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Election à New York : "Zohran Mamdani a très bien su utiliser Donald Trump..."

Après des mois de campagne, c’est le D-Day à New York. Les électeurs de la "grosse pomme" sont appelés aux urnes ce 4 novembre pour élire leur prochain maire. Et c’est peu de dire que le grand favori du scrutin, le démocrate et autoproclamé socialiste Zohran Mamdani, détonne. Naturalisé américain en 2018 et qualifié de "communiste" par Donald Trump, l’homme de 34 ans, né en Ouganda dans une famille d’origine indienne, devance de 10 points dans les sondages son adversaire indépendant et ancien gouverneur de l’Etat Andrew Cuomo. "Sa communication innovante sur les réseaux sociaux lui a permis de s’adresser aux jeunes et de les enthousiasmer", résume Filippo Trevisan, professeur de communication à l’American University de Washington. Interview.

L’Express : Zohran Mamdani est le grand favori de l’élection à la mairie de New York ce mardi. Quelle est la recette de son succès ?

Filippo Trevisan : Il est vrai que jusqu’à peu, il était encore quasiment inconnu du grand public que ce soit à l’échelle nationale ou même à New York. Son expérience politique se limitait à son mandat d’élu de l’arrondissement du Queens au sein de l’Assemblée de l’État de New York. Se présenter à la mairie représentait donc un pari risqué. Mais il a finalement remporté haut la main les primaires démocrates. Les différents scandales qui ont entaché les mandats du maire sortant Eric Adams, ou de l’ancien gouverneur Andrew Cuomo l’ont d’ailleurs bien aidé en permettant à un nouveau nom d’émerger.

Mais c’est surtout un excellent orateur qui a fait preuve de sens politique. Dans une ville aussi chère que New York, son message axé sur l’accessibilité financière, le logement et le coût de la vie, a trouvé un écho auprès de nombreux électeurs. Et Mamdani s’est concentré là-dessus, sans dévier, tout au long de la campagne. Or c’est un point qui a échappé à beaucoup de campagnes démocrates ces dernières années : trouver un thème porteur et en faire le cœur de son projet. Si l’on regarde la présidentielle de 2024, le discours était confus et ne permettait pas aux électeurs d’identifier clairement les priorités du programme.

La communication adoptée par Mamdani est-elle aussi la clé de son succès auprès de la Gen Z ?

Bien sûr, c’est l’autre élément clé. Sa communication innovante sur les réseaux sociaux lui a permis de s’adresser aux jeunes et de les enthousiasmer. Il a notamment noué des partenariats avec des créateurs de contenu et des influenceurs, en tirant parti des atouts de chaque plateforme. En tant que personnalité relativement méconnue, c’était indispensable, car il ne jouissait pas d’un large accès aux médias traditionnels. Il a donc su créer son propre temps d’antenne par d’autres moyens. Et in fine, ses vidéos, parfois un peu décalées, lui ont permis de se présenter comme le candidat de la génération Z.

L’autre élément qui a fait le succès de sa campagne, c’est que le faible nombre d’élections cette année a beaucoup concentré l’attention sur New York - y compris à la Maison-Blanche. Or Mamdani a été très efficace pour utiliser Trump à son avantage. En l’attaquant frontalement, il s’est assuré que ce dernier le remarque et lui réponde. Ce qui, en définitive, lui a permis d’accroître sa visibilité et sa popularité, notamment auprès des jeunes qui sont à la recherche d’un tel opposant à l’actuel titulaire du bureau Ovale.

Quels seraient les grands enseignements d’une victoire de Mamdani pour le parti démocrate ?

Le parti démocrate traverse actuellement une période difficile et a du mal à définir une nouvelle vision. Or la grande leçon à retenir de la campagne de Mamdani est la nécessité d’avoir un message fort qui permet de vous situer idéologiquement. Les démocrates pourraient donc s’interroger sur la manière de proposer une alternative claire à Donald Trump, qui soit inspirante et mobilisatrice, sans effrayer les électeurs.

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🇺🇸 Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump évoque souvent la possibilité d’effectuer un troisième mandat. Un cas de figure pourtant interdit par la Constitution américaine. Mais, l’idée fait son chemin dans la sphère MAGA. On vous explique. 👇 #usa #trump #politique #monde #news #newsattiktok #apprendreavectiktok #sinformersurtiktok

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En cela, une victoire de Mamdani donnerait de la force aux jeunes politiciens démocrates, en les confortant dans l’idée que leur tour est venu et qu’il est temps de laisser place à des idées nouvelles. L’autre enseignement est la mobilisation des jeunes. Ce sont précisément ces électeurs que le parti démocrate doit courtiser s’il veut remporter une élection nationale. Il est essentiel de leur proposer un éventail clair d’options et de susciter leur enthousiasme le jour du scrutin. Ce sera absolument crucial lors des prochaines échéances.

Mamdani se définit lui-même comme socialiste. Cela n’est plus tabou aux Etats-Unis ?

Officiellement, il existe toujours une légère distinction puisqu’il fait partie des "socialistes démocrates". Mais il est certain que ce courant gagne du terrain au sein du paysage politique américain, notamment grâce à des personnalités comme Bernie Sanders ou Alexandria Ocasio-Cortez. A bien des égards, ce type de politique se prête à l’ère des réseaux sociaux, car cela suscite de l’engagement et donc de la visibilité. Politiquement, les démocrates ne doivent pas sous-estimer la fermeté qu’attendent leurs électeurs à l’égard de Donald Trump et son administration.

Or je ne suis pas certain que le parti ait su exprimer son opposition avec autant de force que ce que certains de ses électeurs ou nombre de ses sympathisants souhaiteraient. Cela crée donc un espace pour des personnalités comme Zohran Mamdani, Alexandria Ocasio-Cortez et Bernie Sanders, qui peuvent ainsi se faire entendre. Cet effet est ensuite amplifié par la structure du système médiatique américain. En effet, les médias conservateurs apprécient ces voix radicales, car ils y voient une opportunité de susciter des inquiétudes dans leur propre camp afin de le mobiliser.

On sait que Donald Trump déteste Mamdani. Quelle pourrait être leur relation si ce dernier était élu ?

Je dirais plutôt que Trump adore détester Mamdani, car il peut en tirer parti politiquement. Lors des précédentes campagnes, il n’a eu de cesse de présenter Bernie Sanders comme le véritable architecte de la politique démocrate. A chaque fois qu’il a utilisé cette stratégie, c’était pour discréditer des démocrates modérés, comme Hillary Clinton ou Joe Biden. Il prétendait que derrière ces personnalités se cachaient en réalité les idées de Bernie Sanders et d’autres démocrates socialistes. Et c’est précisément le scénario auquel on assiste ici. Cela permet à Donald Trump de faire avancer son propre message. Il est donc ravi de voir émerger un nouveau venu qui a les mêmes idées et constitue une cible naturelle dont il va pouvoir se servir. Du reste, New York est la ville de Trump, et ils sont tous deux originaires du Queens - une coïncidence plutôt intéressante. Il est donc clair que cette élection l’intéresse.

Au sein du Parti démocrate, plusieurs figures importantes comme Chuck Schumer n’ont pas appelé à voter pour Mamdani. Faut-il y voir un signe de profondes divisions sur le plan idéologique ?

Il y a un important débat interne au sein du parti démocrate. La gauche a toujours tendance à être un peu plus fragmentée et divisée en son sein. C’est le cas du parti démocrate, comme cela peut l’être pour certaines alliances de gauche dans les pays européens. Dans ce cas précis, j’ajouterais qu’il existe aussi des raisons culturelles personnelles. Mamdani est très actif dans le mouvement pro-palestinien depuis plusieurs années, c’est pourquoi certains membres du Parti démocrate de New York craignaient que cela n’aliène une partie des électeurs de la communauté juive - dont Chuck Schumer fait lui-même partie. De plus, dans la mesure où il est une figure centrale du parti démocrate depuis des décennies, Chuck Schumer pourrait percevoir cet appel à un changement générationnel comme une attaque directe contre lui.

Ces tendances peuvent-elles vraiment coexister au sein du même parti ?

Si les démocrates veulent pouvoir battre Donald Trump et les républicains, ils n’auront pas le choix. L’un des aspects positifs de la politique américaine, c’est que les primaires sont là pour ça et constitueront un lieu de débat pour ce type de diversité idéologique. Cependant, même en cas de victoire, les modérés devront retenir qu’il sera essentiel pour eux de trouver un moyen de séduire l’électorat que Mamdani a su mobiliser. Dans le cas contraire, toute une partie de l’électorat ne se déplacera pas aux urnes, et ce sera un réel avantage pour le camp adverse.

© NurPhoto via AFP

Le candidat à la mairie, Zohran Mamdani, prend la parole lors de la conférence du National Action Network le 3 avril 2025 à New York. (Photo by John Lamparski/NurPhoto) (Photo by John Lamparski / NurPhoto via AFP)
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Thomas Gomart : "L'Europe a le potentiel économique, technologique et militaire pour faire face à la Russie"

Cinq chercheurs de l’Institut français des relations internationales mobilisés, une dizaine de contributeurs extérieurs et un comité éditorial européen… Six mois de travail ont été nécessaires pour évaluer les rapports de force entre l'Europe et la Russie. Et, à la fin, un constat rassurant : l'Europe a les moyens de dissuader la Russie, encore doit-il en avoir la volonté politique. Entretien avec Thomas Gomart, directeur de l'Ifri, qui a coordonné cette étude magistrale.

L'Express : L’Europe ne peut plus, dites-vous, ignorer la "question russe".

Thomas Gomart : Tout d’abord, il faut prendre conscience de deux choses : d’abord, du caractère transformateur, pour notre continent, de la guerre d’Ukraine et, ensuite, d’une réalité intangible : nous ne pouvons pas changer la géographie ! Face à une Russie qui a choisi la guerre, les pays européens ne sauraient, aujourd’hui, éluder ce sujet. La bonne nouvelle, c’est qu’ils disposent du potentiel nécessaire, c’est-à-dire des moyens économiques, des compétences militaires et du savoir-faire technologique pour lui faire face d’ici à 2030 – à condition, bien sûr, de faire preuve de volonté politique et de maintenir leur unité. Pourquoi 2030 ? Parce que ce sera l’année de la prochaine élection présidentielle russe.

C’est également l’horizon que fixe la Revue nationale stratégique publiée par la France en juillet dernier. D’ici là, alertent ses auteurs, la Russie constituera la principale menace pesant sur l’Europe, et ce danger pourrait se traduire par un engagement majeur au cœur de notre continent. Les pays européens doivent donc traiter la question russe sérieusement afin d’être dissuasifs, et le faire dans un contexte de "reconfiguration transatlantique". Nous avons vu, durant la campagne présidentielle américaine et, a fortiori, après l'investiture de Donald Trump, à quel point la politique américaine avait changé de pied, révélant même une convergence idéologique inédite entre la Maison-Blanche et le Kremlin – ce qui était inattendu pour de nombreuses capitales européennes.

L’Europe est donc de plus en plus seule…

Elle fait face à un grand paradoxe. L'avenir du continent, sa trajectoire, dépend en très grande partie de l'issue de la guerre en Ukraine. En même temps, ce conflit est vu comme un sujet périphérique par la plupart des pays du monde. Les Européens y allouent des ressources significatives, et les Russes, considérables, à une guerre qui les marginalise et les "rétrécissent" à l'échelle mondiale ! De son issue dépendront pourtant les rapports de force et les modèles politiques sur le continent.

Pour étudier les rapports de force russo-européens, vous avez défini quatre dimensions. D’abord, l’économie. Qui va l’emporter à moyen terme ?

La Russie a démontré une réelle capacité de résistance macroéconomique. Elle est parvenue à rester stable alors même qu’elle entrait de plain-pied en économie de guerre. Cela étant, elle est désormais en stagflation. L’actuel ralentissement se traduit par des déséquilibres croissants - inflation et déficit budgétaire en hausse. Fondamentalement, la Russie n'investit plus que pour la guerre. De leur côté, les Européens ont payé un coût très élevé, notamment social, pour se "découpler" de Moscou sur le plan énergétique.

Ce faisant, ils ont su utiliser cette crise pour pivoter en termes géoéconomiques en renforçant leur intégration. D’ici à 2030, avec le déploiement de renouvelables et le retour du nucléaire, l’Europe pourra accélérer son électrification mondiale et intensifier son action climatique. En outre, elle est complètement intégrée aux circuits financiers internationaux, à la différence de la Russie.

L’économie russe peut-elle s’écrouler ?

Nous ne le savons pas. Les Russes ont une capacité d'endurance et d'acceptation, qui est du même ordre que leur tolérance à l'attrition. Comment se fait-il que leurs 14 000 morts (officiels) en Afghanistan aient provoqué de telles réactions, notamment des mères de soldats, alors qu'un million de pertes en Ukraine (morts, blessés et disparus) ne suscitent pas les mêmes protestations ? C’est de l’ordre de l’insondable : la guerre est consubstantielle. Ce qui est certain, en revanche, c'est que les sacrifices actuels fragilisent le pays sur les plans économique et social. Mais rien ne permet de conclure, à ce stade, à un rapide écroulement.

À quoi tient cette acceptation sociétale, voire cette résignation ?

Historien en chef du pays, Vladimir Poutine raconte à son peuple qu'il continue la Grande guerre patriotique, en la menant cette fois contre "l’Occident collectif". Fort de ce discours, et en s’appuyant sur une vaste administration et un appareil répressif, il parvient à mobiliser chaque mois 30 000 hommes. Il y a, aussi, cette idée, poussée par sa propagande, d'un exceptionnalisme russe, qui justifie les sacrifices et ces immenses pertes. Enfin, Poutine véhicule un troisième message. Il y a, dit-il, trois pays qui peuvent s'affranchir du droit international : la Russie, les États-Unis et la Chine. Quant aux autres nations, incapables d'assurer seuls leur sécurité, à l’instar des Européens, il les considère comme des pays des vassaux de Washington, rongés par leurs difficultés intérieures.

