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"Cette cicatrice ne nous quittera pas" : en Israël, le syndrome de la guerre perpétuelle

Tout près, l’artillerie israélienne se déchaîne. Toutes les trois ou quatre minutes, une explosion. Il est presque midi, une journée banale dans le sud d’Israël, à quelques mètres de la bande de Gaza sur laquelle Tsahal continue de s’acharner. "Et encore, c’est plutôt calme à cette heure-ci, nous indique une habitante. Le soir, ils tirent en continu."

Sous un soleil de plomb, le capitaine Adam Ittah se promène le long d’un mur de voitures israéliennes calcinées. 1 650 véhicules entassés dans une montagne de douleur, qui rappelle immédiatement le souvenir des milliers de chaussures empilées dans le camp de la mort d’Auschwitz. A 42 ans, ce responsable marketing dans une start-up pensait sa carrière militaire derrière lui. Mais le 7 octobre 2023, il a repris du service, comme des centaines de milliers d’Israéliens.

Sa première mission : collecter les centaines de véhicules abandonnés, abîmés, brûlés par l’attaque terroriste du Hamas dans cette région du Negev. Avant de les déplacer et de les rassembler dans ce lieu funeste, il a fallu les fouiller, à la recherche de pièges, d’explosifs, mais surtout de cadavres, ou plutôt de morceaux d’ADN, tant la violence s’est déchaînée ce jour-là. Adam Ittah égrène les histoires d’horreur, comme celle de cette ambulance carbonisée, dans laquelle le sang de dix-huit personnes a été retrouvé : au festival de musique Nova, des jeunes se sont réfugiés à l’intérieur, avant que les terroristes ne criblent le véhicule de balles d’AK-47, lancent une grenade à l’intérieur puis l’explosent au lance-roquettes.

"Ce matin-là, 5 600 terroristes se sont levés à l’aube avec l’objectif commun de commettre un massacre en Israël : pour moi, c’était la plus grande mission suicide de toute l’histoire de l’humanité", tranche le militaire en cherchant ses mots et ses émotions. Ce père de deux jeunes garçons défend l’action d’Israël à Gaza et balaie le procès en inhumanité de ses troupes. Dans son discours, la compassion voyage à sens unique. "Le 7 octobre 2023, nous avons échoué en tant que pays et en tant qu’armée, nous n’avons pas su protéger les nôtres. Nous ne pouvons pas laisser vivre à nos côtés des gens qui pensent que le fait de tuer des juifs vous envoie au paradis. Cette cicatrice ne nous quittera pas, avec sa leçon éternelle : plus jamais."

A Tkuma, près de la bande de Gaza, 1650 véhicules endommagés par les attaques terroristes du 7 Octobre sont empilés.
A Tkuma, près de la bande de Gaza, 1650 véhicules endommagés par les attaques terroristes du 7 Octobre sont empilés.

Plus jamais. Ces deux mots reviennent comme un mantra à travers Israël. Le 7-Octobre a fait basculer tout un pays dans une autre dimension : celle de la peur dévorante, de la violence comme remède aux menaces et d’une obsession existentielle pour la sécurité. Pour le reste de la planète, l’attaque du Hamas s’est produite il y a près de deux ans. Pour Israël, le temps s’est figé au 7 octobre 2023.

Ce traumatisme n’a pas pour autant plongé l’Etat hébreu dans la paralysie. Dans l’urgence, la société israélienne s’est durcie, ses bras armés ont frappé : à Gaza bien sûr, mais aussi au Liban, en Syrie, en Iran, en Cisjordanie, au Yémen… Des guerres menées sur six fronts simultanés, par un pays de moins de 10 millions d’habitants. "Le 7 octobre 2023, nous étions comme un animal blessé dans la nature sauvage : les autres sentaient l’odeur du sang, les vautours se rapprochaient autour de nous, raconte un haut fonctionnaire de l’Etat hébreu, proche du Premier ministre Benyamin Netanyahou. Nous étions dos au mur, nous avons sacrifié notre image, mais sinon nous étions morts. L’énorme erreur qui nous a amenés au 7-Octobre était de penser que nous pouvions tolérer une menace embryonnaire et que nous serions capables de nous en occuper en temps voulu… C’était de l’arrogance israélienne." En coulisses, la devise de l’Etat d’Israël a changé. Du poétique "Si vous le voulez, ce ne sera pas un rêve" du père du sionisme Theodor Herzl (1860-1904), les dirigeants actuels sont passés à : "La sécurité, partout, à tout prix".

Devant des ruines : "Ça, c’est un village libanais comme on les aime"

Dans le nord d’Israël, en cet été 2025, des touristes en sandales côtoient les bataillons de militaires près de la frontière. Des cars de retraités israéliens venus admirer la vue dégagée sur le Liban, ses vallées bucoliques et ses collines verdoyantes. Venus contempler, aussi, les ravages causés par la guerre chez l’ennemi. De l’autre côté du mur de la frontière, des ruines s’étendent sur plusieurs dizaines de mètres, juste en face du village israélien de Metoula.

Kfar Kila, commune à majorité musulmane chiite, a été rasée par l’armée israélienne pendant les combats, dynamitée par les soldats avant leur retrait, en début d’année. "Ça, c’est un village libanais comme on les aime", sourit Henry, un Israélien de Jérusalem venu passer quelques jours de repos avec sa famille dans le Nord. Il y a tout juste un an, il était de l’autre côté de la frontière pour combattre le Hezbollah avec son unité blindée, "mais la plupart des combattants avaient déjà fui quand nous arrivions, ils laissaient seulement quelques hommes en embuscade et se cachaient chez les civils". En fin de quarantaine, réserviste dans l’armée, Henry a repris du service après le 7-Octobre. Dans un terrible chassé-croisé, son fils vient d’être blessé grièvement à Gaza. "Il finira par aller mieux", réussit-il à lâcher, étreint par l’émotion.

Trois explosions, côté libanais, brisent le silence. Presque tous les jours, depuis début juillet, l’aviation israélienne frappe des positions du Hezbollah, alors que le groupe chiite tente de reprendre pied dans le sud du Liban et refuse de déposer les armes. "Aujourd’hui, nous faisons en sorte qu’ils ne reviennent pas, ou alors seulement pour être enterrés", souffle Henry, qui retrouve soudainement le sourire.

De la fumée s'élève du site d'une frappe israélienne dans le village de Khiam, au sud du Liban, le 28 mars 2025.
De la fumée s'élève du site d'une frappe israélienne dans le village de Khiam, au sud du Liban, le 28 mars 2025.

Pour sécuriser ses propres frontières, Israël n’hésite plus à franchir celles de ses voisins. Depuis Metoula, on aperçoit un bataillon israélien niché sur une colline, côté libanais : entre 50 et 100 hommes, chargés d’éliminer toute présence dans la zone, puisque chaque être humain s’y trouve considéré a priori comme une menace. Il s’agit d’un des cinq points stratégiques occupés par Tsahal au Liban, sur un territoire étranger souverain. "Nous avons une stratégie très agressive au Liban, reconnaît le colonel de réserve Kobi Marom, spécialiste de la région. Elle a porté ses fruits avec la déroute du Hezbollah et les changements politiques libanais [NDLR : la nomination du président Joseph Aoun, le 9 janvier 2025, après une longue vacance du pouvoir], ce qui entraîne une excellente situation sécuritaire pour Israël." Depuis le cessez-le-feu instauré en novembre dernier, l’Etat libanais tente de reprendre le contrôle du sud du pays et fait en sorte que son armée supplante le Hezbollah. La milice, financée et armée par l’Iran, résiste.

Alors, Tsahal continue de frapper au Liban et de quadriller une partie du pays. "Israël doit tout faire pour que le Hezbollah ne redevienne jamais l’énorme monstre qu’il était le 6 octobre 2023, argumente Sarit Zehavi, directrice de l’Alma Center, un centre de recherche à la frontière Israël-Liban. Le 7-Octobre a montré que les satellites, les drones ou les avions de chasse n’étaient pas suffisants pour sécuriser une frontière : il vous faut des soldats avec des jumelles, et les collines que nous occupons permettent de scruter tout le sud du Liban. A choisir entre respecter le droit international ou rester en vie, je préfère rester en vie."

Bombarder Damas, Téhéran ou Beyrouth : la toute-puissance de l'armée israélienne

Près des cinq points stratégiques au Liban, Tsahal occupe aussi une portion du sud de la Syrie, une "zone tampon" de 5 à 8 kilomètres, et les sommets du mont Hermon, point culminant de la région. "Du haut de ses 2 800 mètres, le mont Hermon nous permet d’avoir un œil sur l’ensemble du Liban et sur tous les environs de Damas, savoure le colonel Marom, en nous indiquant les positions des bataillons israéliens sur les flancs de montagne, côté libanais et syrien. Vous pouvez tout entendre, tout voir. Pour le renseignement, il s’agit d’un avantage exceptionnel."

En Syrie, la chute de Bachar el-Assad en décembre dernier, remplacé par Ahmed al-Charaa, a créé à la fois de nouvelles menaces et des opportunités pour Israël : elle a éliminé un pion essentiel de l’ennemi iranien dans la région, mais place à ses frontières un pays dirigé par des islamistes, dont certains issus de groupes terroristes. D’où l’occupation de la "zone tampon" au sud de la Syrie et les bombardements qui ont détruit 80 % du matériel de l’armée régulière syrienne en début d’année. "Le 7-Octobre a chamboulé notre manière de percevoir nos voisins, analyse un conseiller de Netanyahou. Ce n’est plus le même Israël, nous allons bien plus loin pour notre sécurité que nous ne l’aurions jamais imaginé : il y a deux ans, aucun d’entre nous n’aurait évoqué la possibilité de bombarder Damas et pourtant, aujourd’hui, nous le faisons sans problème [NDLR : le 16 juillet, l’armée israélienne a frappé le ministère de la Défense syrien pour protester contre l’intervention de ses troupes dans la province druze de Soueida]."

Frapper Damas et Téhéran, occuper toute la bande de Gaza ou maintenir des forces au sud Liban : l’objectif n’est plus seulement la sécurité d’Israël, il est aussi de donner une impression de sécurité aux Israéliens. "Pour ceux qui sont revenus vivre près de la frontière, il est indispensable, psychologiquement, de savoir que le Hezbollah ne revient pas les menacer, avance Sarit Zehavi, dont la terrasse donne sur le sud du Liban. Quand ils ouvrent leur fenêtre et qu’ils voient le drapeau israélien flotter sur ces collines, côté libanais, les gens d’ici se sentent en sécurité. De mon côté, je dors mieux le soir."

Le cœur de ce réacteur sécuritaire se trouve à Kirya, le Pentagone israélien, situé à quelques mètres de la place des otages de Tel-Aviv. Ici, dès 7 heures du matin, des centaines de jeunes Israéliens se pressent dans leur uniforme marron délavé pour prendre leur poste. Un haut gradé nous accueille dans le bâtiment Yitzhak Rabin, Premier ministre assassiné par un extrémiste israélien en 1995 pour avoir signé les accords d’Oslo avec l’Autorité palestinienne et symbole d’un espoir de cohabitation entre les deux peuples. Trente ans après sa mort, le ton a changé au sein de l’establishment israélien. "Soyons clairs, les massacres du 7-Octobre hantent ces murs, le traumatisme est toujours là", introduit ce haut gradé, dont cinq hommes ont été tués par le Hamas et un autre reste détenu en otage à Gaza.

Afin de nous faire comprendre l’état d’esprit dans lequel se trouvent ses troupes, ce général raconte une histoire aussi glaçante que révélatrice. Celle d’une soldate que nous appellerons Mazal : le 7 octobre 2023, elle se trouvait dans une base de Tsahal à la frontière avec la bande de Gaza. Son bâtiment est pris d’assaut par le Hamas, qui submerge rapidement les quelques militaires présents sur place. Mazal se cache sous un lit, dans une chambre, avec son fusil. Un membre du Hamas voit le bout de son arme dépasser de sa cachette, il l’agrippe et attrape la soldate, encerclée par sept terroristes. D’après le haut gradé, les hommes du Hamas obligent Mazal à se déshabiller, puis à se pencher en avant. Elle pense alors qu’elle va être violée, mais des coups de feu retentissent à l’extérieur. Les terroristes s’en vont, persuadés d’avoir affaire aux renforts israéliens, alors qu’il s’agissait en réalité d’autres militants du Hamas. Mazal en profite pour s’échapper et trouve une autre cachette, dans laquelle elle restera prostrée plusieurs heures avant l’arrivée des secours israéliens. "Aujourd’hui, Mazal gère les opérations humanitaires à Gaza", conclut le général israélien dans un regard de défi. Avec une question en suspens : comment peut-elle, après ce traumatisme, prendre soin de la population civile ennemie ?

Les civils gazaouis, sujet annexe dans la lutte à mort contre le Hamas

Gaza, ses plus de 60 000 morts d’après le Hamas (chiffre jugé crédible par les organisations internationales), son territoire rasé, sa situation humanitaire catastrophique. Depuis les kibboutzim attaqués le 7 octobre 2023, la vue sur l’enclave palestinienne est dégagée : plus aucun bâtiment ne dépasse, ne reste qu’un voile de fumée grise qui recouvre un champ de ruines. 2 millions de personnes vivent dans cet enfer, malgré tout. "Nous ne sommes pas dans une guerre de revanche, mais de nombreux civils palestiniens ont participé aux massacres, aux viols ou les ont célébrés", nous répond-on inlassablement dans les cercles de décideurs israéliens. Aucun responsable interrogé ne conteste la situation tragique dans l’enclave palestinienne, après deux ans de guerre et avec une aide humanitaire qui arrive au compte-goutte. Ils nient cependant toute famine, nettoyage ethnique ou intention génocidaire. "Comment imaginer qu’Israël, seule démocratie du Moyen-Orient, avec son histoire, puisse faire cela à des bébés…", fait ainsi mine de s’interroger un général.

Dans les conversations, le sort des 2 millions de civils palestiniens n’est que rarement abordé, sujet annexe dans une quête principale : éliminer le Hamas et ramener les otages israéliens. "Aujourd’hui en Israël, si vous parlez de faire la paix avec les Palestiniens, les gens vous regardent comme un ovni", résume la sondeuse Dahlia Scheindlin, grande spécialiste de l’opinion publique israélienne. A présent, la paix n’est plus synonyme de sécurité.

Une jeune mère palestinienne et son bébé souffrant de malnutrition à l'hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 24 juillet 2025
Une jeune mère palestinienne et son bébé souffrant de malnutrition à l'hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 24 juillet 2025

Face à cette opinion publique encore traumatisée, le gouvernement actuel fonce : le cabinet de Netanyahou tord le bras de Tsahal pour occuper militairement l’ensemble de la bande de Gaza et certains ministres appellent de plus en plus ouvertement à "l’exil volontaire" des Palestiniens de l’enclave. Un cabinet de conseil américain aurait ainsi présenté un plan pour "relocaliser" les Gazaouis en Somalie et au Somaliland, selon le Financial Times. "En Israël, on a tendance à beaucoup entendre les gens qui hurlent 'Tuez tous les Arabes', mais ils ne sont ni Premier ministre, ni ministre de la Défense, ce ne sont pas eux qui prennent les décisions, assure un haut gradé israélien, remonté que Tsahal soit associée à ces appels au nettoyage ethnique. Notre occupation du terrain à Gaza a uniquement un objectif militaire contre le Hamas."

