Donald Trump menace de poursuivre le président de la Réserve fédérale américaine

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Le décor a un peu changé, mais les protagonistes restent les mêmes. Plutôt qu’à la Maison-Blanche, théâtre de leurs précédentes rencontres aux États-Unis, Donald Trump a cette fois convié lundi 29 décembre Benyamin Netanyahou dans sa résidence privée de Mar-a-Lago (Floride), où il passe les fêtes de fin d’année. Le contenu des échanges, lui, s’est inscrit dans la même tonalité que lors de leurs récents tête-à-tête : malgré quelques désaccords, le Premier ministre israélien a pu constater que son allié américain continuait d’afficher un puissant soutien à sa politique. Israël "n’existerait peut-être pas" sans le rôle de Benyamin Netanyahou depuis les attaques terroristes du 7 octobre 2023, a ainsi loué le milliardaire conservateur. "Nous n’avons jamais eu d’ami comme le président Trump à la Maison-Blanche", lui a rendu la pareille le dirigeant israélien.
Pourtant, avant ce nouveau rendez-vous, Washington avait mis une certaine pression sur Israël, l’enjoignant à accélérer la mise en œuvre du plan de paix à Gaza. Comme rapporté dans la presse américaine, certains hauts responsables américains avaient notamment fait part de leur "frustration" face aux choix israéliens dans l’enclave palestinienne. Des critiques évacuées d’un revers de main par Donald Trump ce lundi. "Je suis préoccupé par ce que font, ou peut-être ne font pas, d’autres acteurs, mais, en ce qui concerne Israël, je ne suis pas inquiet : ils ont respecté le plan", a lancé le républicain. Israël est notamment mis en cause par le Hamas pour plusieurs violations du cessez-le-feu depuis la signature du plan de paix, au début de l’automne.
Donald Trump a préféré concentrer ses critiques contre le mouvement islamiste palestinien. La deuxième phase de l’accord prévoit entre autres un désarmement de ses forces. "S’ils ne se désarment pas comme ils s’y sont engagés" et "dans un délai relativement court", "ils paieront le prix fort", a-t-il menacé. Or, la branche armée du Hamas a réaffirmé lundi qu’elle "ne renoncerait pas" aux armes "tant que l’occupation perdurera". Cette nouvelle étape doit aussi permettre un retrait progressif de l’armée israélienne de Gaza. Vendredi, le média américain Axios a indiqué que Washington souhaitait faire des annonces concernant un gouvernement palestinien de technocrates comme autorité de transition pour Gaza dès janvier. Une solution pour laquelle Benyamin Netanyahou traîne des pieds. Des désaccords persistent aussi sur l’action israélienne en Cisjordanie.
En parallèle, les deux hommes ont également évoqué la position à tenir vis-à-vis du régime iranien. Samedi, le président du pays, Massoud Pezeshkian, avait déclaré que les États-Unis, Israël et les Européens menaient une "guerre totale" contre Téhéran. En juin, Américains et Israéliens avaient frappé plusieurs sites iraniens, dans l’optique de mettre à mal le programme nucléaire développé par la République islamique. Depuis ces bombardements, des sanctions ont aussi été rétablies contre l’Iran grâce au mécanisme du "snapback", prévu dans l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien (JCPoA), conclu en 2015 et arrivé à échéance cette année.
Ce lundi, Donald Trump a une nouvelle fois mis en garde les dirigeants iraniens. "J’espère qu’ils ne sont pas encore en train d’essayer de se réarmer, parce que s’ils le font, nous n’aurons pas d’autre choix que d’éliminer très rapidement ce réarmement", qu’il s’agisse d’installations nucléaires ou de missiles balistiques, a-t-il averti. "Toute agression" envers l’Iran serait "immédiatement suivie d’une réponse très sévère", a réagi sur X Ali Shamkhani, un proche conseiller du guide suprême iranien, Ali Khamenei. Cette montée en tension n’empêche pas Donald Trump de penser que l’Iran reste intéressé par un accord avec les États-Unis au sujet de ses programmes nucléaires et balistiques, quand bien même Téhéran "se comporte peut-être mal".
Les relations entre la Syrie et Israël ont aussi fait l’objet de discussions entre le président américain et le Premier ministre israélien. Donald Trump a ainsi dit espérer que Benyamin Netanyahou pourrait "s’entendre" avec le nouveau président syrien et ancien djihadiste, Ahmed al-Charaa, reçu en grande pompe par le républicain à la Maison-Blanche en novembre. Ces derniers mois, Israël a mené plusieurs frappes sur le territoire syrien. Pour conclure un nouveau compromis de sécurité, Benyamin Netanyahou, exige notamment une démilitarisation de toute la partie du territoire syrien allant du sud de la capitale, Damas, jusqu’à la ligne de démarcation fixée par l’accord de 1974 entre les deux pays. Une demande pour le moment fermement rejetée par les autorités syriennes.

