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Oh cool, un robot humanoïde qui fait un truc utile !

Vous pensiez que votre Roomba à 200 balles c’était déjà le futur ? Alors attendez de voir ce que fait le robot Figure 02 dans la vraie vie !!! Vous allez voir, il est plus doué que vous et moi :)

Brett Adcock, le fondateur de Figure AI, vient en effet de partager une vidéo qui a fait le tour du web. On y voit son robot humanoïde de 1,67 mètre et 70 kilos manipuler un panier à linge et charger tranquillou billou une machine à laver. Sa fille ajoute même un petit vêtement au panier pendant la démo, prouvant ainsi que la scène n’est pas entièrement pré-programmée.

Ça se passe chez lui, dans sa propre maison et pas dans un labo aseptisé avec des conditions parfaites, et c’est pour ça que ça marche et que pour une fois, on a envie d’y croire ! Ce robot fonctionne grâce à Helix, une IA maison que Figure AI décrit comme un “modèle généraliste vision-langage-action”.

Lors de sa dernière apparition, il ne pouvait contrôler que le haut du corps et déplacer des objets et là, y’a eu de gros progrès puisqu’on le voit faire des mouvements de plus en plus précis. Mais attention, rangez-moi tout de suite cette carte bleue bande de victimes du capitalisme car ces robots ne sont pas encore prêts pour une utilisation domestique généralisée. C’est une question de sécurité notamment car un robot de 70 kilos en métal et plastique, ça peut faire des dégâts si ça se plante ou si ça se rebelle comme dans le film iRobot.

D’ailleurs, Figure AI n’est pas seul sur ce créneau puisque le R2D3 d’OpenDroids, dévoilé au CES 2025, excelle aussi dans les tâches multiples et variées comme la vaisselle, le pliage de linge… etc. vous voyez l’idée. Prix estimé ? 60 000 dollars. Aïe. Je vais commencer à mettre un peu de blé de côté parce que le jour où il en vendent un qui peut tirer des troncs et creuser des trous, c’est sûr, je flambe le Livret A !!

On est en 2025, et le marché mondial des robots domestiques dépasse déjà les 20 milliards de dollars. Rien qu’en France, plus d’un foyer sur trois possède déjà au moins un robot domestique. J’imagine que ce sont principalement des robots aspirateurs, des robots de piscine et des robots tondeuse…

En tout cas, le cabinet Morgan Stanley pousse la projection un milliard de robots humanoïdes en service dans le monde en 2050. C’est fou, ça représente quand même un marché de 5 000 milliards de dollars. Je sais pas si c’est une bonne idée niveau écologie tout ça…

Mais revenons à notre petit Figure 02. La société, valorisée à 2,6 milliards de dollars après avoir levé 675 millions auprès de géants comme NVIDIA et Intel, prévoit des tests alpha dans de vraies maisons d’ici fin 2025. Brett Adcock, si tu me lis, JE SUIS VOLONTAIRE POUR LES BETA TESTS MON POTE !!!

De son côté, Boston Dynamics perfectionne également son Atlas dont je vous ai déjà parlé, 1X Technologies développe son Neo Gamma spécifiquement pour les tâches domestiques, et les Chinois d’Unitree proposent leurs G1 et H1 à partir de 13 000 euros. Tesla promet même un prix sous les 20 000 dollars pour son Optimus, mais bon, le marché pour les robots faisant des saluts nazis est un peu restreint depuis 1945.

Voilà, en tout cas, j’ai trouvé cette vidéo d’Adcock très cool car pour une fois, on voit un de ces robots dans la vie réelle, en train de faire un vrai truc et pas juste une démo dans un environnement contrôlé.

Et ça, ça change tout.

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Les douaniers américains fouillent les téléphones plus que jamais, alors méfiance !

Si vous planifiez un voyage aux États-Unis, vous savez surement déjà que vos téléphones et ordinateurs peuvent être fouillés par les douanes américaines. Sauf que depuis quelques jours, les chiffres relatifs à ces fouilles sont sortis. Entre avril et juin 2025, le CBP (Customs and Border Protection) a inspecté 14 899 appareils électroniques, ce qui est un record qui dépasse de 16,7% le précédent pic de début 2022.

C’est d’ailleurs en progression constante, puisqu’en 2015, seulement 8 503 appareils étaient contrôlés sur une année entière, en 2023, on était déjà à plus de 41 000, et maintenant, on atteint près de 15 000 en un seul trimestre.

Derrière ces stats se cache une réalité juridique complexe baptisée la “border search exception” qui permet aux agents fédéraux de fouiller sans mandat ni suspicion raisonnable. Hé oui, le 4e Amendement, qui protège normalement les américains contre les perquisitions injustifiées, s’efface dans cette zone de quelques miles autour des frontières, y compris dans les aéroports.

Pour les non-citoyens américains, c’est simple, refuser de donner son mot de passe peut signifier un refus d’entrée sur le territoire. Tous les voyageurs étrangers, même avec un visa valide, peuvent ainsi être refoulés en un claquement de doigt. Par contre, les citoyens américains ne peuvent pas être empêchés d’entrer dans leur pays, mais leurs appareils peuvent être confisqués durant des semaines, voire des mois.

C’est pas un pays de zinzins quand même ?

L’ACLU soulève un point intéressant qui est que le vrai problème, c’est l’effet paralysant que cela a sur tous les voyageurs. Car même si elle est statistiquement rare (moins de 0,01% des 420 millions de voyageurs annuels), cette possibilité influence le comportement de millions de personnes.

Perso, j’attendrais que Trump parte et que les américains se détendent un peu du slip avant de remettre les pieds là bas. D’ailleurs le tourisme s’est bien cassé la gueule à cause de Donald. C’est dommage quand même..

Côté technique, les agents distinguent deux types de fouilles. La “recherche basique” se fait sur place et consiste en un agent qui parcourt vos photos, messages, applications…etc. Et la “recherche avancée” ou “forensique” implique l’envoi de l’appareil vers des laboratoires spécialisés pour récupérer fichiers supprimés, historiques chiffrés et données protégées par mot de passe. Notez que cette seconde option nécessite théoriquement une “suspicion raisonnable” d’activité criminelle, mais bon, ça reste au bon vouloir de l’agent des douanes qui vous contrôlera.

Le 5e Amendement protège les droits des américains de ne pas révéler verbalement leur mot de passe, mais les tribunaux permettent souvent aux agents de vous contraindre à déverrouiller votre téléphone avec votre empreinte ou votre visage. D’où l’astuce répandue qui consiste à désactiver Face ID et Touch ID avant d’arriver à la frontière.

Les experts en sécurité recommandent plusieurs stratégies. J’avais moi-même fait un article sur le sujet il y a quelques temps. En gros, faut utiliser un téléphone de voyage avec données minimales, mais pas trop épuré pour éviter les soupçons. Transférer temporairement photos et fichiers sensibles vers le cloud, puis les supprimer localement. Et bien sûr désinstaller les réseaux sociaux avant le voyage. Perso, d’ordinaire, j’opte pour un achat de smartphone pas cher qui me servira juste pour le quotidien là bas. C’est un peu relou mais bon, après une fois la frontière passée, il est toujours possible de réinstaller d’autres app ou d’aller voir ses emails via un VPN.

Une nuance importante de tout ce bordel, c’est surtout que depuis 2017, la politique du CBP interdit officiellement l’accès aux données stockées dans le cloud. Les agents ne peuvent fouiller que ce qui est physiquement présent sur l’appareil. Emails, messages et posts sur serveurs distants restent donc théoriquement protégés, mais si vous gardez des copies locales de ça sur votre appareil, c’est mort.

Et puis il y a aussi l’imprécision des “circonstances atténuantes” qui permettent de garder un appareil plus de cinq jours. On a eu le cas y’a pas longtemps avec un chercheur français qui s’est vu refuser l’entrée après découverte de messages critiques envers Trump sur son téléphone. Ces cas illustrent l’arbitraire potentiel du système et leur amour de tout ce qui est liberté d’opinion et d’expression…

Heureusement, au Canada, la situation reste plus mesurée puisque seulement 0,007% des voyageurs ont vu leurs appareils inspectés entre 2017 et 2024, pour un volume de seulement 38% de ces fouilles qui ont permis effectivement de prouver des violations douanières ou d’immigration, justifiant selon les autorités cette “mesure exceptionnelle mais très efficace”.

Et pour les journalistes et les avocats, la protection reste floue… En effet, le CBP mentionne des “limitations” pour tout ce qui est informations professionnelles protégées, mais sans détailler lesquelles ni comment elles s’appliquent concrètement. Donc méfiance les amis, car Oncle Sam est très curieux en ce moment…

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Une station de recharge qui fait tourner DOOM ? Oui, c'est possible !

Le bidouilleurs et leur capacité à détourner littéralement n’importe quoi pour y faire tourner DOOM, perso j’adore ! Et là, Aaron Christophel vient de franchir un nouveau cap en transformant une station de charge Anker Prime (lien affilié) en console de jeu. Oui, vous allez pouvoir joueur sur votre chargeur entre deux sessions de recharge.

L’histoire commence par une découverte intéressante… En bon hacker, Christophel analyse la station Anker Prime qu’il vient d’acheter et réalise que le hardware embarqué est bien plus costaud que prévu. Sous le capot, on trouve un ESP32-C3 pour le Bluetooth, mais surtout un microcontrôleur ARM Synwit SWM341RET7 cadencé à 150 MHz, accompagné de 16 Mo de flash et 8 Mo de RAM. Pour un simple chargeur, c’est du luxe !

Et puis il y a l’écran ! Et quel écran puisqu’il fait 200×480 pixels. C’est pas énorme, c’est vrai mais LARGEMENT suffisant pour afficher les couloirs de la base Martienne et les affreux démons pixelisés. Et le meilleur dans tout ça c’est qu’A’aucune modification hardware n’est nécessaire. Christophel a simplement chargé son code et hop, DOOM tourne.

Mais comment on joue sur un chargeur, me direz-vous ? Eh bien, c’est tout l’art de cette prouesse. Pour cela, le développeur utilise la molette rotative de la station comme contrôleur principal. On pousse pour avancer, on tourne pour se diriger, et on appuie pour tirer. C’est pas le summum de l’ergonomie, mais ça fonctionne ! Les contrôles sont surprenamment jouables, même si naviguer dans les niveaux demande un certain temps d’adaptation.

Techniquement, le jeu tourne de manière fluide, mais Christophel a dû faire quelques compromis. Le mode plein écran s’avère trop gourmand pour le processeur, et globalement l’expérience reste “un peu bancale” selon ses propres mots. Mais franchement, quand on voit DOOM tourner sur une station de charge, on va pas chipoter sur la fluidité.

Bref, un appareil de plus dans la longue liste des portages de DOOM sur des bidoules improbables. Christophel n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai puisqu’il avait déjà fait tourner le jeu sur une brosse à dents électrique. Entre les calculatrices, les réfrigérateurs connectés, les PDF et maintenant les chargeurs, on se demande s’il existe encore un appareil électronique incapable de faire tourner ce chef-d’œuvre de 1993.

Et ce qu’on découvre aussi c’est que cette station Anker n’est pas qu’un bête chargeur… c’est un petit ordinateur déguisé, avec suffisamment de ressources pour faire tourner des applications complexes. Christophel l’explique d’ailleurs très bien sur Mastodon : “Le MCU interne SWM34S est juste excellent ! 8 Mo de RAM + 16 Mo de flash directement mappés en mémoire, ça déchire.

Alors si un simple chargeur peut faire tourner DOOM, qu’est-ce qui nous empêche d’imaginer des fonctionnalités plus poussées ? Par exemple, un chargeur qui affiche vos mails, votre météo, qui sert de hub domotique ? Ou qui se fait infecter par un virus dont l’objectif est de le faire exploser ?

Une fois encore, la seule limite des hackers c’est l’imagination. Et visiblement, Aaron Christophel n’en manque pas. Maintenant, reste à savoir quel sera le prochain appareil à rejoindre la grande famille des supports DOOM ???

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NotPetya - La cyberattaque qui a failli détruire l'économie mondiale

Cet article fait partie de ma série de l’été spécial hackers. Bonne lecture !

Le 27 juin 2017, vers 10h30 du matin, j’étais tranquillement en train de prendre mon café quand j’ai vu les premières alertes sur Twitter.

Des entreprises ukrainiennes signalaient des attaques de malwares massives. Au début, j’ai pensé “encore un ransomware, rien de nouveau sous le soleil” puis au bout de quelques heures, j’ai compris qu’on était face à quelque chose de totalement différent. Ce n’était pas un ransomware. C’était une arme de destruction qui allait coûter plus de 10 milliards de dollars à l’économie mondiale.

Et le plus fou dans tout ça c’est que ce malware ne réclamait que 300 dollars de rançon. Une misère comparée aux dégâts. Mais c’est justement là que résidait le piège : NotPetya n’était pas fait pour gagner de l’argent. Il était fait pour détruire.

Voici donc aujourd’hui l’histoire de la cyberattaque la plus dévastatrice de tous les temps, et comment un serveur situé au Ghana a miraculeusement sauvé l’une des plus grandes entreprises du monde.

Pour comprendre NotPetya, il faut d’abord comprendre le contexte. Et entre nous, c’est pas joli joli. Depuis 2014, l’Ukraine et la Russie sont en conflit. Pas seulement sur le terrain avec l’annexion de la Crimée et la guerre dans le Donbass, mais aussi dans le cyberespace. Les hackers russes, et plus particulièrement un groupe appelé Sandworm (on y reviendra), mènent une guerre d’usure numérique contre l’Ukraine.

En décembre 2015, a lieu la première frappe majeure : BlackEnergy. Ce malware coupe l’électricité à 230 000 Ukrainiens en plein hiver. C’est la première fois dans l’histoire qu’une cyberattaque réussit à éteindre un réseau électrique. Les hackers ont pris le contrôle des systèmes SCADA, ouvert les disjoncteurs à distance, et même effacé les systèmes pour empêcher un redémarrage rapide. Bon gros niveau déjà !

Un an plus tard, en décembre 2016, rebelote. Cette fois avec un malware encore plus sophistiqué : Industroyer (aussi appelé CrashOverride). Une sous-station électrique au nord de Kiev est touchée. L’attaque est plus limitée mais le message est clair : on peut vous plonger dans le noir quand on veut. Et le pire, c’est que d’après les experts qui l’ont étudié, Industroyer était conçu pour détruire physiquement l’équipement électrique, pas juste l’éteindre.

Ces attaques, c’est l’œuvre du groupe Sandworm, aussi connu sous le nom d’APT44. Ces mecs, c’est l’élite du hacking russe, rattachés à l’unité 74455 du GRU, le renseignement militaire. Leur nom vient du roman de science-fiction “Dune” de Frank Herbert car dans le livre, les vers des sables sont des créatures énormes qui vivent sous le désert et peuvent surgir n’importe où pour dévorer leur proie. Exactement comme ce groupe de hackers. Un peu chelou comme référence, mais efficace !

Sandworm, ce ne sont donc pas des script kiddies qui glandouillent dans leur garage. Ces types ont développé certains des malwares les plus sophistiqués jamais vus, ils sont patients, méthodiques, et surtout, ils ont les moyens d’un État derrière eux. Et leur mission numéro 1, c’est de déstabiliser l’Ukraine par tous les moyens numériques possibles. Du coup, ils ne vont pas se gêner.

Mais en 2017, ils vont passer à la vitesse supérieure. Leur nouvelle cible c’est l’économie ukrainienne dans son ensemble et pour ça, ils vont infecter un logiciel que tout le monde utilise déjà. Une sacrée idée !

Voici, voilà M.E.Doc. Si vous faites du business en Ukraine, vous connaissez forcément M.E.Doc. C’est LE logiciel de comptabilité et de déclaration fiscale du pays. Développé par une petite entreprise familiale appelée Linkos Group (anciennement Intellect Service, créée en 1990), il est utilisé par environ 80% des entreprises ukrainiennes. C’est simple, sans M.E.Doc, vous ne pouvez pas payer vos impôts en Ukraine. C’est un peu l’équivalent ukrainien de TurboTax, mais en version obligatoire pour tout le monde.

La société derrière M.E.Doc, c’est l’histoire typique d’une PME qui a réussi. Créée par la famille Linnik, dirigée aujourd’hui par Olesya Linnik qui a repris l’affaire familiale, elle emploie une poignée de développeurs et domine son marché de niche. Le problème c’est que la sécurité informatique, c’est pas vraiment leur priorité. Et ça, ça craint…

M.E.Doc.

…. car les hackers de Sandworm l’ont bien compris. Pourquoi attaquer des milliers d’entreprises individuellement quand on peut toutes les infecter d’un coup via leur point commun ? C’est exactement ce qu’ils vont faire.

Les experts estiment que Sandworm a compromis les serveurs de M.E.Doc dès avril 2017, peut-être même avant. Pendant des semaines, voire des mois, ils ont eu un accès total aux serveurs de mise à jour du logiciel, attendant le bon moment pour frapper.

Et ils vont prendre tout leur temps.

Le 18 mai 2017, premier test… ils distribuent le ransomware XData via une mise à jour M.E.Doc. L’attaque est limitée mais elle fonctionne. Les hackers savent maintenant qu’ils peuvent weaponiser le système de mise à jour. Bref, la voie royale est ouverte.

Mais XData, c’était juste l’échauffement. Pour le plat principal, ils préparent quelque chose de beaucoup plus destructeur. Ils prennent le code de Petya, un ransomware qui existe depuis 2016, et le modifient complètement. Le nouveau malware ressemble à Petya, mais c’est un loup déguisé en mouton. Une sacrée transformation !

Le 27 juin 2017, c’est le jour J. Pourquoi cette date ? Ce n’est pas un hasard car le 28 juin, c’est le Jour de la Constitution en Ukraine, un jour férié. Beaucoup d’entreprises ferment pour un long week-end et les hackers savent que les équipes IT seront réduites, les réactions plus lentes. Du coup, c’est un timing parfait pour foutre encore plus de bordel.

À 10h30 du matin, heure de Kiev, une mise à jour M.E.Doc est poussée. Elle contient NotPetya et en quelques secondes, le malware commence à se répandre. Et là, c’est l’apocalypse numérique qui commence et je n’exagère pas.