Jusqu’où ce narratif crée-t-il une adhésion au discours poutinien ? Un système pluraliste "à l’européenne" et une adhésion à des valeurs communes ne constituent-ils pas un ciment plus solide ?

En Russie, la stabilité sociale est assurée par une propagande intense, une répression sévère et la mise en place d’une "économie de la mort", qui rémunère généreusement des soldats, provenant principalement de régions "périphériques", transformant ainsi la guerre en ascenseur social. Si 70 à 80 % de la population se dit favorable à "l’opération militaire spéciale", la lassitude gagne du terrain, en particulier chez les jeunes. Mais quelle est l’alternative ? Poutine mène une "politique d'éternité", c’est-à-dire qu'il n'y a pas d'autre choix que lui. Les Russes savent très bien que sa succession ne se passera pas sans heurts… En face, les Européens disposent d’un espace public, où le dissensus permet des ajustements. Grâce aux mécanismes démocratiques, la capacité d'adaptation des sociétés européennes est supérieure à celle de la société russe qui, elle, fait preuve d'endurance dans les situations de privation.

Vos chercheurs ont aussi passé au crible les capacités militaires des deux camps. Le verdict ?

Tout d’abord, il faut rappeler que la Russie est en guerre alors que l’Europe ne l’est pas. La Russie a un clair avantage dans le domaine terrestre, compte tenu de sa masse (quinze à vingt corps d’armée), de sa capacité de mobilisation, de sa puissance de feu et de ses stocks de munitions. Les Européens disposent sur le papier d’un avantage qualitatif. Dans les domaines aérien, naval et cyberespace, ils gardent l’avantage. La question centrale reste le degré de soutien américain dans la durée. Les Européens peuvent agir seuls, avec des risques évidemment plus élevés. Enfin, le facteur nucléaire reste au cœur de la stratégie d’escalade de Moscou.

Chaque fois que la Russie est en difficulté politique ou diplomatique, elle recourt à la rhétorique nucléaire pour inhiber les soutiens à l'Ukraine, et cela ne fonctionne pas si mal. Alors que la Russie a abaissé son seuil de recours à l’arme nucléaire et déployé des têtes nucléaires tactiques en Biélorussie, l’Europe reste dépendante de la dissuasion dite "élargie" des États-Unis, renforcée, il est vrai, par les forces nucléaires française et britannique. Pour garantir la crédibilité de la dissuasion, la question d’une augmentation de leurs arsenaux respectifs pourrait se poser, surtout si l’engagement des États-Unis était remis en cause.

Dernier critère, les alliances et le positionnement international. Qui l’emporte ?

D’un côté, la Russie est soutenue militairement par la Corée du Nord et par l'Iran. Elle bénéficie également de l'appui de la Chine. Parallèlement, Moscou développe un discours postcolonial qui trouve un large écho dans le Sud global. Elle marque donc des points diplomatiques, ce qui est d’autant plus paradoxal que sa contribution à l’aide publique au développement est ridicule par rapport aux Européens, premiers donateurs mondiaux ! Ceux-ci, de leur côté, bénéficient d’alliances solides. L’engagement des Etats-Unis via l’Otan et la résistance ukrainienne constituent les deux piliers de leur sécurité. Parallèlement, l’existence de différents formats - Triangle de Weimar (France, Allemagne, Pologne) ; NB8 (Nordic-Baltic Eight) ; E5, qui regroupe les cinq plus grandes économies européennes (France, Allemagne, Pologne, Italie, Royaume-Uni) et Communauté politique européenne - lui donne une grande flexibilité stratégique. À la fin, on voit "sur la photo" un système russe très monolithique dans sa prise de décision et, en face, un système européen plus plastique dans sa capacité d'adaptation, soit un réel avantage sur le moyen terme.

Dans ce tableau contrasté, comment l'Europe peut-elle renforcer ses positions ?

D'abord, en soutenant vigoureusement l'Ukraine qui, fondamentalement, est au cœur de son dispositif de sécurité. C’est important de le rappeler, car parfois, les Européens donnent l'impression de craindre davantage une escalade avec Moscou qu'une victoire russe sur l’Ukraine. Un tel scénario aggraverait pourtant profondément notre insécurité… Ensuite, les Européens doivent poursuivre leurs efforts d’investissement en matière de réarmement et, surtout, accélérer la cadence afin de renforcer leur dissuasion conventionnelle. Cela passe notamment par la constitution de stocks de munitions, par la sécurisation des chaînes logistiques et par des mesures de protection civile.

D’autant qu’il y a l’inconnue américaine…

Oui, le soutien américain nous semble acquis, mais qui pourrait affirmer que les États-Unis ne cesseront pas, un jour, de nous vendre des armes, voire deviendront hostiles ? Ces hypothèses posent la question, vertigineuse, de la profondeur stratégique de l’Europe. Pour l’instant, celle-ci est pensée à travers le bassin atlantique. Cela implique d’investir dans les domaines maritime et naval, car l’Europe est une économie ouverte.

Et si, demain, l’Europe se retrouve coincée entre la Russie et une Amérique belliqueuse ?

Bonne question, qui en entraîne une autre : quels sont les pays qui, aujourd’hui, sont les plus proches des positions européennes ? La Corée du Sud, qui fournit militairement la Pologne, et le Japon, qui soutient fortement l’Ukraine sur les plans diplomatique et financier. L’Europe conserve des atouts significatifs vis-à-vis de la grande majorité des pays qui souhaite un fonctionnement multilatéral et ne veut pas être tributaire des politiques américaine, russe et chinoise. En ce sens, elle doit tenir un discours de coopération, qui passe par le respect du droit et par une crédibilité militaire.

© AFP

Volodymyr Zelensky, Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen, durant un sommet européen le 16 mai 2025.
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Dick Cheney, ancien vice-président américain, est mort à 84 ans

Homme de l'ombre, réputé pour sa considérable influence en coulisses, l'ancien vice-président américain, Dick Cheney, est mort à l'âge de 84 ans, a annoncé mardi 4 novembre sa famille aux médias américains.

Sa mort, survenue lundi 3 novembre, est due à des complications liées à une pneumonie ainsi qu'à des maladies cardiaques et vasculaires, selon une déclaration de sa famille. Affligé par des problèmes coronariens presque toute sa vie adulte, Dick Cheney a subi cinq crises cardiaques entre 1978 et 2010 et portait un dispositif pour réguler son rythme cardiaque depuis 2001.

L'un des vice-présidents les plus puissants de l'histoire américaine

L'ancien numéro deux de George W. Bush (2001-2009) s'était forgé une réputation telle qu'il fut considéré comme l'un des vice-présidents les plus puissants de l'histoire américaine. L'ex-président américain George W. Bush a salué mardi "l'intégrité" et "l'intelligence" de son ancien vice-président Dick Cheney. "L'histoire se souviendra de lui comme l'un des meilleurs serviteurs de l'Etat de sa génération, un patriote qui a fait preuve d'intégrité, d'intelligence et de sérieux dans toutes les fonctions qu'il a occupées", a déclaré le 43e président des Etats-Unis (2001-2009) dans un communiqué.

Il avait surpris les Américains lors de l'élection présidentielle de 2024 en annonçant qu'il voterait pour la démocrate Kamala Harris, dénonçant son adversaire républicain, Donald Trump, qu'il jugeait inapte à occuper le Bureau ovale. "Nous avons le devoir de placer le pays au-dessus des clivages partisans pour défendre notre Constitution", avait-il déclaré.

Le conseiller le plus influent de George W. Bush

Dick Cheney fut le colistier de George W. Bush lors de deux campagnes présidentielles victorieuses et son conseiller le plus influent à la Maison-Blanche dans une époque marquée par le terrorisme, la guerre et les changements économiques. Il restera connu comme l'un des faucons qui ont joué un rôle central et controversé dans l'invasion de l'Irak en 2003.

Entré à la Maison-Blanche sous le président républicain Gerald Ford, Dick Cheney remplace plus tard Donald Rumsfeld au poste de chef de cabinet puis dirige, sans succès, la campagne de réélection de Gerald Ford contre Jimmy Carter en 1976.

Républicain inconditionnel, Dick Cheney se lance peu après dans la course électorale pour décrocher en 1978, dans le Wyoming, un siège d'élu à la Chambre des représentants à Washington qu'il occupe pendant une décennie. Nommé ministre de la Défense sous George H.W. Bush en 1989, Dick Cheney est aux commandes du Pentagone pendant la guerre du Golfe de 1990-1991. Puis il part dans le secteur privé lorsque le démocrate Bill Clinton déloge Bush père de la Maison-Blanche.

Nommé PDG de Halliburton en 1995, il dirige le grand groupe de services pétroliers pendant cinq ans avant de retourner en politique, comme colistier de George W. Bush pour la présidentielle de 2000.

Derrière la décision d'envahir l'Afghanistan et l'Irak

Devenu vice-président, culmination de sa longue ascension politique, Dick Cheney insuffle son idéologie néo-conservatrice à la Maison-Blanche et joue un plus grand rôle à ce poste que la plupart de ses prédécesseurs. On le considère notamment comme l'une des forces motrices derrière la décision d'envahir l'Afghanistan moins d'un mois après le 11-Septembre. 17 mois plus tard les Etats-Unis envahissent l'Irak.

L'Irak n'avait pas de programmes actifs de production d'armes de destruction massive, et les analyses postérieures à la guerre n'ont trouvé aucun lien opérationnel entre le régime de Saddam Hussein et al-Qaïda. Saddam Hussein a été capturé, jugé et exécuté, mais la guerre en Irak a continué jusqu'en 2011, et les troupes américaines sont restées dans le pays pendant une autre décennie, cherchant à stabiliser le pays et à repousser les extrémistes de l'organisation Etat islamique. Près de 5 000 Américains ont été tués dans cette guerre.

Le conflit en Afghanistan a continué jusqu'en 2021, lorsque le président Joe Biden a retiré les dernières troupes américaines, mettant fin à une guerre dans laquelle plus de 2 300 membres des forces armées américaines sont morts et permettant aux talibans de reprendre le contrôle du pays.

Dick Cheney a par la suite assuré refuser de croire que Saddam Hussein n'était pas en train de développer un programme d'armes de destruction massive. Il fut aussi l'un des plus grands défenseurs des techniques américaines d'interrogatoire poussées, désormais largement considérées comme de la torture.

© Saul LOEB / AFP

Dick Cheney, est mort à l'âge de 84 ans, a annoncé mardi 4 novembre sa famille aux médias américains.
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Algérie : ce double revers diplomatique qui l’isole plus que jamais

Une gifle aller, une gifle retour. En deux jours, le pouvoir algérien a subi une double humiliation de ses deux "ennemis" séculaires : Paris et Rabat. D’abord, cette résolution initiée par le Rassemblement national à l’Assemblée le 30 octobre pour dénoncer l’accord de 1968, qui assure un régime d’immigration favorable aux Algériens. Adoptée in extremis, du jamais-vu pour un texte émis par le RN.

Fâché avec presque tous ses voisins

Puis, le vote du Conseil de sécurité des Nations Unies entérinant le plan marocain d’autonomie du Sahara occidental – territoire disputé depuis 50 ans avec les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par Alger. Un "brillant succès", a aussitôt salué Marine le Pen, adressant ses "plus vives félicitations" au roi Mohamed VI. Ces deux votes, séparés de 24 heures, témoignent du formidable isolement dans lequel le régime algérien, à bout de souffle, est reclus. Fâché avec tous ses voisins, à l’exception de la Tunisie, en proie à des guerres intestines de pouvoir au sein de son appareil sécuritaire, l’Etat n’a plus de boussole diplomatique, figé dans son vieux logiciel non-aligné des années 1960.

"L’Algérie refuse de sceller de véritables alliances, elle ne peut donc pas compter sur ces pays quand elle a besoin", résume le chercheur Riccardo Fabiani. La Russie, son ami historique et premier fournisseur d’armes, n’a d’ailleurs pas daigné apposer son veto au vote onusien. Le roi est nu. Il n’en est pas moins dangereux. Deux Français le paient cher : l’écrivain Boualem Sansal et le journaliste Christophe Gleizes, otages depuis des mois des geôles algériennes.

© afp.com/Ludovic MARIN

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune s'entretient avec son homologue français Emmanuel Macron, le 13 juin 2024 à Savelletri en Italie
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Etats-Unis : ces quatre élections que les démocrates comptent bien remporter ce mardi

Quatre scrutins décisifs ont lieu ce mardi 4 novembre aux États-Unis. À New York, la capitale économique du pays choisit son nouveau maire ; en Virginie et dans le New Jersey, les électeurs élisent leurs gouverneurs ; en Californie, un référendum pourrait bouleverser la carte électorale. Des tests pour mesurer l’influence de Donald Trump, mais surtout un moment clé pour le Parti démocrate, qui tente de regagner du terrain après sa défaite de l’an dernier lors de l’élection présidentielle.

A New York, la gauche sous les projecteurs

À l’aube, les premiers électeurs new-yorkais glisseront leur bulletin dans l’urne. De 6 heures du matin à 21 heures (soit de 12 heures à 3 heures du matin en France), la mégalopole élit son 111e maire. Depuis des mois, un nom domine les sondages : Zohran Mamdani, 34 ans, musulman d’origine indienne et figure montante de la gauche du Parti démocrate. Farouche opposant à Donald Trump, il promet des loyers encadrés, des crèches gratuites et un réseau de bus public sans frais : un programme social-démocrate qui divise jusqu’au sein de son propre camp.

