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Allemagne : le revirement polémique de Friedrich Merz sur l’accueil de réfugiés afghans

Berlin ne tiendra pas parole. Plusieurs centaines de réfugiés Afghans qui ont fui le retour des talibans ne seront finalement pas évacués du Pakistan, où ils attendent un visa pour l’Allemagne. Nombre d’entre eux ont apporté leur aide à l’armée allemande lors de l’invasion de l’Afghanistan par les Etats-Unis, exerçant comme journalistes, avocats ou militants des droits de l’Homme. Une lourde menace pèse sur leur vie en cas de retour dans leur pays natal, sous la coupe du mouvement islamiste depuis 2021.

Leur espoir d’atteindre l’Europe, et la sécurité, vient de s’effondrer. Dans les prochains jours, 640 exilés recevront une note officielle "indiquant qu’il n’y a plus d’intérêt politique à les accueillir", a déclaré cette semaine la porte-parole du ministère de l’Intérieur, Sonja Kock.

C’est Friedrich Merz, le chancelier allemand, qui est revenu sur la promesse d’accueil faite par son prédécesseur à un total de 1 800 Afghans environ. Une décision qui s’inscrit dans le tournant conservateur - particulièrement à l’égard de l’immigration - pris par le dirigeant, en proie aux pressions de l’extrême droite grandissante dans son pays.

La fiabilité allemande remise en cause

Cette résolution, alors que plus de 250 ONG avaient justement exhorté mardi Berlin à tenir parole, en appelant à protéger ces réfugiés "d’une expulsion du Pakistan vers l’Afghanistan et des persécutions qui y sont exercées par les talibans", a été largement critiquée par de nombreuses associations.

Dans un communiqué, l’association allemande Pro Asyl s’indigne : "Le gouvernement précédent n’avait accordé l’asile à ces personnes que pour une seule raison : leur engagement pour les droits des femmes, les droits humains et la liberté en Afghanistan". Et les militants de tancer : "Ils risquent désormais de tomber entre les mains du régime islamiste taliban, nouveaux alliés du ministre fédéral de l’Intérieur".

Sur Bluesky, le journaliste de guerre allemand, Thomas Wiegold, s’inquiète des conséquences que pourrait avoir cette promesse rompue sur les futures missions militaires de son pays. "Les soldats allemands ne peuvent qu’espérer ardemment ne plus jamais, jamais, dépendre du soutien local, où que ce soit".

Offre financière

Ces derniers mois, le gouvernement allemand a multiplié les stratégies pour repousser les exilés afghans. Comme lorsqu’il a proposé de l’argent à ceux qui renonceraient à leur droit d’être évacués.

Sur son territoire aussi, l’exécutif allemand mène une politique de répression à l’encontre des réfugiés afghans. Cet été, le gouvernement a annoncé l’expulsion vers leur pays d’origine de 81 Afghans condamnés par la justice, la seconde opération du genre depuis le retour au pouvoir des talibans. Malgré les critiques de l'ONU, Friedrich Merz ne semble pas prêt à reculer. En octobre, son ministre de l’Intérieur Alexander Dobrindt se félicitait qu’un accord avec les talibans serait bientôt conclu pour rendre "réguliers" les vols d’expulsions vers l’Afghanistan. Une annonce d'’autant plus surprenante que Berlin ne reconnaît pas directement le mouvement islamiste comme gouvernement légitime du pays.

© afp.com/RALF HIRSCHBERGER

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Dix ans après avoir failli se faire éjecter de la zone euro, la Grèce prend sa revanche

"C’est la reconnaissance la plus éclatante de la trajectoire positive de notre patrie", s’est félicité ce jeudi 11 décembre le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, saluant "un jour de fierté pour le pays, pour le gouvernement et pour tous les citoyens". Et pour cause : le pays qui a failli être expulsé de la zone euro il y a dix ans dirige maintenant le puissant organe de l’UE qui l’a sauvé de la faillite.

"Il y a 10 ans, le débat ici à Bruxelles était de savoir si la Grèce allait sortir ou pas de la zone euro. Et pourtant, elle a tenu bon. C’est un témoignage de bien des choses, de la force collective de notre peuple, et de la solidarité européenne", a déclaré à la presse le ministre des Finances grec, tout juste élu par ses pairs à la tête de l’Eurogroupe, Kyriakos Pierrakakis. Il a battu jeudi le vice-Premier ministre belge Vincent Van Peteghem dans la course à la présidence de l’instance. "La Grèce a parcouru un si long chemin au cours des 10 dernières années", a résumé le président du Conseil, Antonio Costa.