NotPetya est une merveille d’ingénierie malveillante. D’abord, il utilise EternalBlue, le même exploit de la NSA qui avait permis à WannaCry de se propager un mois plus tôt. Si votre Windows n’est pas patché avec MS17-010 (et beaucoup ne le sont pas), NotPetya peut alors sauter d’une machine à l’autre sans aucune interaction humaine. Ça se répand automatiquement…

Mais les créateurs de NotPetya ont appris de WannaCry. Ils savent que beaucoup ont maintenant installé le patch MS17-010, alors ils ajoutent une deuxième méthode de propagation encore plus redoutable : Mimikatz. Cet outil extrait les mots de passe depuis la mémoire Windows et une fois qu’il a des identifiants valides, NotPetya utilise PsExec et WMI, des outils d’administration Windows totalement légitimes, pour se propager latéralement. C’est diabolique !

D’ailleurs, le génie maléfique de NotPetya, c’est qu’il se fait passer pour un ransomware. L’écran affiche un message typique : “Vos fichiers ont été chiffrés, payez 300$ en Bitcoin pour récupérer vos données.” et y’a même une adresse email de contact : wowsmith123456@posteo.net. Tout semble normal pour un ransomware classique. Mais c’est du pipeau total !!

NotPetya ne chiffre pas vraiment vos fichiers de manière récupérable. Il détruit le Master Boot Record (MBR) de votre disque dur, puis chiffre la Master File Table (MFT). En gros, il rend votre ordinateur complètement inutilisable. Même si vous payez, vos données sont perdues pour toujours. C’est pas un ransomware, c’est un wiper déguisé.

Pire encore, le système de paiement est complètement bidon. L’adresse email est rapidement suspendue par Posteo, ce qui fait que même si vous vouliez payer, vous ne pourriez pas. C’est là qu’on comprend que NotPetya n’est pas un ransomware. C’est un destructeur pur et dur, déguisé en ransomware pour tromper son monde.

Mais revenons un peu à l’Ukraine qui est frappée de plein fouet. En quelques minutes, c’est le chaos total. Le métro de Kiev s’arrête, les distributeurs de billets ne fonctionnent plus. L’aéroport de Boryspil, le plus grand du pays, doit passer aux opérations manuelles. Les employés écrivent les informations de vol sur des tableaux blancs. C’est du délire !

Oschadbank, l’une des plus grandes banques d’Ukraine, voit alors son réseau entier s’effondrer en 45 secondes. 45 secondes ! Le temps de prendre une gorgée de café et tout est détruit. Les employés regardent, impuissants, leurs écrans afficher le faux message de rançon. C’est terrifiant.

Les ministères, les médias, les entreprises d’énergie, tout le monde est touché. C’est comme si quelqu’un avait appuyé sur un interrupteur géant et éteint l’infrastructure tech du pays. Les chaînes de télévision passent en mode urgence, diffusant depuis des studios de fortune. Même la centrale de Tchernobyl perd ses systèmes de monitoring des radiations !

Mais NotPetya ne s’arrête pas aux frontières ukrainiennes car le malware se propage via les connexions VPN des multinationales. Ainsi, si votre filiale ukrainienne est infectée et connectée au réseau global, c’est fini. NotPetya déferle sur vos systèmes comme un tsunami numérique.

Et c’est exactement ce qui arrive à Maersk, le géant danois du transport qui a une petite présence en Ukraine. Un tout petit bureau à Odessa avec une poignée d’employés. L’un d’eux a M.E.Doc installé pour gérer la comptabilité locale. Ça représente une seule machine. Un seul point d’entrée. Mais c’est suffisant pour foutre en l’air l’une des plus grandes entreprises au monde.

À Copenhague, au siège de Maersk, les premiers signes apparaissent vers midi. Des employés voient des messages étranges : “Réparation du système de fichiers sur C:”. Puis les ordinateurs commencent à s’éteindre… Un par un, puis par dizaines, puis par centaines. L’infection se propage à la vitesse de la lumière.

Un employé de l’IT raconte : “On a vu l’infection se propager en temps réel sur nos écrans de monitoring. C’était comme regarder un feu de forêt numérique. On essayait de couper les connexions, d’isoler les segments, mais c’était trop rapide. En une heure, tout était foutu

Maersk, c’est pas n’importe quelle entreprise. C’est le plus grand armateur du monde. Ils gèrent 76 ports, plus de 800 navires, et transportent environ 20% du commerce maritime mondial. Quand Maersk s’arrête, c’est une partie significative du commerce mondial qui s’arrête. Rien que ça !

Les terminaux portuaires de Maersk dans le monde entier tombent les uns après les autres. Los Angeles, Rotterdam, Mumbai… Les grues s’arrêtent, les camions font la queue, les conteneurs s’empilent. Un porte-conteneurs arrive en moyenne toutes les 15 minutes dans un port Maersk. Chaque navire transporte 10 000 à 20 000 conteneurs. Faites le calcul… il faut traiter un conteneur toutes les 6 centièmes de seconde. Sans ordinateurs, c’est totalement impossible.

À Rotterdam, le plus grand port d’Europe, les opérateurs regardent, impuissants, leurs écrans devenir noirs. Les systèmes qui dirigent les grues automatisées, qui trackent les conteneurs, qui gèrent les douanes, tout est mort. Des milliers de camions commencent à former des files interminables. C’est le chaos logistique total.

Mais Maersk a un problème encore plus grave. NotPetya n’a pas seulement détruit leurs ordinateurs de bureau. Il a annihilé leur infrastructure IT centrale. Les 150 contrôleurs de domaine Active Directory de Maersk, répartis dans le monde entier, sont tous détruits. Simultanément. Du jamais vu !

Pour les non-techniciens, imaginez Active Directory comme l’annuaire téléphonique géant de l’entreprise. Il gère qui peut se connecter, qui a accès à quoi, comment les ordinateurs se parlent entre eux. Sans Active Directory, votre réseau d’entreprise n’existe plus. C’est comme si on avait détruit tous les panneaux de signalisation, toutes les cartes, tous les GPS d’un pays en même temps.

Le pire c’est que ces contrôleurs de domaine de Maersk étaient configurés pour se synchroniser entre eux. En théorie, c’est une bonne idée car si l’un tombe, les autres prennent le relais. Mais en pratique, ça signifie que quand NotPetya en infecte un, il les infecte tous. La redondance censée protéger l’entreprise devient alors le vecteur de sa destruction.

Et c’est là qu’intervient le miracle du Ghana. Dans le chaos de la reconstruction, les équipes IT de Maersk font l’inventaire des dégâts. 4 000 serveurs détruits. 45 000 PC inutilisables. 150 contrôleurs de domaine annihilés. Ils cherchent désespérément une sauvegarde, n’importe quoi pour reconstruire.

Et puis, quelqu’un mentionne le Ghana. Maersk a des bureaux à Accra, la capitale. Par un coup de chance incroyable, ce bureau avait subi une panne de courant le matin du 27 juin. Le contrôleur de domaine local présent là bas était offline quand NotPetya a frappé. C’est une simple panne d’électricité qui sauve une entreprise de 60 milliards de dollars !

Un employé se souvient : “Quand on a réalisé ce qu’on avait, c’était comme trouver le Saint Graal. Un contrôleur de domaine intact. Le seul sur 150. Notre ticket de retour à la vie.” Franchement, on peut dire qu’ils ont eu du bol !

Mais le serveur est au Ghana, et les données doivent être rappatriées au Royaume-Uni, plus exactement au QG IT de Maersk à Maidenhead. Commence alors une course contre la montre digne d’un film d’action.

Le responsable de Maersk en Afrique de l’Ouest, basé au Ghana, prend personnellement le disque dur du serveur. Mais problème ! Il n’y a pas de vol direct Ghana-Londres. Il doit d’abord voler vers Lagos, au Nigeria et de là, il prend un vol pour Londres, puis un taxi jusqu’à Maidenhead. Une véritable course de relais avec plusieurs centaines de gigaoctets de données critiques dans un bagage à main.

Pendant ce temps, à Maidenhead, c’est l’état de guerre. Maersk a mobilisé des centaines d’employés et fait appel à Deloitte pour la reconstruction. Ils ont commandé des milliers de nouveaux ordinateurs. Les fournisseurs sont en rupture de stock tellement la demande est massive. Apple, Dell, HP… tout le monde mobilise ses stocks.

L’ambiance est surréaliste. Des développeurs dorment sous leur bureau. La cantine est ouverte 24/7. Des équipes entières sont mobilisées juste pour déballer et configurer les nouveaux PC. C’est la plus grande opération de récupération IT de l’histoire. Et on peut dire qu’ils y mettent les moyens !

Alors quand le disque dur du Ghana arrive enfin, c’est l’euphorie !! Les équipes peuvent commencer à reconstruire leur Active Directory. Mais c’est juste le début. Il faut réinstaller 45 000 PC, 4 000 serveurs, reconfigurer des milliers d’applications. Un travail de titan !

Pendant 10 jours, Maersk opère en mode complètement dégradé. Les employés utilisent WhatsApp sur leurs téléphones personnels pour communiquer. Les opérations portuaires se font avec papier et crayon. Des employés en Inde reçoivent des appels de collègues européens qui dictent des commandes par téléphone. C’est du bricolage.

Et dans les ports, c’est un chaos créatif car à certains endroits, on ressort des vieux ordinateurs des années 90 qui ne peuvent pas être infectés par NotPetya. Ailleurs, on installe des versions piratées de Windows sur des machines personnelles. Tout est bon pour faire bouger les conteneurs. C’est la nécessité qui commande !

Le coût pour Maersk ? Entre 250 et 300 millions de dollars. Mais ils ont eu de la chance car sans le serveur du Ghana, ça aurait pu être bien pire. Certains experts estiment qu’une reconstruction complète depuis zéro aurait pris des mois et coûté des milliards. Bref, merci la panne de courant ghanéenne !

Bon, Maersk n’est pas la seule victime de poids. Merck, le géant pharmaceutique américain, est également frappé de plein fouet. NotPetya détruit leurs systèmes de production, de recherche, de vente. Des usines qui produisent des vaccins vitaux doivent s’arrêter. Pas terrible pour la santé publique…

Merck aussi avait une filiale en Ukraine qui utilisait M.E.Doc. Une petite opération locale qui devient la porte d’entrée pour une catastrophe globale. Les dégâts sont estimés à 870 millions de dollars. On n’est pas loin du milliard et Merck doit jeter des lots entiers de vaccins parce que les systèmes de contrôle qualité sont détruits. Impossible de garantir que les vaccins ont été produits selon les normes sans les données informatiques. Des patients dans le monde entier subissent des retards pour leurs traitements. L’impact humain de cette cyberattaque est énorme.

FedEx aussi morfle sévère via sa filiale TNT Express. Les systèmes de TNT sont tellement détruits et certaines données ne seront jamais récupérées. Des colis sont perdus, les clients sont furieux et FedEx annonce 400 millions de dollars de pertes. Ça fait cher le paquet !

Le PDG de FedEx déclare lors d’une conférence : “On pensait que TNT était bien protégée. Ils avaient des sauvegardes, des plans de récupération. Mais NotPetya a tout détruit, y compris les sauvegardes. C’était comme si une bombe nucléaire avait explosé dans nos systèmes.” Ça résume bien la situation…

Mondelez, le fabricant des biscuits Oreo et du chocolat Cadbury, perd également 188 millions. Leurs lignes de production s’arrêtent, les commandes ne peuvent plus être traitées. Dans certaines usines, on revient aux bons de commande papier des années 80. Retour vers le futur, version cauchemar !

Saint-Gobain, le géant français des matériaux de construction, lui aussi encaisse 384 millions de pertes. Leur PDG raconte : “On a dû couper notre réseau mondial en morceaux pour empêcher la propagation. C’était comme amputer des membres pour sauver le corps.” Métaphore pas très joyeuse, un peu gore, mais très parlante.

Au total, les experts estiment les dégâts de NotPetya à plus de 10 milliards de dollars. Dix. Milliards. Pour un malware distribué via un obscur logiciel de comptabilité ukrainien. C’est la démonstration terrifiante de l’interconnexion de notre économie mondiale. Vous connaissez l’effet papillon ? Eh bien là, c’est l’effet tsunami !

Mais alors qui est derrière NotPetya ? Et bien comme je vous le disais, les indices pointent tous vers la Russie. Le timing (juste avant un jour férié ukrainien), la méthode (via un logiciel spécifiquement ukrainien), les victimes (principalement l’Ukraine), tout colle. C’est du travail de pro, avec un petit côté amateur dans les dégâts collatéraux.

En février 2018, les États-Unis et le Royaume-Uni accusent alors officiellement la Russie. Plus précisément, ils pointent du doigt le GRU et notre vieille connaissance, le groupe Sandworm. La même unité 74455 qui avait attaqué le réseau électrique ukrainien. Des incorrigibles récidivistes, ces gens-là !

Et le 19 octobre 2020, le département de Justice américain va plus loin. Il inculpe six officiers du GRU pour NotPetya et d’autres cyberattaques. Parmi eux : Yuriy Andrienko, Sergey Detistov, Pavel Frolov, Anatoliy Kovalev, Artem Ochichenko et Petr Pliskin. Le département d’État offre même 10 millions de dollars de récompense pour des infos sur ces gars.

Ces noms ne vous disent probablement rien, mais pour les experts en cybersécurité, c’est du lourd car ce sont les cerveaux derrière certaines des cyberattaques les plus dévastatrices de la décennie : BlackEnergy, Industroyer, NotPetya, Olympic Destroyer… Une belle collection ! Bien sûr, ils sont en Russie, intouchables, mais au moins, on a des noms sur les visages du chaos.

L’accusation révèle alors des détails fascinants. Les hackers ont utilisé des comptes mail ProtonMail pour coordonner l’attaque. Ils ont loué des serveurs avec des bitcoins volés. Ils ont même fait des erreurs opérationnelles, comme utiliser la même infrastructure pour différentes attaques, ce qui a permis de les relier. Hé oui, personne n’est parfait, même les hackers d’élite !

Mais revenons à M.E.Doc. Après l’attaque, les autorités ukrainiennes débarquent dans les bureaux de Linkos Group et ce qu’ils y trouvent est affligeant. Les serveurs n’ont pas été mis à jour depuis au moins 4 ans et les patches de sécurité sont inexistants. La police ukrainienne est furieuse. Le chef de la cyberpolice, Serhiy Demedyuk, déclare même : “Ils savaient que leur système était compromis mais n’ont rien fait. Si c’est confirmé, il y aura des poursuites.” La négligence de cette petite entreprise familiale a coûté des milliards à l’économie mondiale. Une responsabilité un peu lourde à porter…

Les propriétaires de M.E.Doc, la famille Linnik, sont dans le déni total. Olesya Linnik, la directrice, insiste : “Notre logiciel n’est pas infecté. Nous l’avons vérifié 100 fois.” et même face aux preuves accablantes, ils refusent d’accepter leur responsabilité. Du déni de niveau professionnel !

Sergei Linnik et sa Olesya Linnik

Finalement, sous la pression, ils finissent par admettre que leurs serveurs ont été compromis dès avril 2017, mais le mal est fait et surtout la confiance est brisée. De nombreuses entreprises ukrainiennes cherchent des alternatives, mais c’est compliqué car M.E.Doc est tellement intégré au système fiscal ukrainien qu’il est presque impossible de s’en passer.

Avec. NotPetya, c’est la première fois qu’une cyberattaque cause des dommages collatéraux massifs à l’échelle mondiale. Les Russes visaient l’Ukraine, mais ont touché le monde entier. Totalement incontrôlable surtout que les implications sont énormes. Si un logiciel de comptabilité ukrainien peut paralyser des géants mondiaux, qu’est-ce qui empêche d’autres acteurs de faire pareil ? Combien d’autres M.E.Doc sont en sommeil, attendant d’être exploités ?

Suite à NotPetya, la réponse de l’industrie a été mitigée. Certaines entreprises ont renforcé leur sécurité, segmenté leurs réseaux, amélioré leurs sauvegardes. D’autres ont juste croisé les doigts en espérant ne pas être les prochaines. C’est de l’Autruche-Sec : la tête dans le sable et on verra bien…

L’affaire des assurances est aussi particulièrement intéressante car beaucoup de victimes de NotPetya avaient des cyber-assurances. Mais les assureurs ont invoqué la clause d’exclusion des “actes de guerre” avec comme argument que NotPetya était une attaque d’État, donc pas couverte. Ceux là, ils ne veulent jamais payer et après ils s’étonnent que tout le monde les détestent. Bref…

Merck a dû se battre pendant des années devant les tribunaux et en 2022, ils ont finalement gagné car le juge a estimé que la clause d’exclusion ne s’appliquait pas aux cyberattaques. C’est un précédent majeur qui redéfinit ce qu’est un acte de guerre au 21e siècle. Il fallait y penser ! Et Mondelez a eu moins de chance car leur assureur, Zurich, a refusé de payer en invoquant la même clause. L’affaire est toujours en cours avec des milliards de dollars sont en jeu. À suivre…

Pour l’Ukraine, NotPetya est une blessure qui ne guérit pas facilement. Mais les Ukrainiens sont résilients et ils ont appris de leurs erreurs. Depuis NotPetya, l’Ukraine est devenue un véritable laboratoire de la cyberguerre. Ils ont renforcé leurs défenses, créé de nouvelles unités cyber, développé une expertise unique. Ainsi, quand la Russie a lancé son invasion totale en 2022, l’Ukraine était mieux préparée sur le front numérique.

Sandworm, de son côté, n’a pas chômé. Ils sont derrière la plupart des cyberattaques majeures contre l’Ukraine depuis 2022 : Industroyer2, HermeticWiper, et d’autres joyeusetés, mais ils n’ont jamais réussi à reproduire l’impact de NotPetya. Les défenses se sont améliorées, les entreprises sont plus prudentes. Tout le monde apprend de ses erreurs !

Je pense qu’avec NotPetya, les hackers ont probablement été surpris par leur propre succès. Ils voulaient s’attaquer à l’Ukraine, et pas paralyser Maersk ou Merck… mais une fois lâché, leur bébé était totalement incontrôlable. C’est le problème avec les armes numériques… elles ne s’arrêtent pas à la frontière, surtout que le vent numérique, c’est pas facile à prévoir !

Les experts estiment que NotPetya a infecté plus de 300 000 ordinateurs dans 150 pays et aujourd’hui, ce malware reste une référence dans le monde de la cybersécurité. C’est le “plus jamais ça” de l’industrie. Quoiqu’il en soit, cette histoire du serveur du Ghana reste ma préférée, car dans toute cette sophistication technologique, c’est une simple panne de courant qui a permis de sauver Maersk.

On a construit des systèmes d’une complexité inimaginable, interconnectés à l’échelle planétaire, on pensait les contrôler, mais NotPetya a montré notre vulnérabilité fondamentale. Alors la prochaine fois que vous avez la flemme de faire une mise à jour, n’oubliez pas NotPetya.