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Donald Trump a affirmé, ce lundi 29 décembre, que les Etats-Unis avaient détruit une zone de mise à quai utilisée par des bateaux accusés de participer au narcotrafic au Venezuela, une possible première frappe terrestre depuis le début de la campagne militaire américaine contre le trafic de drogue en Amérique latine.
Les Etats-Unis exercent une forte pression sur Caracas depuis des mois, cherchant à pousser au départ le président Nicolas Maduro, accusé par Washington d’être à la tête d’un vaste réseau de narcotrafic. Ils ont mené jusqu’à présent une trentaine de frappes contre des embarcations de trafiquants présumés, faisant près de 107 morts dans les Caraïbes et le Pacifique.
"Il y a eu une grande explosion sur la zone de mise à quai où ils chargent les bateaux de drogue. […] Nous avons donc frappé tous les bateaux et maintenant nous frappons la zone, […] et ça n’est plus là", a déclaré lundi le président américain depuis sa résidence Mar-a-Lago, où il a reçu le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Il n’a pas révélé le lieu de cette frappe, précisant simplement qu’elle s’était produite "sur le rivage". Il a également refusé de dire qui, de l’armée ou de la CIA, avait mené cette opération.
Donald Trump agitait depuis plusieurs semaines la menace de frappes terrestres visant des cartels de la drogue en Amérique latine, mais aucune attaque n’avait été encore confirmée à ce jour.
Selon CNN et le New York times, il s’agit d’une frappe de drone qui a visé un débarcadère isolé utilisé par le gang de narcotrafiquants vénézuéliens du Tren de Aragua pour stocker de la drogue et la charger sur des bateaux bateau en vue de son expédition.
Personne ne se trouvait sur place au moment de la frappe, il n’y a donc eu aucune victime, toujours selon ces deux médias, s’appuyant sur des sources anonymes familières du dossier.
Le président Trump était interrogé par des journalistes après une allusion à une telle frappe dans un entretien diffusé vendredi. Dans une interview radio avec le milliardaire John Catsimatidis, l’un de ses soutiens, Donald Trump avait affirmé que les Etats-Unis avaient frappé une "grande installation d’où viennent les navires" servant selon lui à la production de bateaux utilisés pour le narcotrafic. "Il y a deux nuits, nous l’avons détruite. Donc nous les avons frappés très durement", avait-il assuré, laissant donc entendre que l’opération a eu lieu le mercredi 24 décembre.
Interrogés par l’AFP, ni le Pentagone, ni la Maison-Blanche n’avaient confirmé ces déclarations. De son côté, le gouvernement vénézuélien n’a fait aucun commentaire officiel sur une telle frappe.
L’attaque pourrait considérablement aggraver les tensions avec le président vénézuélien Nicolas Maduro, dont les Etats-Unis tentent d’obtenir la démission par leur pression militaire dans les Caraïbes. Lundi, l’armée américaine a par ailleurs fait état d’une nouvelle frappe dans l’est du Pacifique contre un navire "impliqué dans des opérations de narcotrafic", lors de laquelle deux personnes ont été tuées.
Jusqu’à présent, l’administration américaine n’a pas apporté de preuves démontrant que ces embarcations visées transportent effectivement de la drogue. Washington a déployé un important dispositif militaire dans les Caraïbes et imposé au Venezuela un blocus visant des pétroliers sous sanctions. Nicolas Maduro dément les accusations américaines, et assure que les Etats-Unis cherchent à le renverser pour s’emparer du pétrole vénézuélien, principale ressource du pays.

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