Synology restreindra les fonctionnalités de ses NAS « Plus » avec des disques non certifiés
Network Attached Shark

Synology a annoncé mi-avril que les fonctionnalités avancées de ses prochains NAS ne seraient accessibles que si l’utilisateur utilise des disques durs aux couleurs de la marque, ou à défaut des modèles tiers dûment certifiés. Le fabricant taïwanais se montre précis sur les restrictions à attendre, mais nettement moins sur les modalités de mise en œuvre de cette décision polémique.
Vous aurez moins de choix, mais c’est pour votre bien, nous informe le spécialiste du stockage réseau Synology. Dans un communiqué daté du 16 avril dernier, signé de sa filiale basée à Düsseldorf, le fabricant taïwanais annonce en effet que sa gamme Plus exigera, à partir des modèles 2025, des disques durs signés Synology ou, à défaut, des périphériques certifiés par la société, afin de délivrer l’ensemble de ses fonctionnalités.
Les vertus supposées de l’intégration
Le message, d’abord repéré par la presse germanophone, évoque de façon explicite la mise en place de restrictions dans les autres cas de figure.
« La déduplication à l’échelle du volume, l’analyse de la durée de vie et les mises à jour automatiques du micrologiciel des disques durs ne seront désormais disponibles que pour les disques durs Synology », écrit par exemple l’entreprise. L’utilisation de simples disques durs compatibles, par opposition aux disques certifiés, pourrait également diminuer le niveau de prise en charge par le support ou les possibilités en matière de création de pool de stockage.
D’après Synology, cette décision, qui consiste donc à favoriser l’emploi des disques durs propriétaires aux couleurs de la marque, se justifierait au nom d’une logique d’intégration.
« Grâce à notre solution de disque dur propriétaire, nous avons déjà constaté des avantages significatifs pour nos clients dans divers scénarios de déploiement », déclare ainsi Chad Chiang, directeur général de la filiale allemande de Synology, dans ce communiqué. « En étendant notre écosystème intégré à la série Plus, nous souhaitons offrir à tous les utilisateurs, des particuliers aux petites entreprises, les plus hauts niveaux de sécurité, de performances et une assistance nettement plus efficace ».
Une gamme de disques durs Synology depuis 2021
Ce changement ne concerne pour l’instant que les modèles de la série Plus, sortis en 2025. « Les modèles Plus commercialisés jusqu’en 2024 inclus (à l’exception de la série XS Plus et des modèles rack) ne subiront aucun changement. De plus, la migration des disques durs d’un NAS Synology existant vers un nouveau modèle Plus restera possible sans restriction », précise l’entreprise.
Rappelons que Synology a d’abord commercialisé des SSD à ses couleurs avant de se lancer, début 2021, dans la vente de disques durs. L’entreprise taïwanaise ne les fabrique cependant pas et n’a, a priori, pas vocation à le faire : elle s’approvisionne chez les grands noms du secteur, et prodigue ensuite sa propre offre de services, de l’assistance au suivi du firmware.
Le premier problème, rapidement pointé du doigt, réside dans le prix : les disques durs estampillés Synology sont parfois vendus plus cher que des modèles de série aux caractéristiques techniques équivalentes, qui peuvent par ailleurs bénéficier d’une garantie plus intéressante (cinq ans par exemple chez Seagate sur la gamme Ironwolf Pro, contre trois ans chez Synology).
Une liste de compatibilité qui reste en suspens
Pour ne rien arranger, Synology semble ne pas avoir réellement préparé sa communication, comme l’ont confirmé les réactions de certains de nos contacts en interne, quelque peu désemparés par le sujet.
La question de la compatibilité restreinte entre les NAS Synology et les disques durs de fabricants tiers n’a en réalité rien de nouveau. Les clients de l’entreprise taïwanaise sont d’ailleurs invités à vérifier dès l’achat la liste des disques compatibles avec leur serveur réseau. Jusqu’ici, l’utilisation d’un disque dur non référencé n’entraînait toutefois pas de restriction importante sur le plan des fonctionnalités.
Synology a fini par clarifier sa position, au travers d’une communication partagée, mardi, avec le site Nascompares.
« D’après les statistiques du support client au cours des dernières années, l’utilisation de disques validés entraîne près de 40 % de problèmes liés au stockage en moins et un diagnostic et une résolution plus rapides des problèmes », y affirme notamment un porte-parole de l’entreprise. Ses disques n’affichent pourtant pas un MTBF (temps moyen de fonctionnement entre deux pannes) supérieur à celui de modèles équivalents chez Seagate ou Western Digital.
Il précise que chaque disque « validé » par Seagate fait l’objet de plus de 7 000 heures de test, et que les modèles répondant au cahier des charges de Synology voient leur taux de défaillances entraînant une perte significative de données baisser de 88 %.
« En adhérant à la Liste de compatibilité des produits, nous pouvons réduire considérablement les écarts introduits par les changements de fabrication non annoncés, les modifications du micrologiciel et d’autres variations difficiles à identifier et encore plus à suivre pour les utilisateurs finaux et Synology », conclut-il.
Problème : la liste de compatibilité associée aux futurs NAS de la série Plus n’est pas communiquée, et les disques Synology apparaissent donc comme la seule option disponible à date.