"Purge" des ambassades américaines : le coup de balai brutal de Donald Trump
De simples coups de téléphone, comme une illustration supplémentaire des méthodes brutales de Donald Trump. Ce lundi 22 décembre, le président américain a ordonné à près de 30 ambassadeurs en poste dans le monde entier, nommés par Joe Biden, de rentrer aux États-Unis dans les prochaines semaines, une mesure qui risque de créer un important manque au sein du corps diplomatique américain, révèle le New York Times.
L’administration américaine leur a demandé de quitter leur fonction sous une quinzaine de jours, d’ici la mi-janvier 2026, afin d’aligner le corps diplomatique aux nouvelles priorités de politique étrangère américaines. Une trentaine de pays sont concernés, majoritairement en Afrique, selon The Associated Press (AP). "Les personnes concernées indiquent avoir été informées brutalement, généralement par téléphone, sans aucune explication, a déclaré Nikki Gamer, porte-parole de l’American Foreign Service Association, le syndicat représentant les diplomates de carrière. Cette méthode est tout à fait inhabituelle."
Les candidats au poste d’ambassadeur sont nommés par le président et approuvés par le Sénat, et se répartissent en deux catégories : les diplomates de carrière et les personnes nommées pour des raisons politiques. Ces dernières sont souvent des donateurs ou des proches du président, et sont censées présenter leur démission au début d’une nouvelle administration, comme ce fut le cas lorsque Donald Trump a pris ses fonctions en janvier. Mais les diplomates de carrière, eux, restent souvent en poste pendant plusieurs années au sein d’une nouvelle administration, d’où la surprise de l’annonce. "Notre syndicat peut affirmer avec certitude qu’une telle révocation massive n’a jamais eu lieu depuis la création du Service extérieur tel que nous le connaissons", a d’ailleurs précisé Nikki Gamer auprès du New York Times.
Le moral des diplomates en berne
Interrogé par l’AFP, le département d’Etat n’a pas confirmé le détail de ces renvois ni quels pays étaient concernés, mais a indiqué qu'"il s’agit d’un processus standard dans toute administration". "Un ambassadeur est un représentant personnel du président" et ce dernier "est en droit de s’assurer qu’il dispose dans ces pays de personnes qui font avancer le programme 'Amérique d’abord'", a déclaré un haut responsable du département d’État sous couvert d’anonymat, tandis que Donald Trump n’a pas encore désigné de candidats pour les postes d’ambassadeurs vacants en Afrique subsaharienne. En général, dans cette configuration, le chef de mission adjoint, souvent diplomate de carrière lui aussi, assure l’intérim.
Pour plusieurs observateurs, ces rappels massifs risquent d’affecter davantage le moral des diplomates de carrière travaillant sous l’autorité du secrétaire d’État Marco Rubio. Plus tôt ce mois-ci, le syndicat de la profession a publié les résultats d’un sondage auprès de ses membres, révélant que 98 % des répondants estimaient que le moral au travail avait chuté depuis le début du second mandat de Donald Trump, en raison notamment des coupes budgétaires. Avec Marco Rubio, le président américain a en effet supervisé le renvoi de centaines de personnels au sein du département d’Etat, réorganisé autour des priorités de l’administration, et supprimé l’Agence américaine pour le développement (USAID). Au total, 1 300 suppressions de postes ont eu lieu, dont 264 diplomates à travers le monde, remplacés par des fidèles du président.

© afp.com/Jim WATSON



