L’ex-cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini, a été inculpée ce mercredi 3 décembre en Belgique, au cœur d’un scandale de corruption. Elle est inculpée pour usage frauduleux de fonds européens, dans le cadre d’une enquête sur l’attribution par l’UE d’un contrat de formation de futurs diplomates au Collège d’Europe, une école de Bruges qu’elle dirige actuellement. Ce contrat représenterait quelque 654 000 euros, selon une source européenne de l’AFP.
Selon le parquet européen, qui supervise les investigations, deux autres suspects ont été interpellés mardi à Bruxelles, comme elle : un haut responsable de la Commission européenne, Stefano Sannino, ainsi que le directeur adjoint du Collège d’Europe. Tous deux ont également été inculpés après une journée d’interrogatoire par la police belge. Les trois suspects ont été remis en liberté sous conditions dans la nuit, a précisé à l’AFP une porte-parole du parquet européen, qui ajoute que "ces accusations concernent des faits de fraude et de corruption dans le cadre de marchés publics, de conflit d’intérêts et de violation du secret professionnel".
Des contrats de formation attribués au Collège d’Europe
Le Collège d’Europe à Bruges est un établissement réputé qui forme de nombreux fonctionnaires européens, et Federica Mogherini en est la rectrice depuis septembre 2020. La responsable italienne de 52 ans dirige également depuis août 2022 l’Académie diplomatique de l’UE, le programme qui se retrouve au cœur de l’enquête du parquet européen.
L’enquête porte sur des soupçons de favoritisme et de concurrence déloyale dans l’attribution en 2021-2022 à cet établissement, par le service diplomatique de l’UE (EEAS) — dont Federica Mogherini fut la cheffe de 2014 à 2019 — d’un programme de formation pour futurs diplomates. Les enquêteurs cherchent à déterminer si l’appel d’offres pour ce contrat a été faussé et si le Collège d’Europe a été averti à l’avance des critères de sélection nécessaires pour le décrocher.
Levée de l’immunité par le parquet européen
Une série de perquisitions a été menée mardi par la police belge au siège de l’EEAS à Bruxelles, dans plusieurs bâtiments du Collège d’Europe à Bruges, ainsi qu’aux domiciles des suspects, conduisant à ces trois interpellations. Avant cette opération, le parquet européen avait réclamé la levée de l’immunité dont bénéficiaient plusieurs suspects, ce qui lui a été accordé, a souligné le parquet européen, sans citer de noms ni de fonctions.
Officiellement institué en 2021, le parquet européen est un organe indépendant de l’UE chargé de lutter contre la fraude aux fonds de l’Union et toute autre infraction portant atteinte à ses intérêts financiers (corruption, blanchiment de capitaux, fraude transfrontalière à la TVA). Cette instance supranationale est compétente pour enquêter, poursuivre et traduire en justice les auteurs de telles infractions, un pouvoir inédit que ne possédait pas notamment l’Office européen de lutte antifraude (Olaf). L’enquête a été confiée par le parquet à un juge d’instruction d’Ypres, en Flandre-Occidentale, la province belge où se situe Bruges.
Il avait été condamné à 45 ans de prison ferme pour trafic de drogue aux Etats-Unis… Et a finalement été gracié par Donald Trump lundi 1er décembre. À la surprise générale, l’ex-président du Honduras Juan Orlando Hernandez est sorti de sa prison de Virginie-Occidentale alors que son pays traverse des élections tendues. "Après presque quatre années de douleur, d’attente et d’épreuves difficiles, mon mari est à nouveau un homme libre, en vertu de la grâce présidentielle", a annoncé son épouse mardi.
L’homme était pourtant accusé d’être responsable d’avoir inondé les Etats-Unis de drogue lorsqu’il était au pouvoir, jugé coupable d’avoir aidé à expédier des centaines de tonnes de cocaïne sur le sol américain. Cette libération tranche avec la rhétorique antidrogue qui constitue l’un des fers de lance de Donald Trump. Le président s’est justifié de son choix lors d’un échange avec la presse mardi. "C’était une horrible chasse aux sorcières orchestrée par Biden. Beaucoup de gens au Honduras m’ont demandé de le faire. Et je l’ai fait". "S’il y a des trafiquants de drogue dans votre pays […], on n’envoie pas forcément le président en prison pour 45 ans" a ajouté Donald Trump, qui a fait de la lutte contre le narcotrafic son leitmotiv dans ses relations avec l’Amérique latine.
Le Honduras, dont Juan Orlando Hernandez a été le chef d’Etat de 2014 à 2022, est l’un des pays les plus violents de la région, du fait principalement des gangs qui contrôlent le trafic de drogue et le crime organisé. Le procès fédéral de l’ancien président à New York avait mis en lumière la manière dont il aurait "maintenu le Honduras comme un bastion du commerce mondial de la drogue", rappelle leNew York Times, et "orchestré une vaste conspiration en matière de trafic qui, selon les procureurs, a permis aux cartels de récolter des millions de dollars". Selon les procureurs américains, sous "JOH", le Honduras était devenu un "narco-État", une "super autoroute" par laquelle passait une grande partie du trafic de drogue de la Colombie vers les États-Unis. Durant son procès, l’ex-président s’était vanté de "bourrer de drogue le nez des gringos".
Une lettre flatteuse qui change tout
En dépit de cette condamnation historique et de l’absence totale de preuves pour appuyer les affirmations de Donald Trump, selon qui l’ancien président a été victime d’un complot politique, un élément semble avoir débloqué la situation de Juan Orlando Hernandez. Comme l’écrit le journal espagnol El Pais,"une lettre pleine d’éloges adressée à Donald Trump semble être la clé qui a ouvert la porte de sa prison". "Comme vous, président Trump, j’ai subi des persécutions politiques", écrit Hernandez dans ce courrier de quatre pages, publié par le média américain Axios. L’ex-chef d’Etat y affirme qu’il n’y a pas de preuves suffisantes contre lui et accuse l’administration Biden-Harris de l’avoir emprisonné "pour des motifs politiques". Il soutient que sa condamnation est "injuste" et basée sur "des témoignages de trafiquants violents et de menteurs professionnels".
Dans sa missive, Juan Orlando Hernandez fait surtout appel à l’ego du président américain. "Je trouve de la force en vous, Monsieur, dans votre résilience qui vous a permis de revenir à cette grande fonction malgré la persécution et les poursuites auxquelles vous avez fait face — parce que vous vouliez rendre sa grandeur à votre pays. Ce que vous avez accompli est sans précédent et véritablement historique […] Votre résilience face à une persécution politique incessante m’a profondément inspiré".
La Maison-Blanche assure que Trump n’a pas lu ce message flatteur avant d’annoncer la grâce. Dans un éditorial, le Wall Street Journal met toutefois en garde contre les implications d’une telle décision : "Quelle étrange tournure des événements. Peut-être que Donald Trump pense jouer aux échecs géopolitiques, mais il a une longue histoire de forte sensibilité à la flatterie, et sa grâce non expliquée sape l’État de droit et les procureurs qui ont fait condamner M. Hernandez".
L’ambition sud-américaine de Donald Trump
Plus largement, la volonté de Donald Trump de s’immiscer dans la présidentielle au Honduras pourrait aussi avoir été bénéfique à l’ancien président sud-américain. Le milliardaire républicain, qui multiplie les faits d’ingérence dans les affaires intérieures de pays alliés ou non, a pesé de tout son poids ces dernières semaines pour faire élire le candidat du Parti national (PN) de Juan Orlando Hernandez : l’homme d’affaires Nasry Asfura, 67 ans. "Cela ne peut pas être permis, surtout maintenant que, avec la victoire électorale de Tito Asfura, le Honduras se dirige vers un grand succès politique et financier", a ajouté Donald Trump concernant l’emprisonnement de Hernandez. Cette grâce intervient alors que le pays retient son souffle pour savoir qui a gagné la présidentielle de dimanche.
Le président américain juge que l’Amérique latine fait partie de la sphère d’influence américaine et a adopté une posture interventionniste dans la région, invoquant notamment la lutte contre le narcotrafic contre les pays dirigés par la gauche, à commencer par le Venezuela. Il n’hésite pas à conditionner l’aide américaine à la bonne volonté des gouvernements, à ses affinités avec leurs dirigeants voire aux résultats des consultations électorales. Mais il exerce aussi une forte pression militaire. Les Etats-Unis ont déployé leur plus grand porte-avions ainsi qu’une flottille de navires de guerre et d’avions de chasse dans les Caraïbes, dans le cadre d’opérations antidrogue visant particulièrement le Venezuela, ennemi de Washington.
C’est sa quatrième visite d’État en Chine : Emmanuel Macron entame ce mercredi 3 décembre un voyage de trois jours à Pékin afin de défendre les intérêts français et européens, de l’Ukraine aux échanges commerciaux, sur fond de contentieux croissants avec le géant asiatique.
Le président français, attendu vers 17h00 locales (10h00 heure française) dans la capitale chinoise, entrera dans le vif du sujet jeudi avec son homologue Xi Jinping, après une séquence privée, la visite des jardins de Qianlong à la Cité interdite, à son arrivée. Les deux dirigeants se retrouveront aussi vendredi à Chengdu, dans la province du Sichuan (centre), berceau des pandas géants devenus des ambassadeurs de la Chineà travers le monde, pour une rencontre plus informelle.
Emmanuel Macron est accompagné de son épouse Brigitte, de six ministres (Affaires étrangères, Economie, Agriculture, Environnement, Enseignement supérieur, Culture) et 35 patrons de grands groupes (Airbus, EDF, Danone..) ou d’entreprises plus familiales, du luxe à l’agroalimentaire.
"Nous voulons, et ce sera l’objet de la conversation stratégique avec le président Xi Jinping, que l’Europe soit respectée comme un grand partenaire de la Chine", a insisté l’Elysée à la veille de la visite.
Guerre en Ukraine
Sujet prioritaire, la guerre en Ukraine et par ricochet la sécurité du Vieux continent, alors que les discussions s’intensifient pour tenter de mettre fin aux hostilités. Emmanuel Macron va appeler une nouvelle fois Xi Jinping à "peser" sur la Russie, partenaire stratégique de la Chine, pour la "convaincre" d’accepter un cessez-le-feu.
Si elle appelle régulièrement à des pourparlers de paix, la Chine n’a toutefois jamais condamné Moscou pour l’invasion de l’Ukraine et revendique une neutralité dans ce dossier. Elle est aussi accusée par les Occidentaux de soutenir l’effort de guerre de la Russie en lui livrant notamment des composants pour son industrie de défense.
"Nous comptons sur la Chine, membre permanent comme nous, du Conseil de sécurité (..) pour peser sur la Russie, pour que la Russie et Vladimir Poutine, en particulier, puissent enfin se résoudre à un cessez-le-feu", a déclaré lundi le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, alors que les négociations s’intensifient vers une sortie de crise. "La Chine peut exercer un rôle essentiel pour amener la Russie de Vladimir Poutine à prendre la bonne décision", a-t-il insisté sur la radio France Culture.
Déficit commercial
Autre enjeu clé de la visite, le déficit commercial abyssal entre la France et la Chine, qui a doublé en dix ans pour atteindre 47 milliards d’euros en 2024. La Chine compense des "surcapacités" de production par une hausse de ses exportations, ce qui emporte un certain nombre de "risques géopolitiques", de la "fermeture de marchés" à la "récession", a averti mardi un conseiller du président Macron.
Dans ce contexte, Paris souhaite que les entreprises chinoises investissent plus en France et partagent les innovations qu’elles maîtrisent dans les "mobilités durables, les batteries ou le photovoltaïque". Le géant français du combustible nucléaire Orano s’est ainsi associé au chinois XTC New Energy pour la production de matériaux critiques à Dunkerque, dans le nord de la France. De la même manière, une filiale du chinois Envision fabrique des batteries de voitures électriques pour le groupe Renault à Douai (nord).
La Chine est aussi accusée de "concurrence déloyale" vis-à-vis de l’Europe en subventionnant massivement son industrie. La France se retrouve ainsi dans le viseur de Pékin, avec une série d’enquêtes visant ses exportations (cognac, produits laitiers, viande porcine etc..) et des surtaxes potentielles à la clé, pour avoir soutenu une hausse des droits de douane européens sur les voitures électriques en provenance de Chine. "Ces questions-là feront l’objet de discussions au plus haut niveau" durant la visite, promet la présidence française, jugeant ces enquêtes "inacceptables".
Shein et droits humains
Le sujet des terres rares sera aussi "certainement abordé" par les deux présidents, ajoute-t-elle alors que la Chine, qui domine la production mondiale en la matière, encadre sévèrement ses exportations. Les terres rares sont des métaux et minerais essentiels pour des pans entiers de l’économie, en particulier l’industrie automobile, les énergies renouvelables ou la défense.
A l’inverse, le géant du e-commerce chinois Shein est dans le collimateur de la France - et de l’UE - après la vente de produits illégaux dont des poupées pédopornographiques. Paris réclame la suspension pour trois mois minimum du site en France.
Signe toutefois que la relation économique reste fluide, plusieurs accords seront signés durant la visite, relève l’Élysée qui rappelle, sans plus de précisions, la "profondeur des échanges en matière aéronautique, énergétique ou agroalimentaire".
Emmanuel Macron abordera aussi la question des droits humains en Chine, assure la présidence. "Toutes les questions seront traitées dans le cadre du dialogue entre les deux présidents", promet-on à Paris. L’organisation International Campaign for Tibet (ICT) l’exhorte à "demander la libération immédiate et inconditionnelle" de Zhang Yadi, une défenseuse des droits des Tibétains arrêtée en Chine en juillet et qui risque jusqu’à 15 ans de prison pour "incitation au séparatisme".
C’est ce qui s’appelle une victoire en demi-teinte. Les républicains ont remporté mardi 2 décembre une législative partielle dans le Tennessee, mais avec une marge bien plus faible que celle obtenue par Donald Trump dans cette circonscription en 2024, envoyant de nouveaux signaux d’alarme pour la majorité présidentielle à moins d’un an des élections de mi-mandat.
Selon les projections du New York Times, CNN et NBC, le républicain Matt Van Epps l’a emporté avec environ 53 %, soit autour de huit points d’écart sur sa rivale démocrate Aftyn Behn. Soit bien moins que les 22 points d’avance récoltés par Donald Trump à la dernière présidentielle dans ce fief conservateur.
