Entre Donald Trump et Xi Jinping, une rencontre express


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Au lendemain d’une journée de violences intenses dans la bande de Gaza, la situation reste extrêmement tendue au Proche-Orient. Dans la nuit de mardi à mercredi, l’armée israélienne avait frappé "des dizaines de cibles terroristes" en représailles à la mort de l’un de ses soldats, tué lors d’une attaque revendiquée par le Hamas. Ces bombardements ont fait plus de cent morts, selon la Défense civile et les hôpitaux de Gaza, avant qu’Israël n’annonce mercredi 29 octobre un retour au cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre. Donald Trump a assuré que la trêve "tenait malgré tout", tandis que les chancelleries européennes appelaient Israël à la retenue et le Hamas à respecter ses engagements.
Ce jeudi 30 octobre, la tension a gagné le sud du Liban. Une incursion israélienne dans le village frontalier de Blida a fait un mort, provoquant la colère de Beyrouth, qui dénonce une "agression flagrante contre la souveraineté libanaise".
Les infos à retenir
⇒ Une incursion israélienne fait un mort dans le sud du Liban
⇒ Les secouristes turcs dans l’attente du feu vert à Rafah
⇒ Des militaires et civils français envoyés en Israël pour superviser le plan de paix
Le président libanais Joseph Aoun a demandé ce jeudi à l’armée de "s’opposer à toute incursion israélienne", après que l’armée israélienne a mené dans la nuit une incursion meurtrière dans un village frontalier du sud du Liban, tuant un employé municipal. Israël a affirmé que son armée agissait contre le Hezbollah pro-iranien et avait ouvert le feu sur un "suspect", ajoutant qu’une enquête avait été ouverte. Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l’Etat libanais et sa souveraineté".
Un photographe de l’AFP a vu des impacts de balles sur le bâtiment de la municipalité de Blida. Dans la pièce où dormait l’employé municipal, Ibrahim Salamé, le sol, les couvertures et le matelas étaient maculés de sang. Les lunettes, les papiers et les cigarettes de la victime gisaient à proximité. L’homme dormait dans le bâtiment car c’était son tour de garde, a déclaré à l’AFP Hassan Hijazi, le président de la municipalité de Blida, dont la plupart des maisons ont été détruites lors de la dernière guerre. "Nous avons entendu les soldats israéliens crier, puis il y a eu des tirs […]", raconte à l’AFP Hicham Abdel Latif Hassan, neveu de la victime. Lorsque les soldats israéliens se sont retirés à l’aube, "nous l’avons retrouvé mort près de son matelas".
L’aviation israélienne a en outre mené jeudi matin des frappes sur deux villages du sud du Liban, relativement éloignés de la frontière, al-Jarmak et Mahmoudiyé, selon l’Ani, l’Agence nationale d’information libanaise.
L’équipe de secouristes turcs dépêchée par Ankara pour participer à la recherche des corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza attend toujours le feu vert israélien à Rafah, a indiqué jeudi une source au ministère turc de la Défense. "La mission de l’Afad (l’Agence turque de gestion des catastrophes, NDLR) attend toujours à la frontière. Israël n’a toujours pas délivré d’autorisation", a ajouté cette source estimant qu'"Israël ne respectait pas toutes les conditions du cessez-le-feu".
"Israël n’autorise que partiellement (le passage de) l’aide humanitaire", a-t-elle précisé. Concernant la participation turque à une force internationale à Gaza, toujours suspendue à un feu vert du gouvernement israélien, les forces armées sont "prêtes", selon la même source. "Nous sommes en contact avec nos homologues. La Turquie est l’un des artisans du cessez-le-feu et a signé l’accord. Nous avons achevé tous les préparatifs nécessaires et nous attendons", a indiqué cette source. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a affirmé son droit de veto sur les membres de la force internationale qui devrait sécuriser l’après-guerre dans le territoire palestinien, que son allié américain tente de mettre en place.
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La France a dépêché des civils et militaires en Israël pour participer à un centre de coordination mis en place par les Américains pour planifier et organiser l’après-guerre dans la bande de Gaza, a indiqué mercredi soir le chef de la diplomatie française. "Nous avons dépêché des personnels militaires et civils français dans l’équipe que les Etats-Unis ont déployée en Israël pour mettre en œuvre le plan de paix", a déclaré Jean-Noël Barrot, lors d’un entretien sur la chaîne LCI, précisant que ce centre se situait "entre Jérusalem et Tel-Aviv".
