Des frappes font 21 morts à Gaza, Israël dit avoir tué cinq cadres du Hamas
Le front des pays émergents et pétroliers s’est révélé insurmontable : alors que les négociations de la COP30 au Brésil se sont prolongées samedi après deux semaines chaotiques de sommet en Amazonie, les Européens se sont résignés samedi à accepter un accord mondial à la COP30 qui ne reprend qu’a minima leurs demandes sur la sortie des énergies fossiles, préférant ce compromis à un échec total du multilatéralisme.
"Nous devons le soutenir car, au moins, il nous emmène dans la bonne direction", a déclaré le commissaire européen Wopke Hoekstra au climat après une nuit de négociations et une réunion de coordination avec les Vingt-Sept.
Le projet final d’accord ne contient pas de mention explicite des énergies fossiles, selon le texte publié samedi. Or, la combustion du pétrole, du gaz et du charbon sont largement responsables du réchauffement planétaire. Le texte n’appelle à accélérer l’action que de façon "volontaire", et ne fait qu’une référence simplement indirecte à la sortie des énergies fossiles, en rappelant le consensus de la COP28 à Dubaï, et sans écrire les mots explicitement. Ce qui est loin du plan un temps réclamé par plus de 80 pays européens, latino-américains ou insulaires - particulièrement menacés par la montée des eaux.
Le texte, doit qui encore être entériné par consensus lors d’une séance de clôture samedi à Belém, appelle à tripler les financements pour l’adaptation climatique des pays en développement sur les dix prochaines années, par rapport à l’objectif actuel de 40 milliards par an.
Il prévoit également d’instituer un "dialogue" sur le commerce mondial, une première dans les négociations climatiques. La Chine, qui mène la fronde des pays émergents contre les taxes carbone aux frontières, en avait fait sa priorité avec d’autres pays exportateurs. Le pays asiatique a salué samedi un "succès dans une situation difficile", qui "montre donc que la communauté internationale veut faire preuve de solidarité et réalise des efforts communs pour répondre au changement climatique".
"Nous n’allons pas cacher que nous aurions préféré davantage, et plus d’ambition sur tout", a déclaré le commissaire européen Wopke Hoekstra. L’UE avait brandi vendredi la perspective de partir de Belém "sans accord". Cela aurait signé un échec retentissant pour l’hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l’une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l’Amazonie.
Mais les Européens se seraient retrouvés "isolés", selon le membre d’une délégation d’un des 27, face à des pays comme la Russie, l’Arabie saoudite ou l’Inde, ou une partie du monde en développement qui n’avait pas comme priorité la bataille contre les fossiles mais plutôt les financements de transition écologique. Les délégués européens n’ont pas voulu apparaître comme responsables d’une catastrophe diplomatique au moment où ils cherchent à maintenir en vie le régime climatique mondial.
"On ne s’y oppose pas parce qu’il n’y a rien d’extraordinairement méchant à l’intérieur. C’est un texte qui est un texte assez plat", a déclaré à sa suite la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut. Contre l'accusation faite aux Européens de s'opposer au texte pour des raisons financières, le commissaire européen a lui-même insisté pour que le projet d’accord prévoit des financements supplémentaires. "Nous faisons un effort très important pour les aider à financer l'adaptation (des pays les plus pauvres)", a déclaré Wopke Hoekstra.
En 2023, les pays s’étaient engagés à "opérer une transition juste, ordonnée et équitable vers une sortie des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques", pour la première fois dans l’histoire des conférences sur le climat de l'ONU. Depuis, ceux qui produisent ou dépendent des énergies fossiles - La Russie, l’Arabie saoudite ou l’Inde, pays producteurs de pétrole - ont mis tous leurs efforts à effacer la mention d'une sortie des énergies fossiles.
C’est également le cas d’une partie du monde en développement. Ces pays expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n’ont pas les moyens de passer aux énergies renouvelables demain, ou tout simplement d’adapter leurs villes ou leurs agricultures à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider ceux qui le sont moins.
De ce point de vue, le texte d’accord constitue un gain. Mais est-ce assez ? "Pas vraiment. Mais les négociations intergouvernementales travaillent sur le plus petit dénominateur commun. Notre combat continue", a déclaré à l’AFP un négociateur du Bangladesh.
La présidence brésilienne, qui aura aussi refusé jusqu’au bout d’inclure dans son texte la mention d'une sortie des énergies fossiles, à toutefois consenti en dernière minute à prévoir une "feuille de route" sur le sujet, ainsi qu'une seconde contre la déforestation, mais seulement pour les pays volontaires. "Nous savons que certains d'entre vous avaient des ambitions plus grandes" pour certains des sujets abordés pendant la réunion de l'ONU sur le climat, a reconnu le diplomate brésilien président de la conférence, André Correa do Lago, alors que certains pays espéraient une décision contraignante de la COP sur le pétrole, le gaz et le charbon.
La COP31 se déroulera à Ankara en Turquie, et l’Australie supervisera les négociations officielles.

© afp.com/Pablo PORCIUNCULA
Le sommet du G20 s’est ouvert ce samedi 22 novembre en Afrique du Sud, dans un contexte particulier. Pour la première fois de son histoire, soit depuis 1999, il se tient sur le continent africain. Mais pour la première fois aussi, un président américain, en l'occurrence Donald Trump, a décidé de le boycotter, accusant sans fondement l'Afrique du Sud de mener un "génocide" contre la population blanche sud-africaine, ainsi que d’autres dirigeants comme le Chinois Xi Jinping (représenté par son Premier ministre Li Qiang), l'Argentin Javier Milei (représenté par son ministre des Affaires étrangères) ou la Mexicaine Claudia Sheinbaum. D’après Le Grand continent, seuls 13 dirigeants sur 19 sont présents - le G20 regroupe 19 pays, plus l’Union européenne et l’Union africaine, représentant 85 % du PIB mondial et les deux tiers de la population mondiale.
