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S.M.A.R.T. badblocks badblocks2

S.M.A.R.T. (Self-Monitoring, Analysis and Reporting Technology) est un système de surveillance intégré aux disques durs modernes et aux disques SSD. Il évalue en continu le bien-être du périphérique tout en anticipant les éventuels dysfonctionnements. Il utilise une réserve de secteurs de rechange pour réparer quand il détecte un secteur en anomalie.
Le programme Linux badblocks teste les blocs d’un média par écriture+relecture+comparaison. À l’origine il servait à mettre les blocs mauvais en liste noire dans le file-system.

Est-il utile de nos jours de vérifier ses médias ?
Comment se situe S.M.A.R.T. par rapport à l’outil badblocks ?
Comment vérifier un média en tenant compte de sa surveillance par S.M.A.R.T. ?

C'est ce que nous allons voir dans la suite de la dépêche.

smart-drive

Sommaire

Préambule

Quelle précaution prendre vis-à-vis du risque de mauvaise qualité du stockage, quand je viens d’acheter un média (disque SSD, disque rotatif, clé USB, carte SD) ou un appareil sous Linux équipé d’un espace de stockage dont j’ignore la technologie ?
Sans être parano, je me dis qu’avant d’envoyer des données précieuses sur l’espace de stockage, c’est le moment de faire certaines vérifications. Mais quelles vérifications ? Qu’est-il possible de faire ?

Sur un média connectable, tout est possible.
Sur un appareil neuf sans système ni données, tout est possible en utilisant une distrib Live.
Sur les autres, ça dépend, il y en a où on n’a même pas un accès root pour lancer une vérification « dure » ou « molle » (Android, routeur…).

En écrivant cet article, je me suis rendu compte que je ne me suis jusqu’ici jamais posé de questions sur l’opportunité de vérifier les espaces de stockage de mes téléphones, PC portables, routeurs, box… bref tous les appareils vendus prêts à être utilisés. Pourtant, que sais-je de la vérification faite par celui qui a installé le système ? Rien, et j’utilise, sans penser que l’espace de stockage de l’appareil n’est ni plus ni moins robuste que celui du PC Linux que j’ai installé dernièrement, mais que j’ai vérifié consciencieusement.

S.M.A.R.T.

S.M.A.R.T. est un système de surveillance intégré aux disques durs modernes et aux disques SSD. Il évalue en continu le bien-être du périphérique tout en anticipant les éventuels dysfonctionnements. Il surveille un maximum de paramètres (température, temps de fonctionnement, vitesse de rotation pour les disques magnétiques, nombre de démarrages et d’arrêts…) et dépend de l’expérience du fabricant. La réparation de secteurs utilise une réserve de secteurs et le mapping entre secteurs logiques et secteurs physiques.

On pourrait se dire que, de nos jours, les supports sont fiables et testés par les intégrateurs. D’autres considèrent que la technologie S.M.A.R.T. suffit… et c’est bien commode de ne plus se soucier de la fiabilité des supports de stockage. Mais à la première galère due à un média défaillant, tu évolueras dans ta confiance.

Sais-tu seulement sur lesquels de tes médias S.M.A.R.T. est installé et actif ?
Si tu utilises un RaspberryPi, ton média système est… une carte SD. Elle n’a pas S.M.A.R.T.. Idem pour l’extension de mémoire que tu as ajoutée à ton téléphone.

Je t’invite à lire la page Wikipedia sur S.M.A.R.T. et son paragraphe « Standard, implémentation et limitations ». Que fait et que ne fait pas le S.M.A.R.T. qui fonctionne sur le disque du PC qui te permet de lire cet article ? Difficile de savoir. Comment est-il configuré ? Fais un sondage autour de toi à ce sujet et tu seras pris pour un parano.

Sur ton PC, sais-tu qu’il y a une option S.M.A.R.T. dans le BIOS (ou UEFI) ? Sais-tu qu’il y a un service smartd dans ton Linux ? As-tu compris aussi qu’avec du RAID il n’est pas toujours opportun d’activer S.M.A.R.T. ? Les communications entre S.M.A.R.T. RAID et l’O.S. peuvent se passer plus ou moins bien selon la qualité de ces éléments. Il te faut bien comprendre ce qu’il est possible de paramétrer et deviner comment ça marche derrière.