A Gaza, comme au Liban ou en Syrie, le gouvernement israélien a fait le choix de la guerre pour assurer la sécurité de ses citoyens, au moins à court terme. Pourtant, sur le long terme, les conséquences de cette politique donnent le vertige. "En tant qu’Israélien, ma préoccupation première concerne les otages, ma famille et nos troupes, explique ainsi Nimrod Novik, ancien conseiller diplomatique du Premier ministre Shimon Peres. Je ne peux toutefois éprouver que de la honte quand je vois ce qui est fait en mon nom à Gaza, cette guerre sans fin et ses conséquences dévastatrices pour les civils… Ces images vont affecter profondément les jeunes générations des pays arabes voisins, dont les leaders craignent déjà les effets de leur radicalisation."

Ces dernières semaines, des manifestations ont visé le pouvoir en Egypte, accusé d’être complice des crimes commis à Gaza. De même en Jordanie, où la monarchie a dû interdire la confrérie des Frères musulmans, proche du Hamas et source d’une révolte potentielle. Comme les prémices d’une guerre perpétuelle, qu’Israël devra encore mener.

© afp.com/-

Le 13 mai 2024, de soldats opèrent dans la bande de Gaza, lors d'une cérémonie pour le Jour du Souvenir en Israël en hommage aux soldats tombés au combat et aux victimes d'attaques
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"C'est l'arnaque du siècle" : les éoliennes, futures cibles des droits de douane de Donald Trump ?

Elles seraient "laides", "inefficaces", et dégraderaient le paysage. Alors que le président américain Donald Trump est un farouche détracteur des éoliennes depuis le début de son mandat, son administration a révélé jeudi 21 août avoir lancé une enquête sur les importations vers le territoire américain des composants de cette énergie renouvelable, ne fermant pas la porte à l’imposition éventuelle de droits de douane.

Lancée le 13 août 2025 par le secrétaire au Commerce, cette procédure est menée dans le cadre d’une disposition légale connue sous le nom d’article 232, qui permet au gouvernement américain de protéger un secteur d’activité par des droits de douane s’il estime qu’il y a risque pour la sécurité nationale. Par le passé, Donald Trump a déjà utilisé cette disposition pour appliquer des droits de douane élevés sur les voitures, l’acier, l’aluminium et le cuivre, et le président américain menace d’appliquer de nouveaux droits de douane similaires sur les semi-conducteurs, les produits pharmaceutiques et les avions.

Une tentative pour freiner les éoliennes

Durant cette enquête sur l’énergie renouvelable, qui pourrait durer jusqu’à 270 jours et donner lieu à des auditions, l’administration va chercher à obtenir plus d’informations sur la production d’éoliennes aux Etats-Unis, la concentration des importations venues d’un "petit nombre de fournisseurs ou de pays étrangers et les risques associés". Elle cherchera également à déterminer si des "mesures supplémentaires, y compris des droits de douane ou des quotas, sont nécessaires pour protéger la sécurité nationale". Cette annonce intervient au moment où l’administration du président républicain, chantre de "l’Amérique d’abord", négocie des accords commerciaux en imposant des droits de douane, comme avec l’Union Européenne.

Selon les analystes du cabinet de conseil stratégique Capstone, cités par le New York Times, l’enquête sur les éoliennes et leurs composants serait susceptible d'entraîner une hausse du prix des matériaux importés dont dépendent les projets éoliens, ce qui constitue à leurs yeux "une tentative visant à freiner davantage le développement de l’éolien". Pour ces experts, les droits de douane seraient particulièrement pénalisants pour les développeurs de projets éoliens offshore comme ceux en cours à New York, car ils ont tendance à dépendre davantage des importations.

Donald Trump n’a jamais fait mystère de son horreur des éoliennes. "Les éoliennes, stupides et laides, sont en train de tuer le New Jersey", a-t-il martelé mardi, sur sa plateforme Truth Social. "Tout Etat qui a construit et misé sur des éoliennes et l’énergie solaire pour s’approvisionner voit des augmentations record des coûts d’électricité et d’énergie. [C’est] l’arnaque du siècle", a-t-il encore critiqué mercredi. Convaincu que "le vent, ça ne marche pas", le milliardaire a ordonné vendredi l'arrêt des travaux sur l'immense projet Revolution Wind, un parc éolien en mer au large de la côte nord-est, pourtant achevé à 80 %. Ce projet, dont la construction a démarré l'an dernier après avoir reçu toutes les autorisations nécessaires, doit alimenter plus de 350 000 foyers de l'Etat de Rhode Island, selon son constructeur, l'entreprise danoise d'énergie renouvelable Orsted.

© L'Express

Google va s'associer à d'autres investisseurs pour financer un projet de ferme éolienne au large de la côte Est des Etats-Unis. Elle alimentera 1,9 million de foyers.
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Semi-conducteurs : les Etats-Unis vont prendre 10 % du capital d'Intel

"C'est un grand honneur pour moi d'annoncer que les Etats-Unis possèdent désormais pleinement 10% du capital d'Intel, une grande entreprise américaine avec désormais un futur encore plus incroyable", a écrit Donald Trump sur sa plateforme Truth Social. "J'ai négocié cet accord avec Lip-Bu Tan (le directeur général du groupe, NDLR). Les Etats-Unis n'ont rien payé pour ces parts qui sont désormais valorisées environ onze milliards de dollars. C'est un grand accord pour les Etats-Unis et pour Intel", s'est-il félicité.

Le président américain avait affirmé un peu plus tôt dans la journée, dans le Bureau ovale, qu'Intel avait accepté la proposition de son gouvernement, ajoutant qu'il pensait "que c'est un très bon accord pour eux". Dans un communiqué, Intel a précisé que l'investissement de l'Etat américain s'élevait à 8,9 milliards de dollars, dont une partie correspondant aux subventions qui n'avaient pas été encore versées, auxquels s'ajoutent les 2,2 milliards de subventions déjà versées, soit au total un investissement d'un peu plus de 11 milliards de dollars. "Nous sommes reconnaissants de la confiance dans Intel affichée par le président et le gouvernement et souhaitons travailler afin de renforcer la domination technologique et industrielle des Etats-Unis", a déclaré M. Tan, cité dans le communiqué.

Le gouvernement américain souhaitait obtenir des parts au capital de l'entreprise en échange de subventions déjà prévues par l'ancien président Joe Biden, avait également précisé la semaine dernière Howard Lutnick, le secrétaire au Commerce.

Concurrence asiatique

Ces subventions intervenaient dans le cadre du Chips Act, la loi votée sous le prédécesseur démocrate de Donald Trump, visant à inciter l'installation dans le pays de toute la chaîne de valeur des puces et semi-conducteurs. Mais le président américain cherche lui à attirer les entreprises en imposant des droits de douane sur les produits importés dans le pays, faisant le pari qu'elles préféreront venir y implanter des usines plutôt que de devoir payer la surtaxe. "Nous devrions recevoir du capital en échange de notre argent", avait déclaré Howard Lutnick. "Nous verserons l'argent qui a été engagé par (le gouvernement de Joe) Biden et nous aurons des titres en échange".

Une entrée au capital d'Intel désormais actée donc, mais qui s'est néanmoins faite sans droit de vote ni siège au conseil d'administration du groupe, a précisé M. Lutnick. Intel est l'une des entreprises les plus emblématiques de la Silicon Valley, mais son succès a été éclipsé par les mastodontes asiatiques TSMC et Samsung, qui dominent le marché des semi-conducteurs.

Début août, Donald Trump s'en était pris à Lip-Bu Tan, l'accusant de faire "face à un grave conflit d'intérêts" et l'appelant à "démissionner immédiatement", avant de le recevoir le 11 août à la Maison Blanche lors d'une rencontre qualifiée par le président américain de "très intéressante". Le géant japonais des investissements dans les technologies SoftBank Group a également annoncé la semaine dernière sa volonté d'investir deux milliards de dollars au capital d'Intel, ce qui porterait sa participation à 2%.

© NurPhoto via AFP

Le logo Intel est affiché sur un téléphone portable avec un graphique boursier en arrière-plan sur cette illustration photographique prise à Bruxelles, en Belgique, le 20 août 2025. (Photo de Jonathan Raa/NurPhoto) (Photo de Jonathan Raa / NurPhoto via AFP)
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"Ne parlez pas hébreu en public" : l’été sous haute tension des touristes israéliens en Europe

Une véritable chasse à l’homme, en plein cœur d’un parc de vacances familial aux Pays-Bas. Ce 21 août, un groupe de touristes israéliens a été agressé dans un Center Parcs près d’Eindhoven, dans le sud du pays, quelques jours après la diffusion d’une vidéo particulièrement alarmante : un groupe de militants pro-palestiniens avait filmé en caméra cachée des familles israéliennes, dont des enfants, dans ce parc et appelait à "rendre justice" contre "ces potentiels criminels de guerre de l’entité sioniste". Jeudi soir, deux voyageurs israéliens ont été hospitalisés et la police néerlandaise a ouvert une enquête.

Le même jour, en France, dans les Pyrénées-Orientales, un autre groupe de touristes israéliens a été pris pour cible : 150 jeunes vacanciers, âgés de 8 à 16 ans, se sont vu refuser l’accès à un parc de loisirs, le gérant avançant "des convictions personnelles" pour leur barrer la route. L’homme de 52 ans a été placé en garde à vue pour "discrimination fondée sur la religion dans le cadre de l’offre ou de la fourniture d’un bien ou d’un service".

La principale recherche Google en Israël : "Quel est le pays le moins antisémite d’Europe ?"

En Europe, l’été a été rythmé par des affaires d’hostilité envers des touristes israéliens, allant jusqu’aux agressions physiques. En juillet, des manifestants pro-palestiniens ont empêché un navire d’accoster sur l’île de Syros, parce qu’il transportait des voyageurs israéliens. Le même scénario s’est déroulé dans la ville portuaire de Volos, mi-août, mais les touristes ont pu débarquer cette fois, après une intervention musclée de la police grecque. A Sarajevo, en Bosnie, des employés d’un hôtel ont jeté à la poubelle les passeports de 47 clients israéliens, sans que l’enquête n’ait pour l’instant déterminé s’il s’agissait d’un acte malveillant ou non…

En Espagne ou en Autriche, plusieurs restaurants ont été épinglés pour avoir refusé de servir des clients parlant hébreu et, sur les réseaux sociaux, on ne compte plus le nombre de vidéos dans lesquelles des internautes hurlent "Free Palestine" à des touristes arrivant d’Israël… "Ce genre d’incidents est multidiffusé dans la presse israélienne et sur les réseaux sociaux, ce qui crée une ambiance dans laquelle les Israéliens ont vraiment peur de dire qu’ils sont d’Israël ou de parler en hébreu, avance Hen Feder, porte-parole de l’ambassade d’Israël en France. Résultat, ils n’ont d’autre choix que de se montrer beaucoup plus prudents à l’étranger."

Cette année, pour préparer leurs vacances, les Israéliens ont dû changer leurs habitudes : la météo ou les prix des hôtels et restaurants ne sont plus les critères déterminants d’un voyage réussi. Sur Google, la question la plus posée en juin en Israël était : "Quel est le pays le moins antisémite d’Europe ?" Le reflet d’une angoisse profonde, après deux ans de guerre dans la bande de Gaza et d’une vague de haine contre la communauté juive qui touche toute l’Europe depuis le 7-Octobre. "Les meilleures vacances pour les Israéliens aujourd’hui, c’est de rester chez soi, assure Basel, serveur dans un restaurant de Tel-Aviv. Malgré les missiles de l’Iran ou le risque terroriste, Israël reste plus sûr que l’Europe pour les juifs. Là-bas, nous sommes obligés de murmurer pour ne pas risquer de nous faire attaquer…"

Dans un rapport publié en juillet, Google indique que les recherches de ses utilisateurs israéliens liées à l’antisémitisme en Europe ont augmenté de 5 000 % en un an. Le moteur de recherche établit le profil type du touriste israélien pour 2025 : il est déterminé à voyager mais cherche avant tout une destination sans danger ; il préfère louer un appartement qu’aller à l’hôtel ; et il choisit des dates de vacances décalées par rapport au reste du monde, afin d’éviter les foules.

Les voyageurs israéliens privilégient l’Est de l’Europe

Notre pays, première destination touristique mondiale, n’est pas épargné par ce phénomène. Les images des manifestations pro-palestiniennes et l’explosion d’actes antisémites depuis le 7-Octobre (+ 283 % en 2023, selon la Commission nationale consultative de droits de l’homme) ont terni la perception des touristes israéliens. "Sur notre échelle de risques pour les voyageurs, qui monte jusqu’à 4, la France se situe aujourd’hui au niveau 2, indique Hen Feder. On conseille aux Israéliens de ne pas parler hébreu en public et de ne pas dire leur pays d’origine à des inconnus." D’après le rapport de Google, Paris a disparu du top 10 des destinations les plus prisées par les Israéliens, quand Istanbul ne fait même plus partie du top 100. Londres, théâtre de manifestations pro-palestiniennes récurrentes, a aussi chuté dans ce classement.

Dans ce climat de tensions avec l’Europe occidentale, les voyageurs israéliens se sont davantage tournés vers l’Est cette année : la Hongrie, Vienne ou la Pologne ont vu leur fréquentation décoller. Le grand vainqueur ? Prague, capitale de la République tchèque, réputée particulièrement chaleureuse envers les Israéliens. "Les gens y sont effectivement très amicaux avec nous, témoigne Shlomi, chauffeur de taxi à Jérusalem qui s’est rendu pour la première fois à Prague en juin. Mais il faut quand même rester prudent : j’ai payé avec ma carte de crédit israélienne dans un magasin sans y penser et, en sortant, le vendeur a crié : 'il vient d’Israël, il vient d’Israël !' J’ai dû partir au plus vite, sans vraiment comprendre s’il était agressif ou non."

Si les Israéliens restent de grands voyageurs, ils se déplacent depuis toujours avec le risque d’agression en tête, tant leur pays déchaîne les passions depuis sa création en 1948. "Être prudent à l’étranger fait partie de l’ADN des Israéliens, parce que partout dans le monde des gens nous détestent et peuvent nous mettre en danger, souligne le diplomate Hen Feder. Depuis le 7-Octobre, ces personnes n’ont simplement plus honte de dire tout haut leur haine des Israéliens."

Début août, dans un sondage publié par le média Channel 12, une majorité d’Israéliens se déclarait inquiets de ne plus pouvoir voyager à l’étranger en raison des émotions suscitées par la guerre dans la bande de Gaza. L’hostilité montrée par certains Européens cette année ne devrait pas inverser la tendance.

© NurPhoto via AFP

Le 21 août 2025, des dizaines de manifestants se sont rassemblés devant le consulat israélien à Barcelone pour protester contre la guerre à Gaza.
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Une rencontre Poutine-Zelensky ? C'est comme mélanger "de l’huile et du vinaigre", selon Donald Trump

La rencontre entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, annoncée lundi avec confiance par Donald Trump, aura-t-elle vraiment lieu un jour ? Le doute est permis face aux dernières déclarations de Moscou. Après avoir souligné mercredi qu’une telle réunion devait être préparée minutieusement, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé ce vendredi qu’il n’y avait à ce stade "pas de rencontre prévue" entre Vladimir Poutine et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. De son côté, Donald Trump a dit que réunir les deux dirigeants équivalait à mélanger "de l’huile et du vinaigre".

