Infomaniak, nouvel acteur sur la scène des chatbots avec Euria
« L’Europe doit investir »
Infomaniak vient de lancer son IA maison. L’entreprise suisse insiste particulièrement sur la dimension souveraine, sécurisée et autonome de son infrastructure, ainsi que sur la récupération de la chaleur générée pour chauffer des logements à Genève.
Infomaniak se présente comme un nouvel acteur dans la cour rapidement grandissante des fournisseurs de solutions IA. Le produit se nomme Euria, un chabot qui entre en concurrence directe avec ChatGPT, Claude et autre Mistral. Le nom est d’ailleurs l’acronyme de « Éthique, Universelle, Responsable, Indépendante et Autonome ». Après un lancement discret en juin dans kDrive, le chatbot prend ses aises.
Un modèle freemium et une tarification agressive
Le nouveau service est disponible via une page web, ou par l’application mobile sur Android et iOS. Comme souvent avec les chatbots, on trouve une version gratuite pour répondre aux questions, bloquée une fois un palier atteint (ce point n’est pas clairement précisé). Après quoi, il faudra l’une des formules payantes de la kSuite (à partir de 19 euros par an).
On note d’ailleurs qu’Infomaniak n’a pas créé de formule payante spécifique pour son nouveau service. On peut en outre utiliser Euria sans créer de compte, mais le chatbot en réclamera rapidement un après quelques requêtes (trois dans notre cas). On note dans l’ensemble des réponses assez rapides.
Euria est multimodal. Les demandes peuvent être faites textuellement ou par la voix, on peut lui envoyer des documents et autres fichiers, lui demander des transcriptions audio, d’interpréter des tableaux et autres graphiques, de lancer des recherches sur le web ou encore des raisonnements plus complexes. Infomaniak explique que le raisonnement et la recherche web sont utilisés automatiquement en fonction du contexte, mais on peut forcer la recherche en la demandant explicitement au chatbot. Des évolutions sont déjà prévues, dont la génération d’images, des agents et de la mémoire pour le contexte.


Infomaniak promet le respect des données
Côté sécurité et confidentialité, Infomaniak assure que des chiffrements sont appliqués « à toutes les étapes ». Il faut comprendre pendant le transport et au repos, mais Infomaniak peut accéder aux données sur ses serveurs. Point important, l’entreprise ajoute que les données traitées ne sont jamais utilisées « pour entraîner des modèles d’intelligence artificielle, établir des profils ou alimenter des systèmes tiers ».
Un mode éphémère est proposé pour aller plus loin, l’entreprise assurant alors qu’aucune trace n’est laissée et que rien ne peut être récupéré, y compris par Infomaniak. Tous les traitements ont lieu dans le datacenter D4 situé en Suisse, inauguré en début d’année.
Des modèles open source
Infomaniak n’a cependant pas développé de modèle maison. À la place, l’entreprise se sert de plusieurs modèles open source. Si l’annonce n’en parle pas, l’entreprise nous a répondu, par la voix de Thomas Jacobsen, son responsable communication et marketing : elle se sert de Mistral (nous avons demandé des précisions sur le modèle) et Qwen3 (Alibaba) pour la partie texte, et de Whisper d’OpenAI pour l’audio.
« Notre stack évolue en permanence afin d’intégrer les meilleurs modèles open source disponibles au moment où ils deviennent pertinents. Nous contribuons et suivons de près l’évolution d’Apertus, et nous étudions déjà la possibilité d’adopter le prochain modèle de Mistral. Dans nos choix technologiques, l’impact écologique joue également un rôle essentiel : nous cherchons systématiquement le meilleur compromis entre performance et consommation de ressources »
Infomaniak en profite pour lancer un cri d’alarme à ce sujet : « À ce jour, aucun des modèles les plus performants n’est européen. Ce constat doit nous interpeller : l’Europe doit investir pour rattraper son retard et bâtir ses propres modèles d’IA souverains, éthiques et neutres en carbone. Plus les utilisateurs choisiront des acteurs locaux, plus nous aurons les moyens de construire cette indépendance technologique », a déclaré Marc Oehler, CEO d’Infomaniak.
Enfin, Infomaniak met en avant l’aspect écologique de son datacenter, utilisé par Euria, dont la chaleur est récupérée et réinjectée dans le réseau de chauffage urbain. L’objectif est d’atteindre la pleine puissance en 2028 et alors de chauffer jusqu’à 6 000 logements à Genève en hiver, de fournir jusqu’à 20 000 douches chaudes par jour et ainsi d’éviter la combustion de 3 600 tonnes de CO₂ en gaz naturel.