"Félicitations à Matt Van Epps pour sa GRANDE victoire au Congrès dans le grand Etat du Tennessee", a rapidement salué Donald Trump sur son réseau Truth Social, usant de majuscules à son habitude. "Encore une grande soirée pour le Parti républicain !!!", a insisté le président américain, dénonçant encore une fois l’opposition de "gauche radicale", alors que les démocrates ont récemment remporté plusieurs scrutins, suscitant des inquiétudes dans les rangs du camp présidentiel.
Ce scrutin était destiné à remplacer un élu républicain démissionnaire dans une circonscription de plus de 800 000 habitants, qui traverse le Tennessee du nord au sud en passant par une partie de la capitale, Nashville.
"A trois personnes de perdre la majorité"
Matt Van Epps partait globalement favori. Mais dans un sondage d’Emerson College paru la semaine dernière, le républicain était crédité de seulement 48 % d’intentions de vote contre 46 % pour sa rivale démocrate. De quoi donner l’espoir à l’opposition de faire basculer cette circonscription historiquement ancrée à droite, et de grignoter un peu plus l’écart au Congrès, où les républicains ne disposent que d’une étroite marge de manœuvre.
"Nous sommes littéralement à trois personnes de perdre la majorité" à la Chambre des représentants, avait déclaré lundi Tim Burchett, élu républicain du Tennessee. "Vous pouvez avoir une épidémie de mauvaise grippe qui touche le Congrès, et nous perdons la majorité. C’est dire l’importance de cette élection".
Après l’avoir longtemps considéré comme gagné d’avance, les pontes du Parti républicain ont décidé finalement de tourner leur attention vers ce scrutin, avec notamment la participation du chef républicain de la Chambre, Mike Johnson, à plusieurs événements de campagne sur place.
Donald Trump lui-même a tenté de faire pencher la balance en faveur de Matt Van Epps, ancien officier dans l’armée de 42 ans. Sur Truth Social, il avait notamment accusé la candidate démocrate de 36 ans d’être une femme qui "vous prendra vos armes, qui veut des frontières ouvertes, du transgenre pour tous, des hommes dans les sports féminins", mais aussi qui déteste "le christianisme et la country", alors que le Tennessee est la capitale mondiale de ce genre musical. "VOTEZ, VOTEZ, VOTEZ POUR MATT VAN EPPS", avait-il écrit dans une nouvelle publication mardi matin.
Un échec pour Donald Trump
En réponse à ces attaques, Aftyn Behn, ancienne travailleuse sociale, avait reproché au président d’être "incapable d’avoir un plan pour faire face aux coûts croissants de la santé et pour s’assurer que les travailleurs du Tennessee puissent se payer des soins, leurs courses, leurs factures".
Car si le nom du locataire de la Maison-Blanche n’était pas sur les bulletins de vote, cette législative partielle semblait faire figure de référendum sur son début de second mandat, et en particulier sur sa gestion de l’économie. Après des défaites cuisantes pour les républicains lors d’élections début novembre à travers le pays, l’absence d’une large victoire de Matt Van Epps représente un échec pour le président.
Dans son sondage de la semaine dernière, Emerson College souligne que 49 % des interrogés dans la circonscription ont une opinion défavorable du travail de Donald Trump, contre 47 % d’opinions favorables. Un chiffre qui représente "un retournement marquant" par rapport à la présidentielle l’an dernier, a estimé Spencer Kimball, directeur exécutif de l’institut de sondage d’Emerson College.
Juillet 2025, le Danemark prend la présidence du Conseil de l’Union européenne, et Mette Frederiksen perturbe les eurodéputés. Tantôt la gauche applaudit quand la Première ministre danoise défend corps et âme le Pacte Vert face aux coups de canif venus de la droite. Et tantôt la gauche "regarde ses pompes" – confidence d’un socialiste français. Car la sociale-démocrate appelle aussi à "renforcer les frontières extérieures, réduire l'afflux de migrants vers l'Europe et contribuer à stabiliser les pays voisins de l'UE en rendant le processus de retour plus facile et plus efficace". "Les citoyens ont le droit de se sentir en sécurité dans leur propre pays!", insiste-t-elle.
Dans les couloirs strasbourgeois, François-Xavier Bellamy, patron européen Les Républicains, est tout sourire. "Si on avait des socialistes comme ça chez nous…" Et un collègue Rassemblement national, encore ému, de lui répondre : "On serait à 3 % !" Les deux hommes continueront ainsi à se désoler ou se rassurer, c’est selon.
"Ils passent de l’État-providence à la préférence nationale"
"Je ne veux pas faire baisser l’extrême droite en reprenant ses arguments", dit le patron du PS Olivier Faure. Si Mette Frederiksen est parfois érigée en exemple, ça n’est certainement pas de son fait. Quand il était ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau a, lui, accueilli à Beauvau son homologue d’alors Kaare Dybvad, pour vanter les "résultats remarquables" de ce partenaire. De son côté, Jordan Bardella a pèleriné vers Copenhague, encourageant la France à "aller vers un tel modèle, en ayant le courage de rompre avec le politiquement correct et l’impuissance d’Etat". Bref, la moitié de la classe politique de l’Hexagone a les yeux de Chimène pour cette gauche si… pragmatique ! Une façon pour ses droitiers contempteurs de grimer les socialistes français en "naïfs". Car le PS s’étrangle en observant la politique menée par ses pairs danois. "Ils passent quand même de l’État-providence à la préférence nationale…", souffle Boris Vallaud, président du groupe parlementaire socialiste.
"Ici, le débat sur le coût social de l’immigration est moins central qu’au Danemark où l’État-providence est un marqueur identitaire, analyse Catherine Wihtol de Wenden, spécialiste des questions de migrations. En France, il tourne autour de la sécurité et de l’insécurité culturelle, de l’islam…" Si le modèle danois, celui d’un pays de 6 millions d’habitants à la seule frontière et dépourvu d’histoire coloniale, est difficilement exportable, la gauche tricolore contribue à creuser le fossé avec les inquiétudes de l’électorat.
Inaudibles
Selon l’enquête "Fractures Françaises"pour Le Monde, ladélinquance et l’immigration arrivent en deuxième place des préoccupations des Français. 65 % des interrogés estiment qu’il y a "trop d’étrangers en France". Il n’a jamais eu lieu, mais Olivier Faure avait accepté de débattre de "l’identité nationale", une idée lancée depuis Matignon par François Bayrou. L’essentiel de la gauche est tombé sur le premier secrétaire du PS, l’accusant de légitimer les mots de l’adversaire. Dommageable, car la question migratoire fait aussi clivage à gauche : selon cette même étude plus d’un quart des sympathisants LFI et EELV croient au surnombre d’étrangers, plus d’un tiers de ceux du PS. Dans ce débat fourre-tout, il aurait été l’occasion pour les roses - qui ferraillent à l’époque pour que les médias s’en fassent l’écho - de mettre en lumière leurs propositions en matière d’immigration, adoptées en 2023.
Mais quand les gauches scandinaves, britanniques ou allemandes évoluent vers plus de fermeté, les Français s’y refusent toujours. "Notre position demeure convenue alors que nous aurions intérêt à reprendre l’offensive sur ce sujet", admet Luc Broussy, président du conseil national du PS. "Depuis toujours, le PS fait en sorte que cette question sorte du débat public puisqu’il considère qu’il n’y a que des coups à prendre. Ce qui les a conduits à la fin des années 1980 à rechercher un consensus autour de "l’intégration", résume le politiste Pierre-Nicolas Baudot, spécialiste du PS et de "la politisation de la question immigrée". Pour le reste, ils ont promu un antiracisme "moral" sans toutefois produire de programme d’ampleur sur ce sujet". "Au’Français-immigrés même patron, même combat', les socialistes ont ainsi substitué un soutien aux’racisés', pour reprendre le vocabulaire d’Olivier Faure, un objectif qui ne peut aider ceux qui n’ont que leur force de travail à vendre, à avoir conscience de leur commune situation", observe Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII).
Une partie de la gauche intellectuelle - certains contributeurs à la Fondation Jean-Jaurès - incite les sociaux-démocrates français au tour de vis migratoire. Dans une note pour le think tank, Bassem Asseh et Daniel Szeftel appellent la gauche à accepter la "définition d’orientations pluriannuelles de la politique d’immigration et d’intégration par le Parlement", façon "Mitterrand 1981", histoire de renouer avec "l’héritage historique" du PS. Dans un autre rapport de la même fondation, intitulé "La troisième gauche", Danois, Suédois et Britanniques deviennent des exemples à suivre pour reconquérir les classes populaires.Mais au Parti socialiste un ange est passé, deux fois. Les murs de la "vieille maison" ont en revanche tremblé à la lecture d’un récent éditorial du journal Le Monde. "Si la gauche veut regagner les classes populaires, elle ne peut plus faire l’impasse sur l’immigration", enjoignait le quotidien. Sans être entendu.
Les intenses discussions diplomatiques menées depuis plusieurs jours n’ont toujours pas permis de trouver de compromis sur la question qui pourrait résoudre ou enliser définitivement le conflit en Ukraine : celle de l’avenir des territoires occupés par la Russie, qui représentent 19 % du pays. Le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio salue tout de même "des progrès", tandis que le Kremlin s’est félicité d'"une discussion constructive" après une rencontre à Moscou entre Vladimir Poutine et l’émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff. Est-ce vraiment un bon signe pour l’Ukraine ? Pendant ce temps, Emmanuel Macron est arrivé à Pékin ce 3 décembre, où il compte bien faire des négociations pour la paix en Ukraine l’une des priorités de ses requêtes à la Chine.
Les infos à retenir :
⇒ La Russie se dit prête à rencontrer des responsables américains "autant que nécessaire"
⇒ Accord au sein de l’UE pour y interdire le gaz russe à l’automne 2027
⇒ Des pays de l’Otan promettent plus d’un milliard d’aide militaire à l’Ukraine
La Russie se dit prête à rencontrer des responsables américains "autant que nécessaire"
Le Kremlin a affirmé ce mercredi être prêt à rencontrer "autant que nécessaire" des responsables américains pour trouver une issue au conflit en Ukraine, après la réunion à Moscou entre le président Vladimir Poutine et l’émissaire américain Steve Witkoff. "Nous apprécions la volonté politique du président Trump de continuer à chercher des solutions […] Nous sommes tous prêts à nous rencontrer autant que nécessaire pour parvenir à un règlement pacifique", a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son point presse quotidien auquel participait l’AFP.
Vladimir Poutine et Steve Witkoff ont discuté près de cinq heures hier au Kremlin du plan de paix américain, récemment ajusté après des consultations avec Kiev. Sur la question des territoires occupés par la Russie en Ukraine, qui représentent environ 19 % du pays, "aucune solution de compromis n’a encore été choisie", même si "certaines propositions américaines peuvent être discutées", a précisé à l’issue de cette rencontre le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov. Il a toutefois salué une discussion constructive et la volonté des deux parties de poursuivre leurs efforts.
Pourparlers sur l’Ukraine : le négociateur de Kiev va s’entretenir à Bruxelles avec les Européens
Le négociateur de Kiev dans les pourparlers pour mettre fin à la guerre en Ukraine, Roustem Oumerov, va rencontrer les Européens mercredi à Bruxelles au lendemain de la réunion à Moscou entre les émissaires américains et Vladimir Poutine, a indiqué le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky. Après Bruxelles, ce négociateur et le chef d’état-major des forces armées ukrainiennes, Andriï Gnatov, "commenceront les préparatifs d’une réunion avec les envoyés du président Trump aux Etats-Unis", a-t-il dit sur X.
Interdiction du gaz russe : l’UE "se condamne" à "accélérer" sa perte de puissance, dit Moscou
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a salué ce mercredi une "nouvelle ère" d’indépendance énergétique vis-à-vis de Moscou, après qu’un accord a été trouvé entre eurodéputés et Etats européens pour interdire toutes les importations de gaz russe dans l’UE à l’automne 2027. Il s’agit d’un compromis entre le Parlement européen, qui souhaitait une interdiction plus rapide, et les Etats membres qui voulaient prendre un peu plus de temps.
Pour les gazoducs, l’interdiction des contrats de long terme, les plus sensibles car ils courent parfois sur des dizaines d’années, entrera en vigueur le 30 septembre 2027, sous réserve que les stocks soient suffisants, et s’appliquera au plus tard le 1er novembre 2027. Pour le gaz naturel liquéfié, le GNL, l’interdiction des contrats longs s’appliquera dès le 1er janvier 2027, conformément aux annonces de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen pour sanctionner la Russie.
L’exécutif européen a opté pour une proposition législative plutôt que des sanctions, car elle peut être adoptée à la majorité qualifiée des Etats membres. Le but est d’éviter un veto de la Hongrie et de la Slovaquie, considérées comme proches de Moscou et fermement opposées à ces mesures.
"L’Europe se condamne à des sources d’énergie plus coûteuses, ce qui inévitablement entraînera des conséquences pour l’économie européenne et une diminution de sa compétitivité", a réagi ce matin le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. "Cela ne fera qu’accélérer le processus amorcé ces dernières années de perte par l’économie européenne de son potentiel de leadership", a-t-il encore jugé.
Des pays de l’Otan promettent plus d’un milliard d’aide militaire à l’Ukraine
Plusieurs pays de l’Otan ont annoncé mercredi plus d’un milliard d’aide militaire supplémentaire à l’Ukraine, et appelé Moscou à cesser ses menaces ainsi qu’à ouvrir des négociations sérieuses avec Kiev.
Les ministres des Affaires étrangères de l’Otan ont commencé une réunion à Bruxelles au lendemain de nouveaux pourparlers entre la Russie et les Etats-Unis à Moscou, mais en l’absence du chef de la diplomatie américaine Marco Rubio. "Les pourparlers de paix sont en cours, c’est une bonne chose, mais en même temps, nous devons nous assurer que, pendant qu’ils se déroulent, et sans savoir quand ils prendront fin, l’Ukraine soit dans la position la plus forte possible pour continuer le combat", a affirmé mercredi le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte.
Plusieurs ministres ont souligné l’absence de volonté de paix du Kremlin à l’issue de ces discussions à Moscou. "Le président Poutine devrait cesser les fanfaronnades et les effusions de sang et être prêt à venir à la table des négociations pour soutenir une paix juste et durable pour l’Ukraine", a jugé la cheffe de la diplomatie britannique Yvette Cooper, alors que le dirigeant russe a affirmé mardi que son pays était prêt à une guerre contre l’Europe si celle-ci décidait de la déclencher.
