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Panneaux solaires : ces composants chinois qui menacent le réseau électrique américain

11 décembre 2025 à 19:20

Une cyberattaque pourrait-elle provoquer une coupure de courant géante aux Etats-Unis ? C’est ce que craignent plusieurs officiels, entreprises du secteur de l’énergie et experts en sécurité américains. En cause : la dépendance des Etats-Unis aux onduleurs chinois. Ces composants convertissent l’électricité produite par les panneaux solaires en courant compatible avec le réseau électrique.

Selon une étude du spécialiste de la veille stratégique Strider Technologies relayée par le Washington Post, près de 85 % des fournisseurs d’équipements interrogés utilisent des onduleurs fabriqués par des entreprises qui ont des liens avec l’armée ou le gouvernement chinois. Ces entreprises représentent 12 % de l’électricité générée à l’échelle des Etats-Unis. Selon plusieurs experts en cybersécurité interrogés par le journal, ces appareils sont vulnérables aux cyberattaques et peuvent provoquer des coupures d’électricité en cascade.

"De sérieuses implications sur la sécurité nationale"

Le rapport de Strider prévient que le gouvernement chinois, grâce au contrôle qu’il exerce sur les entreprises fabricant ces onduleurs et leurs réseaux, pourrait manipuler ou perturber le réseau américain "en cas de crise". La Chine a les armes, reste à savoir si et quand elle va les utiliser. Interrogé par le Washington Post, un ancien dirigeant de Southern Company, un des plus grands fournisseurs d’énergie américains, estime que ces composants vulnérables pourraient même perturber d’autres secteurs comme la finance ou la communication.

Les estimations autour de l’ampleur de la menace varient, mais l’inquiétude a en tout cas gagné les hautes sphères politiques américaines, note le journal. La Commission d’examen économique et de sécurité Etats-Unis-Chine, créée par le Congrès américain, a évoqué les onduleurs chinois dans un rapport publié en novembre dernier. Elle souligne une "vulnérabilité ayant de sérieuses implications sur la sécurité nationale". Et cite un exemple : en novembre 2024, un "certain nombre" d’onduleurs installés dans des foyers américains ont été désactivés par leur fabricant chinois. Il ne s’agissait certes pas d’un sabotage, mais d’un mécanisme de vérification intégré aux onduleurs. Le cas montre toutefois que ces composants peuvent être manipulés à distance, expose la commission. La Chine pourrait par ailleurs arrêter les ventes ou restreindre l’accès aux onduleurs pour porter atteinte aux Etats-Unis.

Réguler l’importation des onduleurs chinois ?

La Chine dément les accusations, qui ne sont, selon un mail de l’ambassade relayé par le Washington Post, "sans aucun fondement, au mépris des faits" concernant les réalisations de la Chine dans le domaine des infrastructures énergétiques. Reste que les Etats-Unis cherchent à s’affranchir de ces composants vulnérables. Dans son effort d’investissement dans les énergies renouvelables, le pays s’est largement appuyé sur des composants chinois abordables, dont la production est subventionnée par le gouvernement chinois.

Les Etats-Unis peinent à leur faire concurrence. L’administration de Joe Biden avait bien tenté de subventionner davantage de technologies américaines pour les énergies renouvelables. Mais les fonds ont ensuite été coupés par son successeur, Donald Trump, qui ne cache pas son désamour pour les énergies renouvelables, auxquelles il préfère les énergies fossiles. Le Département de l’énergie assure quant à lui que l’administration du président s’engage à réduire la dépendance de l’industrie aux chaînes de valeur étrangères.

L’équation est d’autant plus difficile à résoudre que les Etats-Unis souffrent d’une crise énergétique, ce qui rend les régulateurs réticents à renforcer les règles de sécurité sur les composants.

52 législateurs américains ont ainsi proposé de restreindre l’importation d’onduleurs chinois. Leur demande faisait suite à des révélations de Reuters selon lesquelles des dispositifs de communication non autorisés avaient été trouvés dans des onduleurs utilisés aux Etats-Unis.

L’Europe n’est pas épargnée. En mai dernier, un rapport de SolarPower Europe avait déjà tiré la sonnette d’alarme sur la vulnérabilité des onduleurs chinois, mal sécurisés. Une évolution de la réglementation européenne est nécessaire, avance le rapport.

© afp.com/Mark Felix

Dans son effort d'investissement dans les énergies renouvelables, le pays s'est largement appuyé sur des onduleurs chinois abordables mais vulnérables aux cyberattaques.

Avion de combat du futur : les parties prenantes européennes tentent de sortir de l’impasse

11 décembre 2025 à 15:58

Le projet d’envergure de lancer un avion de combat européen verra-t-il le jour ? L’ambitieux chantier du Scaf (NDLR : système de combat aérien du futur), lancé en 2017 par Emmanuel Macron et Angela Merkel, bat de l’aile. Il s’agit en effet d’un projet commun entre l’Allemagne, la France et l’Espagne, dont l’avionneur Dassault est le maître d’œuvre et dans lequel Airbus est engagé aussi au nom d’industriels allemands et espagnols. Or, les parties prenantes s’écharpent sur la gouvernance.

