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AI Act : le règlement européen est publié au Journal officiel, la CNIL propose une FAQ

AIe
IA Act

Le tant attendu règlement européen sur l’intelligence artificielle a été publié hier au Journal officiel de l’Union européenne (JOUE). Il a été établi après d’intenses négociations entre la Commission, le Conseil et le Parlement européen.

Première législation générale au monde sur l’IA

La CNIL rappelle qu’il s’agit de « la première législation générale (ou exhaustive) au monde sur l’intelligence artificielle ». Son but : « encadrer le développement, la mise sur le marché et l’utilisation de systèmes d’intelligence artificielle (IA), qui peuvent poser des risques pour la santé, la sécurité ou les droits fondamentaux ».

Le règlement propose de classer les risques selon quatre niveaux :

  • Risque inacceptable pour les « pratiques contraires aux valeurs de l’Union européenne et aux droits fondamentaux »
  • Haut risque lorsque les systèmes d’IA « peuvent porter atteinte à la sécurité des personnes ou à leurs droits fondamentaux ». Quelques exemples : systèmes biométriques, utilisés dans le recrutement ou des usages répressifs.
  • Risque spécifique en matière de transparence, desquels découlent des obligations liées. Exemples : chatbots ou génération de contenu artificiel.
  • Risque minimal pour tous les autres systèmes d’IA, sans obligation particulière.

Du 1ᵉʳ aout 2024 au 2 aout 2027 : les grandes dates de l’AI Act

L’AI Act « entrera progressivement en application à partir du 1ᵉʳ aout 2024 », rappelle la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés. Elle détaille les principales étapes à venir :

  • 2 février 2025 (6 mois après l’entrée en vigueur) :
    • Interdictions relatives aux systèmes d’IA présentant des risques inacceptables.
  • 2 août 2025 (12 mois après l’entrée en vigueur) :
    • Application des règles pour les modèles d’IA à usage général.
    • Nomination des autorités compétentes au niveau des États membres.
  • 2 août 2026 (24 mois après l’entrée en vigueur) :
    • Toutes les dispositions du règlement sur l’IA deviennent applicables, en particulier les règles relatives aux systèmes d’IA à haut risque de l’annexe III (systèmes d’IA dans les domaines de la biométrie, des infrastructures critiques, de l’éducation, de l’emploi, de l’accès aux services publics essentiels, de l’application de la loi, de l’immigration et de l’administration de la justice).
    • Mise en œuvre par les autorités des États membres d’au moins un bac à sable réglementaire.
  • 2 août 2027 (36 mois après l’entrée en vigueur) :
    • Application des règles relatives aux systèmes d’IA à haut risque de l’annexe I (jouets, équipements radio, dispositifs médicaux de diagnostic in vitro, sécurité de l’aviation civile, véhicules agricoles, etc.).

De la documentation à foison

Des foires aux questions ont été mises en ligne par plusieurs organismes : FAQ de la CNIL (vient d’être mise en ligne), FAQ de la Commission européenne (décembre 2023), et FAQ de Vie publique (juin 2024). La Commission propose aussi toute une série de fiches sur les pratiques de l’intelligence artificielle, ainsi qu’une page regroupant tout ce qui touche à l’IA.

Interfaces truquées, manque de transparence : l’Europe attaque X pour violation du DSA

Plainte contre X
Logo de Twitter et de X

Ce midi, nous faisions le point sur les enquêtes et les changements suite à l’entrée en vigueur des règlements DSA de DMA dans l’Union européenne. De nombreuses enquêtes sont, en effet, en cours. Après Meta il y a quelques jours, c’est désormais au tour de X d’être dans le collimateur de la Commission qui adresse au réseau social ses constatations préliminaires « pour violation de la législation sur les services numériques ».

La Commission avait ouvert une procédure formelle à l’encontre de X en décembre dernier. Elle portait sur la diffusion de contenus illicites, l’efficacité des mesures prises par la plateforme contre la manipulation de l’information. Même chose sur celles pour accroître la transparence. L’Europe faisait enfin part d’une « suspicion d’interface utilisateur trompeuse » avec les fameuses coches bleues.

Dans son avis préliminaire, elle confirme ses craintes et pointe du doigt trois points problématiques. C’est la « première fois [que] des conclusions préliminaires en vertu du règlement sur les services numériques » sont publiées, explique Margrethe Vestager.

La coche bleue « induit en erreur les utilisateurs »

Tout d’abord sur la notion d’interface trompeuse : « X conçoit et exploite son interface pour les « comptes vérifiés » avec la « marque bleue » d’une manière qui ne correspond pas à la pratique du secteur et induit en erreur les utilisateurs. Étant donné que toute personne peut s’abonner pour obtenir un tel statut « vérifié » ».

La Commission affirme aussi qu’il existe des preuves « que des acteurs malveillants motivés abusent du « compte vérifié » pour tromper les utilisateurs ». Elle ne donne toutefois aucun exemple ni détails supplémentaires.

Avant le rachat de Twitter par Elon Musk (finalisé en octobre 2022), la coche bleue était réservée à des comptes triés sur le volet et vérifiés par le réseau social. Après le rachat, elle est devenue un élément permettant de distinguer les utilisateurs payants des autres. C’est encore le cas aujourd’hui puisqu’il faut au minimum le niveau Premium, à 100,80 euros par an, pour l’obtenir.

Mais, pour ajouter un peu de brouillard à la fumée, la coche bleue est aussi ajoutée gratuitement – et de force – sur certains comptes « influents ». Autant dire que cela n’aide pas vraiment les utilisateurs à comprendre le fonctionnement de la coche bleue et à savoir s’ils peuvent ou non se fier à un compte lorsqu’il arbore le fameux logo.

Thierry Breton résume la situation : « Auparavant, les comptes vérifiés par des coches bleues étaient synonymes de sources d’information fiables. Aujourd’hui, avec X, notre avis préliminaire est qu’ils trompent les utilisateurs et enfreignent la législation sur les services numériques ».