La proposition de l’UE sur les avoirs russes ne répond pas aux inquiétudes de la Belgique
La proposition de la Commission européenne, qui veut utiliser les avoirs russes pour financer un prêt à l’Ukraine, "ne répond pas aux inquiétudes" de la Belgique et reste "la pire des options", a affirmé ce mercredi le chef de la diplomatie belge Maxime Prévot. "Nous avons un sentiment de frustration de ne pas avoir été écoutés", a déclaré le ministre des Affaires étrangères à son arrivée à une réunion de l’Otan.
La Commission européenne doit préciser mercredi comment elle entend financer un prêt de réparation de 140 milliards d’euros à Kiev, en s’appuyant sur les avoirs de l’Etat russe gelés en Europe.
Washington fait état de "quelques progrès" dans les discussions
Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a fait état de "quelques progrès" dans les négociations avec la Russie pour tenter de trouver un accord mettant fin à la guerre en Ukraine, lors d’un entretien diffusé mardi. "Ce que nous avons essayé de faire, et je pense que nous avons fait quelques progrès, est de déterminer ce qui pourrait convenir aux Ukrainiens et leur donner des garanties de sécurité pour l’avenir", a-t-il déclaré sur la chaîne Fox News.
Après leur entretien avec les Russes à Moscou, Steve Witkoff et Jared Kushner pourraient rencontrer mercredi en Europe une délégation de Kiev, selon une source ukrainienne à l’AFP.
L’Ukraine au menu d’une visite d’Emmanuel Macron en Chine
Le président français entame ce mercredi sa quatrième visite d’État en Chine afin de défendre les intérêts français et européens. Sujet prioritaire, l’Ukraine sera abordée, et par ricochet la sécurité du Vieux continent, alors que les discussions s’intensifient pour tenter de mettre fin aux hostilités avec la Russie. Emmanuel Macron va appeler une nouvelle fois Xi Jinping à "peser" sur la Russie, partenaire stratégique de la Chine, pour la "convaincre" d’accepter un cessez-le-feu. Si elle appelle régulièrement à des pourparlers de paix, la Chine n’a toutefois jamais condamné Moscou pour l’invasion de l’Ukraine et revendique une neutralité dans ce dossier.
Sur cette photo diffusée par l'agence russe Sputnik, Vladimir Poutine, accompagné de Kirill Dmitriev et Iouri Ouchakov, rencontre l'envoyé spécial américain Steve Witkoff et le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, au Kremlin à Moscou, le 2 décembre 2025.
Lorsque la police antiterroriste l’a arrêté à l’aéroport de Manchester, en septembre 2021, Nathan Gill s’apprêtait à embarquer dans un avion pour Moscou. Il avait tout d’un homme sans histoire et sans reproche, bon père de famille gallois et électeur du parti conservateur dévoué à Dieu, à sa femme et à leurs cinq enfants. Ancien évêque resté membre actif de l’église des mormons, il avait eu une révélation, un soir de 2005, en voyant apparaître à la télévision l’homme politique qui serait désormais son nouvel objet d’adoration : Nigel Farage, le nationaliste britannique d’extrême droite, alors député du parti europhobe Ukip au Parlement européen puis leader victorieux du référendum sur le Brexit, repérable à ses pintes de bière et à son bagou populiste.
Elu député Ukip en 2014, Nathan Gill avait accompagné Farage quand il fonda le parti Reform UK, avatar du Ukip, et dirigé sa branche galloise (Reform UK Wales). L’une de ses ex-collègues de parti, Alexandra Philips, l’a décrit ainsi au Times : "Il n’était pas le plus grand esprit politique de sa génération. Je pense que lorsque les Russes veulent former quelqu’un, ils savent cibler la bonne personne." Nationaliste, trumpiste, antieuropéen et, cerise sur le gâteau, un peu fade : quelle proie plus parfaite pour les agents des services secrets russes ? Gill vient d’être condamné à dix ans et demi de prison au Royaume-Uni pour avoir accepté de l’argent en échange de déclarations publiques pro russes sur l’Ukraine.
Encombrante amitié
L’histoire n’est ni anecdotique, ni anodine. D’abord parce que Nigel Farage a cessé d’être un bouffon anglais en costume bariolé pour devenir un prétendant crédible au poste de Premier ministre : les sondages donnent à Reform UK une avance d’une douzaine de points sur le Labour au pouvoir, et d’une quinzaine de points sur les conservateurs. Ensuite parce que Farage, tel Trump vis-à-vis de son encombrant Epstein, peine à se distancier de ce Gill qu’il connaîtrait soi-disant à peine, alors que des photos et des camarades de parti témoignent de la grande proximité des deux hommes.
Enfin, parce que les demandes pressantes d’enquête interne sur les interférences entre Reform UK et la Russie pourraient s’étendre au-delà du Royaume-Uni, tant Nathan Gill apparaît comme un cas exemplaire de la guerre hybride menée par Vladimir Poutine dans toute l’Europe : pénétration dans les territoires de l’Otan par des avions, des navires ou des drones, cyberattaques, sabotages, désinformation, ingérences électorales, soutiens aux partis d’extrême droite eurosceptiques, infiltrations au plus haut niveau… jusqu’aux Etats-Unis, où l’enregistrement de la conversation entre Youri Ouchakov, conseiller diplomatique de Poutine, et Steve Witkoff, promoteur particulier de Trump, bidouillant leur insensé "plan de paix" en Ukraine, est la preuve de plus, accablante, d’une Amérique passée au service de la Russie contre les intérêts de ses alliés de l’Otan.
Obsession antieuropéenne
Une "Poutine-Trump connection" a pris corps en Europe et elle a sa logique. Le Brexit de 2016, encouragé par Poutine comme par Trump, a facilité l’élection du président américain la même année, inspiré par les mêmes bases nationalistes, identitaires et populistes. Nigel Farage est un proche de Donald Trump qui l’a associé à sa campagne, a déclaré qu'il espérait l'avoir comme ambassadeur du Royaume-Uni et l’a reçu à la Maison-Blanche. C’est à Farage, et non au Premier ministre Keir Starmer, que le vice-président américain J.D. Vance a rendu visite lors de vacances en Angleterre. C’est le même Farage qui, comme Marine Le Pen, a clamé son admiration pour Poutine et repris la propagande d’une pauvre Russie victime de l’agression de ses voisins. Et qui a pour compagne officielle la Française Laure Ferrari, ex-cadre du parti Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan, liée à l’ex stratège de Trump Steve Bannon.
Telle est la diplomatie trumpo-poutinienne : une vaste filière politique connectée par une obsession antieuropéenne et par une complaisance parfois collaborationniste envers la Russie. On connaît bien en France cette musique prorusse sifflotée à droite comme à gauche sous un gentil déguisement pacifiste, et qui étend la détestation de l’UE à celle de l’Otan. Le Royaume-Uni, lui, se démarquait jusqu’ici par la lucidité unanime des deux principaux partis du Parlement, travailliste et conservateur, sur le danger de l’expansionnisme russe en Europe. 75 % de son opinion publique soutient l’aide à l’Ukraine. Mais avec le parti de Farage en pleine ascension, même les Britanniques sont atteints. Poutine est arrivé dans la bergerie.
C’est une annonce qui a le mérite d’être claire. Alors que le président polonais Karol Nawrocki devait rencontrer son homologue polonais, Viktor Orbán, le 4 décembre prochain, le premier a purement et simplement annulé. En cause : le voyage du dirigeant hongrois à Moscou, a justifié le chef du bureau international du président polonais.
Viktor Orbán et Vladimir Poutine ont en effet tenu des pourparlers au Kremlin vendredi dernier au sujet du sort des raffineries russes sanctionnées. Un voyage qui a coïncidé avec les efforts de Washington pour obtenir un accord de paix entre la Russie et l’Ukraine. "Le geste de Nawrocki marque un nouveau tournant : l’amitié millénaire s’enfonce dans des profondeurs sans précédent", commente le journal en ligne Valasz Online depuis Budapest. Une décision "sensible pour le pouvoir hongrois, car Nawrocki est un conservateur qui avait été félicité par Orban après sa victoire à la présidentielle", et "plusieurs experts le présentaient comme celui capable de renouer les relations politiques [entre les deux pays]", souligne le site.
"Pas confiance dans les accords de paix"
Mais, "Viktor Orbán a rencontré Vladimir Poutine à plusieurs reprises depuis 2022 et ses opinions pro-russes sont bien connues, alors qu’est-ce qui est différent cette fois-ci ?", s’interroge le média polonais TVP World. Viktor Orbán, un proche allié du président américain Donald Trump, est largement considéré comme le leader le plus favorable au Kremlin de l’Union européenne. Il a longtemps essayé de se faire passer pour un négociateur potentiel pour mettre fin à la guerre de la Russie en Ukraine, bien que ses "missions de paix" autoproclamées aient bouleversé les alliés de l’UE. Après une rencontre de plusieurs heures avec le président Vladimir Poutine au Kremlin, il a annoncé son intention de continuer les importations d’hydrocarbures russes, dont dépend la Hongrie, défiant à nouveau l’Union européenne sur ce sujet.
Paradoxalement, le président Nawrocki, qui "prône constamment la recherche de moyens réels de mettre fin à la guerre en Ukraine a décidé de limiter le programme de sa visite en Hongrie exclusivement au sommet des présidents", a déclaré Marcin Przydacz, son principal conseiller pour les affaires étrangères, dans un post sur le réseau social X. "Karol Nawrocki n’a pas une once de confiance dans les accords que Vladimir Poutine signerait, parce que la Russie de Poutine n’honore pas les accords", avait déjà déclaré Marcin Przydacz la semaine dernière, rappelle l’agence de presse Bloomberg.
Désillusions et embarras
"Ce qui a changé, c’est le choc qui est arrivé sous la forme du plan de paix Witkoff-Dmitriev. Une fois qu’il a commencé à circuler fin novembre, il a sapé le fondement de la position de politique étrangère de Nawrocki", poursuit le média polonais TVP World. Le président polonais croyait que la garantie de sécurité américaine était ferme. A Washington au cours de l’été, il avait obtenu une assurance personnelle de Donald Trump que les niveaux de troupes américaines en Pologne ne seraient pas réduits, rappelle le média. "Avec cette promesse en main, le président polonais s’est senti suffisamment protégé pour poursuivre une ligne ouvertement anti-UE, souvent anti-allemande, et construire son identité politique autour de la proximité avec Trump", souligne la chaîne. Mais, le plan de paix en 28 points de Steve Witkoff et Kirill Dmitriev a supprimé ce réconfort, avec notamment les concessions territoriales de l’Ukraine.
A Kiev, le changement de programme du président polonais a en tout cas été salué comme "une très bonne décision" par le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Andrii Sybiga. Il a applaudi "un fort sens de la solidarité" et un "engagement en faveur de l’unité et de la sécurité de l’Europe à un moment critique", dans un post dimanche soir sur X.
Une nouvelle attaque contre un cargo en mer Noire a été signalée ce mardi 2 décembre par la Turquie, à 80 milles nautiques de ses côtes. Le MildVolga 2, naviguant sous pavillon russe selon le site Marine Traffic, "a signalé avoir été attaqué [...] alors qu'il faisait route de la Russie vers la Géorgie avec une cargaison d'huile de tournesol", a indiqué la Direction des Affaires maritimes (DGM) sur X, précisant que "les 13 membres d'équipage sont sains et saufs" et que le navire n'avait pas demandé d'assistance.
"Le MildVolga-2 fait actuellement route vers le port turc de Sinop par ses propres moyens", a-t-elle ajouté.
Deux attaques revendiquées par l'Ukraine
Ce nouvel incident survient après deux attaques de drones revendiquées par l'Ukraine dans la zone économique turque, vendredi et samedi, qui ont visé des pétroliers de la "flotte fantôme" russe, sous sanctions occidentales, qui continue d'exporter du pétrole russe. Une "escalade inquiétante" selon le président turc Recep Tayyip Erdogan qui estime que "le conflit entre la Russie et l'Ukraine a(vait) clairement atteint une dimension où il menace la sécurité de la navigation en mer Noire".
"Nous ne pouvons en aucun cas accepter ces attaques qui menacent la sécurité de navigation, l'environnement et la vie dans notre zone économique exclusive", a souligné le chef de l'Etat, dont le pays occupe la rive sud de la mer Noire.
Les deux pétroliers naviguant sous pavillon gambien, le Kairos et le Virat, tous deux sous sanctions occidentales donc, se dirigeaient vers le port russe de Novossiïrsk, quand ils ont été touchées, vendredi soir puis de nouveau samedi matin pour le Virat.
"Nous adressons les avertissements nécessaires à toutes les parties concernées. Nous suivons également de près l'évolution de la situation en vue de mettre fin au conflit et nous nous tenons prêts à apporter notre contribution à chaque occasion", a-t-il ajouté alors que les négociations se poursuivent entre Kiev et Moscou autour d'un plan proposé par les Etats-Unis.
Deux attaques de drones revendiquées par l'Ukraine dans la zone économique turque, vendredi et samedi, ont visé des pétroliers de la "flotte fantôme" russe. (Illustration)
C’est un événement d’un genre inédit qui s’est produit dans la nuit de jeudi à vendredi dernier (du 27 au 28 novembre) près du port de Dakar, au Sénégal. Vers 23h45, "quatre explosions externes" ont été détectées sur le Mersin, un pétrolier qui mouille depuis deux mois à 19 kilomètres des côtes sénégalaises.
Sur les réseaux sociaux, des vidéos ont montré un affaissement du bateau dans l’eau. Et son armateur turc, Besiktas Shipping, a évoqué ce lundi 1er décembre dans un communiqué de presse, "une entrée d’eau dans la salle des machines", indiquant que les 22 membres d’équipage ont été évacués et mis en sécurité.
Une attaque de l’Ukraine pas écartée
L’armateur Besiktas Shipping a par ailleurs déclaré qu’il soutenait les enquêtes sur la cause des explosions et qu’il travaillait avec les assureurs et les autorités sénégalaises pour gérer les conséquences de l’incident, notamment les éventuelles pollutions que cela pourrait entraîner alors que le navire contient près de 39 000 tonnes de carburant. La société d’analyse des expéditions de matières premières Kpler affirme que le navire transportait du gazole et qu’il a été en contact avec plusieurs ports russes à plusieurs reprises cette année.
Selon le correspondant du Monde au Sénégal, l’enquête préliminaire, dirigée par l’autorité de sécurité maritime du Sénégal (Hasmar), n’exclue aucune piste, y compris celle d’une attaque ukrainienne. "Il est prématuré de confirmer ou d’infirmer un scénario précis avant la conclusion de ce travail d’expertise", explique-t-elle auprès du quotidien. "Si l’explosion externe est confirmée, analyse un expert maritime en hydrocarbures ayant requis l’anonymat, la possibilité d’un accident est nulle. Ces petronavires possèdent une double coque qui mesure entre deux et trois mètres avec des ballasts vides qui ne peuvent pas exploser. La proximité des côtes et la position statique du navire pendant deux mois, en ont fait une cible de choix", ajoute le même expert auprès du journal.
