués par Moscou

27 novembre 2025 à 12:42

Le Kremlin a qualifié mercredi 26 novembre de "processus sérieux" les efforts diplomatiques en cours autour du plan américain pour mettre fin à la guerre en Ukraine, dont la version initiale, jugée très favorable à Moscou, a eu le mérite de relancer les discussions. Donald Trump, qui pousse pour la signature d’un accord de paix entre l’Ukraine et la Russie, a assuré ce même jour qu’il ne restait que "quelques points de désaccord" à régler. Plusieurs dirigeants européens ont toutefois tempéré son optimisme. Moscou a également prévenu qu’il était encore "trop tôt" pour savoir si l’on se rapprochait d’une possible sortie d’un conflit qui dure depuis près de quatre ans.

L’émissaire américain Steve Witkoff est attendu la semaine prochaine en Russie, où il doit rencontrer Vladimir Poutine. Hier, les révélations d’une conversation téléphonique entre l’envoyé de la Maison-Blanche et un conseiller du président russe, Iouri Ouchakov, ont semé le trouble en montrant que le premier avait conseillé le second sur la manière d’introduire auprès de Donald Trump un plan de règlement du conflit en Ukraine.

Les infos à retenir

⇒ Emmanuel Macron va demander à Xi Jinping de peser sur Moscou en faveur d'un cessez-le-feu

⇒ La Russie "cessera les hostilités" si l'armée ukrainienne se retire des territoires revendiqués par Moscou, selon Vladimir Poutine

⇒ La Turquie se dit prête à participer aux "forces de réassurance" en Ukraine

Le secrétaire général de l'Otan salue les efforts de Donald Trump

Le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte, a salué les efforts de Donald Trump autour du plan américain pour mettre fin à la guerre en Ukraine, à l'occasion d'une visite en Islande jeudi.

"La Russie a payé un prix élevé pour des gains marginaux, et l'Ukraine continue de se défendre avec courage", a souligné M. Rutte lors d'une conférence de presse conjointe avec la Première ministre islandaise Kristrun Frostadottir. "Le processus de paix bénéficie d'un regain d'énergie considérable, et je tiens à féliciter le président américain Trump pour cela", a-t-il ajouté.

La Russie "cessera les hostilités" si l'armée ukrainienne se retire des territoires revendiqués par Moscou, selon Vladimir Poutine

Le président russe Vladimir Poutine a affirmé jeudi que Moscou cessera les hostilités en Ukraine si les forces de Kiev acceptent de se retirer des territoires dont la Russie revendique l'annexion. "Si les troupes ukrainiennes quittent les territoires occupés, nous cesserons les hostilités. Si elles ne partent pas, nous les chasserons par la force militaire", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Bichkek, au Kirghizstan.

Vladimir Poutine n'a pas précisé s'il parlait uniquement des régions de Donetsk et de Lougansk, dans l'est de l'Ukraine, vues comme cible prioritaire par le Kremlin, ou également de celles de Kherson et Zaporijjia dans le sud. La Russie avait revendiqué en septembre 2022 l'annexion de ces quatre territoires qu'elle ne contrôle pas entièrement.

La cession par Kiev à Moscou des régions de Donetsk et de Lougansk figuraient dans le plan originel en 28 points des Etats-Unis pour mettre fin à la guerre en Ukraine, qui a été perçu par beaucoup à Kiev comme une capitulation.

Le texte a depuis été remanié après des consultations avec l'Ukraine, où l'éventualité d'un abandon de territoires est un sujet explosif après quatre ans d'invasion russe du pays.

Emmanuel Macron va demander à Xi Jinping de peser sur Moscou en faveur d'un cessez-le-feu

Emmanuel Macron va demander à son homologue Xi Jinping, lors de sa visite en Chine, de peser sur la Russie en faveur d'un cessez-le-feu en Ukraine, de s'abstenir de toute "escalade" à Taïwan et de travailler à la "réduction des grands déséquilibres macroénomiques" mondiaux, a indiqué jeudi l'Elysée.

Le président français effectuera du 3 au 5 décembre sa quatrième visite d'Etat en Chine, à la fois "partenaire" et "rival systémique" de l'Europe, a rappelé la présidence française. Sur l'Ukraine, "dans ce moment où des négociations intenses ont lieu sur la sortie de crise, nous voulons que la Chine puisse convaincre, influencer la Russie et l'orienter vers un cessez-le-feu le plus vite possible et la consolidation de ce cessez-le-feu", a relevé un conseiller du président Macron. Après l'escalade des tensions entre Tokyo et Pékin sur Taïwan, la France appelle à la "retenue", à l'"apaisement" et au "respect du statu quo" sur le statut de l'île, a-t-il ajouté.

Emmanuel Macron, qui accueillera le sommet du G7 à Evian en 2026, espère aussi travailler avec la Chine pour une "croissance solide, durable, au profit de tous". "Il est nécessaire que la Chine consomme plus et exporte moins (...) que les Etats-Unis produisent plus et consomment et importent moins (..) et que les Européens épargnent moins et produisent plus", a résumé le conseiller, en rappelant que Donald Trump présiderait pour sa part le G20 l'an prochain.

La relation UE-Chine doit être "basée sur la reconnaissance de la Chine que l’Europe est un grand partenaire", a-t-il insisté, en pointant le besoin de réduire le déficit commercial de l'Europe à son égard.

La Turquie prête à participer aux "forces de réassurance" en Ukraine

La Turquie est prête à participer aux "forces de réassurance" qui pourraient être déployées en Ukraine après un cessez-le-feu, a affirmé jeudi le ministère turc de la Défense. "Les forces armées turques sont prêtes à contribuer à toute initiative visant à garantir la sécurité et la stabilité dans notre région", a confirmé le ministère à propos d'une éventuelle participation de la Turquie au déploiement de forces mentionnées par le président français Emmanuel Macron.

"Avant toute chose, un cessez-le-feu doit être instauré entre la Russie et l'Ukraine. Ensuite, un cadre de mission, assorti d'une définition claire des objectifs, ainsi que la contribution de chaque pays doivent être déterminés", a précisé le ministère.

Un groupe de travail va être lancé sur les "forces de réassurance" censées "consolider cette armée ukrainienne" en "deuxième rideau" en cas d'accord russo-ukrainien, avait annoncé mardi Emmanuel Macron. Il sera "piloté par la France et la Grande-Bretagne, avec une association étroite de la Turquie qui joue un rôle-clé sur le plan maritime, et pour la première fois avec une implication des Etats-Unis d'Amérique", avait-il ajouté.

La Turquie, deuxième armée de l'Otan en nombre d'hommes, avait déjà affirmé en mars être prête à déployer des forces en Ukraine "si nécessaire" pour garantir la paix.

Russie : huit personnes condamnées à la perpétuité pour l’explosion du pont de Crimée en 2022

Un tribunal russe a condamné ce jeudi à la perpétuité huit hommes pour leur implication dans la gigantesque explosion qui avait partiellement détruit en 2022 un pont emblématique reliant la Russie à la péninsule de Crimée annexée en 2014. A l’issue d’une audience à Rostov-sur-le-Don (sud), ils ont tous été reconnus coupables d’avoir fait partie d’un "groupe criminel organisé" visant à "commettre un attentat" sur le pont de Crimée, qui avait fait cinq morts en octobre 2022, a indiqué le tribunal militaire régional dans un communiqué.

L’explosion, survenue huit mois après le début de l’offensive russe à grande échelle en Ukraine, avait été revendiquée plus tard par Kiev. Inauguré en 2018 par le président russe Vladimir Poutine, le pont, long de 19 kilomètres, est pour le pouvoir russe l’un des symboles de l’annexion en 2014 de la péninsule ukrainienne de Crimée.