Le ministre n’a pas précisé le nombre de personnels déployés mais ils sont déjà arrivés sur place, selon une source proche du ministre interrogée par l’AFP. "La France est historiquement impliquée dans la recherche de la stabilité au Moyen-Orient", avait réagi l’état-major français interrogé par l’AFP la semaine dernière, évoquant l’envoi de trois officiers de liaison français. D’après l’entourage du ministre, ce nombre sera plus important.

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Coup de tonnerre à l’Assemblée : les députés ont adopté, par 185 voix contre 184, une proposition de résolution du Rassemblement national visant à "dénoncer" l’accord franco-algérien de 1968, avec l’appui des groupes LR et Horizons.
"C’est une journée qu’on peut qualifier d’historique pour le RN", s’est aussitôt félicitée la cheffe des députés d’extrême droite Marine Le Pen, soulignant qu’il s’agissait du premier texte de son parti approuvé par l’Assemblée, en dépit des oppositions de la gauche, des macronistes et du gouvernement. Le texte était examiné dans le cadre de la niche parlementaire du parti, maître de l'ordre du jour dans l'hémicycle toute la journée.
Si la résolution n'a pas de valeur législative, Marine Le Pen a demandé au gouvernement de tenir "compte" du vote du Parlement sur son texte, qui appelle à dénoncer l'accord qui offre aux Algériens des clauses spécifiques en matière d'immigration et de séjour en France. "Nous considérons qu'il n'y a plus rien qui justifie le maintien de cette convention", a-t-elle insisté.
"Honte au RN" qui "continue sans fin les guerres du passé", a grondé en retour le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon, sur X.
Le texte a été soutenu par l'alliance RN-UDR, la moitié du groupe Les Républicains et la moitié du groupe Horizons, parti d'Edouard Philippe.
Le patron du PS Olivier Faure a lui fustigé le groupe macroniste. "Ils étaient où les macronistes ? Gabriel Attal absent", a-t-il écrit sur X, à propos de l'ancien Premier ministre, à la fois patron du parti macroniste et du groupe à l'Assemblée. "Il nous a manqué une voix. Cette voix qui nous a manqué pour faire face au RN, c'est celle de Gabriel Attal", a abondé devant les journalistes Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste.
Gabriel Attal a toutefois lui-même appelé à dénoncer l'accord de 1968, en janvier, pour "poser les limites et assumer le rapport de force avec l'Algérie", notamment à l'aune de l'arrestation de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Mais son groupe était contre le texte du RN.
Le macroniste Charles Rodwell, auteur d'un récent rapport accablant contre ce même accord de 1968, avait justifié par avance un refus, au prétexte d'un supposé vide juridique qui risquerait de "provoquer un déferlement migratoire" dans l'Hexagone, analyse dénoncée par le RN.
Toutefois seuls 30 députés du groupe macroniste sur 92 étaient présents pour voter contre (trois se sont abstenus). Gabriel Attal était présent jeudi matin à un forum sur la transformation durable du tourisme. Il a cependant manqué des voix dans tous les groupes, y compris à gauche (52 députés LFI sur 72 ont participé au vote, 53 socialistes sur 69, 32 écologistes sur 38, six députés du groupe communiste et ultramarin sur 17). Douze députés MoDem ont pris part au scrutin (10 contre, deux abstentions) et trois députés Liot sur 22 (deux pour, un contre).
"Quand le RN porte des projets ou des convictions que nous partageons, il n'y a aucune raison (...) de ne pas voter ce que nous voulons pour notre pays", a justifié le chef des élus de droite, Laurent Wauquiez, rappelant que sa formation avait "porté" la même résolution il y a deux ans.
Du côté du parti d'Édouard Philippe également, "nous demandons cette dénonciation", a souligné le député Sylvain Berrios, soutenant un texte présenté comme "un mandat donné au gouvernement pour qu'il fasse son travail".
L'exécutif entend pourtant "privilégier la voie de la renégociation dans le cadre d'un dialogue exigeant avec l'Algérie", a expliqué le ministre des Relations avec le Parlement, Laurent Panifous, assurant que Paris n'aurait "rien à gagner à une aggravation de la crise" déjà prégnante avec Alger.