Back in the day, #BlueChecks used to mean trustworthy sources of information✔🐦

Now with X, our preliminary view is that:

❌They deceive users

❌They infrige #DSA

X has now the right of defence —but if our view is confirmed we will impose fines & require significant changes. pic.twitter.com/M9tGA5pYQr

— Thierry Breton (@ThierryBreton) July 12, 2024

De manière générale, X est souvent accusé d’être le relais et une caisse de résonance pour des fausses informations. Euronews s’était penché sur la question en avril 2023 et s’était fait l’écho d’une analyse de l’AFP sur le patron même de X : « Elon Musk a contribué à amplifier à plusieurs reprises les fausses affirmations de certains des plus grands comptes de désinformation sur la plateforme ».

Transparence publicitaire et accès aux chercheurs

Deuxième point, « X ne respecte pas la transparence requise en matière de publicité, car elle ne fournit pas de registre publicitaire fiable et consultable ». Au contraire, sa conception et les barrières mises en place « rendent le référentiel inadapté à son objectif de transparence envers les utilisateurs ».

Troisième et dernier point, le réseau social « ne donne pas accès à ses données publiques aux chercheurs », conformément à ce que demande pourtant le DSA. La récupération des données de manière indépendante – via un moissonnage (scraping) par exemple – n’est ainsi pas autorisé. De plus, le processus proposé aux chercheurs pour accéder à API de X semble « dissuader les chercheurs de mener à bien leurs projets ou ne leur laisse d’autre choix que de payer des honoraires disproportionnés ».

Une tentative de migration vers Mastodon avait été organisé par des chercheurs, mais force est de constater que la mayonnaise n’a pas pris.

X « a le droit de se défendre »

La balle est maintenant dans le camp de X, qui peut envoyer ses éléments de défense en réponse à ces constatations. La Commission les examinera avant de rendre sa décision. « X a désormais le droit de se défendre, mais si notre point de vue est confirmé, nous imposerons des amendes et exigerons des changements importants », ajoute Thierry Breton.

« Si l’avis préliminaire de la Commission devait être confirmé, la Commission adopterait une décision de non-conformité constatant que X a enfreint les articles 25, 39 et 40, paragraphe 12, du règlement sur les services numériques ». L’amende pourrait grimper jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires annuel mondial.

DSA et DMA : on fait le point sur les services concernés et les changements

Digital SM Act

Depuis maintenant plusieurs mois, les deux nouveaux règlements européens – Digital Services Act (DSA) et Digital Markets Act (DMA) – sont en vigueur. Ils commencent déjà à changer la physionomie du numérique et d’internet en Europe. De nouveaux services ont été ajoutés aux listes de la Commission lors des derniers mois. Nous avons donc décidé de faire le point sur qui est concerné, pourquoi et dans quel but.

Depuis le 17 février, le DSA est entrée en vigueur dans l’Union européenne pour toutes les plateformes en ligne. Son but : « mettre en pratique le principe selon lequel ce qui est illégal hors ligne est illégal en ligne », explique Vie publique.

Digital Services Act (DSA)

Ce dernier rappelle au passage que : « Le règlement DSA concerne tous les intermédiaires en ligne qui offrent leurs services (biens, contenus ou services) sur le marché européen. Peu importe que ces intermédiaires soient établis en Europe ou ailleurs dans le monde ».


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☕️ SpaceX a rencontré un problème lors du dernier lancement de Falcon 9

La fusée n’a pas explosé en plein vol, mais « le moteur du deuxième étage n’a pas terminé sa deuxième combustion » comme prévu. Elon Musk précise que les causes sont pour le moment inconnues et qu’une enquête est évidemment en cours.

Résultat des courses, « les satellites Starlink ont ​​été déployés sur une orbite plus basse que prévue ». Le premier étage est venu se reposer comme prévu sur une barge dans l’océan. SpaceX a pu communiquer avec cinq d’entre eux (sur la vingtaine à bord) et « tente de les faire remonter en orbite à l’aide de leurs propulseurs ioniques ».

Elon Musk est pessimiste et ajoute que « cela ne fonctionnera probablement pas [… ] Les propulseurs des satellites doivent remonter l’orbite plus rapidement que la traînée atmosphérique ne les tire vers le bas ou les brûlent ».

Space.com avance une hypothèse en se basant sur les images du lancement qui montrent « une accumulation de glace blanche « duveteuse » près du moteur lors de son tir dans l’espace. Un spectacle inhabituel qui pourrait indiquer une fuite de propergol », mais cela reste à confirmer.

La rediffusion du lancement est disponible ici.

I’ve never seen that much ice built up. Was there a liquid Oxygen leak? pic.twitter.com/tHyFnVddGm

⭕ CyberMike ⭕ (@CyberMikeOG) July 12, 2024

Nos confrères rappellent que c’est un événement rarissime, « avec déjà 69 lancements à son actif en 2024 ». La dernière fois qu’une fusée Falcon 9 a connue une défaillance en vol, c’était en 2015. Falcon 9 est aussi utilisée pour envoyer des humains dans l’espace, avec la capsule Crew Dragon. Une explosion avait eu lieu en 2016, mais c’était sur le pas de tir, avant le lancement.

L’autre combat d’Ariane 6 : la concurrence européenne des lanceurs

Le fil d’Ariane vole en éclats (contrairement à la fusée, ouf)

Ariane 6 signe le retour de l’Europe comme acteur majeur et souverain du spatial. L’enjeu est de réduire les coûts et de donner plus de flexibilité sur les missions. Derrière Ariane 6, on retrouve aussi un changement sur la gouvernance, avec une implication bien plus importante des acteurs industriels. Explications de Jean-Marc Astorg du CNES.

Beaucoup ont certainement suivi l’événement en direct : Ariane 6 a décollé de Kourou en Guyane direction l’espace. Les opérations se sont parfaitement déroulées durant les premières phases critiques (les 18 minutes après le lancement), et lors du premier rallumage du moteur Vinci (à H+56 minutes).

Vers la fin de la mission, l’APU s’est arrêté de manière prématurée, gâchant la fin de la fête et empêchant le moteur de Vinci de démarrer sa troisième poussée. Cela reste dans tous les cas une franche réussite. Les dirigeants des quatre partenaires impliqués – ESA, CNES, Arianespace et ArianeGroup – ne cachaient pas leur joie durant les conférences de presse.

Le premier lancement commercial est maintenant prévu pour décembre 2024, pour le compte du ministère de la Défense français.