Plusieurs travées de ce pont routier et ferroviaire, réparées depuis, s’étaient partiellement écroulées le 8 octobre 2022 lors de l’explosion d’un camion chargé d’explosifs et roulant sur l’une des voies. La gigantesque déflagration avait mis le feu à huit wagons citernes de produits pétroliers, et détruit deux sections du pont routier en béton. L’attentat a fait cinq morts, parmi lesquels le chauffeur du camion, dont le contenu explosif avait été chargé à son insu selon le communiqué du tribunal.

La Fédération internationale de judo réintègre la Russie avec "hymne" et "drapeau"

La Fédération internationale de judo a annoncé ce jeudi dans un communiqué la pleine réintégration des judokas russes, qui pourront de nouveau participer aux compétitions internationales sous les couleurs de leur pays, avec leur "hymne" et leur "drapeau national". Cette décision, une "première" pour une fédération sportive selon la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022, prend effet "à compter du Grand Slam d'Abu Dhabi 2025", qui démarre ce vendredi, précise l'instance.

La Fédération russe s'est réjouie de "cette décision historique". "Nous remercions l'IJF pour cette décision si longtemps attendue, juste et courageuse", a réagi son président, Sergueï Soloveïtchik.

La Russie ferme le consulat de Pologne à Irkoutsk par mesure de représailles

Le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé ce jeudi la fermeture du dernier consulat de Pologne en Russie, situé à Irkoutsk en Sibérie, en réponse à l’annonce la semaine dernière de la fermeture du dernier consulat de Russie en Pologne.

La Russie a informé l’ambassadeur polonais du retrait de l’autorisation de fonctionner de ce consulat à partir de la fin de l’année "en réponse à la décision des autorités polonaises de retirer, à compter du 23 décembre 2025, leur accord pour le fonctionnement du consulat général de Russie à Gdansk", indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

La Pologne avait annoncé le 19 novembre qu’elle allait fermer à Gdansk (nord) le dernier consulat russe encore en activité sur son territoire, après le sabotage d’une voie ferrée vers l’Ukraine, attribué par Varsovie à la Russie. Le ministère russe des Affaires étrangères a estimé aujourd’hui que cette décision était "une mesure ouvertement hostile et injustifiée" prise "sous un prétexte absurde".

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Le président russe Vladimir Poutine, au Kazakhstan, le 12 novembre 2025.

Appel entre Steve Witkoff et un conseiller russe : l’origine de la fuite au cœur de toutes les spéculations

27 novembre 2025 à 11:53

Le scoop extraordinaire révélé mardi 25 novembre par l’agence Bloomberg, au sujet des conversations téléphoniques entre l’émissaire de la Maison-Blanche, Steve Witkoff, et ses interlocuteurs russes, continue d’alimenter des commentaires de part et d’autre de l’Atlantique. Avec une question sous-jacente qui émerge sur l’origine de cette fuite et ses éventuelles motivations. "La provenance de ce scoop est tout aussi intéressante", pointe le quotidien The Guardian. "Qui l’a fait, et pourquoi ?", s’interroge également The Wall Street Journal en Une de son site.

Serait-ce un conseiller de la Maison-Blanche, agacé par la place prise par l’ancien agent immobilier devenu diplomate ? Un service de renseignement européen, alors que le plan pour la paix en Ukraine initialement présenté par Washington est peu favorable à Kiev ? Ou bien les Russes eux-mêmes, dont certains ne voudraient pas voir la guerre se terminer maintenant ? Au moment de publier son article, l’agence Bloomberg s’est en tout cas assurée de ne donner aucun indice susceptible de trahir sa ou ses source(s).

Confusion générale

Surnommées les "Witi-Leaks" par la presse, ces révélations sont un aperçu explosif des négociations de paix de Donald Trump, qui pourraient faire sauter son plan visant à mettre fin à la guerre en Ukraine. Dans la première discussion qui a fuité, retranscrite par Bloomberg et datée du 14 octobre, Steve Witkoff donne notamment des conseils à un conseiller de Vladimir Poutine, Iouri Ouchakov, sur la manière d’aborder le président américain. L’autre fuite concerne une autre conversation, datée elle du 29 octobre, entre ce même Iouri Ouchakov et un émissaire du Kremlin pour les questions économiques, Kirill Dmitriev.

"Tout le monde essaie de comprendre" d’où provient cette fuite, a déclaré au Wall Street Journal Emily Ferris, experte sur la Russie au Royal United Services Institute, un groupe de réflexion londonien. "Ces deux dernières semaines ont été chaotiques, et [cette fuite] ne fait qu’accroître la confusion et le manque de clarté, et alimente la méfiance envers tout ce qui émane des pays concernés".

Un détail notable est que Bloomberg a obtenu l’audio de l’enregistrement, plutôt qu’une simple transcription ou un rapport de l’appel, ce qui suggère que la source était soit directement impliquée dans la collecte de renseignements, soit d’un rang suffisamment élevé pour obtenir l’audio brut, souligne The Guardian. Un ancien responsable du renseignement a suggéré auprès du quotidien britannique qu’un service de renseignement européen horrifié par la position prorusse de Steve Witkoff était le plus susceptible d’être derrière la fuite.

Ligne de téléphone non sécurisée

Un haut responsable de l’administration Trump a déclaré de son côté au WSJ croire aussi que l’appel avait été divulgué par une agence de renseignement étrangère. D’après ce responsable toutefois, la cible de cette fuite n’est pas Steve Witkoff, mais Iouri Ouchakov, qui avait également été enregistré lors de sa conversation avec Kirill Dmitriev. Selon un responsable européen de la sécurité, des dizaines de pays à travers le monde disposent de la technologie nécessaire pour écouter les conversations de Iouri Ouchakov, car le responsable du Kremlin utilise une ligne téléphonique portable non sécurisée. Dans une interview accordée au journal russe Kommersant, Iouri Ouchakov a déclaré que certaines de ses conversations avaient été menées sur des canaux gouvernementaux cryptés, mais a suggéré que les appels avec Dmitriev et Witkoff auraient pu être passés sur WhatsApp, rapporte The Guardian. "Il y a certaines conversations sur WhatsApp que, en général, quelqu’un pourrait être en mesure d’écouter", a-t-il déclaré.

Mais les torts pourraient être partagés entre Russes et Américains. À plusieurs reprises, Steve Witkoff a été accusé d’avoir emporté son téléphone portable personnel à Moscou, plutôt que d’utiliser une ligne cryptée, ce qui signifie qu’il l’utilise probablement également pour mener ses activités quotidiennes. La plupart des États possèdent la technologie nécessaire pour intercepter les appels sur les téléphones standards, note à son tour The Telegraph, qui rappelle que les agences de renseignement de Kiev font régulièrement preuve de succès en ciblant les généraux russes qui utilisent leurs téléphones portables pour communiquer sur le champ de bataille, plutôt que des radios cryptées.

La Russie pas exclue

Plusieurs analystes ont par ailleurs indiqué dans divers médias qu’une fuite provenant de Russie ne pouvait être exclue, principalement en raison des divisions et des luttes intestines liées au rôle de Kirill Dmitriev comme intermédiaire du Kremlin. Certains ont ainsi émis l’hypothèse que Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères connu pour détester ouvertement Dmitriev, aurait pu être à l’origine de la fuite. D’autant plus que Dmitriev est considéré comme le successeur potentiel de Sergueï Lavrov. "C’est vraiment difficile de spéculer. Il pourrait s’agir de beaucoup de personnes différentes, y compris de quelqu’un du côté russe qui essaie de nuire à la réputation de Witkoff", a déclaré Daniel Hoffman, un ancien chef de station de la CIA à Moscou auprès du Guardian. Et de rappeler que les agences de renseignement russes ont un long pedigree d’interception et de publication d’appels politiques sensibles.