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Moscou a de nouveau frappé un grand coup dans la démonstration de sa puissance militaire. Lors d’un échange avec des soldats blessés de la guerre en Ukraine ce mercredi 29 octobre, Vladimir Poutine a révélé que la Russie venait de tester une arme inédite : le drone sous-marin Poséidon, un appareil à propulsion nucléaire que le président qualifie d’"impossible à intercepter". Selon lui, cette torpille géante aurait non seulement été lancée depuis un sous-marin porteur, mais en plus, son réacteur nucléaire aurait fonctionné "pendant un certain temps". Un exploit que le chef du Kremlin a décrit comme "un immense succès".
Cette annonce intervient dans un climat de tension grandissante avec Washington. Quelques jours plus tôt, Moscou avait provoqué la colère de Donald Trump en se félicitant du test d’un missile de croisière à propulsion nucléaire, le Bourevestnik. Le président américain avait publiquement mis en garde son homologue russe contre une nouvelle escalade, l’invitant à "mettre fin à la guerre en Ukraine plutôt que de tester des missiles". Un avertissement ignoré par Vladimir Poutine, qui persiste à exhiber ses armes les plus redoutables.
Le Poséidon n’est pas une surprise pour les observateurs du monde militaire. Déjà en 2018, dans son discours sur l’état de la nation, Vladimir Poutine avait dévoilé cette arme futuriste parmi une série d’"innovations stratégiques" censées redéfinir l’équilibre nucléaire mondial. Conçu comme un véhicule autonome à propulsion nucléaire, ce drone sous-marin incarne une nouvelle génération d’armes dites de représailles, capables d’échapper à toute interception connue.
Long de près de vingt mètres et pesant une centaine de tonnes, le Poséidon serait capable de filer sous l’eau à plus de 60 nœuds, soit environ 110 à 130 kilomètres-heure et à plus d’un kilomètre de profondeur, selon les informations de l’agence de presse officielle russe TASS. Toujours d’après cette même source, sa discrétion serait telle qu’aucun système sonar existant ne pourrait le repérer. Moscou affirme qu’il pourrait emporter une ogive nucléaire de 100 mégatonnes, l’équivalent de deux fois la puissance de la bombe la plus dévastatrice jamais testée. Résultat : l’arme serait en mesure de provoquer, en explosant près des côtes, un tsunami radioactif suffisant pour submerger et rendre inhabitables des villes côtières.
Le président russe n’a pas précisé la distance parcourue par l’engin lors de ce dernier essai, mais il a vanté sa supériorité absolue : "La puissance du Poséidon dépasse largement celle de notre missile intercontinental Sarmat", a-t-il déclaré, affirmant que cette technologie n’a "été vue nulle part dans le monde".
D’après des sources russes, le drone serait alimenté par un réacteur miniature "cent fois plus petit" que ceux des sous-marins classiques, mais tout aussi performant, si ce n’est plus. Cette arme hors du commun est censée être déployée à terme sur le Belgorod, un sous-marin nucléaire géant mis en service en 2022, spécialement aménagé pour accueillir ce colosse des mers. Certains experts occidentaux doutaient encore récemment de son existence réelle, voyant dans les premières images diffusées à la télévision d’État en 2015 un simple outil de propagande. Mais le test confirmé par le Kremlin semble prouver que le Poséidon n’est pas un mythe.
L’apparition du Poséidon dans l’arsenal russe s’inscrit dans une logique de surenchère militaire engagée depuis plusieurs années. Le Kremlin présente ces avancées comme une réponse directe à ce qu’il décrit comme une course mondiale à l’armement, dominée par les États-Unis, la Russie et la Chine.
Les essais successifs du Bourevestnik et du Poséidon apparaissent comme autant de signaux adressés à Washington. "La Russie ne cédera jamais aux pressions occidentales", a martelé Vladimir Poutine, alors même que ses relations avec Donald Trump se sont nettement dégradées ces dernières semaines.
Dans cette escalade, Vladimir Poutine a également évoqué le déploiement prochain d’une nouvelle arme de son arsenal : le missile intercontinental Sarmat. Mais ce dernier n’a jamais quitté son silo lors du dernier essai, explosant dans la foulée. Une démonstration de puissance ratée, qui n’empêche pas la Russie de poursuivre son objectif : prouver au monde sa supériorité militaire, sur terre comme en mer.

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