Europe spatiale : plus de responsabilité pour l’industrie

Mais au-delà des évolutions techniques, Ariane 6 chamboule la gouvernance et implique davantage l’industrie dans les choix commerciaux. Lors d’une conférence de presse dans les locaux de l’Agence spatiale européenne (ESA), Jean-Marc Astorg du CNES (directeur de la stratégie et auparavant des lanceurs) est revenu sur ce changement important de paradigme.


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☕️ QNAP TS-432X et TS-632X : SFP+ (10 Gb/s), 2,5 GbE, PCIe et jusqu’à 16 Go RAM

QNAP vient d’annoncer deux nouveaux NAS : les TS-432X et TS-632X avec respectivement quatre et six emplacements pour les périphériques de stockage.

Le « X » à la fin de la référence indique la présence d’un port à 10 Gb/s, sous la forme d’une cage SFP+ pour le TS-432X et de deux pour le TS-632X. Les deux NAS disposent également de deux ports Ethernet à 2,5 Gb/s.

4 Go de mémoire sont présents par défaut, avec la possibilité de grimper jusqu’à 16 Go (un emplacement SODIMM DDR4). Le SoC – un Alpine AL524 à 2.0 GHz avec quatre cœurs – vient de chez AnnapurnaLabs (Amazon). Les deux NAS disposent aussi d’un emplacement PCIe 3.0 x4.

QNAP affirme qu’ils sont tous deux « cost-efficient », mais ne donne pas les tarifs. Il faudra donc attendre qu’ils débarquent chez les revendeurs pour en savoir plus.

☕️ La HBM4 en cours de finalisation au JEDEC

La HBM, ou High Bandwidth Memory, est une mémoire pour ordinateur avec une bande-passante élevée. Elle est notamment utilisée dans les GPU pensés pour les calculs liés aux intelligences artificielles (génératives). La demande est donc très importante dans le marché actuel.

La dernière version actuelle est la HBM3(E), mais la prochaine génération se prépare activement au JEDEC. Le groupe de travail annonce qu’il est « sur le point d’achever la prochaine version de sa High Bandwidth Memory : la HBM4 ».

Les principaux avantages seront une bande passante encore plus élevée, une consommation d’énergie réduite et une densité plus importante. La HBM4 devrait ainsi « introduire un nombre de canaux doublé par stack par rapport à HBM3, avec une empreinte physique plus importante ». Afin d’assurer une rétrocompatibilité, la norme prévoit « qu’un seul contrôleur peut fonctionner à la fois avec de la HBM3 et de la HBM4 si nécessaire ». Le JEDEC ne s’étend pas sur les détails.

La mémoire HBM4 sera proposée avec une capacité de 24 et 32 ​​Gb (3 et 4 Go) par couche et la possibilité d’en empiler 4, 8, 12 ou 16, soit un maximum de respectivement 48 et 64 Go par puce. La vitesse dans un premier temps sera de 6,4 Gb/s, mais « des discussions sont déjà en cours pour des fréquences plus élevées ».

Micron a déjà annoncé sa HBM4 pour 2025, avec une puce de 48 Go sur 16 couches (soit 3 Go par couche). Le fabricant prévoit même de la HBM4E pour 2027 avec une densité de 64 Go sur 16 couches, soit 4 Go par couche. Cela correspond aux annonces du jour du JEDEC sur la HBM4 (sans le E).

Europol a un problème avec les cartes SIM étrangères et le « home routing »

L'enfer c'est les autres
Siège d'Europol

Le « home routing » permet aux abonnés voyageant à l’étranger de continuer à voir leurs télécommunications être relayées par leurs opérateurs nationaux. Cette technique d’itinérance entraverait les forces répressives dans leurs velléités de surveillance des utilisateurs de cartes SIM étrangères.

Europol aurait des problèmes avec les cartes SIM étrangères, rapportent un certain nombre de médias. L’agence déplore que « les cartes SIM étrangères sont plus compliquées à mettre sur écoute », rapporte ainsi DataNews. « Europol déclare que la fonction de chiffrement mobile Home Routing aide les criminels », titre de son côté BleepingComputer, quand The Register avance qu’ « Europol estime que la technologie de l’itinérance mobile lui rend la tâche trop difficile ».

Europol reste flou sur les types de réseaux concernés

Toutes les générations de réseaux (2G, 3G, 4G, 5G…) sont-elles concernées ? Le communiqué de presse d’Europol ne donne pas vraiment de détails. Il affirme simplement que « le Home Routing limite la collecte de preuves par les services répressifs », au point que « les criminels peuvent agir en toute impunité car les demandes légales de preuves sont rendues impossibles ».

En introduction de sa « prise de position » sur les risques posés par le « home routing », Europol précise que ce sont « les normes de sécurité élevées et l’architecture fragmentée et virtualisée de la 5G autonome [qui] rendront plus difficile l’interception légale », au point que « les autorités policières et judiciaires risquent de perdre l’accès à des données précieuses ».

Qu’est-ce que le home routing ?


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Ariane 6 : le premier lancement est un « succès », mais…

APU marche PU

Ariane 6 va prendre son envol avec quatre ans de retard, sauf contre-ordre de dernière minute. Une première étape importante pour la France et l’Europe, qui jouent leur souveraineté d’accès à l’espace pour leurs satellites scientifiques et militaires. Les opérations se déroulent comme prévu ou presque, avec un retard d’une heure et un APU capricieux qui a mis un terme prématuré à la mission.

Mise à jour le 10 juillet à 1h50 : Lors d’une conférence de presse, l’Agence spatiale européenne est revenue sur ce premier lancement d’Ariane 6. Les dirigeants de l’ESA, d’Arianegroup, d’Arianespace et du CNES étaient d’accord pour parler d’un succès sur toute la ligne.

« Les 18 premières minutes sont suffisantes pour dire que c’est un succès », affirme même Stéphane Israël, CEO d’Arianespace. Si on monte à 56 minutes, on a le second allumage du moteur Vinci, là aussi une belle réussite et une première pour Ariane. C’est une des nouvelles raisons d’être d’Ariane 6 par rapport à la 5.

La séparation des trois conteneurs s’est déroulée correctement, mais ensuite les choses se sont compliquées. Entre le deuxième et le troisième allumage de l’APU, la fusée n’a pas réagi correctement : « nous ne savons pas pourquoi l’APU s’est arrêté » prématurément, indique Martin Sion, président exécutif Arianegroup.