Si le suspense demeure, une chose est sûre selon The Telegraph : la fuite pourrait être bénéfique pour de nombreuses parties, conclut le quotidien britannique qui affirme sans trop de précautions de langage que "celui qui a divulgué les transcriptions essayait sans doute de mettre un terme aux efforts de paix de Donald Trump vraisemblablement mauvais pour la Russie, l’Ukraine et l’Europe".

© afp.com/Gavriil Grigorov

Photo de pool fournie par l'agence d'Etat russe Spoutnik montrant la rencontre entre le président russe Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff le 6 août à Moscou.

Deux militaires dans un état critique, un suspect afghan… Ce que l’on sait de l’attaque à Washington

27 novembre 2025 à 07:52

Mercredi 26 novembre, des tirs ont résonné près de la Maison-Blanche à Washington. Deux militaires ont été la cible d’une attaque. Vers 14h15 locales (20h15 heure française), "un suspect est arrivé à l’angle de la rue, a soulevé son arme à feu et a tiré vers des gardes nationaux" en patrouille, a déclaré lors d’une conférence de presse Jeffery Carroll, un responsable de la police de Washington, parlant d’un "tireur solitaire." D’autres gardes nationaux "sont parvenus" à le "maîtriser pour l’arrêter", a-t-il ajouté.

Les deux militaires, originaires de Virginie-Occidentale, sont dans un "état critique", a insisté devant les caméras Kash Patel, le directeur du FBI, alors que la confusion a un temps régné sur leur sort. Le tireur présumé est lui aussi "sévèrement blessé", a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social, qualifiant l’assaillant d'"animal" qui "paiera très cher" son acte.

Un suspect afghan

Dans une allocution vidéo solennelle, le président américain a ensuite confirmé que le suspect arrêté était un homme venu d’Afghanistan en septembre 2021. Le ministère de la Sécurité intérieure a identifié le suspect comme étant Rahmanullah Lakanwal, 29 ans, rapporte la chaîne CNN précisant qu’il avait demandé l’asile en 2024, et qu’il a été accordé par l’administration Trump en avril 2025. Selon un parent contacté par le média NBC News, l’homme a servi dans l’armée afghane, chez les forces spéciales, pendant 10 ans aux côtés des États-Unis. La chaîne Fox News cite de son côté le directeur de la CIA, John Ratcliffe, selon qui le suspect avait travaillé avec les Etats-Unis à Kandahar, dans le sud de l’Afghanistan, où se trouvait une des plus importantes bases militaires américaines.

"Dans le sillage du retrait désastreux d’Afghanistan par Joe Biden, l’administration Biden a justifié d’emmener le tireur présumé aux Etats-Unis en septembre 2021 en raison de son travail passé avec le gouvernement américain, y compris la CIA, en tant que membre d’une force partenaire à Kandahar", a déclaré John Ratcliffe à Fox News.

Diatribe anti-immigration

Depuis la Floride où il passe la fête de Thanksgiving, Donald Trump s’est livré à une véhémente diatribe contre l’immigration, qualifiée de "plus grande menace pour la sécurité nationale", en reprochant à son prédécesseur démocrate Joe Biden d’avoir laissé entrer des "millions" d’étrangers aux Etats-Unis. Le président républicain a dit que son gouvernement devait maintenant "réexaminer" tous les individus venus d’Afghanistan quand Joe Biden était au pouvoir.

Peu après son allocution, le USCIS, une agence fédérale chargée de l’immigration, a indiqué sur ses réseaux sociaux la suspension immédiate et à durée indéfinie du "traitement de toutes les demandes d’immigration concernant des ressortissants afghans", "dans l’attente d’un nouvel examen des protocoles de sécurité et de vérification". AfghanEvac, une organisation chargée d’aider des Afghans à s’établir aux Etats-Unis après le retrait américain d’Afghanistan de 2021, s’est défendue, affirmant procéder à "des vérifications de sécurité […] parmi les plus approfondies" en matière d’immigration. "L’acte de cet individu isolé et violent ne doit pas servir d’excuse pour définir et rabaisser une communauté entière", a lancé son président, Shawn VanDiver.

Envoi de militaires supplémentaires

Pour l’heure, la police de Washington a fait savoir qu’elle n’avait encore "connaissance d’aucun mobile". La Maison-Blanche a, elle, accusé l’opposition démocrate d’avoir "diabolisé" les soldats en critiquant leur déploiement et en accusant Donald Trump d’outrepasser ses pouvoirs. Les tirs sont survenus dans un climat politique très tendu aux Etats-Unis, secoués début septembre par l’assassinat de Charlie Kirk, un jeune influenceur ultraconservateur allié du président, lui-même victime d’une tentative d’assassinat pendant la campagne présidentielle de 2024.

Ces derniers mois, le président a envoyé la Garde nationale à Los Angeles et Washington, contre l’avis des autorités locales démocrates, disant ces renforts nécessaires pour lutter contre la criminalité et l’immigration illégale. Le ministre de la Défense Pete Hegseth a annoncé mercredi l’envoi de 500 militaires supplémentaires à Washington, ce qui doit porter leur nombre à plus de 2 500. La municipalité a saisi la justice pour demander le retrait de la Garde nationale et les tribunaux lui ont donné raison la semaine dernière, en vain.

© afp.com/Sebastian Smith

Un homme en treillis militaire sur un brancard, le 26 novembre 2025 à Washington

Une phrase sur Taïwan… et une tempête économique : la crise que le Japon n’avait pas anticipée

27 novembre 2025 à 06:15

Repli boursier, affaiblissement du yen, flambée des taux longs... Après avoir relevé l'épreuve des urnes, Sanae Takaichi affronte désormais une double tempête - un test des marchés et une crise diplomatique avec la Chine. Première femme à prendre les rênes du pouvoir de l'Archipel, elle est surtout celle dont la rhétorique est allée le plus loin sur la question de Taïwan. Tout est parti d'une phrase lâchée devant les parlementaires, le 7 novembre. La cheffe du gouvernement affirme alors que le recours à la force contre l’île revendiquée par la Chine pourrait constituer "une menace à la survie du Japon". Le gouvernement tente ensuite de relativiser ses propos, mais il est trop tard : la mèche est allumée.

Outrées par cette "provocation", les autorités chinoises ripostent, appelant leurs ressortissants à ne pas se rendre au Japon. Résultat : près de 30 % des voyages prévus d’ici décembre ont été annulés, d’après des données relayées par Bloomberg. Pour le pays du Soleil levant, qui ambitionne d’accueillir 60 millions de visiteurs en 2030, l'affaire n'est pas neutre : les Chinois comptent pour près d'un quart des arrivées et 35 % des recettes touristiques. Takahide Kiuchi, chercheur au Nomura Research Institute, a fait le calcul, une baisse des voyages depuis la Chine et Hongkong, équivalente à celle qui a eu lieu en 2012, pourrait rogner le PIB nippon de 1 800 milliards de yens, soit 0,3% du PIB nominal de 2024.

Dépendance à la Chine

Car les deux pays n’en sont pas à leur première bisbille. Il y a treize ans, le différend concernait les îles Senkaku. Il avait déjà entraîné une baisse des flux touristiques et un boycott des marques japonaises par la population chinoise. Un épisode qui a particulièrement affecté le secteur automobile nippon, rappelle Kevin Net, responsable du pôle Asie à La Financière de l’Echiquier. La Chine a pris pour habitude de faire monter la pression économique pour régler un désaccord diplomatique : en 2017, elle avait restreint les importations de produits de beauté sud-coréens, à la suite de la décision de Séoul d'installer un système de défense antimissile américain. En 2020, elle avait récidivé en imposant des droits de douane sur le vin australien, alors que Canberra demandait une enquête sur l'origine du Covid-19.

