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Flow Computing, société inconnue au bataillon, serait assise sur une mine d’or. Avec un PPU ou Parallel Processing Unit, elle aurait trouvé la recette magique pour démultiplier les capacités de calcul de tout type de processeur. Elle promet de multiplier par 100 leur puissance, de quoi bouleverser tout le marché ?
Evidemment, l’annonce fait du bruit mais elle reste à prendre avec toutes les pincettes nécessaires. Si cette technologie de PPU était vraiment fonctionnelle, elle transformerait énormément la qualité du parc informatique actuel. Imaginez juste une technologie PPU qui doublerait la puissance de calcul de votre matériel, la puissance gagnée sur votre machine actuelle.
Jussi Roivainen, Martti Forsell et Timo Valtonen, les trois papas de Flow Computing
Toute jeune société qui a été lancée en janvier dernier, Flow Computing est le fruit du travail de ses trois fondateurs. Pilotée par un centre de recherche technique en Finlande, elle n’a pour le moment fait que des annonces théoriques. Sa levée de fond initiale est minimale, 4 millions d’euros seulement. Quand on voit ce qu’arrivent à récupérer certaines startups qui collent juste IA dans le titre de leurs recherche aujourd’hui, cela semble même assez étonnant.
Tout le fruit du travail de Flow Computing tourne autour de son PPU qui pourrait, selon eux, bouleverser l’informatique actuelle. Ouvrant la porte à puissance de calcul telle qu’un micro ordinateur personnel deviendrait quasiment une station de travail sur certaines tâches. Même en divisant la promesse de plusieurs niveaux, cette technologie de Parallel Processing Unit permettrait d’obtenir les capacités d’une machine haut de gamme dans un MiniPC ou un engin portable. Mieux, Flow Computing assure que sa technologie serait invisible pour le système, que les logiciels n’auraient pas besoin d’être adaptés pour en profiter.
Le PPU, nouveau bouton « Turbo » de la façade des PC ?
Sur les PC 386 et 486 des années 90 trônait un petit bouton « Turbo »‘ qui permettait de booster la fréquence du processeur et donc de gagner « un peu » de vitesse. Cette solution PPU ressemble à cette fonctionnalité de l’époque. L’idée est d’appuyer la puissance de calcul nécessaire aux logiciels et améliorer notamment les tâches parallèles. Ce gain sur la puissance de calcul aurait en outre des conséquences sur le reste de l’engin. Le processeur graphique et même le NPU bénéficieraient d’un processeur de base plus rapide. Toutes les puces seraient concernées et tous les formats également : de la montre connectée aux supers calculateurs, de ARM, à Intel en passant par AMD, Apple ou Qualcomm.
Pour faire (très) simple, ce que ferait ce PPU en pratique serait surtout d’améliorer les cycles d’opérations. En transformant un calcul effectué en file de chaque opération pour le transformer en de multiples calculs en parallèle. Le PPU permettrait de distribuer les tâches et de les agglomérer ensuite à une vitesse inconnue jusqu’alors. Chaque transistor n’aurait plus à attendre qu’un autre ait finit son travail opératoire pour prendre la suite, le PPU distribuerait d’énormes quantités de calculs en parallèle sur tous les transistors disponibles avant de récupérer et d’organiser le fruit de leurs opérations dans le bon ordre.
Dans le tableau ci-dessus, on retrouve diverses tâches où des puces sont mises en concurrence. Les deux premières barres montrent les capacités de calcul d’un Core i7 ou d’un Intel Xeon W. Les barres suivantes indiquent les capacités de calcul avec l’ajout d’un FPGA-PPU plus ou moins puissant. Les références F16, F64 et F256 indiquant le nombre de cœurs PPU en fonction.
Ce n’est pas une nouveauté au sens strict du terme et chaque processeur se charge déjà de cette tâche optimisée de distribution des calculs. Des travaux théoriques ont déjà proposé ce genre d’amélioration massive mais cela pose en général de gros soucis de recollection logique. Les données parallélisées n’ont rien de transparent pour le système, le fruit des opération perdent le fil de la logique du code et n’ont donc rapidement plus d’intérêt.
Ici, la nouveauté n’est donc pas de proposer cette parallélisation mais de mieux la gérer. De permettre son emploi sans avoir à réécrire tout le code des programmes. Un bonus énorme de calcul qu’on obtiendrait avec un changement mineur et qui ne toucherait pas au reste de la machine. Les nouveaux processeurs sont tous au format SoC et on imagine que la volonté de Flow serait d’ajouter ses PPU au mix actuel. On aurait un CPU, un GPU, un NPU et un PPU intégrés directement sur le même DIE.
Pour améliorer encore plus significativement la vitesse des puces il faudrait néanmoins retravailler le code des logiciels. Pour Flow Computing cette multiplication par deux des performances de calcul d’un Core i7 avec un de ses PPU n’est qu’une étape. En recompilant les logiciels pour mieux tirer partie du duo PPU-CPU, certains programmes testés en laboratoire auraient vu leurs performances encore plus largement améliorées. La société finlandaise proposerait d’ailleurs des logiciels pour recompiler les différents programmes afin de tirer partie des capacités de sa technologie.
La startup promet jusqu’à 100x plus de performances…
Reste un détail, l’histoire est très belle, trop belle ?
Les calculs en question sont limités à des tâches très précises. Si la société met en avant des puces Core i7 et Xeon W il y a fort a parier que les seconds seraient plus intéressés par cette technologie que les premiers. Si Flow Computing parle d’un développement possible aussi bien sur une montre connectée sous ARM que sur un smartphone, l’intérêt pour ces matériels n’est franchement pas évident.
Pour le moment Flow Computing n’a également rien prouvé de ses capacités de calcul. Si la startup espère passer des contrats avec tous les fabricants de processeurs, elle reste pour le moment encore très mystérieuse dans son fonctionnement. Promettre de multiplier les capacités de tout type de puce est très alléchant mais ces chiffres semblent pour le moment totalement théoriques. Avec une telle capacité, le trio finlandais est potentiellement dans une position très avantageuse. On pourrait connaitre une révolution d’usages identique à celle de l’apparition des circuits graphiques en appui des processeurs classiques dans des tâches de calculs lourds.
Mais cette annonce d’une multiplication des capacités des processeurs semble concerner uniquement des opérations au fort parallélisme. Quand on demande à une puce d’effectuer des milliers de fois la même opération. Cela concernera plus des usages spécifiques que les besoins d’un ordinateur classique. Cela pourrait fluidifier des opérations utilisant de manière intensive le processeur pour faire tout le temps la même tâche mais n’aura pas l’effet miracle d’un méga bouton Turbo.
A suivre donc, mais en gardant un oeil circonspect.
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