À bon entendeur, salut !

Sources : Wikipedia - 2017 Ukraine ransomware attacks, US Department of Justice - Six Russian GRU Officers Charged, Microsoft Security Blog - New ransomware, old techniques, Control Engineering - How NotPetya Took Down Maersk, Phishing for Answers - How Ghana Saved a Global Conglomerate, MITRE ATT&CK - Sandworm Team

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BSoDMaker - Créez vos propres écrans bleus de la mort

Il y a quelque chose de profondément ancré dans notre psyché collective concernant l’écran bleu de la mort, le fameux BSOD ! Cette teinte de bleu si particulière, ce code d’erreur cryptique, ce QR code mystérieux apparu dans les dernières versions de Windows… Pour certains, c’est un traumatisme. Pour d’autres, c’est devenu un art. BSoDMaker appartient clairement à cette seconde catégorie.

L’idée de transformer le symbole ultime de la frustration informatique en outil créatif est géniale, car combien de fois avez-vous vu ce fameux écran bleu apparaître au pire moment possible ? Alors si au lieu de le subir, vous pouviez le créer, le personnaliser, le transformer en œuvre d’art numérique ou en super blague ?

BSoDMaker vous permet exactement de faire ça. Vous cliquez sur n’importe quel texte de l’écran pour le modifier, comme ça vous pouvez le message d’erreur classique par votre propre texte humoristique. Ou alors changer le stop code en quelque chose de plus créatif. Et même le QR code est personnalisable, ce qui ouvre des possibilités infinies ^^.

Le plus beau dans tout ça, c’est que l’outil génère une image JPG en Full HD que vous pouvez ensuite télécharger directement pour en faire un fond d’écran surprise pour le PC d’un collègue, l’intégrer à un support de formation pour expliquer les erreurs Windows sans faire crasher de vraies machines, ou même l’utiliser comme création artistique pour illustrer un article sur les bugs chelous.

Il existe bien sûr plusieurs générateurs de BSOD, mais BSoDMaker est full web et hyper simple à utiliser. C’est juste une page web. Y’a aussi des sites comme FakeBSOD.com qui proposent des approches différentes avec détection automatique de l’OS, mais BSoDMaker mise sur la personnalisation totale.

Le mode plein écran est également redoutable pour les pranks. Vous laissez l’onglet ouvert en fullscreen sur un PC, vous cachez la barre des tâches, et y’a plus qu’à observe la panique s’installer. A utiliser bien sûr avec parcimonie et bienveillance (NOOOON !! SANS PITIÉ !!).

Voilà, je trouve que ce truc est une forme d’humour tech qui reconnaît nos traumas collectifs tout en les transformant en quelque chose de fun et ludique.

Donc à tester ici !!

Merci à Lorenper pour la découverte !

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RetroAssembly - Votre collection de jeux rétro dans le navigateur

Je me souviens bien du feeling de ces après midi collé devant la NES et plus tard la SNES… C’était une époque où je notais des cheat codes sur des bouts de papiers, et où je testais les Trucs & Astuces du magazine Club Nintendo

Et si j’évoque cet age d’or aujourd’hui, c’est parce que RetroAssembly vient de créer quelque chose qui va encore plus faire vibrer votre corde nostalgique tout en résolvant tous ces petits tracas du passé.

RetroAssembly, c’est ce qu’on appelle une station de retrogaming personnelle qui tient dans un onglet de navigateur. Pas d’installation, pas de configuration compliquée, juste votre collection de jeux rétro accessible depuis n’importe quel appareil. Vous verrez qu’après avoir testé cette plateforme, vous aurez l’impression d’avoir retrouvé votre chambre de jeune gamer…

Le principe c’est d’y uploader vos ROMs (celles que vous possédez légalement bien sûr), et RetroAssembly s’occupe du reste. La plateforme reconnaît automatiquement vos jeux, récupère les jaquettes originales, et organise tout ça dans une interface qui respire bon le rétro sans tomber dans le kitsch. Plus de 20 systèmes sont supportés, de l’Atari 2600 à la Game Boy Advance, en passant par la Neo Geo Pocket et même la Virtual Boy (oui, cette console que Nintendo préfère oublier).

Y’a même une synchro cloud intégrée, comme ça, vous pouvez commencer une partie de Super Metroid sur votre PC au bureau (pendant la pause déjeuner évidemment), et vous la reprenez exactement où vous l’aviez laissée sur votre tablette le soir. Plus besoin de refaire trois fois le même niveau parce que vous avez changé d’appareil et pour les perfectionnistes, la fonction rewind est disponible sur certains émulateurs comme ça en appuyant sur la touche R, vous remonterez le temps comme Marty McFly, pour corriger cette erreur stupide qui vous a fait perdre votre dernière vie.

La technologie d’émulation sur les navigateurs web a considérablement évolué ces dernières années et RetroAssembly, propulsé par Nostalgist.js, une bibliothèque JavaScript qui fait des miracles en matière d’émulation, en est la preuve vivante. Je regrette juste ce “bug” où quand on lance un jeu, y’a une demande pour activer la webcam… De ce que j’ai compris, quand RetroArch est compilé en Emscripten (pour sa version web), il continue quand même d’initialiser ses capacités audio, et doit donc vérifier la disponibilité du microphone. Et cela déclenche alors automatiquement la demande de permission webcam dans Firefox, même si le jeu n’utilise pas cette fonctionnalité.

Notez que l’interface supporte aussi bien le clavier que les manettes, avec une navigation spatiale qui permet de se passer complètement de la souris. Et pour ceux qui jouent sur mobile ou qui veulent retrouver les sensations tactiles d’antan, un contrôleur virtuel apparaît même à l’écran. Faudrait que je le teste avec une vraie manette mais au clavier, parfois c’est pas fou et je galère un peu à mettre ma pièce de Tetris dans la bonne position.

Ah et truc cool, y’a aussi la possibilité d’ajouter des shaders visuels rétro pour recréer l’effet scanlines des vieux téléviseurs cathodiques.

Dans le même esprit que mon test de GAM.ONL, ce type de plateforme full web c’est vraiment l’avenir du retrogaming accessible à tous et RetroAssembly va même encore plus loin en vous permettant de l’auto-héberger via un Docker pour ceux qui veulent garder un contrôle total sur leur collection.

Maintenant, pour essayer RetroAssembly, deux options s’offrent à vous. Soit vous optez pour la version hébergée sur retroassembly.com (recommandée pour commencer) ou vous partez sur l’auto-hébergement si vous êtes du genre à préférer garder vos data et mettre les mains dans le cambouis. Dans les deux cas, le projet étant en phase de développement actif, attendez-vous à voir régulièrement de nouvelles fonctionnalités apparaître !

Voilàc’est, je trouve une belle façon de continuer à jouer, depuis n’importe où, à tous ces vieux jeu sans devoir racheter des dizaines de consoles et de centaines de cartouches (ah si, les cartouches on a dit qu’il fallait les posséder pour les ROMs originales, c’est vrai… ^^).

Merci à Lorenper pour la découverte !

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Vos gestionnaires de mots de passe piégés par un simple clic invisible

Vous cliquez sur ce qui semble être un bouton parfaitement normal sur un site web tout à fait normal… Sauf qu’en réalité, vous venez de donner accès à tous ce qui est stocké dans votre gestionnaire de mots de passe. C’est exactement ce que permet une nouvelle technique de clickjacking découverte par le chercheur Marek Tóth et qui affecte potentiellement 40 millions d’utilisateurs dans le monde.

Si vous utilisez 1Password, Bitwarden, LastPass, Enpass, iCloud Passwords ou LogMeOnce, mauvaise nouvelle : ils sont tous vulnérables. En fait, sur les 11 gestionnaires de mots de passe testés, tous présentaient cette faille. Certains ont déjà patché (Dashlane, Keeper, NordPass, ProtonPass et RoboForm), mais pour les autres, c’est toujours open bar pour les hackers.

Selon l’analyse de Marek Tóth, les attaquants exploitent la façon dont les extensions de navigateur injectent leurs éléments dans les pages web. Ils créent une couche invisible par-dessus les boutons du gestionnaire de mots de passe et quand vous pensez cliquer sur un élément tout à fait innocent de la page, vous activez en réalité l’auto-remplissage (autofill) de votre gestionnaire.

Un seul clic suffit. Les pirates peuvent alors récupérer vos identifiants de connexion, vos codes de double authentification, vos numéros de carte bancaire avec le code de sécurité, et même dans certains cas, détourner vos passkeys. Le tout sans que vous ne vous rendiez compte de quoi que ce soit.

Voici une démo avec le piège :

Vous n’avez rien vu ?

Alors regardez cette vidéo maintenant :

D’après BleepingComputer, les réactions des entreprises concernées sont… décevantes. 1Password a classé le rapport comme “hors périmètre”. LastPass l’a marqué comme “informatif”, ce qui en langage corporate signifie “on s’en fout”. LogMeOnce n’a même pas répondu aux chercheurs. Seul Bitwarden affirme avoir corrigé le problème dans la version 2025.8.0, mais les tests montrent que ce n’est pas totalement le cas.

Ce qui est vraiment dommage, c’est que cette vulnérabilité était évitable. Les gestionnaires remplissent automatiquement les identifiants non seulement sur le domaine principal, mais aussi sur tous les sous-domaines donc si un pirate trouve une faille XSS sur n’importe quel sous-domaine d’un site, il peut voler tous vos identifiants stockés pour ce site.

Socket, une entreprise de cybersécurité, a vérifié les résultats et confirme l’ampleur du problème. Les chercheurs ont découvert que 6 gestionnaires sur 9 pouvaient divulguer les détails de carte bancaire, 8 sur 10 les informations personnelles, et 10 sur 11 les identifiants de connexion.

Alors comment se protéger ? Première chose, désactivez l’autofill. Oui, c’est chiant, mais c’est le seul moyen efficace pour le moment. Utilisez le copier-coller pour vos mots de passe. Et sur les navigateurs basés sur Chromium (Chrome, Edge, Brave), configurez l’accès aux sites de vos extensions sur “Au clic” plutôt qu’automatique. Ça vous donne le contrôle sur quand l’extension peut interagir avec la page.

Pour les plus paranos (et on ne peut pas vous en vouloir), activez les demandes de confirmation avant chaque remplissage automatique si votre gestionnaire le permet. C’est une friction supplémentaire, mais au moins vous verrez quand quelque chose tente d’accéder à vos données.

Le plus con dans cette histoire c’est que les gestionnaires de mots de passe sont censés nous protéger, mais cette vulnérabilité transforme notre bouclier en talon d’Achille. Les développeurs veulent rendre leurs outils faciles à utiliser, ce qui est louable mais chaque raccourci pris est une porte potentielle pour les attaquants. Et quand les entreprises ignorent les rapports de sécurité parce qu’elles les jugent “hors périmètre”, ce sont les utilisateurs qui risquent gros…

Bref, attendant que tous les gestionnaires corrigent cette faille, restez vigilants. Un clic de trop et c’est toute votre vie qui peut basculer.

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Wavacity - Audacity directement dans votre navigateur web

Vous avez déjà eu besoin d’éditer rapidement un fichier audio mais vous n’aviez pas Audacity sous la main ? Ou vous êtes sur un ordinateur où vous ne pouvez pas installer de logiciel ? Alors Wavacity va vous sauver la mise ! (Oui, je sais que vous avez lu Wawacity… lol. Et vous allez voir, ce sera comme ça jusqu’à la fin de cet article… ^^)

Wavacity est tout simplement un portage web d’Audacity qui tourne directement dans votre navigateur. Pas d’install, pas de téléchargement, vous ouvrez le site et vous éditez votre audio, et c’est tout !

Pour vous proposer cette merveille, les développeurs ont porté Audacity en WebAssembly, une technologie qui permet de faire tourner du code natif dans le navigateur. Du coup, ça permet de retrouver l’interface familière d’Audacity avec ses outils de découpage, de collage, d’effets et tout le toutim, mais dans un onglet de navigateur.

Il vous faudra évidemment un navigateur moderne qui supporte cette technologie. Chrome et Firefox sur desktop feront parfaitement l’affaire… Par contre, Safari c’est moins sûr selon les développeurs.

L’interface ressemble trait pour trait à Audacity, ce qui est rassurant si vous connaissez déjà le logiciel. Vous pouvez importer vos fichiers audio, les découper, appliquer des effets, réduire le bruit, faire du multi-pistes… Bref, tout ce qu’on attend d’un éditeur audio digne de ce nom.

Après y’a quand même quelques limitations par rapport à la version desktop d’Audacity. Vous ne pourrez pas par exemple installer des plugins VST ou d’autres extensions externes, ce qui me semble assez logique. Mais pour de l’édition de base et même avancée, ça fait largement le boulot.

Bref, c’est top quand un pote vous demande de lui couper un extrait audio et que vous n’avez pas envie de télécharger et installer Audacity juste pour ça. Ou quand vous êtes sur un ordi public, ou en déplacement, ou dans un environnement où vous n’avez pas de droits administrateur pour installer des outils.

Wavacity rejoint ainsi la famille grandissante des éditeurs audio web comme AudioMass que j’avais déjà testé. Chacun a ses avantages et ses inconvénients, donc à vous de voir lequel vous préférez. Moi perso, je suis plus Ableton Live, même si c’est pas sur le web. Les habitudes, que voulez-vous…

Le projet est open source sous licence GNU GPL v2, comme Audacity, et disponible sur GitHub. Les développeurs précisent bien qu’ils ne sont ni affiliés ni soutenus par l’équipe d’Audacity. C’est un projet indépendant.

Pour un outil de dépannage ou pour des éditions rapides, c’est exactement ce qu’il nous fallait. Et qui sait, les outils portables accessibles en ligne dans le navigateur, c’est peut-être l’avenir ?

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Plex Media Server - C'est l'heure de la mise à jour pour corriger une vulnérabilité critique

Bon, si vous utilisez Plex Media Server pour organiser vos films, séries et musiques, il faut que vous sachiez un truc important : une vulnérabilité vient d’être découverte et heureusement corrigée. Et c’est du sérieux, donc vous allez lire cet article et ensuite filer mettre à jour votre Plex !

La vulnérabilité touche les versions 1.41.7.x à 1.42.0.x du Media Server donc si vous êtes sur une de ces versions, il faudra passer à la 1.42.1.10060 ou plus récente maintenant !! Pas demain, hein ! Maintenant.

Plex reste discret sur les détails techniques de cette faille, pas de CVE attribué pour l’instant, pas d’explications détaillées sur ce qui pouvait être exploité. Mais leur communication parle d’elle-même etont même averti directement leurs utilisateurs par email, ce qui est assez rare. Généralement, ils se contentent des notes de version.

Le bug a été signalée via leur programme de bug bounty, ce qui a permis à Plex de corriger le problème avant qu’il ne soit exploité dans la nature et pour mettre à jour, c’est simple comme bonjour. Soit vous passez par l’interface d’administration de votre serveur, soit vous téléchargez la dernière version sur le site officiel de Plex.

Dans les deux cas, ça prend cinq minutes.

En mars 2023, la CISA avait déjà signalé l’exploitation active d’une faille RCE vieille de trois ans (CVE-2020-5741) qui permettait l’exécution de code à distance. Cette faille avait notamment été utilisée dans l’attaque contre LastPass en 2022. Et en 2018, SEC Consult avait révélé plusieurs vulnérabilités incluant des attaques XXE permettant l’accès aux fichiers système et des élévations de privilèges.

C’est pourquoi le message de Plex est important : maintenez vos serveurs à jour car dans un environnement où nos bibliothèques multimédia sont souvent accessibles depuis l’extérieur, une faille de sécurité peut rapidement devenir problématique.

Mieux vaut être en sécurité que désolé, mes amis ! Pensez-y !

Source

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Informatique quantique - Quand les chercheurs trichent...

Ce que j’apprécie le plus dans tout ce qui est recherches en physique quantique, ce n’est pas la physique complexe ou les qubits intriqués. Non, c’est parfois la créativité déployée par certains chercheurs pour présenter leurs résultats de factorisation sous le meilleur jour possible, alors qu’en réalité, les machines quantiques actuelles peinent encore à traiter des nombres complexes de manière pratique.

Les chercheurs Peter Gutmann et Stephan Neuhaus viennent en effet de balancer un pavé dans la mare avec leur papier qui démontre méthodiquement comment une partie significative des benchmarks de factorisation quantique “cuisine les chiffres” depuis des années. Et leur conclusion est inquiétante : Une grande partie des benchmarks de factorisation quantique publiés utilisent des méthodes discutables qui surestiment les capacités réelles.

La technique la plus répandue dans ces cas problématiques consiste à sélectionner des “nombres pièges” délibérément conçus pour être factorisés facilement. C’est la même chose qu’un magicien qui prétend deviner votre carte alors qu’il a truqué tout le jeu.

Ces chercheurs choisissent des nombres dont la structure mathématique garantit une factorisation triviale. Au lieu d’utiliser des nombres aléatoirement générés comme dans la vraie cryptographie, ils fabriquent des valeurs où les facteurs premiers ne diffèrent que de quelques bits. Du coup, il suffit d’une recherche basique pour trouver la solution, sans avoir besoin d’un ordinateur quantique. Un VIC-20, un abaque (c’est un boulier) ou même un chien bien dressé y arriveraient selon les auteurs.

Et quand leurs nombres ne sont pas suffisamment faciles, ils utilisent du préprocessing massif sur ordinateur classique pour faire la majeure partie du boulot avant même que la machine quantique entre en jeu. On dirait certains d’entre vous qui postent sur Instagram leur dernier marathon alors qu’ils l’ont juste rejoint au kilomètre 41…

Il faut toutefois reconnaître que des travaux plus rigoureux existent. Certains chercheurs ont réussi à factoriser des nombres sans préparation particulière, notamment via des approches comme le quantum annealing avec des embeddings modulaires. Mais ces cas restent minoritaires et les nombres traités demeurent modestes.

Bruce Schneier, qui a relayé cette recherche, enfonce également le clou avec sa métaphore habituelle du “Les défis techniques pour construire un ordinateur quantique utile, c’est dur. Mais est-ce que c’est dur comme “poser un homme sur la Lune” ou dur comme “poser un homme sur le Soleil” ? Les deux sont difficiles, mais pas du tout dans la même catégorie de faisabilité”.