Si tu demandes une vérification à S.M.A.R.T. par smartctl, sais-tu ce qu’il fait ? Se contente-t-il de lire ou fait-il un test en écriture ?

Enfin, quand S.M.A.R.T. détecte qu’un secteur est devenu défectueux, il ne peut pas deviner quels bits sont défaillants, aussi il renseigne le secteur de secours avec ce qu’il peut, qui est l’état du secteur après défaillance. S.M.A.R.T. a ses limites, il répare comme il peut. S’il est configuré pour, il alerte quand il prévoit de la défaillance, mais sais-tu reconnaître ses alertes ? As-tu compris ce que tu dois faire en réponse aux alertes ?

Je t’invite à apercevoir la complexité de prise en main de S.M.A.R.T. en faisant quelques recherches sur ces listes de mots :

smartctl howto
smartctl configure self test
smartd howto

et tu verras que ce n’est pas simple à comprendre et à configurer.

Tu peux te dire naïvement que tout est bien configuré par défaut et que tes médias seront toujours impeccables. Sinon, il va falloir investir en temps et faire quelques essais. À toi de choisir.

S.M.A.R.T. est une belle avancée technologique, mais il est dangereux de lui attribuer des mérites indus.

BADBLOCKS

Le programme Linux badblocks a été créé en même temps que le paquetage e2fsprogs (mkfs.ext2, mkfs.ext3, mkfs.ext4, fsck.ext2…). À l’époque S.M.A.R.T. n’existait pas et il n’y avait pas de mapping entre les adresses logiques et physiques. C’est le file-system qui devait tout gérer quand il détectait un bloc défectueux, notamment la mise du bloc en liste noire. C’est pour cela que mke2fs et e2fsck lancent un badblocks « dur » quand on leur spécifie deux fois l’option -c. Cela dure trèèès longtemps car les paramètres par défaut ne sont plus bien optimisés.

Depuis l’arrivée de S.M.A.R.T., certains considèrent badblocks comme obsolète. Mais qui peut affirmer que TOUS les médias utilisés par TOUS les usages de Linux sont équipés de S.M.A.R.T. ?
Peut-être qu’au M.I.T. avec un réseau de classe A, on ne s’abaisse pas à utiliser une clé USB ou un RaspberryPi. Je me demande dans quel type de bulle vivent ceux qui pensent que S.M.A.R.T. est sur tous les médias de stockage.

Quand j’achète une clé USB, je lui passe badblocks dessus et s’il y a des mauvais blocs, je la rends et je me fais rembourser.
J’ai essayé d’interroger les fonctionnalités S.M.A.R.T. de diverses clés USB et je n’ai rien obtenu, comme si cette utilité n’y était pas installée :

# smartctl --scan-open
# smartctl -x /dev/sdc
# smartctl -i -d scsi -T verypermissive /dev/sdc

Mes recherches sur Internet n’ont abouti à rien qui me permette de voir une réponse de la part de clés USB. Peut-être que si j’achetais (cher) des clés USB de très haute qualité, j’y trouverais S.M.A.R.T. ?

Comme l’intervenant du message #25 de ce rapport de bug (en), je pense que badblocks est loin d’être obsolète.
J’ai envie d’imiter le message #20 juste au-dessus en disant : « Je dois demander --- ***pourquoi*** vous (et d’autres personnes) mettez de l’essence dans vos voitures en 2024 ? L’essence en tant que chose a commencé à devenir inutile pour les voitures vers 2011, lorsque la voiture électrique s’est répandue, et que les batteries sont devenues suffisamment énergétiques pour faire rouler des véhicules sur des centaines de km ».

