La Chine modernise sa marine avec le Fujian, son plus grand porte-avions

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L’homme le plus riche du monde pourrait bientôt devenir l’homme le plus riche de l’Histoire. Elon Musk, patron entre autres de l’entreprise automobile Tesla, a vu approuver jeudi 6 novembre un plan de rémunération colossal qui pourrait lui rapporter jusqu’à 1 000 milliards de dollars en dix ans. Plus de 75 % des actionnaires réunis à Austin (Texas) ont voté en faveur du projet.
Après l’annonce des résultats, Elon Musk est sorti des coulisses sous les hourras et les applaudissements des quelques centaines de participants à cette AG, retransmise en direct sur Internet. "Merci de tout cœur pour ceux qui ont soutenu" les résolutions de la direction, a-t-il déclaré. Détenteur de Tesla, mais aussi du réseau social X, d’entreprises d’intelligence artificielle ou encore de la société d’ingénierie spatiale SpaceX, ancien proche de Donald Trump et membre du gouvernement, Elon Musk détient d’ores et déjà un patrimoine estimé à 500 milliards de dollars.
Le plan hors-norme adopté jeudi, débattu depuis septembre, a profondément divisé. Jusqu’à la dernière minute, partisans et opposants ont tenté de rallier des votes, tandis qu’une manifestation anti-Musk se tenait mercredi à Austin. Parmi les réfractaires figurent le fonds public américain CalPERS et le fonds souverain norvégien, l’un des dix actionnaires principaux de Tesla. "Bien que nous reconnaissions la valeur considérable créée sous la direction visionnaire d"Elon Musk, nous sommes préoccupés par le montant total de la rémunération, la dilution et l’absence de mesures pour atténuer le risque lié à une personne clé", a fait savoir ce dernier mardi.
D’autres s’inquiètent aussi des conséquences des positions politiques extrêmes du multimilliardaire - un temps très proche de Donald Trump -, qui ont affecté les ventes de Tesla, déjà confrontée à la concurrence croissante des modèles chinois, moins chers.
Ses partisans, eux, affirment qu’il faut motiver Musk à se concentrer sur Tesla, qu’il veut transformer en une puissance de l’intelligence artificielle, exploitant des logiciels pour piloter des flottes de véhicules autonomes. La société d’investissement Baron Capital et le conseil d’administration du fonds de pension de l’Etat de Floride (SBA) ont soutenu ce package, soulignant que les précédents étaient tout aussi ambitieux et ont "toujours créé une valeur extraordinaire pour les actionnaires". Ce plan de rémunération démesuré vise aussi à le convaincre de rester à la tête du groupe, après qu’il a laissé entendre qu’il pourrait s’en détourner sans ce feu vert.
Pour empocher la totalité de cette somme, Elon Musk devra néanmoins atteindre les objectifs financiers et opérationnels ambitieux fixés par le conseil d’administration. Elon Musk devra notamment multiplier par six la valeur boursière de Tesla, et livrer 20 millions de véhicules électriques en dix ans — plus du double du total produit depuis la création du groupe. Il doit aussi déployer un million de robots humanoïdes, son "robot army" censée révolutionner le travail et la vie domestique.
S’il coche toutes les cases dans les délais prévus, Elon Musk pourrait obtenir jusqu’à 12 % supplémentaires du capital de Tesla, portant sa participation totale entre 25 % et 29 %. Au 12 septembre, il détenait déjà 12,4 % du capital via un trust (soit 413 millions d’actions). En août, il a également reçu 96 millions d’actions au titre de son précédent plan de rémunération, rejeté à deux reprises par la justice avant d’être soumis une troisième fois au vote des actionnaires jeudi.
À mesure qu’il atteindra ces objectifs, Elon Musk recevra de nouvelles actions, augmentant sa fortune déjà estimée par Forbes à 493 milliards de dollars. Cela pourrait lui permettre de dépasser John D. Rockefeller, considéré comme le plus riche Américain de l’histoire : le magnat du pétrole était évalué par le Guinness World Records à 630 milliards de dollars (en valeur actuelle) à son apogée, il y a plus d’un siècle. Elon Musk deviendrait alors le premier trillionnaire de l’Histoire.

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Le Conseil de sécurité de l'ONU a levé les sanctions jeudi 6 novembre contre le président syrien par intérim Ahmed al-Charaa, un geste symbolique salué par la Syrie à quelques jours d’une visite historique de l’ancien djihadiste à la Maison-Blanche.