Cette manipulation dans certains benchmarks révèle un problème plus profond à savoir que quand la pression pour publier rencontre des milliards d’investissements en jeu, la tentation devient énorme de présenter des résultats flatteurs plutôt que honnêtes. Le problème, c’est que certains reviewers ne vérifient pas systématiquement la vraie complexité des nombres utilisés, même si d’autres le font consciencieusement (comme le montre d’ailleurs la page Wikipedia sur le sujet qui documente ces vérifications).

Il est important de comprendre que l’algorithme de Shor lui-même n’est pas en cause. Il démontre théoriquement qu’on peut factoriser en temps polynomial (O(log N)) au lieu d’une complexité exponentielle, ce qui est révolutionnaire sur le papier. Le problème, c’est l’écart entre cette promesse théorique et les réalisations expérimentales actuelles, écart que certains chercheurs tentent de masquer avec ces benchmarks discutables.

L’ironie, c’est que ce sont souvent les médias et les départements marketing, plus que les chercheurs sérieux eux-mêmes, qui promettent de “casser RSA demain”. Aucun chercheur raisonnable ne prétend aujourd’hui pouvoir briser les chiffrements actuels avec les machines quantiques existantes. Mais ces nuances se perdent dans la course au sensationnalisme et aux financements.

Donc peut-être qu’avant que les médias ne promettent une destruction de la cryptographie, il serait bon de communiquer plus honnêtement sur l’état réel de la recherche : prometteuse sur le long terme, mais encore très expérimentale et limitée aujourd’hui. Et surtout, cesser ces pratiques de benchmarking douteux qui ne font que nuire à la crédibilité du domaine.

Un grand merci à David pour l’info, et à Kim pour ses précisions constructives qui m’ont permis d’affiner cet article.

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ldial - La face cachée de la radio communautaire américaine

L’autre jour, en fouillant dans les recoins du web, je suis tombé sur un site tout simple, ldial.org, qui cache derrière son interface minimaliste une démarche de curation absolument remarquable.

Adam Scott qui a créé ce site a décidé de recenser et de rendre accessible toutes les radios communautaires et indépendantes des États-Unis. Attention, je ne vous parle pas grosses stations commerciales qu’on entend partout, non, non. Je vous parle des vraies radios de quartier, celles qui diffusent depuis un garage transformé ou le sous-sol d’une université, celles qui passent de la musique que vous n’entendrez nulle part ailleurs.

Le créateur de ldial.org a donc transformé ce qui pourrait être une simple liste en véritable écosystème où chaque station est soigneusement sélectionnée, testée, vérifiée. Ce site est un genre de carte sonore des États-Unis, loin des radars des médias mainstream. C’est un site vivant qui contrairement aux annuaires statiques, évolue constamment. Adam, le curateur qui se cache derrière ce site continue d’apprendre, de découvrir de nouvelles stations, d’ajuster sa sélection.

C’est donc une exploration perpétuelle de la diversité radiophonique américaine qui offre un streaming 24/7, au travers une interface épurée et un accès direct aux flux. Pas d’inscription, pas de pub, pas de complications. Juste vous et des centaines d’heures de programmation authentique, depuis des stations qui diffusent parfois pour quelques centaines d’auditeurs locaux.

Et ce sont uniquement des pépites !!! Des stations universitaires qui programment de l’ambient expérimental à 3h du matin, des radios communautaires hispaniques qui mélangent cumbia et electronic, des collectifs autochtones qui préservent leurs langues ancestrales sur les ondes.

Chaque clic sur ldial.org vous transportera dans une bulle sonore différente. Une station de Nouvelle-Orléans vous fera découvrir du jazz local méconnu, une radio du Montana vous plongera dans la country indépendante, une station californienne vous embarquera dans l’underground hip-hop chicano. C’est un voyage musical à travers l’Amérique alternative.

Ce projet révèle aussi quelque chose de plus profond sur la résistance culturelle car ces radios communautaires maintiennent des espaces d’expression libre dans un paysage médiatique de plus en plus standardisé. Elles préservent des niches musicales, donnent la parole aux minorités, expérimentent sans contraintes commerciales, et je trouve ça hyper inspirant, car ce sont des préceptes qu’on peut appliquer également au web. Qu’il faut appliquer au web !

Bonne écoute à tous !

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Wrkflw - Testez vos GitHub Actions en local avant de casser la prod

Hier soir, j’ai découvert un outil qui m’aurait évité des dizaines de commits “fix CI”, “fix CI again”, “please work this time” sur GitHub. J’sais pas si vous aussi vous connaissez cette galère ? Vous modifiez votre workflow GitHub Actions, vous poussez, ça plante, vous corrigez, vous repoussez, ça replante… Bref, votre historique Git ressemble à un journal de débugging en temps réel.

Et heureusement, wrkflw vient mettre fin à ce cauchemar.

Ce petit outil codé en Rust vous permet en fait de valider et d’exécuter vos GitHub Actions directement sur votre machine, sans avoir besoin de pusher quoi que ce soit. L’outil vient d’être annoncé sur le forum Rust et ça va bien aider tout le monde je pense.

Grâce à lui, au lieu de tester vos workflows dans le cloud GitHub (et potentiellement faire planter votre CI/CD devant toute l’équipe… La te-hon…), vous les exécutez localement. Wrkflw parse alors votre fichier YAML, résout les dépendances entre jobs, et lance tout ça soit dans Docker/Podman pour matcher l’environnement GitHub, soit en mode émulation si vous n’avez pas de runtime container sous la main.

Ce qui rend wrkflw vraiment pratique, c’est son interface TUI (Terminal User Interface) qui vous permet de visualiser l’exécution en temps réel. Un simple wrkflw tui et vous avez un dashboard interactif où vous pouvez suivre vos jobs, voir les logs, et comprendre ce qui foire sans avoir à jongler entre 15 onglets GitHub.

L’installation se fait en deux secondes si vous avez Rust :

cargo install wrkflw

Le package est aussi dispo sur crates.io et une fois installé, vous pouvez valider un workflow avec la commande :

wrkflw validate .github/workflows/rust.yml

ou le lancer directement avec

wrkflw run .github/workflows/ci.yml

L’outil détectera automatiquement tous vos workflows et les chargera dans l’interface.

Ce qui est fort avec wrkflow, c’est surtout le support quasi-complet des fonctionnalités de GitHub Actions. Les Matrix builds ? Ça passe ! Les Container actions ? Bah ouais, pas de problème ! Tout ce qui est JavaScript actions ? Check ! Même chose pour les Composite actions et les workflows réutilisables et même les fichiers d’environnement GitHub sont supportés. Bon, il y a quelques limitations évidemment. Vous ne pouvez pas par exemple mettre de secrets GitHub (ce qui est logique), et y’a pas de support Windows/macOS runners, ni pas d’upload/download d’artifacts. Mais pour 90% des cas d’usage, c’est largement suffisant.

Wrkflw s’inscrit dans une tendance plus large d’outils qui cherchent à remplacer Make et ses Makefiles cryptiques. Je pense par exemple à Task (Taskfile) qui est un autre exemple populaire, écrit en Go avec une syntaxe YAML plus moderne ou encore à Act, un autre outil open source qui fait à peu près pareil. Les développeurs cherchent clairement des alternatives plus lisibles et maintenables et wrkflw va encore plus loin en se spécialisant sur GitHub Actions.

Le mode Docker/Podman de wrkflw permet par exemple de créer des containers qui matchent au plus près l’environnement des runners GitHub. Et si jamais vous interrompez l’exécution avec Ctrl+C, pas de panique, puisque l’outil nettoie automatiquement tous les containers créés. Comme ça, y’aura plus de containers zombies qui traînent après vos tests.

Et pour tous ceux qui bossent en mode émulation sécurisée (sans Docker), wrkflw exécute les actions dans un environnement sandboxé. C’est moins fidèle à l’environnement GitHub mais au moins ça permet de tester rapidement sans avoir besoin d’installer Docker. Pratique sur des machines de dev légères ou des environnements restrictifs.

Le workflow de test devient donc le suivant : 1/ Vous modifiez votre YAML. 2/ Vous lancez wrkflw run . 3/ Vus voyez immédiatement si ça marche. 4/ Vous corrigez si besoin. 5/ Et c’est seulement ensuite que vous poussez sur GitHub. Plus de commits de debug, plus de CI cassée, plus de collègues qui râlent parce que la pipeline est tout rouge ^^.

L’outil est encore jeune bien sûr mais déjà très prometteur. Les prochaines versions devraient ajouter le support des secrets locaux, une meilleure intégration avec GitLab CI, et peut-être même le support des runners Windows/macOS.

Bref, si vous gérez des workflows GitHub Actions complexes, wrkflw va rapidement devenir indispensable à votre life.

A découvrir ici !

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Firefox 142 - Les dev Mozilla ont encore bien bossé

Ça a échappé à pas mal de monde, mais en sortant Firefox 142, Mozilla vient de réussir un coup de maître en matière d’architecture logicielle. Car pendant que tous les autres navigateurs se ruent sur l’IA dans le cloud, l’équipe Mozilla a pris le pari inverse. Ils ont développé un système qui fait tourner des modèles de langage directement sur votre machine via l’API wllama et transformer.js.

Concrètement, cela veut dire que vos extensions Firefox peuvent maintenant utiliser des LLM locaux sans jamais envoyer vos données sur des serveurs externes.

Et cette approche sans concession de Mozilla a l’avantage de résoudre un problème que personne n’avait anticipé : la latence des aperçus de liens. Vous faites un clic long sur un lien (ou vous maintenez la touche MAJ enfoncée en passant votre souris), et bam !

Firefox vous montre non seulement un aperçu visuel de la page, mais peut aussi générer des points clés grâce à l’IA… Et tout ça sans jamais quitter votre navigateur et à la vitesse de l’éclair. Cette fonctionnalité nécessite plus de 3 Go de RAM libre, mais quand je vois le résultat, je pense que ça les vaut.

Pour les groupes d’onglets, Mozilla a également introduit une fonction géniale qui permet de garder un onglet actif visible même quand le groupe est réduit. Ça paraît anecdotique, mais techniquement, c’est un casse-tête d’interface utilisateur qu’ils ont résolu avec élégance. L’onglet que vous consultez au moment de réduire le groupe reste affiché.

Côté sécurité, ils ont aussi implémenté CRLite, un système qui stocke localement toutes les révocations de certificats comme ça, au lieu de vérifier en ligne si un certificat est valide (ce qui prend du temps et expose vos habitudes de navigation), Firefox maintient une base locale de 300 Ko qui se met à jour quotidiennement. Du coup, plus de délais, plus de fuites de données vers des tiers, et une sécurité renforcée.

Les États-Unis bénéficient également d’une nouveauté sympathique. Il s’agit des recommandations d’articles sur la page Nouvel onglet qui sont maintenant organisées par thèmes (Sport, Cuisine, Divertissement). Vous pouvez donc suivre les sujets qui vous intéressent et bannir ceux qui vous agacent. Simple, pratique mais ça ne vaut pas cette extension !

Mozilla a également renforcé la protection contre le pistage avec un système d’exceptions plus flexible. Le mode ETP-Strict peut maintenant faire des exceptions granulaires, c’est à dire les fonctionnalités de base d’un côté, et les fonctions de confort de l’autre. Vous gardez ainsi la protection essentielle tout en déboquant les fonctionnalités qui vous importent.

Petit détail qui révèle l’attention aux détails… vous pouvez enfin retirer une extension de la barre latérale d’un simple clic droit > “Retirer de la barre latérale”. Ça semble évident, mais il aura fallu attendre Firefox 142.

Au final, cette version révèle une stratégie Mozilla particulièrement cohérente… De l’IA locale pour préserver la vie privée, des fonctionnalités de productivité pensées pour un usage réel, et une sécurité renforcée sans compromis sur les performances. Et bien sûr, tout ceci reste activable / désactivable selon vos besoins. En tout cas, ces choix techniques nous donnent un aperçu fascinant de ce que Mozilla prépare pour l’avenir du web.

Pour télécharger Firefox 142 c’est par ici !

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Unit 8200 - L'unité d'élite israélienne qui a créé la Silicon Valley du Moyen-Orient

Cet article fait partie de ma série de l’été spécial hackers. Bonne lecture !

L’Unit 8200, c’est comme si vous aviez pris les meilleurs hackers de la planète, que vous les aviez mis en uniforme israélien, et que vous leur aviez donné non pas carte blanche, mais des moyens SIGINT d’élite. Dans la littérature spécialisée, l’unité est souvent comparée à la NSA (à une autre échelle, quand même). Et ce n’est pas de la fiction puisque cette unité ultra-secrète a largement été associée à l’opération Stuxnet (une coopération USA–Israël selon les enquêtes, jamais confirmée officiellement), et a vu passer des profils qui fonderont des boîtes comme Waze, Check Point, Palo Alto Networks et d’autres licornes tech.

C’est un genre d’école où on vous apprend à pirater des gouvernements étrangers à 18 ans, et où votre prof pourrait être le futur CEO d’une startup à plusieurs milliards. Voilà, c’est exactement ça, l’Unit 8200. Une machine à fabriquer des génies qui oscillent entre James Bond et Mark Zuckerberg. Et le plus dingue dans tout ça c’est que tout a commencé en 1952 avec du matos de récup’ et une poignée de matheux dans des baraquements pourris à Jaffa. Aujourd’hui, c’est l’une des plus grandes unités de Tsahal, avec plusieurs milliers de soldats.

L’histoire démarre donc après la création d’Israël en 1948. Le pays est entouré d’ennemis, les frontières sont poreuses, et les menaces pleuvent. Les dirigeants comprennent vite qu’ils ne survivront pas qu’avec des tanks et des avions. Il leur faut du renseignement, du genre de celui qui permet de savoir ce que l’adversaire va faire, parfois avant lui.

A l’époque, l’Unit 8200 s’appelle la « 2e Unité du Service de Renseignement », puis la « 515e ». Pas très sexy, on est d’accord. En 1954, l’unité déménage à Glilot, au nord de Tel-Aviv, et prend son envol. Le nom « 8200 » arrivera plus tard, pour des raisons d’organisation interne plus que de poésie.

Ce qui rend l’Unit 8200 unique, c’est son approche. Israël n’a pas le luxe de la quantité et doit donc faire mieux avec moins. L’unité mise sur la qualité et repère très tôt des profils brillants (dès le lycée) via des programmes dédiés tels que Magshimim côté extra-scolaire, et, plus tard, des filières comme Mamram ou Talpiot pour les très, très forts.

Le système de recrutement est une master class de détection de talents. A 16 ans, si vous cartonnez en maths/infos, vous recevez une lettre pour passer des tests qui mêlent logique, crypto, prog et psycho. Les meilleurs suivent des programmes spéciaux après les cours… et, à 18 ans, quand les potes partent à l’infanterie, eux intègrent l’Unit 8200.

L’écusson de l’Unité 8200

Mais ce n’est pas la planque. Le service dure au moins trois ans. On y apprend ce qu’aucune fac ne peut enseigner. Et l’ambiance est un mix de startup et de base militaire. Hiérarchies plates, itération rapide, droit à l’essai. Un caporal de 19 ans peut proposer une idée qui change la stratégie nationale. Impensable ailleurs, normal ici.

Les capacités de cette unité sont impressionnantes. Dans le désert du Néguev, à la base d’Urim (près de Beer-Sheva), se trouve l’une des plus grandes stations d’écoute au monde, dédiée à l’interception de communications sur une vaste zone (Moyen-Orient, mais pas que). Et selon des reportages, des moyens d’écoute existeraient aussi à l’étranger (postes dans des ambassades, accès à certaines dorsales de communication).

Base d’écoute d’Urim

Et ils ne se contentent pas d’écouter depuis Israël puisque l’IAF dispose d’avions Gulfstream G550 bardés de capteurs (Nachshon Shavit/Eitam) pour l’interception électronique. Bref, du SIGINT et de l’ELINT en vol, au-sol, et dans les réseaux.

Un analyste militaire britannique résume la réputation de l’unité : « probablement l’une des meilleures agences de renseignement technique au monde, au niveau de la NSA, à l’échelle près ». C’est l’intensité et la focalisation qui marquent.

Leur passion vient d’une réalité simple. Pour Israël, le renseignement n’est pas un luxe, c’est une question de survie. Chaque interception peut sauver des vies. Chaque code cassé peut déjouer un attentat.

L’opération qui fait entrer l’unité dans la légende c’est Stuxnet. En 2006, l’Iran enrichit de l’uranium à Natanz. Scénarios militaires classiques : tous mauvais. D’où une idée folle : saboter sans tirer. C’est l’opération « Olympic Games », largement attribuée à une coopération NSA–Unit 8200 selon des sources américaines, mais jamais confirmée officiellement. Pourquoi 8200 était clé ? Parce que côté israélien, ils disposaient d’un savoir intime du terrain (installations, processus, fournisseurs…).

Stuxnet n’est pas un « simple virus » : c’est une arme binaire qui s’insère par clé USB, se propage discrètement, puis, une fois sur place, manipule des automates Siemens S7-300 et les centrifugeuses IR-1 (dérivées du design P-1 d’A.Q. Khan). Leur coup de génie ? Moduler la vitesse des rotors tout en leurrant les capteurs avec de la fausse télémétrie, ce qui use et casse les machines sans alerter immédiatement les opérateurs.

Les automates S7-300

Bilan ? L’attaque a endommagé environ 1000 centrifugeuses selon les estimations de Natanz et retardé le programme iranien pendant un moment, avant que le code, à cause d’un bug, ne s’échappe dans la nature en 2010. Et officiellement, personne n’a jamais signé l’opération.

Au-delà du sabotage hollywoodien, le quotidien de 8200, c’est la surveillance. Et là, on touche à du sensible. En 2014, 43 vétérans publient une lettre ouverte dénonçant des usages intrusifs contre des Palestiniens (collecte d’infos intimes, potentiel chantage). Le gouvernement dément, d’autres membres de l’unité signent une contre-lettre défendant des « normes éthiques élevées ». Le débat éthique est resté ouvert depuis.

Concrètement, l’unité a aussi contribué, selon les autorités israéliennes et australiennes, à déjouer des attaques (ex. en 2017, un vol Etihad visé par un complot inspiré par l’EI : des interceptions israéliennes auraient permis l’arrestation des suspects en Australie).

Plus récemment, place à l’IA. En 2023-2024, des enquêtes de presse décrivent un algorithme de ciblage surnommé « Lavender » pour identifier des opérateurs du Hamas à Gaza. L’IDF conteste l’existence d’un système autonome qui « identifie des terroristes » et affirme que les décisions restent humaines. Là encore, tensions entre efficacité opérationnelle et éthique, avec un coût humain catastrophique, avec des milliers de civils palestiniens tués, qui interroge fondamentalement l’usage de ces technologies

Stuxnet a des « cousins » : Duqu et Flame, des outils d’espionnage avancés découverts au début des années 2010, capables de captures d’écran, d’enregistrements audio, d’exfiltration de documents, etc. Leur attribution fluctue selon les rapports, mais leur sophistication a marqué un avant/après.