Troisième incident en trois jours
L’incident est le troisième en trois jours impliquant des navires contenant du pétrole russe, rapporte de son côté l’agence Bloomberg. De quoi alimenter la thèse d’une attaque russe sur les côtes sénégalaises. Samedi, l’Ukraine a revendiqué l’attaque de deux pétroliers en mer Noire au large de la Turquie, disant avoir frappé avec des drones navals des navires de la flotte fantôme russe. Depuis qu’elle est ciblée par des sanctions internationales après son invasion de l’Ukraine en 2022, la Russie utilise des centaines de pétroliers, dont beaucoup naviguent sous différents drapeaux de commodité, pour expédier son pétrole aux clients malgré tout.
La veille, le 30 décembre, la chaîne américaine CNN affirmait que des drones sous-marins ukrainiens ont touché deux pétroliers appartenant à la "flotte fantôme" russe en mer Noire, le Virat et le Kairos, selon le témoignage d’un responsable des services de sécurité ukrainiens (SBU). Plus précisément, la source indique que les explosions sur les deux pétroliers, battant pavillon gambien mais lié à la Russie, ont été engagées par des drones maritimes Sea Baby.
Les attaques du Virat et du Kairos, deux pétroliers battant pavillon gambien, ont eu lieu à l’intérieur d’une zone économique spéciale (ZES) de la mer Noire, et non dans les eaux territoriales turques, a indiqué samedi le ministre turc des Transports, Abdulkadir Uraloglu. Selon le site spécialisé Vesselfinder, le Kairos date de 2002 et le Virat de 2018. Les deux bâtiments sont visés par des sanctions européennes et du Commonwealth, mais aussi des Etats-Unis pour le Virat.
Mieux que La Petite Sirène ou La Reine des neiges, deux contes du Danois H.C. Andersen, voici la saga d’un petit royaume où l’économie se porte bien, où les habitants ont le sourire et où un optimisme général plane dans l’air. Bienvenue au Danemark (6 millions d’âmes) dont l’enquête planétaire World Happiness Report 2025confirme année après année que ses habitants sont les gens "les plus heureux du monde", juste après les Finlandais. Ce bonheur général, il se mesure à la mine épanouie des enfants qui courent dans les allées de Legoland (parc thématique dédié aux Lego) comme aux éclats de rire sur les terrasses de café du port de Copenhague. Dans les entreprises règne aussi une forme de bien-être : patrons, syndicats et employés y entretiennent un dialogue social constructif fondé sur l’écoute et le respect mutuel. Résultat, là-bas, tout le monde est d’accord pour reporter l’âge de départ à la retraite de 67 à 68 ans d’ici à 2030 et jusqu’à 70 ans à partir de 2040.
C’est à peine croyable, mais même l’ambiance des maisons de retraite est sympa ! Dans ce pays où les seniors sont rois, les équivalents de nos Ehpad sont parmi les plus agréables à vivre au monde. Voici donc un pays en bonne santé qui, en outre, affiche des statistiques insolentes : + 3,5 % de croissance l’année dernière, chômage stable à 6 % et endettement public minimal à 30,5 % (contre 114 % en France). Cerise sur le gâteau, l’excédent budgétaire de l’Etat permet de financer à peu près n’importe quel nouveau projet.
Si tout va si bien, c’est donc qu’il n’y a aucune raison de s’intéresser au Danemark… Ne dit-on pas que les gens heureux n’ont pas d’histoire ? Sauf que depuis peu, ce pays en forme d’index pointé vers le nord de l’Europe se trouve au carrefour de l’actualité mondiale. En janvier, le président Donald Trump a déclaré que l’acquisition du Groenland (un territoire autonome danois) était une nécessité absolue. Parallèlement, la menace russe va en augmentant : Vladimir Poutine mène une guerre hybride incessante contre le Lilliput danois – et contre l’ensemble des pays scandinaves et baltes. Début octobre, plusieurs drones ont été repérés dans le ciel danois, obligeant le gouvernement à fermer six aéroports pendant plusieurs heures durant un sommet de chefs d’Etat de l’Union européenne.
Sur le Vieux Continent, le pays suscite, là encore, un intérêt inédit. Ce n’est pas tellement que Copenhague assume jusqu’au 31 décembre prochain la présidence tournante du Conseil de l’UE. C’est plutôt que le royaume est dirigé depuis six ans par une Première ministre qui détonne. Elue par la gauche, la sociale-démocrate Mette Frederiksen, 48 ans, mène une politique anti-immigration applaudie par la droite. Hyperrestrictive, elle vise particulièrement les demandeurs d’asile venus du "Menapt"', selon l’acronyme qui désigne, en anglais, le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord, le Pakistan et la Turquie (Middle East, North Africa, Pakistan, Turkey). Autrement dit : des pays majoritairement musulmans.
Et cela, au nom de la préservation du sacro-saint "modèle scandinave" qu’une majorité des Danois juge incompatible avec une immigration de masse. Le raisonnement est le suivant : pour fonctionner, l’Etat-providence doit reposer sur la solidarité collective – un peu comme une mutuelle – où non seulement tout le monde contribue au financement du système mais où, de plus, tout le monde adhère aux mêmes valeurs. Parmi celles-ci : l’égalité homme-femme, le respect des droits des homosexuels et la totale liberté d’expression qui fut, ne l’oublions pas, à l’origine de la crise des caricatures de Mahomet, née au Danemark en 2005 et suivie de menaces de mort contre des dessinateurs, d’attaques contre des ambassades danoises au Moyen-Orient et de deux attentats par fusillade à Copenhague en 2015 (un mois après le massacre de Charlie Hebdo en France).
Nous sommes passés d’une situation où il fallait protéger les minorités à une situation où nous devons protéger la majorité
Mette Frederiksen
Ceci explique pourquoi, depuis deux décennies, les gouvernements de droite comme de gauche renforcent continuellement les critères d’entrée dans le pays, au point de décourager les demandes d’asile. Les statuts de réfugié et les permis de séjour sont délivrés au compte-gouttes (avec des critères encore plus durs pour les représentants religieux). Et le regroupement familial repose sur des règles strictes : les deux membres du couple doivent avoir au moins 24 ans (ceci, afin de lutter contre les mariages arrangés avec des femmes trop jeunes) ; les intéressés doivent fournir un caution d’environ 7 000 euros ; ils doivent prouver l’existence de revenus réguliers depuis des années et disposer d’un logement avec un nombre de mètres carrés minimal par habitant. Quant aux naturalisations, elles reposent sur des tests de langue, sur l’adhésion aux "valeurs danoises" et sur "l’épreuve de la poignée de main", qui vise à éliminer les musulmans conservateurs : le demandeur doit serrer la main d’un officier municipal du sexe opposé. Enfin, le fait d’avoir commis une infraction ou avoir reçu une amende de plus de 400 euros entraîne l’inéligibilité à la naturalisation.
"Je ne crois pas que les gens fuient leur pays pour le plaisir et ceux qui sont persécutés doivent être protégés, expliquait, très cash, la Première ministre, Mette Frederiksen, au magazine Der Spiegel, en mai dernier. Mais je suis convaincue que nous ne pouvons pas accueillir et protéger tout le monde. L’Allemagne a fait une grosse erreur en 2015 [NDLR : en accueillant 1 million de migrants]. Les conséquences sont tellement énormes que nous ne pouvons tout simplement pas continuer comme avant. Nous sommes passés d’une situation où il fallait protéger les minorités à une situation où nous devons protéger la majorité", dit la dirigeante qui a hérité du surnom de Dame de fer. Et de conclure : "Les gens doivent se sentir en sécurité lorsqu’ils prennent un bus de nuit, lorsqu’ils vont au travail au petit matin ou à l’école."
Avec ce genre de discours – auquel peu de Danois trouvent à redire – la présidente du Parti social-démocrate est non seulement parvenue à se hisser au sommet du pouvoir, mais aussi à y rester. Elue une première fois en 2019 avec 26 % des suffrages, elle a été réélue en 2022 avec 27,5 % des voix. Miraculeusement, elle a dans le même temps marginalisé l’extrême droite qui arbitrait la vie politique depuis deux décennies jusqu’à devenir la deuxième force du pays. En 2015, le Parti du peuple danois (Dansk Folkeparti, DFP) atteignait 21 %. Quatre ans plus tard, lors de la victoire de Frederiksen, il dégringolait à 9 % et en 2022, à moins de 3 % !
Avec Malte, la Lituanie et l’Espagne, le Danemark est aujourd’hui un des rares pays de l’UE à être gouvernés par la gauche. Rien d’étonnant dès lors, si la réussite de Frederiksen fait école. En Suède, le Parti social-démocrate (actuellement dans l’opposition) vient de faire son aggiornamento sur les questions d’immigration dans l’espoir de remporter les législatives dans un an. Et au Royaume-Uni, le gouvernement du travailliste de Keir Starmer a, lui aussi, durci sa politique d’immigration en annonçant l’allongement du délai d’obtention d’une résidence permanente et la suppression de l’aide au logement et des allocations sociales pour les demandeurs d’asile qui refusent un travail ou enfreignent la loi.
Mais qui est vraiment Mette Frederiksen, ovni politique sorti tout droit de la série télévisée Borgen? Pour le savoir, il faut remonter à son adolescence, passée à Aalborg, ce bastion social-démocrate du nord du Jutland où sa famille vote à gauche depuis cinq générations. "Malgré son jeune âge, la quadragénaire a déjà plus de trois décennies d’expérience derrière elle", observe Thomas Larsen, auteur de Mette Frederiksen. Un portrait politique (2019, non traduit) qui la dépeint en animal politique doué et redoutable. A l’âge de 15 ans, Mette rejoint la Jeunesse sociale-démocrate sous les encouragements de son père, typographe, et de sa mère, enseignante. Là, elle se fait remarquer par son caractère et ses engagements.
La fibre écolo, elle refuse par exemple d’utiliser des cosmétiques testés sur des animaux, milite pour la défense des baleines et se passionne pour Nelson Mandela et son parti, l’ANC. A 18 ans, elle part seule au Kenya pendant un an. Titulaire d’un bachelor en sciences sociales, elle obtient ensuite un master en études africaines à l’université de Copenhague. A 24 ans, la voici déjà députée avant de devenir ministre de l’Emploi à 34 ans en 2011 puis de la Justice en 2014. L’année suivante, elle prend la tête du parti La Sociale démocratie. Et devient quatre ans plus tard la plus jeune Première ministre de l’histoire danoise à 41 ans – et la deuxième femme à occuper ce poste, après une autre sociale-démocrate, Helle Thorning-Schmidt (2011-2015).
"D’une ambition dévorante et dotée d’un instinct politique incontestable, elle se définit aussi par une souplesse idéologique qui lui permet d’opérer des virages à 180 degrés sur de nombreux sujets", dépeint le journaliste Bent Winther, coauteur de la biographie politique Mette F. (2019, non-traduit). "D’abord très à gauche, elle a viré au vert, puis elle a participé en tant que ministre à une coalition de centre gauche avant de diriger, depuis 2022, un gouvernement de coalition avec la droite. Tout cela en devenant de plus en plus conservatrice sur l’immigration." Autrefois eurosceptique, cette proche de Volodymyr Zelensky est aujourd’hui une fervente européenne et l’un des soutiens à l’Ukraine les plus déterminés. "Il faut reconnaître qu’à chaque fois qu’elle change d’avis, elle trouve les bons arguments pour convaincre", remarque Bent Winther, à propos de celle qui a soudé le parti derrière elle.
Cette proche de Volodymyr Zelensky est passée d'eurosceptique à fervente européenne.
Mette Frederiksen serait-elle, tout simplement, une adepte des retournements de veste ? "Les choses sont plus compliquées que cela", plaide le biographe Thomas Larsen, qui suit sa trajectoire depuis trois décennies. Dans un pays qui compte une quinzaine de partis politiques, les alliances et les compromis font en effet partie du jeu. "Mais surtout, elle s’est montrée visionnaire en repositionnant idéologiquement la social-démocratie qui, à ses yeux, avait été poussée trop à gauche sur les questions d’immigration par ses alliés de la gauche radicale", décrypte Thomas Larsen. Voilà dix ans, lorsqu’elle prend les commandes du parti, elle annonce la rupture avec la gauche de la gauche afin de mieux reconquérir le pouvoir. Victorieuse dans les urnes, elle tient parole : pendant trois ans, les sociaux-démocrates gouvernent seuls. Ce n’est pas tout. Frederiksen reprend aussi à son compte la politique anti-immigration de ses prédécesseurs de droite, en annonçant, pendant la campagne, qu’elle ne reviendrait pas dessus.
"Elle est partie du principe que si les partis traditionnels se déconnectaient des préoccupations des électeurs, ces derniers se déplaceraient naturellement vers les extrêmes, entraînant la polarisation du pays", explique encore Thomas Larsen. Autre choix stratégique : Frederiksen décide de porter son effort sur les provinces et les régions rurales plutôt que sur les "bobos" des grandes villes parce que, selon elle, la social-démocratie danoise plonge ses racines dans l’électorat populaire. La question est : ce Machiavel scandinave est-elle encore de gauche ? "A sa façon de mettre l’accent sur les 'valeurs danoises' et à parler de 'réarmement idéologique' face aux défis de l’intégration, elle est clairement de droite, du moins sur le sujet de l’immigration", répond le Franco-Danois Pierre Collignon, rédacteur en chef du quotidien libéral Berlingske, qui la juge toutefois trop étatiste. Signe de l’évolution de la Première ministre : elle a récemment nommé un nouveau ministre de l’Immigration (social-démocrate) encore plus dur que ses prédécesseurs. Et pour fêter ses dix ans à la tête de SD, en juin, les militants agitaient des petits drapeaux danois au lieu de roses, l’emblème du parti.
Mette Frederiksen affiche aussi sans complexe sa proximité avec la présidente du Conseil des ministres Giorgia Meloni, dont elle partage les vues sur le droit d’asile. Avec sept autres dirigeants d’Europe centrale, les deux cheffes de gouvernement militent pour réformer l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme, trop contraignant selon elles, notamment sur la question du regroupement familial. Et peu importe si le Danemark bénéficie depuis 1992 de dérogations (opt-out dans le jargon de Bruxelles) qui lui permettent de s’affranchir des règles européennes en la matière. "Pour Mette Frederiksen, l’important est de rassurer les électeurs en leur faisant savoir qu’elle ne lâche pas le morceau", reprend le journaliste et biographe Bent Winther. Elle n’oublie pas qu’au Danemark, le thème de l’immigration a déterminé le résultat de toutes les élections depuis un quart de siècle.