La résolution préparée par les Etats-Unis, adoptée par 14 voix pour et une abstention (Chine), enlève Ahmed al-Charaa et son ministre de l’Intérieur Anas Khattab de la liste des sanctions visant individus et groupes liés aux groupes Etat islamique et Al-Qaïda, soumis à une interdiction de voyage, un gel des avoirs et un embargo sur les armes. Elle salue notamment les engagements des nouvelles autorités syriennes arrivées au pouvoir après le renversement de Bachar el-Assad à "lutter contre le terrorisme, y compris les combattants terroristes étrangers", Al-Qaïda, EI et groupes affiliés.
"Avec l’adoption de ce texte, le Conseil envoie un message politique fort reconnaissant que la Syrie est dans une nouvelle ère", a salué l’ambassadeur américain Mike Waltz. "Le nouveau gouvernement syrien travaille dur pour remplir ses engagements dans la lutte contre le terrorisme et la drogue, dans l’élimination des restes d’armes chimiques et pour promouvoir la sécurité et la stabilité régionale", a-t-il assuré.
Le ministre syrien des Affaires étrangères Assad al-Chaibani a exprimé sur X sa "reconnaissance" envers les Etats-Unis et les autres "pays amis" pour ce vote qui "reflète la confiance croissante dans le leadership du président Charaa". "Cette résolution reflète la volonté des Syriens et des Syriennes […] de faire revenir notre pays à sa place légitime parmi les Nations" et l’espoir de "construire une nouvelle Syrie", a de son côté commenté l’ambassadeur syrien à l'ONU Ibrahim Olabi.
Depuis le Brésil où il est en déplacement, Emmanuel Macron a salué jeudi cette levée des sanctions. "Aujourd’hui était une étape importante", a estimé le président français, soulignant que la décision de l'ONU validait "la stratégie que la France avait commencée". "Nous avons décidé dès le début d’engager avec le président de la transition pour essayer de retrouver l’unité, l’intégrité territoriale de la Syrie, lutter plus efficacement contre la production de drogue, les groupes terroristes et permettre le retour des réfugiés", a-t-il insisté, appelant par ailleurs le président syrien, qu’il a rencontré en marge d’un sommet sur le climat, à "rejoindre la coalition internationale de lutte contre Daech".
Pendant les années ayant suivi la guerre civile en Syrie en 2011, le Conseil avait été largement paralysé sur le dossier syrien, la Russie utilisant régulièrement son droit de veto pour protéger le régime d’Assad. La Russie a voté pour la résolution jeudi. Mais la Chine s’est abstenue. Son ambassadeur Fu Cong s’est notamment inquiété de la présence en Syrie de "combattants terroristes étrangers" capables d'"exploiter" la "situation sécuritaire fragile", déplorant que le Conseil n’ait pas pleinement évalué la situation.
Les forces d’Ahmed al-Charaa, dont le groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTC) qu’il dirigeait et a depuis dissous, ont renversé en décembre 2024 l’ancien dirigeant syrien Bachar el-Assad. C’est au titre de leader du HTC que l’ancien djihadiste était inscrit depuis 2013 sur la liste des sanctions de l'ONU. Le HTC était auparavant connu sous le nom de Front al-Nusra, ancienne branche d’Al-Qaïda en Syrie, mais il avait rompu ses liens avec le groupe djihadiste en 2016 et avait cherché à adoucir son image.
Malgré son inscription sur la liste des sanctions de l'ONU, le président par intérim a multiplié depuis son arrivée au pouvoir les déplacements internationaux, bénéficiant à chaque fois d’une exemption du comité de sanctions de l'ONU. Il était venu pour la première fois aux Etats-Unis en septembre pour s’adresser à l’Assemblée générale de l'ONU. Il sera lundi le premier chef d’Etat syrien à être reçu la Maison-Blanche, avait annoncé il y a quelques jours la porte-parole du président américain Karoline Leavitt. Celle-ci a rappelé que Donald Trump, pendant un voyage dans le Golfe en mai, avait annoncé la levée des sanctions américaines contre la Syrie, un sujet qui figurera très haut sur l’ordre du jour de la réunion lundi.