Face à lui, l’ancien gouverneur Andrew Cuomo, battu lors de la primaire démocrate et revenu en indépendant, joue sa survie politique. Donald Trump, lui, a pris un malin plaisir à s’inviter dans la bataille : "Entre un mauvais démocrate et un communiste, je choisis le mauvais démocrate", a-t-il lancé dimanche sur CBS, visant tour à tour Andrew Cuomo et Zohran Mamdani. "Si le candidat communiste Zohran Mamdani remporte l’élection pour devenir maire de New York, il est très peu probable que je contribue avec des fonds fédéraux, à l’exception du strict minimum requis", a-t-il aussi menacé lundi soir sur son réseau Truth Social.

Malgré ces attaques, Zohran Mamdani fait toujours la course en tête, tandis que la participation bat déjà des records : plus de 735 000 votes anticipés, quatre fois plus qu’en 2021. L’ancien président Barack Obama lui-même a salué sa campagne, tout en dénonçant les "attaques islamophobes" venues des partisans d’Andrew Cuomo. Dans un État longtemps acquis aux démocrates, mais où Donald Trump avait spectaculairement réduit l’écart à la dernière présidentielle, l’élection du jour vaut test : celle d’une gauche new-yorkaise capable, ou non, de tenir face à la marée conservatrice.

En Virginie et au New Jersey : deux scrutins tests pour Donald Trump

Un an après la réélection de Donald Trump, la Virginie et le New Jersey votent pour leurs gouverneurs. Des scrutins régionaux en théorie, mais en réalité, de véritables sondes politiques du second mandat du président républicain. En Virginie, une page d’histoire pourrait s’écrire : la démocrate Abigail Spanberger, ex-agente de la CIA, est donnée favorite pour devenir la première femme à diriger l’État. Son adversaire, la républicaine Winsome Earle-Sears, ancienne Marine, paie une campagne chaotique et un manque criant de fonds.

Dans le New Jersey, la partie s’annonce plus serrée. La démocrate Mikie Sherrill, ex-pilote d’hélicoptère de la marine, affronte l’homme d’affaires Jack Ciattarelli, 63 ans, soutenu par Donald Trump. Le soixantenaire joue à un jeu dangereux : mobiliser la base trumpiste sans effrayer les électeurs centristes. Il y a quatre ans, Joe Biden avait remporté ces deux États haut la main. Mais lors de la dernière présidentielle, Donald Trump a réduit l’écart face à Kamala Harris. Autant dire que le verdict de ce mardi pèsera lourd.

En Californie, la riposte démocrate

À l’autre bout du pays, la Californie s’apprête à contrer Donald Trump. Le "Golden State" vote sur la "Proposition 50", un référendum qui vise à modifier sa Constitution afin de permettre un redécoupage électoral. Une réponse directe à la manœuvre enclenchée cet été au Texas, où les alliés du président américain ont remodelé les circonscriptions pour faire élire cinq républicains supplémentaires.

Les redécoupages n’interviennent normalement que tous les dix ans aux États-Unis. Mais pour contrer la manœuvre inhabituelle des républicains au Texas, la Californie organise donc un référendum extraordinaire. Objectif : modifier sa Constitution pour pouvoir, elle aussi, modifier sa carte électorale au bénéfice du camp démocrate. Face à ce qu’ils jugent comme une offensive sans précédent du camp républicain, le gouverneur Gavin Newsom et son camp, soutenus par Barack Obama, ont choisi de riposter. Et le public suit : les sondages annoncent une victoire large du "oui", au point que le gouverneur a suspendu sa levée de fonds une semaine avant le vote.

© afp.com/ANGELA WEISS

Le candidat à la mairie de New York Zohran Mamdani lors d'un événement à Brooklyn, New York, le 30 octobre 2025
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Face à Recep Tayyip Erdogan, l’Europe ne doit pas trahir les démocrates turcs

En Ukraine, à Gaza, en Afrique du Nord, dans le Caucase… Le président turc Recep Tayyip Erdogan se mobilise sur tous les points chauds du moment. À chaque fois, il réussit à mettre un pied dans la porte. Ce rôle géopolitique unique explique son retour en grâce en Europe, alors même qu’il poursuit sans frein sa dérive antidémocratique. A l’exception de la Grèce et de Chypre, les dirigeants européens semblent s’accommoder désormais de son autoritarisme.

Tous se découvrent une nouvelle camaraderie avec le néosultan. "On est réconciliés, maintenant", s’est exclamé Emmanuel Macron en claquant la bise sur les deux joues de son homologue turc, lors du sommet sur Gaza à la mi-octobre en Egypte. Le chancelier Friedrich Merz a été un cran plus loin la semaine dernière à Ankara, où il a affiché son désir "de continuer à ouvrir la voie [de la Turquie] vers l’Europe". Il n’a pas exclu que le pays puisse se voir octroyer un accès à l’instrument financier Security action for Europe (Safe), mis en place par l’UE pour accélérer le réarmement européen. Le chef du gouvernement allemand a été précédé dans la capitale turque par son homologue britannique, Keir Starmer, qui a confirmé la vente de 20 avions de combat Eurofighter Typhoon.

Stratégiquement placé entre l’Union européenne et l’Asie, l’éternel candidat à l’adhésion à l’UE et membre éminent de l’Otan - le sommet annuel de l'organisation se tiendra en juillet prochain à Ankara - intéresse les Européens à plusieurs titres. L’immigration, d’abord. La Turquie garde la frontière sud-est du continent en échange d’une aide substantielle de Bruxelles et elle s’acquitte de sa tâche avec efficacité. Selon l’agence Frontex, les entrées irrégulières dans l’UE en provenance de Méditerranée orientale ont chuté de 22 % sur les neuf premiers mois de l’année.

La sécurité, ensuite. Le désintérêt croissant de l’Amérique pour le Vieux Continent, combiné à la guerre d’Ukraine, a remis au premier plan la nécessité d’une défense forte de l’Europe. Or l’armée turque, même si son budget de défense est inférieur à celui des principaux pays européens, est la deuxième de l’Otan par le nombre de soldats, après l’armée américaine. Et l’industrie de défense turque est performante. Elle est même en pointe dans la fabrication de drones de combat.

L’influence, aussi. Erdogan est l’un des rares à parler à la fois avec Poutine et Zelensky, ce qui le rend incontournable dans les discussions sur un règlement du conflit russo-ukrainien. Au Proche-Orient, sa proximité avec le Hamas palestinien lui a permis de peser dans l’instauration d’un cessez-le-feu à Gaza. L’affaiblissement de l’Iran et l’installation d’un pouvoir islamiste à Damas l'an dernier ont renforcé sa main dans la région.

Erdogan sait se rendre indispensable

À ces facteurs, il faut ajouter la nombreuse diaspora turque en Europe occidentale, surtout en Allemagne mais aussi en France, aux Pays-Bas, en Belgique et en Autriche. Elle fournit un levier qu'Ankara n'hésite pas à actionner. Enfin, la Turquie est le cinquième plus grand partenaire commercial de l’Union européenne, avec des échanges d’un montant record de 210 milliards d’euros l’an dernier.

Erdogan sait se rendre indispensable. Résultat, les Européens ne critiquent plus qu’à voix basse la répression de son opposition, qu’il poursuit sans discontinuer. Son principal rival, le populaire maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, est embastillé depuis mars dernier pour des motifs fabriqués et une nouvelle inculpation "d’espionnage" vient d’y être ajoutée. L’objectif ? Empêcher Imamoglu de se présenter lors de la prochaine élection présidentielle, prévue en 2028 mais qui pourrait être anticipée. Et Erdogan confirme par là même son intention de briguer un troisième mandat, alors que la Constitution turque en limite le nombre à deux.

En ces temps troublés, l’Europe a besoin de la Turquie et vice versa. Mais il ne faudrait pas que le rapprochement aboutisse à passer la démocratie turque par pertes et profits. Lors de sa visite à Ankara, le chancelier Merz a eu raison d’appeler au respect des "principes de Copenhague", c’est-à-dire des valeurs démocratiques de l’UE. Le Parti républicain du peuple (CHP), formation d’opposition laïque et sociale-démocrate, a emporté les élections locales l’an dernier avec 38 % des suffrages. Sa vitalité montre que malgré l'étouffoir imposé par Erdogan, le peuple turc aspire, avec courage, à un autre modèle que l’autocratie islamiste. Le rôle de l’Europe est de l’aider à y parvenir.

© afp.com/Ramon van Flymen

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'exprime lors d'une conférence de presse après le sommet de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) à La Haye, le 25 juin 2025
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Lula VS Trump : le Brésil en quête d’indépendance

Un président qui n’est pas reconduit pour un deuxième mandat et qui conteste les résultats des élections. Ses partisans qui se donnent rendez-vous sur les réseaux sociaux et s’introduisent violemment dans des lieux de pouvoir. Le tout, dans un grand pays du continent américain.

A ces mots, chers auditeurs, vous avez certainement les images des émeutes du Capitole en 2021 qui vous viennent à l‘esprit. Mais un scénario similaire s’est répété le 8 janvier 2023, après la défaite du président Jair Bolsonaro au Brésil et la victoire de son adversaire Lula.

Habillés en jaune et vert, aux couleurs du drapeau brésilien, les bolsonaristes forcent ce jour-là les barrières de sécurité pour atteindre la place des Trois pouvoirs. La Cour suprême, le congrès et même le Palais présidentiel. Ces trois hauts lieux de la politique brésilienne sont pris d’assaut.

Pendant trois heures, les manifestants cassent les vitres, aspergent les murs de peintures blanches et de slogans anti-Lula, saccagent le mobilier. Le congrès est même inondé après l’activation d’un système anti-incendie. Les émeutiers réclament l’aide de l’armée pour empêcher Lula de reprendre le pouvoir. Mais dans la soirée, le nouveau président parvient à reprendre le contrôle de la situation : les forces de l’ordre évacuent les lieux et plus de 300 personnes sont interpellées.

Le chef d’Etat américain de l’époque, Joe Biden apporte alors tout son soutien à Lula. Mais avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les relations de Washington avec ce dirigeant de gauche risquent d’être moins cordiales. Car les deux hommes semblent s’opposer sur tous les plans.

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Cet épisode a été écrit et présenté par Solène Alifat et réalisé par Jules Krot.

Crédits : Le Monde, Le Figaro

Musique et habillage : Emmanuel Herschon/Studio Torrent

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Donald Trump II, jour 1 : comment il a dessiné les contours de l’Amérique qui vient

© afp.com/Ludovic MARIN

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pendant le G20 à Rio de Janeiro, le 19 novembre 2024
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Le FBI secoué par une nouvelle affaire, et c’est encore à cause de son patron Kash Patel

Le FBI est encore dans la tourmente. Selon plusieurs médias américains, dont Bloomberg Law, l’agence fédérale a limogé un haut fonctionnaire. Son départ serait lié à la publication dans la presse des registres de vol d’un jet du FBI, que le directeur de l’agence, Kash Patel, a emprunté pour aller rendre visite à sa petite amie, la chanteuse de country Alexis Wilkins lors de l’une de ses prestations à un match de catch.

"Licenciement abusif"

Selon The Guardian, l’agent licencié s’appelle Steven Palmer. Il travaillait au FBI depuis 1998. Il dirigeait une unité chargée de gérer les grandes crises liées à la sécurité et de la gestion de la flotte aérienne du FBI. Son départ, officialisé vendredi, est le troisième d’un responsable de cette unité stratégique depuis la nomination de Kash Patel, en février dernier, souligne The Guardian. Wes Wheeler a été licencié en mars et Brian Driscoll en août. Ce dernier poursuit d’ailleurs l’administration de Donald Trump pour "licenciement abusif", affirmant qu’il a été ciblé pour avoir fait preuve d’un manque de loyauté envers le président.

Selon Bloomberg, qui a révélé l’affaire, le licenciement de Steven Palmer est intervenu alors que Kash Patel était furieux face au tollé médiatique sur ses déplacements personnels. "Peu de temps après, on a dit à Steven Palmer qu’il pouvait démissionner immédiatement ou être licencié", précise le journal économique citant trois sources anonymes. Mais comme le soulignent de nombreux journaux, les enregistrements de vol du FBI sont publics et montrent ce jour-là l’un de ses avions voyageant à destination et en retour du petit aéroport du State College, en Pennsylvanie, le 25 octobre. Un voyage qui correspond à la performance de sa petite amie Alexis Wilkins.

"Rumeurs infondées"

Ce déplacement a d’autant plus fait polémique que le directeur du FBI, un proche de Donald Trump, s’en était pris à son prédécesseur Chris Wray en 2023 pour ses déplacements personnels "aux frais du contribuable". Dans une déclaration, son porte-parole, Ben Williamson, a souligné que le directeur du FBI est tenu, en vertu des règles gouvernementales, de payer un remboursement pour son voyage en jet privé et a affirmé que Kash Patel avait "considérablement limité" les voyages personnels par rapport à ses prédécesseurs Chris Wray et James Comey. Comme l’a noté The Daily Beast, avant d’être directeur du FBI, Kash Patel était très critique à l’égard de l’utilisation par Chris Wray des jets du gouvernement à des fins personnels lorsque. En 2023, il avait même surnommé Chris Wray de manière cinglante "#GovernmentGangster".

"Nous ne nous laisserons pas distraire par des rumeurs infondées ou le bruit des anarchistes d’internet mal informés et des fausses informations, a réagi Kash Patel sur son compte X dimanche. J’ai toujours dit — critiquez-moi tant que vous voulez. Mais s’en prendre aux personnes qui font un excellent travail, à ma vie personnelle, ou à ceux qui m’entourent est une honte totale." Et d’ajouter : "Les attaques dégoûtantes et sans fondement contre Alexis — une vraie patriote et la femme que je suis fier d’appeler ma partenaire de vie — sont plus que pathétiques."