La consommation chinoise, puissant moteur de l'économie nippone, se transforme en talon d'Achille. "En moyenne, la Chine représente environ 10 % du chiffre d’affaires des sociétés japonaises, remarque Kevin Net. Un boycott pourrait avoir un impact significatif sur l'activité locale". Les marchés financiers accusent déjà le coup : la Bourse de Tokyo a dévissé de 4 % entre le 10 et le 25 novembre. En première ligne, les entreprises du secteur de la consommation, comme Ryohin Keikaku, maison mère des magasins Muji, dont la valorisation a fondu de 12 % sur la période. Ou encore le géant de la beauté Shiseido, qui a vu son cours chuter de 16 %.

Une offensive tous azimuts

Pour Tokyo, cette brouille n'intervient pas au moment le plus opportun : le PIB du pays s'est contracté au troisième trimestre et les droits de douane de Donald Trump pèsent sur les exportations. D’autant que Pékin contre-attaque sur tous les fronts : après avoir annoncé la suspension des importations de fruits de mer japonais, la diffusion de deux films nippons a été annulée dans ses salles de cinéma, selon les médias locaux.

Malgré le durcissement de ton chinois, le Japon campe sur ses positions. La lettre de Pékin adressée à l'ONU n'y change rien : la Première ministre refuse de retirer ses propos. Ce mardi 25 novembre, le Japon a même déclaré avoir déployé des avions en direction d'une île proche de Taïwan après la détection d'un drone chinois. "Sanae Takaichi affiche un positionnement plus conservateur que ses prédécesseurs sur la question chinoise, souligne Célia Colin, économiste spécialisée sur l’Asie à Rexecode. Elle prône le réarmement du Japon avec l’objectif de contenir la Chine, à la fois sur le plan militaire et commercial".

Pour renforcer ses capacités de défense et soutenir l'économie, le gouvernement a proposé un stimulus budgétaire de 135 milliards de dollars. Or ces dépenses inquiètent les investisseurs, déjà soucieux de la soutenabilité de la dette de l’Archipel. Les taux à dix ans des obligations japonaises ont bondi à 1,81 % le 20 novembre - leur niveau le plus élevé depuis 2008.

Alors que les tensions avec la Chine risquent de durer, le Japon s'efforce de conforter ses liens avec Washington. Donald Trump s'y est montré ouvert. Le président américain a récemment déclaré que les deux dirigeants allaient entretenir une "relation fantastique". Fin octobre, les deux pays se sont engagés à coopération sur les terres rares. Mais en ce début de semaine, le Républicain a tenté de jouer les médiateurs, s'entretenant tour à tour avec les dirigeants chinois et japonais par téléphone. Un exercice d'équilibriste qui n'a, pour l'instant, pas éteint les braises.

© afp.com/Kazuhiro NOGI

Les propos de la Première ministre japonaise Sanae Takaichi sur Taïwan ont provoqué l'ire de Pékin.

France - Algérie : les guerres d’espionnage derrière la crise diplomatique

27 novembre 2025 à 06:00

Depuis l’été dernier, les relations entre la France et l’Algérie se dégradent de jour en jour. Derniers événements en date : les condamnations du journaliste français Christophe Gleizes et de l’écrivain Boualem Sansal à respectivement sept et cinq ans de prison. Et comme souvent dans ces moments de tensions, on essaye de regarder en arrière pour tenter de mieux comprendre l’actualité.

A L’Express, trois journalistes se sont penchés sur la relation ambivalente entre ces deux pays. Mais ils se sont intéressés à une histoire un peu particulière : celle des batailles d’espionnage. Pour leur enquête, ils ont rassemblé de très nombreux documents dans des dossiers, classés par ordre chronologique. Des photos d’espions infiltrés, des preuves écrites de kidnappings, des archives sur des assassinats cachés… ces dossiers contiennent tous les éléments pour faire le récit des guerres secrètes franco-algériennes.

En ouvrant le dernier dossier sur l’espionnage entre la France et l’Algérie, on tombe d’abord sur une lettre d’Emmanuel Macron qui date du 27 juillet 2024. Elle est adressée au roi du Maroc et on peut y lire : "Je considère que le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine."

Ce territoire du Sahara occidental est au cœur des tensions entre le Maroc, qui le revendique comme une province, et l’Algérie, qui y soutient les indépendantistes. Dans un précédent épisode de La Loupe, la journaliste du service société Alexandra Saviana était venue nous éclairer sur le positionnement de la France à ce sujet.

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Cet épisode a été présenté par Charlotte Baris, écrit et monté par Solène Alifat et réalisé par Jules Krot.

Crédits : INA, TV5 Monde, France 24, Nouvel Obs

Musique et habillage : Emmanuel Herschon/Studio Torrent

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Pour aller plus loin :

Amir DZ : l’Algérie soupçonnée d’avoir confié le kidnapping à des gitans de Pontault-Combault

"On sait où tu habites" : comment l’Algérie espionne sa diaspora grâce à ses consulats en France

Boualem Sansal, Christophe Gleizes… L’Algérie et le syndrome de Téhéran

© afp.com/Ludovic MARIN

Le ton est remonté d'un cran lundi entre la France et l'Algérie avec l'annonce, par Paris, de la décision des autorités algériennes d'expulser douze fonctionnaires français et la menace de représailles si Alger la maintenait

Etats-Unis : deux militaires de la Garde nationale touchés par des tirs près de la Maison-Blanche

26 novembre 2025 à 21:59

Deux militaires de la Garde nationale ont été grièvement blessés ce mercredi 26 novembre par des tirs d'arme à feu à Washington, à environ 500 mètres de la Maison-Blanche, a annoncé le FBI. Peu avant, le gouverneur de la Virginie-Occidentale Patrick Morrisey avait affirmé sur X que les deux militaires étaient morts, avant de publier une seconde déclaration, citant des "informations contradictoires".

Un suspect a été arrêté, a fait savoir la police de la capitale américaine sur X, tandis que des hélicoptères survolaient la zone. L’individu arrêté, qualifié "d’animal" par Donald Trump, a également été blessé. Il "paiera très cher" son acte, a ajouté le président américain depuis la Floride.

Cinq cents militaires supplémentaires de la garde nationale seront déployés à Washington, a annoncé mercredi le chef du Pentagone. "Cela ne fait que renforcer notre détermination à faire de Washington un endroit sûr", a déclaré Pete Hegseth, qui fait un déplacement en République dominicaine, en faisant cette annonce. Ce nouveau déploiement portera à plus de 2 500 le nombre de militaires de ce corps de réserve déployés dans la ville.

Depuis juin, le président républicain a envoyé la Garde nationale successivement à Los Angeles, Washington et Memphis, à chaque fois contre l'avis des autorités locales démocrates, disant ces renforts nécessaires pour lutter contre la criminalité et appuyer la police fédérale de l'immigration (ICE).

Alors que les statistiques officielles montrent une baisse de la criminalité violente à Washington, le président américain a déclaré invoquer une mesure qui l’autorise à prendre le contrôle de la police de cette ville au statut particulier aux Etats-Unis. A l’inverse des 50 Etats américains, la municipalité de Washington opère en effet dans le cadre d’une relation particulière avec l’Etat fédéral, qui limite son autonomie.

© afp.com/Brendan SMIALOWSKI

Des membres de la garde nationale derrière un périmètre de sécurité le 26 novembre 2025 à Washington
Reçu avant avant-hier L'Express

En Afrique du Sud, la fille d’un ex-président accusée d’enrôler de force des hommes pour la Russie

26 novembre 2025 à 20:48

On leur avait promis une formation en sécurité pour devenir gardes du corps pour des personnalités haut placées en Afrique du Sud ; ils se retrouvent aujourd’hui bloqués en Ukraine, forcés de combattre pour la Russie. C’est le calvaire que vivent actuellement 17 Sud-Africains, enrôlés de force dans l’armée russe, après s’être vu promettre un stage d’entraînement dans le pays. L’affaire suscite d’autant plus un tollé que l’une des personnes à l’origine de ce recrutement ne serait autre que la fille de l’ex-président Jacob Zuma, Duduzile Zuma-Sambudla, députée du parti Umkhonto we Sizwe (MK).