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Vladimir Poutine cherche à nous effrayer cet automne en agitant à nouveau le spectre de la guerre nucléaire. Venant d’un président qui a autorité sur le plus grand arsenal atomique de la planète, ce chantage est dangereux. C’est d’autant plus vrai que le contexte international est marqué par une nouvelle course aux armements nucléaires, Chine en tête, et par l’érosion des traités censés les contrôler. Mais justement, Poutine voudrait instiller la peur en Europe. L’épouvantail de l’apocalypse nucléaire, tout comme l’envoi répété de drones dans des pays stratégiquement choisis, a pour but d’intimider et de diviser le camp européen afin de saper le soutien occidental à l’Ukraine.
Si elle veut résister, l’Europe doit réinventer l’équilibre de la terreur, qui avait empêché un conflit atomique pendant toute la guerre froide. Car même Vladimir Poutine, malgré ses postures de matamore, a peur de mourir ; son comportement de reclus pendant l’épidémie de Covid l’a prouvé. Cela suppose d’être capable de manier le langage de la dissuasion, ce qui donne une responsabilité particulière à la France et au Royaume-Uni, les deux seules puissances nucléaires du Vieux Continent. Cela implique aussi de garder son sang-froid et d’éviter les déclarations à l’emporte-pièce telles que celles du ministre belge de la Défense, Theo Francken, qui a menacé de "raser Moscou" si un missile russe venait à frapper Bruxelles.
Cela signifie enfin que les Européens doivent avoir les moyens de riposter avec des armes classiques dans le cas, envisagé par de nombreux stratèges occidentaux aujourd’hui, d’une agression russe conventionnelle, visant par exemple un Etat balte, qui serait menée à l’abri d’une tentative d’intimidation nucléaire. Il est illusoire de compter uniquement sur des dispositifs antimissiles ou de prétendus "murs antidrones" pour protéger le front oriental du continent. Toute dissuasion efficace nécessite la détention d’épées pour frapper et pas seulement de boucliers pour se défendre.
Dans un conflit, l’adversaire qui parvient à faire croire qu’il est prêt à mettre en œuvre une frappe atomique en cas de nécessité absolue obtient un avantage psychologique considérable. C’est ce que Poutine cherche à faire depuis l’invasion de l’Ukraine de 2022, au moyen de divers stratagèmes qui avaient culminé en 2024 avec l’emploi pour la première fois d’un missile Orechnik dans une frappe visant une fabrique d’armes dans la ville ukrainienne de Dnipro. Ce vecteur russe à portée intermédiaire est capable d’embarquer plusieurs ogives nucléaires. La même année, la Russie a adopté une révision de sa doctrine nucléaire afin d’abaisser le seuil d’emploi de la Bombe.
Ces derniers jours, le Kremlin a fait monter la pression en testant "avec succès" deux armes prétendument capables de délivrer une frappe nucléaire de manière inédite : un drone sous-marin, conçu pour emporter une charge de 2 mégatonnes susceptible de réduire un port à l’état de poussière, et un missile intercontinental à propulsion nucléaire, susceptible de délivrer sa charge à 14 000 kilomètres de distance en changeant plusieurs fois de direction pour éviter les interceptions.
Bien que l’efficacité réelle de ces armes soit sujette à caution, l’annonce russe a incité Donald Trump à laisser entendre que les Etats-Unis pourraient reprendre leurs tests nucléaires suspendus depuis 33 ans. A quoi Vladimir Poutine a répliqué que dans ce cas, la Russie aussi reprendrait ses tests. Le tyran du Kremlin veut faire croire qu’il est prêt à prendre le risque d’un cataclysme nucléaire pour atteindre ses deux buts de guerre, qui sont la soumission de l’Ukraine et l’éclatement de l’Otan. Mais le fait qu’il soit contraint d’en arriver là est aussi un aveu de faiblesse de sa part. Les avancées de son armée en Ukraine restent millimétriques et les dernières sanctions américaines contre son secteur pétrolier sont douloureuses.
Quoi qu’il en soit, l’Europe doit tenir compte à la fois de l’érosion de la crédibilité du parapluie nucléaire américain, depuis que Donald Trump a mis en doute l’engagement de Washington à défendre ses alliés de l’Otan, et le désengagement de l’Amérique des affaires européennes, en raison de la priorité stratégique accordée désormais à l’endiguement de la Chine. L’annonce la semaine dernière du retrait d’une brigade américaine déployée en Roumanie en est un nouveau signe. Le Pentagone a présenté sa décision comme une réponse "aux capacités et aux responsabilités accrues" de l’Europe. Pourtant, celles-ci sont encore largement virtuelles. La réflexion, à mener en commun avec l’Allemagne, sur la dimension européenne de la force de dissuasion française, n’en est que plus urgente.

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