De son côté la chaîne MSNBC remarque que ce limogeage qui passe mal n’est que l’épilogue d’une semaine de bourdes cumulées pour le patron du FBI. Vendredi 31 octobre, jour d’Halloween aux Etats-Unis, il avait ainsi annoncé que ses équipes ont déjoué un "complot terroriste" imminent, avant même d’avoir des détails concrets sur l’arrestation de cinq jeunes dans le Michigan. Des responsables du ministère de la Justice "ont exprimé des préoccupations selon lesquelles Patel semblait avoir agi à la hâte sur l’enquête sans l’approbation du juge principal, dans le but apparent de demander un certain crédit pour le FBI, mais d’une manière qui pourrait interférer avec l’enquête". L’incident a rappelé un faux pas en septembre lorsque Kash Patel a publié de fausses informations sur les réseaux sociaux sur la mort par balle de l’activiste conservateur Charlie Kirk. Il avait notamment annoncé l’arrestation de son meurtrier présumé, alors qu’une traque de 33 heures débutait à peine, avait rapporté Fox News.

© afp.com/Jim WATSON

Le directeur du FBI, la police fédérale américaine, Kash Patel, lors d'une audition devant la commission judiciaire du Sénat, à Washington, le 16 septembre 2025
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Dans les Caraïbes, les Etats-Unis modernisent une base navale près du Venezuela

C’est l’histoire d’une base navale américaine implantée à Porto Rico, dénommé Roosevelt Roads et largement exploitée pendant la guerre froide. Fermés en 2004, il y a 21 ans, les 8 700 hectares du complexe militaire de Roosevelt Roads, qui fut l’un des plus grands au monde, s’apprêtent à être de nouveau opérationnels. "Depuis deux décennies, la base languissait dans les mauvaises herbes et la rouille. Puis les avions de chasse ont rugi", décrit le journal économique Bloomberg. Tandis que, selon des images aériennes capturées par l’agence de presse Reuters, dès le 17 septembre dernier, du personnel a commencé à défricher et à repaver les voies de circulation menant à la piste principale.

Selon les observateurs, la réactivation de cette base dans les Caraïbes, à moins de 800 kilomètres du Venezuela n’a rien d’anodin. Depuis plusieurs semaines, les relations entre Washington et Caracas sont très tendues, alors que Donald Trump a déclaré les Etats-Unis en "conflit armé" avec les narcotrafiquants, dont il accuse le Venezuela d’alimenter le trafic de drogue. Ces dernières semaines, quatorze frappes américaines sur des navires au large du Venezuela ont tué 61 personnes présentées comme des membres d’organisations criminelles sud-américaines.

Un "terrain d’étape"

"La base occupe un emplacement stratégique et offre une grande quantité d’espace pour la collecte d’équipement", a déclaré un responsable américain auprès de Reuters. Depuis septembre, la base de Roosevelt Roads de Porto Rico, est devenue un terrain d’étape pour les opérations militaires américaines dans la région, y compris les chasseurs furtifs F-35B et les avions-cargos C-17 Globemaster III, souligne Bloomberg. A Porto Rico, la tension militaire est désormais à son comble alors que le Pentagone a déployé près de 10 000 dans les bases militaires du petit territoire américain des Caraïbes, selon The New York Times.

En outre, des images satellites ont montré qu’au moins trois destroyers de missiles guidés, un groupe d’assaut amphibie et des navires de combat en eau peu profonde sont d’ores et déjà stationnés au large des côtes du Venezuela. Et le plus grand porte-avions de la marine américaine, l’USS Gerald R. Ford, est actuellement en route pour les Caraïbes. "Toutes ces choses sont, je pense, conçues pour effrayer le régime Maduro et les généraux qui l’entourent, dans l’espoir que cela créera des fissures", a déclaré à Reuters Christopher Hernandez-Roy, chercheur principal au Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS) à Washington.

Alors qu’une grande partie de l’accumulation militaire américaine s’est jusqu’à présent faite en haute mer, hors de la vue du public, ce qui se passe à Roosevelt Roads, mieux connue sous le nom de Rosy Roads, est plus visible. De quoi inquiéter les états de la Communauté des Caraïbes, dont 14 membres ont récemment rappelé que la région est une "zone de paix", où les questions de sécurité devraient être résolues "grâce à une coopération internationale continue et au sein du droit international".

Appel à l’aide à Moscou et Pékin

Alors que les Etats-Unis augmentent la pression, le Venezuela implore Moscou et Pékin pour obtenir de l’aide, rapporte un article du Washington Post. Selon des documents internes au gouvernement américain, dont certains médias comme le Washington Post ont eu accès, le président vénézuélien Nicolás Maduro aurait demandé de l’aide à la Chine, la Russie et l’Iran. Les demandes à Moscou ont été faites sous la forme d’une lettre destinée au président russe Vladimir Poutine. Le Kremlin a refusé de commenter la lettre, mais le ministère des Affaires étrangères a déclaré vendredi soir que Moscou soutenait le Venezuela "dans la défense de sa souveraineté nationale" et est "prêt à répondre de manière appropriée aux demandes de nos partenaires à la lumière des menaces émergentes". Dimanche, un Ilyushin Il-76 - l’un des avions russes sanctionnés en 2023 par les Etats-Unis pour avoir participé au commerce des armes et transporté des mercenaires - est arrivé à Caracas après une route détournée au-dessus de l’Afrique pour éviter l’espace aérien occidental, selon le site Flightradar24.

Le président vénézuélien aurait également adressé une lettre au président chinois Xi Jinping demandant une "coopération militaire élargie" entre leurs deux pays pour contrer "l’escalade entre les Etats-Unis et le Venezuela". Les mêmes documents, du gouvernement américain, indiquent en outre que le ministre des Transports Ramón Celestino Velásquez a également récemment coordonné une expédition d’équipement militaire et de drones en provenance d’Iran tout en y planifiant une visite. Selon le Washington Post, il aurait déclaré à un responsable iranien que le Venezuela avait besoin d'"équipement de détection passive", de "scramblers GPS" et "presque certainement des drones d’une portée de 1 000 kilomètres". L’accumulation militaire américaine dans les Caraïbes présente peut-être le plus grand défi pour Nicolás Maduro, le successeur d’Hugo Chávez, depuis son arrivée au pouvoir en 2013.

© afp.com/Martin BERNETTI

Le navire de guerre lance-missile américain USS Gravely arrive à Port d'Espagne, capitale de Trinité-et-Tobago, petit archipel situé à une dizaine de kilomètres du Venezuela, le 26 octobre 2025
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Israël : l’ex-procureure générale de l’armée arrêtée après la fuite d’une vidéo de sévices envers un Palestinien

L’ex-procureure générale de l’armée israélienne, Yifat Tomer-Yeroushalmi, a été arrêtée dans la nuit du dimanche 2 au lundi 3 novembre dans le cadre d’une enquête sur la fuite d’une vidéo suggérant des violences sur un détenu palestinien dans une prison israélienne près de Gaza. Cinq réservistes israéliens sont inculpés dans cette affaire hautement médiatisée, qui a suscité l’indignation à l’international.

La juriste la plus haut gradée de la hiérarchie militaire avait annoncé sa démission vendredi. Elle avait reconnu dans une lettre avoir autorisé ses services à diffuser les images auprès des médias. La magistrate avait ensuite brièvement disparu dimanche, soulevant des craintes quant à une possible tentative de suicide. Elle a ensuite été retrouvée vivante puis placée en garde à vue dans un centre de détention, a indiqué ce lundi sur Telegram le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir. Il a souligné l’importance de "mener l’enquête de manière professionnelle afin de découvrir toute la vérité concernant l’affaire qui a conduit à une accusation" contre des soldats.

Plusieurs médias israéliens ont ensuite indiqué qu’un tribunal de Tel-Aviv avait décidé de prolonger la détention de Yifat Tomer-Yeroushalmi jusqu’à mercredi à la mi-journée. Selon la radio-télévision publique Kan, elle devra répondre de "fraude, abus de confiance, abus de fonction, entrave à la justice et divulgation d’informations par un fonctionnaire".

"Grande violence"

La démission puis l’arrestation de "l’avocate militaire en chef" de l’armée israélienne relancent les débats sur la poursuite judiciaire des soldats accusés d’apparaître dans la vidéo qui a fuité.

L’affaire remonte à l’été 2024, lors de la diffusion par la chaîne israélienne Channel 12 d’images issues d’une caméra de surveillance du centre de détention de Sdé Teiman, près de la bande de Gaza. Sans les montrer clairement, la vidéo suggérait de graves violences exercées par des soldats israéliens sur un détenu palestinien. Les images avaient éclaboussé l’armée israélienne en plein conflit dans l’enclave et avaient finalement conduit, en février 2025, à l’inculpation de cinq soldats israéliens pour mauvais traitements.

"Le procureur militaire a inculpé cinq soldats réservistes pour avoir commis des agressions dans des circonstances aggravantes et causé des blessures à un détenu" avait précisé l’armée dans un communiqué. Selon l’acte d’accusation, qui mentionne de nombreuses preuves dont des documents médicaux et des images de vidéosurveillance, les soldats ont "agi contre le détenu avec une grande violence". Ces brutalités "ont causé de graves blessures physiques au détenu, notamment des côtes fracturées, un poumon perforé et une déchirure rectale interne".

Appel à annuler le procès

Selon le New York Times, Yifat Tomer-Yeroushalmi a écrit dans sa lettre de démission qu’elle avait autorisé la publication des images "dans le but de contrer la fausse propagande dirigée contre les autorités militaires chargées de l’application de la loi" et pour protéger ses équipes d’une campagne de délégitimation menée par des Israéliens qui s’opposaient aux poursuites judiciaires de ces soldats.

La démission de la procureure générale donne justement du grain à moudre à ces opposants, qui utilisent les révélations sur la fuite volontaire de la vidéo pour remettre en cause les poursuites judiciaires. Le New York Times rapporte une conférence de presse de certains avocats des accusés demandant une annulation du procès de leurs clients. "Aujourd’hui, malheureusement, nous savons que nous avons été témoins d’un processus judiciaire défaillant, biaisé et entièrement fabriqué de toutes pièces", a déclaré l’un d’eux à la presse, précisant que tous les réservistes rejetaient les accusations qui pèsent contre eux. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a quant à lui demandé une enquête "indépendante et impartiale", précisant que l’affaire avait causé un "préjudice immense" à l’image de l’Etat d’Israël.

© Anadolu via AFP

L'affaire remonte à l'été 2024, lors de la diffusion d'images issues d'une caméra de surveillance du centre de détention de Sdé Teiman, près de la bande de Gaza.
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Gaza : le Hamas "semble déterminé" à respecter la trêve, dit Recep Tayyip Erdogan

Le décombre macabre se poursuit, alors que le Hamas continue de rendre au compte-goutte à Israël les dépouilles d’otages qu’il détient toujours. Les corps de trois soldats enlevés le 7 octobre 2023 ont été restitués dimanche 2 novembre, ce qui porte à 20 le nombre d’otages morts rendus par le mouvement islamiste sur un total de 28 qu’il doit remettre. Si le sujet est à l’origine de nombreuses tensions, la trêve fragile négociée par les Etats-Unis, en vigueur depuis le 10 octobre, tient toujours. Pour tenter de peser sur l’avenir de Gaza, la Turquie réunit ce lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de pays musulmans : "Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a déclaré en amont de ce sommet le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan, insistant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Les infos à retenir

⇒ Le guide suprême iranien exclut une coopération avec Washington en raison de son soutien à Israël

⇒ Le Hamas "semble déterminé" à respecter la trêve, dit Recep Tayyip Erdogan

⇒ Israël a rendu 45 corps de Palestiniens après avoir récupéré les corps de trois nouveaux otages

Le guide suprême iranien exclut une coopération avec Washington en raison de son soutien à Israël

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a exclu ce lundi toute coopération avec les États-Unis tant que Washington ne changerait pas sa politique dans la région, y compris en matière de soutien à Israël. "S'ils abandonnent complètement leur soutien au régime sioniste, retirent leurs bases militaires (de la région) et s'abstiennent d'intervenir dans cette région, alors (une coopération) pourra être envisagée", a-t-il déclaré. "La nature arrogante des États-Unis n'accepte rien d'autre que la soumission", a-t-il ajouté, lors d'une réunion avec des étudiants à Téhéran commémorant la prise de l'ambassade américaine en 1979 à la suite de la révolution islamique qui a renversé le chah d'Iran soutenu par l'Occident.

L'Iran et les Etats-Unis, ennemis depuis quatre décennies, avaient entamé en avril des négociations sous la médiation du sultanat d'Oman autour du programme nucléaire iranien, objet de tensions avec les pays occidentaux. Mais ces discussions sont au point mort depuis l'attaque surprise d'une ampleur inédite lancée par Israël contre l'Iran le 13 juin, qui a déclenché un conflit de 12 jours entre les deux pays, au cours duquel les Etats-Unis ont aussi frappé trois importants sites nucléaires iraniens.

Pour Ali Khamenei, la seule solution pour l'Iran est de "devenir fort", y compris sur le plan militaire. "Si le pays devient fort et que l'ennemi se rend compte qu'entrer en confrontation avec cette nation forte ne lui apportera aucun bénéfice mais lui causera des pertes, le pays gagnera certainement en immunité", a-t-il commenté.

