L’usage « inconséquent » du « style Ghibli » généré par OpenAI par les politiques
« Le vent se lève, il faut tenter de vivre »

Des politiques ont surfé sur la vague d’images générées par IA au style très proche de celui de Hayao Miyazaki, utilisé par OpenAI pour faire la promotion de son nouveau modèle. Du RN à Renaissance en passant par LFI, plusieurs s’en sont aussi servi pour leur propre promotion, celle d’autres personnalités de leurs mouvements ou d’actions politiques.
Des personnalités politiques ont diffusé en fin de semaine dernière des portraits d’eux-mêmes ou des illustrations de communication politique surfant sur la vague d’images générées par le modèle 4o Image Generation d’OpenAI. Elles reprenaient le style de Hayao Miyazaki et de ses collègues du studio Ghibli.
L’incarnation de la Protection Civile par une image générée par une IA
Ainsi, Emmanuel Macron a publié samedi soir sur Twitter, un message sur la Protection Civile. Mais, pour illustrer les 32 000 bénévoles qui « veillent, secourent, forment et protègent » et à qui il adresse la phrase « vous incarnez le faire Nation et la Fraternité », le président de la République a préféré illustrer cette « incarnation » par une image générée par IA reprenant un style manga.

Gabriel Attal avec un mouton, Manon Aubry le poing levé ou Marine Le Pen sur le perron de l’Élysée
D’autres personnalités politiques ont, en fin de semaine, publié sur leurs réseaux sociaux des images de ce style : l’ancienne porte-parole du gouvernement et députée Renaissance Prisca Thevenot, et le Secrétaire général du même parti, Gabriel Attal, n’ont pas résisté à l’autopromotion.






Manon Aubry a, elle aussi, publié sur son compte Instagram des images la mettant en scène, dont l’une avec le leader de son mouvement, Jean-Luc Mélenchon. Mais finalement, la députée européenne LFI a peu de temps après supprimé ces images de son compte, alors que des utilisateurs du réseau social critiquaient cette utilisation. Le même week-end, le think tank Institut La Boétie de LFI proposait un colloque intitulé « L’intelligence artificielle, un nouveau champ de batailles ».
Du côté du RN, le député Alexandre Sabatou, qui se présente sur son compte X « pour une IA française et souveraine », a publié mardi 26 sur Twitter une image du même style mettant en scène Marine Le Pen montant les marches du perron de l’Élysée. C’était avant que Marine Le Pen soit condamnée pour détournement de fonds publics à deux ans de prison ferme et cinq ans d’inéligibilité avec application immédiate dans l’affaire des assistants européens du FN.
« Inconséquence des politiques »
Pour la correspondante au Japon de Libération, Karyn Nishimura, cette vague de communication exprime une « étrange inconséquence des politiques français postant des pseudo-images Ghibli générées via OpenAI ». Karyn Nishimura a, elle, bel et bien été l’héroïne du manga « Ivre du Japon », publié par son mari et auteur de mangas J.P. Nishi.
Pour Karyn Nishimura, « la question est éthique plus que juridique ». Elle dénonce le fait qu’OpenAI « ne voit aucun problème moral à entraîner sans vergogne son IA avec des œuvres de renom pour mieux commercialiser sa technique » mais aussi « que des personnalités politiques trahissent leur devoir en adressant aux artistes déjà démoralisés le pire des messages : « On peut se passer de vous, qui plus est avec des outils qui pillent votre travail. » ».
Finalement, après avoir laissé entendre que son entreprise maitrisait très bien la communication autour de cette vague d’images, Sam Altman a encore joué sur le storytelling d’un usage dépassant ses attentes. Après avoir tweeté un message demandant aux utilisateurs de se calmer, il a restreint la génération d’images aux comptes payants de son chatbot. Il a ainsi fait baisser, par la même occasion, la vague d’images au style Ghibli qui aura déferlé sur les réseaux sociaux pendant une semaine.