Conséquence, le moteur Vinci ne s’est pas allumé pour son troisième rodéo. Dommage pour un « système absolument unique au monde », présenté comme l’une des forces d’Ariane 6.

La passivation a toutefois fonctionné correctement. C’est la solution de replis puisqu’une désintégration dans l’atmosphère était prévue. Mais puisque la fusée ne répondait pas correctement, le plan B a été actionné.

En conséquence, les deux derniers passagers n’ont pas été libérés pour ne pas faire de débris supplémentaire en orbite. Il s’agit de la capsule Nyx Bikini de The Exploration Company et de la SpaceCase SC-X01 d’Arianegroup. The Exploration Company est donc le seul passager externe à faire les frais de la défaillance de l’APU.

L’heure est désormais à l’analyse des données. Le prochain vol d’Ariane 6 (le premier commercial) reste programmé pour la fin d’année. Il devrait avoir lieu en décembre, précise Stéphane Israël.

Mise à jour le 9 juillet à 23h30 : Depuis maintenant quelques dizaines de minutes, la trajectoire n’est plus « nominale ». La courbe jaune (la trajectoire réelle de la fusée) se détache assez franchement de la courbe verte (la trajectoire nominale).

La suite des opérations n’est pas encore connue. Il faut voir si l’APU et/ou le moteur pourra être remis en route pour terminer la mission. Si aucun ne peut être remis en route, le reste d’Ariane 6 pourrait rester dans l’espace, il serait alors « passivé ».

Mise à jour le 9 juillet à 22h30 : l’heure est aux félicitations dans le centre de contrôle en Guyane, aussi bien du côté de l‘ESA, que du CNES et d’ArianeGroup : « L’Europe est de retour dans l’espace ! », lâche Philippe Baptiste (président du Centre national d’études spatiales). Même chose dans la bouche de Martin Sion (président Exécutif ArianeGroup) : « Ariane est de retour ». La mission n’est pas totalement terminée, mais les premiers satellites sont déjà en place.

Stéphane Israël, CEO d’Arianespace, ajoute que le prochain vol est prévu pour avant la fin de l’année, pour le compte du ministère de la Défense français. Ce sera le premier vol commercial d’Ariane 6, qui enchainera ensuite une douzaine de vols en 2025. Le carnet de commandes comprend déjà 29 réservations.


C’est enfin le jour J pour le nouveau lanceur lourd européen qui remplace Ariane 5, à la retraite depuis déjà un an. Ce lanceur avait pour rappel commencé sa vie (en juin 1996, il y a donc plus de 28 ans) par une explosion après 37 secondes de vol à cause d’un bug informatique.

Ariane 5 avait terminé ses missions en beauté

VA261 était en effet la dernière mission d’Ariane 5, signant au passage le 112ᵉ succès de la fusée sur 117 lancements. Dans l’ensemble, les chiffres de toutes les générations d’Ariane sont très bons. En 2021, lors du lancement du télescope James Webb, l’ESA recevait même les félicitations de la NASA pour un lancement d’une grande précision.

Voici un bilan des cinq générations :

  • Ariane 1 (1981 à 1986) : 11 lancements, 9 succès
  • Ariane 2 (1986 à 1989) : 6 lancements, 5 succès
  • Ariane 3 (1984 à 1989) : 11 lancements, 10 succès
  • Ariane 4 (1988 à 2003) : 116 lancements, 113 succès
  • Ariane 5 (1996 à 2023) : 117 lancements, 112 succès

Les trois raisons d’être d’Ariane 6

La genèse d’Ariane 6 remonte à 2009 avec la mise en place d’un groupe chargé de préparer un rapport sur la stratégie du futur des lanceurs européens car « Ariane 5 était arrivé au bout des économies qu’on pouvait faire », explique l’ESA durant une conférence. La décision finale de créer Ariane 6 a été prise en décembre 2014.

Ariane 6 à trois raisons d’être, explique un intervenant lors d’une conférence à l’Agence spatiale européenne. La première, c’est de réduire les couts. L’Agence spatiale européenne visait 40 %, mais « aujourd’hui, on a un peu moins que 40 % ». Un poste important d’économie se trouve au niveau des boosters P120C avec une structure composite carbone qui « permet de réduire le cout d’un facteur cinq ».

La deuxième, c’est la modularité. Ariane 5 avait une configuration unique, là où deux versions d’Ariane 6 sont disponibles : Ariane 62 et Ariane 64. Enfin, la troisième raison, c’est d’avoir un dernier étage rallumable pour livrer des satellites sur plusieurs orbites. C’est d’ailleurs « un des grands enjeux de ce soir ». Mission accomplie ce soir, même s’il reste encore une troisième mise à feu à faire pendant la nuit.

« Si nous voulons être autonomes […] nous avons besoin de l’autonomie d’accès à l’espace. L’Europe peut dire qu’elle continue à jouer dans la cour des grandes puissances indépendantes », affirmait Bruno Le Maire juste avant le lancement. Cela concerne à la fois la surveillance de la Terre, le réchauffement climatique, les communications, les enjeux militaires et de sécurité nationale, etc.

Les enjeux de ce premier lancement

L’Agence spatiale met également en avant l’APU (Auxiliary Power Unit), un « système absolument unique au monde » dont ce sera une « première mondiale » durant le test de ce soir. Cet APU « permet de pressuriser les réservoirs de l’étage supérieur, de préparer les rallumages en vol du moteur Vinci ou encore d’effectuer des poussées complémentaires sur demande, en orbite ».

Autre changement de taille, la « séparation en temps positifs des bras cryotechnique », que l’on pourra donc voir lors du décollage de ce soir. Sur Ariane 5 ils se retiraient quatre secondes avant le départ, sur Ariane 6 ils se détachent au moment du décollage : « ce sera un moment critique ».

Ariane 6 dispose aussi d’un portique mobile afin de faciliter des opérations de maintenance. C’est un « retour d’expérience de Soyouz » qui était avant la guerre en Ukraine opéré depuis la base de Kourou en Guyane.

Pourquoi un test en vol est-il nécessaire ?

Il s’agit aujourd’hui d’un lanceur de qualification pour Ariane 6, pour une raison simple : « on ne peut pas tester au sol tout ce qui se passe pendant le lancement ». Le moteur, les étages et les équipements électriques peuvent passer des essais au sol, mais « le test complet, ce n’est pas possible ».