Le Hamas "semble déterminé" à respecter la trêve, dit Recep Tayyip Erdogan

Le Hamas "semble déterminé" à respecter l’accord de cessez-le-feu à Gaza, a affirmé lundi le président turc Recep Tayyip Erdogan, quelques heures avant une réunion de pays musulmans à Istanbul sur Gaza. "Le Hamas semble déterminé à respecter l’accord. Cependant, nous constatons tous que le bilan d’Israël sur ce sujet est extrêmement mauvais", a déclaré le chef de l’Etat turc à Istanbul devant le Comité permanent pour la coopération économique et commerciale (COMCEC) de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) qu’il souhaite voir "jouer un rôle moteur" dans la reconstruction du territoire.

La Turquie réunit aujourd’hui à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie) pour tenter de peser sur l’avenir de Gaza. Ces ministres avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l’Assemblée générale de l'ONU. Le président américain avait présenté six jours plus tard son plan pour mettre fin au conflit dans la bande de Gaza.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi à Istanbul une délégation du bureau politique du Hamas, emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien. "Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a-t-il déclaré lors d’un forum à Istanbul, insistant de nouveau pour une solution à deux Etats. "Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc.

Israël a rendu 45 corps de Palestiniens après avoir récupéré les corps de trois nouveaux otages

Le ministère de la Santé opérant à Gaza sous le contrôle du Hamas a annoncé lundi qu'Israël avait rendu 45 corps de Palestiniens dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre dans le territoire palestinien. Selon les termes de cet accord, Israël doit remettre les corps de 15 Palestiniens pour chaque dépouille d'otage israélien restituée de Gaza.

Les autorités israéliennes ont annoncé lundi avoir identifié les dépouilles rendues par le Hamas la veille comme étant celles de trois soldats enlevés le 7 octobre 2023, ce qui porte à 20 le nombre d’otages morts rendus par le mouvement islamiste sur un total de 28 qu’il doit remettre.

Les défunts ont été identifiés comme le capitaine américano-israélien Omer Neutra, 21 ans lors de son enlèvement, le caporal Oz Daniel, 19 ans, et le colonel Assaf Hamami, 40 ans, l’officier le plus gradé tombé aux mains du Hamas. Selon le Forum des familles d’otages, les trois ont été tués dans des combats lors de l’attaque du Hamas sur le sol israélien du 7-Octobre qui a déclenché la guerre à Gaza, et leurs corps ensuite enlevés dans le territoire palestinien.

Israël : l’ex-procureure générale de l’armée arrêtée sur des soupçons de fuites

L’ex-procureure générale de l’armée israélienne Yifat Tomer-Yeroushalmi a été arrêtée dans le cadre d’une enquête concernant la fuite d’une vidéo montrant des violences en 2024 contre des détenus palestiniens par des soldats israéliens dans une prison de haute sécurité, a indiqué lundi le ministre de la Sécurité intérieure.

Après avoir annoncé sa démission vendredi, Yifat Tomer-Yeroushalmi avait brièvement disparu dimanche, déclenchant des spéculations dans la presse sur une possible tentative de suicide.

Dans un message sur Telegram, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a annoncé lundi qu’il "a été convenu qu’à la lumière des événements de la nuit dernière, le Service pénitentiaire agirait avec une vigilance accrue pour assurer la sécurité de la détenue dans le centre de détention où elle a été placée en garde à vue".

© afp.com/Adem ALTAN

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, le 24 avril 2024 à Ankara
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Donald Trump pointe du doigt la Chine et la Russie pour justifier ses essais nucléaires

Le président américain Donald Trump a affirmé que la Russie et la Chine mènent des essais nucléaires "mais n’en parlent pas", sans toutefois préciser leur nature, dans une interview à la chaîne américaine CBS diffusée dimanche 2 novembre. "La Russie fait des essais, et la Chine fait des essais, mais ils n’en parlent pas", a assuré le président américain. "On va faire des essais parce que d’autres font des essais. La Corée du Nord fait des essais. Le Pakistan fait des essais", a-t-il aussi dit.

"Vous savez, aussi puissantes que soient (les armes nucléaires), le monde est grand. Vous ne savez pas nécessairement où ils font des essais", a-t-il poursuivi. "Ils font des essais souterrains, en profondeur, où les gens ne savent pas vraiment ce qui se passe. Vous sentez une petite vibration. Ils font des essais et on n’en fait pas. Nous devons en faire".

"Ce que je dis, c’est qu’on va faire des essais nucléaires comme d’autres pays le font", a insisté Donald Trump, sans répondre précisément à une question portant sur la détonation même de charge nucléaire, que les Etats-Unis n’ont plus pratiquée depuis 1992.

En réponse aux accusations du locataire de la Maison-Blanche, Pékin a assuré lundi ne plus effectuer aucun essai nucléaire. "La Chine a toujours adhéré à la voie du développement pacifique, mène une politique de non-utilisation en premier des armes nucléaires, adhère à une stratégie nucléaire basée sur l’autodéfense et respecte son engagement de suspendre les essais nucléaires", a indiqué lors d’une conférence de presse régulière Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Des explosions "non nucléaires" selon le ministre de l’Energie

Le ministre américain de l’Energie Chris Wright a lui indiqué dimanche sur Fox News que les Etats-Unis ne procéderaient pas à des "explosions nucléaires". "Ce sont ce qu’on appelle des 'explosions non critiques', c’est-à-dire que vous testez toutes les autres parties d’une arme nucléaire pour vous assurer qu’elles composent la géométrie appropriée et qu’elles déclenchent l’explosion nucléaire", a-t-il expliqué. "Les essais que nous allons faire sont sur des nouveaux systèmes, et une fois de plus, il s’agit d’explosions non nucléaires", a insisté le ministre.

Donald Trump a suscité vives inquiétudes et protestations dans le monde entier quand il a annoncé jeudi avoir ordonné au Pentagone de "commencer à tester nos armes nucléaires sur un pied d’égalité" avec la Russie et la Chine. Depuis, il a réitéré son intention de reprendre les essais d’armes nucléaires, sans dire ce qu’il projetait exactement. Le doute demeure sur son propos : parle-t-il d’essais d’armes capables de porter une tête nucléaire ou bien de la détonation même d’une charge nucléaire ?

Cette décision choc intervient dans un contexte géopolitique incandescent, à un moment où la rhétorique nucléaire revient périodiquement au premier plan depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Aucune puissance n’a procédé officiellement à un essai nucléaire depuis trois décennies - à l’exception de la Corée du Nord (à six reprises entre 2006 et 2017). La Russie (alors Union soviétique) n’en a plus conduit depuis 1990 et la Chine depuis 1996. Mais de nombreux pays, Etats-Unis en tête, effectuent régulièrement des tests de vecteurs - missiles, sous-marins, avions de chasse ou autres. Washington est signataire du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (Tice). Procéder à une explosion nucléaire en constituerait une violation flagrante.

© afp.com/Anna Moneymaker

Le président américain Donald Trump s'exprime dans le bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington, le 9 octobre 2025
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L’Allemagne et la Belgique touchées par de nouveaux survols de drones

Un mois après le survol de l’aéroport de Munich par des drones, un nouvel appareil a causé l’interruption du trafic aérien dimanche 2 novembre à l’aéroport de Brème, au nord de l’Allemagne. Le drone a été repéré "aux abords immédiats de l’aéroport" vers 19h30 heure locale, a indiqué la police. Le trafic a ensuite été suspendu pendant près d’une heure, occasionnant des retards selon le site Flightradar. La police allemande n’a pas encore pu identifier clairement l’origine du drone.

Vendredi soir, l’apparition d’un autre appareil aux abords de la capitale allemande avait également entraîné l’interruption du trafic à l’aéroport de Berlin, et ce pendant près de deux heures. Les autorités allemandes ont à plusieurs reprises mis en garde contre la menace croissante posée par les drones, et tentent de mettre en place des mesures pour s’en prémunir après une série d’incursions d’appareils non identifiés dans des aéroports et sites militaires cette année. Berlin, l’un des principaux soutiens de l’Ukraine face à la Russie, soupçonne Moscou d’être à l’origine de certaines de ces activités.

Une base de l’Otan survolée

La Belgique a également été victime d’incursions dans son espace aérien pendant le week-end du 1er novembre. Des appareils ont été aperçus trois soirs de suite au-dessus de la base aérienne de Kleine-Brogel, dans le nord-est du pays. Selon le quotidien belge La Libre, quatre engins ont survolé dimanche soir cette base utilisée par l’Otan, qu’un hélicoptère de la police a tenté de poursuivre. Ils ont finalement disparu en direction des Pays-Bas. La nuit précédente, des drones suspects "de type plus grand et volant à haute altitude" avaient également été signalés au-dessus de la base, selon le ministre de la Défense Theo Francken. Les autorités belges avaient également tenté de prendre en chasse le drone et d’utiliser un brouilleur, sans succès.

"Il ne s’agissait pas d’un simple survol, mais d’une commande claire visant Kleine-Brogel", a affirmé Theo Francken sur le réseau social X. Si une enquête des services de renseignements belges est encore en cours pour déterminer l’origine de cette incursion, auprès de la RTBF, le ministre a privilégié la piste de l’espionnage militaire. La base de Kleine-Brogel est en effet utilisée par l’Otan et a même accueilli des exercices de l’Alliance transatlantique en octobre, rassemblant près de 2 000 militaires, selon le journal allemand Der Spiegel. L’armée américaine y stocke par ailleurs des munitions, et la base fait depuis plusieurs années l’objet de spéculations quant à la présence d’armes nucléaires - des informations non confirmées, rappelle le journal.

"Il est strictement interdit de faire voler des drones au-dessus des quartiers militaires. La Défense doit tout mettre en œuvre pour abattre ces drones", avait insisté Theo Francken samedi. Début octobre, des drones non identifiés avaient déjà survolé le camp militaire belge d’Elsenborn, situé non loin de la frontière avec l’Allemagne.

Un "mur de drones" d’ici 2027

D’ici à 2027, l’Union européenne veut mettre en place un "mur" antidrones, après une série d’incursions dans le ciel européen fin septembre, notamment au-dessus de l’aéroport de Copenhague (Danemark), en Roumanie, en Pologne et en Norvège. En septembre, la réponse de l’Otan à l’entrée d’une vingtaine de drones russes dans l’espace aérien de la Pologne avait mis en évidence les lacunes dans l’arsenal européen. L’Alliance atlantique avait dû recourir à de coûteux missiles pour abattre ces appareils.

Afin de mettre en œuvre ce nouveau système de défense, plus adapté et plus économique, l’UE entend s’appuyer sur l’expérience acquise par l’Ukraine depuis son invasion par l’armée russe en février 2022. Ce pays, qui dispose désormais d’une industrie de fabrication de drones et surtout d’intercepteurs de drones unique en Europe, a promis son aide.

© dpa Picture-Alliance via AFP

Le trafic a été interrompu pendant près d'une heure à l'aéroport de Brème, dans le nord de l'Allemagne, après l'incursion d'un drone.
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Accord de 1968 : l’Algérie reste de marbre après le vote des députés français

Le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf a affirmé dimanche 2 novembre que l’adoption à l’Assemblée nationale française d’une résolution visant à dénoncer l’accord franco-algérien de 1968 était, pour le moment, une affaire "franco-française".

"C’est attristant de voir un pays aussi grand que la France faire de l’histoire d’un autre pays, indépendant, souverain, l’objet d’une compétition électorale anticipée en France", a dit Ahmed Attaf dans un entretien à la chaîne d’information algérienne AL24. "Très sincèrement, j’ai beaucoup de respect pour l’Assemblée nationale française, mais lorsque j’ai vu ce vote […], la première pensée qui m’est venue à l’esprit (est) 'la course à l’échalote se poursuit'", a-t-il déclaré.

Jeudi, les députés français ont adopté une proposition de résolution du Rassemblement national (RN, extrême droite) visant à "dénoncer" l’accord franco-algérien de 1968, dans un geste symbolique. Ce texte, non contraignant, a été adopté à une majorité d’une voix par la chambre basse du Parlement français, grâce à l’appui de députés des partis de droite LR et Horizons.

"Sur le fond, cette affaire est une affaire entre l’Assemblée nationale française et le gouvernement français. C’est une affaire intérieure, c’est une affaire franco-française. Elle ne nous concerne pas pour le moment", a souligné le chef de la diplomatie algérienne.

"Nous espérons ne rien voir venir"

Ahmed Attaf a toutefois précisé qu'"elle pourrait nous concerner si ça devient une affaire de gouvernement à gouvernement parce que l’accord de 68 est un accord intergouvernemental. C’est un accord international et le gouvernement français ne nous a rien dit à ce sujet et donc sur le fond, nous ne réagissons pas." "Nous n’avons rien vu venir et nous espérons ne rien voir venir", a conclu le ministre algérien.

Cet accord, signé six ans après la fin de la guerre d’Algérie (1954-1962), crée un régime d’immigration favorable pour les Algériens, qui n’ont pas besoin de visa spécifique pour rester plus de 3 mois en France et accèdent plus rapidement que les autres étrangers aux titres de séjour pour 10 ans, y compris dans le cadre du regroupement familial.

Paris et Alger sont empêtrés depuis plus d’un an dans une crise diplomatique, à la suite de la reconnaissance à l’été 2024 par la France d’un plan d’autonomie "sous souveraineté marocaine" pour le Sahara occidental.

© afp.com/Philemon HENRY

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot serrant la main de son homologue algérien Ahmed Attaf le 6 avril 2025 à Alger.
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Au Mexique, Claudia Sheinbaum joue les équilibristes face à Donald Trump

Tout juste nommé aux Affaires étrangères par Donald Trump, Marco Rubio entame sa première tournée diplomatique fin janvier dernier. Et les destinations n’ont pas été choisies au hasard : Panama, Guatemala, Salvador. Que des pays d’Amérique latine.