La dirigeante s'affiche avec Giorgia Meloni, partageant ses vues sur le droit d'asile.
Ce qu’il faut savoir, aussi, c’est que les compatriotes de l’acteur Mads Mikkelsen (Casino Royale, Hannibal, Drunk, etc.) se voient un peu comme les habitants d’un village d’irréductibles Vikings, obligés de "résister encore et toujours à l’envahisseur", selon la formule des albums d’Astérix. A l’instar de la Hongrie, nostalgique de son empire disparu, le petit Danemark reste marqué par la perte de la Norvège en 1814 (au profit de la Suède) et du Schleswig-Holstein en 1864 (au profit de la Prusse). Et à la différence de la Suède, dont l’identité repose sur son espace et ses richesses naturelles (minerais, bois), celle du Danemark est fait d’un sentiment de fragilité et de l’idée qu’il lui faut préserver ses deux principaux atouts : la cohésion nationale et son modèle social, garant de sa prospérité.
"Autre particularisme, notre conception de l’Etat-providence est fortement imprégnée de l’éthique protestante du travail où la responsabilité individuelle est centrale, précise le politologue Mikkel Vedby Rasmussen, installé au café Europa, sur Støget, l’artère piétonne de Copenhague. "L’idée, c’est que chacun travaille dur et respecte les règles pour financer la sécurité sociale, tout en évitant d’abuser du système." Or les Danois ont sous les yeux l’exemple de la Suède, à vingt minutes de Copenhague par le pont reliant les deux pays. Principal pays d’accueil des réfugiés (avec l’Allemagne) lors de la vague de migrants en 2015, le voisin scandinave est aujourd’hui gangrené par le narcotrafic et déstabilisé par une guerre des gangs.
Dans son propre pays, Mette Frederiksen semble, pour sa part, atteinte par l’usure du pouvoir. Le score de son parti aux européennes, l’année dernière, a été décevant. Et voilà trois semaines, en novembre, les sociaux-démocrates ont pris une gifle aux municipales, notamment à Copenhague, perdue pour la première fois depuis un siècle au profit d’une coalition de gauche. L’omniprésente Première ministre – elle sature l’espace médiatique – commence peut-être à lasser. "Elle est devenue la caricature d’elle-même, grince le commentateur Noa Redington. Elle voit tout en noir et blanc, semble dévorée par sa soif de pouvoir et supporte de plus en plus mal les critiques, affirme celui qui fut le conseiller de l’ex-Première ministre Helle Thorning-Schmidt, elle aussi sociale-démocrate. Pour son dixième anniversaire à la tête du parti, en juin, j’ai lu les messages des comptes X de son entourage : ils étaient si laudatifs qu’on aurait dit la Corée du Nord. Grotesque…"
Une certitude : pour Frederiksen, les élections générales (prévues au plus tard dans dix mois) se joueront à quitte ou double. Concurrencée sur sa gauche, elle devra aussi composer avec l’extrême droite, qui remonte dans les sondages, à environ 8 %. "Mais elle n’a pas dit son dernier mot, prédit son biographe Thomas Larsen, qui ne cache pas sa fascination pour cette bête politique. Elle demeure une débatteuse redoutable, avec une capacité de travail effrayante et une résistance à la pression hors du commun." La preuve ? A l’heure où la Russie poursuit sa guerre hybride contre les pays d’Europe du Nord, elle trouve des accents churchilliens pour y répondre : son pays achètera des armes de précision à longue portée – missiles et drones – capables de frapper des cibles en "territoire ennemi", déclare-t-elle en juin. Et lorsque Washington convoite le Groenland, elle ne perd pas davantage son sang-froid. Inébranlable face à Trump et Poutine, la Dame de fer de Copenhague se laissera-t-elle, finalement, déstabiliser par ses joyeux compatriotes ? Réponse dans les urnes, dans quelques mois.
En échange de quelques millions de dollars, Donald Trump et son administration se sont arrogés le droit d’expulser des milliers d’immigrés en situation irrégulière. Selon le ministère de la sécurité Intérieure (DHS), près de 527 000 étrangers illégaux ont été expulsés depuis l’investiture du président américain en janvier dernier. A ceux-là, s’ajoutent près de 1,6 million d’individus qui se seraient "volontairement déportés", selon les mots du même ministère.
Dans le cas des expulsions forcées, le gouvernement américain a signé des contrats avec plusieurs pays tiers, en Amérique du Sud et en Afrique, pour que ces derniers acceptent de recevoir et gérer ces déportés, quand bien même ils n’en sont pas originaires, en échange d’importantes sommes d’argent, et sans obligation de redevabilité.
5 millions de dollars contre 160 personnes
Le 17 novembre dernier, le gouvernement d’Eswatini, petit pays enclavé entre l’Afrique du Sud et le Mozambique, a confirmé pour la première fois avoir reçu 5,1 millions de dollars (4,3 millions d’euros) des Etats-Unis en échange de l’accueil d’un total, à terme, de 160 personnes jugées "indésirables" par l’administration américaine. Le petit royaume d’Afrique australe a depuis mi-juillet reçu et incarcéré 15 hommes expulsés par Washington, au même titre qu’au moins cinq autres pays africains. L’un d’entre eux a depuis été renvoyé vers son pays d’origine la Jamaïque, tandis que les 14 autres, parmi lesquels un Cubain, un Yéménite, un Laotien, au moins quatre Vietnamiens, un Philippin et un Cambodgien, sont détenus dans le centre correctionnel de Matsapha, près de la capitale Mbabane, connu pour détenir les prisonniers politiques.
Selon un article du Washington Post, dont l’auteur a eu accès aux contrats signés par les Etats-Unis avec ces fameux pays tiers, la Guinée équatoriale, tout petit Etat d’Afrique centrale, aurait pour sa part reçu 7,5 millions de dollars en échange de déportations. A titre d’exemple, ce montant dépasse l’aide étrangère américaine fournie au pays au cours des huit dernières années combinées, déplore la sénatrice démocrate du New Hampshire Jeanne Shaheen. Elle est notamment l’auteure d’une lettre adressée au secrétaire d’Etat Marco Rubio début novembre, questionnant ces expulsions vers des pays tiers régulièrement pointés du doigt pour traite d’êtres humains mais aussi pour leur corruption au plus haut sommet de l’Etat.
Inquiétudes quant aux contours des accords
Toujours selon le Washington Post, les Etats-Unis ont envoyé plus de 250 migrants vénézuéliens dans une prison de haute sécurité au Salvador dès le mois de mars 2025. Ce mois-là, l’attachée de presse de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, avait alors déclaré que les Etats-Unis ont versé "environ 6 millions de dollars" au pays pour détenir les migrants. Tous les détenus ont finalement été renvoyés du Salvador au Venezuela en juillet dans le cadre d’un accord négocié entre Washington, Caracas et San Salvador. En échange, 10 citoyens américains et résidents permanents américains emprisonnés au Venezuela ont été libérés. Autre pays signataire de ces accords : le Rwanda. D’après une copie de l’accord signée le 3 juin dernier, Kigali a accepté de recevoir jusqu’à 250 expulsés en échange d’un "déboursement initial" de 7,5 millions de dollars du gouvernement américain. Ce n’est pas la première fois que l’administration Trump paie le Rwanda pour accepter les déportés, note le quotidien de Washington. En avril, les Etats-Unis avaient effectué un paiement unique de 100 000 dollars en échange de la déportation d’un immigré irakien.
Autant de pays que les Etats-Unis, à travers des rapports du département d’Etat, a accusé de traite des êtres humains, dont ils demandent à ces ressortissants de les éviter. Outre-Atlantique, des défenseurs des droits de l’homme ont par ailleurs soulevé des inquiétudes quant aux contours des accords, y compris si Washington sera en mesure de surveiller correctement les fonds alloués. Car les pays n’ont aucune obligation de redevabilité concernant l’argent reçu de la part des Etats-Unis. "Nous n’avons aucune idée de la manière dont l’argent pourra être utilisé. Il semble que les Etats-Unis ne mettent aucune directive ou restriction", a déclaré Nicole Widdersheim, directrice adjointe de Washington chez Human Rights Watch, s’inquiétant de l’utilisation de cet argent pour l’achat d’arme ou la contribution à des systèmes de corruption.
De façon moins directe qu'une contribution financière, le Ghana, a de son côté accepté de détenir au moins 40 migrants d'Afrique de l'Ouest envoyés par les Etats-Unis, en échange de tarifs douaniers assouplis et de restrictions abaissées pour les voyageurs ghanéens vers les Etats-Unis.
L’économie allemande traverse "sa crise la plus profonde" de l’après-guerre, a averti mardi 2 décembre la première fédération industrielle du pays, reprochant au gouvernement son inaction malgré une quatrième année consécutive de production industrielle en chute.
Le produit intérieur brut (PIB) de l’Allemagne devrait au mieux connaître une année de stagnation en 2025, après deux ans de récession, tandis que le chancelier Friedrich Merz semble peiner à trouver la recette pour mener des réformes et donner confiance aux entreprises.
"L’économie allemande est en chute libre et pourtant le gouvernement ne réagit pas avec la détermination nécessaire", a dénoncé dans un communiqué Peter Leibinger, président de la Fédération des industries allemandes (BDI). Le secteur secondaire est en cette fin 2025 "à un plus bas dramatique", a-t-il alerté.
Le communiqué de cette organisation patronale est pour le moins alarmiste et critique du chancelier Merz, un conservateur allié aux sociaux-démocrates au sein d’une coalition gouvernementale assez impopulaire, arrivée au pouvoir au printemps, après des élections législatives marquées par l’essor de l’extrême droite.
Un "décrochage structurel"
"Nous attendons cette année une chute de la production de 2 %, la production industrielle sera donc en recul pour la 4e année consécutive. Ce n’est pas un trou d’air conjoncturel, mais un décrochage structurel", martèle le BDI, appelant les autorités à un "tournant dans la politique économique, avec des priorités claires pour la compétitivité et la croissance". "Au troisième trimestre, la production a de nouveau reculé de 0,9 % par rapport au trimestre précédent et de 1,2 % sur un an", a relevé cette fédération.
Longtemps une exception dans une Europe désindustrialisée, l’Allemagne a profité d’une insolente bonne santé économique dans les années 2010, grâce à un modèle fondé sur l’exportation de produits à haute valeur ajoutée sortant d’usines tournant à plein régime à l’aide du gaz russe bon marché.
Mais la pandémie de Covid-19, l’envolée du coût de l’énergie après l’invasion russe de l’Ukraine, un manque d’innovation, la concurrence chinoise et désormais les taxes douanières américaines sont venus éroder ses fondations, transformant peu à peu la première économie européenne en homme malade du continent.
Pression sur l’emploi
Le chancelier Merz a promis cet automne une série de réformes et un toilettage bureaucratique en Allemagne comme en Europe, répondant à une revendication des entreprises qui jugent les réglementations trop complexes, y voyant un frein à l’innovation et un moteur de coûts. La semaine dernière au Parlement, il a défendu son action, énumérant les réformes adoptées comme la baisse de la fiscalité des entreprises ou la tarification de l’électricité.
Mais pour les industriels, ça ne va pas assez vite. "Chaque mois sans réformes structurelles résolues coûtera encore des emplois", juge le BDI. La transformation de l’industrie allemande met l’emploi sous pression : l’automobile a perdu 6,3 % de ses effectifs en un an, soit 48 700 postes, la métallurgie 2,6 % depuis un an et plus de 11 % depuis 2019, détaille le BDI dans un rapport publié mardi. Dans l’automobile, Volkswagen prévoit ainsi la suppression de 35 000 emplois d’ici 2030, soit 29 % de ses effectifs en Allemagne. Quelques jours plus tôt, la fédération de l’industrie chimique et pharmaceutique alertait sur un niveau de production au plus bas depuis 30 ans dans la chimie.
A l’inverse, l’industrie de l’armement, portée par des centaines de milliards d’investissements, fait figure de bouée de sauvetage pour le gouvernement, qui a appelé mardi à davantage de coopération entre les secteurs. "Nous avons besoin d’un réseau plus fort entre l’industrie civile et l’industrie de la sécurité et de la défense", a déclaré en conférence de presse le ministre de la Défense Boris Pistorius. A ses côtés, la ministre de l’Economie Katherina Reiche a évoqué les "chevauchements technologiques" possibles avec l’automobile, "qui dispose de compétences actuellement nécessaires de toute urgence" dans la défense.
Un ordre de tir contre des naufragés : la Maison-Blanche a confirmé, lundi 1er décembre, qu’un amiral américain avait ordonné, début septembre, une seconde frappe contre un bateau suspecté de transporter de la drogue dans les Caraïbes, alors que des survivants d’un premier bombardement s’y trouvaient encore. Les révélations faites initialement par The Washington Post et The Intercept plongent les Etats-Unis dans l’une des plus graves controverses militaires de l’ère Trump et soulèvent de lourdes questions juridiques et politiques. D’après CNN, l’armée avait connaissance de la présence de rescapés visibles au moment du second tir.
Pour de nombreux juristes, l’affaire dépasse largement le cadre déjà contesté de ces opérations antidrogue. "Les frappes étaient déjà juridiquement douteuses, puisque aucune guerre n’est déclarée dans les Caraïbes. Mais le meurtre de survivants constitue un acte d’une gravité inédite", résume CNN. Le droit des conflits armés est clair : l’exécution d’un ennemi hors de combat — blessé, capturé ou naufragé — est interdite et considérée comme un crime de guerre. "Ils enfreignent la loi dans les deux cas", souligne Sarah Harrison, ancienne conseillère juridique au Pentagone. "Ils tuent des civils, et même s’ils les considéraient comme des combattants, ce serait tout autant illégal."
Le contexte régional est particulièrement tendu. Depuis août 2025, les Etats-Unis ont renforcé leur présence militaire en mer des Caraïbes, accusant le président vénézuélien, Nicolas Maduro, de diriger un véritable cartel de la drogue. De son côté, Caracas dément, dénonce des exécutions extrajudiciaires et affirme que Washington cherche à provoquer un changement de régime et à contrôler les ressources pétrolières du pays.