La mission doit durer deux heures et demie avec trois allumages du moteur (qui peut en théorie en faire quatre par mission) et quatre séparations. Ariane 6 doit livrer une dizaine de satellites et cinq expériences.

Ariane 62 ouvre le bal, avec succès…

Ariane 6 est donc une fusée attendue et c’est peu de le dire. Nous avons déjà détaillé les caractéristiques des deux versions – Ariane 62 et 64 avec respectivement deux et quatre boosters – dans un précédent article. C’est Ariane 62 qui est sur le pas de tir pour ce premier décollage.

L’Europe ne dispose d’aucun lanceur pour le moment : Vega(-C) est cloué au sol après une explosion, Soyouz sous embargo depuis l’invasion de l’Ukraine et Ariane 5 n’est plus produite (et tous les exemplaires envoyés). Les plus pressés ont d’ailleurs dû trouver des solutions de replis, au grand plaisir de SpaceX.

… après quatre ans de retard

Le vol inaugural d’Ariane 6 arrive avec quatre ans de retard et porte de nombreux espoirs. Il était pour rappel initialement prévu pour 2020, avant de glisser à 2021, puis au deuxième trimestre 2022, au troisième trimestre 2022. Il est ensuite passé à fin 2023, même si tout le monde ou presque s’attendait à un lancement courant 2024, ce qui a d’ailleurs été confirmé par la suite. Cette fois, cela semble être la bonne.

Il y a plusieurs raisons à ces retards. L’Agence spatiale européenne expliquait que la pandémie n’était pas la seule responsable : « même avant la crise du Covid-19, un certain nombre d’activités étaient déjà sur le chemin critique, ce qui remettait en question la date d’un vol inaugural ». La guerre en Ukraine et la fin des relations avec Roscosmos sont aussi venues repousser le calendrier.

Jusqu’ici, tout va bien…

Quoi qu’il en soit, nous y sommes. La fenêtre de tir pour la mission VA262 de ce soir durait plusieurs heures, permettant des ajustements si besoin (et il y en eu un).

Les opérations se sont déroulées comme prévu depuis hier soir, le début du compte à rebours : « le portique mobile de 90 mètres de haut et 8 200 tonnes a été reculé comme prévu de 140 mètres plus tôt cet après-midi… #Ariane6 a désormais vue sur le ciel de Guyane ! », explique l’ESA. Peu après 15h, c’était le « feu vert météo pour le remplissage des réservoirs ».

Le détail du déroulement des opérations est disponible par ici.

Il y avait 1 chance sur 2 que tout se passe bien

Ce premier lancement était crucial, mais il y avait une chance sur deux pour qu’il soit un succès, de l’aveu même de Josef Aschbacher (directeur de l’ESA), comme le rapporte SpaceNews : « Statistiquement, il y a 47 % de chance que le premier vol ne réussisse pas ou ne se déroule exactement comme prévu […] Nous ferons tout ce que nous pouvons pour que ce soit une réussite, mais je pense que c’est quelque chose que nous devons garder à l’esprit ». La balance a penché du bon côté.

Certains étaient plus optimistes. Selon le directeur du transport spatial de l’ESA (Toni Tolker-Nielsen), l’Europe « peut faire mieux avec Ariane 6 ». Pour le directeur des opérations et son adjoint, « la tension est forte à tous les niveaux puisque la culture en Europe n’est pas celle de l’échec, comme avec Space X. Nous, on veut réussir du premier coup. Il faut que cela réussisse », expliquent-ils à FranceGuyanne.

Revoir le lancement

Quelques heures avant le lancement, l’ESA a annoncé que, « dans le cadre des opérations standards de préparation d’Ariane 6 après le retrait du portique mobile, les contrôles de routine des équipements du segment sol ont révélé un problème mineur sur un système d’acquisition de mesures ».

L’Agence ajoutait dans la foulée que le problème était déjà résolu. Seule conséquence : un retard d’une heure sur le décollage, soit 21h heure de Paris. Les premières minutes critiques se sont parfaitement bien déroulées, avec la séparation des boosters, de la coiffe et des étages.

« Un peu plus d’une heure après le décollage, la première série de satellites embarqués sur Ariane 6 a quitté l’étage supérieur de la fusée pour rejoindre une orbite à 600 km de la Terre. Des satellites et des expériences développés par diverses agences spatiales, entreprises, instituts de recherche, universités et jeunes professionnels figurent parmi les passagers de ce premier vol », se félicite l’ESA.

Ariane 6 a réussi à rallumer son moteur Vinci une première fois et devrait le refaire durant la nuit. La fin de la mission est prévue aux alentours de 23h30.

☕️ Quantique, physique et chimie : trois lauréats pour la médaille de l’innovation du CNRS

Le CNRS vient de dévoiler la liste des trois lauréats de la médaille de l’innovation : le chimiste Cyril Aymonier, le physicien Lydéric Bocquet et la spécialiste de physique quantique Eleni Diamanti. Nous avons eu l’occasion d’interviewer deux d’entre eux.

Le Centre rappelle que cette « distinction honore depuis 2011 des scientifiques reconnus dans leurs domaines et dont les recherches ont conduit à des innovations remarquables sur le plan technologique, économique, thérapeutique et social ». Les trois « inventeurs CNRS » recevront leur médaille à la fin de l’année, en décembre.

Cyril Aymonier, directeur de recherche au CNRS, « travaille sur la synthèse, la mise en forme et le recyclage de matériaux inédits grâce à des approches non conventionnelles et durables ». Il est également à l’origine de la start-up IDELAM, « qui exploite une technologie unique de délamination pour le recyclage de matériaux complexes multicomposants ».

Lydéric Bocquet, également directeur de recherche, planche sur les « mille applications possibles de la maîtrise des fluides aux nanoéchelles ». Nous l’avions interviewé en 2021 à propos d’un neurone ionique artificiel, avec comme but de proposer un système neuromorphique dans lequel « mémoire et calcul se font au même endroit ».

Eleni Diamanti complète le trio de lauréats. Nous avons à plusieurs reprises cité ses travaux sur l’informatique quantique sur Next. En 2021, elle était dans l’équipe européenne qui avait atteint l’« avantage quantique » en laboratoire. Elle nous avait expliqué ses travaux et le choix des mots. La publication ne parlait en effet pas de « suprématie quantique ».