Les infos à retenir

⇒ Donald Trump dit que réunir Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky équivaut à mélanger "de l’huile et du vinaigre"

⇒ La Russie affirme qu’il n’y a "pas de rencontre prévue" entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky

⇒ Moscou revendique la prise de trois villages dans la région de Donetsk

Donald Trump dit que réunir Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky équivaut à mélanger "de l’huile et du vinaigre"

Donald Trump, qui peine à réunir comme il l’a promis le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et son homologue russe, Vladimir Poutine, a lancé ce vendredi que cela équivalait à mélanger "de l’huile et du vinaigre".

"Nous allons voir si Poutine et Zelensky vont travailler ensemble. Vous savez, c’est un peu comme l’huile et le vinaigre. Ils ne s’entendent pas très bien, pour des raisons évidentes", a dit le président américain pendant un court échange avec des journalistes.

La Russie affirme qu’il n’y a "pas de rencontre prévue" entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky

La Russie a affirmé ce vendredi qu’il n’y avait "pas de rencontre prévue" entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, selon le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

"Poutine est prêt à rencontrer Zelensky lorsque l’ordre du jour de ce sommet sera prêt. Et cet ordre du jour n’est absolument pas prêt", a assuré Sergueï Lavrov dans une interview à la chaîne américaine NBC. Selon lui, Washington aimerait que les belligérants acceptent "plusieurs principes" en vue du futur règlement, notamment la non-adhésion de l’Ukraine à l’Otan et la discussion d’échanges territoriaux. Mais "Zelensky a dit 'non' à tout cela", a accusé Sergueï Lavrov.

Donald Trump se dit "pas content" que la Russie ait frappé une usine américaine en Ukraine

Donald Trump s'est dit ce vendredi mécontent que la Russie ait frappé une usine américaine en Ukraine et "pas content" en général de la poursuite de la guerre dans ce pays. "Je ne suis pas content de cela et je ne suis pas content de tout ce qui concerne la guerre", a répondu le président des Etats-Unis interrogé à propos d'une frappe russe jeudi qui a largement détruit une entreprise américaine dans la ville de Moukatchevo, dans l'ouest de l'Ukraine.

La Russie revendique la prise de trois villages dans la région de Donetsk

La Russie a revendiqué vendredi la prise de trois villages dans la région de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine, intensifiant la pression militaire sur le terrain, au moment où les efforts diplomatiques s’accélèrent ces dernières semaines pour trouver une issue au conflit.

Le ministère russe de la Défense a affirmé, dans un communiqué diffusé sur Telegram, avoir capturé les villages de Katerynivka, de Volodymyrivka et de Rusyn Yar dans cette région annexée par Moscou.

L’armée russe a accru ses gains territoriaux ces derniers mois face à des forces ukrainiennes moins nombreuses et moins bien équipées. Mercredi déjà, elle avait revendiqué la capture de trois localités à l’est.

Kim Jong-un décore ses soldats déployés en soutien de la Russie contre l’Ukraine

Des images diffusées vendredi par les médias d’Etat nord-coréens ont montré Kim Jong-un agenouillé devant les portraits de soldats morts au combat pour la Russie contre l’Ukraine, et embrassant un survivant du conflit.

Lors d’une cérémonie qui est tenue au siège du Parti des travailleurs de Corée à Pyongyang, Kim Jong-un a salué les soldats "héroïques" et "admirables", revenus après avoir enduré "les rafales de balles et les bombes". Les images montrent le dirigeant nord-coréen, apparemment sous le coup de l’émotion, embrassant un soldat qui semble bouleversé, le visage contre le torse de son chef. On peut également voir le dirigeant s’agenouiller devant le portrait d’un soldat tombé au combat, avant de déposer des médailles et des fleurs devant d’autres. Le dirigeant a également décerné, selon l’agence KCNA, le titre de "héros de la république populaire démocratique de Corée", le nom officiel de la Corée du Nord, aux commandants qui ont combattu dans des opérations à l’étranger et "accompli des exploits remarquables".

En avril, la Corée du Nord a confirmé pour la première fois qu’elle avait déployé un contingent de ses soldats face aux troupes ukrainiennes aux côtés des troupes russes.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est reçu à la Maison Blanche par Donald Trump le 18 août 2025
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Droits de douane : La Poste annonce suspendre les envois de colis vers les Etats-Unis

La Poste va suspendre dès lundi prochain les envois de colis vers les Etats-Unis, en dehors des envois de cadeaux entre particuliers de moins de 100 euros, en raison du récent durcissement des règles douanières américaines, a annoncé ce vendredi 22 août le groupe public français.

La Poste s’est dite "contrainte" dans un communiqué, "du fait de spécifications et modalités techniques toujours incomplètes et du délai extrêmement court pour se préparer". Cette annonce intervient quelques heures après que la poste allemande a pris des mesures similaires, restreignant considérablement, "de manière provisoire", l’envoi de colis et de marchandises vers les Etats-Unis.

Une interruption qui se généralise en Europe

D’autres postes nationales européennes ont pris le même pli : "A titre d’exemples, BPost (la poste belge), Correos (la poste espagnole), PostNord (le réseau suédo-danois), Deutsche Post (la poste allemande), ou encore Austrian Post (la poste autrichienne) ont déjà annoncé l’interruption des envois de colis postaux à destination des Etats-Unis", a rappelé La Poste dans son communiqué. PostEurop - qui réunit les 51 acteurs postaux européens en charge du service universel postal - avait alerté le 19 août dans un communiqué sur ce risque de suspension au niveau européen.

La Poste expédie vers les Etats-Unis 1,6 million de colis par an en moyenne, dont 80 % proviennent des entreprises et 20 % des particuliers. Chronopost "fonctionne normalement" et ne sera donc pas impacté par cette mesure, a quand même voulu préciser le groupe public français.

Fin juillet, l’administration Trump a annoncé mettre fin à l’exemption de taxes sur les petits colis entrant aux Etats-Unis à compter du 29 août. Washington taxera ainsi les livraisons postales - d’une valeur inférieure à 800 euros - au même niveau que les autres produits provenant de l’UE, soit à 15 %, selon l’accord commercial conclu fin juillet.

© afp.com/GEOFFROY VAN DER HASSELT

La Poste s'est dite "contrainte" a prendre cette mesure, "du fait de spécifications et modalités techniques incomplètes".
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Etats-Unis : l’ancien conseiller de Donald Trump, John Bolton, dans le viseur du FBI

La police fédérale américaine (FBI) a perquisitionné, ce vendredi 22 août, le domicile de John Bolton, ex-conseiller de Donald Trump à la sécurité nationale lors du premier mandat du républicain et qui en est devenu depuis l’un des plus fervents critiques.

Des agents du FBI entraient et sortaient tôt vendredi de la maison en banlieue de la capitale Washington de cet ancien haut responsable à la Maison-Blanche.

"PERSONNE n’est au-dessus de la loi… Les agents du FBI sont en mission", a déclaré sur X le directeur de la police fédérale, Kash Patel, sans que ce proche allié de Donald Trump ne précise quelle affaire il évoque. Selon le tabloïd New York Post, qui cite un responsable de l’administration Trump, l’enquête aurait été ordonnée directement par Kash Patel.

Interrogé par la presse, Donald Trump a déclaré ne pas avoir été informé par le FBI de cette perquisition, avant de lancer plusieurs piques à son ancien conseiller. "Je ne suis pas fan de John Bolton. C’est vraiment un moins-que-rien", a déclaré le président américain. "Ce n’est pas un gars intelligent, mais il pourrait aussi être très antipatriotique, on va voir ça", a ajouté Donald Trump.

Selon le New York Times et d’autres médias américains, la perquisition a été ordonnée pour déterminer si John Bolton avait partagé ou était en possession illégalement de documents classifiés.

De trumpiste à opposant farouche

De retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump avait signé un décret exécutif accusant John Bolton d’avoir révélé "des informations sensibles du temps où il était" à la Maison-Blanche, de 2018 à 2019. Il avait également privé son ancien conseiller de la protection du Secret Service, l’agence chargée de protéger les hautes personnalités politiques aux Etats-Unis, et l’avait traité d'"idiot". Il lui avait également coupé tout accès à des données de sécurité et de renseignement.

John Bolton avait dit être la cible d’un projet d’assassinat fomenté par l’Iran entre 2021 et 2022 et avait affirmé en janvier que "la menace demeure". Téhéran aurait ainsi voulu venger la mort de son général Qassem Soleimani, tué le 3 janvier 2020 dans une frappe de drone en Irak ordonnée par Donald Trump lors de son premier mandat (2017-2021).

Avec son visage barré d’une épaisse moustache, ce républicain de 76 ans s’était fait connaître à l’international comme ambassadeur à l'ONU sous la présidence de George W. Bush, durant la guerre en Irak. A son départ de la Maison-Blanche, il avait commencé à prendre position contre les politiques menées par Donald Trump. Il avait présenté, dans un livre paru en 2020, son ancien patron comme obnubilé par sa seule réélection et "inapte" à diriger la première puissance mondiale. Récemment, il a critiqué la tenue du sommet entre le président américain et Vladimir Poutine en Alaska.

© afp.com/Yuri KADOBNOV

L'ancien conseiller de la Maison-Blanche à la sécurité nationale John Bolton à Moscou le 23 octobre 2018.
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L'ONU déclare officiellement la famine à Gaza, Israël dénonce un "mensonge éhonté"

Alors que Benyamin Netanyahou a ordonné jeudi l’ouverture de négociations pour libérer "tous" les otages à Gaza, en réponse à une nouvelle proposition de trêve dans le territoire palestinien, le ministre israélien de la Défense Israël Katz a menacé ce vendredi 22 août de détruire la ville de Gaza si le Hamas n’accepte pas la paix aux conditions de l’Etat hébreu. Une menace formulée le jour même où l'ONU a officiellement déclaré la famine à Gaza, après que ses experts ont averti que 500 000 personnes se trouvaient dans un état "catastrophique". Ce rapport est un "mensonge éhonté", a répondu Benyamin Netanyahou.

Les infos à retenir

⇒ L'ONU déclare la famine à Gaza, la première au Moyen-Orient

⇒ Le rapport de l'ONU est un "mensonge éhonté", selon Benyamin Netanyahou

⇒ Israël menace de détruire la ville de Gaza si le Hamas n’accepte pas la paix à ses conditions

L'ONU déclare la famine à Gaza, la première au Moyen-Orient

L'ONU a officiellement déclaré ce vendredi la famine à Gaza, la première à toucher le Moyen-Orient, après que ses experts ont averti que 500 000 personnes se trouvaient dans un état "catastrophique". Après des mois de mise en garde contre une famine dans le territoire ravagé par la guerre, le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), un organisme de l'ONU basé à Rome, a confirmé qu’une famine était en cours dans le gouvernorat de Gaza et qu’elle devrait s’étendre aux gouvernorats de Deir el-Balah et Khan Younès d’ici fin septembre, pour toucher presque 641 000 personnes à cette date.

Pour l’IPC, une famine est en cours lors que trois éléments sont réunis : au moins 20 % des foyers (un sur cinq) doivent affronter un manque extrême de nourriture, au moins 30 % des enfants de moins de cinq ans (un sur trois) souffrent de malnutrition aiguë, et au moins deux personnes sur 10 000 meurent de faim chaque jour.

Cette famine "aurait pu être évitée" sans "l’obstruction systématique d’Israël", a accusé le responsable de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, Tom Fletcher. "C’est une famine que nous aurions pu éviter si on nous l’avait permis. Pourtant, la nourriture s’accumule aux frontières en raison de l’obstruction systématique d’Israël", a-t-il déclaré lors d’un point de presse à Genève, ajoutant que "cette famine va et doit nous hanter tous".

Le chef des droits humains des Nations unies, Volker Türk, a rappelé dans la foulée qu'"affamer des gens à des fins militaires est un crime de guerre". "Nous ne pouvons pas laisser cette situation perdurer en toute impunité", a lancé pour sa part le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. "Nous avons besoin d’un cessez-le-feu immédiat, de la libération immédiate de tous les otages et d’un accès humanitaire total et sans entrave", a-t-il ajouté.

Le rapport de l'ONU est un "mensonge éhonté", selon Benyamin Netanyahou

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a dénoncé ce vendredi comme un "mensonge éhonté" le rapport de l'ONU déclarant la famine à Gaza, et renvoyé la responsabilité des pénuries sur le Hamas.

"Israël n’a pas de politique de famine. Israël a une politique de prévention de la famine", indique un communiqué du bureau de Benyamin Netanyahou, pour qui "les seuls à être délibérément affamés à Gaza sont les otages israéliens" du Hamas. Le rapport onusien conduit par l’IPC "ignore les efforts humanitaires d’Israël et les vols systématiques de l’aide par le Hamas", déplore Benyamin Netanyahou, selon qui "ce sont ces vols qui ont causé les pénuries temporaires, qu’Israël a surmontées grâce" à ses actions.

"L’IPC vient de publier un rapport fabriqué'sur-mesure'pour la fausse campagne du Hamas", écrit de son côté le ministère israélien des Affaires étrangères dans un communiqué. Accusant l’IPC de s’être "détourné de ses propres règles et (d’avoir) ignoré ses propres critères", le communiqué ajoute que "l’ensemble du (rapport) est fondé sur les mensonges du Hamas blanchis par des organisations ayant des intérêts particuliers".

"Ces dernières semaines, la bande de Gaza a été inondée par un afflux massif d’aide en denrées de base ayant provoqué une forte baisse des prix alimentaires", ajoute le communiqué. Selon le ministère, "chaque prévision faite par l’IPC sur Gaza pendant la guerre (en cours depuis près de deux ans entre Israël et le Hamas) s’est révélée infondée et totalement fausse". "Cette évaluation aussi sera jetée à la poubelle des immondices des documents politiques méprisables", conclut-il.

Le Cogat, organisme du ministère israélien de la Défense supervisant les affaires civiles dans les Territoires palestiniens occupés a lui aussi dénoncé le rapport IPC comme étant "mensonger et partial".

Israël doit "subvenir aux besoins de base de la population" de Gaza, selon la Croix-Rouge

Israël, en tant que force d’occupation, a l’obligation de "subvenir aux besoins de base de la population" de Gaza selon le droit international, a rappelé vendredi le Comité international de la Croix-Rouge. Cela "doit servir de catalyseur pour une action immédiate et concrète. Tout retard supplémentaire coûtera des vies. Toutes les parties au conflit - et les États ayant une influence sur elles - doivent faire bien davantage pour permettre un accès humanitaire sûr, soutenu et impartial", a ajouté le CICR dans un bref communiqué.

Israël menace de détruire la ville de Gaza si le Hamas n’accepte pas la paix à ses conditions

La ville de Gaza sera détruite si le Hamas n’accepte pas la paix aux conditions dictées par Israël, a menacé ce vendredi 22 août le ministre israélien de la Défense Israël Katz.