Je t’invite aussi à une recherche sur la liste de mots « courbe en baignoire composants électroniques ». Le programme badblocks peut servir au déverminage. On sait en détail ce qu’il fait. Son résultat est clair, contrairement aux implémentations propriétaires de S.M.A.R.T..
Sans déverminage (rodage) on court le risque de subir trop tôt une réparation discrète incomplète : le secteur réparé sera physiquement bon mais son contenu sera corrompu. La conséquence peut être catastrophiquement discrète. Par exemple, un fichier LibreOffice est une archive zip (compressée), la corruption d’un seul bit y a des conséquences imprévisibles.

De mon côté, j’utilise badblocks pour tester les médias nouvellement acquis et pour effacer ceux bons à réformer. Ce programme permet aussi la chasse aux médias « fake-size », du genre carte SD de 1To qui accepte de recevoir 1To de fichiers, mais qui ne stocke en réalité que 8Go. On trouve de nos jours (juin 2024) des clés USB de 16To vendues au prix de 5 € ! L’application h2testw sous windows et son équivalent f3 sous linux sont spécialement conçus pour cette chasse. Le microprogramme de ces clés USB ou de ces disques a été détourné pour déclarer un espace de stockage falsifié. C’est de l’escroquerie.

BADBLOCKS2

Mon usage du badblocks du paquetage e2fsprogs-1.47.0 m’a amené à y caractériser un bug reproductible en novembre 2023. J’ai eu l’intention de remonter le bug aux équipes ad hoc de ma distribution (Mageia) mais je me suis d’abord mis à regarder le source.

J’y ai trouvé l’origine du bug, et j’ai trouvé d’autres bugs. En ajoutant des instructions de traçage et de simulation d’erreurs du média, j’ai mis en évidence encore d’autres bugs. De fil en aiguille, j’ai fini par retoucher profondément certains algorithmes, et j’ai appelé badblocks2 cette nouvelle version. J’y ai ajouté diverses options faciles à programmer et commodes à l’usage. J’ai copieusement testé.

Si tu veux essayer badblocks2 et/ou prendre connaissance de ma démarche, je livre tout sur mon site. Tu verras pourquoi je me suis rabattu sur la création d’une nouvelle version, plutôt que de faire remplacer l’ancienne (ce qui aurait profité à tous).
Tu peux te faire une idée des fonctionnalités ajoutées en consultant les *.8.txt .
Tu peux t’inspirer des tests décrits dans le fichier Alire.txt, tester diverses valeurs pour -c -t et voir l’effet sur la vitesse de traitement. Tu peux même jouer à arracher la clé en cours de test (Ctrl-C pour arrêter) !

J’espère que ce programme servira à d’autres que moi.

En pratique

Voici une suggestion d’actions à faire lors de l’acquisition d’un nouveau média (disque SSD, disque rotatif, clé USB, carte SD…). Les commandes doivent être lancées par l’opérateur root.
Avec cela, quand dans quelques années tu satureras le média, tu seras sûr que le dernier secteur utilisé aura été déverminé avant la mise en production.

ATTENTION : les usages de badblocks proposés sont destructifs pour les données présentes sur le média. Le mode non-destructif du badblocks actuel comporte des bugs (version e2fsprogs-1.47.0). Celui de badblocks2 a été corrigé.
ATTENTION : la liste des mauvais blocs renvoyée par le badblocks actuel est fausse (version e2fsprogs-1.47.0). Le nombre de mauvais blocs est correct. La liste renvoyée par badblocks2 est correcte.
ATTENTION : le paramètre device du média est supposé être /dev/sdc. Ne pas se tromper, au risque d’effacer un autre média en cours d’usage.

D’abord déterminer le block-size du noyau, c’est une bonne valeur à prendre comme block-size du file-system :

# blockdev --getbsz /dev/sdc

Dans ce qui suit, je suppose que la valeur 4096 a été renvoyée.

Ensuite déterminer si S.M.A.R.T. est sur le média :

# smartctl --scan-open
# smartctl -x /dev/sdc
# smartctl -i -d scsi -T verypermissive /dev/sdc

Si S.M.A.R.T. n’est pas sur le média

Passer badblocks2 pour voir s’il y a 0 ou peu de mauvais blocs :

# badblocks2 -b 4096 -c 32768 -wrrvvss -t r -t r -e 40 -o /tmp/sdc.bb /dev/sdc

L’option -e peut être supprimée ou modifiée selon la limite du nombre de mauvais blocs considérée acceptable ; les options -t peuvent être différentes selon la sévérité souhaitée (voir le man).