C’est sa sœur, Nkosazana Zuma-Mncube, qui a annoncé dans un communiqué avoir déposé plainte, samedi 22 novembre, auprès des autorités sud-africaines, accusant Duduzile Zuma-Sambudla et deux autres personnes d’avoir recruté illégalement une vingtaine d’hommes, dont huit de leur propre famille. Elle les accuse de trafic d’êtres humains, d’escroquerie et de soutien à une armée étrangère.

Bloqués dans le Donbass

"Ces hommes ont été attirés en Russie sous de faux prétextes et livrés à un groupe de mercenaires russes pour combattre en Ukraine, à leur insu et sans leur consentement. Parmi ces 17 hommes, qui sollicitent l’aide du gouvernement sud-africain, figurent huit membres de ma famille", a indiqué l’autre fille de l’ex-président Jacob Zuma, dans une déclaration diffusée par plusieurs médias sud-africains. Le 6 novembre, la présidence sud-africaine avait, elle aussi, annoncé avoir reçu des appels de détresse de 17 hommes âgés de 20 à 39 ans, pris au piège dans la région du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, indique Le Monde.

Duduzile Zuma-Sambudla, dont les réseaux sociaux abondent de contenus pro-russes, conteste pour sa part ces accusations et assure avoir été piégée. Elle dit avoir été approchée via la messagerie WhatsApp par un homme avec qui elle n’avait jamais eu de contact auparavant : Blessing Khoza. Ce dernier lui aurait offert un programme de formation paramilitaire ouvert aux civils. Elle évoque également une femme, Siphokazi Xuma, impliquée dans le recrutement forcé de ces personnes.

La fille de l’ex-président sud-africain explique avoir elle-même participé à un de ces fameux stages en Russie, pendant un mois, sans jamais avoir été exposée à des combats. "Ces personnes sont arrivées environ une semaine après moi. J’ai partagé des informations innocemment : je n’ai persuadé ni fait pression sur aucune d’entre elles. Le fait que des membres de ma propre famille aient choisi de participer prouve que je n’avais aucune raison de soupçonner que le programme était dangereux", mentionne-t-elle dans sa déclaration à la police, consultée par le média sud-africain Daily News.

Personnage controversé, Duduzile Zuma-Sambudla est actuellement en procès, accusée d’incitation au terrorisme et à la violence, pour son rôle présumé lors des émeutes de 2021, ayant fait plusieurs centaines de morts, après l’arrestation de son père. Elle a dit collaborer avec les autorités dans le cadre de l’affaire des enrôlements forcés. La Direction des enquêtes sur les crimes prioritaires, connue en Afrique du Sud sous le nom de Hawks, a pour sa part confirmé qu’elle enquêtait actuellement sur Sambudla-Zuma. Les charges restent à déterminer, ont précisé les autorités.

Trafic humain

Alors que l’invasion russe de l’Ukraine approche de son quatrième anniversaire, le recours par les deux camps à des soldats étrangers se multiplie. Kiev a récemment fait appel à des mercenaires colombiens. Mais Moscou a, quant à elle, surpassé les manœuvres pour se procurer des combattants dans d’autres pays. Des rapports font ainsi état d’agents de l’Etat russe ou d’intermédiaires recrutant, de manière obscure, des personnes en Afrique, en Inde, au Népal, en Syrie ou encore à Cuba. Les personnes sont souvent attirées par de fausses promesses d’emplois n’ayant rien à voir avec l’industrie militaire, et bien rémunérées.

En août, le gouvernement sud-africain avait annoncé enquêter sur des "programmes étrangers" soupçonnés de recruter de jeunes Sud-Africains "sous de fausses excuses", rappelle Le Monde. Des jeunes femmes africaines ont notamment été envoyées assembler des drones en Russie, après s’être vues proposer un travail dans la restauration ou l’hôtellerie.

© AFP

Duduzile Zuma aux côtés de son père, l'ancien président sud-africain Jacob Zuma, dans un tribunal de Johannesburg, en 2024. PHOTO D'ARCHIVES

Guerre en Ukraine : un plan de paix signé Donald Trump ou... Vladimir Poutine ?

26 novembre 2025 à 17:28

"Une liste de positions russes, plutôt qu’une proposition sérieuse" : la semaine dernière, le média américain Axios révélait l’ébauche de plan de paix pour l’Ukraine défendu par Donald Trump, suscitant un tollé international. Le document, qui comporte 28 points, prévoyait notamment la cession par l’Ukraine de territoires n’étant même pas occupés par la Russie, et son renoncement à intégrer l’Otan. Ce mercredi 26 novembre, on apprend par l’agence Reuters que ce plan, que les Etats-Unis voulaient voir approuvé par l’Ukraine avant Thanksgiving, "s’inspire d’un document rédigé par des Russes et soumis à l’administration Trump en octobre".

C’est Moscou, elle-même, qui a dévoilé cette feuille de route. Cette dernière aurait été élaborée à la suite d’une rencontre entre les responsables américains Jared Kushner et Steve Witkoff, et l’envoyé russe Kirill Dmitriev, à Miami, fin octobre. Elle reprendrait la logique générale des discussions entre Vladimir Poutine et Donald Trump, lors du sommet historique à Anchorage, en Alaska. Peu de personnes au sein du département d’Etat et de la Maison-Blanche auraient été informées de cette rencontre.

La position russe "entendue"

"Ce document contenait des éléments que le gouvernement russe avait déjà avancés à la table des négociations, notamment des concessions territoriales que l’Ukraine avait rejetées", détaille Reuters. Après près de quatre ans d’invasion, la Russie occupe en effet plus de 19 % du territoire ukrainien, au sud et à l’est. Il évoquait également la garantie que l’Ukraine renonce à adhérer à l’Otan. Dans un entretien avec Axios, Kirill Dmitriev, qui se trouve par ailleurs à la tête d’un fonds souverain russe, avait dit avoir "le sentiment que la position russe avait été entendue".

Mais le rapprochement entre autorités russes et américaines ces dernières semaines ne s’arrête pas là. Mardi 25 novembre, l’agence Bloomberg a également rapporté que Steve Witkoff, l’émissaire spécial de Donald Trump, avait conseillé Youri Ouchakov, haut conseiller du Kremlin, sur la manière d’introduire auprès du président américain le plan de règlement du conflit, au cours d’une conversation téléphonique.

Depuis le scandale suscité par la publication de ces 28 propositions, considérées à Kiev et en Europe comme une capitulation de l’Ukraine, et la réunion entre Ukrainiens, Européens et Américains à Genève ce week-end, le plan a été revu. Moscou dit n’en avoir encore discuté "en détail avec personne" et a jugé "inutiles" les efforts des Européens pour jouer un rôle dans le règlement du conflit.

Zelensky bientôt reçu aux Etats-Unis ?

Les Européens avaient, de leur côté, rédigé un plan alternatif qui rejette les principales demandes russes. Cette contre-proposition européenne n’a pas été commentée par les Etats-Unis et a été rejetée lundi par le Kremlin, qui l’a qualifiée de "pas du tout constructive".

Tandis que l’Ukraine pousse à l’organisation cette semaine d’une visite du président Volodymyr Zelensky aux Etats-Unis pour des négociations avec Donald Trump, l’émissaire américain Steve Witkoff est attendu la semaine prochaine à Moscou. Donald Trump a également évoqué la possible présence de son gendre, Jared Kushner, sur place.