"Bientôt, les portes de l’enfer s’ouvriront sur les meurtriers et les violeurs du Hamas à Gaza, jusqu’à ce qu’ils acceptent les conditions posées par Israël pour mettre fin à la guerre, principalement la libération de tous les otages et le désarmement" du mouvement islamiste palestinien, écrit le ministre sur son compte X. "S’ils n’acceptent pas, Gaza, la capitale du Hamas, deviendra Rafah ou Beit Hanoun", a-t-il ajouté, faisant référence à deux villes de la bande de Gaza largement rasées par Israël dans la guerre qui l’oppose au Hamas depuis bientôt deux ans.

© afp.com/BASHAR TALEB

Des Palestiniens courent vers un lieu de chute des colis d'aide humanitaire largués par un avion militaire près de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 20 août 2025
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L'arrestation d'un agent de la DGSE au Mali, nouvelle étape du bras de fer entre Paris et Bamako

Au Mali, plusieurs interpellations ont eu lieu dans le cadre d’une vaste purge menée depuis le début du mois d’août. Parmi les personnes ciblées : des hauts gradés maliens, mais aussi le Français Yann V, agent de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), arrêté le 14 août à Bamako.

Affecté à l’ambassade de France, et dûment déclaré comme officier de renseignement auprès des autorités locales, Yann V. a été placé en détention en violation de son immunité diplomatique, a rapporté le journal Jeune Afrique, mercredi 20 août. L’espion est soupçonné par les autorités maliennes d’avoir "mobilisé des responsables politiques, des acteurs de la société civile et des militaires, dont les généraux de brigade Abass Dembélé et Nema Sagara", dans le cadre d’une présumée conspiration.

Le ministère français des Affaires étrangères a réagi à cette arrestation le samedi 16 août, déclarant que l’accusation de tentative de déstabilisation des institutions était "sans fondement". "Un dialogue est en cours (avec les autorités maliennes) afin de dissiper tout malentendu" et obtenir la "libération sans délai" de ce membre de l’ambassade de France à Bamako, avait ajouté le Quai d’Orsay.

Violation de l’immunité diplomatique

L’homme de la DGSE était présent sur le sol malien sous sa véritable identité et accrédité comme agent diplomatique français. A ce titre, il bénéficie de l’immunité diplomatique réglementée par la convention de Vienne de 1961, ratifiée par le Mali depuis 1968. Celle-ci interdit notamment toute arrestation ou détention dans un pays tiers, ainsi que la divulgation de l’identité des diplomates. Affecté à l’ambassade de France en qualité de deuxième secrétaire, ce militaire de carrière était en poste depuis un an, précise Le Monde. Les autorités maliennes ont dévoilé son visage et diffusé son nom complet, en totale violation de la réglementation internationale.

Selon Jeune Afrique, l’intéressé n’avait reçu, jusqu’au mercredi 20 août au soir, aucune visite dite "consulaire", à savoir d’un membre de l’ambassade ou d’un représentant officiel. Le ministère français des Affaires étrangères a souligné que Yann V. bénéficie du "statut de la convention de Vienne régissant les relations diplomatiques", et demande donc sa libération "en application de cette convention". Cette dernière garantie aussi une protection physique absolue et les autorités maliennes ne pouvaient, à leur gré, le déclarer persona non grata et demander son expulsion.

L’agent de la DGSE se chargeait notamment de la coordination avec ses homologues maliens en matière de contre-terrorisme, "un domaine où, malgré les tensions politiques, la coopération est restée active", rappelle une source du Figaro. Il serait détenu depuis le 16 août pour être interrogée par la Sécurité d’Etat (SE), les services secrets maliens. Une dizaine d’officiers et de hauts gradés maliens ont également été arrêtés au cours de l’opération, accusés d’avoir fomenté un coup d’Etat.

Une série d’arrestations

La junte malienne - dirigée par le président Assimi Goïta et elle-même arrivée au pouvoir grâce à deux coups d’Etat en 2020 et 2021 - avait effectivement annoncé le 13 août "l’arrestation d’un groupuscule d’éléments marginaux des forces armées de sécurité maliennes", qui cherchait, selon elle, à "déstabiliser les institutions de la République" avec "l’aide d’Etats étrangers". Ainsi, au sein du ministère des Affaires étrangères français, on estimait ce jeudi que l’arrestation de Yann V. pourrait avoir été un moyen pour le pouvoir malien "de faire accepter une purge visant des officiers populaires au sein de l’armée", rapporte Le Monde.

L’interpellation a lieu dans un contexte de tensions croissantes entre la France et les pays du Sahel. Ces derniers, après une série de coups d’Etat militaires, se sont de plus en plus éloignés de l’ancienne puissance coloniale. Mais, en dépit des tensions politiques existant notamment entre Paris et Bamako après la précédente expulsion de l’ambassadeur de France à Bamako, Joël Meyer, début 2022, les deux pays avaient poursuivi un dialogue sur le terrain sécuritaire, souligne Le Monde.

Ce pays d’Afrique de l’Ouest, coutumier des troubles politiques, est dirigé par des militaires dans un contexte de restrictions sévères des libertés par la junte et de violences djihadistes meurtrières sur le territoire.

© afp.com/Gousno

Le ministère français des Affaires étrangères considère que l’accusation de tentative de coup d'Etat est "sans fondement".
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Gaza : l'ONU déclare officiellement l’état de famine, une première au Moyen-Orient

L'ONU a officiellement déclaré ce vendredi 22 août une famine "entièrement causée par l’homme" dans la plus grande ville de Gaza et ses environs. Des experts ont averti que 500 000 personnes se trouvaient dans un état "catastrophique" et que c’était la première famine officiellement déclarée au Moyen-Orient. "C’est une famine que nous aurions pu éviter si on nous l’avait permis. Pourtant, la nourriture s’accumule aux frontières en raison de l’obstruction systématique d’Israël", a accusé à Genève le responsable de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, Tom Fletcher.

Le chef des droits humains des Nations unies, Volker Türk a aussi rappelé qu'"affamer des gens à des fins militaires est un crime de guerre", peu de temps après l’annonce de l’organisation internationale. "Nous ne pouvons pas laisser cette situation perdurer en toute impunité, a lancé pour sa part le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. "Nous avons besoin d’un cessez-le-feu immédiat, de la libération immédiate de tous les otages et d’un accès humanitaire total et sans entrave."

L'ONU s’est aussitôt attiré les foudres d’Israël, le ministère israélien des Affaires étrangères affirmant "qu’il n’y a pas de famine à Gaza". Dans un communiqué, il a dénoncé le rapport du groupe d’experts du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), basé à Rome, déclarant qu’il était "fondé sur les mensonges du Hamas, recyclés par des organisations ayant des intérêts particuliers".

Conditions "catastrophiques"

Après des mois de mise en garde contre une famine dans le territoire ravagé par la guerre, l’IPC a confirmé qu’une famine était en cours dans le gouvernorat de Gaza (Gaza City), et qu’elle devrait s’étendre aux provinces de Deir el-Balah et Khan Younès d’ici fin septembre.

Le gouvernorat de Gaza représente environ 20 % de la bande de Gaza en superficie. Avec ceux de Khan Younès (29,5 %) et Deir el-Balah (16 %), c’est 65,5 % du territoire qui est concerné, soit environ les deux tiers de la superficie totale de la bande de Gaza. Au sein de cette enclave de 365 kilomètres carrés, plus de deux millions de Palestiniens s’entassent.

Selon des experts de l'ONU, plus d’un demi-million de personnes à Gaza affrontent des conditions "catastrophiques", le niveau de détresse alimentaire le plus élevé de l’IPC, caractérisé par la famine et la mort. Ce chiffre, basé sur informations recueillies jusqu’au 15 août, devrait monter à presque 641 000 d’ici fin septembre. Selon l’IPC, il s’agit de la détérioration la plus grave de la situation depuis le début de ses analyses dans la bande de Gaza.

Pour l’organisme onusien, une famine est en cours lorsque trois éléments sont réunis : au moins 20 % des foyers (un sur cinq) doivent affronter un manque extrême de nourriture, au moins 30 % des enfants de moins de cinq ans (un sur trois) souffrent de malnutrition aiguë, et au moins deux personnes sur 10 000 meurent de faim chaque jour.

L’IPC a aussi souligné que le système alimentaire local s’est également effondré, avec environ 98 % des terres cultivées dans la bande de Gaza qui sont soit endommagées, soit inaccessibles, soit les deux. Le bétail a été décimé et la pêche est interdite. De plus, le système de santé s’est gravement détérioré, tandis que l’accès à l’eau potable et à une hygiène adéquate a été drastiquement réduit.

Cette situation est le résultat de l’escalade du conflit ces derniers mois, qui a entraîné des déplacements massifs de population combinés à des accès restreints aux approvisionnements alimentaires causés par Israël.

Blocage de l’aide alimentaire

Début mars, Israël a totalement interdit l’entrée des aides à Gaza, avant d’autoriser fin mai l’acheminement de quantités très limitées, entraînant de graves pénuries de nourriture, de médicaments et de carburant. Fin juillet, Tel Aviv avait aussi autorisé des largages d’aide alimentaire et humanitaire sur la bande de Gaza, jugés insuffisants face à la famine d’après des organisations internationales.

Israël, qui contrôle tous les accès à Gaza, accuse le Hamas de piller les aides, ce qu’il nie, et les organisations humanitaires de ne pas les distribuer. Mais celles-ci ont affirmé qu’Israël imposait des restrictions excessives et jugé très dangereux de distribuer l’aide en pleine guerre.

Jeudi 21 août, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a annoncé avoir donné des instructions "pour lancer immédiatement des négociations pour la libération de tous [les] otages et pour mettre fin à la guerre dans des conditions acceptables pour Israël". Celui-ci a par ailleurs dit se préparer "à approuver" les plans de l’armée pour la prise de la ville de Gaza.

© afp.com/Omar AL-QATTAA

Les Nations Unis ont rappelé qu'"affamer des gens à des fins militaires est un crime de guerre".
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Corée du Nord : Kim Jong-un rappelle ses officiers déployés en Russie et couvre d’éloges ses troupes "héroïques"

Plus d’une douzaine de commandants de haut rang sont apparus dans le bureau personnel de Kim Jong-un jeudi 21 août, recevant un accueil de héros pour avoir combattu dans la région russe de Koursk, a rapporté l’agence centrale de presse nord-coréenne (KCNA). Le dirigeant nord-coréen en a profité pour couvrir d’éloges les troupes du régime déployées en soutien à la Russie, lors d’une réunion avec son commandement militaire. "Nous avons une armée héroïque", a-t-il déclaré dans un discours adressé aux chefs de l’armée nord-coréenne dans la capitale Pyongyang.

Des images diffusées ce vendredi par les médias d’Etat nord-coréens ont montré Kim Jong-un agenouillé devant les portraits de soldats morts au combat pour la Russie contre l’Ukraine, et embrassant un survivant du conflit. Le dirigeant a également décerné, selon l’agence KCNA, le titre de "héros de la république populaire démocratique de Corée" - le nom officiel du pays - aux commandants qui ont combattu dans des opérations à l’étranger et "accompli des exploits remarquables". "Notre armée fait maintenant ce qu’elle doit faire et ce qui doit être fait. Elle continuera à le faire à l’avenir également", a-t-il poursuivi dans son discours.

Au moins deux des généraux présents avaient été chaleureusement accueillis et personnellement remerciés par le président russe Vladimir Poutine en mai dernier, lors du défilé du Jour de la Victoire. Ce dernier a également qualifié les troupes nord-coréennes d'"héroïques" la semaine dernière.

Un retrait stratégique

Quelque 15 000 soldats nord-coréens ont été déployés en Russie depuis l’automne dernier, notamment pour aider Moscou à repousser presque entièrement l’Ukraine de la région russe de Koursk, en début d’année, rappelle le WSJ. Ce retour au pays des officiers haut gradés nord-coréens donne à penser que les contributions militaires du dirigeant Kim Jong Un au conflit ukrainien pourraient être reléguées au second plan, comme le suggère le Wall Street Journal (WSJ).

Surtout, ceci pourrait également révéler la confiance de la Russie dans sa capacité à tenir seule la région de Koursk, analyse Michael Madden, un expert de la Corée du Nord interrogé par le WSJ. Les services secrets de la Corée du Sud et de pays occidentaux ont affirmé que Kim Jong Un avait envoyé plus de 10 000 soldats dans cette région en 2024, ainsi que des obus d’artillerie, des missiles et des systèmes de roquettes à longue portée. Mais selon des responsables sud-coréens, les troupes nord-coréennes n’ont combattu que sur le sol russe, et non sur le territoire ukrainien.

La Corée du Nord était restée silencieuse quant à son implication dans la guerre pendant des mois. Mais, en avril dernier, Pyongyang avait publiquement reconnu son rôle pour la première fois, affichant au grand jour la coopération entre Pyongyang et Moscou en tant qu’adhérents au pacte de défense mutuelle que les deux pays ont signé l’année dernière.

Il est possible que les commandants nord-coréens soient redéployés en Russie, souligne le WSJ, bien que leur départ fasse suite à un ralentissement des opérations de combat impliquant les forces nord-coréennes au cours des derniers mois. Le pays continue tout de même de fournir à Moscou des obus d’artillerie et des munitions, et a récemment promis d’envoyer 6 000 travailleurs supplémentaires pour soutenir les efforts de reconstruction russes.

Néanmoins, redéployer de troupes en Ukraine risquerait de saper l’affirmation russe et nord-coréenne selon laquelle leur coopération militaire est purement défensive, suggère le WSJ. A l’heure actuelle, il semblerait surtout que Moscou cherche à éviter que Pyongyang ne devienne un point de friction dans d’éventuelles négociations de paix pour mettre fin à la guerre en Ukraine, a déclaré Michael Madden.

© afp.com/STR

Le dirigeant nord-coréen a notamment couvert d’éloges les troupes du régime déployées en soutien à la Russie, qui les a qualifiés d'"héroïques".
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Gaza : plus de 80 % des morts palestiniens sont des civils, d’après les chiffres de l’armée israélienne

Plus de 80 % des personnes tuées à Gaza par les bombardements israéliens sont des civils, selon une enquête de l’illustre journal britannique The Guardian, qui a pu consulter une "base de données classifiée du renseignement militaire israélien". "Un taux de massacre extrêmement élevé, rarement atteint au cours des dernières décennies de guerre", estime le quotidien, 22 mois après le début de la guerre. L’enquête publiée jeudi 21 août est co-signée par la publication israélo-palestinienne + 972 Magazine et le média en hébreu Local Call.

Cinq Palestiniens tués sur six étaient des civils

Dans la base de données israélienne consultée par les enquêteurs, 8 900 combattants du Hamas et du Jihad islamique palestinien sont répertoriés comme morts ou "probablement morts" à dater du mois de mai dernier. À cette date, les autorités sanitaires de Gaza comptaient au total 53 000 Palestiniens (contre 61 000 aujourd’hui selon les chiffres de l'ONU) tués dans les attaques israéliennes, civils et combattants compris.

Selon un simple calcul, les combattants palestiniens tués répertoriés par les Israéliens dans leur base de données ne représentaient donc à ce moment-là que 17 % du total des tueries. Les 83 % des morts restants étaient donc des civils, soit cinq personnes sur six.

Israël n’a pas encore répondu aux sollicitations des enquêteurs des trois médias, mais n’a pas contesté l’existence de cette base de données. Un bref communiqué envoyé au Guardian n’a pas répondu directement aux questions concernant la base de données du renseignement militaire, mais a affirmé que "les chiffres présentés dans l’article sont incorrects" et "ne reflètent pas les données disponibles dans les systèmes de Tsahal".