Les liens entre Marco Rubio et cette région, ça vous dit peut-être quelque chose. On en avait parlé dans un précédent épisode de La Loupe.

Dans un ancien podcast, Axel Gyldèn, du service monde de L’Express, nous expliquait qu’avec ce secrétaire d’Etat d’origine cubaine, l'Amérique latine pourrait bien redevenir une priorité pour Washington.

Même si l'agenda international du président américain est chargé, il est clair désormais que Donald Trump ne veut pas lâcher l'Amérique latine. Mais la tâche s'annonce difficile.

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Cet épisode a été écrit et présenté par Solène Alifat et réalisé par Jules Krot.

Crédits : France 24, VisualPolitik, The Guardian

Musique et habillage : Emmanuel Herschon/Studio Torrent

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Pour aller plus loin :

Marco Rubio et Donald Trump : leur plan pour redessiner l’Amérique latine

Donald Trump II, jour 1 : comment il a dessiné les contours de l'Amérique qui vient

Entre Donald Trump et Hugo Chavez, de troublantes similitudes

© afp.com/CHARLY TRIBALLEAU, Rodrigo Oropeza

Montage photo montrant le président élu américain Donald Trump et la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum
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Donald Trump, un an à la Maison-Blanche : ce que disent les derniers sondages

Un an après la réélection de Donald Trump, les sondages suggèrent que la cote de popularité du président et multimilliardaire américain est globalement mauvaise. Mais les instituts nuancent l’ampleur de son impopularité. D'après les chiffres, l’immense majorité des études réalisées depuis début octobre situent Donald Trump dans un taux d’approbation négatif, allant de -1 à -18 points. Sur le long terme, toutefois, ces résultats ne traduisent pas une chute significative pour le président républicain.

Entre un léger redressement…

Selon le dernier sondage ActiVote, publié le 1er novembre, la popularité de Donald Trump demeure négative, mais connaît un léger redressement par rapport aux mois précédents. Sa cote d’approbation est passée de 43,5 % à 46 %, tandis que son taux de désapprobation a reculé de 51,5 % à 50,6 %, portant sa cote nette à – 4,6 %. Soit un peu mieux que lors des derniers sondages.

Ces chiffres représentent, selon ActiVote, les meilleurs résultats de Donald Trump depuis quatre mois, supérieurs à sa moyenne de 41 % durant son premier mandat, ainsi qu’à celle de Joe Biden sur l’ensemble de sa présidence (41 %) et dans sa dernière année (40 %). Le sondage, réalisé auprès de 574 Américains (c’est l’un des échantillons de votants les moins fournis) entre le 1er et le 31 octobre, repose sur un système de notation par étoiles converties en pourcentages d’approbation et de désapprobation — une méthode indicative, mais peu précise.

ActiVote détaille par ailleurs le profil habituel des soutiens du président parmi les participants au sondage : hommes, électeurs ruraux, plus de 50 ans, blancs, républicains, foyers aisés et personnes ayant suivi des études supérieures courtes. Sur le plan politique, son appui reste massif à droite (87 %) et quasi nul à gauche (96 %). Les centristes, avec une cote nette de + 11 points, constituent la principale source de cette amélioration.

… et une baisse par rapport au début du mandat

Un autre sondage, plus sévère, dresse un tableau différent. Réalisé sur plus de 2 000 personnes par YouGov pour CBS News, il estime que la cote d’approbation nette du président s’établit désormais à – 18, soit son plus bas niveau depuis son investiture et trois points en dessous du minimum atteint lors de son premier mandat. Contrairement à la plupart de ses prédécesseurs, "les deux mandats de Donald Trump ont commencé avec une opinion publique divisée de manière égale", note le grand quotidien économique britannique The Economist, qui a analysé les résultats de l’étude.

Réélu sur une vague de pessimisme économique, Donald Trump avait promis aux électeurs que "les revenus allaient s’envoler, l’inflation disparaîtrait complètement, les emplois reviendraient en force et la classe moyenne prospérerait comme jamais auparavant" pendant son second mandat. "Jusqu’ici, les Américains sont déçus", conclut The Economist. Pour le journal, la gestion de l’économie et de l’inflation, du président américain, jugée positive à ses débuts, est désormais largement désapprouvée, en raison notamment de la guerre commerciale et de la réaction négative des marchés. Selon YouGov, les électeurs rejettent également sa politique migratoire, pourtant un pilier central de sa campagne de réélection.

© afp.com/CHIP SOMODEVILLA

Les sondages suggèrent que la cote de popularité du président réélu est globalement mauvaise.
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La "diplomatie d'orfèvre" du Maroc : comment Rabat a conquis l'ONU sur le Sahara occidental

Certains textes portent en eux le souffle des grandes mutations. Le projet de résolution du Conseil de sécurité sur le statut du Sahara occidental, voté ce 31 octobre 2025 aux Nations unies, est de ceux-là. Adopté par 11 voix sur 15, zéro voix contre (l’Algérie ayant refusé de voter), le texte valide pour la première fois le plan d’autonomie marocain de 2007, marquant un tournant en faveur de Rabat plus de cinquante ans après le début du conflit opposant le Maroc au Front Polisario soutenu par l’Algérie.

Portée par les Etats-Unis, la résolution devait recueillir au moins neuf voix sur quinze au Conseil de sécurité et éviter tout veto des cinq puissances permanentes : Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Russie, Chine. Les trois premiers étaient déjà acquis à la cause marocaine, les deux autres, opposants historiques, se sont finalement abstenus après avoir entretenu le flou. "Le Maroc espérait faire basculer la Chine avec ses intérêts économiques, mais celle-ci ne veut pas se fâcher avec l’Algérie", commente Emmanuel Dupuy, président de l’Institut de prospective et de sécurité en Europe. Pékin, refusant toute ingérence dans le conflit, compte effectivement à la fois sur le Maroc et l’Algérie pour intégrer le marché maghrébin et développer son projet d’extension de la route de la soie vers le continent américain.

Le Sahara, priorité diplomatique

Pour l’Algérie, c’est un coup dur. Malgré une meilleure prise en compte des revendications indépendantistes, sous la pression algérienne, le texte "ne reflète pas suffisamment la doctrine onusienne en matière de décolonisation", a réagi l’ambassadeur algérien Amar Bendjama, qui a refusé de participer au vote. Le Front Polisario a de son côté qualifié le plan de Rabat de "parodie" qui ne "vaut pas plus que le papier sur lequel il est écrit".

Le texte appelle le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et son émissaire sur ce dossier, Staffan de Mistura, à mener des négociations "sur la base" de ce plan pour parvenir à un accord mutuellement acceptable. "Nous ouvrons un nouveau chapitre victorieux dans le processus de consécration de la marocanité du Sahara, destiné à clore définitivement ce dossier", a réagi le roi du Maroc Mohammed VI, saluant un "changement historique" du Conseil.

En réalité, ce tournant diplomatique n’est pas le fruit du hasard, mais plutôt d’un long travail d’influence mené tous azimuts par Rabat depuis plus d’un demi-siècle. Depuis son indépendance en 1956, le Maroc estime avoir perdu injustement des territoires et revendique des liens anciens avec les tribus sahariennes et l’Afrique de l’Ouest. En 1975, alors que la Cour internationale de justice réfute "tout lien de souveraineté territoriale" avec le Sahara occidental, Hassan II fait de sa marocanité une cause nationale, mobilisant l’essentiel des efforts diplomatiques du Royaume. Il lance la "marche verte" la même année et négocie secrètement avec l’Espagne les accords de Madrid, qui cèdent le nord du Sahara au Maroc et le sud à la Mauritanie. Exclu des négociations, le Front Polisario, armé par l’Algérie, entre en guerre contre les deux occupants. En 1980, le Maroc construit un mur des Sables de 2 700 kilomètres et lance des investissements massifs dans ces "provinces du sud", construisant des mosquées, des hôpitaux, des hôtels, des écoles, afin de rallier la population à la marocanité du territoire (politique du "fait accompli").

À son arrivée au trône en 1999, Mohammed VI fait du dossier saharien sa priorité, s’impliquant personnellement et étendant le réseau diplomatique et économique du Royaume vers la Chine, la Russie, les puissances du Golfe, et l’Amérique latine, tout en consolidant ses liens avec les Etats-Unis et l’Europe, selon Pierre Vermeren, historien spécialiste du Maghreb et auteur du Maroc en 100 questions (Ed. Tallandier, 2020). Pour renforcer l'influence du Royaume, il adapte le Maroc aux nouvelles réalités économiques en développant son offre d’exportation et en investissant dans des secteurs clés pour l'avenir (télécommunications, agriculture, énergie, finance, BTP...) pour positionner le pays non seulement comme le futur centre de l’Afrique, mais aussi comme un acteur significatif et visible sur la scène économique internationale.

Rassurer la communauté internationale

"Le Royaume pratique une diplomatie d’orfèvre, en s’adressant à tout le monde selon ses intérêts : tant aux puissances occidentales, profitant des faiblesses diplomatiques de son voisin algérien, qu’aux économies émergentes et à ses partenaires régionaux", explique Pierre Vermeren. Ses matières premières, ses investissements dans les énergies renouvelables, ses achats d'armes, ses eaux poissonneuses et ses exportations agricoles, sont autant d'arguments économiques qui renforcent ses liens commerciaux et stratégiques à travers le monde. Concernant les puissances du Golfe, soutiens de premier plan à la marocanité du Sahara, les intérêts sont d'abord géopolitiques, partageant avec le Maroc des préoccupations dans les différents dossiers qui concernent la région de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, notamment la lutte contre le terrorisme et le séparatisme et contre la menace iranienne.

En 2007, il propose un statut d’autonomie pour le Sahara occidental, au cœur du projet de résolution de l’ONU actuellement porté par les Etats-Unis. Ce plan prévoit la mise en place d’autorités locales – législative, exécutive, judiciaire – élues par les habitants, le Maroc conservant les compétences régaliennes en matière de défense, de politique étrangère et de religion. Depuis, la ligne diplomatique du Maroc ne s’écarte plus d’un iota de ce plan d’autonomie. Objectif : rassurer et séduire la communauté internationale.

Et un à un, Rabat accumule les soutiens. Le premier parmi les grandes puissances occidentales est décisif : en 2020, quelques mois avant la fin de son premier mandat, Donald Trump reconnaît la marocanité du Sahara en échange de la normalisation des relations du Maroc avec Israël. Ces accords d’Abraham entraînent une série de ralliements à la position marocaine : en 2022, l’Espagne, sous la pression migratoire exercée par Rabat, abandonne sa neutralité officielle et soutient le plan d’autonomie, suivie la même année par l’Allemagne et Israël, puis par la France en octobre 2024 après trois ans de tensions diplomatiques, ou encore le Royaume-Uni en juin dernier.

Le pari de l’Afrique

Le Maroc a aussi rallié d’anciens soutiens du Polisario, comme le Ghana ou le Malawi. Depuis son retour à l’Union africaine en 2017, Rabat a renforcé son action diplomatique en Afrique, surtout auprès des pays pauvres autrefois proches de l’Algérie. "Le premier pilier de la politique étrangère du Maroc aujourd’hui, c’est l’Afrique où ses entreprises sont très présentes dans le secteur des banques, de la téléphonie, des énergies vertes ou du BTP, considère Emmanuel Dupuy. Il sait aussi s’adresser à des pays enclavés, en leur offrant un accès à l’Atlantique grâce à ses infrastructures routières, portuaires et ferroviaires, ou au gaz naturel avec le projet de gazoduc Maroc-Nigéria." En tant que "Commandeur des croyants", le roi mène également en Afrique une politique religieuse d’influence, par la promotion d'un islam modéré en finançant la construction de mosquées et la formation d'imams en Afrique de l’Ouest.

Aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, s’ajoutent dix membres élus pour deux ans : l’Algérie, la Corée du Sud, le Danemark, la Grèce, le Guyana, le Pakistan, le Panama, la Sierra Leone, la Slovénie et la Somalie. Ces derniers mois, à l’approche du vote, la diplomatie marocaine s’est activée pour convaincre les indécis, stimulée par ses nouveaux soutiens et l’approche d’une issue favorable : depuis début 2025, son chef, le ministre des affaires étrangères marocain Nasser Bourita, a rencontré ses homologues du Panama, de la Sierra Leone, de la Corée du Sud, de la Somalie. La France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont eux-mêmes joué le rôle de relais de la position marocaine en vue d’obtenir la majorité la plus large possible lors du vote.

Prochaine étape, un référendum devrait être organisé au terme de négociations entre les trois parties : Rabat, Alger et le Front Polisario. Le mandat de la mission des Nations unies chargée de l’organisation de ce référendum (Minurso), qui expirait le 31 octobre, vient d’être renouvelé pour un an.

© Maghreb Arabe Press (MAP) / AFP

Le roi du Maroc Mohammed VI, le 18 septembre 2025, à Casablanca.
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Guerre en Ukraine : quand l’armée russe torture et exécute ses propres soldats

Des commandants russes exécutent ou envoient délibérément à la mort des soldats refusant de combattre en Ukraine, selon une enquête du média indépendant Verstka, fondé par des journalistes d’investigation en exil. S’appuyant sur des témoignages, des vidéos, des plaintes officielles et documents internes, le média affirme avoir identifié 101 militaires russes accusés d’avoir assassiné, torturé ou puni à mort leurs propres subordonnés.

Au moins 150 décès ont été vérifiés par le média, un chiffre qui pourrait s’avérer bien plus élevé. Depuis le début de l’invasion russe, des rapports évoquent déjà des soldats tués par leur camp ou des unités de blocage empêchant toute retraite. Des accusations que le Kremlin rejette systématiquement.

