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Révélations sur l'affaire Susie Wiles : "En me parlant, elle croyait plaider pour Donald Trump..."
Rare sont les authentiques scoops dans une carrière. Journaliste, écrivain et documentariste, Chris Whipple vient d’en publier un retentissant, en recueillant les confidences de Susie Wiles, la cheffe de cabinet de Donald Trump. Au terme de onze interviews secrètes menées depuis près d’un an, Whipple révèle dans Vanity Fair comment cette intime du président décrit la Maison-Blanche : le président américain a une "personnalité d’alcoolique", J. D. Vance est "complotiste depuis une décennie" explique-t-elle tranquillement.
Comment Chris Whipple a-t-il conquis la confiance cette femme considérée comme la personne la plus puissante de la Maison-Blanche après Trump ? Quelle a été la réaction du président après la publication de l’article (sidérant) de Vanity Fair ? A ces questions et bien d’autres, Whipple offre des réponses surprenantes. Considéré comme l’un des meilleurs connaisseurs des cercles du pouvoir à Washington, l’homme en connaît un rayon : en 2017, il avait publié un livre passionnant sur les chefs de cabinet des présidents, The Gatekeepers. De fait, au cours de sa carrière, le journaliste a rencontré tous les prédécesseurs de Susie Wiles alors que les chefs de cabinet de la Maison-Blanche sont les personnes les plus difficiles à approcher. En exclusivité pour L’Express il raconte le "making of" du scoop dont tout le monde parle.
L'Express : Pourquoi Susie Wiles, la cheffe de cabinet de Donald Trump, a-t-elle accepté de se confier à vous ?
Chris Whipple : C’est très simple. Susie Wiles estimait que Donald Trump avait été injustement traité par les médias durant son premier mandat. Elle pensait que le président avait été diabolisé par la presse, diffamé. Je crois qu’elle pensait pouvoir obtenir une écoute équitable de ma part, notamment du fait que j’ai interviewé tous les chefs de cabinet encore vivants en poste depuis 1968. Nous avons commencé nos conversations en janvier. Nous avons eu onze entretiens étalés sur près d’une année. Elle était vraiment persuadée d’être capable de me convaincre de la justesse de la cause de Trump. Je me suis dit, pourquoi pas, discutons. C’est aussi simple que cela. Il n’y avait aucun agenda caché de part et d’autre, ni aucune manœuvre machiavélique de son côté visant à se positionner vis-à-vis de Donald Trump ou critiquer ses adversaires. Susie Wiles pensait simplement pouvoir bénéficier d’un traitement équitable de ma part. Et elle a eu raison.

Mais ne l’avez-vous pas piégée ?
Pas du tout. Je lui ai simplement donné l’occasion de s’exprimer durant une année. C’était une opportunité extraordinaire pour un journaliste comme moi. Car elle est quelqu’un de très discret qui se tient éloignée des caméras. Elle donne rarement des interviews. Là, elle a décidé de le faire, et j’ai été heureux de lui en donner la possibilité.
Est-ce votre livre The Gatekeepers, consacré aux chefs de cabinets de la Maison-Blanche, qui l’a mise en confiance ?
Elle ne me l’a pas dit et je suis incapable de lire dans ses pensées. Donc je ne peux pas dire pourquoi elle m’a choisi. Mais oui, elle avait lu mon livre sur les chefs de cabinet de la Maison-Blanche, The Gatekeepers. Elle l’a mentionné à plusieurs reprises comme un ouvrage utile en tant que première femme chef de cabinet. Par ailleurs, nous connaissions des gens en commun, notamment James Baker [NDLR : le chef de Cabinet de Bush père, âgé de 95 ans] ainsi que d’autres. Donc, oui, je pense que la raison est là.
À votre avis, quelle est l’information la plus importante que vous avez obtenue d’elle ?
C’est difficile de choisir, car je pense qu’il y a là une mine d’informations. Mais l’une des révélations extraordinaires, c’est la manière presque détachée dont elle admet que Donald Trump est en campagne de vengeance et de représailles contre ses ennemis politiques. Elle admet quasi naturellement que le président se saisira de toutes les occasions possibles pour se venger. Elle a par exemple reconnu très simplement que les poursuites judiciaires à l’encontre de Letitia James, la procureure générale de New York qui a poursuivi Donald Trump, relevaient de la pure vengeance. C’est le genre de chose qu’aucun responsable américain n’aurait jamais admis à voix haute auparavant. Et cependant, elle semblait penser que c’était une chose entièrement acceptable et que, donc, elle pouvait en parler.
Après la publication de votre scoop, quelle est, selon vous, l’atmosphère générale à la Maison-Blanche ?
Il y a plusieurs choses à dire. Vous avez vu la réaction publique : ils ont fait bloc derrière Susie Wiles, ce qui ne m’a pas du tout surpris. C’est une réaction logique. En matière de gestion de crise, il faut d’abord gérer et limiter les dégâts politiques. Il faut dire que personne n’a contesté la moindre affirmation contenue dans mon article de Vanity Fair. Pas une seule citation. Susie Wiles a contesté une seule citation juste après la parution de l’article. Nous avons aussitôt fait écouter l’enregistrement de l’interview concernée au New York Times. Ça s’est arrêté là. Je ne pense pas qu’ils iront plus loin.