Du LiFi sur Ariane 6 : une expérience pour réduire l’empreinte carbone des fusées

Un effet stroboscopique pour le décollage !
Ariane 6

Demain devrait être une grande journée pour l’Europe avec le lancement d’Ariane 6, après des années de retard. Le Vieux continent va retrouver sa souveraineté d’accès à l’espace et va en profiter pour tester une nouvelle manière d’échanger des informations dans l’espace : en LiFi, avec de la lumière.

Ariane 6 doit décoller demain depuis le centre spatial guyanais. Nous serons dans les locaux de l’Agence spatiale européenne pour vous faire vivre ce lancement hautement stratégique pour la France et l’Europe dans la souveraineté spatiale.

Le LiFi (Light Fidelity) n’est pas nouveau, loin de là

La liste des « passagers » est connue depuis un moment. Elle comprend notamment cinq expériences, dont une portant sur le LiFi. Nous avons déjà parlé à plusieurs reprises de cette technologie, qui utilise la lumière pour transmettre des données.

Le LiFi (« Light Fidelity ») est à la lumière ce que le Wi-Fi (« Wireless Fidelity ») est aux ondes radios. Rappel au cas où : la lumière est aussi une onde, mais pas une onde radio.

L’ESA explique que le Li-Fi peut, dans certains cas, offrir une « plus grande sécurité et une bande passante plus élevée pour un coût et une consommation d’énergie inférieurs ». Le principe de fonctionnement est assez simple : une LED s’allume et s’éteint jusqu’à « plus de 10 millions de fois par seconde » pour transmettre des informations.

Le Li-Fi fonctionne-t-il dans l’espace ? Bonne question…

L’expérimentation à bord d’Ariane 6 permettra de confirmer « que cette technologie peut également être utilisée dans l’espace ». Si tel est le cas, cela pourrait changer la donne, selon l’Agence spatiale européenne.

Les avantages sont en effet nombreux pour l’ESA : « une connexion sans fil ultra-sécurisée et sans interférence, et d’importantes économies de poids en éliminant le recours à des câbles de qualité spatiale résistants aux rayonnements ».

Des lanceurs au régime, des avantages multiples

Le LiFi pourra servir dans les communications intra-satellites, c’est-à-dire lors d’échanges d’informations entre différents sous-systèmes d’un même satellite. Cette technologie pourrait permettre de réduire la quantité de câbles. Des conséquences en cascade pourraient suivre : baisser « la masse embarquée et donc la quantité de carburant nécessaire, ce qui pourrait avoir un impact sur l’empreinte carbone associée », ainsi que sur le coût.

Ariane 6 « sera le premier lanceur à intégrer la technologie LiFi ». L’expérience comprend deux modules SatelLiFe espacés de 80 cm et installés sous la coiffe de la fusée.

« Ils échangeront des données entre eux lorsqu’ils détecteront le décollage, ce qui permettra à l’équipe d’étudier les performances de communication et de s’assurer que le système est suffisamment robuste pour résister aux rigueurs du lancement ».

Des SatelLife d’Oledcomm déjà dans l’espace

L’année dernière, Oledcomm prenait son envol à bord du nanosatellite INSPIRE-SAT 7, lancé en avril 2023 par SpaceX. Il s’agit d’un satellite d’observation de la Terre (développé par l’université de Saint-Quentin-en-Yvelines), avec comme « objectif de tester la solution de communication de la start-up, baptisée SatelLife, dans des conditions réelles ».

L’ambition était alors exactement la même : « remplacer les câbles intra-satellites ou intra-lanceurs, qui sont souvent lourds et encombrants ». D’un côté, des câbles blindés pouvant peser jusqu’à 65 kilogrammes, de l’autre le module d’Oledcomm de 83 grammes, affirme l’entreprise. Le test doit durer un à deux ans. Fin novembre, l’entreprise annonçait que son « module LiFi fonctionnait de manière exemplaire ».

Oledcomm annonçait alors être en discussions avec de nombreux acteurs : ESA, NASA, OneWeb, Thales Alenia Space, Airbus Defence and Space et ArianeGroup. Elles semblent avoir porté leurs fruits. En mai 2023, SatelLife prenait aussi place à bord du satellite JoeySat d’Eutelsat Oneweb. On le retrouve désormais dans Ariane 6.

Cette expérience LiFi dans Ariane 6 est donc « une première mondiale ; ce sera la première fois que la technologie Li-Fi sera embarquée dans un lanceur spatial » comme l’affirme Benjamin Azoulay (PDG d’Oledcomm) mais pas une première dans l’espace.

Air France aussi sur le pont

En 2019, Air France profitait du salon du Bourget pour présenter son expérimentation autour du LiFi. Les avantages mis en avant étaient un peu les mêmes que ceux de l’ESA avec Ariane 6 : « Un échange de données multimédias à très haute vitesse (vitesse actuelle 100 fois supérieure au WiFi) » et « moins de câbles à bord (élimination des câbles en cuivre au profit de l’optique), provoquant une réduction du poids global de l’appareil et donc de sa consommation en carburant ». Depuis, pas de nouvelle par contre…

Dans un billet de blog, Oledcomm annonce que le LiFi pourrait permettre d’« économiser jusqu’à 3 kg sur un satellite de type LEO, et jusqu’à 500 kg sur un Boeing 777 ». De plus, « le LiFi peut fonctionner dans des environnements où les ondes électromagnétiques sont interdites ou les lieux qui y sont étanches, comme les cages de Faraday, ce qui en fait une solution idéale pour les opérations de maintenance, les tests et les vols spatiaux ».

Autre avantage, ou inconvénient suivant les cas : « Parce qu’il ne recourt pas aux ondes électromagnétiques, le signal du LiFi ne peut être piraté ou intercepté en dehors de la zone de couverture du faisceau lumineux ».

Plusieurs technos pour se débarrasser des câbles

Les câbles sont un enjeu important dans le monde du spatial et des avions, car le poids est directement lié à la consommation de carburant et à l’empreinte écologique.

Boeing et Airbus travaillent aussi pour s’en débarrasser, avec la technologie WAIC (Wireless Avionics Intra-Communications) pour les commandes de vol. Les experts pensent là encore qu’il sera possible d’économiser des kilomètres de câbles, et donc du poids de carburant. Airbus estime dans ce document « que le câblage et les connecteurs associés représentent entre 2 et 5 % du poids de l’avion ». Ce n’est pas négligeable.

