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Surtourisme aux Lofoten : mémoire et culture en résistance

En Norvège, les îles Lofoten ont acquis avec l'essor d'Instagram et de Tiktok une notoriété inattendue. Chaque année, un flot de plus d’un million de touristes vient cohabiter avec une petite population locale de 25 000 personnes. Conséquences : dégradation des espaces naturels, excréments humains dans les jardins et les cimetières, mais aussi la perte d'identité.

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Iran : Narges Mohammadi, arrêtée par le pouvoir pour "couper court à toute convergence des luttes"

Défense des droits des femmes, des syndicalistes, lutte contre la peine de mort... les autorités iraniennes craignent l'émergence d'une convergence des luttes. L'arrestation de la prix Nobel de la paix Narges Mohammadi et de plusieurs dizaines de militants de premier plan, le 12 décembre, après une cérémonie en hommage à un avocat décédé, illustre cette crainte du régime.

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La Chine veut relancer sa natalité... en taxant préservatifs et pilules contraceptives

Comment inciter la population à faire plus d'enfants ? La Chine a entrepris une vaste série de mesures pour relancer la natalité du pays, en baisse depuis plusieurs années. La dernière en date : à compter du 1ᵉʳ janvier prochain, une mesure, intégrée à une loi fiscale de 2024, entrera en vigueur : la taxation des moyens contraceptifs. Préservatifs et pilules contraceptives seront désormais soumis à un taux de TVA de 13 %. Une nouveauté, car l'ensemble de ces produits ou traitements demeuraient jusque-là exemptés de tout prélèvement de ce genre. Pour Pékin, cette évolution intervient dans la continuité du changement de doctrine du pays quant à la question de la famille.

Une démographie en berne

En effet, pendant plus de 30 ans, entre 1979 et 2015, la Chine a limité le nombre d'enfants à un seul par ménage. Une "politique de l'enfant unique" strictement appliquée, les parents pouvant être poursuivis pénalement pour avoir enfreint la règle. Mais depuis 2016, le pouvoir chinois a lâché du lest en la matière. Deux enfants ont d'abord été autorisés pour chaque famille, avant qu'un troisième soit à son tour permis en 2021. Aujourd'hui, l'État chinois enjoint même dorénavant à fonder une famille. En cause ? La démographie en berne du pays, qui a perdu 1,39 million d'habitants en 2024 par rapport à 2023. Sur cette même année, seuls 9,3 millions de bébés sont nés en Chine, contre 14,7 millions en 2019. En 2023, l'Inde est devenue, au détriment de Pékin, le premier pays du monde en nombre d'habitants (1,426 milliard).

Ces chiffres ont de quoi inquiéter le président chinois, Xi Jinping. Depuis plusieurs années, son gouvernement a mis en œuvre plusieurs dispositions pour pousser la population à donner naissance à davantage d'enfants. Jusqu'à l'âge de trois ans, une allocation spécifique est versée aux parents d'un nouveau-né pour les accompagner dans les premiers mois post-grossesse. Des allègements fiscaux vont également bientôt être appliqués pour les services de garde d'enfants, ou, plus étonnant, les agences matrimoniales. Les prix pour faire un enfant via une fécondation in vitro ont par ailleurs été revus à la baisse.

Dans un article consacré au sujet, The Guardian rapporte que certaines régions vont encore plus loin dans cet objectif de relance de la natalité. Certaines femmes expliquent ainsi avoir déjà reçu des coups de fil de la part d'agents gouvernementaux pour les questionner sur leur désir de fonder une famille. Dans la province du Yunnan, d'autres auraient été forcées de communiquer la date de leurs dernières règles auprès des pouvoirs publics locaux, indique le quotidien britannique, se basant sur des informations parues dans la presse chinoise. De façon plus générale, la télévision et les médias contrôlés par le régime du PCC (Parti communiste chinois) encouragent régulièrement les étudiantes à faire des enfants durant leur cursus universitaire – quitte à mettre à mal la suite de leur parcours.

Difficultés économiques et coûts d'éducation

Tandis que sa population vieillit et que l'économie chinoise n'est plus aussi florissante qu'il y a une décennie, Pékin cherche à s'assurer suffisamment de main-d'œuvre pour ses projets futurs. Dans ce contexte, la nouvelle taxe sur les préservatifs et les pilules apparaît avant tout comme un moyen d'entériner la nouvelle orientation adoptée par le pouvoir sur la natalité. "Maintenant que la politique de natalité de la Chine encourage les naissances et ne promeut plus la contraception, il est raisonnable de rétablir la taxation des contraceptifs, souligne, toujours auprès du Guardian, He Yafu, démographe chinois indépendant. "Toutefois, il est peu probable que cette mesure ait un impact significatif sur le taux de fécondité." Aujourd'hui, le coût d'un préservatif est plutôt faible en Chine et ne dépasse parfois pas 0,60 dollar.

D'autres causes peuvent davantage expliquer cette démographie en berne. Les difficultés économiques rencontrées par certains Chinois peuvent par exemple mettre à mal leur projet de fonder une famille. Cet été, le taux de chômage des jeunes a atteint dans le pays un niveau record. Autre facteur contraignant : la Chine constitue aujourd'hui l'un des États les coûteux au monde pour élever sa progéniture. L'an dernier, l'Institut de recherche démographique YuWa de Pékin avait ainsi dévoilé un rapport montrant qu'une famille chinoise devrait dépenser en moyenne plus de 538 000 yuans, soit environ 65 000 dollars, pour éduquer son enfant. Un niveau largement supérieur au PIB annuel par habitant.

Tant de paramètres qui poussent beaucoup de Chinois à rester célibataires – en 2019, leur nombre s'élevait à environ 240 millions au sein des frontières nationales, selon le gouvernement. Conséquence de l'ensemble de ces éléments : outre le recul des naissances, le nombre de mariages a largement diminué l'an dernier en Chine, à hauteur de - 20 %.

© afp.com/ADEK BERRY

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