La collaboration internationale est centrale puisque depuis des années, Israël coopère avec des partenaires (NSA, GCHQ) dans un cadre de partage de renseignement. Et le stress interne, lui, est bien réel car à 19 ans, savoir que ton erreur peut coûter des vies, ça use. Les burn-out existent. Et la frontière entre sécurité et vie privée reste une ligne fine.

Côté civil, l’Unit 8200 est une machine à entrepreneurs. Après le service, beaucoup créent ou rejoignent des boîtes cyber majeures. Check Point, Palo Alto Networks, Waze, CyberArk, Imperva, NSO, etc. Autour de ce réseau, des structures comme Team8 (fondée par d’anciens commandants) financent et incubent des projets. Les anciens s’entraident, ouvrent des portes, et ça se voit dans l’écosystème israélien qui pèse environ 10% du marché mondial de la cybersécurité.

Le bâtiment Check Point à Tel-Aviv

Et puis arrive Pegasus. NSO Group, fondée par des vétérans, a développé un spyware classé comme matériel de défense soumis à licence d’exportation en Israël. Utilisé officiellement contre le crime et le terrorisme, il s’est aussi retrouvé au cœur de scandales (journalistes, militants, chefs d’État ciblés), avec des suites judiciaires et diplomatiques. Exemple parfait du dilemme où une techno défensive peut devenir outil d’oppression si elle dérape.

Au final, l’Unit 8200 a façonné l’image d’Israël comme « Startup Nation ». Un mix de nécessité stratégique, de service militaire qui capte les meilleurs talents, et d’une culture d’innovation très directe. D’autres pays tentent de cloner la recette (Corée du Sud, Singapour, France avec le Commandement cyber…), mais l’alchimie locale reste particulière.

Et l’avenir ? Entre quantique, IA générative, neurotech et guerre de l’information, tout s’accélère. L’unité investit, expérimente, et sera forcément discutée. Parce que derrière les lignes de code, ce sont des vies. Et c’est là que doit rester notre boussole.

Alors la prochaine fois que vous évitez un bouchon avec Waze, que votre boîte est protégée par un firewall, ou que vous lisez sur une cyber-attaque sophistiquée, ayez une pensée pour l’Unit 8200… et pour les questions éthiques qu’elle pose.

Sources : Washington Post – Stuxnet (2012) ; The Guardian – Olympic Games (2012) ; The Guardian – Lettre des 43 (2014) ; TechCrunch – 8200 → Silicon Valley ; GBH – Magshimim.

Cet article, écrit dans le cadre d’une série sur les hackers, ne peut ignorer le contexte actuel. Alors que ces lignes sont écrites, plus de 61 000 Palestiniens ont été tués à Gaza selon l’ONU, dont une majorité de civils. Les technologies décrites ici sont aujourd’hui mobilisées dans un conflit qui accusations de génocide devant la Cour internationale de Justice et de crimes de guerre devant la Cour pénale internationale.

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Test XGIMI Aura 2 - Le projecteur ultra courte focale qui transforme votre salon en cinéma

– Article en partenariat avec XGIMI –

Regarder Star Wars en version Despecialized ou le premier Jurassic Park sur un écran géant dans mon salon, c’est un peu retrouver son âme d’enfant. Et c’est exactement ce que j’ai fait ces dernières semaines avec le XGIMI Aura 2 que j’ai reçu en test.

Le truc qui m’a le plus impressionné avec ce projecteur ultra courte focale (UST - Ultra Short Throw), c’est qu’il suffit de le poser à environ 17 / 18 cm du mur pour obtenir une image de 100 pouces (2,54 m de diagonale). Plus besoin de câbles qui traînent partout, plus de projo pendu au plafond qui fait peur aux invités… Ça me change de mon ancien. Là, on le pose sur le meuble TV, et basta. (Bon, j’avoue, j’ai pas encore acheté le meuble TV…).

Un petit détail dont on parle rarement quand même avec ce genre de projo, c’est que comme la lumière arrive de façon rasante, la texture du mur se voit et ça donne un petit grain. Je fixais dessus au début, puis on s’y fait. Donc si vous êtes perfectionnistes, une toile ALR spéciale UST (type Fresnel) ou une peinture très lisse règle ce “problème” et améliorera aussi le contraste en lumière ambiante.

Côté image, le Aura 2 exploite la techno Dual Light 2.0 (hybride LED + laser) pour sortir 2300 lumens ISO et ainsi couvrir 99 % du DCI-P3. En clair, ça donne des couleurs bien pétantes et suffisamment de pêche pour regarder en journée (rideaux tirés, c’est mieux quand même). La puce 0,47” DMD affiche l’image 4K via wobulation, ce qui n’est pas du vrai 4K natif, mais honnêtement, à l’usage, on ne voit pas la différence. Et la plage de taille conseillée par XGIMI s’étends de 90 à 150”, le mieux étant 100/120”.

Autre bonne surprise dans ce projo, c’est la prise en charge de Dolby Vision, HDR10, HLG et mode IMAX Enhanced, comme ça le contraste dynamique annoncé grimpe à 1 000 000:1. Maintenant, dans la vraie vie, on n’atteint pas les noirs d’une OLED, mais pour un UST, ça fait le job.

Dessus, c’est Android TV 11.0 (pas Google TV). J’ai trouvé l’interface plutôt fluide**, par contre, pas de Netflix natif** (question de certification) alors il faudra passer par un boîtier externe (Apple TV, Chromecast/Google TV, Fire TV…) ou bidouiller. Disney+ est dispo selon les régions et versions, mais pour avoir toutes les plateformes, le plus simple reste comme je vous le disais d’y adjoindre un petit streamer HDMI.

Un gros point fort de ce projo c’est une barre Harman Kardon 60 W intégrée (4 x 15 W) avec Dolby Atmos, DTS-HD et DTS Virtual:X. Pour Netflix & chill (ou L’Amour est dans le pré), c’est largement suffisant. Après si vous voulez aller plus loin, il y a une sortie HDMI eARC pour brancher un ampli ou une barre externe.

Notez que la barre blanche que vous voyez devant le projo, c’est ma barre de son, et elle n’est pas livrée avec…

En mode Jeu, j’ai une latence autour de 20 ms, ce qui est très bon pour un projecteur. Mon astuce, c’est de désactivez l’auto keystone pour profiter du plus faible input lag. Pas de VRR ni 120 Hz en 4K, donc on reste sur du 60 Hz pour les consoles. Je me suis fait quelques parties de Mario Kart sur la Switch 2, là dessus, c’était quand même pas mal.

Niveau connectique, on peut y mettre 3 x HDMI (dont 1 eARC), 3 x USB, Ethernet, optique, jack 3,5 mm. Y’a également du Wi-Fi 6, Bluetooth 5.2, Chromecast intégré, 3D (Frame Packing & Side-by-Side). Le tout avec un capot motorisé qui protège l’optique, un Art Mode pour afficher des œuvres quand on n’utilise pas le projo, et l’ISA 5.0 (autofocus, auto-keystone continu, correction de planéité du mur, adaptation à la couleur du mur, alignement auto avec l’écran, etc.).

Bien sûr, ce n’est pas “portable” puisque ce projecteur mesue 51 cm de large, 27 cm de profondeur, 14,4 cm de haut pour environ 9 kg. Et le bruit mesuré est ≤ 32 dB à 1 m (c’est donc discret par rapport à mon vieux BenQ qui soufflait plus qu’une documentaliste de collège). Et pour la conso, on est autour de 180 W en usage.

Maintenant, le tarif officiel en Europe est de 2 899 €. C’est cher mais face à lui y’a le Hisense PX3-Pro (tri-laser, Dolby Vision, Google TV avec Netflix) qu’on voit souvent entre 2 499–2 999 €, le Samsung The Premiere 9 (tri-laser) autour de 5 999 €, et le Formovie Theater Premium (Google TV + Netflix natif, DV, ALPD RGB+) annoncé à 2 999 €.

Niveau recul donc, le XGIMI est très bien placé avec un ratio 0,177:1 (100” à 17,8 cm), ce qui est plus court que pas mal de concurrents. Bref, j’ai bien aimé l’installation ultra simple, et surtout la qualité d’image et le son 60 W très propre. Le fait aussi que ça se coupe quand on approche sa grosse tête au dessus, c’est une excellente sécurité pour ne pas se prendre un coup de laser dans l’œil.

Par contre, dommage pour Netflix et j’ai trouvé aussi que la télécommande n’était pas hyper lisible dans le noir, ce qui peut être vite relou.

Bref, après plusieurs semaines d’utilisation, je suis conquis par ce XGIMI Aura 2. Donc si vous avez le budget et que vous voulez un UST plug-and-play qui envoie une vraie image de cinéma sans transformer le salon en salle machine avec des câbles partout, foncez.

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eSIM - Quand vos données partent en vacances en Chine

Vous vous souvenez de cette époque où partir en voyage signifiait acheter une carte SIM locale dans une boutique douteuse à l’aéroport ? Aujourd’hui, si on sort d’Europe, on active une eSIM en deux clics depuis son canapé et hop, on a internet à l’étranger. C’est pratique, non ? Sauf que voilà, une étude menée par des chercheurs de Northeastern University vient de révéler un truc assez hallucinant : Vos données personnelles pourraient bien faire le tour du monde sans que vous le sachiez.

Par exemple, si vous êtes à Rome en train de poster votre photo de pizza sur Instagram, vous pensez surement que vos données passent par un opérateur italien, puis rentrent directement chez vous. Je le croyais aussi alors qu’en réalité, elles pourraient faire un petit détour par Hong Kong, transiter par Singapour, et revenir par la Chine avant d’arriver à destination. Sympa le petit voyage organisé pour vos données perso, vous ne trouvez pas ?

Les chercheurs ont donc testé 25 fournisseurs d’eSIM et le constat est sans appel. Prenez Holafly par exemple, une entreprise basée en Irlande. Vous achetez leur eSIM en pensant avoir affaire à une société européenne, soumise au RGPD et tout le tralala. Sauf que dans les faits, vos connexions passent par le réseau de China Mobile. L’adresse IP qu’ils ont obtenue lors de leurs tests (223.118.51.96 pour les curieux) était directement allouée à China Mobile International Limited à Hong Kong.

En gros, les profils eSIM établissent silencieusement des connexions vers des serveurs à Singapour et récupèrent des SMS depuis des numéros hongkongais, le tout sans que vous en ayez la moindre idée. Mais attendez, ça devient encore plus rigolo puisque pour devenir revendeur d’eSIM, il suffit d’avoir une adresse email valide et un moyen de paiement. Y’a pas de vérification approfondie, pas de contrôle de sécurité du coup, n’importe qui peut se lancer dans le business. Et une fois revendeur, on a accès à des données ultra-sensibles comme les numéros IMSI (l’identifiant unique de votre carte SIM), la localisation des appareils avec une précision de 800 mètres, et même la possibilité d’envoyer des SMS directement aux utilisateurs.

Alors comment on fait pour protéger sa vie privée quand on voyage ? Et bien l’utilisation d’un VPN reste la meilleure solution (lien affilié), surtout si vous utilisez des réseaux WiFi publics. En effet, le VPN va chiffrer votre connexion et empêcher que vos données soient interceptées, peu importe par quel pays elles transitent. Certains fournisseurs comme Saily, créé par l’équipe derrière NordVPN, proposent même des eSIM avec VPN intégré. C’est un peu la ceinture et les bretelles de la sécurité.

Ce qui est vraiment problématique je trouve, c’est le manque total de transparence car quand vous achetez une eSIM, personne ne vous dit “au fait, vos données vont passer par la Chine”. Et chaque pays a ses propres lois sur la protection des données… En Chine du coup, les autorités peuvent légalement accéder à toutes les données qui transitent par leurs infrastructures. Vous voyez le problème ?

C’est pourquoi les chercheurs recommandent la mise en place d’un cadre réglementaire plus strict, avec une obligation de transparence pour les fournisseurs d’eSIM. Ils devraient par exemple au minimum indiquer clairement par quels pays vos données vont transiter. En attendant, leur méthodologie de recherche complète sera bientôt publiée sur GitHub pour que d’autres puissent reproduire et étendre leurs travaux.

Au final, les eSIM restent super pratiques pour voyager, mais faut être conscient des risques…

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Microsoft invente le stockage de Schrödinger

Félicitations ! Si vous avez installé la mise à jour KB5063878 de Windows 11, vous venez de débloquer la fonctionnalité cachée “Roulette Russe du stockage”. Et oui, Microsoft et Phison innovent ensemble en transformant votre précieux SSD en disque de Schrödinger, sur lequel vos données existent et n’existent pas en même temps… Enfin, jusqu’à ce que vous tentiez de les copier.

Allez, je vous spoile, en vrai, elles n’existent déjà plus.

En effet, la mise à jour d’août 2025 censée, je cite, “corriger les problèmes de performance des jeux” ET des failles de sécurité (oui, Microsoft essayait vraiment de bien faire pour une fois), a décidé que la meilleure façon d’améliorer les perfs était de supprimer complètement votre disque. C’est du génie car plus de SSD, ça veut dire plus de problèmes de performance ! Ni de sécurité d’ailleurs !

Le bug est magnifique puisque dès que vous copiez 50 GB de données, hop, votre SSD disparaît comme David Copperfield en aurait rêvé. Sur 21 disques testés, 12 sont devenus invisibles selon les tests réalisés par la communauté. Un Western Digital SA510 de 2TB, a carrément décidé de prendre sa retraite anticipée. Même après un redémarrage, il refuse de revenir. C’est beau ! Les Japonais sont particulièrement chanceux sur ce coup-là, ils remportent le jackpot avec le plus grand nombre de plaintes recensées.

Phison, le fabricant de contrôleurs touché, a publié un communiqué digne d’un sketch des Monty Python : “Nous sommes conscients des effets à l’échelle de l’industrie”. Traduction : “Oups, nos contrôleurs PS5012-E12 avaient déjà des problèmes de stabilité qu’on savait pas trop comment gérer, et Microsoft vient de révéler le pot aux roses”. Bref, ils “travaillent avec leurs partenaires” et mènent un “audit interne”, probablement en train de chercher qui va payer la facture entre eux et Microsoft. Bonus : ils ne prendront pas en charge directement les utilisateurs. Sympa !

Les SSD DRAM-less avec contrôleur Phison sont donc les plus vulnérables, mais surprise, les contrôleurs Maxio se joignent aussi à la fête ! On a le Corsair Force MP600, le SanDisk Extreme Pro et d’autres dans le club des disparus. WindowsForum confirme que le problème se déclenche quand l’utilisation du contrôleur dépasse 60%. Autrement dit, c’est un parfait combo Microsoft-Phison : Windows pousse le contrôleur dans ses retranchements pour la sécurité, et le contrôleur répond “404 SSD not found”.

Et la cerise sur le gâteau c’est quand Microsoft Support indique que l’update peut aussi se gaufrer avec une jolie erreur 0x80240069 sur WSUS. Bref, même quand elle n’arrive pas à s’installer, elle trouve un moyen de casser les pieds. Maintenant, pour les “chanceux” (non) qui ont déjà installé cette bombe à retardement co-développée, les recommandations officielles sont à se pisser dessus de rire puisqu’ils conseillent d’éviter les transferts de plus de 50 GB ou de faire des sauvegardes régulières sur un disque non affecté. Bon, déjà faire des sauvegardes, ça peut fonctionner uniquement si elles font moins de 50 GB… Et s’il y a toujours un SSD vivant pour faire le backup…

Le plus fun dans tout ça, c’est que cette mise à jour a été classée sécurité critique. “Critique”, tu m’étonnes… Entre Microsoft qui sécurise tellement bien qu’on ne peut plus accéder à nos fichiers, et Phison dont les contrôleurs avaient déjà des soucis de stabilité cachés sous le tapis, c’est le mariage parfait de l’incompétence. En attendant un correctif (prévu pour 2026 si Microsoft et Phison arrivent à se mettre d’accord sur qui est responsable ^^), votre meilleure option est de revenir à Windows 10. Ou mieux, Linux avec des SSD qui n’utilisent pas de contrôleurs Phison.

Au moins, quand quelque chose plante, vous saurez exactement qui blâmer : vous-même !

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NextDNS vous évite de montrer vos papiers pour surfer tranquille

Ce serait quand même bien relou de devoir montrer sa carte d’identité à un flic à chaque fois qu’on veut regarder une vidéo sur le net, non ? Ce serait absurde, vous ne trouvez pas ? Et bien c’est pourtant ce qui se passe de plus en plus sur le web car entre le Royaume-Uni et son Online Safety Act, la Floride, le Tennessee, la Caroline du Sud et même l’Europe avec ses nouvelles régulations, on nous demande maintenant de scanner nos papiers d’identité ou de prendre un selfie pour accéder à certains sites. Heureusement, NextDNS vient de sortir l’artillerie lourde contre cette dérive.

Il y a quelques jours donc, NextDNS a lancé une nouvelle fonctionnalité qui fait déjà beaucoup parler d’elle à savoir le contournement automatique des vérifications d’âge par DNS. Le principe c’est qu’au lieu de balancer vos papiers d’identité à des sites dont vous ne savez rien, NextDNS intercepte vos requêtes DNS et les fait passer par des serveurs proxy situés dans des pays où ces vérifications débiles n’existent pas. C’est plus subtil qu’un VPN qui reroute tout votre trafic car ça se passe uniquement au niveau DNS.

L’activation est d’une simplicité enfantine puisqu’il suffit d’aller sur my.nextdns.io, dans l’onglet Settings, et vous activez simplement l’option “Bypass Age Verification”. Et hop, c’est parti. Pas d’installation compliquée, pas de configuration alambiquée. Le tout est disponible même dans la version gratuite de NextDNS.

La position de NextDNS est claire : “Donner vos papiers gouvernementaux à des sites random est un énorme risque pour la vie privée”. Difficile de leur donner tort. On parle quand même de sites qui vous demandent votre carte d’identité, votre permis de conduire, parfois même un selfie avec le document en main. Tout ça stocké on ne sait où, protégé on ne sait comment. Bref, un paradis pour les hackers et les usurpateurs d’identité.

Selon les premiers retours des utilisateurs, ça ne marche bien mais pas partout. Par exemple, Twitter (pardon, X) et Reddit résistent encore à la technique. YouTube aussi, mais c’est logique car pour les vidéos avec restriction d’âge, ils demandent une connexion à votre compte Google, ce qui empêche complètement l’astuce DNS.

