A Libreville, Emmanuel Macron scelle le rapprochement avec le « nouveau Gabon » du putschiste Brice Oligui Nguema

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Une fermeture aussi discrète que son ouverture fut fracassante. Institué par décret au premier jour de la seconde présidence Trump et piloté par celui qui était alors son précieux allié, Elon Musk, le Doge (de son vrai nom "département de l’efficacité gouvernementale") aurait cessé ses activités huit mois avant la fin prévue de son contrat, selon les déclarations de son directeur de la gestion du personnel, Scott Kupor, à Reuters. Ses fonctions ont été transférées à l’OPM (l’agence gouvernementale de ressources humaines). Scott Kupor a néanmoins tenu à préciser dimanche 23 novembre sur X que "les principes du Doge restent bien vivants : déréglementation, élimination de la fraude, du gaspillage et des abus, restructuration de la fonction publique fédérale, priorité accordée à l’efficacité."
Le Doge fut le symbole d’un assaut sans précédent mené contre les agences fédérales et leurs employés, dans l’objectif proclamé de colossales économies : 1 000 milliards de dollars à l’horizon de septembre dernier, selon les ambitions d’Elon Musk. L’une de ses plus retentissantes décisions fut la suppression de l’USAID, l’Agence américaine pour le développement international, active à travers le monde via des politiques de vaccination, de prévention du paludisme et de lutte contre le sida. D’abord réduite à peau de chagrin, elle a été fermée en juillet. Une étude menée par une épidémiologiste de l’université de Boston, Brooke Nichols, estime que plus de 600 000 personnes à travers le monde sont déjà mortes des suites de cette décision.
Exit les fonctionnaires, place à l’IA : au nom de l’optimisation, le Doge a multiplié les coupes claires au sein de nombreuses administrations, à commencer par le Département de l’éducation, dont le budget a été amputé de plus de 500 millions de dollars et dont nombre des prérogatives ont été transférées à d’autres agences. La Social Security Administration (sécurité sociale) fut une autre cible de choix : non seulement les suppressions de postes ont entraîné de nombreux retards dans le traitement des demandes des administrés, mais les données personnelles de plus de 300 millions d’Américains ont été mises en danger par l’incurie des équipes du Doge, selon un lanceur d’alerte. La méthode fut explosive, les fonctionnaires licenciés à tour de bras l’apprenant par email. En mai, plus de 200 000 d’entre eux avaient été congédiés. Le Doge a déclaré que l’ensemble de ces licenciements et réductions avait permis d’économiser des milliards de dollars, mais aucune étude officielle ne vient étayer ces assertions.
L’activité du Doge a décliné de façon concomitante à la disgrâce de son chef, survenue après ses critiques cinglantes de la dispendieuse One Big Beautiful Bill voulue par Donald Trump et votée en juillet. Les équipes ont commencé peu après à déserter les bureaux. Comme le rapporte Reuters, les têtes pensantes ont été recasées, à commencer par Joe Gebbia, cofondateur d’Airbnb, chargé depuis par Donald Trump d’améliorer le visuel des sites gouvernementaux : son studio a notamment lancé des sites web pour recruter des agents des forces de l’ordre. Quant à Elon Musk, il semble revenu en odeur de sainteté à Washington, puisqu’il figurait parmi les convives du dîner donné en grande pompe pour le prince saoudien Mohammed ben Salmane la semaine passée.

© afp.com/Oliver Contreras