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MBS à la Maison-Blanche : les attentes irréalistes de Donald Trump
A 40 ans, Mohammed ben Salmane ne se déplace pas si facilement. Ces derniers mois, le prince héritier saoudien multiplie les faux bonds : il n’était pas à New York, en septembre, pour la conférence sur la Palestine qu’il coprésidait avec Emmanuel Macron. Il n’était pas non plus à Charm el-Cheikh, en octobre, pour assister à la conclusion du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, aux côtés du gratin des dirigeants arabes et européens. En coulisses, certains diplomates occidentaux lient ses absences répétées à la santé fragile de son père de 89 ans, le roi Salmane, dont la mort pourrait ouvrir une lutte de succession, en l’absence physique de son héritier. Tous s’accordent, aussi, pour désigner MBS comme le plus imprévisible des dirigeants.
Ce mardi 18 novembre, le prince saoudien ne ratera toutefois pas son rendez-vous à la Maison-Blanche. MBS n’a pas remis les pieds aux Etats-Unis depuis le meurtre de Jamal Kashoggi, opposant saoudien et chroniqueur du Washington Post, dans le consulat d’Istanbul en octobre 2018. Les renseignements américains le jugent responsable de l’assassinat, mais son statut de Premier ministre d’Arabie saoudite le protège de toute arrestation à Washington. D’autant que Donald Trump joue de sa proximité avec ce jeune prince si riche, à qui il a réservé le premier voyage de son second mandat, en mai dernier. "MBS revient à Washington avec le statut de pilier de la politique américaine au Moyen-Orient, souligne Michael Wahid Hanna, directeur du programme Amérique à l’International Crisis Group. Il est un interlocuteur clé de l’administration Trump sur de nombreux dossiers prioritaires, dont Gaza, le Liban, la Syrie, l’Iran et le Soudan."
Avec cette visite à Washington, Trump réhabilite en grande pompe ce prince que Joe Biden avait qualifié de "paria" en 2020. Pour l’occasion, MBS se déplace avec une cour de 1 000 personnes, d’après Al-Arabiya, et devrait annoncer des investissements pharaoniques dans l’industrie américaine. Des accords sur le nucléaire civil, l’intelligence artificielle et les avions de chasse F-35 flottent aussi dans l’air. Le souverain saoudien va-t-il, pour autant, satisfaire tous les désirs de son hôte du jour ? Peu probable.
La normalisation Israël-Arabie saoudite, priorité de Trump
Le président américain rêve ouvertement de ce qu’il appelle "le deal du siècle" : la normalisation des relations diplomatiques entre Israël et l’Arabie saoudite, gardienne des lieux saints de l’Islam. Un tel coup diplomatique ouvrirait la voie à une reconnaissance de l’Etat hébreu par l’ensemble du monde arabo-musulman. "C’était déjà un objectif de Trump lors de son premier mandat, ça l’était pour Joe Biden pendant quatre ans et cela reste une priorité du second mandat de Trump, affirme Julie Norman, professeure de relations internationales à l’University College London. Apparemment, les Saoudiens restent ouverts à cette possibilité mais ils y mettent bien davantage de conditions à présent, surtout vis-à-vis des Palestiniens."
Sur ce dossier, comme tant d’autres, le 7 octobre 2023 a tout changé : dans sa guerre contre le Hamas, Israël a rasé 80 % de la bande de Gaza et tué plus de 67 000 personnes (d’après le ministère de la Santé lié au Hamas), mettant à cran les sociétés arabes. MBS, qui caressait l’idée d’un rapprochement officiel avec Israël en septembre 2023 lors d’une interview sur Fox News, a dû faire marche arrière. Après un long silence, le prince saoudien est allé jusqu’à qualifier de "génocide" l’action d’Israël à Gaza. "Avec son optimisme habituel, Trump a annoncé une normalisation Israël - Arabie saoudite d’ici la fin de l’année… De manière réaliste, ce ne sera pas le cas", estime Julie Norman.
La semaine dernière, Michael Ratney, ambassadeur des Etats-Unis à Riyad de 2023 à début 2025, racontait au think tank CFIS comment cette idée avait surtout pris forme en 2022, "alors que les relations américano-saoudiennes étaient au plus bas" : pour relancer le partenariat historique entre les deux pays, il fallait un accord global incluant une défense militaire mutuelle, le développement du nucléaire civil en Arabie saoudite et une reconnaissance saoudienne d’Israël. Mais l’attaque terroriste du 7 octobre et la guerre qui a suivi ont, selon lui, repoussé l’échéance. "Après le début de la guerre à Gaza, qui a imposé cette catastrophe si horrible et si visible aux Palestiniens, il est devenu de plus en plus difficile pour les Saoudiens d’avancer sur cette question, explique le diplomate américain. Bien sûr, la normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite aurait d’énormes avantages pour tout le monde, mais cette idée reste impopulaire chez les citoyens saoudiens, ce que leurs dirigeants savent bien."