NextDNS précise bien que les utilisateurs qui activent cette fonction reconnaissent avoir l’âge légal pour accéder au contenu. C’est leur façon de se couvrir juridiquement. Techniquement, contourner ces vérifications n’est pas illégal dans la plupart des pays, mais ça peut violer les conditions d’utilisation des plateformes donc si vous vous faites prendre, votre compte pourrait être suspendu définitivement.

Le problème en fait, c’est que ces lois censées protéger les mineurs créent un risque énorme pour la vie privée de tous les adultes. Avant, surfer sur Internet était anonyme par défaut et maintenant, on vous demande de vous identifier formellement pour accéder à du contenu parfaitement légal.

D’autres solutions existent bien sûr. Les VPN restent une option, même si c’est plus lourd et plus cher qu’une simple configuration DNS. Certains utilisent aussi des DNS privés alternatifs, mais l’approche de NextDNS a l’avantage d’être gratuite, simple et relativement efficace pour la majorité des cas.

NextDNS travaille apparemment à étendre la compatibilité avec plus de sites et en attendant, c’est déjà un bon pied de nez à cette surveillance généralisée qui s’installe petit à petit sur le web…

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Un iPhone qui fait tourner macOS nativement ? C'est possible !

Xcode 15 sur un iPhone XS Max, ça vous dirait ? Non, je ne vous parle pas d’une app Remote Desktop ou d’un streaming depuis votre Mac. Je parle bien de macOS 13.4 qui tourne nativement sur un iPhone, avec le Dock, le Control Center et même le Finder. Le tout grâce à une bidouille absolument folle qu’un développeur a réussi à mettre au point.

Le responsable de cette prouesse technique, c’est Duy Tran (khanhduytran0), un dev qui a réussi l’impossible à savoir faire tourner le WindowServer de macOS (le processus qui gère toute l’interface graphique) sur un iPhone XS Max jailbreaké sous iOS 16.5. Bon, avant que vous sortiez votre iPhone pour tenter le coup, sachez que c’est extrêmement technique et que ça nécessite un jailbreak… ce qui n’est pas disponible sur les derniers modèles et versions d’iOS.

Ce qui est marrant dans toute cette histoire, c’est la méthode employée. Au départ, Tran a voulu utiliser les drivers GPU M1 d’Apple pour avoir l’accélération matérielle, mais son iPhone plantait en boucle. Pas découragé pour autant, il a trouvé une approche beaucoup plus maline qui est d’utiliser le système de streaming Metal du simulateur iOS via XPC. En gros, au lieu de faire tourner le GPU en natif, il a fait transiter les commandes graphiques par un protocole de communication inter-processus. C’est astucieux !

D’ailleurs, cette approche n’est pas sans rappeler ce que fait UTM SE pour iOS, une version spéciale de l’émulateur UTM qui utilise un interpréteur au lieu de la compilation JIT pour contourner les restrictions d’iOS. Sauf qu’ici, on ne parle pas d’émulation mais bien d’exécution native du code macOS. La différence ce sont bien sûr les performances et le fait que le système tourne directement sur le kernel Darwin partagé entre iOS et macOS.

Pour comprendre pourquoi c’est possible, il faut savoir que macOS et iOS partagent le même kernel XNU, un noyau hybride qui combine des éléments de Mach et de FreeBSD. C’est ce qui permet théoriquement de faire tourner du code macOS sur iOS, même si Apple a évidemment mis des barrières pour empêcher ça. Mais avec un jailbreak et beaucoup de patches manuels, ces barrières peuvent être contournées.

Le projet montre d’ailleurs que le jailbreak permet bien plus que de simples customisations visuelles. Ici, on parle de transformer complètement l’usage d’un appareil iOS. Par exemple, avoir un iPad Pro M4 qui ferait tourner macOS de manière native avec tous les drivers GPU optimisés… Ce serait le rêve pour beaucoup d’utilisateurs qui attendent depuis des années qu’Apple fasse converger ses systèmes.

Actuellement, le système a ses limites car le contrôle se fait via VNC (donc clavier et souris à distance), il y a des bugs graphiques à cause des limitations du simulateur Metal, et surtout, ça nécessite, comme je vous le disais, un appareil jailbreaké. Mais selon Tran, la solution fonctionnerait particulièrement bien sur les iPad avec puce M, qui ont les mêmes drivers GPU natifs que les Mac.

Ce qui est intéressant aussi, c’est qu’Apple travaille justement sur le durcissement de son kernel XNU avec un système appelé “exclaves” qui isole des ressources critiques du kernel principal. C’est une nouvelle version de l’architecture de sécurité qui rendrait ce genre de bidouille encore plus difficile à l’avenir puisque les exclaves créent des domaines isolés qui protègent des fonctions clés même si le kernel est compromis.

Pour les curieux, Tran a publié son repository GitHub avec tous les patches nécessaires, mais attention, c’est vraiment pour les experts. Il faut patcher manuellement de nombreux composants système, gérer les problèmes de mémoire partagée entre processus, et contourner les restrictions de chargement des bundles XPC. Donc pas vraiment le genre de truc qu’on fait en suivant un tuto YouTube de 5 minutes. Et ne comptez pas sur moi pour vous faire ça en vidéo… lol.

Cela prouve qu’Apple pourrait techniquement faire tourner macOS sur iPad sans trop d’efforts. Les bases techniques sont là, le hardware en est capable, et visiblement même un iPhone peut gérer l’interface de macOS. Mais alors pourquoi Apple ne le fait pas ? Probablement pour des raisons de positionnement produit et de revenus car un iPad qui ferait tourner macOS cannibaliserait les ventes de MacBook.

En attendant qu’Apple se décide (ou pas), des projets comme celui-ci montrent que la communauté du jailbreak continue d’explorer les limites de ce qui est techniquement possible avec le matériel Apple. Et voir Xcode tourner sur un iPhone, même si c’est juste pour la beauté du geste, c’est quand même assez impressionnant.

Voilà, donc si vous avez un vieil iPhone jailbreaké qui traîne et que vous aimez les défis techniques, pourquoi ne pas tenter l’expérience ? Au pire, vous aurez une bonne histoire à raconter. Au mieux, vous pourrez dire que vous faites du développement iOS… sur iOS.

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Git-who - L'outil parfait pour l'analyse des contributions Git

Vous savez ce qui m’a toujours ennuyé avec git blame ? C’est qu’à chaque refactoring, chaque reformatage de code, chaque déplacement de fichier, tous les noms disparaissent pour être remplacés par celui de la personne qui a fait ces modifications. Du coup, impossible de savoir qui a vraiment écrit le code original. Heureusement, un développeur nommé Sinclair Target vient de sortir un outil qui résout ce problème.

git-who (c’est son nom) fait donc exactement ce que git blame aurait dû faire depuis le début à savoir analyser qui a vraiment contribué à votre codebase, et pas juste qui a touché les lignes en dernier. Au lieu de se contenter d’une analyse ligne par ligne comme git blame, git-who analyse les patterns de contribution sur des fichiers entiers, des dossiers, voire des composants complets.

L’installation est simple comme bonjour. Si vous êtes sur Mac avec Homebrew, un petit brew install git-who et c’est réglé. Pour les autres, vous pouvez passer par Go avec go install github.com/sinclairtarget/git-who@latest ou compiler depuis les sources si vous aimez les défis. Docker est aussi supporté pour ceux qui préfèrent…

Ce qui rend git-who vraiment intéressant, c’est ses trois modes d’analyse. Le mode table (par défaut) vous donne un tableau récapitulatif des contributions par auteur, triable par nombre de commits, lignes de code, fichiers touchés ou date de modification. C’est pratique pour identifier rapidement qui sont les principaux contributeurs d’un projet. Le mode tree affiche l’arborescence du projet avec le contributeur principal annoté pour chaque fichier et dossier. Et le mode hist génère une timeline de l’activité des commits avec le top contributeur par période.

Pour vous donner une idée concrète, Sinclair Target a fait une démo sur le projet Vim pour analyser les patterns de maintenance après le décès de Bram Moolenaar. L’outil a permis d’identifier rapidement qui avait pris le relais sur différentes parties du code. C’est quelque chose qu’il aurait été impossible à voir clairement avec un git blame classique.

La différence fondamentale donc avec git blame, c’est que git-who “comprend” le contexte. Si quelqu’un déplace un fichier ou fait un reformatage massif, git blame lui attribuera toutes les lignes alors git-who, lui, va chercher plus loin dans l’historique pour identifier les véritables auteurs du code. Il respecte même les fichiers .mailmap pour consolider les identités multiples d’un même développeur et prend en compte le fichier .git-blame-ignore-revs pour ignorer certains commits de maintenance.

Pour utiliser git-who, il suffit de faire un git who à la racine de votre projet afin d’obtenir l’analyse de base. Vous pouvez filtrer par chemin avec git who Parser/ pour analyser seulement un dossier spécifique. Le tri est customisable avec des options comme -l pour trier par lignes de code ou -m pour la date de dernière modification. Et pour une vue historique entre deux versions, git who hist v3.10.9..v3.11.9 fait le job.

Bien sûr, git-who n’est pas le seul dans sa catégorie. GitLens pour VS Code reste l’extension la plus populaire, offrant une intégration visuelle directement dans l’éditeur. Git Quick Stats est aussi une autre alternative en ligne de commande qui propose des statistiques détaillées sur les repositories. Mais aucun ne va aussi loin que git-who dans l’analyse de la véritable propriété du code.

Qui maintient réellement cette partie critique du code ? Quelle équipe a le plus contribué à ce module ? Comment les contributions ont évolué au fil du temps ? Git-who vous aide à répondre à ces questions essentielles sur la gestion de votre projet, les audits de code ou simplement pour comprendre l’histoire d’un projet open source.

Bref, j’ai trouvé ça cool… Et qui sait, peut-être qu’un jour git-who sera intégré directement dans Git ?

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ILOVEYOU - La première pandémie informatique mondiale

Cet article fait partie de ma série de l’été spécial hackers. Bonne lecture !

Connaissez-vous l’histoire du premier véritable virus mondial de l’ère Internet ? En fait c’est pas juste une histoire de code à la base, mais plutôt celle d’un étudiant philippin de 24 ans complètement fauché qui voulait juste surfer gratos sur le web… pour finir par mettre totalement à genoux le Pentagone, la CIA, le Parlement britannique et 45 millions d’ordinateurs à travers le monde.

Et tout ça avec un simple email qui disait “Je t’aime”.

On est le 4 mai 2000 à minuit, heure de Manille, Onel de Guzman lance son virus ILOVEYOU depuis son petit appartement du quartier de Pandacan. Il referme son ordinateur portable, sort boire des coups avec des potes et se réveille le lendemain avec la gueule de bois du siècle et la police à sa porte. Entre temps, son “bébé” a infecté Ford, AT&T, Microsoft, le Pentagone, et a fait trembler Wall Street. Son serveur censé récupérer les mots de passe volés a même complètement cramé sous l’afflux de données. Son plan génial pour démocratiser Internet est parti en fumée.

Son histoire commence donc dans les années 90. Dans son pays, Internet coûte une fortune, facturé à la minute en dial-up et pour un étudiant de l’AMA Computer College de Makati, comme Onel de Guzman, c’est totalement hors de prix. Le gamin est brillant en programmation mais n’a pas un rond. Il passe ses journées à apprendre le code, mais le soir, impossible de se connecter pour approfondir. Et cette frustration devient une obsession ! L’accès à Internet devrait être un droit, pas un privilège de riches.

Du coup, en février 2000, de Guzman présente sa thèse de fin d’études. Le titre ne fait pas dans la dentelle : “E-mail Password Sender Trojan”. L’objectif est clair comme de l’eau de roche… Il s’agit de créer un programme pour voler les identifiants Internet et permettre aux pauvres de surfer gratos. Dans son mémoire, il écrit carrément : “Le but de ce programme est d’obtenir les mots de passe Windows et de voler et récupérer les comptes Internet de l’ordinateur de la victime.

La réaction de ses profs est immédiate et sans appel. Dans les marges du document, l’un d’eux gribouille : “Nous ne formons pas des cambrioleurs” et “C’est illégal !”. Sa thèse est rejetée. Même le doyen pète un câble. Comment un étudiant peut-il proposer du vol comme projet de fin d’études ?

Mais de Guzman ne capte pas ces retours car pour lui, partager des mots de passe Internet, c’est comme partager un bouquin ou un CD. Les “victimes” ne perdent rien puisqu’elles peuvent toujours se connecter… C’est juste du partage de ressources, non ? Bref, pour lui, ses profs sont des vieux cons qui ne pigent rien à la révolution numérique. Le mec abandonne alors ses études et rejoint GRAMMERSoft, un groupe underground d’étudiants qui vendent des devoirs tout faits à d’autres étudiants et squattent les labos informatiques de l’AMA College pour développer leurs trucs.

L’équipe de GRAMMERSoft

C’est là que de Guzman commence à coder son virus. Il reprend les idées de sa thèse rejetée et les améliore. Le concept c’est de créer un ver qui se propage par email en exploitant la curiosité humaine. Car franchement, qui pourrait résister à un message qui dit “Je t’aime” ? Le virus utilise Visual Basic Script, un langage simple mais puissant intégré à Windows et même si de Guzman n’est pas un génie du code (son script est même plutôt basique avec environ 300 lignes), il comprend parfaitement la psychologie humaine et les failles de Windows.

Son programme fait plusieurs trucs une fois activé. D’abord, il parcourt le disque dur et écrase certains types de fichiers. Les images JPEG sont remplacées par des copies du virus renommées avec l’extension .vbs. Les fichiers JavaScript, CSS, documents Word et j’en passe, subissent le même sort. Mais curieusement, les MP3 sont juste cachés, pas détruits… peut-être que de Guzman aimait trop la musique pour les bousiller. Le virus s’installe ensuite dans le système avec le nom MSKERNEL32.VBS et modifie la page d’accueil d’Internet Explorer pour télécharger un trojan voleur de mots de passe.

Mais le vrai génie du virus, c’est sa propagation car il s’envoie automatiquement à tous les contacts du carnet d’adresses Outlook de la victime. Le message a ainsi l’air de venir d’un ami ou d’un collègue, ce qui augmente drastiquement les chances qu’il soit ouvert. Le fichier joint s’appelle “LOVE-LETTER-FOR-YOU.TXT.vbs”. Sauf que Windows, dans sa grande sagesse, cache par défaut l’extension .vbs. Les utilisateurs voient alors juste “LOVE-LETTER-FOR-YOU.TXT” et pensent que c’est un simple fichier texte inoffensif.

Dans le code, on trouve des références à “spyder” et “Barok”. Barok est un logiciel de vol de mots de passe populaire dans l’underground philippin et “Spyder” est le pseudo que de Guzman utilise parfois, même si Reonel Ramones, son pote de GRAMMERSoft, l’utilise aussi. Le message dans le code dit : “Barok… e.mail.passwords.sender.Trojan-by spyder”. Les mots de passe volés devaient ensuite être envoyés à des comptes email chez Access Net, un FAI philippin. L’idée de de Guzman c’était de les redistribuer gratuitement à ceux qui pouvaient pas se payer Internet.

Sauf que de Guzman n’a jamais anticipé ce qui allait se passer. Il pensait infecter quelques centaines, peut-être quelques milliers d’ordinateurs aux Philippines. Récupérer assez de mots de passe pour lui et ses potes. Il avait initialement codé une restriction géographique pour limiter le virus à Manille, puis par curiosité, il l’enlève juste avant de lancer son bébé. Grosse erreur.

Le code de ILOVEYOU

Le virus commence alors sa propagation en Asie. Hong Kong se fait toucher en premier, car les bureaux ouvrent tôt là-bas. De là, ça se répand en Chine, au Japon, en Corée du Sud et chaque personne qui ouvre la pièce jointe infecte instantanément tous ses contacts. La croissance est exponentielle, complètement folle et en 10 jours, 45 millions de machines seront touchées.

Quand l’Europe se réveille, c’est déjà l’apocalypse. Les serveurs de messagerie saturent. BMW et Siemens en Allemagne déconnectent leurs systèmes. L’Oréal et BNP Paribas en France sont touchés. La BBC rapporte que le Parlement britannique ferme complètement son système de messagerie. Le virus modifie même la page d’accueil des navigateurs pour télécharger WIN-BUGSFIX.exe, un trojan supplémentaire.

Le virus arrive enfin aux États-Unis alors que la côte Est commence sa journée. À 6h45, les techniciens de Fort Bragg reçoivent des alertes puis le réseau de l’armée américaine avec ses 50 000 utilisateurs est touché. Le Pentagone prend alors une décision radicale à savoir couper complètement son système de messagerie. La CIA fait pareil. Le FBI, la Réserve fédérale… tous déconnectent. Du jamais vu. Ford Motor Company ferme son réseau email. Microsoft, ironie du sort, créateur du système d’exploitation vulnérable, doit aussi se déconnecter. Et Wall Street tremble.

Et les médias s’emballent… CNN, BBC, tous couvrent l’événement en direct. Pour la première fois, un virus informatique fait la une des JT. “Si vous recevez un email avec pour objet ILOVEYOU, ne l’ouvrez pas !” répètent les présentateurs. Les estimations des dégâts commencent à tomber. On parle de millions, puis de milliards. Le coût final sera estimé entre 5 et 15 milliards de dollars, en comptant les pertes de productivité et les fichiers détruits. Plus de 25 variantes du virus apparaissent alors rapidement, chacune causant différents types de dégâts.

Pendant ce temps à Manille, de Guzman cuve sa cuite monumentale. Il n’a aucune idée du chaos mondial qu’il vient de déclencher. C’est sa mère qui l’alerte : la police est à la porte. Les agents du National Bureau of Investigation ont des mandats… De Guzman panique et demande à sa famille de détruire tous ses ordinateurs.

Mais comment les autorités l’ont trouvé si vite ? Et bien Sky Internet, un FAI philippin, a reçu des plaintes de clients européens dès les premières heures. Darwin Bawasanta, un employé, analyse les logs et identifie des numéros de téléphone suspects. L’un mène en premier lieu à l’appartement de Reonel Ramones, arrêté le 8 mai. Là bas, les enquêteurs trouvent des disquettes avec des noms incluant Michael Buen et Onel de Guzman. Buen, 23 ans, avait écrit une thèse acceptée sur la duplication de fichiers. Les enquêteurs soupçonnent alors que ILOVEYOU combine leurs travaux… Puis rapidement, tous les indices pointent vers de Guzman.