Deux survivants agrippés à l’embarcation
Selon les éléments désormais connus, 11 personnes ont péri début septembre lors de cette double frappe, la première d’une vingtaine d’attaques par les forces armées américaines qui ont fait 83 morts au total. Les médias américains affirment que deux survivants agrippés à l’embarcation en flammes ont été ciblés lors de la seconde attaque. Celle-ci aurait été autorisée par le secrétaire à la Défense,Pete Hegseth - ce que le Pentagone a démenti dans un premier temps. "Si les faits rapportés par le Washington Post sont exacts, il semble que les forces spéciales aient commis un meurtre lorsque les deux hommes ont été tués dans l’eau", estime dans le Washington Post Jack Goldsmith, professeur de droit à Harvard et ancien directeur du Bureau du conseiller juridique sous l’administration de George W. Bush.
D’après CNN et d’autres médias, Pete Hegseth aurait donné instruction de s’assurer que "tous les passagers et membres d’équipages" soient tués. On ignore cependant si Pete Hegseth savait qu’il y avait des survivants avant la seconde frappe, ou si l’armée estimait simplement que l’attaque était nécessaire pour exécuter un ordre antérieur. Dimanche soir, Donald Trump a déclaré que son ministre de la Défense affirmait "ne pas avoir ordonné le meurtre de ces deux hommes", ajoutant le "croire à 100 %". Mais la Maison-Blanche a confirmé lundi que Pete Hegseth avait autorisé l’amiral Frank Bradley, le commandant des opérations spéciales de l’armée américaine, "à mener ces frappes cinétiques".
Des critiques dans le camp républicain
Devant la gravité des faits, même les présidents républicains des commissions du Sénat et de la Chambre ont dit soutenir l’ouverture d’une enquête parlementaire. Les sénateurs Roger Wicker (Mississippi), président républicain de la commission des forces armées, et Jack Reed (Rhode Island), principal démocrate de cette commission, ont indiqué vendredi soir avoir "orienté les demandes d’informations" vers le ministère de la Défense. "Une avancée notable de la part des élus républicains, qui ont passé une grande partie de l’année à s’en remettre à Donald Trump et à s’abstenir de tout contrôle sur ses actions", souligne leNew York Times.
"Les gens sont très préoccupés par la manière dont ces frappes ont été menées", a dit lors d’une émission sur CNN le député républicain Mike Turner. Et le sénateur démocrate Chris Murphy de renchérir : "Les républicains comme les démocrates en viennent à la conclusion qu’il s’agissait d’un acte illégal et profondément immoral". Le sénateur démocrate Mark Kelly, ancien pilote de chasse, appelle lui aussi à faire toute la lumière sur l’affaire.
La polémique survient alors que Donald Trump accroît la pression sur Caracas. Lundi, il a réuni son Conseil de sécurité nationale après avoir annoncé la fermeture totale de l’espace aérien vénézuélien et évoqué de futures opérations, en mer comme sur terre. Sur le plan intérieur, le New York Times estime que l’intransigeance de Pete Hegseth devient un "handicap croissant" pour Trump, rappelant que cet allié avait déjà survécu à des fuites de conversations Signal en mai 2025. Un passif qui pourrait désormais peser plus lourd, à mesure que la crise s’envenime.
Une rédaction qui empeste la fumée, son sol recouvert de fumier, ses murs tagués d’insultes. Et des menaces de mort scandées à visage découvert : "Journalistes terroristes, vous êtes les premiers sur la liste", "Tuez les journalistes". La scène s’est déroulée à Turin, le 28 novembre, dans les locaux de La Stampa, grand quotidien italien de centre droit. Une centaine de casseurs ont envahi et saccagé la rédaction, sous prétexte d’une manifestation propalestinienne et de l’arrestation d’un imam égyptien, menacé d’expulsion après avoir défendu les attaques terroristes du 7-Octobre. Mais il ne s’agit ici aucunement de défendre les Palestiniens : c’est une attaque pure et simple contre la liberté, contre la liberté de la presse et contre la liberté d’expression.
Un souvenir des "années de plomb"
Ces méthodes et ces slogans rappellent les heures sombres de l’Italie quand, dans les années 1970, les Brigades rouges, des miliciens d’extrême gauche, menaçaient et assassinaient policiers, magistrats et journalistes. "Un héritage dont ces jeunes n’ont même pas conscience, ce qui fait froid dans le dos", écrit Andrea Malaguti, le directeur de La Stampa, qui a bien connu ces "années de plomb" italiennes.
"Nous aimerions rappeler à ces jeunes, à peine sortis du lycée, cette décennie folle et meurtrière, qu’ils comprennent à la fois où peuvent mener ces dérives et combien ils ont de la chance de vivre dans une période paisible dans laquelle ils peuvent faire ce qu’ils souhaitent : manifester, être en colère, réclamer, protester, poursuit cette figure du journalisme italien. Mais pas ça, pas ce qu’ils ont fait vendredi : il n’y a ni raisons, ni justification, ni légitimité. Ce qu’ils ont fait, c’est juste de la saloperie contre-productive." Par chance, ce 28 novembre, la rédaction était presque déserte en raison d’une grève nationale. Mais la prochaine fois ?
Comme une lueur d’espoir, l’ensemble de la classe politique et médiatique italienne s’est rassemblé derrière La Stampa après cette attaque."Notre liberté d’informer est précieuse, nous la défendrons chaque jour", a réagi la présidente du Conseil, Giorgia Meloni, rejointe sur ce point par l’ensemble de l’opposition.
Le courage d’une rédaction
Mais certains persistent dans l’aveuglement. Ainsi Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l'ONU sur les territoires palestiniens, qui a décrit cette agression comme "un avertissement pour la presse […] qui doit revenir à son rôle et remettre les faits au cœur de son traitement". Une justification indigne de la part d’une représentante de l'ONU, d’une lâcheté inversement proportionnelle au courage des journalistes menacés.
Eux tiennent la première ligne face aux ennemis de la liberté d’expression. Dès lundi 1er décembre, leur quotidien était dans tous les kiosques, avec une couverture sur… les violences en Cisjordanie et "l’agonie de Gaza". "A ces actes de violence, notre journal répondra toujours de la même manière : nous ne céderons pas un centimètre sur nos convictions et nos valeurs, a déclaré son propriétaire, John Elkann. La Stampa est un bastion de liberté et de civilité, elle le restera." L’Express, comme tant d’autres journaux européens, se tient à ses côtés.
"Nous sommes à un point de bascule", annonçait Emmanuel Macron dans la Revue nationale stratégique 2025, qui prévoit une possible nouvelle agression russe sur le sol européen d’ici 2030. Et pourtant, lorsque le chef d’Etat-major des armées rappelle que la France doit "accepter l’idée de perdre ses enfants", la polémique l’emporte sans nuance.
Jean-Luc Mélenchon exprime son "désaccord total" reprochant de "prévoir des sacrifices qui seraient la conséquence de nos échecs diplomatiques".Plus étonnant, Sébastien Chenu, le vice-président du RN, lui, l’accuse "d’alarmisme" tandis que ses lieutenants, racontent sur toutes les antennes que l’arme nucléaire se suffira bien à elle toute seule, au mépris de toutes les études les plus pointues sur la nécessité d’une réponse conventionnelle et hybride.
Au-delà des propos caricaturaux des partis populistes, on voit bien aussi la gêne des milieux politiques traditionnels nourris au slogan tellement compréhensible du "plus jamais ça". Parce que la guerre, c’est la perception concrète et brutale du tragique.
Anesthésiés par le confort du progrès
Pendant deux mille ans d’histoire européenne, de génération en génération, des pères, des fils, des frères sont tombés à la guerre. Or nous vivons depuis quatre-vingts ans en paix sur notre continent, et notre rapport à la mort a profondément changé. Anesthésiés par le confort du progrès et de la prospérité économique, rassurés par le parapluie nucléaire, l’Otan, l’Union européenne et la chute de l’URSS, nous n’avons plus voulu voir ce qui se passait au-delà de nos frontières.
L’utilisation même du mot "guerre" a été vidée de sa substance. Il est devenu un outil de communication, par son utilisation répétée et systématique. Sanitaire, économique, sociale, culturelle… tout est devenu "guerre". En 2020, Emmanuel Macron déclarait six fois, dans le même discours, que nous étions "en guerre" contre un virus.
Un contresens manifeste, si l’on comprend que la guerre véritable, celle qui donne la portée tragique à l’expression, c’est lorsque des citoyens se sacrifient pour leur pays, et non pas l’inverse, comme ce fut le cas pour le Covid ! Mais la guerre n’est plus un horizon lointain, elle est à nos portes sur notre continent et la réaction est nécessaire. Le courage extraordinaire des Ukrainiens le rappelle chaque jour tout comme la détermination intacte de la Russie.
Les pays de l’Est ont compris le message. La Pologne est en pointe dans la mobilisation, la Lettonie et la Croatie ont décidé de réinstaurer le service militaire obligatoire, tandis que d’autres ne l’ont jamais supprimé. La Finlande, qui partage sa plus longue frontière avec la Russie, a fait ce choix. Au-delà des préparations matérielles des stocks d’armement, elle a compris avant tout le monde, qu’à l’heure où le parapluie américain disparaît peu à peu, la sécurité et la souveraineté passent par la formation de ses citoyens à défendre la nation.
Les Français attachés à leur nation
La France doit elle aussi retrouver cette lucidité. Après l’échec du service national universel qui n’a pas trouvé son public, faute de vision claire, Emmanuel Macron annonce enfin un service national militaire volontaire qui cette fois-ci, prend tout son sens. Et voilà une information très intéressante : à rebours des parties extrémistes, les Français, font savoir dans les sondages qu’ils sont près de 86 % à se montrer favorables au retour du service militaire volontaire dont 78 % ont moins de 35 ans !
Voilà qui renverse tous les clichés. Cette génération que l’on disait indifférente et désabusée voit le monde tel qu’il est. Non par goût de la contrainte, mais parce qu’elle perçoit mieux que ses représentants politiques parfois, le basculement dans un monde aux menaces hybrides et complexes. Qu’ils soient d’origines, de confessions ou de milieux différents, les Français expriment avec la même conviction leur attachement à la nation. Voilà une réaction qui invite une nouvelle fois à exiger que les partis de gouvernement reprennent les commandes de la France et renouent avec l’aptitude au commandement pour la défense de la République. Puissent-ils l’entendre avant qu’il ne soit trop tard.
Lorsque Vladimir Poutine reçoit au Kremlin l’émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, il l’invite à discuter autour de sa fameuse table de réunion ovale. D'après les photos, on devine qu'il ne s'assoit pas face à lui dans le sens de la longueur – comme il l’avait fait en 2022 avec Emmanuel Macron, créant une grotesque distance de 6 mètres – mais plus près, dans le sens de la largeur. Autant cajoler un ami personnel de Trump, qui a de surcroît "le plus profond respect" pour le président russe.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, nul ne sait ce que contient précisément le plan de paix pour l'Ukraine présenté le 2 décembre par Witkoff au chef du Kremlin, pour sa sixième visite à Moscou depuis janvier. Mais la réaction de Poutine est prévisible : si le document ne correspond pas exactement à ses attentes, il se montrera inflexible.
Alors que la ligne du leader américain oscille depuis des mois sur le dossier ukrainien (même s’il finit toujours par se ranger du côté de Moscou), le président russe se distingue, lui, par sa constance dans l'intransigeance. Ses objectifs n’ont jamais varié : désarmer l’Ukraine, s’assurer qu’elle n’intégrera jamais l’Otan, et conquérir des territoires. Mais tout en maintenant ses exigences maximalistes, il prend soin de préserver sa relation avec Trump. Son jeu consiste à clamer qu'il veut la paix, mais que les Ukrainiens et les Européens bloquent les négociations. Avec un argument martelé à l'envi : impossible de signer un accord avec un président ukrainien jugé "illégitime".
"Poutine reste persuadé qu’il peut obtenir tout ce qu’il veut"
Pendant ce temps, la Russie poursuit inlassablement son offensive militaire. Qu’importe le nombre effarant de victimes parmi ses soldats ou l’essoufflement de son économie, l'autocrate russe pense que le temps joue pour lui. "Poutine reste persuadé qu’il peut obtenir tout ce qu’il veut, que ce soit par la voie diplomatique, avec l’aide de Trump, ou sur le plan militaire (selon lui, l’Ukraine finira par s’écrouler si l’aide des Occidentaux cesse)", explique Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du centre Russie-Eurasie de l’Ifri.
En attendant, le président russe pose des conditions inacceptables à toute discussion : il exige que les Ukrainiens abandonnent des territoires du Donbass que Moscou n'a pourtant pas réussi à conquérir, tout en refusant à Kiev la moindre garantie de sécurité à l'avenir. A l'orée d'un quatrième hiver de guerre, Poutine ne voit pas l'intérêt de bouger. Aux Européens de le faire changer d'avis.
Les propos du général Mandon devant les maires de France sur les risques de guerre avec la Russie dans les trois ou quatre ans à venir ont suscité de vives réactions, très souvent critiques. Les pacifistes sont aussitôt montés au front. Font-ils preuve d’aveuglement, de mauvaise foi, de déni des réalités ? En tout cas, ils n’ont rien appris de l’Histoire. Que la perspective d’un conflit fasse peur, cela se comprend. Mais il est inutile de se voiler la face : la menace est bien là et les événements en fournissent la preuve de façon quotidienne. Les cris d’orfraie poussés par les oppositions, notamment à gauche, rappellent malheureusement le précédent des années 1930 en France quand une bonne partie de la classe politique refusait de voir les dangers représentés par l’arrivée au pouvoir de Hitler. Résultats : une défaite cinglante en mai-juin 1940, due à l’impréparation de l’armée française, suivie par quatre ans d’occupation et de guerre. Bravo, Messieurs et Mesdames les pacifistes ! Et merci au général Mandon pour la leçon… (L’Europe est en guerre… et ne le sait pas, L’Express du 27 novembre).
Ukraine : rester ferme…
François Faure, Annecy (Haute-Savoie)
Le plan de paix de Trump est totalement irréaliste ! L’Ukraine doit-elle accepter ce plan pro-Poutine et d’être amputée d’une partie de son territoire ? Et si elle le refuse, doit-on l’accuser de vouloir la guerre ? Il est temps que l’Europe réagisse et propose son plan : retrait total de la Russie des territoires occupés, Crimée incluse ; respect du choix de l’Ukraine de rejoindre l’Union Européenne et d’intégrer l’Otan. Poutine le rejettera sans doute, mais c’est lui qui sera responsable de la poursuite de son "opération spéciale." L’Europe doit rester unie et montrer sa détermination contre cet envahisseur. (Comment la Maison-Blanche trahit l’Ukraine, L’Express du 27 novembre).
… ou négocier ?