S’il y a trop de mauvais blocs, refuser d’utiliser le média (->garantie ?).

S’il y a 0 mauvais bloc on peut formater en toute tranquillité (partitionner éventuellement avant) :

# mkfs.ext? -b 4096 ... /dev/sdc

S’il y a quelques mauvais blocs, sans que la limite -e soit atteinte, on pourra formater en utilisant la liste sauvée de mauvais blocs :

# mkfs.ext? -b 4096 -l /tmp/sdc.bb ... /dev/sdc

Si l’on veut partitionner, il faudra recalculer la liste des mauvais blocs de chaque partition avant de formater (remplacer sdc par sdc1 dans les commandes badblocks2 et mkfs.ext? ci-dessus).

Si l’on veut formater en vfat exfat ou f2fs (clés USB en général), il n’est pas possible d’utiliser la liste des mauvais blocs détectés ; la seule solution est de refuser d’utiliser le média s’il y a des mauvais blocs (ou alors de restreindre l’usage à une zone saine… à localiser)

Si S.M.A.R.T. est sur le média

On peut vérifier son activation par smartctl :

# smartctl -i /dev/sdc

Ensuite, il faut interroger le média sur l’état et les capacités de son S.M.A.R.T. :

# smartctl -a /dev/sdc

Noter le nombre de réallocations faites et prévues :

# smartctl -a /dev/sdc | grep -i _sector

Puis faire une passe de déverminage, en écriture+lecture car on ne sait pas si l’écriture seule suffit ; ne pas utiliser l’option -p de badblocks ; les options -t peuvent être différentes selon la sévérité souhaitée (voir le man) :

# badblocks2 -b 4096 -c 32768 -wrvvss -t r -o /tmp/sdc.bb1 /dev/sdc

Faire une passe de vérification, il ne devrait plus y avoir de mauvais blocs :

# badblocks2 -b 4096 -c 32768 -wrvvss -t r -o /tmp/sdc.bb2 /dev/sdc

S’il y a encore des mauvais blocs, c’est soit que le déverminage n’est pas terminé, soit que le média et/ou son S.M.A.R.T. sont foireux (il ne détecte pas les mauvais secteurs vus par badblocks2 ou les secteurs de réserve sont mauvais ou… pire) ; relancer des passes une par une jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de mauvais bloc détecté.

Re-interroger S.M.A.R.T. pour voir l’évolution des réallocations :

# smartctl -a /dev/sdc | grep -i _sector

Ensuite on peut formater (partitionner éventuellement avant) en considérant que le média a remappé tous ses mauvais secteurs et est donc impeccable pour l’utilisation :

# mkfs.ext? -b 4096 ... /dev/sdc

Par la suite, on pourra de temps en temps consulter l’état de santé du média en service :

# smartctl -H /dev/sda

Si on est courageux, on peut lancer de temps en temps un contrôle du média par son S.M.A.R.T.
Si on est encore plus courageux, on configurera smartd pour que ces vérifications soient automatiques et pour que les alertes soient envoyées par courriel.

Attention à la communication entre l’O.S., S.M.A.R.T. et RAID (niveau carte mère / niveau OS / contrôleurs bas de gamme), voir la page Wikipedia sur S.M.A.R.T..

Que l’esprit « aware » soit en toi, sur tes données et sur ton espace de stockage

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Proposition du ZenDis sur la souveraineté numérique et le droit des marchés publics en Allemagne

Le ZenDis (de) vient de publier des propositions sur la souveraineté numérique et le droit des marchés publics en Allemagne.

Le ZenDis (Zentrum Digitale Souveränität - Centre pour la Souveraineté Numérique) est une agence gouvernementale (SARL à capitaux publics) allemande, dont la création avait été annoncée dans une dépêche de 2021 et dont la mission est de « servir d’organe central et de coordination pour la promotion des logiciels libres (OSS) dans l’administration publique ».