Mardi, des responsables ukrainiens ont déclaré soutenir l’accord de paix modifié issu des dernières négociations, mais ont souligné que les questions les plus sensibles – les concessions territoriales étant particulièrement litigieuses – devaient être réglées lors d’une éventuelle rencontre entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump.

© Sergey Bobylev / POOL / AFP

Le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine sur le tarmac, avant un sommet entre les États-Unis et la Russie sur l'Ukraine en Alaska, le 15 août 2025.

Russie : quand des selfies trahissent la localisation d’enfants enlevés en Ukraine

26 novembre 2025 à 13:35

Depuis le début de la guerre en Ukraine, en février 2022, plusieurs dizaines de milliers de jeunes Ukrainiens ont été volés par la Russie, en violation complète du droit international. Chargé par le Département d’Etat américain d’étudier l’étendue du phénomène, le Humanitarian Research Lab (HRL), un laboratoire de l’université de Yale, estime leur nombre total à 36 000.

L’été dernier, L’Express consacrait une longue enquête au sujet, plusieurs personnalités signant alors un appel à l’opinion internationale dénonçant "une opération délibérée d’effacement de l’identité" de ces enfants déportés par la Russie.

A l’occasion d’un déplacement à Stockholm pour un séminaire au Parlement suédois consacré à ces rapts, lundi 24 novembre, le directeur du HRL est revenu auprès de l’AFP sur le travail de son laboratoire, confiant notamment avoir d’abord cru être face à une mission impossible : "Comment retrouver des enfants dissimulés et protégés par les services de sécurité russes ? Dans une affaire d’enlèvement où nous ne disposons que d’internet et d’images satellites ?".

Des selfies pour se faire bien voir

Mais une erreur commise par les Russes a finalement facilité la tâche : des selfies de responsables locaux russes en compagnie d’enfants ukrainiens. "Les responsables locaux, cherchant à se faire bien voir du Kremlin, se prenaient en photo aux côtés des enfants dans les bus", explique Nathaniel Raymond. "Le plus 'drôle' dans cette histoire", relate-t-il, c’est qu’ils avaient oublié de désactiver les services de localisation sur leurs téléphones. "Nous avons donc pu extraire la latitude et la longitude de la position de ces responsables, puis nous avons vu sur les photos que nous pouvions identifier les appareils, y compris leurs Apple Watch. On a commencé à creuser", raconte-t-il.

Les informations sont partagées avec les autorités ukrainiennes. Depuis, en analysant d’autres données accessibles, notamment les photos officielles publiées par les autorités russes, le HRL a réussi à mettre en évidence 210 camps de rééducation et militaires à travers la Russie, où se trouvent une partie des enfants ukrainiens.

Après le mandat d’arrêt émis contre Vladimir Poutine par la Cour pénale internationale (CPI) en 2023, les autorités russes ont toutefois cessé toute publication de ce type d’informations en ligne : "Ils commencent à nettoyer la scène du crime, à déplacer les enfants", souligne le directeur du HRL, selon qui le sort de ces enfants doit être une priorité absolue dans les négociations actuelles.

Mi-septembre, un rapport du HRL accablait Moscou, en décrivant comment les enfants ukrainiens déportés étaient forcés de suivre une "rééducation" pro-russe, et pour certains un entraînement militaire. Dans une partie des établissements où ils sont détenus, ces enfants ont été impliqués dans la production d’équipements militaires pour les forces armées russes, notamment des drones, des détecteurs de mines, des robots et des chargeurs rapides pour fusils d’assaut.

© AFP

Une marche exigeant le retour des enfants ukrainiens kidnappés par la Russie, à Londres, le 1er juin 2025.

"Voici ce que j'ai dit à Trump..." : l'intégralité de la conversation entre Steve Witkoff et un conseiller de Vladimir Poutine

26 novembre 2025 à 13:20

L'affaire relance les accusations de collusion entre l'administration américaine et le Kremlin, au moment où les pourparlers de paix sur le conflit ukrainien se poursuivent. Steve Witkoff, émissaire spécial de Donald Trump, a donné des conseils à un conseiller de Vladimir Poutine sur la manière d'introduire auprès du président américain un plan de règlement du conflit en Ukraine, selon une conversation téléphonique révélée mardi 25 novembre par Bloomberg. "Cette histoire prouve une chose : l'émissaire spécial Witkoff parle à des responsables à la fois en Russie et en Ukraine presque chaque jour pour obtenir la paix, ce qui est exactement ce pour quoi le président Trump l'a nommé", a réagi le directeur de communication de la Maison-Blanche Steven Cheung, dans une déclaration transmise à l'AFP. Le président américain a lui aussi pris la défense de son émissaire spécial, qui doit rencontrer le président russe la semaine prochaine à Moscou. Tout en indiquant n'avoir pas entendu la conversation en question, Donald Trump a jugé qu'il s'agissait d'une technique de négociation "standard".

L'Express vous propose la retranscription de cet échange, daté du 14 octobre, entre l'ancien homme d'affaires américain et Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique du président russe, dans lequel est évoqué un futur plan de règlement du conflit, inspiré de celui annoncé peu auparavant pour mettre fin à la guerre à Gaza. Nous analysons davantage le contexte de cette conversation dans cet article.

Steve Witkoff : Salut Iouri.

Iouri Ouchakov : Oui Steve, salut, comment vas-tu ?

Steve Witkoff : Bien Iouri. Et toi ?

Iouri Ouchakov : Ça va. Félicitations mon ami. [Cet échange intervient après le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur le 11 octobre, sous la pression des Etats-Unis]

Steve Witkoff : Merci.

Iouri Ouchakov : Tu as fait un excellent travail. Vraiment un excellent travail. Merci beaucoup. Merci, merci.

Steve Witkoff : Merci Iouri, et merci pour ton soutien. Je sais que ton pays l’a soutenu et je t’en remercie.

Iouri Ouchakov : Oui, oui, oui. Tu sais, c’est pour cela que nous avons suspendu l’organisation du premier sommet russo-arabe. [Un sommet entre la Russie et la Ligue arabe, prévu le 15 octobre à Moscou, avait été reporté en raison de l’implication de plusieurs pays arabes dans la mise en œuvre du cessez-le-feu à Gaza]

Steve Witkoff : Oui.

Iouri Ouchakov : Oui, parce que nous pensons que tu fais le vrai travail là-bas dans la région.

Steve Witkoff : Écoute. Je vais te dire quelque chose. Je pense que si nous arrivons à régler la question Russie-Ukraine, tout le monde sautera de joie.

Iouri Ouchakov : Oui, oui, oui. Oui, tu n’as qu’un seul problème à résoudre. [Rires]

Steve Witkoff : Lequel ?

Iouri Ouchakov : La guerre russo-ukrainienne.

Steve Witkoff : Je sais ! Comment règle-t-on ça ?

Iouri Ouchakov : Mon ami, je veux juste ton avis. Tu penses que ce serait utile si nos chefs parlaient au téléphone ?

Steve Witkoff : Oui, je le pense.

Iouri Ouchakov : Vraiment ? Et quand cela pourrait être possible ?

Steve Witkoff : Je pense que dès que tu le suggères, mon gars est prêt à le faire.

Iouri Ouchakov : D’accord, d’accord.

Steve Witkoff : Iouri, Iouri, voici ce que je ferais. Ma recommandation.

Iouri Ouchakov : Oui, s’il te plaît.

Steve Witkoff : Je ferais l’appel et je réitérerais que vous félicitez le président pour cet accomplissement, que vous l’avez soutenu, que vous respectez le fait que c’est un homme de paix et que vous êtes vraiment heureux de ce qui s’est passé. Je dirais cela. Je pense qu’à partir de là, ce sera un très bon appel.