Les trois pays concernés tentent de sauver les meubles avant la fin de l’année. Est-ce la réunion de la dernière chance ? L’ordre du jour n’a pas été précisé, mais le gouvernement allemand indique sur son site que les ministres de la Défense allemand, Boris Pistorius, et français, Catherine Vautrin, se rencontreront ce jeudi à Berlin. Ils seront ensuite rejoints par leur homologue espagnole, Margarita Robles.

Dassault veut faire cavalier seul

La réunion a lieu alors qu’Airbus et Dassault affichent publiquement leurs désaccords sur la répartition du travail. En septembre dernier, Eric Trappier, le PDG de Dassault Aviation - qui fabrique le Rafale - avait déclaré que son groupe était capable de développer le Scaf "tout seul". Il avait également réclamé une révision de la gouvernance paritaire à trois (avec Allemagne et Espagne) du projet. Le futur Scaf est en effet composé d’un avion, de drones accompagnateurs et d’un "cloud de combat" qui connecte le tout. Selon la chaîne de télévision allemande Tagesschau, le dirigeant de Dassault serait prêt à coopérer avec Airbus sur les drones et le cloud, mais estime avoir les compétences clés pour construire l’avion de combat, en atteste la réussite de son Rafale.

Une vision qui n’a pas plu à Airbus. Le président du comité d’entreprise d’Airbus Defense & Space, Thomas Pretzl, a, à plusieurs reprises - dans les médias ou lors de réunions - abordé l’hypothèse d’un programme Scaf sans la France. Il a d’ailleurs cosigné avec le vice-président du puissant syndicat de l’industrie allemande IG Metall, Jürgen Kerner, une lettre adressée lundi aux ministres allemands de la Défense, Boris Pistorius, et des Finances, Lars Klingbeil. Les deux hommes ont indiqué ne "plus faire confiance à Dassault" sur le programme d’avion de combat européen. L’avionneur français s’est selon eux "complètement disqualifié en tant que partenaire fiable au sein de l’Europe en cette période de menace aiguë". "Dassault n’a jusqu’à présent pas renoncé à exiger la prise en charge intégrale du développement de l’avion de combat", ajoute le courrier d’IG Metall. "Nous aimons travailler avec des entreprises françaises", assure IG Metall, "mais pas avec Dassault".

En réponse, le syndicat patronal des industries métallurgiques (UIMM), présidé par Eric Trappier, a fait part mercredi de son "étonnement" face à la déclaration d’IG Metall, qui souhaite d’après elle "évincer un fleuron technologique français de l’aviation militaire du projet européen d’avion de combat". "Les entreprises de l’industrie française ne sauraient accepter une telle position visant à écarter les intérêts industriels de la France de ce projet stratégique", a-t-elle ajouté.

Un "chemin de croix"

Mercredi également, le patron exécutif d’Airbus reconnaissait les difficultés des parties prenantes à s’entendre. Guillaume Faury, interrogé sur France Inter, a qualifié de "chemin de croix" le processus de construction d’une industrie européenne de défense, notamment à travers le Scaf. Ce dernier doit remplacer les Rafale français et les Eurofighter allemands et espagnols d’ici 2040, dans un contexte de menace croissante de la part de la Russie. Si, selon le dirigeant, le programme "va se faire", il a toutefois regretté le "différent assez significatif avec Dassault "sur la façon de conduire le développement de l’avion".

"Le Scaf, c’est un système de combat dans lequel il y a un avion, des drones, ce qu’on appelle un cloud de combat, un système digital dans lequel l’ensemble des objets sont connectés" a-t-il rappelé. "Quels sont les modes de coopération sur chacun des piliers, ce n’est pas encore acquis", a-t-il dit.

Le plan B de l’Allemagne

L’Allemagne, de son côté, prépare déjà "un plan B, voire un plan C", rapporte la Tagesschau. Airbus pourrait ainsi se concentrer sur le système de drones et de leur connexion via le "cloud de combat".

Par ailleurs, le ministre italien de la Défense, Guido Crosetto, a évoqué début décembre une possible participation de l’Allemagne à un autre programme, le GCAP. Ce dernier cherche à faire voler un avion de combat de nouvelle génération d’ici 2035 et réunit l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni. "L’Allemagne pourrait probablement rejoindre ce projet dans le futur", a déclaré le ministre, selon Reuters. Airbus & Defense aurait également envisagé de coopérer avec la Pologne et la Suède, rapporte la Tagesschau. L’administration allemande a quant à elle souligné la nécessité de trouver une solution d’ici la fin de l’année.

© AFP

En septembre dernier, Eric Trappier, le PDG de Dassault Aviation avait déclaré que son groupe était capable de développer le Scaf "tout seul".
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