Un ratio extrêmement élevé

"Ce ratio apparent de civils parmi les morts est extrêmement élevé pour une guerre moderne, même comparé à des conflits tristement célèbres pour leurs tueries indiscriminées, comme les guerres civiles en Syrie et au Soudan", explique The Guardian. Cette proportion choque aussi par sa durée constante dans le temps.

Interrogée par le journal, Thérèse Pettersson du Uppsala Conflict Data Program, qui recense les pertes civiles dans le monde, souligne que le nombre de victimes civiles dans les conflits mondiaux récents n’a représenté la majorité des morts qu’à Srebrenica, en Bosnie, lors du génocide des Tutsi au Rwanda, et lors du siège de Marioupol en Ukraine. "De nombreux spécialistes du génocide, juristes et défenseurs des droits humains – y compris des universitaires et associations israéliennes – affirment qu’Israël commet un génocide à Gaza, en raison des massacres de civils et de la famine imposée", rappelle d’ailleurs The Guardian.

© afp.com/Omar AL-QATTAA

Des Palestiniens inspectent les dégâts, notamment une ambulance détruite, autour d'une maison touchée par une frappe israélienne à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 23 juillet 2025
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Guerre en Ukraine : le sommet Poutine-Zelensky, une rencontre bien incertaine

"À l’heure actuelle, les signaux envoyés par la Russie sont tout simplement indécents. Ils essaient de se soustraire à la nécessité d’organiser une réunion" a tonné Volodymyr Zelensky ce jeudi 21 août. Depuis quelques jours, les Etats-Unis et les alliés européens de l’Ukraine s’activent autour de l’organisation d’une rencontre entre Vladimir Poutine et le président ukrainien, destinée à trouver une issue à la guerre provoquée par l’invasion russe. Une réunion bilatérale qui a semblé dans un premier temps accueillie unanimement… Jusqu’à la réponse russe.

Dans les mots, comme dans les actes. Les Russes "poursuivent leurs attaques massives contre l’Ukraine et leurs assauts féroces le long de la ligne de front", a annoncé le président ukrainien jeudi. La Russie a effectivement lancé dans la nuit de mercredi à jeudi une attaque massive sur l’Ukraine, utilisant 574 drones et 40 missiles, selon l’armée de l’air ukrainienne, un nombre record depuis la mi-juillet. Ces frappes ont fait deux morts et ont aussi largement détruit une entreprise américaine située dans la ville de Moukatchevo. Le message est on ne peut plus clair pour Paris, qui a dénoncé jeudi une "absence de volonté" de la Russie de mettre fin à la guerre.

La tension monte autour des "garanties de sécurité"

C’est Donald Trump qui avait annoncé avec enthousiasme la préparation d’une rencontre entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine, après s’être entretenu avec le chef de guerre russe en Alaska la semaine dernière puis le dirigeant de Kiev lundi à la Maison-Blanche. Mais la participation des belligérants semble encore loin d’être acquise, et le ton de leurs commentaires publics ne cesse de se détériorer. Si Vladimir Poutine est censé avoir accepté le principe que cette rencontre puisse un jour exister, ce qu’il refusait jusque-là, ni date ni lieu n’ont été annoncés, et Moscou a souligné mercredi qu’un tel sommet devait être "préparé avec le plus grand soin".

Volodymyr Zelensky, de son côté, a déclaré vouloir comprendre "l’architecture des garanties de sécurité d’ici sept à dix jours" — sous entendu, avant toute rencontre — en référence au mécanisme de protection militaire conjoint sol-air que devraient bientôt lui proposer les Européens et les États-Unis. Car Kiev considère que, même si une issue est trouvée à cette guerre, la Russie tentera encore de l’envahir à l’avenir, d’où l’importance de ces garanties.

Le sujet de ces garanties est justement au cœur de la sensibilité défensive de Moscou. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a averti jeudi que tout déploiement d’un contingent militaire européen en Ukraine serait "inacceptable". Face à l’impatience ukrainienne de connaître ces garanties avant toute rencontre, Sergueï Lavrov a également jugé que "le régime ukrainien et ses représentants montrent avec toute évidence qu’ils ne sont pas intéressés par un règlement juste et durable". "Pour l’instant, nous ne voyons qu’une escalade agressive de la situation et des tentatives plutôt maladroites de changer la position du président des États-Unis" a-t-il tancé à l’adresse de l’Ukraine et des Européens.

Vladimir Poutine n’a aucune raison d’acquiescer

Pour certains observateurs, Vladimir Poutine est encore très loin d’accepter de s’asseoir en face du président ukrainien. Accepter cette rencontre en direct avec celui qu’il a présenté comme un nazi ou encore une marionnette illégitime de l’Occident serait pour le maître du Kremlin "un énorme renversement de ton qui serait difficile à expliquer au peuple russe", juge ainsi CNN dans un article d’analyse. En mai dernier déjà, rappelle la chaîne de télévision américaine, "c’est Zelensky qui s’est rendu en Turquie pour les premiers pourparlers directs entre les deux parties à la mi-mai, seulement pour que Poutine envoie une délégation dirigée par un auteur de manuels historiques". Cette fois, le président ukrainien a proposé la Suisse, l’Autriche ou la Turquie pour une éventuelle rencontre. Il a en revanche écarté la Hongrie, jugée trop proche du Kremlin.

Autre point de blocage pour Moscou : le refus répété de Volodymyr Zelensky de mettre sur la table de négociation les exigences directes de la Russie, qui pourraient être l’un des seuls facteurs à motiver une rencontre. Parmi elles, la question de l’abandon de territoires ukrainiens comme le Donetsk, exigé par Vladimir Poutine en rançon pour arrêter la guerre. Face à ce refus, Vladimir Poutine "ne risquera pas une 'embuscade' en s’asseyant avec Volodymyr Zelensky pour trouver toutes ses demandes rejetées" estime encore CNN.

La chaîne progressiste américaine rappelle par ailleurs que "Poutine n’a aucune raison d’acquiescer à ce stade" : "N’ayant fait aucune concession, il a été récompensé par un grand sommet en Alaska, l’abandon d’une demande de Donald Trump de signer un cessez-le-feu avant des pourparlers de paix, et l’effondrement de tous les ultimatums de sanctions à ce jour".

Deux semaines pour y voir plus clair

À ce stade, même les moins mesurés commencent à tempérer leur enthousiasme. Très satisfait de sa rencontre avec Vladimir Poutine le 15 août, Donald Trump a reconnu jeudi qu’il n’en saurait davantage sur les chances de paix que "dans les deux prochaines semaines". "Après cela, nous devrons peut-être adopter une approche différente", a-t-il estimé sans plus de détail.

Le président américain a déjà mis en garde les deux chefs d’Etat. Si une telle rencontre se poursuit, "j’espère que le président Poutine sera bon, et s’il ne l’est pas, ce sera une situation difficile", a déclaré Donald Trump mardi. "Et j’espère que le président Zelensky fera ce qu’il doit faire. Il doit également faire preuve d’une certaine flexibilité", a ajouté le locataire de la Maison-Blanche. Car comme le souligne l’autre chaîne américaine ABC, "le simple fait de réunir les deux présidents dans une pièce serait une réussite majeure, mais - avec des centaines de milliers de morts et l’avenir des deux pays en jeu - cela pourrait ne pas produire un résultat positif".

© afp.com/Viacheslav PROKOFIEV

Si Vladimir Poutine semble avoir accepté le principe que cette rencontre puisse un jour exister, qu’il refusait jusque-là, ni date ni lieu n’ont été annoncés.
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"Alcatraz des alligators" : clap de fin pour le symbole de la politique migratoire de Donald Trump ?

Une juge de Floride a interdit jeudi 21 août à l’administration Trump et aux autorités de cet Etat de détenir de nouveaux migrants dans le centre de rétention surnommé l'"Alcatraz des alligators" et leur a ordonné de retirer sous 60 jours de nombreux équipements, signifiant sa fermeture à terme. Dans la foulée de la décision, les autorités de Floride ont annoncé faire appel.

Le centre de rétention avait été monté en juin à la hâte avec lits superposés, cages grillagées, et pavillons de toile blanche, le tout sur un aérodrome abandonné au milieu des marécages des Everglades. La Maison-Blanche et les autorités locales l’ont surnommé l'"Alcatraz des alligators", en référence à l’ancienne île-prison de la baie de San Francisco que Donald Trump compte par ailleurs rouvrir. Quelque 3 000 places étaient prévues en Floride, avait affirmé la ministre de la Sécurité intérieure, Kristi Noem.

Mais le centre a suscité la colère des associations environnementales - les Everglades étant une zone protégée - et des défenseurs des droits humains. La décision jeudi de la juge Kathleen Williams fait suite à une procédure intentée par deux associations, Friends of the Everglades et Center for Biological Diversity, qui estiment que le centre menace l’écosystème fragile des marécages alentour et a été construit sans études d’impact environnemental.

Conditions de détention épouvantables

Début août, la juge avait déjà ordonné la suspension temporaire de toute nouvelle construction dans le centre. Cette fois-ci, elle enjoint à l’administration Trump et à l’Etat de Floride - gouvernée par le républicain Ron DeSantis - de retirer sous 60 jours toutes les clôtures temporaires installées pour le centre, mais aussi tous les éclairages, les générateurs et les systèmes de traitement de déchets et d’eaux usées. Elle interdit en outre "d’amener toute nouvelle personne sur le site qui n’était pas déjà détenue sur place au moment où cette ordonnance a pris effet".

L'"Alcatraz des alligators" est devenu l’un des symboles de la politique migratoire répressive de Donald Trump. Plusieurs migrants détenus dans le centre ont témoigné auprès de l’AFP de conditions de détention épouvantables. "Même un animal ne serait pas traité ainsi. C’est de la torture", avait ainsi raconté Luis Gonzales, joint par l’AFP au téléphone, depuis le centre, disant partager une cellule rarement nettoyée avec une trentaine de personnes, dans des conditions caniculaires le jour et glaciales la nuit, parmi des moustiques omniprésents.

Lors d’une visite sur place début juillet, le président américain s’était moqué des immigrés clandestins qui risqueraient en cas d’évasion d’être attaqués par les alligators, même si les attaques contre les humains sont rarissimes.

Le locataire de la Maison-Blanche a érigé la lutte contre l’immigration comme l’une des priorités absolues de son second mandat, y consacrant des centaines de milliards de dollars. Le nombre d’immigrés détenus par la police américaine de l’immigration (ICE) a atteint un niveau record en juin et une vaste majorité d’entre eux n’ont pas de casier judiciaire, selon une analyse menée par l’AFP sur la base de données officielles. Fin juillet, un rapport de l’ONG Human Rights Watch a alerté sur des "pratiques abusives" menées dans trois autres centres de rétention pour migrants de Floride.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Le président américain Donald Trump visite l'"Alcatraz des alligators" avec le gouverneur Ron DeSantis (gauche), et la ministre de la Sécurité intérieure Kristi Noem (droite) à Ochopee, en Floride, le 1er juillet 2025
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Ukraine : Zelensky accuse Moscou de vouloir "se soustraire" à l’organisation d’une rencontre avec Poutine

Malgré une intense activité diplomatique pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine, déclenchée en 2022 par l’invasion lancée par la Russie, les attaques se poursuivent de part et d’autre de la frontière. Moins d’une semaine après la rencontre entre Vladimir Poutine et Donald Trump en Alaska, et trois jours après une réunion à la Maison-Blanche entre le président américain et des dirigeants européens, dont Volodymyr Zelensky, d’importantes frappes de drones et missiles russes ont touché plusieurs villes de l’ouest de l’Ukraine tôt ce jeudi 21 août, faisant au moins un mort à Lviv.

Moscou a tiré 574 drones et 40 missiles, un record depuis la mi-juillet, selon les autorités ukrainiennes. L’ouest de l’Ukraine est moins souvent ciblé par les frappes russes que l’est et le sud du pays, où les troupes russes continuent leur avancée. Le président ukrainien a d’ailleurs prévenu que la Russie était en train de masser des troupes dans la partie occupée de la région de Zaporijia, dans le sud, en vue d’une potentielle offensive.

Les infos à retenir

⇒ Volodymyr Zelensky accuse Moscou de vouloir "se soustraire" à l’organisation d’une rencontre avec Vladimir Poutine

⇒ Sergueï Lavrov accuse l’Ukraine de ne pas vouloir un "règlement juste et durable" du conflit

⇒ Les Européens doivent supporter "la plus grande part du fardeau" de la sécurité de l’Ukraine, dit J.D. Vance

Volodymyr Zelensky accuse Moscou de vouloir "se soustraire" à l’organisation d’une rencontre avec Vladimir Poutine

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a accusé ce jeudi la Russie de chercher à "se soustraire" à la "nécessité" d’organiser une rencontre avec le président Vladimir Poutine pour trouver une issue à la guerre provoquée par l’invasion russe.

"A l’heure actuelle, les signaux envoyés par la Russie sont tout simplement indécents. Ils essaient de se soustraire à la nécessité d’organiser une réunion", a accusé Volodymyr Zelensky dans son adresse quotidienne sur les réseaux sociaux.

L’Ukraine n’est pas intéressée par "un règlement juste et durable" du conflit, accuse Sergueï Lavrov

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a estimé ce jeudi que l’Ukraine n’était "pas intéressée par un règlement juste et durable" du conflit, alors que les efforts diplomatiques s’accélèrent, sous l’impulsion du président américain Donald Trump. "Le régime ukrainien et ses représentants […] montrent avec toute évidence qu’ils ne sont pas intéressés par un règlement juste et durable", a-t-il estimé lors d’une conférence de presse à l’issue d’une rencontre avec son homologue indien à Moscou.

Il a également fait savoir que tout déploiement d’un contingent militaire européen en Ukraine serait "inacceptable" pour Moscou. "Une intervention étrangère sur une partie du territoire ukrainien […] serait totalement inacceptable pour la Russie", a-t-il dit alors que des débats sont en cours sur les garanties de sécurité que les Occidentaux pourraient fournir à Kiev.

Ukraine : l’Europe doit supporter "la plus grande part du fardeau", dit J.D. Vance

Le vice-président américain J.D. Vance a averti les Européens qu’ils devraient supporter "la plus grande part du fardeau" pour l’Ukraine au moment où la question des garanties de sécurité apportées par les Occidentaux à Kiev se trouve au coeur des tractations diplomatiques. "Les Européens vont devoir prendre la plus grande part du fardeau. C’est leur continent, leur sécurité", a fait valoir J.D. Vance, lors d’une interview diffusée sur Fox News mercredi soir.

Interrogé par la journaliste de Fox News sur l’argent dépensé pour l’Ukraine, le vice-président des Etats-Unis a répondu : "Je ne crois pas que nous devrions porter le fardeau." "Je pense que nous devons aider si c’est nécessaire pour arrêter la guerre et les tueries mais je crois que nous devrions attendre, et le président attend certainement, que l’Europe joue le premier rôle", a insisté J.D. Vance.