Parce que - laisse-moi te dire ce que j’ai dit au président. Je lui ai dit que vous, que la Fédération de Russie a toujours voulu un accord de paix. C’est ma conviction. Je lui ai dit que je le croyais. Et je pense que le problème, c’est que nous avons deux nations qui ont du mal à trouver un compromis, et quand elles y parviendront, nous aurons un accord de paix. Je pense même qu’on pourrait établir une sorte de plan de paix en 20 points, comme nous l’avons fait pour Gaza. Nous avons mis en place un plan Trump en 20 points pour la paix, et je me dis qu’on pourrait peut-être faire la même chose avec vous. Mon point, c’est que…

Iouri Ouchakov : D’accord, d’accord mon ami. Je pense que ce point précis pourrait être discuté par nos dirigeants. Eh Steve, je suis d’accord avec toi : il félicitera, il dira que M. Trump est un véritable homme de paix, etc. Il dira cela.

Steve Witkoff : Peut-être qu’il pourrait dire au président Trump : tu sais, Steve et Iouri ont évoqué un plan de paix similaire en 20 points, et cela pourrait être quelque chose qui pourrait faire avancer un peu les choses, que nous sommes ouverts à ce genre de pistes, à explorer ce qu’il faudra pour parvenir à un accord de paix. Maintenant, entre toi et moi, je sais ce qu’il faudra pour obtenir un accord : Donetsk et peut-être un échange territorial quelque part. Mais je dis que plutôt que d’en parler de cette façon, parlons de manière plus optimiste, car je pense qu’on va y arriver. Et je pense, Iouri, que le président me laissera beaucoup de marge de manœuvre pour parvenir à un accord.

Iouri Ouchakov : Je vois…

Steve Witkoff : … Donc si nous pouvons créer cette opportunité, dire que nous avons eu une conversation, je pense que cela pourrait mener à de grandes choses.

Iouri Ouchakov : D’accord, d’accord.

Steve Witkoff : Et une autre chose : Zelensky vient à la Maison-Blanche vendredi.

Iouri Ouchakov : Je sais. [Rires]

Steve Witkoff : Je vais assister à cette réunion parce qu’ils veulent que je sois présent, mais je pense que si possible nous devrions faire cet appel avec ton patron avant cette réunion de vendredi.

Iouri Ouchakov : Avant, avant… oui ?

Steve Witkoff : Exact.

Iouri Ouchakov : D’accord, d’accord. Je prends note de ton conseil. J’en discute avec mon patron et je reviens vers toi, d’accord ?

Steve Witkoff : D’accord Iouri, je te parle bientôt.

Iouri Ouchakov : Très bien, très bien. Merci beaucoup. Merci.

Steve Witkoff : Au revoir.

Iouri Ouchakov : Au revoir.

[Fin de l’appel]

© afp.com/Ludovic MARIN

L'émissaire américain Steve Witkoff avant une réunion avec le président français Emmanuel Macron à l'Elysée, le 17 avril 2025 à Paris

Une association humanitaire pour couverture : cette nouvelle affaire d’ingérence russe en France

26 novembre 2025 à 12:14

Nouvelle affaire d’ingérence russe sur le sol français. Trois personnes ont été mises en examen et écrouées à Paris dans une enquête pour espionnage économique et propagande prorusse, après la découverte d’affiches en faveur de Moscou sur l’Arc de triomphe. L’un des suspects, Vyacheslav P., ressortissant russe de 40 ans, a été identifié grâce à la vidéosurveillance en train de les coller début septembre, a indiqué mardi 25 novembre le parquet, après des informations dévoilées par Le Parisien et le site spécialisé Intelligence Online.

Il aurait ensuite fait un compte rendu téléphonique à la fondatrice de l’association SOS Donbass, Anna Novikova, Franco-Russe de 40 ans, soupçonnée d’avoir sollicité des cadres d’entreprises françaises pour obtenir des informations économiques. Née en Sibérie, celle-ci était déjà surveillée par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) depuis le début de l’année : le contre-espionnage avait relevé "des agissements susceptibles de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation", déclenchant l’ouverture d’une enquête préliminaire. Un juge d’instruction a ensuite été désigné, en mars, enquêtant notamment pour "intelligence avec une puissance étrangère", un délit puni de 10 ans d’emprisonnement.

La troisième personne écrouée est un homme de 63 ans né en Seine-Saint-Denis, Vincent P, l’actuel président de l’association. Les trois suspects ont passé 96 heures en garde à vue, selon Le Parisien et Intelligence Online, dans le cadre d’une enquête ouverte par le parquet de Paris et confiée à la DGSI. "Placés en détention provisoire, ils ont été ensuite déférés devant le juge des libertés et de la détention (JLD) qui a décidé de leur maintien derrière les barreaux", indique Intelligence Online.

Une association d’aide humanitaire comme couverture

Un quatrième mis en examen, Bernard F., 58 ans, né à Paris, a pu pour sa part échapper à la détention provisoire. Mais il a été placé sous un strict contrôle judiciaire, qui l’oblige à pointer une fois par semaine au commissariat et remettre ses papiers d’identité, mais lui interdit aussi toute activité associative en lien avec "la politique internationale de la France, la politique de la Russie ou l’aide aux personnes en raison du conflit armé russo-ukrainien".

Déclarée en septembre 2022 auprès de la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, l’association SOS Donbass – pour Sud Ouest solidarité Donbass – se présentait comme une structure d’aide humanitaire, chargée d’organiser des collectes de fonds et des convois pour les civils de l’Est de l’Ukraine. Mais selon la DGSI, elle aurait en réalité servi de couverture à des activités d’espionnage et de déstabilisation. Une méthode bien connue des services russes, régulièrement accusés d’infiltrer des associations, ONG ou structures culturelles pour en faire des relais d’influence en Europe, comme le rappelle Le Parisien.

A noter que l’association SOS Donbass est à l’origine d’une campagne d’affichage organisée depuis mi-2024 à travers la France par ses membres et sympathisants, qui placardent des posters "La Russie n’est pas mon ennemi". Intelligence Online rapporte qu’elle était également dans le viseur de la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD), après que ses membres ont organisé plusieurs manifestations devant les sites du groupe d’armement KNDS. Toujours selon cette source, une autre structure semble unir les trois protagonistes de l’affaire : l’Association des cosaques de France.

Directement recrutés par les services secrets russes ?

Autre élément clé révélé par Le Parisien : les enquêteurs soupçonnent qu’Anna Novikova et Vincent P. aient été directement recrutés par les services secrets russes. Lors de déplacements effectués pour l’association, notamment au Donbass, ils auraient été approchés par des officiels russes. Ces rencontres auraient servi de porte d’entrée vers des hauts gradés du renseignement, qui les auraient ensuite "retournés", selon les conclusions des investigations.

Les affaires de possible ingérence étrangère se sont multipliées ces derniers mois en France, depuis les mains rouges sur le Mur des Justes au Mémorial de la Shoah et des cercueils au pied de la tour Eiffel en 2024. Fin avril, le Mémorial de la Shoah avait été visé, ainsi que trois synagogues, par des jets de peinture. Trois Serbes avaient été mis en examen et écroués à Paris, suspectés d’avoir dégradé ces lieux "dans le but de servir les intérêts d’une puissance étrangère", possiblement la Russie.

© PAVEL PAVLOV / ANADOLU AGENCY / Anadolu via AFP

L'association SOS Donbass servait en réalité de couverture à des activités d'espionnage et de déstabilisation.

Face à Donald Trump, l'Europe doit avoir l’envie d’être unie, par Eric Chol

26 novembre 2025 à 12:00

"quod donare mora nequit annua, dat brevis hora". Il advient en une heure ce qui n’arrive pas en une année. Ce pourrait être la nouvelle devise de Donald Trump qui, depuis son retour sur le trône de la Maison-Blanche, impose un rythme d’enfer à l’ensemble de la planète. Quand on le croit à fond, le président continue d’accélérer. Tant pis pour ceux qui peinent à suivre. Droits de douane, paix au Proche-Orient, volonté de mettre fin la guerre entre l’Ukraine et la Russie : son agenda ne désemplit pas. Les diplomates américains, eux, rasent les murs : le promoteur immobilier new-yorkais, préfère ses "envoyés spéciaux", Steve Witkoff et son gendre Jared Kushner.