Paul Perret, Montmorency (Val-d’Oise)
Une guerre slave oppose l’Ukraine, qui n’a pas respecté les accords de Minsk, à la Russie qui l’a agressée sauvagement. La France, plusieurs Etats européens et les Etats-Unis - de façon variable - apportent une aide à l’Ukraine, ce qui est tout à fait légitime. Sur le terrain, l’armée ukrainienne recule, sans être enfoncée. Elle ne peut, cependant, avoir le moindre espoir de reprendre les terres prises par la Russie. Le constat est sévère mais il doit être fait. Pour éviter la destruction de son territoire et arrêter les pertes humaines, l’Ukraine doit très vite négocier l’arrêt des combats. Il ne s’agit pas d’une capitulation, mais d’arriver à une solution assez semblable à celle de la Corée où aucun des 2 pays n’a capitulé. (Ukraine : l’Europe doit envisager l’après-Zelensky, L’Express du 20 novembre).
La charia et les lois de la République
Brahim Dahou, Saint-Etienne (Loire)
Faut-il choisir entre les lois républicaines et la charia islamique quand on est un Français musulman, a récemment demandé un sondage de l’Ifop ? La question me paraît mal posée. Prenons un exemple : la Charia impose de ne pas boire de vin. Or, tant que les Français musulmans n’imposent pas cette pratique aux autres habitants en France, ils respectent à la fois la charia et les lois françaises, qui laissent chacun libre de consommer ou non de l’alcool. Il n’est pas nécessaire de boire de l’alcool pour être un bon Français ! Et l’on peut tenir le même raisonnement à propos de l’interdiction des relations sexuelles avant le mariage. Imposer le Coran aux habitants de France serait d’ailleurs contraire à la charia elle-même puisque les versets traitant de politique ou de justice ne sont applicables que dans un pays majoritairement musulman ! Voilà pourquoi la question posée me paraît inutile. ("La montée de l’islamisme touche toute l’Europe" : le sondage choc de l’Ifop analysé par Ruud Koopmans, sur lexpress.fr).
Retrouvez Julia de Funès en vidéo
"Bienveillance", "inspiration", "horizontalité", "talent"... Ces dernières années, les mots à la mode ont envahi le management et contribué à en brouiller les repères. À travers une série de cinq vidéos produite par L'Express, notre chroniqueuse Julia de Funès revient sur ces termes qui, sous couvert de modernité, compliquent parfois l’essentiel. Chaque lundi jusqu'à Noël, la philosophe, spécialiste des questions de management et de leadership, décortique en deux minutes un vocable à la mode dans les entreprises pour en déconstruire le sens, et donner à réfléchir sur l'évolution du monde du travail. Cette série exclusive, en partenariat avec Amazon, est à retrouver sur le site de Lexpress.fr, tous nos réseaux sociaux, ainsi que nos chaînes YouTube et Dailymotion.
"Les propos du général Mandon devant les maires de France sur les risques de guerre avec la Russie dans les trois ou quatre ans à venir ont suscité de vives réactions, très souvent critiques. A tort", estime l'un de nos lecteurs.
Le président américain Donald Trump a accusé lundi 1er décembre les autorités du Honduras d’essayer de manipuler le résultat de l’élection présidentielle, alors que le candidat qu’il soutient, Nasry Asfura, est au coude-à-coude avec un autre candidat de droite, Salvador Nasralla.
Le premier, ancien maire de Tegucigalpa âgé de 67 ans, devance le second, animateur de télévision de 72 ans, de seulement 515 voix après le décompte numérique de 57 % des procès-verbaux, a déclaré en milieu de journée lundi sur le réseau social X la présidente du Conseil national électoral (CNE). Ce faible écart constitue, compte tenu de la marge d’erreur, une "égalité technique", a indiqué Ana Paola Hall. Elle a demandé "de la patience" aux électeurs, sans préciser quand le dépouillement manuel prendra fin. Il pourrait durer plusieurs jours.
"Les chiffres parleront d’eux-mêmes", a affirmé Nasry Asfura, du Parti national (PN), depuis son quartier général de campagne. Salvador Nasralla, du Parti libéral (PL), se dit en tête avec cinq points d’avance, selon ses projections.
"On dirait que le Honduras est en train d’essayer de changer le résultat de son élection présidentielle. S’ils le font, ils le paieront cher !" a commenté Donald Trump sur son réseau Truth Social, accusant le CNE d’avoir "abruptement cessé de compter" les voix, sans fournir de preuves.
Une chose est sûre, lors du scrutin dimanche, les Honduriens ont sanctionné la gauche dirigée par la présidente Xiomara Castro, qui gouverne l’un des pays les plus pauvres d’Amérique latine, miné par la violence des gangs, le trafic de drogue et la corruption. Xiomara Castro est arrivée au pouvoir en 2021, plus d’une décennie après le coup d’État contre son époux, Manuel Zelaya, qui s’était rapproché du Venezuela et de Cuba. Tant Nasry Nasralla que Salvador Asfura ont mené campagne sur la peur que le maintien de la gauche conduise le Honduras à devenir un autre Venezuela, pays dans une crise profonde. La candidate de la gauche au pouvoir, l’avocate Rixi Moncada, 60 ans, arrive loin derrière selon les résultats partiels.
Ingérence de Donald Trump
La campagne a été marquée ces derniers jours par l’irruption de Donald Trump, qui a adopté une position interventionniste dans toute la région, n’hésitant pas à conditionner l’aide américaine à la bonne volonté des gouvernements et à ses affinités avec leurs dirigeants. S’agissant du Honduras, le président américain a assuré que "s’il (Asfura) ne remporte pas les élections, les Etats-Unis ne gaspilleront pas leur argent". Il a assuré qu’il "ne pourrait pas travailler" avec Rixi Moncada "et les communistes", et qu’il ne faisait "pas confiance" à Salvador Nasralla. "Tito (Nasry Asfura) et moi pouvons travailler ensemble pour lutter contre les 'narco-communistes' et apporter au peuple du Honduras l’aide dont il a besoin", a affirmé le locataire de la Maison-Blanche.
Le dirigeant républicain a aussi annoncé qu’il gracierait l’ancien président hondurien Juan Orlando Hernandez, qui a gouverné de 2014 à 2022 sous la bannière du parti de Nasry Asfura et purge sur le sol américain une peine de 45 ans de prison pour avoir aidé à expédier des centaines de tonnes de cocaïne vers les Etats-Unis. Cette grâce annoncée va à contre-courant du déploiement militaire de Washington dans les Caraïbes, dans le cadre d’opérations antidrogue visant particulièrement le Venezuela.
Rixi Moncada a dénoncé l’ingérence des Etats-Unis dans le processus électoral, fustigeant samedi lors d’une conférence de presse des "actions totalement interventionnistes" et estimant lundi que son soutien à Nasry Asfura avait été "perçu par la population comme une forme de coercition".
Malgré l’intransigeance persistante de Vladimir Poutine, plus de trois ans après le lancement de l’offensive russe contre l’Ukraine, la Maison-Blanche s’est déclarée, lundi 1er décembre, "très optimiste" sur les chances de parvenir à un accord visant à mettre fin au conflit. Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff ont débuté mardi soir à Moscou des pourparlers sur le plan américain. La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a souligné que le président Donald Trump et son équipe "ont travaillé très dur sur ce dossier et souhaitent tous sincèrement voir cette guerre prendre fin".
Les infos à retenir :
⇒ Si l'Europe veut la "guerre" avec la Russie, "nous sommes prêts", lance Vladimir Poutine
⇒ Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff ont débuté mardi soir à Moscou des pourparlers sur le plan américain
⇒ Une délégation de Kiev pourrait rencontrer en Europe mercredi Steve Witkoff et Jared Kushner
Les pourparlers débutent entre Vladimir Poutine et Steve Witkoff
Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff ont débuté mardi soir à Moscou des pourparlers sur le plan américain visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, peu après des propos menaçants du président russe à l'encontre des Européens.
Une délégation de Kiev pourrait rencontrer mercredi Steve Witkoff et le gendre du président américain, Jared Kushner, en Europe après leurs pourparlers à Moscou, selon une source ukrainienne à l'AFP. L'Ukraine guette avec attention les résultats de cet entretien, le président Volodymyr Zelensky ayant plaidé mardi pour une fin de la guerre et pas "seulement à une pause" dans les combats.
Selon des images de la télévision russe, Vladimir Poutine était flanqué de son conseiller diplomatique Iouri Ouchakov et de son émissaire pour les questions économiques internationales, Kirill Dmitriev. Steve Witkoff était, lui, accompagné du gendre du président américain, Jared Kushner.
Si l'Europe veut la "guerre" avec la Russie, "nous sommes prêts", lance Vladimir Poutine
Le président russe Vladimir Poutine a assuré mardi ne pas souhaiter une guerre avec l'Europe, mais y être "prêt" si les Européens "le souhaitent et commencent", peu avant des consultations avec l'émissaire américain Steve Witkoff à Moscou.
"Nous n'avons pas l'intention de faire la guerre à l'Europe, mais si l'Europe le souhaite et commence, nous sommes prêts dès maintenant", a lancé Vladimir Poutine aux journalistes, accusant les Européens de vouloir "empêcher" les efforts américains visant à mettre fin à la guerre en Ukraine. "Les Européens sont vexés d'avoir été écartés des négociations, mais (...) ils se sont écartés eux-mêmes, c'était leur initiative", a poursuivi le président russe. "Ils n'ont pas de programme de paix, ils sont du côté de la guerre", a-t-il ajouté, en marge d'un forum économique.
Il a appelé les dirigeants européens à renoncer à l'"illusion" qu'ils peuvent infliger une "défaite stratégique à la Russie" et à "revenir à la réalité, en se basant sur la situation sur le terrain".
Volodymyr Zelensky accuse la Russie d'utiliser les pourparlers sur l'Ukraine pour "affaiblir les sanctions"
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé ce mardi la Russie d'utiliser les négociations sur l'Ukraine pour tenter "d'affaiblir les sanctions" visant Moscou, au moment où l'émissaire américain Steve Witkoff et le gendre de Donald Trump sont attendus dans la capitale russe. "Les renseignements ukrainiens partageront avec leurs partenaires les informations que nous avons sur les véritables intentions de la Russie et ses tentatives d'utiliser le travail diplomatique comme couverture pour affaiblir les sanctions", a déclaré Volodymyr Zelensky sur Telegram.
L'Ukraine affirme que les combats continuent à Pokrovsk, ville revendiquée par l'armée russe
L'armée ukrainienne a assuré mardi que les combats se poursuivaient à Pokrovsk, un noeud logistique clé pour les forces ukraniennes dans l'Est dont la Russie a revendiqué la capture la veille, après des mois d'intenses attaques. "Les opérations de recherche et d'assaut ainsi que l'élimination de l'ennemi dans les zones urbaines se poursuivent à Pokrovsk", a affirmé dans un communiqué le groupement de l'armée ukrainienne Est, en charge de la zone.
"Le chef de l’état-major Valeri Guerassimov a rendu compte à Vladimir Poutine de la libération des villes de Krasnoarmeïsk (le nom russe de Pokrovsk, ndlr) et de Vovtchansk", a indiqué le Kremlin sur Telegram. Selon le Kremlin, ce rapport a été fait au président russe dimanche soir, mais l’information a été rendue publique lundi. Le ministère russe de la Défense a publié dans la foulée une vidéo présentée comme montrant les soldats russes hissant leur drapeau sur la place centrale de Pokrovsk.
Les attaques nocturnes russes de missiles et de drones en hausse en novembre
La Russie a tiré plus de missiles et de drones lors de ses attaques nocturnes sur l'Ukraine en novembre que durant le mois précédent, selon une analyse de données ukrainiennes réalisée par l'AFP.
Les forces russes ont lancé un total de 5 660 missiles et drones longue portée contre le pays en novembre, une hausse de 2 % par rapport à octobre, d'après une compilation des chiffres fournis chaque jour par l'armée de l'air ukrainienne. Dans le détail, la Russie a envoyé 5 445 drones longue portée et 215 missiles sur l'Ukraine en novembre, ciblant en particulier le réseau énergétique.
La Turquie signale une nouvelle attaque contre un cargo en mer Noire
La Turquie a signalé mardi matin une nouvelle attaque contre un cargo en mer Noire, à 80 milles nautiques de ses côtes, selon la Direction des Affaires maritimes. Le MildVolga 2, naviguant sous pavillon russe selon le site Marine Traffic, "a signalé avoir été attaqué à 80 milles nautiques de nos côtes alors qu'il faisait route de la Russie vers la Géorgie avec une cargaison d'huile de tournesol", indique la DGM sur X, précisant que "les 13 membres d'équipage sont sains et saufs" et que le navire n'avait pas demandé d'assistance.
Ce nouvel incident survient après deux attaques de drones revendiquées par l'Ukraine dans la Zone économique turque, vendredi et samedi, qui ont visé des pétroliers de la "flotte fantôme" russe, sous sanctions occidentales, qui continue d'exporter du pétrole russe. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé lundi une "escalade inquiétante", estimant que "le conflit entre la Russie et l'Ukraine a(vait) clairement atteint une dimension où il menace la sécurité de la navigation en mer Noire".
Première visite officielle de Volodymyr Zelensky en Irlande
Après sa rencontre avec Emmanuel Macron à Paris hier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky se trouve en Irlande ce mardi, pour son premier voyage officiel dans ce pays membre de l’Union européenne et militairement neutre. Selon le Taoiseach (Premier ministre) irlandais Micheál Martin, Volodymyr Zelensky doit s’entretenir mardi avec Micheál Martin et son vice-Premier ministre Simon Harris, et rendra une visite de courtoisie à la nouvelle présidente irlandaise Catherine Connolly, au rôle essentiellement protocolaire.
L’Irlande n’est pas membre de l’Otan mais a un partenariat avec l’Alliance atlantique. Elle maintient une petite force de défense de 8 500 membres, qui participe régulièrement à des opérations de maintien de la paix. Le pays apporte néanmoins un soutien politique marqué à Kiev depuis l’invasion russe de 2022, qui a relancé le débat sur sa neutralité et sa politique de défense.
Avec ses 6 millions d’habitants et un produit intérieur brut de moins de 400 milliards d’euros, le Danemark est un "petit" pays d’Europe. Mais il est grand par la générosité et la constance de son appui à l’Ukraine. Qu’on rapporte l’aide à la population ou à la richesse nationale, aucun autre pays ne débourse autant que le royaume pour épauler la résistance des Ukrainiens. Son soutien militaire cumulé se chiffre à plus de 9 milliards d’euros depuis l’invasion russe de 2022. Par comparaison, selon les données de l’institut d’études allemand KIW qui tient le décompte de toutes les aides versées, la contribution bilatérale de la France arrive péniblement à 6 milliards d’euros…
Le Danemark devance l'Estonie et la Lituanie sur le podium des pays qui ont fourni le plus d'aide en % du PIB et en milliards d'euros.