Les méthodes de terreur internes sont décrites en détail dans le rapport de Verstka. Au fil des lignes, on découvre l’horreur des "tireurs d’exécution", soldats qui reçoivent l’ordre d’abattre les réfractaires, puis de jeter leurs corps dans des rivières ou des fosses peu profondes, en les enregistrant comme morts au combat. Autre technique commune, selon des témoignages : l’usage de drones et d’explosifs pour "achever" les blessés ou les fuyards. Dans plusieurs cas, des officiers auraient ordonné à des opérateurs de drones de larguer des grenades sur leurs propres hommes, maquillant ces meurtres en frappes ennemies.

Combats de "gladiateurs" et missions suicides

A ces meurtres s’ajoute parfois la barbarie. Selon Verstka, des soldats ayant désobéi auraient été jetés dans des fosses grillagées, arrosés et battus pendant des heures. Parfois même, contraints de se battre entre eux "dans des combats de gladiateurs à mort". Une vidéo diffusée en mai 2025 montre deux hommes torse nu dans une fosse tandis qu’une voix dit : "Le commandant Kama a dit que celui qui battra l’autre à mort sortira de la fosse". La voix poursuit : "Achève-le, qu’est-ce que tu attends ?", jusqu’à ce qu’un homme s’effondre.

Le média relie également plusieurs meurtres à des extorsions : des commandants exigeraient régulièrement des paiements pour éviter les missions suicides, ceux qui refusent étant éliminés. L’enquête décrit aussi des cas de soldats envoyés volontairement à la mort, déployés comme mayachki (des "balises") — forcés d’avancer devant les groupes d’assaut, sans équipement, pour attirer le feu ennemi.

Selon l’enquête, ces pratiques qui se limitaient au départ aux "unités pénales" composées d’anciens détenus, se sont désormais étendues à l’armée régulière. Verstka dit avoir obtenu des données biographiques sur plus de 60 d’entre eux. La plupart des auteurs identifiés sont des officiers de 30 à 40 ans, vétérans de campagnes précédentes. Le média affirme aussi que le bureau du procureur militaire russe a reçu près de 29 000 plaintes au premier semestre 2025, dont 12 000 pour des sanctions infligées par des supérieurs. Aucun des officiers responsables n’a à ce jour été poursuivi.

© AFP

Au moins 150 cas de meurtres de soldats russes par des supérieurs de l'armée ont été vérifiés par le média Verstka.
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Pourquoi Donald Trump menace le Nigeria d’une intervention militaire

Donald Trump fait planer la menace d’une "action militaire" au Nigeria. Samedi 1er novembre, le président américain a déclaré avoir ordonné au Pentagone de se préparer à une possible opération dans ce pays d’Afrique subsaharienne peuplé par 230 millions d’habitants, accusant le Nigeria de ne pas faire assez pour endiguer la violence contre les chrétiens. Abuja nie, expliquant être victime d’un contexte de violences généralisées déconnectées du facteur religieux, et demande plutôt de l’aide aux Etats-Unis.

Sur Thruth Social, il a dénoncé le "massacre de masse" de chrétiens et menacé de "cesser immédiatement toute aide et assistance au Nigeria" si le gouvernement ne "bouge pas vite". Donald Trump a ajouté que les Etats-Unis "pourraient très bien entrer dans ce pays désormais discrédité, les armes à la main, pour anéantir complètement les terroristes islamiques qui commettent ces horribles atrocités". Il précise dans le même message : "Je donne par la présente instruction à notre Département de la Guerre de se préparer à une possible action. Si nous attaquons, ce sera rapide, vicieux et doux, tout comme les voyous terroristes attaquent nos CHERS chrétiens ! AVERTISSEMENT : LE GOUVERNEMENT NIGÉRIAN FERAIT MIEUX D’AGIR VITE !".

Le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, a répondu sur les réseaux sociaux : "Yes sir", publiant une capture d’écran des propos de Trump. Il a ajouté : "L’assassinat de chrétiens innocents au Nigeria — et partout — doit cesser immédiatement. Le Département de la Guerre se prépare à agir. Soit le gouvernement nigérian protège les chrétiens, soit nous tuerons les terroristes islamiques qui commettent ces horribles atrocités."

Un contexte de violences

Donald Trump affirme que "le christianisme fait face à une menace existentielle au Nigeria" à cause de "violations systématiques, continues et flagrantes de la liberté religieuse". Il a déjà désigné le pays comme "Country of Particular Concern" au titre de l’International Religious Freedom Act. Ces déclarations interviennent dans un contexte de violences complexes au Nigeria, où tant les chrétiens que les musulmans sont victimes d’attaques de groupes islamistes radicaux, ainsi que de conflits communautaires, ethniques et liés aux ressources. Selon la chaîne américaine CNN, "bien que les chrétiens figurent parmi les cibles, des rapports locaux indiquent que la plupart des victimes sont des musulmans vivant dans le nord majoritairement musulman du Nigeria".

Le président nigérian Bola Tinubu a rejeté ces accusations, affirmant que "la caractérisation du Nigeria comme religieusement intolérant ne reflète pas notre réalité nationale" et rappelant les "efforts constants et sincères du gouvernement pour sauvegarder la liberté de religion et de croyance pour tous les Nigérians". Son porte-parole, Bayo Onanuga, a dénoncé une "grossière exagération de la situation nigériane", précisant que "chrétiens, musulmans, églises et mosquées sont attaquées de manière aléatoire" et demandant "un soutien militaire américain" plutôt qu’une désignation comme nation d’intérêt particulier.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Malgré des rapports indiquant qu'ils ne sont pas particulièrement visés, Donald Trump dénonce le "massacre de masse" de chrétiens au Nigeria.
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Angleterre : dix blessés dont neuf graves dans une attaque à l’arme blanche près de Cambridge

La police a affirmé, dimanche 2 novembre, écarter à ce stade un motif "terroriste" après l’attaque à l’arme blanche qui a fait au moins dix blessés, dont neuf graves, la veille dans un train près de Cambridge en Angleterre et pour lequel deux suspects ont été arrêtés.

"A ce stade, rien ne suggère qu’il s’agisse d’un incident terroriste", a déclaré un responsable de la British Transport Police, le superintendant John Loveless lors d’un bref point presse. Il a également précisé que les deux personnes interpellées pour "suspicion de tentative de meurtre", sont "un homme noir de 32 ans, de nationalité britannique, et un homme de 35 ans, de nationalité britannique et d’origine caribéenne".

Les forces de l’ordre ont été alertées d’un incident vers 19h40 locales (et GMT), suite au déclenchement du système d’alarme, et sont intervenues en gare de Huntingdon, située dans la région de la ville universitaire de Cambridge, à environ 120 kilomètres au nord de la capitale. Dans la nuit, la police des transports a fait état d’un bilan de 10 blessés hospitalisés dont neuf dont le pronostic vital est engagé.

"Ils ont un couteau !"

Des témoins interrogés par le journal The Times ont indiqué avoir vu un homme armé d’un grand couteau et des passagers se cacher dans les toilettes du train pour se protéger. Un témoin cité par plusieurs médias a indiqué avoir vu un homme courir dans le wagon, le bras ensanglanté, en criant : "Ils ont un couteau !". Un autre a rapporté avoir vu "du sang partout".

Olly Foster, cité par la BBC, a raconté avoir d’abord cru à une plaisanterie liée à Halloween lorsqu’il a entendu des passagers crier "Fuyez ! Il y a un type qui poignarde tout le monde". Il a décrit des sièges couverts de sang et un passager tentant de protéger une fillette lors de l’incident qui "semblait ne jamais devoir se terminer". Un autre passager cité par Sky News a rapporté avoir vu, une fois le train arrêté, des policiers faire usage de leur taser (pistoler à impulsion électrique) sur le quai pour maîtriser un homme armé d’un grand couteau.

"Nous menons actuellement des vérifications urgentes afin de déterminer ce qui s’est passé et il faudra peut-être un certain temps avant que nous soyons en mesure de confirmer quoi que ce soit", a averti le commissaire Chris Casey, cité dans un communiqué de la police des transports, appellant à ne pas "spéculer sur les causes de l’incident".

Avant même que n’émergent ces témoignages, le Premier ministre Keir Starmer avait qualifié sur X l’incident d'"extrêmement préoccupant". "Mes pensées vont à toutes les personnes touchées, et je remercie les services d’urgence pour leur réaction", a-t-il indiqué.

The appalling incident on a train near Huntingdon is deeply concerning.

My thoughts are with all those affected, and my thanks go to the emergency services for their response.

Anyone in the area should follow the advice of the police.

— Keir Starmer (@Keir_Starmer) November 1, 2025

Le train où s’est produit l’attaque était parti à 18h25 de la ville de Doncaster (nord de l’Angleterre), avec pour destination la gare londonienne de King’s Cross. La compagnie ferroviaire London North Eastern Railway (LNER), qui exploite des liaisons ferroviaires dans l’est de l’Angleterre et en Écosse, a appelé les voyageurs à éviter tout déplacement, prévoyant des "perturbations majeures".

Dans un pays où la législation sur les armes à feu est très stricte, les violences à l’arme blanche ont fortement augmenté ces quinze dernières années en Angleterre et au Pays de Galles, selon des chiffres officiels. Le Premier ministre a qualifié par le passé la situation de "crise nationale". Le gouvernement Starmer a pris plusieurs mesures pour durcir l’accès aux armes blanches depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2024. Près de 60 000 d’entre elles ont été saisies ou récupérées par la police en dix ans, avait indiqué mercredi la ministre de l’Intérieur Shabana Mahmood.

Cette attaque intervient un mois après l’attaque contre une synagogue au nord de Manchester, où un homme avait attaqué des fidèles armé d’un couteau. Deux personnes avaient été tuées, l’une d’entre elles d’une balle tirée par la police intervenue sur les lieux.

© afp.com/JUSTIN TALLIS

Des policiers dans la gare d'Huntingdon en Angleterre après une attaque à l'arme blanche le 1er novembre 2025
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France-Algérie : Laurent Nuñez veut mettre fin à la "méthode brutale" de Bruno Retailleau

Le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, a mis en garde samedi 1er novembre contre la méthode du "bras de fer" avec l’Algérie, quelques jours après l’adoption à l’Assemblée nationale d’une résolution du RN visant à "dénoncer" l’accord franco-algérien de 1968.

"Ceux qui font croire aux Français que le bras de fer et la méthode brutale sont la seule solution, la seule issue, se trompent. Ça ne marche pas, dans aucun domaine", a déclaré Laurent Nuñez au Parisien, ajoutant qu’il regrettait "les conditions dans lesquelles s’est déroulé ce vote". "Preuve" de l’inefficacité de cette méthode, "le canal est totalement coupé aujourd’hui avec Alger", a-t-il ajouté.

Depuis son arrivée au gouvernement, à rebours de son prédécesseur à Beauvau, Bruno Retailleau, Laurent Nuñez a souligné à plusieurs reprises la nécessité de renouer "le dialogue" avec Alger, mettant en avant les besoins de coopération sécuritaire notamment dans la lutte anti-djihadiste au Sahel.

Des relations au point mort

Le gel des relations entre la France et l’Algérie se traduit notamment par l’arrêt total de la coopération migratoire, explique Laurent Nuñez : "L’Algérie n’accepte plus ses ressortissants en situation irrégulière depuis le printemps dernier". En 2025, 500 éloignements forcés vers ce pays ont pu avoir lieu à fin octobre, contre 1 400 l’an dernier sur la même période, selon lui. Par conséquent, les centres de rétention administrative "sont occupés à plein" : "40 % des places sont occupées par des ressortissants algériens".

Le départ du gouvernement du précédent ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, partisan d’une ligne dure contre Alger, avait permis ces dernières semaines d’amorcer en coulisses des discussions entre la France et l’Algérie. Mais la secousse provoquée par l’adoption jeudi d’une résolution visant à dénoncer la convention du 27 décembre 1968 entre les deux pays télescope les prémices d’un dialogue.

Le traité signé six ans après la fin de la guerre d’Algérie, crée un régime d’immigration favorable pour les Algériens, qui n’ont pas besoin de visa spécifique pour rester plus de trois mois dans l’Hexagone et accèdent plus rapidement que les autres étrangers aux titres de séjour pour 10 ans, y compris dans le cadre du regroupement familial. Sa dénonciation est réclamée de longue date par la droite et l’extrême droite.

© afp.com/Ludovic MARIN

Laurent Nuñez le 18 septembre 2025, à Paris
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Crise des puces de Nexperia : l’Europe prise en étau entre la Chine et les Etats-Unis

C’est un soulagement pour les constructeurs automobiles européens. La Chine a annoncé, samedi 1er novembre, assouplir son interdiction des exportations vers l’Europe des puces Nexperia, détenues par un fabricant chinois, mais produites aux Pays-Bas. Pékin avait en effet prohibé la mise sur le marché européen de ces composants électroniques, utilisés notamment dans l’automobile ou la fabrication d’électroménagers, en raison d’un différend avec La Haye. Cette dernière, souhaitant échapper aux sanctions américaines sur les entreprises chinoises, avait nationalisé in extremis Nexperia, s’attirant les foudres de Pékin.

La reprise des expéditions fait partie d’un accord commercial plus large, convenu par le président chinois Xi Jinping, et son homologue américain Donald Trump en Corée du Sud jeudi, selon le Wall Street Journal. Des représentants chinois et de l’Union européenne (UE) ont également discuté de la question lors de leur rencontre jeudi à Bruxelles.

Puces fabriquées en Europe

L’entreprise Nexperia est basée à Nimègue, aux Pays-Bas. En 2018, cette filiale de NXP (ex-Philips) est rachetée par des Chinois. Aujourd’hui, elle appartient au groupe Wingtech, spécialisé dans la fabrication de semi-conducteurs et partiellement détenu par l’Etat chinois. Les puces sont fabriquées en Europe avant d’être envoyées en Chine pour finition, puis vendues à nouveau sur le marché européen. 49 % des composants électroniques utilisés dans l’industrie automobile européenne sont ainsi fabriqués par Nexperia.