Mais « on n’y est pas encore », reconnaissait Thibault Caillet (expert en ingénierie du spectre à l’ANFR) lors d’une conférence récente. Le Waic soulève également des questions sur l’utilisation et le partage des bandes de fréquences.

Planète 9 : son absence « serait statistiquement impossible »

Du 9 avec du vieux

Planète 9, la reine du cache-cache galactique, refait parler d’elle. Il n’est toujours pas question d’une observation directe – et donc d’une preuve ultime de son existence –, mais de nouvelles hypothèses scientifiques. Des astronomes ont pris le problème théorique à l’envers : « l’absence d’un tel astre serait statistiquement impossible… ». Soyons clairs : cela ne prouve toujours pas qu’elle existe.

Il y a maintenant plus de huit ans, les astronomes du monde entier parlaient d’une hypothétique neuvième planète. Elle n’avait pas été observée directement, sa « découverte » était le fruit d’une « modélisation et de simulations mathématiques ». Depuis, personne ne l’a vue et elle reste donc hypothétique.

Ce ne serait pour autant pas la première fois qu’une planète serait « découverte » par des calculs. C’était déjà le cas d’Uranus, de Neptune et de Pluton. On les a depuis observées par des télescopes et même des sondes spatiales. Pluton a été « déclassée » comme planète naine en 2006 et on ne compte donc plus que huit planètes dans notre système solaire : Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et Pluton. Il y a plein de phrases pour les retenir dans l’ordre.

Toujours pas vue, mais son absence serait « statistiquement impossible »

Depuis huit ans, la neuvième planète donc fait parler d’elle par épisodes, sans grosse révolution depuis 2016 puisque personne ne l’a vue. C’est pour rappel la seule manière de confirmer officiellement son existence. On peut faire le parallèle avec les ondes gravitationnelles. Même si on savait qu’elles existaient depuis longtemps, les voir « pour de vrai » (en 2016 également) c’est autre chose.

Concernant Planète 9, le CNRS se fait l’écho d’une récente étude qui « affirme que l’absence d’un tel astre serait statistiquement impossible… ». Plutôt que de démontrer son existence, les scientifiques ont pris le problème dans l’autre sens. Pour autant, cela ne prouve toujours pas l’existence de cette planète « perdue » qui se baladerait loin dans le système Solaire.

La publication en 2016 de l’hypothétique neuvième planète a soulevé de nombreuses questions. Notamment, car elle se fonde sur l’analyse des orbites d’objets transneptuniens, c’est-à-dire croisant ou se trouvant au-delà de celle de Neptune. Problème.

« On ne dit pas qu’il n’y a pas de Planète 9 », mais…

« Ces objets sont trop peu nombreux et les effets de sélection qui accompagnent les découvertes des relevés astronomiques n’auraient pas été correctement prises en compte », explique le CNRS. « Une dizaine d’objets n’est peut-être pas suffisante pour établir une statistique fiable », ajoute le Centre.

Pour ne rien arranger, les relevés provenaient d’une multitude de campagnes de mesures et de scientifiques différents, comment donc « s’assurer que tous les biais observationnels sous-jacents à ces détections ont été correctement modélisés ? ».

« On ne dit pas qu’il n’y a pas de Planète 9 […] mais que l’argument qu’ils mettent en avant n’est pas assez fort », résume Jean-Marc Petit (astronome à l’Institut Univers, Théorie, Interfaces, Nanostructures, Atmosphère et environnement, Molécules). Un nouvel argument a été publié par d’autres chercheurs.

Konstantin Batygin, Alessandro Morbidelli, Michael Brown et David Nesvorný ont décidé non pas de se concentrer sur des objets avec des orbites très elliptiques qui n’approchent jamais Neptune, mais sur des objets transneptuniens qui croisent l’orbite de Neptune. Ils sont plus proches de nous et on peut donc avoir des mesures plus précises. De plus, les incontournables biais d’observation sont plus faciles à modéliser.

Des simulations avec et sans Planète 9

Ces objets ont un autre avantage surprenant au premier abord : ils sont très instables. Lorsqu’ils passent près des planètes géantes comme Neptune, leur orbite change et leur espérance de vie n’est « que » de quelques dizaines de millions d’années. Ils sont donc réalimentés par la population d’objets transneptunienne :

« On a comparé un système avec une Planète 9 et un système sans, pour voir à quel taux on peut renouveler cette population d’objets qui croisent l’orbite de Neptune. Et on a trouvé que sans Planète 9, ce taux est trop faible, trop peu d’objets croisent l’orbite de Neptune. Avec la Planète 9, en revanche, nos modèles reproduisent beaucoup mieux les observations ».

Ce résultat est donc le fruit de simulations établies à partir des données recueillies d’objets relativement proches de nous. Ces simulations sont ensuite confrontées au monde réel, seule certitude tangible des scientifiques. Il en ressort que la présence d’une Planète 9 correspondrait bien mieux à notre réalité.

Des indices, mais toujours pas de preuves

Le CNRS marche sur des œufs : « en d’autres termes, cette nouvelle étude a priori moins biaisée que les précédentes, conclut également fortement à l’existence d’une planète cachée ». Deux scientifiques apportent leur caution à cette étude : « C’est une très jolie idée, et leur résultat est assez clair », reconnait ainsi Sean Raymond (Laboratoire d’Astrophysique de Bordeaux). « C’est du très beau travail et je pense qu’ils tiennent quelque chose », ajoute Jean-Marc Petit.

Rien n’est joué pour autant. « En principe, dans cette étude, il y a moins de biais observationnels, mais c’est vraiment difficile de dégager tous les biais. Rien ne dit qu’il n’en reste pas qui sont cachés », ajoute rapidement Sean Raymond. Même retenue pour Jean-Marc Petit concernant les biais : « Par exemple, les relevés qu’ils utilisent ne sont pas dédiés aux objets transneptuniens. De plus, la taille des objets, dont ils ne tiennent pas compte, peut avoir son importance ».

« C’est pourquoi, même si on a de bonnes raisons de penser que la Planète 9 est là, on ne devrait jamais croire que quelque chose existe avant de l’avoir trouvé », rappelle très justement Sean Raymond. Seule l’observation directe permettra de confirmer l’existence de Planète 9.