Tant que Netanyahou sera là…
Contrairement aux Emirats arabes unis ou à Bahreïn, deux pays du Golfe qui ont normalisé leurs relations avec Israël en 2020, l’Arabie saoudite doit tenir compte de son opinion publique, avec 35 millions d’habitants qui ne sont pas tous millionnaires… Loin de là. "Les Saoudiens ont répété, encore et encore, que ce n’était pas le moment, souligne Michael Ratney. Le cessez-le-feu reste instable à Gaza, le chemin vers la paix est très incertain et les Saoudiens ont des exigences limpides : ils veulent voir l’armée israélienne se retirer complètement de la bande de Gaza — ce qui est loin d’être le cas —, et un engagement clair du gouvernement israélien en faveur d’un Etat palestinien — ce qui n’est pas du tout à l’ordre du jour. Le président Trump a une forte personnalité et une relation personnelle avec MBS suffisante pour que la normalisation avec Israël se produise, mais ce ne sera pas pour bientôt."
Car le principal obstacle à toute normalisation s’appelle Benyamin Netanyahou. Toute sa carrière politique, depuis 1996 et son premier mandat de chef du gouvernement, le Premier ministre israélien a bataillé contre un éventuel Etat palestinien. Il l’a redit dimanche 16 novembre, à la veille de la visite de MBS à Washington : "Notre opposition à un Etat palestinien sur tout territoire à l’Ouest du [fleuve] Jourdain existe, est valable et n’a pas changé d’un iota. Je repousse ces tentatives depuis des dizaines d’années et je continuerai de le faire contre les pressions extérieures et intérieures."
Au-delà de ses propres convictions, la présence de Netanyahou à la tête du gouvernement israélien bloque aussi tout rapprochement de la part de MBS, qui connaît la haine dont le Premier ministre de l’Etat hébreu fait l’objet dans le monde arabo-musulman. "Il n’y aura pas de normalisation avec l’Arabie saoudite tant qu’Israël garde ce gouvernement, dont la politique palestinienne est définie par une poignée d’extrémistes, annexionnistes et suprémacistes, regrette l’ancien diplomate israélien Nimrod Novik. Les leaders du monde arabe savent que leurs populations, en particulier les jeunes, ont été radicalisées par les images de Gaza. Tant qu’Israël ne change pas de direction sur la question palestinienne et ne s’engage pas en faveur d’une solution à deux Etats, il n’y aura pas de normalisation." Donald Trump devra sans doute attendre les prochaines élections israéliennes, dans moins d’un an, pour décrocher son "deal du siècle" dans la région.

© afp.com/MANDEL NGAN
Corruption en Ukraine : cette affaire qui secoue les plus hautes sphères de l’État

© TETIANA DZHAFAROVA / AFP
Bangladesh : l’ex-Première ministre, en exil, condamnée à mort pour la répression des manifestations de 2024
En plein processus de paix, le Hamas suspecté de stocker des armes à l’étranger
Un écueil de plus dans la mise en œuvre du plan de paix de Donald Trump ? Alors que l’une de ses étapes consiste en une démilitarisation du Hamas, le groupe islamiste responsable des attaques du 7-Octobre s’emploierait, selon la télévision publique israélienne KAN, à déplacer des réserves d’armes dans différents pays africains, dont le Yémen. Il tenterait également d’en acquérir de nouvelles.
Voilà qui compliquerait un peu plus une équation déjà ardue alors que le Conseil de sécurité de l’ONU doit voter ce lundi 17 novembre sur un projet de résolution relatif à la force internationale susceptible d’être déployée dans la partie de la bande de Gaza encore contrôlée par le Hamas (soit 47 % du territoire). Alors que le cessez–le–feu est entré en vigueur début octobre, la Maison-Blanche peinerait à obtenir des engagements fermes de la part de ses alliés quant à leur participation à cette coalition, dont l’une des missions consistera en la démilitarisation du territoire, et donc du Hamas.
60 % des tunnels intacts
Ce dernier, bien qu’il ait signé l’accord de paix, semble tout faire pour retarder l’échéance. Le mois dernier, l’un des membres de son bureau politique, Mohammed Nazzal, a ainsi déclaré à Reuters : "Je ne peux pas répondre par oui ou par non [NDLR : sur la question du désarmement]. Franchement, cela dépend de la nature du projet. Le projet de désarmement dont vous parlez, qu’est-ce que cela signifie ? A qui les armes seront-elles remises ?"
De son côté, Israël, qui contrôle 53 % de la bande de Gaza, celle située au-delà de la "ligne jaune", estimait récemment que 60 % des tunnels du Hamas étaient encore opérationnels. Ses troupes s’emploient à leur destruction, soit en les faisant exploser, soit en injectant à l’intérieur du béton liquide. Outre les détails de la démilitarisation du Hamas, la question de la future gouvernance de la bande de Gaza reste un point, pourtant crucial, encore très obscur.