A l’époque, le rachat de NXP Semiconductors par Pékin n’alarme personne. L’industrie mondiale n’est pas encore totalement consciente du caractère stratégique de ces puces électroniques - elle s’en rendra compte avec la crise sanitaire de 2020 et les pénuries engendrées. En 2022, les Européens vont ainsi commencer à prendre des mesures pour tenter de contenir l’influence de la Chine dans ce domaine : le gouvernement britannique bloque par exemple le rachat par Nexperia de Newport Wafer Fab, fabriquant des plaques de silicium dans lesquelles sont fondues les puces. Londres parle à l’époque d’une question de "sécurité nationale".

Puis en 2024, Washington inscrit Wingtech sur sa liste noire des entreprises technologiques avec lesquelles il est interdit de commercer pour des questions de "sécurité nationale". Pour les Etats-Unis, l’entreprise a beau être basée aux Pays-Bas, son patron, le chinois Zhang Xuezheng, constitue une menace.

Zèle politique ?

Fin septembre 2025, l’entreprise, détenue à plus de 50 % par une entité chinoise, est frappée par une nouvelle réglementation américaine. Pris de panique, le ministre néerlandais de l’Economie décide de nationaliser Nexperia, grâce à une loi de 1952 sur la "disponibilité des biens", encore jamais invoquée auparavant. Le ministère de l’économie "craignait que Nexperia ne transfère sa production de semi-conducteurs de l’Europe vers la Chine, ce qui aurait signifié la perte d’un des plus importants producteurs de semi-conducteurs européens", assure l’ancien président de Nexperia, Frans Scheper, dans Mediapart.

Mais il pourrait aussi s’agir d’un geste politique, preuve de la fidélité des Pays-Bas envers les Etats-Unis. En 2023 déjà, le géant néerlandais ASML, qui fabrique des machines de photolithographie (essentielles à la production de puces électroniques avancées) avait été obligé d’abandonner ses ventes vers la Chine, son plus grand marché, en raison de pressions américaines.

Dans le cas présent, ce zèle envers Washington a "mis en danger l’approvisionnement de l’industrie automobile européenne. Car, en face, Washington est évidemment incapable de fournir l’UE en puces", remarque Mediapart. Dans la foulée, Pékin a interdit les réexportations de ces produits de la Chine vers l’Europe, créant la panique.

Guerre commerciale

"Sans ces puces, les sous-traitants ne peuvent pas construire les pièces détachées et les composants qu’ils fournissent aux constructeurs automobiles, ce qui fait courir le risque d’arrêts de production", écrit L’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA). Plus importante puissance automobile d’Europe, avec notamment les groupes Volkswagen, Mercedes et BMW, l’Allemagne a été l’une des premières à saluer des signes "positifs" après l’annonce chinoise.

Si le conflit est en pause, l’affaire n’en demeure pas moins "une démonstration très éloquente des tensions extrêmes entre la Chine et les Etats-Unis au sujet des semi-conducteurs, devenus encore plus stratégiques à l’heure de la course à l’intelligence artificielle", observe un connaisseur du secteur auprès des Echos. Et la situation est d’autant plus préoccupante que l’Europe peine à développer ses propres fabricants de semi-conducteurs. "Washington peut compter sur une influence militaire et politique forte, mais Pékin tient en grande partie l’économie européenne", résume Mediapart.

© NurPhoto via AFP

Fin septembre, les Pays-Bas ont nationalisé de force le fabricant chinois Nexperia, disposant d'usines sur son sol. En représailles, Pékin avait suspendu l'exportation de ces puces électroniques vers l'Europe.
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Grand retour de la prolifération nucléaire : ces pays qui veulent franchir le pas

Donald Trump a-t-il relancé une course effrénée à la bombe atomique ? Vendredi 31 octobre, le président américain a réitéré l’intention des Etats-Unis de reprendre les essais d’armes nucléaires, sans toutefois préciser de quels tests il s’agirait - suscitant la panique. L’annonce intervenait à quelques heures d’une rencontre avec le président chinois Xi Jinping. S’agissait-il d’un coup de bluff face aux menaces chinoises et russes ? Quel peut être l’effet de telles annonces sur le risque de prolifération nucléaire ?

Il faut savoir qu’en tant que signataire du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (Tice), Washington ne peut légalement procéder à une explosion. Reste à savoir si Donald Trump parlait donc d’essais impliquant réellement des détonations, ou bien d’essais sur des missiles. En effet, les Etats-Unis et d’autres pays procèdent régulièrement à des tests sur des missiles ne transportant pas d’ogive (c’est-à-dire de charge explosive).

La guerre en Ukraine accélère le risque d'escalade nucléaire

"Vous le saurez très bientôt, mais nous allons procéder à des tests, oui. D’autres pays le font aussi. S’ils le font, nous le ferons aussi", a assuré Donald Trump à bord de l’avion présidentiel Air Force One. Aucune puissance n’a cependant procédé officiellement à un essai nucléaire avec détonation depuis trois décennies - à l’exception de la Corée du Nord (à six reprises entre 2006 et 2017). La Russie, alors URSS, n’en a plus conduit depuis 1990 et la Chine depuis 1996.

Depuis quelques années, le nucléaire a effectué son grand retour sur la scène internationale, de quoi inquiéter les défenseurs de la non-prolifération. Ces essais "ne doivent jamais être permis", a insisté jeudi Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. "Nous ne devons pas oublier l’héritage désastreux des plus de 2 000 essais nucléaires menés ces 80 dernières années".

Si l'Iran place l'avancée vers l'arme atomique au coeur de sa politique depuis plus d'un demi-siècle, c'est surtout la guerre en Ukraine qui a fait office d'accélérateur, depuis 2022, avec un Vladimir Poutine menaçant constamment de recourir à l'arme nucléaire pour dissuader les Occidentaux de fournir un soutien militaire plus important à l’Ukraine. En 2024, la Russie a ainsi franchi un cap dans sa doctrine en considérant qu’une attaque provenant d’un pays ne disposant pas de l’arme nucléaire, mais soutenu par un pays la possédant, serait désormais considérée comme "une attaque conjointe".

Cette semaine, le président russe Vladimir Poutine s’est également félicité de l’essai final réussi d’un missile de croisière "d’une portée illimitée", puis de celui d’un drone sous-marin, deux engins à propulsion nucléaire, selon Moscou. Bien qu’affaiblie économiquement par la guerre, la Russie démontre ainsi qu’elle est toujours en mesure d’innover sur le plan militaire.

Selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), la Russie dispose actuellement de 4 309 ogives nucléaires déployées ou stockées, contre 3 700 pour les Etats-Unis et 600 pour les Chinois. La France, elle, en possède 290. Viennent ensuite le Royaume-Uni (225), l’Inde (172), le Pakistan (170), Israël (90) et la Corée du Nord (50).

Tentation nucléaire

Et les velléités de renforcer l'arsenal nucléaire sont croissantes autour du Globe : "Les doutes qu’a fait peser Trump sur la solidité de la garantie de sécurité américaine vis-à-vis de ses alliés ont suscité de nouvelles tentations nucléaires. Si bien qu’aujourd’hui de nombreux pays, Corée du Sud, Taïwan, Japon, Arabie saoudite, Turquie, Pologne, ont des velléités proliférantes", résume Le Figaro.

L’autre menace est celle de la Corée du Nord, qui a procédé à plusieurs essais, le dernier en 2017. Elle affirmait à l’époque "avoir fait exploser un dispositif à hydrogène pouvant être embarqué sur un missile capable d’atteindre le territoire continental des Etats-Unis", selon le Washington Post, estimant la puissance de l’ogive à 100 kilotonnes, cinq fois la puissance de l’explosion contre la ville de Nagasaki en 1945.

"Fanfaronnades"

La Chine a elle doublé la taille de son arsenal nucléaire en cinq ans, passant de 300 à 600 têtes, ce qui ne l’a pas empêché de condamner les Etats-Unis, appelant à "des mesures concrètes pour préserver le système mondial de désarmement et de non-prolifération".

Reste à savoir la véracité des menaces du milliardaire américain. "Le président, qui accorde une grande importance aux apparences, a été piqué au vif par les fanfaronnades du président Poutine au sujet des essais nucléaires, ainsi que par les discours qui les accompagnent sur la puissance nucléaire russe (et le défilé chinois de septembre)", soulignait, sur X, William Alberque, l’ancien directeur du centre de non-prolifération de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

© afp.com/ROBERTO SCHMIDT

Le président américain Donald Trump répond à des journalistes à bord de l'avion présidentiel Air Force One avant son départ de la base aérienne d'Andrews, près de Washington, le 31 octobre 2025
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Sahara occidental : le Conseil de sécurité de l'ONU soutient le plan d'autonomie marocain

Sous l'impulsion des Etats-Unis de Donald Trump, le Conseil de sécurité de l'ONU a apporté vendredi un soutien inédit au plan marocain d'autonomie du Sahara occidental, l'estimant la solution "la plus réalisable" pour résoudre un conflit enlisé depuis des décennies, malgré l'hostilité de l'Algérie.

Le Sahara occidental, colonie espagnole jusqu'en 1975, est contrôlé en majeure partie par le Maroc mais considéré comme un territoire non autonome par les Nations unies. Un conflit y oppose Rabat aux indépendantistes du Front Polisario, soutenus par l'Algérie. Jusqu'alors, le Conseil de sécurité pressait le Maroc, le Polisario, l'Algérie et la Mauritanie de reprendre des négociations – interrompues depuis 2019 – pour parvenir à une "solution politique réalisable, durable et mutuellement acceptable".

"Clore définitivement ce dossier"

Mais à l'initiative des Américains, chargés de ce dossier au Conseil, la résolution adoptée par 11 voix pour, aucune contre et trois abstentions - l'Algérie ayant refusé de participer au vote - donne un coup de pouce au plan présenté par Rabat en 2007: une autonomie sous souveraineté marocaine pour ce vaste territoire désertique, riche en phosphate et aux eaux poissonneuses. Le texte estime ainsi qu'"une véritable autonomie sous souveraineté marocaine pourrait représenter la solution la plus réalisable".

Dans ce contexte, il appelle le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et son émissaire sur ce dossier, Staffan de Mistura, à mener des négociations "sur la base" de ce plan pour parvenir à un accord mutuellement acceptable. "Nous ouvrons un nouveau chapitre victorieux dans le processus de consécration de la marocanité du Sahara, destiné à clore définitivement ce dossier", a réagi le roi du Maroc Mohammed VI, saluant un "changement historique" du Conseil.

Ce "vote historique" permet de créer "un élan" vers la paix, a également salué l'ambassadeur américain Mike Waltz, assurant de la détermination de Donald Trump dans ce dossier. "Nous pensons qu'une paix régionale est possible cette année", a-t-il affirmé, appelant toutes les parties à "utiliser les prochaines semaines" pour engager des discussions sérieuses. "L'élan politique est là, il est temps désormais d'avancer", a renchéri son homologue français Jérôme Bonnafont, saluant l'"approche nouvelle" du Conseil pour relancer les efforts de paix.

"Parodie"

Une position partagée ni par l'Algérie ni par le Polisario. Le texte "ne reflète pas suffisamment la doctrine onusienne en matière de décolonisation", a déclaré l'ambassadeur algérien Amar Bendjama, qui a refusé de participer au vote. "Cette résolution ne crée pas encore, le momentum et les conditions nécessaires" pour la réussite des efforts diplomatiques de Donald Trump, a-t-il ajouté.

Alger avait déjà regretté en avril la réaffirmation par Washington de son soutien à Rabat. Et ses relations avec Paris sont au plus bas depuis l'été 2024 et la reconnaissance par la France du plan marocain. Après l'annonce spectaculaire en 2020 par Donald Trump du soutien américain à cette proposition en échange d'une normalisation de ses relations avec Israël, le Maroc a obtenu successivement l'appui d'une série de pays dont l'Espagne, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni.

Le représentant du Front Polisario à New York, Sidi Omar, soulignant que le vote du Conseil ne représente pas une "reconnaissance de l'occupation militaire marocaine", a lui qualifié le plan de Rabat de "parodie" qui ne "vaut pas plus que le papier sur lequel il est écrit".

"Le Front Polisario réaffirme la détermination sans faille du peuple sahraoui dans sa lutte contre la libération, la résistance" et "l'indépendance", a-t-il déclaré à la presse, alors que le chef de la diplomatie du Polisario avait récemment indiqué qu'il serait prêt à accepter le plan uniquement si la population sahraouie le validait par référendum. L'ambassadeur russe Vassili Nebenzia, qui s'est abstenu, a lui espéré que la "charge de cowboy des Américains ne produise pas l'effet inverse en dégelant" le conflit.

Lors d'une réunion à huis clos du Conseil de sécurité début octobre, Staffan de Mistura avait répété ses inquiétudes sur le "flou" du plan marocain, selon le texte de son discours vu par l'AFP. "Il est désormais crucial que le Maroc donne plus de détails et développe sa proposition", y compris concernant "le principe d'autodétermination" du peuple sahraoui, avait-il insisté.

La résolution adoptée vendredi prolonge d'autre part d'un an la mission de maintien de la paix de l'ONU au Sahara occidental (Minurso), tout en demandant au secrétaire général d'en réaliser d'ici six mois une "évaluation stratégique".

© afp.com/ANGELA WEISS

A l'initiative des Etats-Unis de Donald Trump, le Conseil de sécurité de l'ONU a apporté vendredi son soutien au plan marocain d'autonomie du Sahara occidental
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