Les tensions entre Pretoria et Washington ne sont pas près de s’apaiser, puisque le ministre sud-africain des Affaires étrangères Ronald Lamola a annoncé à la presse ce samedi que le président Ramaphosa ne transmettra pas la prochaine présidence du G20 "au chargé d’affaires des Etats-Unis" comme c'était censé être le cas, en raison de l’absence de Donald Trump. "Les Etats-Unis sont un membre du G20 et s’ils veulent être représentés, ils peuvent toujours envoyer quiconque de rang approprié", a-t-il ajouté.
Mais qu'importe : ces bouderies n'ont pas démotivé le président d’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, qui souhaite faire du sommet un moyen de pousser les intérêts des pays d’Afrique sur la scène internationale. "En tant que pays africains, utilisons ce G20 pour faire avancer notre agenda. En exploitant nos forces collectives, nous pouvons bâtir des économies résiliantes qui prospèrent malgré l’adversité", a-t-il déclaré peu avant l’ouverture du sommet, ce samedi.
Alors que les Etats-Unis, le 15 novembre, s’étaient également opposés à l’adoption d’une déclaration commune des chefs d’Etat sans eux, le sommet a adopté dès son ouverture une déclaration finale des dirigeants présents. Samedi, le président Cyril Ramaphosa a ainsi annoncé qu’elle a été adoptée par une très large majorité des États membres du Groupe des 20. "L’adoption de la déclaration issue du sommet envoie un signal fort au monde entier, prouvant que le multilatéralisme peut porter ses fruits et qu’il le fait", a indiqué la présidence sud-africaine du G20 sur X. Un pied de nez aux Etats-Unis.
President Cyril Ramaphosa has announced that the Declaration from South Africa’s G20 Leaders’ Summit has been adopted by an overwhelming majority of the Group of 20 Member States.
— G20 South Africa (@g20org) November 22, 2025
The adoption of the Declaration from the Summit sends an important signal to the world that… pic.twitter.com/7wBksN03fO
"Les menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’humanité – qu’il s’agisse de l’escalade des tensions géopolitiques, du réchauffement climatique, des pandémies, de l’insécurité énergétique et alimentaire, des inégalités, du chômage, de l’extrême pauvreté ou des conflits armés – mettent en péril notre avenir collectif", a ajouté Cyril Ramaphosa en ouverture du sommet. Des priorités soutenues par la déclaration commune, même en l’absence des Etats-Unis.
La question des minerais stratégiques, présents en abondance sur le continent africain (environ 30 % des réserves mondiales, selon le FMI), pourrait aussi permettre de peser significativement dans les négociations internationales. Dans leur déclaration, les dirigeants du G20 disent vouloir mieux protéger l’approvisionnement en minerais stratégiques. "Nous cherchons à garantir que la chaîne de valeur des minerais stratégiques puisse mieux résister aux perturbations, qu’elles soient dues aux tensions géopolitiques, à des mesures commerciales unilatérales incompatibles avec les règles de l’OMC, à des pandémies ou à des catastrophes naturelles", écrivent-ils dans ce texte. De nombreux pays tentent de garantir leurs accès à ces minerais, également très utilisés en électronique, et de sortir de leur dépendance vis-à-vis de la Chine, mise en lumière par les restrictions que le pays asiatique a imposées sur ses exportations de terres dites rares.
Ces discussions pourraient bien se poursuivre lors du septième sommet UE-UA les 24 et 25 novembre, en Angola, l’Afrique du Sud et l’UE ayant d’ailleurs signé jeudi un partenariat concernant les minéraux stratégiques en amont du sommet du G20. "Notre objectif pour ce sommet historique est d’établir un partenariat UE-Afrique solide, équilibré et tourné vers l’avenir", avait ainsi déclaré le président du Conseil européen, António Costa, en amont de cet événement, rappelle Toute l’Europe. Les discussions au cours de ce sommet tourneront autour du commerce entre l'Europe et l'Afrique, des matériaux critiques, du changement climatique, de l'intelligence artificielle et autres sujets au cœur des relations UE-UA.
Mais des défis perdurent. "L’Afrique est un continent en plein essor. L’approfondissement de notre coopération économique est essentiel au développement et à l’intégration du continent, au renforcement de notre résilience et de notre autonomie", a déclaré le président sud-africain lors d’un dîner de travail vendredi en présence des chefs d’Etats africains invités au G20. Comme le souligne le média Jeune Afrique, la Zone de libre-échange continentale africaine, Zlecaf, existant depuis 2021, plafonne encore à 15 % d’échange intra communautaire, en raison notamment de problèmes infrastructurels. Le sommet G20 est donc l’opportunité de mobiliser des investissements pour concrétiser cette zone de libre-échange. La question de la dette du continent est aussi l’un des grands enjeux de cette rencontre. Pour le média d'actualité africaine, "la présidence sud-africaine du G20 constitue donc un test de maturité diplomatique".
En outre, la faculté du continent africain "à enfin parler d’une seule voix, à dépasser les clivages nationaux et régionaux" afin de "peser réellement dans les négociations mondiales" reste un défi, souligne Jeune Afrique, qui rappelle que l’Afrique du Sud elle-même reste l’un des pays où les inégalités sont les plus marquées au monde.

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