© afp.com/Eyad BABA
Une première depuis près de 20 ans : le déficit de l'Espagne sera bientôt moins élevé que celui de l'Allemagne
L'Espagne en pleine forme économique. Pour la première fois depuis près de 20 ans, le déficit public du pays de la péninsule ibérique devrait dépasser celui de l'Allemagne sur l'année 2025. Selon les projections de la Commission européenne publiées ce lundi 17 novembre, d'ici au 31 décembre, ce chiffre atteindrait ainsi 2,5 % du PIB espagnol, soit moins que les 3,1 % du PIB allemand anticipés par Bruxelles. Une situation inespérée pour Madrid, après une longue période d'austérité liée aux crises financière et immobilière dans le pays au tournant des années 2010.
Une forte croissance post-Covid-19
Comment expliquer cette tendance ? Depuis la fin de la pandémie de Covid-19, l'Espagne connaît un véritable renouveau en matière économique. A l'instar d'autres pays aux finances mises à mal par la crise il y a 15 ans (Grèce, Portugal...), la quatrième puissance européenne est portée par une forte croissance. Depuis 2022, celle-ci a grimpé de 3,9 % en moyenne par trimestre... contre 0,3 % en Allemagne. "Nous avons également des perspectives positives jusqu'en 2028, avec une croissance robuste, équilibrée et soutenue sur des bases solides", s'était félicité mi-septembre Carlos Cuerpo, le ministre espagnol de l'Économie.
Cette nouvelle diminution du déficit public constituerait donc la cinquième baisse consécutive en la matière en Espagne. Le résultat d'une longue politique de relance de l'autre côté des Pyrénées, à tous niveaux. Pour combler en urgence ses lacunes financières, Madrid a d'abord emprunté 41 milliards d'euros au sein du fonds de sauvetage mis en place par l'UE au plus fort de la crise de la zone euro. Une décennie plus tard, l'Espagne se retrouve par ailleurs seconde bénéficiaire du plan de relance européen "NextGenerationEU", paquet d'investissements d'un montant de 800 milliards d'euros et destinés à renforcer l'économie européenne après l'épidémie de Covid-19. Au total, le pays doit donc percevoir 163 milliards d'euros de subventions et de prêts dans le cadre de ce projet.
Rôle du blocage politique au Parlement
Outre ces aides européennes, l'Espagne peut aussi compter sur un retour en force démographique. Si, comme observé ailleurs en Europe, sa natalité reste en berne, le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez assume un recours massif à l'immigration légale sur le territoire espagnol pour dynamiser le marché du travail. Ainsi, 105 000 nouveaux habitants y ont été recensés au troisième trimestre 2025, faisant approcher la population du pays des 50 millions d'habitants. Sur un autre plan, l'économie espagnole a pu compter sur le retour en force des touristes. Sur les huit premiers mois de 2025, leur fréquentation a atteint des niveaux historiques, avec un total de 66,8 millions de visiteurs étrangers.
Dernier élément, sur le plan politique cette fois : confronté à un Parlement qui ne lui est pas acquis, Pedro Sánchez n'a pas pu faire adopter un nouveau budget depuis 2023. Conséquence : le gouvernement poursuit sa politique sur la base du plan de finances voté il y a deux ans. D'importants investissements publics n'ont de ce fait pas pu être votés... et ne se répercutent pas sur l'ampleur du déficit. Cette fragilité politique n'inquiète pas les investisseurs : face à ses bons résultats économiques, l'Espagne a vu en septembre sa note relevée par l'agence Standard and Poor's de A à A+.
Une dette toujours importante
Malgré ces avancées indéniables, certains points noirs ternissent toutefois le bilan financier espagnol. Avec, en premier lieu, l'état de la dette. Celle-ci culmine toujours à plus de 103 % du PIB, soit bien davantage qu'en Allemagne (plus de 64 % du PIB). Certes, aujourd'hui, les taux d'emprunt espagnols se situent en deçà des valeurs affichées par d'autres grandes puissances, comme la France – elle-même engluée dans un endettement abyssal (plus de 114 % du PIB). Mais le taux d'endettement massif espagnol demeure une fragilité. "Le ratio dette/PIB de l'Espagne reste trop élevé, ce qui réduira considérablement sa marge de manœuvre en cas de récession", explique, auprès du Financial Times, l'ex-ministre espagnol de l'Industrie Miguel Sebastián. "C'est un problème."
Autre paramètre inquiétant : l'augmentation du taux de pauvreté dans le pays. Et ce, en dépit de certaines mesures prises par le gouvernement, comme l'augmentation du salaire minimum, augmenté de 61 % depuis l'arrivée au pouvoir de Pedro Sánchez, en 2018. D'après des chiffres d'Eurostat relayés par El Pais ce lundi, le taux de pauvreté en Espagne aurait grimpé de 11,3 % de la population en 2023 à 13,6 % en 2024, soit 6,7 millions de personnes.
Au niveau global, l'inversion du rapport de force au niveau déficitaire avec l'Allemagne s'explique enfin par les orientations décidées par le gouvernement allemand ces derniers mois. A rebours de la rigueur budgétaire généralement de mise à Berlin, le chancelier Friedrich Merz mise sur d'importants investissements pour relancer la croissance allemande – aujourd'hui atone – financer sa défense et rénover certaines de ses infrastructures, devenues parfois vieillissantes.

© afp.com/Pierre-Philippe MARCOU
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