"Pouvoir de résilience"

Pourtant, peu de diplomates s’attendaient initialement à ce que l’informaticien et économiste politique de 42 ans ne remporte la course à la tête de l’Eurogroupe après la démission du titulaire Paschal Donohoe le mois dernier. Le Belge Van Peteghem pouvait se vanter de plus d’expérience et du respect dont il bénéficie au sein de la zone euro, ce qui faisait de lui le premier favori pour gagner, comme le souligne le journal en ligne Politico.

Kyriakos Pierrakakis est ministre des Finances depuis mars, après avoir piloté la transformation de l’administration grecque depuis 2019 en tant que ministre de la Gouvernance numérique, puis de l’Education. Dans sa candidature, il avait mis en avant "le pouvoir de la résilience" dont sa génération a fait preuve, après la tourmente des années 2010, lorsque la crise de la dette grecque a failli provoquer l’implosion de la zone euro. Une "crise existentielle" qui a démontré selon lui "le coût de la complaisance, la nécessité des réformes et l’importance de la solidarité européenne".

Politique budgétaire de la zone euro

L’Eurogroupe est une instance créée en 1997 qui coordonne les politiques économiques et budgétaires des 20 pays de la zone euro, bientôt au nombre de 21, la Bulgarie s’apprêtant à adopter la monnaie unique le 1er janvier prochain. En tant que président de l’Eurogroupe, le chef des finances grec présidera les réunions mensuelles de ses homologues et représentera la zone euro à l’échelle internationale. Il devra aussi la représenter dans différents organismes internationaux (FMI, Banque mondiale, G7 Finances…), ce qui lui procure une stature internationale, note l’agence Bloomberg.

Le chef des finances grecques a déjà donné un indice sur ses priorités dans son nouveau rôle. Dans une lettre de motivation pour le poste, il avait indiqué vouloir se concentrer sur le syndicat d’épargne et d’investissement du bloc, l’achèvement du marché unique, l’euro numérique et la souveraineté technologique de l’Europe, ainsi que sur la sauvegarde des fondements économiques du continent.

Conçu à l’origine comme un rassemblement informel pour échanger des points de vue, l’Eurogroupe est devenu au fil du temps l’un des forums les plus surveillés de la région pendant la crise de la dette souveraine. Il a notamment négocié des accords sur les renflouements d’urgence, une refonte des règles bancaires de l’Union européenne et des prêts pour empêcher la Grèce de faire défaut et de sortir de l’euro.

© afp.com/NICOLAS TUCAT

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Le gouvernement renversé par la Gen Z : que se passe-t-il en Bulgarie ?

En Europe, la mobilisation de la génération Z vient de faire tomber un gouvernement. A trois semaines de l’entrée du pays dans la zone euro, le gouvernement bulgare n’a pas résisté à la pression de la rue. Jeudi 11 décembre, le Premier ministre Rossen Jeliazkov a annoncé sa démission après une nouvelle manifestation de masse pour dénoncer la corruption dans l’appareil de l’État. "Vox populi, vox dei", a déclaré le chef du gouvernement au Parlement, reprenant la citation latine de "la voix du peuple [est] la voix de Dieu". "Nous devons nous lever pour répondre à leurs demandes. Et leur demande est la démission du gouvernement", a-t-il déclaré.

Mercredi soir, des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté dans la capitale Sofia et dans d’autres villes du pays, dans une nouvelle démonstration de colère contre des dirigeants accusés de corruption. Mobilisés sur TikTok et d’autres réseaux sociaux, les Bulgares ont défilé avec des pancartes indiquant "La génération Z arrive" et "La génération Z contre la corruption".

Échec d’un budget libellé en euro

En Bulgarie, la vague de mécontentement, sans précédent depuis plusieurs années, avait commencé fin novembre, lorsque le gouvernement avait tenté de faire voter via une procédure accélérée le budget 2026, le premier libellé en euros. Sous la pression de la rue, il avait retiré le 3 décembre son projet de budget, qui prévoyait une hausse d’impôts et de cotisations sociales. Autant d’augmentations destinées à dissimuler des détournements de fonds, selon les contestataires et l’opposition. Un nouveau projet de budget a été présenté au Parlement en début de semaine, sans apaiser la colère.