Il y a sans doute de la stupéfaction dans l’entourage de Trump. Beaucoup sont souvent surpris que Susie Wiles ait passé un an à parler à un journaliste, on the record. Je pense qu’ils sont sincèrement surpris, car, à ma connaissance, elle n’a demandé la permission à personne. Je ne suis même pas certain que le président en ait été informé. Or Susie Wiles est la deuxième personne la plus puissante à la Maison-Blanche. Elle a choisi d’avoir ces onze conversations avec moi, probablement sans avoir obtenu le feu vert de quiconque. À mon avis, beaucoup, à la Maison-Blanche, ont le tournis. Ils demandent tous ce qui leur est tombé dessus.
De toute évidence, cela va porter préjudice à Susie Wiles et à la Maison-Blanche, n’est-ce pas ?
Pas forcément. Vis-à-vis du grand public, oui, cet article et ces interviews sont gênants. Car il est stupéfiant qu’au poste qu’elle occupe, la cheffe de cabinet parle aussi ouvertement, et en admettant tant de choses, de la croisade vengeresse dans laquelle Trump s’est lancée contre ses adversaires – sans même parler des nombreux autres sujets. Au sein de la Maison-Blanche, je pense cependant que Susie Wiles conserve un lien indéfectible avec le président. Elle exerce sur lui une sorte d’effet magique : il lui fait confiance et, surtout, il a besoin d’elle. Cela explique pourquoi personne ne l’a lâchée : au contraire, tout le monde s’est rallié autour d’elle. Je ne suis pas sûr que, en interne, elle ressorte affaiblie de cette affaire.
Cette interview n’aurait donc pas mis Donald Trump en colère ?
Il est tout de même remarquable qu’il se soit empressé de confirmer la chose la plus controversée qu’elle ait dite à son sujet : "Oui, j’ai une personnalité d’alcoolique." Il semble porter cela comme un badge d’honneur, parce que, selon elle, cela signifie qu’il a une confiance en lui démesurée, détachée de la réalité — ce qui est, en effet, la définition d’une personnalité alcoolique. Or Trump l’a immédiatement confirmé. Je trouve fascinant que J.D. Vance ait également confirmé ce qu’elle avait dit de lui, à savoir qu’il entretenait des théories conspirationnistes depuis une décennie. Il a reconnu cela. C’est absolument fascinant, et révélateur de la mentalité de ceux qui vivent dans cette bulle du pouvoir. Ils pensent que ce qu’ils disent entre eux est acceptable, car ils ne s’adressent qu’à eux-mêmes. Le grand public, lui, est stupéfait par certaines choses qu’il découvre.
Pourquoi le poste de chef de cabinet de la Maison-Blanche est-il si important ?
Pour plusieurs raisons. Le chef de cabinet est le confident du président, son principal conseiller, le responsable de l’exécution de son programme, et surtout, la personne chargée de lui dire les vérités difficiles que personne d’autre n’ose prononcer. C’est un poste fondamental. Or Susie Wiles dirige une Maison-Blanche qui est devenue nettement plus efficace que celle du premier mandat, laquelle était marquée par le chaos. Aujourd’hui, l’organisation est fluide. Mais la vraie question, au bout du compte, est de savoir si elle peut entrer dans le bureau Ovale et dire à Donald Trump : "Non, vous ne devriez pas faire ceci ou cela, croyez-moi, c’est une erreur, et voici pourquoi." Mais selon ses propres mots, Susie Wiles ne semble pas aller jusque-là.
Quelle différence voyez vous entre Susie Wiles tous ses prédécesseurs ?
D’abord, l’évidence : elle est la première femme à occuper ce poste. Cela marque une étape historique. Aussi, elle a un vrai lien avec le président. Trump l’a investie du pouvoir de parler en son nom. Tout le monde sait que quand elle s’exprime, c’est aussi le président qui parle. Elle dirige la Maison-Blanche de manière efficace. Mais si elle aspire à rejoindre les meilleurs — les James Baker (1992-1993) ou les Leon (1994-1997) Panetta — alors elle doit être capable de dire des vérités difficiles au président. Rien n’indique qu’elle le fasse.
Pensez-vous qu’à travers vous, Susie Wiles ait voulu transmettre à Donald Trump un message ?
Non, je ne crois pas. Elle voulait simplement raconter son histoire et pensait plaider la cause du président.
A combien estimez-vous son espérance de vie à la Maison-Blanche ? Sera-t-elle limogée ?
Je ne pense pas. Trump a besoin d’elle. Il a clairement fait savoir, depuis la publication de l’article, qu’il la soutenait. Mais nous verrons si elle reste après les élections de mi-mandat. Je suis presque certaine qu’elle restera jusqu’à la fin de 2026. Au-delà, on verra. Restera-t-elle en poste jusqu’à la fin du mandat de Trump ? Ce n’est pas exclu.

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