Sidérés, les dirigeants européens se prennent claque sur claque. Ce fut en février la leçon de démocratie agressive de J.D. Vance, numéro deux des Etats-Unis, lors de la conférence de Munich. Puis la scène humiliante pour Volodymyr Zelensky dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche. Nouveau camouflet cet été, lorsque le président américain, entre deux parties de golf, convoque dans sa résidence écossaise Ursula von der Leyen et impose ses tarifs commerciaux à l’Europe. Sourire crispé de la présidente de la Commission de Bruxelles, que l’on voit lever le pouce de la victoire aux côtés d’un Donald Trump jubilant.

A peine remise, l’Europe assiste le 13 octobre, tel un spectateur désengagé, au sommet pour la paix à Gaza, organisé par le maître du monde à Charm el-Cheikh, en Égypte. Rebelote quand surgit le fameux plan en 28 points, concocté en secret par les émissaires américains connectés à Moscou, pour imposer les termes d’une paix ressemblant fort à une capitulation de Kiev. Tétanisée, l’Europe tente de lever la voix. "Cette posture d’indignation, est, en elle-même, un aveu d’impuissance", note l’écrivain Giuliano da Empoli, qui intervenait au colloque "Ici c’est l’Europe" organisé par L’Express le 24 novembre à Strasbourg.

"S’unir pour faire l’Europe"

"Sortir de la sidération, de l’humiliation. Proposer une voie alternative en échappant au calendrier de la Maison-Blanche. Mais l’Europe en a-t-elle encore les moyens ? Oui si elle se rassemble. Depuis la crise du canal de Suez de 1956, et le fiasco de l’opération militaire lancée par Paris et Londres, un fiasco qui s’explique à l’époque par l’absence de soutien des Etats-Unis et la menace d’un 'holocauste nucléaire' des Russes, la France et l’Angleterre ont appris qu'elles ne seront plus jamais des puissances comparables aux Etats-Unis et l’Union soviétique. L’Allemagne non plus d’ailleurs", écrivait dans ses mémoires Christian Pineau, ancien ministre des Affaires étrangères. "Il leur reste donc un seul moyen de jouer dans le monde un rôle décisif : c’est de s’unir pour faire l’Europe".

L’humiliation de Suez a précédé de quelques mois le traité de Rome, acte de naissance de la future Union européenne. Près de 70 ans plus tard, les 27 ont acquis la taille suffisante pour cesser de vivre dans l’ombre d’un président américain qui ose tout et qui réclame de la part de ses alliés d’hier de la gratitude. "La gratitude n’est pas un sentiment efficace en politique. C’est une erreur d’en tenir compte", disait le chancelier Metternich.

© afp.com/Brendan SMIALOWSKI

Ursula von der Leyen (G) et Donald Trump (D), en Ecosse, le 27 juillet 2025

Guerre en Ukraine : les troublantes conversations de Steve Witkoff avec la Russie

26 novembre 2025 à 09:55

Le ton est chaleureux entre la Russie et les Etats-Unis, quitte à se dire quelques mots doux derrière le combiné. L’agence Bloomberg a révélé mardi 25 novembre deux conversations téléphoniques qui soulèvent de sérieux doutes sur la proximité entre l’émissaire de la Maison-Blanche, Steve Witkoff, et ses interlocuteurs russes. Au fil des échanges, entièrement retranscrits sur la base d’un enregistrement audio, ce proche de Donald Trump semble s’écarter de son rôle de médiateur : loin de chercher à rapprocher Moscou et Kiev, il adopte une posture largement favorable au Kremlin.

La première conversation téléphonique, le 14 octobre, est entre Steve Witkoff et le conseiller diplomatique de Vladimir Poutine, Iouri Ouchakov, qui fut ambassadeur russe à Washington. Au bout du fil, Steve Witkoff ne se contente pas d’exposer une position américaine, mais il conseille son interlocuteur sur la manière d’aborder son patron. Steve Witkoff suggère ainsi au conseiller russe de programmer un appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine avant la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche, prévue le 17 octobre.

Il recommande même d’utiliser l’accord sur Gaza comme levier pour séduire Donald Trump, suggérant que Vladimir Poutine félicite son homologue américain pour ce qu’il a accompli au Proche-Orient. En effet, la veille de cet échange téléphonique, l’ex-magnat de l’immobilier savourait le succès de sa campagne pour mettre fin à la guerre dans l’enclave palestinienne. "La veille, il était devenu le premier président américain à s’adresser à la Knesset israélienne depuis 2008, après avoir obtenu la libération des 20 derniers otages encore en vie détenus par le Hamas", recontextualise Bloomberg. Aux conseils de Steve Witkoff, s’ajoutent quelques flatteries à destination du chef du Kremlin. "J’ai dit au président que vous, que la Fédération de Russie avait toujours voulu un accord de paix. C’est ce que je crois", déclare l’Américain, ajoutant avoir "le plus profond respect pour le président Poutine".

Trois jours en Floride avec Kirill Dmitriev

Et d’ajouter, plus loin : "De vous à moi, je sais ce qu’il faudra pour conclure un plan de paix : Donetsk, et un échange de territoire quelque part." A noter que Bloomberg n’a pas été en mesure de confirmer précisément quelles propositions la Russie a partagées avec les États-Unis, ni dans quelle mesure elles ont influencé le plan final en 28 points. Une chose est sûre : cet appel aurait servi d’accélérateur pour organiser un coup de fil entre Trump et Poutine, le 16 octobre 2025. À la suite de cet appel, Steve Witkoff a également rencontré Kirill Dmitriev, un autre conseiller de haut rang du Kremlin. Le site Axios a rapporté que le financier avait passé trois jours avec lui et d’autres responsables américains à Miami, en Floride, du 24 au 26 octobre. Un porte-parole de Kirill Dmitriev a refusé de commenter.

Bloomberg a aussi publié la retranscription d’une autre conversation, entre Iouri Ouchakov toujours et ce même Kirill Dmitriev. L’échange a eu lieu le 29 octobre selon l’agence américaine, qui le retranscrit en anglais et dans sa version originale, en russe. "Je pense que nous allons faire ce papier à propos de notre position, et je vais le faire circuler de manière informelle", déclare Kirill Dmitriev. "Je ne pense pas qu’ils prendront exactement notre version mais au moins ce sera aussi proche que possible", poursuit-il, dans ce qui semble être une référence à des responsables américains.

"Cette histoire prouve une chose : l’émissaire spécial Witkoff parle à des responsables à la fois en Russie et en Ukraine presque chaque jour pour obtenir la paix, ce qui est exactement ce pour quoi le président Trump l’a nommé", a commenté mardi soir le directeur de communication de la Maison-Blanche Steven Cheung, dans une déclaration transmise à l’AFP. Interrogé sur les révélations de Bloomberg, Donald Trump a pour sa part déclaré ne pas en avoir entendu l’enregistrement, mais a estimé qu’il s’agissait d’une "négociation standard". Côté russe, Iouri Ouchakov a lui aussi réagi auprès de la télévision publique : "Je parle assez souvent à Steve Witkoff, mais le contenu de ces conversations est confidentiel."

© afp.com/Vyacheslav PROKOFYEV

Le négociateur sur les questions économiques du Kremlin, Kirill Dmitriev (g) et l'émissaire du président américain, Steve Witkoff, lors d'une rencontre à Saint-Pétersbourg, le 11 avril 2025
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