Les frappes russes en Ukraine démontrent "l’absence de volonté" pour des pourparlers de paix, selon Paris

Les frappes russes menées dans la nuit de mercredi à jeudi "illustrent l’absence de volonté de la Russie de s’engager sérieusement en faveur de pourparlers de paix", a affirmé jeudi un porte-parole de la diplomatie française. "Alors que la Russie se dit prête à négocier, elle poursuit dans le même temps ses attaques meurtrières sur le territoire ukrainien, lançant 574 drones et 40 missiles sur des zones résidentielles", soit les frappes "les plus massives depuis un mois", selon ce porte-parole.

Ces frappes "témoignent une fois de plus de la nécessité de mettre fin aux tueries, et donc de la nécessité de maintenir et de renforcer la pression sur la Russie", estime-t-il, réaffirmant le soutien de Paris "à l’initiative du président Trump en faveur d’une paix juste et durable".

La Hongrie se dit prête à accueillir des pourparlers de paix Ukraine-Russie

La Hongrie de Viktor Orban s’est déclarée jeudi disposée à accueillir d’éventuelles négociations de paix sur l’Ukraine, se présentant comme le seul pays d’Europe à entretenir de bonnes relations avec Donald Trump et Vladimir Poutine. "Je ne connais aucun homme politique européen aujourd’hui, à part Viktor Orban, qui puisse s’entretenir d’égal à égal" avec les présidents américain et russe, a déclaré le ministre des Affaires étrangères hongrois Peter Szijjarto, vantant "une coopération unique en Europe".

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est en revanche montré réticent dans des propos diffusés plus tôt jeudi. Tenir cette réunion à Budapest "n’est pas facile" vu le rapprochement entre la Hongrie et la Russie, a-t-il souligné.

L’Ukraine a testé avec succès un nouveau missile d’une portée de 3 000 km

Volodymyr Zelensky a également affirmé lors de ses déclarations mercredi que son pays avait testé avec succès un nouveau missile d’une portée de 3 000 kilomètres appelé Flamingo, et dont la production de masse pourrait débuter au début de l’année prochaine. "Le missile a été soumis à des essais concluants. Il s’agit actuellement de notre missile le plus performant : il peut parcourir 3 000 kilomètres", a-t-il dit mercredi à des journalistes. "D’ici la fin décembre ou en janvier-février, sa production de masse devrait être lancée", a-t-il poursuivi.

Le président ukrainien a par ailleurs affirmé que la Russie était en train de masser des troupes dans la partie occupée de la région de Zaporijia, dans le sud de l’Ukraine, en vue d’une potentielle offensive. Selon lui, Moscou transfère vers cette zone ses forces depuis la région russe de Koursk.

Kim Jong-un salue ses troupes "héroïques" déployées en soutien à la Russie

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a couvert d’éloges les troupes du régime déployées en soutien à la Russie, lors d’une réunion avec son commandement militaire, a rapporté jeudi l’agence de presse du régime.

Kim Jong-un "a exprimé ses encouragements chaleureux" aux officiers et aux soldats servant dans la région de Koursk en Russie, a indiqué l’agence officielle KCNA. "Nous avons une armée héroïque", a-t-il déclaré dans un discours adressé aux membres du commandement militaire nord-coréen dans la capitale Pyongyang. "Notre armée fait maintenant ce qu’elle doit faire et ce qui doit être fait. Elle continuera à le faire à l’avenir également", a-t-il ajouté.

La Russie et la Corée du Nord ont récemment consolidé leurs liens, les deux pays ayant signé un pacte de défense mutuelle l’année dernière, lors d’une visite du président russe dans le pays. En avril, la Corée du Nord a confirmé pour la première fois qu’elle avait déployé un contingent de ses soldats sur la ligne de front en Ukraine, aux côtés des troupes russes.

© afp.com/Handout

Photo prise et publiée par le service de presse présidentiel ukrainien, le 20 août 2025, du président ukrainien Volodymyr Zelensky participant à une réunion avec des journalistes ukrainiens et étrangers à Kiev
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Aux Etats-Unis, Donald Trump relance la guerre des cartes électorales pour 2026

A l’approche des élections de mi-mandat en 2026 aux Etats-Unis, les circonscriptions électorales évoluent… et marquent le début d’une lutte. Alors que la Chambre des représentants du Texas a approuvé mercredi 20 août un redécoupage de sa carte électorale, pour permettre aux républicains d’engranger cinq sièges supplémentaires au Congrès, les démocrates californiens se sont empressés jeudi de présenter leur propre projet de riposte.

Cette lutte entre les deux Etats les plus peuplés du pays, qualifiée d'"extraordinaire" par le Washington Post, a été initiée par le président Donald Trump : ce dernier, dont les élections de mi-mandat lui sont généralement défavorables, a poussé les responsables du Texas a opéré cette modification, afin de diluer le vote démocrate. Sur les 38 élus du Texas à la Chambre des représentants à Washington, 25 sont actuellement républicains, et la Maison-Blanche ambitionne de faire passer ce chiffre à 30 l’an prochain. L’enjeu est de taille pour le président : si ses adversaires reprennent la majorité à la Chambre des représentants, ces derniers auront le champ libre pour lancer des commissions d’enquête parlementaires et empoisonner la fin de son second mandat.

En minorité au Parlement texan, les démocrates avaient donc fui l’Etat début août, se réfugiant à Chicago ou New York, afin qu’un quorum ne soit pas atteint. Mais leur retour a permis l’organisation du vote mercredi - et son issue favorable -, bien que la proposition doive encore être approuvée par le Sénat local, à majorité républicaine.

Un "signal d’alarme"

"On est en route pour cinq sièges supplémentaires au Congrès et sauver vos droits, vos libertés, et votre pays lui-même", s’est alors félicité Donald Trump sur sa plateforme Truth Social, avant d’ajouter que "le Texas ne [le] laisse jamais tomber". En réponse, le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, a annoncé une initiative similaire, qui pourrait permettre, in fine, au parti de décrocher cinq sièges de plus au Congrès, le même nombre qu’au Texas. Mais le processus dans cet Etat comporte davantage d’obstacles, car sa Constitution exige notamment qu’un comité indépendant et non partisan établisse la carte électorale du Congrès.

"Je pense que [la position de Trump] est un signal d’alarme ultime : tenter de truquer cette élection avant même qu’un seul vote ne soit exprimé avant 2026", a déploré Gavin Newsom, affirmant néanmoins qu’il n’allait "pas rester les bras croisés". Le représentant démocrate Chris Turner a également qualifié la carte électorale du Texas de "violation claire du Voting Rights Act et de la Constitution".

Grande loi sur les droits civiques adoptée en 1965, le Voting Rights Act visait à empêcher les anciens Etats ségrégationnistes du Sud de priver les Afro-Américains du droit de vote. Mais les démocrates du Parlement texan ont estimé que la nouvelle carte électorale allait diluer les voix des électorats afro-américain et hispanique qui, en majorité, votent traditionnellement démocrate.

Au-delà du Texas, l’administration Trump souhaiterait également redessiner en sa faveur les cartes de l’Ohio, du Missouri, ou encore de l’Indiana. Preuve que la lutte ne fait que commencer.

© afp.com/Brendan SMIALOWSKI

Le président américain Donald Trump et le gouverneur du Texas, Greg Abbott (d), lors d'une réunion avec des responsables locaux après des inondations meurtrières, le 11 juillet 2025 à Kerrville, au Texas
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Droits de douane de Donald Trump : les voitures taxées à 15 %, pas d’exemptions pour le vin européen

Les voitures et produits pharmaceutiques européens seront bien taxés à 15 % à leur entrée aux Etats-Unis, selon un communiqué commun publié ce jeudi 21 août par l’Union européenne et l’administration Trump, qui ne prévoit aucune exemption pour les vins et spiritueux.

"Malheureusement, nous n'avons pas réussi à ce que ce secteur" soit inclus dans les exemptions, a déclaré le commissaire européen Maros Sefcovic lors d'une conférence de presse en présentant les détails de l'accord commercial noué entre l'UE et l'administration Trump fin juillet.

"Il s’agit d’un accord stratégique important, que nous soutenons pleinement", a affirmé le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, lors d’une conférence de presse, alertant sur les risques d’une guerre commerciale. Il a ajouté que les discussions se poursuivraient et que "ces portes n'étaient pas fermées pour toujours". Cette exemption aux droits de douane de 15 % pour les vins est spiritueux était vivement réclamée en particulier en France et en Italie. La France va travailler à des "exemptions additionnelles" dans l'accord commercial entre l'Union européenne et les Etats-Unis, a réagi dans la foulée le ministre français délégué au Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin.

Après des mois de négociations très âpres, Bruxelles et Washington ont scellé fin juillet un accord commercial basé sur des droits de douane de 15 % sur les produits européens qui arrivent aux Etats-Unis. C'est bien plus que le taux en vigueur avant le retour au pouvoir du président américain - autour de 4,8 %. Mais moins que ce que le milliardaire républicain menaçait d'imposer au Vieux Continent, faute d'accord.

Un texte de loi bientôt présenté

Concernant le calendrier d'application de ces droits de douane de 15 % sur les voitures, contre 27,5 % aujourd'hui, le commissaire européen s'est dit confiant dans le fait qu'ils seraient appliqués rétroactivement au 1er août, affirmant avoir reçu des assurances des Américains en ce sens. Le texte commun précise en effet que les 15 % rentreront en vigueur lorsque l'UE aura introduit un texte de loi pour réduire ses propre taxes douanières. "Nous travaillons avec détermination pour lancer le processus législatif" aussi rapidement que possible, a souligné Maros Sefcovic.

Dans un court message posté sur X, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a salué un texte qui offre "prévisibilité pour nos entreprises et nos consommateurs". En plus des droits de douane imposés aux produits européens, l'UE s'est engagée à 750 milliards de dollars d'achats d'énergie et à 600 milliards d'investissements supplémentaires aux Etats-Unis.

© afp.com/PATRIK STOLLARZ

Image d'illustration.
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Ukraine : la Russie accusée de tortures sexuelles "horribles" sur des civils

Plusieurs experts de l'ONU ont dénoncé ce jeudi 21 août auprès de Moscou les tortures sexuelles "horribles" auxquelles ont été soumis des civils ukrainiens, principalement dans des régions de l’Ukraine occupées par la Russie.

La Rapporteuse spéciale sur la torture, Alice Jill Edwards, ainsi que plusieurs autres experts, ont envoyé un dossier documentant ces cas à la Fédération de Russie. Ils accusent la Russie de mener une "politique délibérée et systématique de la torture" en Ukraine, alors que les pays doivent entamer des discussions sur un éventuel plan de paix.

Ces spécialistes du respect des droits humains - mandatés par le Conseil des droits de l’homme, mais qui ne parlent pas au nom de l'ONU - rapportent les cas de 10 civils ukrainiens "maltraités dans les régions occupées de l’Ukraine, notamment Kherson, Kharkiv et Zaporijjia". "Ces accusations distinctes, relatant les expériences de quatre femmes et six hommes, sont véritablement horribles", a déclaré Alice Jill Edwards, qui souligne que ce n’est qu’un "petit échantillon".

Ces victimes ont été soumises à "des violences hautement sexualisées, incluant des viols, des menaces de viol et d’autres comportements dépravés", a insisté l’experte. Dans tous les cas documentés, des chocs électriques répétés ont été administrés, notamment sur les organes génitaux. "Ces civils ont été battus, frappés, bandés les yeux et, dans certains cas, soumis à des simulacres de noyade et des exécutions factices, précise le communiqué des experts.

La Russie abandonne "totalement les règles internationales"

"Une règle élémentaire du droit international de la guerre stipule que les civils doivent être protégés. La Russie semble avoir abandonné totalement les règles internationales. Il est grand temps qu’elle rende des comptes pour ces pratiques illégales et qu’une pression accrue soit exercée par tous les Etats ayant de l’influence sur elle", a insisté l’experte australienne. L’une des femmes concernées reste détenue dans la Fédération de Russie et un appel pour sa libération urgente a été lancé, précise aussi le communiqué.

Les experts ont notamment demandé au gouvernement russe de fournir "des informations supplémentaires sur les allégations spécifiques, ainsi que sur les mesures générales prises pour prévenir la torture et les violences sexuelles perpétrées par le personnel militaire russe et les personnels auxiliaires, ainsi que par les autorités de renseignement et de détention".

Ces nouvelles accusations de violations du droit international interviennent alors que la Russie est déjà sous le coup d’une incrimination pour la déportation d’enfants ukrainiens. Depuis 2022, les autorités russes sont en effet accusées d’organiser le transfert forcé de milliers d’enfants des territoires occupés vers la Russie.

© afp.com/Brendan Smialowski

Les victimes ont été soumises à "des violences hautement sexualisées et d'autres comportements dépravés" de la part de militaires russes.
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Andreï Pertsev : "Vladimir Poutine espère toujours une crise politique en Ukraine"

Journaliste politique pour le média indépendant en exil Meduza, Andreï Pertsev est l’un des meilleurs connaisseurs des arcanes du pouvoir russe. Pour L’Express, il analyse les discussions en cours entre Donald Trump, Vladimir Poutine, Volodymyr Zelensky et les dirigeants européens pour essayer d’aboutir à la paix en Ukraine. Selon lui, le président russe "va tout faire pour rendre une rencontre avec son homologue ukrainien impossible, tout en évitant d’offenser Trump". Entretien.

Le rendez-vous avec Donald Trump en Alaska a servi Vladimir Poutine, du moins sur le plan de l’image. Quelles conclusions tire-t-il, selon vous, des échanges entre Volodymyr Zelensky (accompagné par sept dirigeants européens) et Donald Trump, à la Maison-Blanche, le 18 août ?

Andreï Pertsev : La rencontre avec Trump à Anchorage a surtout été un succès pour Poutine auprès de l’opinion publique russe. Les médias d’État et pro-gouvernementaux russes l’ont présentée comme une avancée majeure dans la sortie de l’isolement international du président et de la Russie dans son ensemble. Et peut-être que le succès de Poutine réside également dans le fait qu’il a fait perdre du temps à Trump.

Cette réussite est cependant à relativiser. Les présidents russe et américain ne sont parvenus à aucun accord, Donald Trump a annulé le déjeuner prévu et a rapidement quitté Anchorage. La rencontre a duré deux heures et demie, alors que le Kremlin s’attendait à ce qu’elle dure beaucoup plus longtemps. D’après ce que je sais, Poutine et son entourage comptaient reléguer les discussions sur la guerre au second plan et captiver Trump avec des perspectives d'"accords" commerciaux sur l’Arctique et l’extraction pétrolière. Mais il s’est avéré que le président américain n’était pas prêt à le faire. Donc, là non plus, on ne peut pas parler de succès, bien que la propagande russe présente presque toutes les actions de Poutine comme un succès ou une victoire — ou du moins comme faisant partie d’un plan astucieux.

Il est évident que dans les relations entre le Kremlin et la Maison-Blanche, les deux parties cachent quelque chose. Il n’y a eu ni scandale, ni déclaration de Trump annonçant la fin du soutien à l’Ukraine, et les revendications de la Russie n’ont pas été imposées. Par conséquent, Poutine doit pour l’instant faire preuve de prudence avant de décider de la suite à donner.

Les Européens ont évité le pire à Washington mais n’ont rien obtenu de vraiment concret. Vladimir Poutine reste-t-il le maître du jeu dans ces discussions ?