Le document « Positionspapier: Digitale Souveränität im Vergaberecht»  met en avant l’importance de renforcer la souveraineté numérique des administrations publiques allemandes face à une situation géopolitique incertaine. Il souligne la volonté politique exprimée dans diverses stratégies et documents officiels depuis 2020, qui prônent l’adoption systématique de standards ouverts et de logiciels open source pour les projets informatiques publics afin de réduire les dépendances aux fournisseurs de technologies propriétaires.

L’utilisation de logiciels open source est présentée comme un levier essentiel pour atteindre cette souveraineté numérique. Les avantages comprennent la flexibilité de changer de fournisseur, la capacité d’adaptation des logiciels aux besoins spécifiques des administrations et une meilleure position de négociation avec les fournisseurs. Toutefois, malgré un cadre juridique favorable, l’open source reste peu utilisé dans la pratique des marchés publics.

Enfin, le texte appelle à utiliser la réforme en cours du droit des marchés publics (Vergabetransformationspaket) pour intégrer de manière plus étendue cette préférence pour l’open source, en s’inspirant d’exemples de législation comme celle de la Thuringe. Le texte met en avant des propositions d’amendements spécifiques au code des marchés publics allemand pour favoriser l’adoption de l’open source, renforcer la souveraineté numérique et réduire les dépendances technologiques au sein des administrations publiques allemandes.

Sommaire

Le document « Positionspapier: Digitale Souveränität im Vergaberecht » élaboré par le Zentrum für Digitale Souveränität der Öffentlichen Verwaltung (ZenDiS) met en avant la nécessité de renforcer la souveraineté numérique au sein des administrations publiques allemandes, en particulier par le biais de la réforme du droit des marchés publics.

Il comprend cinq parties.

1. Contexte et volonté politique

Le texte commence par souligner l’importance croissante de la souveraineté numérique face à une situation géopolitique incertaine, en particulier pour les administrations publiques. Depuis 2020, des initiatives ont été mises en place pour renforcer cette souveraineté, telles que les stratégies définies par l’IT-Planungsrat (pdf, de) et les engagements du gouvernement fédéral inscrits dans la stratégie numérique de 2022 (de). Ces documents insistent sur l’utilisation de standards ouverts et sur l’adoption systématique de logiciels open source dans les projets informatiques publics.

2. Open-Source: catalyseur de la souveraineté numérique

L’adoption de logiciels open source est considérée comme un levier crucial pour atteindre la souveraineté numérique. Les avantages de l’open source incluent la possibilité de changer de fournisseur sans contraintes, la capacité à adapter et à personnaliser les logiciels, ainsi qu’une meilleure position de négociation vis-à-vis des fournisseurs. Une étude de marché (de) réalisée en 2019 pour le ministère de l’Intérieur allemand souligne l’importance de réduire les dépendances aux fournisseurs de logiciels propriétaires.

3. Spécificités du droit des marchés publics dans l’acquisition de logiciels

Le document distingue deux types de prestations dans l’acquisition de logiciels : la fourniture du produit logiciel (licences) et les services associés. Les licences open source, étant exemptes de droits d’utilisation, échappent souvent aux obligations de mise en concurrence des marchés publics. Cependant, les services liés à ces logiciels doivent faire l’objet de procédures d’appel d’offres. La pratique actuelle, qui consiste à combiner la fourniture de logiciels et les services associés dans un même appel d’offres, doit évoluer pour favoriser l’open source.

4. Nécessité et conformité juridique d’une préférence pour le libre

Malgré un cadre juridique favorable, l’open source reste marginal dans les pratiques d’achat public. Le texte plaide pour une préférence explicite pour les logiciels open source dans le droit des marchés publics pour éviter les effets de verrouillage (lock-in) liés aux logiciels propriétaires. Il s’appuie sur l’article 97 du code des marchés publics allemand, qui permet des traitements différenciés justifiés par des objectifs légitimes, comme la souveraineté numérique.