De nouvelles observations en 2025

Un nouveau télescope viendra jouer les arbitres en 2025 : Vera-Rubin (anciennement LSST) qui est en train d’être construit au Chili. Il regardera pas moins de la moitié du ciel tous les deux ou trois jours, « avec une profondeur sûrement aussi bonne que l’observatoire spatial Hubble ».

« Il est vraiment conçu pour trouver des objets sombres et qui bougent dans le ciel, comme la Planète 9. Ce n’est pas sûr à 100 % qu’il la trouvera même si elle existe, mais s’il ne la trouve pas, ça sera difficile de continuer à croire qu’elle est bien là », explique Sean Raymond.

Il y a peu, France Culture a mis en ligne un podcast sur Vera Rubin et le télescope du même nom. NVIDIA lui a aussi rendu hommage avec le nom de son futur GPU « Rubin » qui succédera à Blackwell.

Internet par satellite en France : l’Arcep autorise deux stations au sol pour Amazon Kuiper

De la concurrence pour Starlink
Satellite NASA

Starlink va avoir de la concurrence en France : l’Arcep vient d’autoriser Amazon à déployer deux stations au sol pour sa constellation Kuiper. Les satellites devraient être mis en orbite à partir de cette année, avec un lancement commercial, y compris en France, par la suite.

Il y a cinq ans, Amazon dévoilait son projet Kuiper, une constellation de satellites afin de diffuser Internet un peu partout sur la planète. Il s’agit de concurrencer Starlink de SpaceX et la future constellation européenne Iris². La première phase prévoit la mise en orbite de 3 236 satellites – avec 80 lancements via Arianespace (et donc Ariane 6), Blue Origin, SpaceX et United Launch Alliance –, puis de passer à plus de 7 000 par la suite.

Après moult retards, les premiers prototypes ont décollé en octobre 2023, à bord d’une fusée Atlas V d’ULA. Lors des tests, tous les indicateurs étaient au vert. Amazon a lancé les opérations de désorbitage des deux satellites et prépare la mise en place de sa flotte commerciale.

Cela va de la fabrication des satellites aux États-Unis à l’installation de stations au sol « dans des pays du monde entier ». Pour cela, encore faut-il avoir les autorisations nécessaires. C’est déjà le cas au Canada par exemple. En France, les choses bougent avec six autorisations de l’Arcep.

Deux stations au sol : CDG501 SA et CDG502 RMB


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☕️ [MàJ] Le rachat de Rue du Commerce par LDLC est finalisé

Mise à jour du 11 juillet à 15h20 : via un communiqué de presse, LDLC annonce avoir finalisé « l’acquisition du fonds de commerce de la société Rue du Commerce, après la réalisation des opérations et des conditions suspensives ».

« Le prix d’acquisition du fonds de commerce s’élève à 6 M€, et a été entièrement financé par voie d’endettement bancaire », ajoute le groupe.

Sur LinkedIn, Laurent de la Clergerie (les L, D, L et C de LDLC) livre une anecdote : « Pour l’histoire en 2008 nous avons failli vendre le groupe LDLC à rue du commerce… Mais à la dernière minute nous ne l’avons pas fait… Si on m’avait dit ce jour-là… Qu’un jour ce serait le contraire qui arriverait ! L’histoire n’est jamais écrite d’avance ».

Mise à jour du 6 juillet à 18h20 : LDLC nous précise que, à ce jour, il reste encore des « points et conditions suspensives du dossier ». La « finalisation de l’opération devrait intervenir autour de mi-juillet 2024  […] Le groupe tiendra informé le marché de l’état d’avancement du dossier ».

LDLC est dans la dernière ligne droite pour devenir le nouveau propriétaire de Rue du Commerce, en plus de Top Achat, Hardware.fr et Materiel.net qui sont déjà dans sa besace. L’Autorité de la concurrence a dit oui, la communication aux clients débute.

Les discussions avaient débuté fin 2023, puis un protocole d’acquisition annoncé le 5 avril. Il faisait suite à des « négociations exclusives » et un avis favorable du comité social et économique du Groupe LDLC. Il y avait évidemment des conditions suspensives, notamment l’autorisation de l’autorité de la concurrence.

L’AdLC a dit oui

Cette dernière a donné son feu vert le 19 juin pour la prise de contrôle exclusif de Rue du Commerce par LDLC. Dans sa décision n° 24-DCC-121, elle explique que « compte tenu des chiffres d’affaires réalisés par les entreprises concernées, l’opération ne relève pas de la compétence de l’Union européenne ».

En revanche, elle était soumise aux dispositions des articles L. 430-3 et suivants du code de commerce. « Au vu des éléments du dossier, l’opération n’est pas de nature à porter atteinte à la concurrence sur les marchés concernés », explique l’AdlC. C’est donc un feu vert sans condition.

Les choses avancent puisque, comme plusieurs lecteurs nous l’ont indiqué, une communication a été faite par mail aux clients : « L’histoire de la société Rue du Commerce évolue et une nouvelle page va s’écrire. Notre site sera prochainement repris par la société Groupe LDLC qui œuvre, comme l’a fait Rue du Commerce, dans le conseil et la vente de matériel informatique et multimédia. Groupe LDLC reprendra également le service après-vente pour les produits éligibles ».

RGPD oblige une mention a été ajoutée : « Nous vous informons que vos données à caractère personnel, en particulier votre nom et vos coordonnées, seront transmises à la société Groupe LDLC à cet égard. Vous pouvez vous y opposer en envoyant un mail à l’adresse dpo@shopinvest.fr ».

Rue du Commerce balloté depuis 2012

Rue du Commerce a été créé en 1999, puis racheté par Altarea Cogedim en 2012, par Carrefour en 2016 puis par ShopInvest en 2020. En 2009, Rue du Commerce rachetait Top Achat, puis le revendait à LDLC en 2020. Les deux se retrouvent donc quelques années plus tard.

LDLC va donc regrouper dans quelques jours une large gamme de revendeurs informatiques : Materiel.net, Hardware.fr, Top Achat et Rue du Commerce pour ne citer qu’eux. LDLC c’est aussi des marques comme Solaari, Altyk, L’armoire de bébé, actimac…

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