Il est difficile de dire que Poutine maîtrise la situation dans ces négociations. Par exemple, sa rencontre avec Zelensky est une condition imposée par Trump, à laquelle il veut contraindre Poutine de se plier. De plus, Poutine n’a pas réussi à imposer le lieu qu’il préférait pour les négociations avec Trump, à savoir les Emirats arabes unis. Sa proposition d’organiser les prochaines négociations avec Trump en Russie et les pourparlers avec Zelensky à Moscou a également échoué.

Une rencontre entre Poutine et Zelensky est-elle envisageable ? Poutine a toujours semblé écarter cette possibilité jusque-là…

Une rencontre entre Poutine et Zelensky n’est envisageable qu’avec beaucoup de difficulté. Premièrement, le président russe est un homme très rancunier et vindicatif, et Zelensky l’a critiqué à plusieurs reprises avec virulence. Deuxièmement, la propagande russe a beaucoup investi pour présenter Volodymyr Zelensky au public russe comme un dirigeant illégitime qui n’a pas le droit de signer des accords, rendant ainsi une rencontre avec lui "impossible".

Sans parler des insultes adressées au président ukrainien. Pour la propagande, il serait extrêmement difficile d’expliquer pourquoi Poutine s’est soudainement assis à la table des négociations avec cette personne. Les responsables civils et les représentants des entreprises comprennent que l’économie russe est déjà en difficulté et qu’après d’éventuelles nouvelles sanctions américaines, elle sera confrontée à des problèmes encore plus graves. Alors que Trump insiste pour qu’une rencontre entre Zelensky et Poutine ait lieu, ils tentent de persuader le président d’accepter, et leurs efforts aboutiront peut-être.

Mais jusqu’à présent, Poutine fait tout son possible pour rendre une telle rencontre impossible, tout en évitant d’offenser Trump, par exemple en proposant de la tenir à Moscou. Si éviter la rencontre s’avère impossible, le Kremlin tentera de la reporter par tous les moyens possibles, par exemple en organisant d’abord des pourparlers entre les ministres des Affaires étrangères, les dirigeants parlementaires ou les administrations présidentielles, et peut-être même en suggérant des négociations au niveau des Premiers ministres.

Vladimir Poutine veut-il vraiment un accord de paix ? Quels seraient ses moteurs pour arrêter la guerre ?

Les responsables civils et les hommes d’affaires tentent de faire comprendre à Poutine que la guerre est ruineuse pour le pays et qu’il est temps d’y mettre fin. Ces derniers temps, il se montre plus réceptif à ces propositions. C’est pourquoi il a accepté de rencontrer Trump. Mais les siloviki [NDLR : les hommes issus des services de sécurité, de l’armée et de la police] le persuadent que le front ukrainien est sur le point de s’effondrer, tandis que certains de ses proches espèrent que des protestations politiques et sociales éclateront bientôt en Ukraine, ce qui entraînerait également l’effondrement du front.

Poutine est pris entre deux feux. Il souhaite clairement s’emparer d’autant de territoires que possible. Poutine aime faire la guerre ; il est persuadé de vivre dans une période historique, et de rendre à la Russie sa fierté, et la gloire à son armée. Ce n’est pas un hasard si cette guerre est comparée à la Grande Guerre patriotique [NDLR : la Seconde Guerre mondiale]. Mais la menace d’un effondrement économique pourrait bien le freiner.

Vous semble-t-il crédible que Vladimir Poutine accepte, comme le prétend Donald Trump, que les Etats-Unis donnent des garanties de sécurité à l’Ukraine ? Que pourrait-il accepter en la matière ?

J’ai beaucoup de mal à imaginer que Poutine accepte la présence de troupes européennes ou américaines en Ukraine, sauf s’il est pris d’une très grande peur. Il pourrait éventuellement accepter certaines garanties de sécurité formelles, qui ne signifieraient pas pour autant un soutien automatique à l’Ukraine s’il venait à l’attaquer à nouveau.

En définitive, quelle est la stratégie de Vladimir Poutine ? Gagner du temps pour pouvoir avancer militairement sur le terrain ?

Poutine veut effectivement gagner du temps ; lui, ou plutôt la partie la plus rationnelle de son entourage, tente d’engager le dialogue avec Trump, afin de le convaincre que la Russie est également intéressée par des négociations et par la résolution du conflit. Pendant ce temps, l’armée russe pourrait occuper davantage de territoire. De plus, Poutine et les élites sécuritaires espèrent toujours l’effondrement du front et une crise politique en Ukraine. Je ne pense pas que ces espoirs soient justifiés. Je ne serais pas surpris si, à un moment donné, Poutine exigeait la tenue d’élections présidentielles en Ukraine dans un avenir proche. Certains de ses conseillers estiment que cela diviserait le pays et permettrait ainsi d’occuper certaines régions que le Kremlin considère toujours comme pro-russes (Odessa, Kharkiv).

Vladimir Poutine n’est-il pas en train de gagner quoi qu’il arrive ? Soit, si les combats continuent, en profitant de son avantage numérique sur le terrain ; soit, à travers des négociations, en entérinant ses gains territoriaux ?

La Russie dispose certes d’une supériorité numérique sur le front, mais son armée avance plutôt lentement. La prise des territoires restants de la région de Donetsk pourrait prendre plusieurs années, d’autant que ces zones sont bien fortifiées. D’ici là, l’économie russe pourrait subir des dommages irréparables. De plus, la réserve de volontaires de Poutine s’épuise : à la fin de 2024 et au début de 2025, le recrutement de soldats contractuels a connu une forte augmentation, car les gens espéraient que Trump conclurait rapidement la paix, qu’ils gagneraient beaucoup d’argent et qu’ils n’auraient pas à se battre. Aujourd’hui, le nombre de volontaires est en baisse, même si les parties sont plus proches de la paix qu’elles ne l’étaient il y a un an ou six mois. Cela signifie très probablement que le vivier d’hommes prêts à se battre pour de l’argent est presque épuisé. Bien sûr, Poutine peut relancer la mobilisation, mais il s’agit d’une mesure extrêmement impopulaire, qui frapperait à nouveau durement l’économie, déjà confrontée à une pénurie de main-d’œuvre.

Quelle est la méthode de Poutine pour manipuler Trump ? Il a notamment réussi à lui imposer l’idée qu’un cessez-le-feu n’était pas nécessaire pour engager des discussions…

Il s’agit davantage d’une méthode utilisée par Kirill Dmitriev [NDLR : le dirigeant du fonds souverain russe et envoyé spécial de Vladimir Poutine pour les investissements étrangers] pour manipuler Trump : il tente de détourner la conversation vers des accords commerciaux, un domaine familier pour Trump. Et pour l’instant, cela fonctionne. De son côté, Poutine a eu recours à une astuce simple : soit il a donné à Steve Witkoff [NDLR : l’envoyé spécial de Donald Trump] des informations floues sur ses exigences, soit Witkoff a mal compris, et le Kremlin n’a pas clarifié sa position. Cela a permis à Poutine d’obtenir une rencontre avec Trump, au cours de laquelle il a présenté d’autres conditions. Mais cette astuce n’a pas fonctionné : le président américain a mis fin à la rencontre prématurément.

Les objectifs de Vladimir Poutine envers l’Ukraine restent-ils inchangés ? Quels sont-ils désormais ?

Le Kremlin mise sur la déstabilisation interne de l’Ukraine et espère ainsi obtenir des régions qui intéressent Poutine. Plus largement, le maître du Kremlin aimerait que toute l’Ukraine, à l’exception de la partie occidentale, tombe dans l’orbite de la Russie.

Combien de temps peut-il poursuivre la guerre, malgré l’état de son économie ?

Les informations qui nous parviennent sur l’économie russe montrent qu’elle va de plus en plus mal. De grandes entreprises, y compris celles qui travaillent avec des contrats publics et qui étaient considérées comme les plus fiables, sont obligées de passer à la semaine de quatre jours en raison de la chute de la demande. Le déficit budgétaire dépasse déjà à fin juillet de 30 % les prévisions initiales de déficit annuel, et il est évident qu’il va encore croître. Si la guerre ne s’arrête pas, cela risque d’entraîner des crises sociales. Dans quelle mesure Poutine y est-il préparé ? C’est une grande question. Dans son entourage, il y aura toujours des personnes capables de lui fournir des chiffres optimistes.

En cas de cessez-le-feu, la Russie restera-t-elle selon vous une menace pour l’Ukraine et pour l’Europe ?

Les actions de Poutine dépendront uniquement de sa volonté personnelle : il trouvera toujours une justification pour rompre les engagements pris par la Russie, comme cela s’est produit avec l’invasion de l’Ukraine en 2022.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Le président américain Donald Trump (d) et son homologue russe Vladimir Poutine, à Anchorage, en Alaska, le 15 août 2025
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En Russie, le nombre de désertions dans l’armée de Vladimir Poutine en forte hausse

C’est un chiffre conséquent, qui pourrait probablement être sous-estimé. En plus de trois ans de guerre en Ukraine, les tribunaux militaires de garnison russes ont rendu pas moins de 18 341 verdicts dans des affaires de désertion et d’abandon de poste, selon les calculs réalisés pour le média d’investigation indépendant russe The Insider par un centre d’analyse dirigé par Kirill Parubets, un ingénieur informatique, opposant à la guerre.

Si depuis février 2023, pour des raisons de "confidentialité", le Département judiciaire auprès de la Cour suprême a retiré l’accès au public des statistiques détaillées sur les crimes contre le service militaire - qui incluent la désertion et l’abandon non autorisé de poste -, les tribunaux de garnison, eux, continuent individuellement de publier des informations sur les verdicts rendus. L’analyse publiée par The Insider s’appuie donc sur ces jugements, mais ne comprend pas ceux des tribunaux situés sur les territoires occupés. Les auteurs de l’enquête estiment qu’en tenant compte des condamnations prononcées par ces derniers, le nombre total de condamnés pourrait dépasser les 20 000.

Une nette augmentation

Les deux premières années de la guerre ont montré une nette augmentation du nombre d’affaires pour désertion ou abandon de poste. Durant les dix premiers mois de 2022, le nombre de condamnés était relativement faible – seulement 884 personnes. En 2023, ce chiffre a grimpé à 4 346, soit cinq fois plus que l’année précédente. En 2024, le nombre a encore doublé, atteignant 8 561 condamnés. Au cours des sept premiers mois de 2025, 4 679 personnes ont été condamnées, et même si le rythme semble légèrement ralentir, les auteurs de l’enquête rappellent que de nombreux verdicts sont désormais rendus par les tribunaux d’occupation, pour lesquels aucune donnée publique n’est disponible.

La grande majorité des personnes condamnées – environ 17 500 – l’ont été en vertu de l’article sur l’abandon non autorisé de poste (article 337 du Code pénal russe), tandis que "seules" 1 000 personnes ont été condamnées directement pour désertion (article 338 du Code pénal). En outre, 94 personnes ont été condamnées pour évasion du service militaire par simulation de maladie. Cette qualification juridique n’est pas anodine, notent les analystes, car l’article sur l’abandon de poste "prévoit une peine avec sursis comme alternative à la prison ferme", ce qui facilite le retour des condamnés sur le front et les exclut des statistiques de "pertes irrécupérables", contrairement à la désertion.

En croisant ces données avec des fichiers de soldats recherchés et des fuites internes, les auteurs estiment que seul un cas sur trois aboutit réellement à un procès. "Le nombre réel de déserteurs pourrait donc atteindre 60 000", soit près de 10 % des effectifs russes déployés sur le front, précisent-ils. Une situation qui serait la réelle cause du retrait des statistiques publiques sur le sujet, afin de ne pas contredire la déclaration de Vladimir Poutine de juillet 2025, selon laquelle "toute la Russie forme un front populaire uni et solidaire".

© afp.com/TATYANA MAKEYEVA

Des soldats russes devant le cadavre d'un militaire ukrainien, dans le village de Kazatchïa Loknïa (région de Koursk, Russie) le 19 mars 2025.
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Sabotage du gazoduc Nord Stream : ce que l’on sait de l’arrestation d’un Ukrainien en Italie

Un Ukrainien, suspecté d’être l’un des coordinateurs du commando de sabotage du gazoduc russe Nord Stream dans la mer Baltique en 2022, a été arrêté ce jeudi 21 août dans la province de Rimini (Italie), a annoncé le parquet fédéral allemand. L'Express fait le point sur ce que l'on sait.

Une arrestation en Émilie-Romagne

L’opération nocturne a été menée par les carabiniers de la commune de Misano Adriatico (Émilie-Romagne), en étroite collaboration avec le service de coopération internationale de la police, précise le quotidien italien Il sole 24ore. Elle a eu lieu durant les vacances en famille du suspect, "sur la base d’un mandat d’arrêt européen du citoyen ukrainien Serhii K.", émis le 18 août par le parquet fédéral allemand et le juge d’instruction de la Cour fédérale de justice.

La ministre allemande de la Justice, Stefanie Hubig, a salué l’arrestation et le "succès impressionnant des enquêteurs" du parquet fédéral, en la qualifiant d'"hautement complexe", rapporte le journal allemand Bild.

Les premiers détails de l’enquête

"Serhii K. faisait partie d’un groupe de personnes qui, en septembre 2022, ont placé des explosifs sur les gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 près de l’île (danoise, ndlr) de Bornholm", écrit le parquet fédéral allemand, spécialisé dans les affaires de terrorisme. Il s’agit "vraisemblablement d’un des coordinateurs de l’opération" de sabotage, ajoute-t-il.

En compagnie d’autres complices, Serhii K. aurait rejoint la zone de la mer Baltique à l’aide d’un "voilier qui avait pris le départ à Rostock (port allemand sur la Baltique)", continue le parquet. "Le voilier avait été loué auprès d’une entreprise allemande à l’aide de faux papiers d’identité par le biais d’intermédiaires", poursuit le communiqué.

L’homme est accusé de complicité d’explosion, de sabotage contre l’ordre constitutionnel et de destruction d’infrastructures. Après son extradition vers l’Allemagne, il sera interrogé par le juge d’instruction fédéral.

Les autres suspects

Les gazoducs Nord Stream, qui passent sous la mer Baltique, ont été construits pour transporter le gaz russe vers l’Allemagne. Après le début de l’invasion russe en Ukraine, le pays avait cessé d’en accepter les livraisons. Les explosions, survenues le 26 septembre 2022, ont causé de graves dégâts aux deux infrastructures, les fermant de manière quasi-définitive. En effet, le Nord Stream 1 n’a jamais repris ses opérations après le sabotage, tandis que le second gazoduc, qui venait à peine d’être construit, n’est jamais entré en service.

Pendant des années, les enquêteurs ont cherché activement les auteurs du sabotage des gazoducs. Initialement, la Russie a été soupçonnée d’être derrière le sabotage, mais la piste a ensuite mené à l’Ukraine, rappelle Bild.

Une dizaine d’hommes et une femme originaires d’Ukraine, dont des civils et des soldats, auraient été impliqués. Seuls quelques noms sont connus du public, dont celui de Volodymyr Sh., un expert en plongée pour les eaux particulièrement profondes. Les enquêteurs allemands ont aussi émis un mandat d’arrêt à son encontre.

