Le profil des tireurs de Bondi Beach se précise : “Un attentat inspiré par l’État islamique”
© photo Flavio Brancaleone /REUTERS
© photo Flavio Brancaleone /REUTERS
© PHOTO Carlos Eduardo Ramirez/REUTERS

© MIGUEL MEDINA/AFP
© Pablo Sanhueza / REUTERS

© SCOTT OLSON/GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP

© Mark Baker / AP

© FRANÇOIS LO PRESTI / AFP
Petite république insulaire posée aux portes du Venezuela, Trinité-et-Tobago s’impose depuis plusieurs mois comme un allié assumé de Donald Trump dans les Caraïbes. De quoi érafler durablement ses relations avec Caracas. Dernier épisode en date : l’archipel a été accusé, lundi 15 décembre, par le Venezuela, d’avoir participé à la saisie par les Etats-Unis d’un pétrolier transportant du brut vénézuélien, une première dans l’escalade entre Washington et le pouvoir de Nicolas Maduro.
L’opération, impliquant des hélicoptères et des soldats américains descendus en rappel sur le pont du navire, a été dénoncée par Caracas comme un "acte de piraterie internationale". Trinité-et-Tobago a immédiatement rejeté toute implication directe. La Première ministre Kamla Persad-Bissessar, élue en mai dernier et proche de Donald Trump, a affirmé ne pas être "perturbée" par les accusations, invitant les autorités vénézuéliennes à "adresser leurs plaintes au président Trump", selon des déclarations transmises à l’AFP.
Dans la foulée, Port-d’Espagne a toutefois autorisé les Etats-Unis à utiliser ses aéroports "pour les semaines à venir" pour des opérations de nature logistique, alimentant la colère de Caracas. Depuis août, Washington a renforcé sa présence militaire dans les Caraïbes, officiellement pour lutter contre le narcotrafic. Le Venezuela y voit une stratégie de pression visant à affaiblir le régime Maduro et à contrôler ses immenses ressources pétrolières.
En réponse, le gouvernement vénézuélien a annoncé la suspension immédiate de tous les contrats et négociations liés à l’approvisionnement en gaz naturel de Trinité-et-Tobago, prolongeant une rupture amorcée dès la fin octobre. Une décision lourde de conséquences pour l’archipel, historiquement dépendant de la coopération énergétique avec son voisin.
De taille modeste — 1,4 million d’habitants et une armée de moins de 6 000 soldats — Trinité-et-Tobago est située à une dizaine de kilomètres seulement des côtes vénézuéliennes. Fin octobre, l’archipel a accueilli le navire de guerre américain USS Gravely, tandis qu’un contingent de Marines a mené des manœuvres du 16 au 21 novembre. Après avoir nié leur présence, la Première ministre a reconnu que plus de 100 Marines travaillaient sur des infrastructures aéroportuaires et de surveillance.
Le rapprochement avec Washington est assumé. Kamla Persad-Bissessar n’a cessé de multiplier les déclarations hostiles au pouvoir vénézuélien, tout en assurant que les États-Unis n’utilisent pas le territoire trinidadien pour lancer des attaques contre Caracas. Son discours sécuritaire, très aligné sur celui de Donald Trump, s’inscrit à la fois dans une stratégie de lutte contre le crime organisé et dans un opportunisme économique assumé. En septembre dernier, la septuagénaire appelait sans détour l’armée américaine à "tuer violemment" les trafiquants, dans un message publié le 2 septembre sur son compte WhatsApp, selon Le Monde.
Pour les Etats-Unis, Trinité-et-Tobago représente un point d’appui stratégique, dans un contexte de regain d’influence américaine en Amérique latine. La visite, fin novembre, du chef d’état-major américain Dan Caine à Port-d’Espagne — une première pour un responsable militaire de ce rang — a confirmé l’importance de l’archipel dans la campagne américaine dans les Caraïbes. Washington a également installé un radar sur le nouvel aéroport de Tobago, renforçant ses capacités de surveillance régionale.
Mais cette alliance étroite ne va pas sans risques. A Caracas, le ministre de l’Intérieur Diosdado Cabello accuse la Première ministre trinidadienne de "mettre en danger les relations bilatérales" et la sécurité de sa population. Des voix plus nuancées s’élèvent toutefois dans la région. Pour l’expert en sécurité Garvin Heerah, cité par The Hill, "le Venezuela restera notre voisin", notamment en matière de pétrole et de gaz. Dans le pays même, la ligne dure du gouvernement divise : la presse et une partie de la société civile dénoncent une perte de souveraineté et un alignement excessif sur Washington. En septembre, le Trinidad and Tobago Newsday tranchait : "Kamla roule pour Trump".

© afp.com/MARTIN BERNETTI