5. Opportunités de réforme du droit des marchés publics

Le texte appelle à profiter de la réforme en cours du droit des marchés publics (Vergabetransformationspaket) pour inscrire de manière plus étendue la préférence pour les logiciels open source. Des exemples de la législation en Thuringe montrent comment cette approche peut être intégrée dans les textes de loi, en mettant l’accent sur l’interopérabilité et la durabilité.

Citons à présent les propositions:

C’est pourquoi la réforme actuelle du droit des marchés publics (doit absolument être mise à profit pour établir une priorité open source étendue et efficace. Ou plus encore : pour ancrer la priorité de la Souveraineté numérique.

Concernant le logiciel libre, le document reprend les propositions (de) issues d’une étude réalisée en 2022 par le professeur Andreas Wiebe pour le compte de l’Open Source Business Alliance (OSBA):

(1) Afin de garantir une large interopérabilité, les nouvelles applications et technologies doivent être dotées d’interfaces et de normes ouvertes et être utilisables par ce biais. Les nouvelles applications et technologies doivent, dans la mesure du possible, être compatibles en amont.

(2) L’utilisation de logiciels open source doit être privilégiée par rapport aux logiciels dont le code source n’est pas accessible au public et dont la licence limite l’utilisation, la distribution et la modification, ainsi que l’utilisation d’applications et de technologies qui sont durables tout au long de leur cycle de vie.

(3) Pour les nouveaux logiciels développés par l’administration publique ou spécialement pour elle, le code source doit être placé sous une licence de logiciel libre et open source appropriée et publié, pour autant qu’aucune tâche liée à la sécurité ne soit effectuée avec ces logiciels et que cela soit autorisé par le droit des licences.

Commentaire: les points 1 et 2 font écho à l’article 16 de la loi République Numérique en France, mais dans celle-ci il n’est question que d’ « encouragement » alors qu’ici il s’agit d’une obligation (point 1) ou d’une préférence (point 2). Le point 3 est aussi proche de ce qui est prévu en France concernant les logiciels vus comme des documents administratifs communicables.

Le document ajoute pour conclure:

Nous nous rallions à ce point de vue et à la proposition de formulation, mais nous nous prononçons explicitement en faveur d’un ancrage dans le code des marchés publics. En effet, comme le fait remarquer Wiebe, la loi sur la cyberadministration ne se réfère pas directement à l’attribution des marchés. En revanche, le décret sur les marchés publics permet de donner la priorité à l’open source ou à la souveraineté numérique. […]

Nous estimons qu’il est nécessaire, au regard des exigences de la description des prestations,

1. de rendre obligatoire la mention, dans le cahier des charges, des exigences qui renforcent la Souveraineté Numérique.

En ce qui concerne les conditions d’attribution, nous pensons qu’il est nécessaire,
1. d’établir l’effet du logiciel sur la Souveraineté Numérique comme critère autonome d’évaluation des offres,

2. de concrétiser l’évaluation de la rentabilité du logiciel,

• de manière à inclure les éventuels coûts induits par un éventuel effet de verrouillage,

• de sorte que l’impact économique sur d’autres acteurs de l’administration publique (réutilisation de logiciels) soit pris en compte.

En résumé

Le ZenDiS préconise des amendements spécifiques au code des marchés publics pour établir une préférence claire et opérationnelle en faveur des logiciels libres, afin de contribuer à la souveraineté numérique. Ce document présente des propositions concrètes pour adapter le cadre juridique afin de favoriser l’adoption de l’open source et de réduire les dépendances aux technologies propriétaires dans le secteur public.

Il nous semble indispensable de mener une réflexion similaire en France.

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Appel "Campus du libre 2024 (Lyon)" - Le numérique libre dans l'enseignement et la recherche

La 7ème édition du Campus du Libre se déroulera le samedi du 23 novembre 2024 au campus de la Manufacture des Tabacs à l'Université Jean-Moulin Lyon3.

Le Campus du Libre est un événement inter-établissements rassemblant plusieurs établissements lyonnais (INSA-Lyon, Université Lyon 1, Université Lyon 2, Université Lyon 3) en partenariat avec les entreprises du Ploss-RA (association d'entreprises du numérique libre en Auvergne Rhône-Alpes) avec l'objectif de promouvoir le numérique libre et éthique dans l'enseignement et la recherche. Lors de cette journée, les visiteurs se retrouvent pour échanger autour de leurs expériences et leurs projets.