Pourtant éloignés du champ de bataille, les Danois se sentent pleinement concernés par les combats. Ils ont compris que les petits pays ne peuvent pas survivre libres et prospères dans un monde qui serait livré à la loi de la jungle. Ils savent qu’une défaite de Kiev aurait de lourdes conséquences pour l’autodétermination des peuples de notre continent, pour l’avenir de la démocratie et pour la survie du modèle social dont ils sont si fiers. Le service de renseignements danois est l’un de ceux qui mettent le plus en garde contre la guerre hybride que livre Moscou au mode de vie européen. Et les ambitions prédatrices de Donald Trump sur le Groenland, territoire danois de l’Arctique, ont encore accru la préoccupation des Danois devant l’ensauvagement du monde.
Or, le royaume n’a aucune industrie militaire digne de ce nom ! Mais il n’a pas hésité à céder toute son artillerie (des canons Caesar français) à l’armée ukrainienne. Et ses missiles antinavires de fabrication américaine Harpoon ont fait merveille pour aider les Ukrainiens à défendre leur accès à la mer Noire, artère vitale pour l’exportation de leurs céréales. Les Danois furent encore les premiers à donner à Kiev des avions de combat, en l’occurrence des F-16 américains. Au point que Copenhague a dû renflouer à grands frais son budget de défense pour rééquiper sa propre armée.
Mieux, Copenhague achète des armes directement aux entreprises ukrainiennes pour équiper les unités qui combattent sur le front. Adopté depuis par d’autres alliés (Norvège, Suède, Canada notamment), ce "modèle danois" est efficace, car les armements "made in Ukraine" sont souvent moins coûteux que ceux qui sont produits dans les pays de l’Otan. Un canon automoteur local Bohdana, par exemple, coûte deux fois moins cher qu’un Caesar français et quatre fois moins qu’un Archer suédois.
"Le modèle danois est excellent car il soutient simultanément l’industrie de défense et les forces armées ukrainiennes", observe Mykhailo Samus, directeur du cercle d’études kiévien New Geopolitics Research Network. Copenhague et Kiev ont en outre signé cette année un accord qui permet aux fabricants d’armes ukrainiens d’installer des usines au Danemark, loin des frappes de drones russes. Un rôle pionnier loué par le président Zelensky, qui a souhaité que d’autres pays imitent ces Danois si solidaires.
Les drapeaux de l'Ukraine (à gauche) et du Danemark flottent près du bâtiment Eigtveds Pakhus, qui abrite une partie du ministère danois des Affaires étrangères à Copenhague.
Washington a annoncé lundi 1er décembre être parvenu à un accord avec Londres en vue d'annuler les droits de douane appliqués jusqu'ici aux produits pharmaceutiques britanniques, comme à ceux du reste du monde, en échange d'une hausse de 25 % du prix de médicaments au Royaume-Uni.
L'accord vise à s'assurer, selon le gouvernement américain, que "les patients américains ne payent pas leurs médicaments au prix fort pour subventionner la santé dans les autres pays développés", a pointé le représentant de la Maison-Blanche au Commerce (USTR), Jamieson Greer, cité dans le communiqué.
L'augmentation concerne les médicaments dits "innovants"
L'augmentation des prix concernent les nouveaux médicaments considérés comme "innovants" et dans le cadre des achats réalisés par le NHS, le service de santé public au Royaume-Uni. Selon le communiqué de la Maison-Blanche, Londres s'engage par ailleurs à ne pas compenser cette hausse des prix par une baisse de ceux appliqués sur d'autres produits du catalogues des laboratoires pharmaceutiques.
En échange Washington annule donc les droits de douane sur les produits pharmaceutiques provenant du Royaume-Uni, théoriquement appliqués depuis début octobre comme pour ceux du reste du monde, et s'engage à ne pas en mettre en place de nouveaux à l'avenir.
"Les Américains ne devraient pas faire face au prix du médicament le plus élevé au monde pour les médicaments qu’ils ont aidé à financer", a déclaré dans le communiqué le secrétaire à la Santé Robert Kennedy Jr., cet accord avec le Royaume-Uni renforce l’environnement mondial pour les médicaments innovants et apporte un équilibre longtemps attendu au commerce pharmaceutique des États-Unis et du Royaume-Uni".
Les prix des médicaments aux Etats-Unis figurent parmi les plus élevés au monde et dépassent ceux appliqués chez leurs voisins et en Europe. Selon une étude de la Rand Corporation, les Américains payent ainsi en moyenne 2,5 fois plus cher pour les médicaments sur ordonnance que les Français par exemple, un écart que Donald Trump s'était engagé à réduire.
Le président américain a brandi a plusieurs reprises la menace d'une possible surtaxe douanière de 100 % sur tout médicament breveté importé, à moins que les laboratoires ne construisent des sites de production aux Etats-Unis. Plusieurs laboratoires, dont AstraZeneca et Pfizer, ont signé des accords d'investissements aux Etats-Unis en échange d'un moratoire sur leurs produits importés, le temps que leurs investissements se matérialisent.
Annoncés fin septembre, les droits de douane sur les produits pharmaceutiques sont entrés en vigueur en octobre et doivent progressivement atteindre 100 %. Ils ont cependant été mis en pause dans la foulée, afin de permettre la poursuite des négociations avec les laboratoires et les autres pays. Ceux provenant de certaines régions ou pays, comme l'Union européenne (UE) ne sont cependant pas concernés, l'accord commercial entre Bruxelles et Washington prévoyant que les produits européens ne peuvent pas être taxés au-delà de 15 %.
Le président américain Donald Trump et le Premier ministre britannique Keir Starmer lors de la signature de l'accord de coopération technologique à Chequers, en Angleterre, lors de la visite d'Etat de Trump le 18 septembre 2025
Quatre ans après l’invasion russe en Ukraine, les femmes sont de plus en plus visibles sur la ligne de front face aux Russes. Depuis le début de l’année 2025, plus de 70 000 femmes se sont enrôlées dans l’armée ukrainienne, en hausse de 20 % depuis 2022, dont 5 500 directement sur le front.
Et depuis l’été, il existe même une unité entièrement composée de femmes, sans hommes, rapporte un long reportage du journal The Washington Post. Il s’agit d’une unité composée de quatre femmes qui "conduisent leur propre véhicule, transportent leur propre équipement, fabriquent leurs propres explosifs et lancent des drones armés le long du front sud-est", précise le journal dont les propos sont étayés par des photos.
Une première
A travers des portraits photo dans les tranchées, vêtues du treillis militaire ou dans leur appartement exigu, habillées en civil, près des zones de combat dans la région de Zaporijjia, le journal américain raconte le quotidien de ces jeunes femmes aux parcours très différents. Daria, 35 ans, ancienne commerciale pour des produits pour bébé dirige ainsi cette équipe féminine composée de quatre autres jeunes femmes : Oleksandra, 24 ans originaire de Kiev et étudiante en art en Suisse ; Tetiana, 22 ans diplômée de journalisme, Viktoriia, 26 ans comptable de la région de l’ouest de Tchernivtsi et Maryna, 23 ans, gymnaste aérienne originaire de Dnipro.
"J’ai décidé de ne pas être une victime, mais d’être un prédateur", déclare auprès du Washington Post Daria, l’ancienne commerciale désormais à la tête de l’unité de dronistes féminines. Avant de former cette unité féminine, les cinq femmes ont d’abord été déployées dans des unités de genre mixte. Mais selon leurs témoignages, beaucoup d’hommes ne supportaient pas d’avoir une femme sur le front. C’est en observant cela, que le chef de l’unité spéciale de drones de la garde nationale, appelée Typhoon, le commandant du Mykhailo Kmytiuk, a compris que le talent de ces jeunes femmes ne prospérait pas comme il devrait. C’est comme ça qu’est née l’idée de la brigade féminine. Une brigade dont l’objectif était de leur donner un espace pour enfin se concentrer sur leur travail, et non sur leur différence de genre.
Rôles évolutifs
Au début de la guerre, lors de la première invasion de la Russie en Ukraine, en Crimée en 2014, une telle unité aurait été inimaginable. Et pour cause : les femmes avaient officiellement été interdites de rôles de combat, l’armée leur attribuant systématiquement des postes de médecins et de cuisinières, ou en tant que travailleuses de bureau. "Absolument toutes les femmes qui voulaient aller au front rencontraient des problèmes, rappelle Olena Bilozerska, ancienne journaliste ayant combattu dans le Donbass au sein d’une unité de volontaires auprès du journal Les Échos. Dans l’armée régulière, elles étaient cantonnées à des postes non-combattants, même lorsqu’elles servaient en réalité comme snipers ou mitrailleuses".
Pour changer de paradigme, des réformes ont été entamées en 2016 concernant le rôle des femmes dans la guerre. Et c’est en 2022, l’année où la Russie a lancé son invasion à grande échelle, que l’Ukraine a levé toutes les restrictions qui avaient empêché les femmes d’occuper les mêmes rôles d’officiers militaires que les hommes. Désormais, en plus de pouvoir combattre comme les hommes, les femmes ont aussi les portes ouvertes pour intégrer des unités de prestige comme celles des drones. Les drones, considérés comme l’arme la plus efficace dans cette guerre, sont devenus indispensables sur le front. Alors, tous ceux qui savent les piloter, hommes ou femmes, semblent indispensables. L’entrée des femmes dans une telle spécialité illustre à la fois l’adaptation de l’armée ukrainienne aux réalités technologiques de la guerre moderne, et une intégration plus affirmée, soulignait au mois de septembre le journal Les Échos qui relatait déjà l’apparition de la brigade. "Nous ne gagnerons pas cette guerre sans femmes", conclut la commandante de l’unité de dronistes, Daria auprès du Washington Post.
"Taxons les riches !" Le slogan démagogique rebondit à travers l’Europe. La gauche française en rêve, la gauche britannique le fait : le budget que vient de présenter à Londres la chancelière de l’Échiquier, Rachel Reeves, prévoit plus d’impôts sur les entreprises et les propriétaires, plus de dépenses sociales, plus de dettes. En deux ans, le gouvernement travailliste le plus à gauche depuis un demi-siècle aura alourdi la pression fiscale de l’équivalent de 75 milliards d’euros et accru les dépenses de 90 milliards d’euros. Le déficit budgétaire dépasse les 5 % du produit intérieur brut et la dette publique, selon le Fonds monétaire international, atteint 103 % du PIB.
Il y a près d’une décennie, les partisans du Brexit avaient vendu aux électeurs la sortie de l’Union européenne comme un moyen de "reprendre le contrôle" sur les frontières du pays et de renouer avec l’essor économique dans une Angleterre libérale qui deviendrait une "Singapour-sur-Tamise". L’inverse s’est passé ! L’immigration a atteint un record historique en 2023 ; le poids de l’Etat ne cesse d’enfler ; l’économie est mise sous tutelle.
L’attractivité de la Confédération
L’appel à taxer les riches, en revanche, a échoué en Suisse. Dimanche 30 novembre, la population a repoussé lors d’une votation (référendum), par 78 % des suffrages exprimés, le projet proposé par le parti socialiste d’imposer à 50 % l’héritage des plus fortunés. L’objectif affiché était de financer la lutte contre le réchauffement climatique. Mais la mesure aurait surtout réduit l’attractivité de la Confédération, au moment où la compétition mondiale pour attirer les plus nantis bat son plein : Dubaï, Hongkong ou Singapour, par exemple, leur déroulent le tapis rouge. L’Italie elle aussi a fait venir nombre d’entre eux à Milan en leur proposant des incitations fiscales avantageuses – que le gouvernement de Giorgia Meloni a cependant décidé de réduire l’an prochain.
Comme les Britanniques, les Suisses n’appartiennent pas à l’Union européenne mais leur pays, contrairement au Royaume-Uni, est plutôt bien géré. Leur dette publique nationale ne représente que 37 % du PIB. Et surtout, de votation en votation, les citoyens helvétiques font preuve d’une maturité exemplaire. Eux savent bien que la croissance ne se décrète pas mais qu’elle s’encourage en favorisant la hausse de la productivité, l’innovation ou encore la flexibilité. Ils préfèrent augmenter le gâteau avant de débattre de son partage. Le pays évolue dans un cercle vertueux.
A l’opposé, le gouvernement de Londres a fait fuir des milliers de grandes fortunes en abolissant au printemps dernier le statut fiscal privilégié dont jouissaient ceux qui résidaient au Royaume-Uni mais déclaraient un domicile principal à l’étranger. Son nouveau budget va derechef peser sur la croissance, aggraver le marasme et faire le lit des populistes. Les sondages documentent déjà depuis quelques mois l’attirance des électeurs pour les extrêmes et leurs recettes miracles. Ils placent les nationaux populistes loin devant les Conservateurs à droite et les Verts et leur ligne radicale au coude à coude avec les Travaillistes à gauche. Le cercle vicieux est enclenché.
La victime est la croissance économique
Lors de la grande crise du début des années 2010, les pays les plus affectés étaient périphériques : la Grèce, l’Irlande, le Portugal… Aujourd’hui, les plus vulnérables sont les trois principales puissances européennes, celles qui prétendent orchestrer la résistance de l’Europe face à l’impérialisme de Vladimir Poutine. La France et le Royaume-Uni peinent le plus mais l’Allemagne, bien qu’elle soit plus solide qu’eux, est atteinte en réalité des mêmes maux. L’incapacité à mener des réformes structurelles depuis maintenant plus de vingt ans et les blocages politiques assombrissent l’horizon à Berlin. Comme leurs homologues de Paris ou de Londres, les politiciens allemands préfèrent augmenter les impôts ou accentuer l’endettement plutôt que de tailler dans les dépenses et de toucher à l’Etat providence. La victime est la croissance économique.
Dans ces mêmes trois pays, ce n’est sans doute pas une coïncidence, l’extrême droite piaffe aux portes du pouvoir. Au Royaume-Uni, si des élections avaient lieu aujourd’hui, Nigel Farage et son parti Reform UK les emporteraient sans doute. En France, le Rassemblement national est en tête dans les sondages. A Berlin, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) fait jeu égal, dans certaines enquêtes d’opinion, avec la CDU/CSU du chancelier Merz. Comme quoi le péril politique rime avec la légèreté économique.