Le nombre de titres générés par IA proposé à Deezer a doublé en trois mois
With or Without IA

Le nombre de morceaux de musique identifiés par le détecteur de contenus synthétiques développé par la plateforme est passé de 10 000 à 18 000 par jour entre janvier et avril. 7 à 8 % relèveraient de tentatives de fraude. Le patron de Deezer propose de « légiférer pour que les plateformes rémunèrent les artistes et pas ces bruits », mais ne précise pas comment.
« Environ 10 000 pistes totalement générées par IA sont livrées à la plateforme chaque jour, soit environ 10 % du contenu quotidien livré », expliquait Deezer en janvier dernier. La plateforme annonçait alors avoir déployé un « outil de pointe », conçu en interne et testé depuis un an, pour les détecter.
Alexis Lanternier, son CEO, précisait vouloir « développer un système de marquage pour le contenu totalement généré par IA, [pour] l’exclure des recommandations algorithmiques et éditoriales ». L’entreprise se donnait également pour objectif de développer des capacités de détection de voix générées par deepfakes.
Trois mois plus tard seulement, Deezer vient de révéler que « 18% des nouvelles musiques publiées chaque jour sur sa plateforme sont entièrement générés par intelligence artificielle ». « Soit plus de 20 000 chansons sur les quelque 150 000 qui sont versées chaque jour » (contre 25 000 il y a trois ans), souligne à Ouest-France Alexis Lanternier.
« C’est exponentiel », précise-t-il. « En deux mois, ce chiffre a presque doublé et il n’y a aucune raison que ça s’arrête tellement les outils sont faciles d’utilisation. Ça va continuer ! »
Légiférer pour rémunérer les artistes « et pas ces bruits »
« Nous les signalons clairement à l’utilisateur, en IA Generated, afin qu’il sache que ledit titre est produit par une IA générative et nous les sortons de nos algorithmes pour qu’ils ne remontent pas », tempère Alexis Lanternier, qui indique que Deezer a par ailleurs identifié « 7 à 8 % de fraude » :
« On ne voit pas d’explosion de la consommation de titres produits par l’IA. Les auditeurs cherchent des vrais artistes, de la musique incarnée et c’est heureux. Cependant, c’est un très bon outil pour les fraudeurs, qui créent plein de chansons pour générer des écoutes et récupérer des royalties. C’est sur ce point qu’il faut sans doute imaginer de légiférer pour que les plateformes rémunèrent les artistes et pas ces bruits. »
En 2024, Deezer avait déjà supprimé 13 % de son catalogue
La plateforme, qui héberge aujourd’hui 130 millions de titres, fait régulièrement le ménage pour nettoyer son catalogue des titres qui faussent le calcul de la rémunération des artistes professionnels. La plateforme supprime ainsi l’encodage Flac (la meilleure qualité audio, mais très gourmande en stockage, précise Ouest France) des titres qui n’ont pas été écoutés depuis un an, au motif que « C’est très important, car cela génère de la pollution numérique ».
En avril 2024, Deezer avait ainsi annoncé avoir supprimé 13 % de son catalogue global, soit environ 26 millions de titres entre septembre 2023 et mars 2024, relevait alors BFMTech. Y figuraient des pistes composées de bruits blancs, albums ne contenant qu’un seul et unique morceau, titres et mauvaises imitations générés par intelligence artificielle.
10 millions d’utilisateurs dans le monde, dont la moitié en France
La plateforme vient par ailleurs d’annoncer plusieurs fonctionnalités, censées « offrir une expérience musicale encore plus personnalisée à ses utilisateurs et abonnés ». Elles visent, explique Alexis Lanternier, à « permettre aux utilisateurs de mieux comprendre les algorithmes et de prendre un peu plus le contrôle sur leur usage, de personnaliser encore plus leur expérience et de pouvoir partager facilement avec leurs communautés, abonnées ou non à Deezer ».
À compter du 28 avril, Deezer proposera un « lien de partage universel » afin que ses utilisateurs puissent partager leurs titres favoris, « que leurs amis soient sur Spotify, Apple music ou Youtube music ».
Interrogé par Ouest France sur la possibilité de se convertir en « futur réseau social », Alexis Lanternier botte en touche : « C’est tout à fait possible mais c’est trop tôt pour le dire. On va créer des solutions petit à petit. Évidemment, ça ne peut pas être un réseau social comme les autres, mais la musique est un outil de connexion exceptionnel, donc elle doit créer des liens, à nous de les faciliter. Les utilisateurs veulent davantage d’humain et moins d’algorithmes. »
Ouest-France souligne que la plateforme, cotée en Bourse et qui a atteint la rentabilité en 2024, « compte désormais un peu moins de 10 millions d’utilisateurs dans le monde, dont la moitié en France (où ça augmente) et le reste ailleurs (où ça baisse un peu) ».