Les CPU de nos Mac : Core [1] Intel trop tôt, 64 bits trop tard
En janvier 2006, Apple amorçait une transition majeure en abandonnant les processeurs PowerPC au profit des puces Intel, avec l'introduction des premiers MacBook Pro et iMac équipés de processeurs Intel Core [1] Duo. Cette décision, motivée par des limitations techniques des PowerPC, notamment l'impossibilité d'intégrer le G5 dans des ordinateurs portables, visait à offrir de meilleures performances et une consommation énergétique réduite...
Le Mac mini dans sa version de base héritant même du Core [1] Solo monocœur pour quelques mois, un progrès mais pas celui observé sur ses collègues!
Cependant, le choix initial du Core [1] s'est rapidement révélé être une erreur stratégique. Basé sur l'architecture Yonah en 65 nm, le Core [1] était limité au 32 bits, héritant de l'architecture vieillissante du Pentium M. Cette limitation entravait l'évolution vers des configurations plus puissantes, telles que le support de plus de 4 Go de RAM ou l'utilisation de processeurs multi-cœurs plus avancés.
Quelques mois plus tard, Intel lançait le Core 2 Duo, basé sur l'architecture Merom, également en 65 nm mais avec un design entièrement repensé. Ce processeur 64 bits offrait des performances supérieures, une meilleure efficacité énergétique et une évolutivité accrue, notamment avec l'introduction de processeurs quad-core et de versions Xeon pour les Mac Pro, y-compris multiprocesseurs!
Et ce coup-ci, plus de Mac mini monocœur, tout le monde avec au moins deux cœurs!
La transition rapide d'Apple vers le Core 2 Duo, dès la fin 2006, témoigne de la reconnaissance de cette erreur initiale. Les MacBook Pro et iMac ont été mis à jour avec ces nouveaux processeurs, offrant aux utilisateurs des performances nettement améliorées et une meilleure pérennité.
En rétrospective, bien que la transition vers Intel ait été bénéfique pour Apple, le choix du Core Duo comme point de départ a représenté un faux pas. Une adoption directe du Core 2 Duo aurait permis une transition plus fluide et évité aux premiers utilisateurs des limitations techniques rapidement dépassées.
Le choix initial du Core [1] a eu une autre conséquence dommageable : il a directement influencé le développement d’OS X sur architecture x86. Lors de la transition, OS X Tiger (10.4) fut porté sur Intel en version 32 bits, en phase avec les limitations matérielles du Core [1]. Pourtant, quelques mois plus tard, l’arrivée des processeurs Core 2 Duo (ou Xeon), pleinement 64 bits, aurait pu marquer un tournant immédiat vers un OS X 64 bits natif sur les Mac Intel.
Mais Apple n'a pas su temporiser...
OS X n’a réellement commencé à exposer ses capacités 64 bits qu’avec Leopard (10.5) en 2007, et encore de manière partielle : si certaines bibliothèques système et frameworks prenaient en charge les applications 64 bits, le noyau, lui, continuait souvent de démarrer en 32 bits — notamment sur les machines portables. Ce n’est qu’avec Snow Leopard (10.6) en 2009 que l’OS bascula sérieusement vers le 64 bits, avec un noyau capable d’être chargé dans ce mode dépendant du Mac, et un environnement système beaucoup plus homogène.
Cette lenteur s’explique en partie par la volonté d’Apple de préserver la compatibilité avec les machines Core [1] déjà vendues — piégeant ainsi les utilisateurs dans une architecture rapidement obsolète. Ces Mac, cantonnés à 32 bits, ne purent jamais exécuter Snow Leopard dans sa version complète. Résultat : moins de trois ans après leur achat, ces premiers Mac Intel étaient déjà à la marge.
Avec le recul, un lancement directement basé sur les Core 2 et Xeon aurait permis non seulement un saut technologique plus cohérent, mais aussi une adoption bien plus rapide du 64 bits sur Mac. OS X aurait pu s'aligner dès 2006 sur les standards déjà en train de se dessiner dans le monde PC — où Windows Vista, lui aussi en préparation, proposait dès sa sortie une version 64 bits pleinement exploitable, et Windows NT4 le proposait une décennie avant pour les professionnels!
Ainsi, la transition vers Intel, bien qu’audacieuse et finalement réussie, aurait pu être encore plus élégante et tournée vers l’avenir... si Apple avait simplement attendu quelques mois de plus.