Et le 11 mai 2000, de Guzman se présente à une conférence de presse. Lunettes de soleil, visage caché derrière un mouchoir. Il refuse de répondre. Son avocat parle : “Mon client n’avait pas l’intention de causer des dommages. Il voulait seulement démontrer les failles de sécurité.” La défense classique des hackers…

Onel de Guzman durant sa conférence de presse

Mais voilà le plus dingue : il n’y aura aucune poursuite. Pourquoi ? Et bien parce qu’en 2000, les Philippines n’ont aucune loi contre la création de virus informatiques. Écrire un malware n’est tout simplement pas illégal et le procureur est obligé d’abandonner toutes les charges. De Guzman et Ramones sont libérés.

Face au tollé international, le gouvernement philippin vote en urgence la Republic Act No. 8792 en juillet 2000, l’E-Commerce Law qui criminalise enfin les virus mais comme la Constitution interdit les lois rétroactives. Grâce à sa bonne étoile, de Guzman s’en sort totalement libre et après sa conférence de presse, il disparaît. Il devient alors un fantôme… Certains disent qu’il a quitté le pays, d’autres qu’il vit sous une fausse identité.

Jusqu’à ce que Geoff White le retrouve en 2019 pour son livre “Crime Dot Com”. De Guzman a maintenant 44 ans et répare des téléphones pour vivre. “Je ne voulais pas que ça arrive comme ça”, confie-t-il. “Je voulais juste avoir accès à Internet sans payer. Je ne pensais pas que ça deviendrait mondial.” Il lui raconte alors cette fameuse nuit : “J’ai bu, beaucoup bu. Je me suis réveillé avec une gueule de bois terrible et la police à ma porte.

Le plus drôle c’est que de Guzman n’a jamais pu exploiter son virus car le serveur censé collecter les mots de passe a crashé immédiatement. “Le virus était trop efficace”, explique-t-il. “Il s’est propagé trop vite. Tout s’est effondré.” Des millions de mots de passe envoyés pour rien. ILOVEYOU est devenu un pur agent du chaos, détruisant des fichiers sans remplir sa fonction première.

De Guzman regrette tout cela profondément. “Parfois je vois ma photo sur Internet. Je suis quelqu’un de timide, je ne veux pas de cette attention. Si je pouvais revenir en arrière, je ne le ferais pas. J’étais jeune et stupide. Je pensais changer le monde, démocratiser Internet. J’ai juste causé de la souffrance.

Onel de Guzman en 2019

L’impact d’ILOVEYOU a été colossal. Microsoft a dû repenser complètement la sécurité d’Outlook et Windows, et l’option de cacher les extensions, qui a permis au virus de tromper tant de gens, a été modifiée. Suite à cela, les entreprises ont investi massivement dans l’antivirus et la formation et le “social engineering” est devenu central dans la cybersécurité. Les gouvernements ont même adopté des lois contre le cybercrime. L’Europe a harmonisé sa législation, les États-Unis ont renforcé le Computer Fraud and Abuse Act.

Mais le plus grand changement est culturel car avant ILOVEYOU, les virus étaient un problème de geeks. Aujourd’hui, “Ne cliquez pas sur les pièces jointes suspectes” est devenu un mantra universel.

En 2012, le Smithsonian Institution a classé ILOVEYOU parmi les dix virus les plus virulents de l’histoire. C’est le seul à avoir touché 10% d’Internet en 24 heures, une performance jamais égalée.

Bref, que ce soit dans le monde numérique comme dans la vraie vie, il faut se méfier des déclarations d’amour un peu trop faciles. Surtout avec une extension .vbs.

Sources : BBC - Love Bug’s creator tracked down to repair shop in Manila, Computer Weekly - The man behind the first major computer virus pandemic, Geoff White - Crime Dot Com, Wikipedia - ILOVEYOU, CNN - How a badly-coded computer virus caused billions in damage, F-Secure Labs - Email-Worm:VBS/LoveLetter

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NGINX automatise enfin vos certificats SSL comme un grand

C’est toujours marrant de voir des outils ultra populaires mettre des années à intégrer une fonctionnalité que tout le monde bricole depuis une éternité. Et aujourd’hui, c’est au tour de NGINX qui vient enfin de franchir le pas avec l’intégration native du protocole ACME !

Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec cet acronyme, ACME (Automated Certificate Management Environment) c’est le protocole magique qui permet d’automatiser toute la gestion des certificats SSL/TLS. Développé à l’origine par l’Internet Security Research Group pour Let’s Encrypt, c’est donc lui qui vous évite de devoir renouveler manuellement vos certificats tous les 90 jours comme un moine copiste du Moyen Âge.

Le truc vraiment cool, c’est que NGINX a décidé de faire les choses en grand car plutôt que de bricoler une solution rapide, ils ont carrément développé un nouveau module baptisé ngx_http_acme_module qui s’appuie sur leur SDK Rust. Hé oui y’a du Rust dans NGINX ! Cette approche leur permet ainsi d’avoir un module dynamique disponible aussi bien pour la version open source que pour leur solution commerciale NGINX Plus.

Du coup, fini les scripts à la con avec Certbot qui tournent en cron et qui plantent au pire moment. Maintenant, vous configurez tout directement dans votre fichier NGINX comme ceci :

acme_issuer letsencrypt {
 uri https://acme-v02.api.letsencrypt.org/directory;
 state_path /var/cache/nginx/acme-letsencrypt;
 accept_terms_of_service;
}

server {
 listen 443 ssl;
 server_name .example.com;
 acme_certificate letsencrypt;
 ssl_certificate $acme_certificate;
 ssl_certificate_key $acme_certificate_key;
}

Simple, efficace, intégré, plus besoin de jongler entre différents outils, car tout se passe dans la configuration NGINX. Ensuite, les certificats se renouvellent automatiquement, s’installent tout seuls, et vous pouvez enfin dormir tranquille.

Mais attention, selon les discussions sur LWN.net, tout n’est pas rose au pays des bisounours… La communauté a quelques réserves, et pas des moindres. Leur plus gros point de friction c’est que NGINX a décidé de lancer cette première version avec uniquement le support du challenge HTTP-01. Pour les non-initiés, ça veut dire que votre serveur doit être accessible publiquement sur le port 80 pour prouver qu’il contrôle bien le domaine.

Les développeurs frustrés pointent aussi du doigt l’absence du challenge DNS-01. Et je trouve qu’ils ont raison d’être énervés car sans DNS-01, impossible de générer des certificats wildcard (*.example.com), et impossible de sécuriser des services internes qui ne sont pas exposés sur Internet. Donc pour tous ceux qui ont des homelabs ou des infrastructures privées, c’est relou.

Surtout que Caddy, le concurrent direct de NGINX, gère ça depuis des années sans problème. Bref, l’équipe NGINX promet que les challenges TLS-ALPN et DNS-01 arriveront dans le futur, mais pour l’instant, c’est motus et bouche cousue sur les délais.

Pour ceux qui veulent tester, sachez que le code est disponible sur GitHub et des packages précompilés sont déjà disponibles. La documentation officielle explique également bien le processus d’installation et de configuration. Notez que le module utilise une zone de mémoire partagée pour coordonner les renouvellements entre les différents workers NGINX, ce qui est plutôt malin pour éviter les conflits.

Au niveau technique, le workflow est assez classique… vous configurez votre serveur ACME (Let’s Encrypt ou autre), vous allouez la mémoire partagée nécessaire, vous configurez les challenges, et le module s’occupe du reste. Les variables $acme_certificate et $acme_certificate_key sont automatiquement remplies avec les chemins vers vos certificats.

Tout ceci permet de réduire également la surface d’attaque car vous n’avez plus besoin d’avoir Certbot et toutes ses dépendances Python qui traînent sur votre serveur ou plus de scripts externes qui doivent recharger NGINX. Tout est natif, et donc c’est forcément plus sécurisé.

Perso, je trouve que c’est un pas dans la bonne direction, même si l’implémentation actuelle est limitée. Et le faut qu’ils aient codé ça en Rust montre bien que NGINX prend au sérieux la modernisation de sa base de code. Du coup, pour ceux qui ont des besoins simples avec des domaines publics, foncez tester cette nouveauté. Plus d’excuses pour avoir des certificats expirés !

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SSHRC - L'outil malin pour retrouver vos dotfiles en SSH

Si vous êtes du genre à passer votre vie en SSH sur des serveurs distants comme moi, alors voici un petit outil bien sympa qui va peut-être changer votre façon de bosser. Cela s’appelle sshrc et au début, j’ai cru à une énième tentative de réinventer la roue, mais en fait non. Ce truc est vraiment cool car quand vous vous connectez en SSH, il copie automatiquement votre configuration locale dans un dossier temporaire sur le serveur distant. Comme ça, vous retrouvez instantanément vos alias bash, vos raccourcis vim, votre prompt avec ses jolies couleurs…etc. Tout ce qui fait que vous vous sentez chez vous… mais sur votre serveur.

Le truc vraiment cool, c’est que ça ne pollue pas le serveur car tout est stocké dans /tmp dans un dossier propre à votre session. Si d’autres utilisateurs se connectent (même avec sshrc), ils auront leurs propres configs et pas les vôtres.

Pour l’installer, rien de plus simple. Sous macOS avec Homebrew :

brew install sshrc

Sous Ubuntu, il y a un PPA dédié :

sudo add-apt-repository ppa:russell-s-stewart/ppa
sudo apt-get update
sudo apt-get install sshrc

Pour les autres systèmes, vous pouvez récupérer le script directement depuis le repo GitHub.

Une fois installé, créez un fichier ~/.sshrc avec vos configs préférées. Par exemple, vous pouvez mettre vos alias les plus utiles, quelques fonctions bash, et même des variables d’environnement spécifiques.

Ensuite, au lieu de taper ssh user@server, vous faites sshrc user@server et c’est tout. Derrière, l’outil fait sa magie noire en compressant vos configurations, en les envoyant sur le serveur, puis en les décompressant dans /tmp, et en sourçant le tout automatiquement. Vous pouvez même avoir des configurations différentes selon les serveurs en créant des fichiers comme ~/.sshrc.d/servername.

Pour les fans de vim, il y a une astuce sympa. Ajoutez cette ligne dans votre ~/.sshrc :

export VIMINIT="let \$MYVIMRC='$SSHHOME/.sshrc.d/.vimrc' | source \$MYVIMRC"

Et placez votre .vimrc dans ~/.sshrc.d/. Comme ça, vim utilisera votre config perso même sur le serveur distant.

Attention quand même, il y a une limite. Si votre dossier ~/.sshrc.d fait plus de 64KB, certains serveurs peuvent bloquer la connexion. C’est pour ça qu’une alternative existe : SSHdot. Cette variante n’a pas de limite de taille et fonctionne exactement pareil. C’est pratique si vous avez une config vim bien chargée avec plein de plugins.

D’ailleurs, pour ceux qui préfèrent une approche différente, il y a aussi la méthode git. Vous mettez tous vos dotfiles dans un repo, et vous configurez vos serveurs pour pull automatiquement à la connexion. C’est plus lourd à mettre en place mais ça scale mieux si vous gérez beaucoup de machines.

Un dernier truc sympa, sshrc fonctionne aussi avec tmux. Vous pouvez donc configurer tmux pour qu’il utilise vos raccourcis habituels même sur le serveur distant. Il suffit d’ajouter votre .tmux.conf dans ~/.sshrc.d et de définir un alias dans ~/.sshrc qui pointe vers cette config.

Au final, sshrc vous n’en aviez pas besoin, mais maintenant que vous savez qu’il existe, c’est un incontournable ! Bref, si vous en avez marre de retrouver un environnement spartiate à chaque connexion SSH, essayez-le, ça prend 2 minutes à installer et ça change vraiment la donne niveau confort de travail.

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BlackCat / ALPHV - Le gang de ransomware qui a arnaqué ses propres affiliés

Cet article fait partie de ma série de l’été spécial hackers. Bonne lecture !

Ça vous dirait d’en savoir plus sur le gang de ransomware le plus innovant et le plus traître de l’histoire du cybercrime moderne ? BlackCat, aussi connu sous le nom d’ALPHV, c’est le groupe qui a sorti le premier ransomware majeur entièrement écrit en Rust, un langage de programmation que même les hipsters de la Silicon Valley trouvent cool. Mais leur véritable coup de maître ça a été d’avoir arnaqué leurs propres affiliés pour 22 millions de dollars avant de disparaître dans la nature comme des voleurs… de voleurs. Si vous pensiez que l’honneur entre criminels existait encore, et bien BlackCat va vous faire réviser votre jugement de fond en comble.

Pour comprendre l’ampleur de cette trahison, faut s’imaginer la scène. Vous êtes un cybercriminel chevronné, vous avez infiltré la plus grosse plateforme de paiement de santé américaine et vous êtes en train de négocier une rançon de 22 millions de dollars avec des semaines d’efforts, quand au moment de toucher votre part de 80%… pouf magie, magie, votre patron disparaît avec tout le fric et vous bloque de tous ses serveurs. Et bien c’est exactement ce qui est arrivé à l’affilié “Notchy” en mars 2024. Mais bon, je m’avance un peu, laissez-moi reprendre depuis le début de cette saga digne d’un polar cyberpunk.

Tout commence le 21 novembre 2021. À cette époque, le monde du ransomware sort à peine du chaos provoqué par les attaques contre Colonial Pipeline et la fermeture brutale de REvil par les autorités russes. C’est dans ce contexte tendu qu’un nouveau groupe fait son apparition sur les forums du dark web, précisément sur RAMP (Russian Anonymous Marketplace). Leur nom ? BlackCat. Leur proposition ? Un ransomware entièrement codé en Rust, ce langage de programmation moderne que Mozilla a développé pour remplacer le C++ vieillissant. C’est du jamais vu dans l’écosystème criminel !

Alors pourquoi Rust, vous allez me dire ? Bah, c’est simple, d’abord, c’est moderne, rapide comme l’éclair, et sûr au niveau mémoire… Comme ça, pas de plantages foireux comme avec du C++ mal écrit. Ensuite, et c’est là le génie, la plupart des antivirus n’avaient aucune idée de comment analyser du code Rust en 2021. Les signatures de détection étaient Inexistantes et les outils d’analyse statique totalement en galère. Du coup, leur ransomware passe entre les mailles du filet durant des mois.

Post de forum pour faire la promo du Ransomware

Les experts en sécurité sont littéralement bluffés quand ils mettent la main sur les premiers échantillons. Le code est propre, modulaire, optimisé. BlackCat peut tourner sur Windows, Linux, et même VMware ESXi… C’est du cross-platform de qualité industrielle. Et c’est un ransomware, personnalisable via des fichiers JSON. Comme ça, si vous voulez chiffrer seulement certains types de fichiers, ou encore éviter certains pays pour pas se faire taper sur les doigts par les autorités locales ? C’est pas un problème car c’est littéralement du ransomware à la carte, conçu comme un produit SaaS légitime.

Mais qui se cache derrière cette prouesse technique ?

Selon les analyses des chercheurs en cybersécurité, tous les indices pointent vers d’anciens membres de REvil, DarkSide et BlackMatter, c’est à dire la crème de la crème du ransomware russe. Ces mecs ont visiblement appris de leurs erreurs passées… Fini les attaques tape-à-l’œil contre les infrastructures critiques qui font réagir les gouvernements, et place à un profil bas et à une approche business plus subtile. Ils ont compris qu’il faut savoir rester dans l’ombre pour durer.

Leur modèle économique, justement, c’est une révolution dans l’écosystème RaaS (Ransomware-as-a-Service) car là où la concurrence prend 30 à 40% des rançons, comme REvil qui prenait 40%, BlackCat ne prend que 10 à 20% selon le niveau d’expérience de l’affilié. Pour les cybercriminels, c’est carrément Noël en novembre ! Et ce groupe leur fournit tout un écosystème clé en main : le ransomware personnalisable, les outils d’exfiltration de données, l’infrastructure de négociation hébergée sur Tor, un blog de leak pour faire pression sur les victimes, même un service client disponible 24h/24. L’affilié n’a qu’une chose à faire : Trouver une victime et déployer le malware.

L’infrastructure technique développée par BlackCat est très impressionnante, même selon les standards du métier car ils utilisent une architecture décentralisée basée sur Tor et I2P, avec une redondance digne d’AWS. Chaque victime reçoit un site de négociation unique, généré automatiquement et hébergé sur plusieurs serveurs miroirs. Si le FBI ferme un site, dix autres prennent instantanément le relais. Ils ont même développé “Searcher”, un outil custom qui fouille automatiquement dans les téraoctets de données exfiltrées pour identifier les documents les plus compromettants tels que des contrats confidentiels, des données personnelles sensibles, des correspondances avec les avocats…etc. Un moteur de recherche pour le chantage, quoi.

Dès décembre 2021, les premières victimes tombent comme des dominos. Moncler, la marque de luxe italienne qui se retrouve avec ses données étalées sur le dark web. Swissport, qui gère la logistique dans plus de 300 aéroports mondiaux et voit ses opérations paralysées. Des cabinets d’avocats de prestige, des hôpitaux, des universités… BlackCat ne fait pas dans la discrimination sociale, tant que la victime peut payer une rançon substantielle. Les montants varient de quelques centaines de milliers à plusieurs millions de dollars selon la taille et l’impact de l’attaque. Un business en pleine explosion !

Mais c’est en 2023 que BlackCat passe vraiment à la vitesse supérieure en nouant une alliance diabolique avec Scattered Spider, un groupe de jeunes hackers dont certains sont encore des adolescents de 17 à 22 ans, spécialisés dans l’ingénierie sociale. Ces gamins, principalement américains et britanniques, sont issus des communautés de gaming toxiques (Roblox, Minecraft) et ont évolué du SIM swapping vers le ransomware professionnel.

La méthode de Scattered Spider est redoutable mais imparable. D’abord, ils font de l’OSINT (Open Source Intelligence) intensif sur LinkedIn, Instagram, les sites d’entreprise. En gros, ils identifient des employés avec des accès privilégiés, c’est à dire les administrateurs système, les responsables IT, les managers avec des droits élevés. Puis ils les appellent directement, souvent en spoofant le numéro du support IT interne de l’entreprise grâce à des services VoIP. Le script est bienrodé : “Bonjour, ici le help desk de [NomEntreprise], on a détecté une activité suspecte sur votre compte, on doit procéder à un reset de sécurité de votre authentification multi-facteurs.