La corruption dans ce pays des Balkans peuplé de 6,5 millions d’habitants a longtemps été omniprésente, même après son entrée dans l’Union européenne en 2007. Constamment classée comme l’un des États membres les plus corrompus du bloc par Transparency International, la Bulgarie n’a pas réussi à obtenir des condamnations de haut niveau pour corruption ces dernières années, alimentant la colère du public et suscitant des critiques répétées de Bruxelles pour son bilan en matière d’état de droit.

Bien que l’effondrement du gouvernement bulgare n’arrête pas le passage prévu au 1er janvier à l’euro, il prolonge une crise politique qui a déclenché sept élections législatives en seulement quatre ans et ajoute au malaise des Bulgares qui craignent une envolée des prix dès le 1er janvier. Le processus de changement de monnaie ne devrait cependant pas être affecté car les institutions directement impliquées dans le processus, "telles que la Banque nationale bulgare, sont indépendantes", a souligné auprès de l’Agence France Presse Petar Ganev, chercheur senior à l’Institut pour l’économie de marché (IME). Toutefois, pense-t-il, "tout problème mineur lié à l’introduction de l’euro, tel qu’une augmentation de prix ou un distributeur automatique de billets hors service, deviendra un sujet de débat politique".

Nouvelles élections en perspectives

Le fragile gouvernement de Rossen Jeliazkov avait été formé en janvier, rassemblant une coalition de circonstance entre les conservateurs du GERB de l’ancien Premier ministre Boïko Borissov et trois autres formations. En vertu de la Constitution bulgare, sa démission doit être désormais avalisée par le Parlement. Ce dernier se réunit ce vendredi matin. Il incombe ensuite au chef de l’Etat de confier un mandat pour la formation d’un nouveau gouvernement dans le cadre de l’assemblée actuelle. Mais les principaux partis politiques ayant d’ores et déjà fait savoir qu’ils ne comptaient pas s’allier, le président convoquera des élections extraordinaires, celles-ci devant se dérouler dans les deux mois qui suivent.

"Les manifestations ont montré qu’il y a suffisamment d’énergie civile chez les jeunes générations pour aller contre l’orgueil perçu d’une élite politique et économique enracinée qui a profité des pratiques de capture de l’État pour rester au pouvoir", a déclaré auprès du Wall Street Journal Martin Vladimirov, directeur du programme de géoéconomie au Center for the Study of Democracy, un groupe de réflexion basé à Sofia.

La Bulgarie est devenue le dernier point d’achoppement d’une année marquée par les mobilisations de la génération Z. Les manifestations de jeunes ont fait tomber les gouvernements au Népal et à Madagascar ces derniers mois. Et secoué d’autres pays, dont le Maroc ou encore le Pérou.

© afp.com/DIMITAR KYOSEMARLIEV

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“Wahou !”, un ministre grec à la tête de l’Eurogroupe

Le ministre des Finances grec, Kyriakos Pierrakakis, a été élu à la présidence de l’Eurogroupe le jeudi 11 décembre en fin de journée. Un symbole fort pour le pays, veut croire la presse nationale, qui salue la trajectoire positive de l’économie grecque.

© Photo NICOLAS TUCAT/AFP

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Traque d’un sous-marin russe, Brandt dans la tourmente, succès français aux Game Awards : le point à la mi-journée

La Royal Navy qui a traqué un sous-marin russe pendant trois jours jusqu’à Ouessant ; le gouvernement qui « ne laisse pas tomber Brandt » ; « Clair Obscur : Expedition 33 » qui a remporté le titre convoité de « jeu vidéo de l’année »… Ce qu’il faut retenir de cette matinée du vendredi 12 décembre 2025 est à découvrir ici.

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Trump: faiseur de paix factices ?

A l'heure où le Cambodge et le Vietnam s'affrontent à nouveau, où rien ne semble véritablement réglé entre la RDC et le Rwanda, où la guerre à Gaza menace de repartir à tout moment et où l'Ukraine reste déséspérement le théâtre du conflit le plus meurtrier en Europe depuis 1945, que penser des "trêves" négociées par Donald Trump qui revendique le rôle de "faiseur de paix" ? On va plus loin avec Zyad Limam et Anne Corpet.

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