© afp.com/Odd ANDERSEN

Image d'illustration.
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Gaza : une attaque surprise du Hamas révèle les limites du renseignement israélien

C’est une attaque d’une ampleur inédite depuis le 7 octobre 2023. Mercredi 20 août, l’armée israélienne a affirmé avoir tué une dizaine de combattants du Hamas dans le sud de la bande de Gaza, en repoussant une attaque de la branche armée du mouvement islamiste palestinien.

Selon les conclusions d’une enquête de Tsahal sur l’incident, les membres du Hamas sont sortis d’un tunnel situé à environ 50 mètres d’un poste militaire, qui servait aux troupes de la brigade d’infanterie Kfir. Ce tunnel, connu des militaires, avait en partie été démoli, mais les hommes armés auraient creusé un nouveau puits et utiliser le passage souterrain existant lors de l’attaque.

Une attaque combinée

"Les assaillants ont mené une attaque combinée par des tirs d’arme à feu et des missiles antichars en direction du poste. Plusieurs d’entre eux qui tentaient de s’infiltrer dans le poste ont été éliminés dans des combats au corps à corps et des frappes aériennes de soutien", a déclaré l’armée israélienne, qui compte trois blessés parmi ses rangs. Six autres membres du Hamas ont été tués à proximité des combats, probablement à un poste d’observation.

Dans un communiqué, les Brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du Hamas, ont de leur côté fait état "d’un raid mené ce matin" par ses combattants "sur une position ennemie nouvellement établie au sud-est de Khan Younès". Appuyés par des mortiers, les combattants "ont pris d’assaut le site et ciblé plusieurs chars […] des maisons où des occupants [soldats israéliens, ndlr] étaient retranchés". Si le mouvement revendique la mort de soldats israéliens dans l’attaque, un porte-parole de l’armée israélienne a toutefois démenti cette affirmation.

La faiblesse des services de renseignement

Dans les médias israéliens, on évoque une "attaque surprise". Journaliste de la radio militaire israélienne, Doron Kadoch a indiqué qu’il s’agissait d’une offensive "exceptionnelle" depuis le début de la guerre. L’un des terroristes aurait d’ailleurs amené avec lui une civière, ce qui laisse à penser que le Hamas aurait pu vouloir enlever des soldats.

D’après le quotidien Maariv, les autorités sont aussi la cible d’une série de critiques. L’offensive menée à Khan Younès est présentée comme "extrêmement grave", et met en lumière selon la presse "la faiblesse" des services de renseignements israéliens. La situation est d’autant plus préoccupante qu’une proposition d’accord est sur la table entre Israël et le Hamas pour la libération des otages enlevés le 7-Octobre, ainsi que pour un cessez-le-feu dans le territoire palestinien, rappelle la chaîne Canal 12 de la télévision israélienne.

© afp.com/-

Photo diffusée par l'armée israélienne le 28 août 2024 montrant, selon elle, des soldats dans un bâtiment lors d'opérations de recherche et de destruction d'un tunnel dans le centre de la bande de Gaza, où une guerre oppose Israël au mouvement islamiste palestinien Hamas.
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Le Renseignement américain victime de nouvelles coupes d’ampleur

La directrice du Renseignement américain Tulsi Gabbard a annoncé mercredi 20 août une sévère cure d’amaigrissement de son administration, qu’elle a accusée d'"abus de pouvoir" et d'"instrumentalisation politique".

"Ces 20 dernières années, le Bureau de la Direction du Renseignement national (ODNI) a gonflé jusqu’à devenir inefficace et les abus de pouvoir, les fuites d’informations confidentielles et l’instrumentalisation politique y ont été monnaie courante", a dénoncé dans un communiqué cette ancienne élue du Parti démocrate, ralliée au président républicain Donald Trump.

Selon une fiche d’information publiée par l’ODNI, la directrice a déjà supprimé 500 postes et réduit la taille du bureau de 30 % depuis sa prise de fonction en février. La nouvelle cure promet de réduire les effectifs de plus de 40 % et permettrait, selon le communiqué, d’économiser plus de 700 millions de dollars par an. L’ODNI n’a pas précisé si cette réduction correspondait à un pourcentage de l’effectif initial ou du total déjà réduit, remarque la BBC.

L’initiative, baptisée "ODNI 2.0", semble principalement cibler plusieurs sous-agences et bureaux au sein de l’organisation, que la directrice juge soit redondants, soit "politisés". Cela inclut notamment le Foreign Malign Influence Center, qui surveille les efforts des entités étrangères pour influencer le public américain, ainsi que le National Counterproliferation and Biosecurity Center, qui surveille la prolifération des armes chimiques, biologiques et nucléaires. Le plan de Tulsi Gabbard prévoit de fermer ces entités et de transférer certaines de leurs fonctions essentielles et de leur personnel vers d’autres services de l’agence, précise CNN.

Accusations d’ingérences politiques

"L’ODNI et la communauté du Renseignement doivent réaliser de sérieux changements pour remplir leurs obligations à l’égard des Américains et de la Constitution des États-Unis : trouver la vérité et apporter au président et aux décideurs politiques une information objective, impartiale et opportune", a martelé Tulsi Gabbard.

Un des services affectés, le Strategic Futures Group — agence chargée de produire des prévisions à long terme pour guider les décideurs politiques — sera notamment fermé car Tulsi Gabbard estime qu’il a été utilisé "pour promouvoir un programme politique partisan." La fiche d’information n’a fourni aucune preuve pour étayer cette affirmation, rapporte pourtant CNN.

Par le passé, la directrice et son équipe ont eux-mêmes été accusées de faire pression sur des analystes du renseignement pour qu’ils modifient leurs conclusions afin de les adapter à leurs propres vues ou de soutenir le président. Lors de la confirmation en février par le Sénat de sa nomination, elle avait été interrogée par l’opposition démocrate sur ses positions considérées comme proches du Kremlin, en particulier concernant la guerre en Ukraine.

L’annonce de la suppression du Foreign Malign Influence Center, censé surveiller les opérations d’influence venant de l’étranger et les menaces pour les élections, survient alors que des agences du renseignement et la police fédérale FBI avaient conclu en 2016 que la Russie avait tenté d’influencer la campagne électorale, dont Donald Trump était sorti victorieux face à la démocrate Hillary Clinton. Des allégations que le magnat de l’immobilier new-yorkais a toujours niées.

Le renseignement entre purges et cure d’austérité

Les réactions à cette nouvelle cure ont suivi les lignes de fracture partisanes au Congrès, comme le rapporte l’agence Associated Press (AP). Le sénateur Tom Cotton, président républicain de la commission sénatoriale du renseignement, a ainsi salué cette décision comme "une étape importante pour que l’ODNI retrouve sa taille, sa portée et sa mission d’origine. Et cela contribuera à en faire un outil de sécurité nationale plus solide et plus efficace pour le président Trump."

Le principal démocrate de la commission, le sénateur Mark Warner, a lui promis d’examiner attentivement le plan ODNI 2.0 et de "mener un contrôle rigoureux pour s’assurer que toute réforme renforce, et non affaiblit, notre sécurité nationale". Il a ajouté qu’il n’était pas certain que ce soit le cas, "compte tenu des antécédents de la directrice Tulsi Gabbard en matière de politisation du renseignement."

Les efforts de la directrice s’inscrivent à la fois dans un contexte de purges au sein des services de renseignement et dans le cadre des réductions drastiques de coûts mises en œuvre par l’administration Trump depuis ses débuts. Ils rappellent notamment le projet Elon Musk et son Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE), qui ont supervisé des licenciements massifs au sein de la fonction publique fédérale. De même, le FBI et le Secret Service ont subi de multiples purges internes ces derniers mois.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

La directrice du renseignement national américain Tulsi Gabbard, à la Maison-Blanche, à Washington, aux Etats-Unis, le 23 juillet 2025
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Gaza : Benyamin Netanyahou ordonne "des négociations immédiates" pour libérer "tous les otages"

Les troupes israéliennes ont commencé à encercler la ville de Gaza, la plus grande ville de l’enclave palestinienne, qu’Israël accuse d’être un "bastion du Hamas". La manœuvre suppose un recours massif aux réservistes israéliens, dont 60 000 supplémentaires vont être convoqués, en complément des dizaines de milliers déjà mobilisés depuis le 7 octobre 2023.

Cette opération intervient alors que Benyamin Netanyahou a annoncé jeudi soir avoir donné des "instructions pour entamer immédiatement des négociations visant à libérer tous" les otages israéliens à Gaza, en réponse à une nouvelle proposition de trêve présentée par les médiateurs.

En parallèle, le gouvernement israélien a suscité un tollé international en dévoilant un plan majeur de colonisation en Cisjordanie occupée, qui enterrerait toute possibilité d’Etat palestinien.

Les infos à retenir

⇒ Benyamin Netanyahou ordonne "des négociations immédiates" pour libérer "tous les otages"

⇒ Le plan israélien en Cisjordanie condamné à l’international

⇒ Israël a "du travail à faire pour convaincre la génération Z", dit Benyamin Netanyahou

Benyamin Netanyahou ordonne "des négociations immédiates"

Dans une vidéo diffusée par ses services jeudi soir, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a annoncé avoir donné des instructions "pour lancer immédiatement des négociations pour la libération de tous [les] otages et pour mettre fin à la guerre dans des conditions acceptables pour Israël". Celui-ci a par ailleurs dit se préparer "à approuver" les plans de l’armée pour la prise de la ville de Gaza.

Le ministère de la Santé gazaoui refuse l’exigence israélienne d’évacuer les hôpitaux vers le sud

Le ministère de la Santé de la bande de Gaza, sous l’autorité du Hamas, a annoncé avoir rejeté jeudi les appels de l’armée israélienne à évacuer les hôpitaux de la ville de Gaza vers le sud, en prévision d’une offensive israélienne imminente.

Dans un communiqué, le ministère "exprime son rejet de toute mesure qui affaiblirait ce qui reste du système de santé après sa destruction systématique" par l’armée israélienne, en réponse à "la demande des autorités d’occupation [Israël] de transférer les ressources du système de santé du gouvernorat de Gaza vers le sud" du territoire. "Une telle mesure priverait plus de 1 million de personnes de leur droit aux soins médicaux et exposerait la vie des résidents, des patients et des blessés à un danger imminent", assure le ministère, qui appelle les "organisations internationales et onusiennes à agir pour protéger ce qui reste du système de santé".

Avertissant d’une prochaine "évacuation complète" de la ville de Gaza, l’armée a annoncé jeudi avoir commencé à y appeler hôpitaux et ONG à "préparer un plan pour transférer le matériel médical du nord au sud". Dans ces appels, l’armée a dit assurer à ces interlocuteurs qu’elle leur fournirait "un lieu pour opérer, que ce soit un hôpital de campagne ou tout autre hôpital".

Le plan de conquête de Gaza montre le "mépris flagrant" d’Israël pour les efforts de médiation, selon le Hamas

Le plan de conquête de la ville de Gaza, pour lequel le gouvernement israélien a annoncé hier le rappel de 60 000 réservistes, témoigne du "mépris flagrant" d’Israël pour les efforts de médiation en vue d’un cessez-le-feu, a estimé mercredi soir le Hamas dans un communiqué. "Alors que le [Hamas] a annoncé son accord sur la dernière proposition présentée par les médiateurs, [Israël] insiste sur la poursuite de sa guerre barbare", accuse le texte. D’après le mouvement palestinien, Benyamin Netanyahou démontre qu’il "est le véritable obstacle à tout accord, qu’il ne se soucie pas de la vie des otages israéliens et qu’il n’a pas sérieusement l’intention de les récupérer".

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a donné mercredi son feu vert à la prise de la ville de Gaza, où des dizaines de milliers de personnes ont commencé à fuir vers le sud de l’enclave. "Nous avons commencé des opérations préliminaires pour l’attaque. Nos forces sont en périphérie de la ville. Nous allons créer les conditions pour ramener les otages", a déclaré plus tard le porte-parole de l’armée israélienne, Effie Defrin, à la télévision. Selon un communiqué de ses services, Benyamin Netanyahou a ordonné que "le délai pour s’emparer des derniers bastions terroristes et vaincre le Hamas soit raccourci", sans donner de date.

L’intensification des hostilités à Gaza est "intolérable", juge le CICR

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a jugé "intolérable" l’intensification des hostilités dans "l’espace clos" de Gaza. "L’intensification des hostilités à Gaza signifie plus de morts, plus de déplacements, plus de destructions et plus de panique", a déclaré Christian Cardon, le porte-parole de l’organisation basée à Genève, dans un message à l’AFP.

"Gaza est un espace clos, d’où personne ne peut s’échapper… et où l’accès aux soins de santé, à la nourriture et à l’eau potable diminue", a-t-il souligné, notant également que "pendant ce temps, la sécurité des humanitaires se détériore d’heure en heure".

Le plan israélien en Cisjordanie condamné à l’international

Faisant fi des protestations internationales, Israël a aussi approuvé mercredi un projet clé de construction de 3400 logements illégaux en Cisjordanie occupée, dénoncé par l'ONU et plusieurs dirigeants car il devrait couper ce territoire en deux en créant une ligne contiguë de colonies juives, ce qui empêcherait la création d’un éventuel Etat palestinien avec une continuité territoriale.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a condamné fermement mercredi une décision qui "viole le droit international et constitue une menace existentielle pour la solution à deux Etats". Les chefs de la diplomatie britannique et français ont également appelé "le gouvernement israélien à revenir sur cette décision", leur homologue italien Antonio Tajani jugeant le projet "inacceptable", dans des réactions publiées sur X mercredi.

L’Autorité palestinienne a fustigé de son côté une décision qui va selon elle faire de la Cisjordanie une "véritable prison" et "compromet les perspectives de mise en œuvre de la solution à deux Etats en fragmentant l’unité géographique et démographique de l’Etat palestinien". L’Autorité voit dans le projet E1 un nouveau "crime de colonisation" et une nouvelle étape de "l’annexion progressive de la Cisjordanie", voulue et pleinement assumée par plusieurs figures de l’extrême droite israélienne, à l’instar du ministre des Finances, Bezalel Smotrich.

17 sénateurs américains exigent d’Israël l’accès de la presse internationale à Gaza

Dans un courrier au chef de la diplomatie américaine, alliée indéfectible d’Israël, 17 sénateurs démocrates ont demandé au département d’Etat de faire pression sur le gouvernement israélien pour protéger les journalistes à Gaza et permettre aux médias internationaux d’avoir accès au territoire" palestinien. Interrogé sur le sujet jeudi dans le bureau Ovale, le président Trump avait répondu : "Cela m’irait très bien si les journalistes allaient" dans la bande de Gaza. "C’est très dangereux pour les journalistes, mais je le souhaiterais", avait-il affirmé.

Quatre jours plus tôt, une frappe israélienne avait tué quatre journalistes d’Al Jazeera et deux pigistes, dont le correspondant de la télévision qatarie, Anas al-Sharif. L’attaque a soulevé un tollé international. "Israël n’a fourni aucune preuve évidente attestant que M. al-Sharif serait un militant du Hamas. En l’absence d’explication convaincante sur l’objectif militaire de cette attaque, Israël a semble-t-il admis publiquement qu’il vise et tue des journalistes qui exposent au monde l’ampleur des souffrances à Gaza", ont fustigé les élus américains, dénonçant une possible "violation du droit international".

© AFP

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou arrive au Capitole américain à Washington, le 9 juillet 2025, pour une réunion avec des parlementaires.
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