Les employés, conditionnés à faire confiance au support IT et souvent sous pression dans leur travail quotidien, donnent alors leurs codes d’accès ou acceptent le reset. Et en 10 minutes chrono, Scattered Spider est dans le système avec des droits d’administrateur sur Active Directory, Okta, ou Azure. Une fois à l’intérieur, ils déploient BlackCat en mode silencieux, exfiltrent les données sensibles, et ne déclenchent le chiffrement qu’une fois certains d’avoir récupéré tout ce qui les intéresse. C’est la combinaison parfaite entre l’ingéniosité sociale des digital natives et la puissance technique du ransomware nouvelle génération.

Le chiffrement des données en action

Le 11 septembre 2023, c’est l’apothéose. MGM Resorts, l’empire des casinos de Las Vegas qui pèse des milliards, tombe en 10 minutes. Un simple coup de fil de Scattered Spider au help desk où ils se font passer pour un employé trouvé sur LinkedIn, et boom, voilà que tout l’écosystème tech de MGM s’effondre comme un château de cartes. BlackCat se déploie méthodiquement sur plus de 100 hyperviseurs VMware ESXi. Les casinos sont littéralement paralysés… les machines à sous affichent des écrans bleus, les systèmes de réservation rendent l’âme, même les clés électroniques des chambres d’hôtel ne fonctionnent plus.

Les images sont complètement surréalistes… On voit des files d’attente interminables de touristes devant les bureaux d’enregistrement qui sont obligés de repasser au papier et au crayon. Des clients bloqués dans les couloirs d’hôtel, incapables d’ouvrir leur porte. Des croupiers contraints de revenir aux jetons physiques et aux calculs faits main comme dans les années 1970. Le Bellagio, le MGM Grand, le Mandalay Bay, tous les joyaux de Sin City touchés simultanément. Les pertes opérationnelles sont estimées à 100 millions de dollars pour le seul troisième trimestre 2023.

MGM Grand (source)

Mais MGM, dirigé par des cadres qui ont des couilles en acier, refuse catégoriquement de payer. Ils préfèrent tout reconstruire from scratch plutôt que de céder au chantage. C’est un pari financier et stratégique risqué qui leur coûtera une fortune, mais ils tiennent bon. BlackCat publie évidemment une partie des données volées sur leur blog de leak pour faire pression, mais l’impact reste gérable. MGM survit à l’épreuve, même si ça fait mal au porte-monnaie et à l’ego.

Mais Caesars Entertainment, l’autre mastodonte des casinos frappé quelques jours avant MGM, fait un choix diamétralement opposé. Plutôt que d’affronter des semaines de chaos opérationnel, ils choisissent la voie de la négociation pragmatique. La demande initiale de BlackCat était alors de 30 millions de dollars. Après des discussions tendues avec les négociateurs professionnels du groupe, ils s’accordent sur 15 millions. Dans l’univers impitoyable du ransomware, payer 50% de la demande initiale est considéré comme une victoire diplomatique. Caesars récupère ses systèmes, évite la publication d’informations sensibles sur des millions de clients, et reprend ses opérations quasi normalement.

Cette différence de stratégie entre MGM et Caesars devient immédiatement un cas d’école dans les universités et les formations en cybersécurité. D’un côté, MGM qui refuse de payer et met des semaines à récupérer complètement, avec des pertes financières massives mais un message moral fort. De l’autre, Caesars qui paie et repart en quelques jours, avec un coût maîtrisé mais l’amertume d’avoir financé le crime organisé. Les experts en sécurité restent profondément divisés sur la “bonne” approche. Payer encourage indéniablement les criminels à continuer, mais ne pas payer peut littéralement détruire votre business si vous n’avez pas les reins suffisamment solides.

Quoiqu’il en soit, BlackCat ne se repose jamais sur ses lauriers et continue d’innover à un rythme effréné. Nouvelle version 2.0 du ransomware avec chiffrement intermittent, c’est à dire qui ne chiffre qu’une partie des fichiers pour aller plus vite tout en gardant une bonne efficacité. Un nouvel outil d’exfiltration qui compresse automatiquement les données à la volée pour optimiser les transferts. Un nouveau système de paiement qui accepte Monero en plus de Bitcoin pour plus d’anonymat. Bref, ils ont systématiquement un coup d’avance sur la concurrence et surtout sur les forces de l’ordre.

Mais leur innovation la plus controversée (et, géniale, je trouve) c’est le lancement d’une API publique pour les chercheurs en sécurité. Oui, vous avez bien lu ! BlackCat développe une interface de programmation qui permet aux entreprises de vérifier automatiquement si leurs données ont été volées et leakées. L’idée est diabolique : Pourquoi négocier dans l’ombre quand on peut automatiser le processus de vérification et de chantage ? Les victimes potentielles peuvent alors checker leurs données, voir exactement ce qui a fuité, évaluer l’impact, et décider en connaissance de cause s’il faut payer ou non.

Annonce de leurs nouveautés

Cette API devient rapidement populaire, y compris auprès d’utilisateurs légitimes. Les chercheurs en cybersécurité s’en servent pour tracker les victimes et comprendre les modes opératoires. Les journalistes l’utilisent pour leurs enquêtes sur le cybercrime. Même des concurrents de BlackCat viennent étudier le code pour s’en inspirer. Un groupe criminel qui fournit un service d’utilité publique et démocratise l’accès à l’information sur ses propres crimes, c’est encore du jamais vu !

Puis le 19 décembre 2023, un coup de théâtre qui va chambouler tout l’écosystème BlackCat. Le FBI, en collaboration avec Europol et des agences de plusieurs pays, annonce officiellement avoir saisi l’infrastructure du groupe. Le site principal de BlackCat affiche une bannière “This site has been seized by the FBI” avec le sceau officiel. Les affiliés paniquent totalement, les victimes en cours de négociation ne savent plus à qui payer, c’est le chaos absolu dans l’empire cybercriminel. Les forums du dark web s’enflamment, et tout le monde spécule sur l’ampleur réelle de l’opération.

Sauf que… quelque chose cloche dans cette histoire de saisie. Les serveurs de négociation individuels continuent mystérieusement de fonctionner. Le blog de leak reste accessible via des URLs alternatives. Les affiliés peuvent toujours télécharger le ransomware et déployer leurs attaques. Est-ce vraiment une saisie complète par le FBI ou juste une opération de communication pour déstabiliser le groupe ? La réalité s’avère plus nuancée et moins glorieuse que les communiqués officiels.

Les détails de l’opération révèlent que le FBI a effectivement eu accès à certains serveurs BlackCat grâce à un informateur infiltré qui avait obtenu le statut d’affilié. Ils ont ainsi récupéré 946 paires de clés publiques/privées et développé un outil de déchiffrement distribué gratuitement à plus de 500 victimes, leur évitant ainsi de payer environ 68 millions de dollars de rançons cumulées. Mais c’est un succès partiel car BlackCat conserve le contrôle de l’essentiel de son infrastructure grâce à l’architecture décentralisée qu’ils avaient intelligemment mise en place dès le début.

La réaction de BlackCat à cette “saisie” est brutale et révèle leur véritable nature. Dans un message vengeur publié sur leur blog, ils déclarent la guerre totale aux autorités américaines et annoncent la levée de toutes leurs restrictions auto-imposées. Plus aucune limite morale ou géopolitique. Les hôpitaux, les infrastructures critiques, les centrales électriques, même les installations nucléaires deviennent des cibles légitimes. “Le FBI a franchi une ligne rouge en s’attaquant à nous”, écrivent-ils dans un communiqué rageur. “Nous franchissons la nôtre aussi. Que les conséquences retombent sur eux.

C’est dans ce climat de guerre ouverte entre BlackCat et les autorités américaines qu’éclate l’affaire Change Healthcare en février 2024. Un affilié expérimenté surnommé “Notchy”, probablement lié à des groupes chinois selon des analystes en renseignement, réussit à infiltrer le système de cette entreprise absolument stratégique. Change Healthcare, c’est pas n’importe qui puisqu’ils traitent 15 milliards de transactions médicales par an, soit environ un tiers de tous les paiements de santé aux États-Unis. C’est littéralement le système nerveux financier de la médecine américaine.

L’impact de l’attaque est proprement catastrophique car du jour au lendemain, des milliers de pharmacies ne peuvent plus traiter les ordonnances électroniques. Les hôpitaux se retrouvent incapables de facturer les compagnies d’assurance. Les patients diabétiques ou cardiaques ne peuvent plus obtenir leurs médicaments. Bref, c’est une crise sanitaire nationale d’une ampleur inédite. Change Healthcare n’a littéralement aucune marge de manœuvre et doivent payer pour éviter l’effondrement du système de santé américain. Ils n’ont pas le choix.

La négociation entre Notchy et Change Healthcare se déroule pendant plusieurs semaines dans une atmosphère de crise absolue. La demande initiale est de 60 millions de dollars, soit une des plus grosses rançons jamais exigées. Change Healthcare contre-propose désespérément 15 millions mais après des jours de marchandage intense avec les négociateurs professionnels de BlackCat, qui je vous le rappelle, ont des équipes dédiées disponibles 24h/24 dans plusieurs fuseaux horaires, ils finissent par s’accorder sur 22 millions de dollars. Le 1er mars 2024, Change Healthcare envoie alors 350 Bitcoin (valeur de l’époque, environ 22 millions de dollars) à l’adresse crypto fournie par l’organisation BlackCat.

Et là, c’est le drame qui va révéler la véritable nature de BlackCat et bouleverser tout l’écosystème du ransomware moderne. Notchy, qui a passé des mois sur cette opération complexe et attend “légitimement” sa part de 80% selon l’accord d’affiliation standard (soit environ 17,6 millions de dollars), se retrouve face à un silence radio total. Un jour passe sans nouvelles. Puis deux. Puis une semaine entière. Le 3 mars, pris d’un mauvais pressentiment, Notchy tente de se connecter au panel d’administration de BlackCat pour vérifier le statut de sa mission. Message affiché : “Accès refusé”. Il essaie alors de contacter les administrateurs via les canaux Tox sécurisés habituels mais pas de réponse. Il tente ensuite les serveurs de backup, les channels Discord privés, et même les anciens moyens de communication d’urgence.

Le vide absolu.

C’est à ce moment-là que la réalité frappe Notchy comme un uppercut. Il vient de se faire arnaquer par ses propres patrons. Les administrateurs de BlackCat ont tout simplement empoché les 22 millions de dollars et l’ont éjecté du système. Dans le monde du crime organisé traditionnel, ça s’appelle “se faire buter après le casse”. Dans l’univers cybercriminel, c’est un exit scam d’une ampleur légendaire !

La réaction de Notchy est explosive et va marquer un tournant dans l’histoire du cybercrime car il débarque en rage sur les forums RAMP et BreachForums et balance absolument tout ce qu’il sait. Screenshots des négociations avec Change Healthcare, preuves du paiement de 350 Bitcoin, messages ignorés avec les admins BlackCat, même les details techniques de l’infiltration. “BlackCat m’a volé 22 millions de dollars et vous êtes les prochains !”, hurle-t-il dans un post de 15 pages qui fait l’effet d’une bombe dans la communauté cybercriminelle.

L’onde de choc est immédiate et titanesque. La communauté cybercriminelle mondiale, habituée aux coups fourrés entre gangs rivaux, est en état de sidération totale. Un groupe de ransomware qui arnaque ses propres affiliés avec qui il partage les risques et les bénéfices ?? C’est du jamais vu dans l’histoire du cybercrime organisé. C’est comme si la mafia sicilienne décidait soudainement de buter tous ses capos après chaque opération réussie. Les règles non-écrites du milieu volent alors en éclats.

Mais tout ceci n’est que le début du feuilleton car le 5 mars, BlackCat publie un message laconique sur leur blog qui va rester dans les annales : “Nous fermons définitivement nos opérations. Les pressions du FBI ont rendu notre business model intenable. Merci à tous nos affiliés pour leur collaboration. Bonne chance pour la suite.” Et puis… plus rien. Silence radio total. Les serveurs s’éteignent méthodiquement un par un, le code source du ransomware disparaît des dépôts privés, les administrateurs s’évaporent de tous les canaux de communication.

BlackCat cesse purement et simplement d’exister.

L’analyse forensique de la blockchain Bitcoin révèlera l’ampleur de l’arnaque et la préméditation de l’opération. Les 350 Bitcoin de Change Healthcare ont été immédiatement fragmentés et dispersés à travers un réseau complexe de plus de 50 adresses intermédiaires, puis passés dans des mixers automatisés avant d’être reconvertis en Monero pour une anonymisation totale. Les administrateurs de BlackCat ont mis en place un système de blanchiment digne des plus grandes organisations criminelles et n’ont pas gardé un seul satoshi pour Notchy. C’est le parfait exit scam, minutieusement planifié et exécuté avec une froideur industrielle.

La communauté cybercriminelle mondiale explose alors littéralement. Sur RAMP, XSS, BreachForums, c’est la guerre civile numérique. Certains anciens affiliés défendent encore BlackCat : “Le FBI les a forcés à fermer, ils ont fait ce qu’ils pouvaient.” et d’autres crient à la trahison absolue : “Ils ont détruit 30 ans de confiance dans le modèle RaaS, ces enfoirés nous ont tous niqués.” Les modérateurs des forums, d’habitude neutres, prennent même position de manière inédite : BlackCat est officiellement banni de tous les espaces de discussion, leurs anciens comptes sont fermés, leur réputation est définitivement détruite. Même entre voleurs, il y a des limites à ne pas franchir.

Notchy, l’affilié floué qui se retrouve avec des mois de travail pour rien et 22 millions de dollars envolés, ne se laisse évidemment pas faire. Il lance un ultimatum public sur tous les forums… soit les admins disparus de BlackCat lui versent sa part dans les 48 heures, soit il publie l’intégralité des 6 téraoctets de données volées chez Change Healthcare. Données qui incluent des informations médicales ultra-sensibles sur des millions d’Américains, des militaires couverts par Tricare, des employés CVS, MetLife, des dizaines d’autres assureurs. Change Healthcare se retrouve alors dans une position impossible : ils ont déjà payé 22 millions, et maintenant on leur demande implicitement de payer encore pour éviter le leak.

Épuisé par des semaines de crise et refusant de céder une nouvelle fois au chantage, ils choisissent alors de ne plus négocier. Puis le 20 mars 2024, un mystérieux nouveau groupe appelé RansomHub, qui ressemble étrangement à une reconversion de Notchy ou d’anciens affiliés BlackCat, publie effectivement les données de Change Healthcare sur leur blog de leak. 4 téraoctets d’informations médicales ultra-confidentielles, des millions de patients impactés, un scandale sanitaire d’ampleur historique. Mais qui se cache réellement derrière RansomHub ? Notchy ? Un autre ancien affilié de BlackCat ? Des opportunistes qui ont récupéré les données ? Le mystère reste entier encore à ce jour, mais à ce moment là, le chaos est total.

L’impact de l’exit scam de BlackCat va bien au-delà des 22 millions de dollars volés et ébranle les fondements mêmes du modèle économique du Ransomware-as-a-Service, qui avait pourtant fait ses preuves depuis 2019 avec des groupes comme REvil ou LockBit, qui se retrouve remis en question. Si même les gangs les plus établis et respectés peuvent arnaquer leurs propres affiliés sans préavis, qui peut-on encore croire dans cet écosystème ?

La méfiance s’installe alors durablement dans tous les forums du dark web. Les nouveaux affiliés exigent désormais des garanties financières, des comptes escrow gérés par des tiers de confiance, des preuves de bonne foi, des références vérifiables. Certains demandent même des cautions de plusieurs millions de dollars avant d’accepter de travailler avec un nouveau groupe RaaS. L’époque de la confiance aveugle basée sur la réputation est révolue.

Certains experts de la cybersécurité y voient même la fin d’une époque dorée pour les cybercriminels, car quand la confiance, paradoxalement essentielle même entre criminels, disparaît complètement, tout ce système collaboratif s’effondre. D’autres experts prédisent au contraire une consolidation darwinienne où seuls les groupes avec une vraie réputation historique et des garanties financières béton survivront.

Mais où sont donc passés les mystérieux administrateurs de BlackCat avec leurs 22 millions de dollars ?

Les théories du complot abondent sur les forums spécialisés où certains pensent qu’ils ont été discrètement recrutés par les services de renseignement russes pour développer des cyberarmes d’État. D’autres qu’ils se sont reconvertis dans la crypto-fraude ou les arnaques DeFi, secteurs moins risqués et tout aussi lucratifs. Les plus cyniques suggèrent qu’ils préparent déjà leur prochain coup sous une nouvelle identité, avec un ransomware encore plus sophistiqué et un business model “amélioré”.

En tout cas, BlackCat avait absolument tout pour devenir le LockBit ou le Conti de leur génération et dominer l’écosystème ransomware pendant des années… Mais l’appât du gain immédiat et la cupidité pure ont été plus forts que la vision stratégique. Pour 22 petits millions de dollars soit même pas 6 mois de revenus à leur rythme de croissance, ils ont détruit un business potentiel de plusieurs milliards.

BlackCat laisse un héritage amer mais instructif car ils ont définitivement prouvé que les attaques par ingénierie sociale restaient terriblement efficaces malgré toutes les formations de sensibilisation et que la technologie de chiffrement la plus sophistiquée ne valait absolument rien face à la naïveté humaine et aux processus IT mal sécurisés.

L’épilogue de cette histoire tragique continue de s’écrire en temps réel. Notchy se balade encore sur les forums quand il n’a pas de nouvelles opérations en cours, Change Healthcare panse toujours ses plaies financières et répare péniblement sa réputation et le FBI continue ses investigations pour identifier et arrêter les administrateurs disparus, sans grand succès pour l’instant. Y’a même une récompense de 10 millions de dollars si vous avez des infos.

Et quelque part, peut-être sur une plage paradisiaque des Caraïbes ou dans un penthouse de Dubaï, les cerveaux de BlackCat sirotent probablement des cocktails hors de prix achetés avec les 22 millions de dollars de leur ultime trahison.

La morale de cette histoire, si tant est qu’il puisse y en avoir une dans l’univers du ransomware, c’est que personne n’est jamais digne d’une confiance absolue, surtout pas les criminels. Donc si vous êtes un affilié RaaS qui lisez ceci, méfiez-vous car le prochain exit scam pourrait bien vous viser personnellement…

Sources : ALPHV BlackCat - Wikipedia, BlackCat Ransomware Analysis - Microsoft Security, Exit Scam Analysis - KrebsOnSecurity, Notchy Affiliate Drama - DarkReading, BlackCat Alphv Ransomware - Heimdal, This year’s most sophisticated ransomware, Story of Cyberattack – Change Healthcare

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