Le Campus Du Libre proposera

  • Un village des associations et entreprises
  • Des ateliers démonstratifs et pratiques
  • Des conférences
  • Des install-party et flash party
  • Des espaces de divertissements libristes (tournois de jeux vidéo libres, concerts, expo…)
  • Animation de réseautage

Si vous souhaitez faire des propositions pour nourrir cet événement, l'appel à contribution est en ligne pour vous accompagner : https://www.campus-du-libre.org/cfp.php

Merci d'envoyer vos propositions avant le 21 septembre à l'adresse de courriel : contact@campus-du-libre.org

L’événement est gratuit et ouvert à tous et toutes.

Comme les années précédentes en témoignent, ce sera aussi l’occasion pour les étudiants et étudiantes de se créer des relations dans le secteur et de trouver un stage ou une alternance.

Le campus du Libre s’adresse à toutes personnes voulant en apprendre plus sur l'univers du Libre. Et découvrir des alternatives, aux logiciels propriétaires et privateurs, qui puissent répondre aux besoins du quotidien.

L’équipe organisatrice vous prépare cette nouvelle édition avec impatience !

L'équipe du Campus du Libre vous remercie pour votre participation,
Au plaisir de vous lire,

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Trois projets récompensés durant OW2con'24 : Mercator, WIdaaS et Centreon

La conférence OW2con a récompensé trois projets de la communauté OW2 :

  • catégorie communauté (Community Award) : Mercator, pour la cartographie du système d’information
  • catégorie performance sur le marché (Market Award) : WIdaaS, pour la gestion d’identité et d’accès
  • catégorie technologie (Technology Award) : Centreon, pour la supervision

OW2con24 Awards

Mercator

Le prix OW2con'24 Best Project Community Award est remis à MERCATOR. Cette application web procure une cartographie du système d'information et suit les recommandations de l’ANSSI précisées dans son "Guide de la cartographie du système d'information". L’application permet une approche globale de la gestion des risques, autorisant une protection et une défense complètes ainsi qu’une résilience du système d'information. La cartographie du S.I. est un outil essentiel à sa maîtrise. Elle constitue une obligation pour les Opérateurs d'Importance Vitale (OIV) et les opérateurs de services essentiels (OSE).

WIdaaS

Le prix OW2con'24 Best Project Market Award revient à W'IdaaS (Worteks IDentity as a Service, l’identité comme service par Worteks), un logiciel de gestion d’identités et d’accès, en mode Cloud, accessible via des interfaces Web et piloté par des API REST. Ce programme s’appuie sur le projet OW2 FusionIAM, et gère l’authentification multi-facteurs (2FA/MFA). Ses fonctionnalités et son modèle économique correspondent aux attentes actuelles du marché des entreprises et des collectivités territoriales.

Centreon

Centreon est une plateforme de supervision ouverte, extensible et facile à intégrer, pour superviser de bout en bout des infrastructures d’entreprise. La solution est interopérable avec ITSM (information technology service management, voir ITIL), les outils d’observabilité, d’analyse de données, d’orchestration et d’automatisation.

Le mot d’OW2

(NdM: deux dépêches ont été proposées et fusionnées)

Cette année, l’association OW2 est ravie de récompenser trois logiciels open source pouvant aider les entreprises à protéger l’ensemble de leur patrimoine numérique et à conserver la maîtrise de leurs infrastructures en interne, en périphérie et dans le cloud. Centreon, W’IDaaS et Mercator méritent leur prix pour leur ouverture aux solutions tierces, leurs fonctionnalités, leur ergonomie et leur modèle économique,” déclare le CEO d'OW2 Pierre-Yves Gibello.

Les prix OW2con’24 Best Project Awards distinguent des réalisations exemplaires. Ils apportent aux membres d’OW2, aux chefs de projet et à leurs équipes une distinction communautaire et des opportunités de visibilité sur le marché.

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