Solution à deux Etats : Israël rejette une "résolution honteuse" de l'ONU et intensifie ses frappes sur Gaza-ville
L’Assemblée générale de l'ONU a adopté, vendredi 12 septembre, à une large majorité la "déclaration de New York" visant à donner un nouveau souffle à la solution à deux Etats, israélien et palestinien, mais en excluant sans équivoque le Hamas.
Une déclaration qui a provoqué les foudres de Tel Aviv et de Washington. Marco Rubio se rend dimanche en Israël pour s'entretenir avec les dirigeants israéliens au sujet de "l'engagement (américain) à combattre contre les mesures anti-israéliennes y compris la reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, qui récompense le terrorisme du Hamas", a déclaré Tommy Pigott, le porte-parole du département d'Etat.
Berlin, Paris et Londres ont appelé en début de soirée dans un communiqué commun à "l'arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes à Gaza-ville qui provoquent des déplacements massifs de civils, des pertes civiles et la destruction d'infrastructures essentielles".
L'armée israélienne affirme que plus de 250 000 habitants ont quitté Gaza-ville
L'armée israélienne a affirmé samedi que plus de 250.000 habitants avaient quitté la ville de Gaza vers d'autres secteurs du territoire palestinien, après une intensification des bombardements et raids israéliens ces dernières semaines.
"Selon les estimations de l'armée, plus d'un quart du million d'habitants de la ville de Gaza l'ont quittée pour leur propre sécurité", a déclaré le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, sur X.
Rubio ira en Israël ce week-end malgré les frappes au Qatar
Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio est attendu dimanche en Israël pour l'assurer du soutien des Etats-Unis avant la reconnaissance prochaine par plusieurs pays, dont la France, d'un Etat palestinien lors de l'Assemblée générale de l'ONU, a annoncé vendredi le département d'Etat.
Cette visite est annoncée malgré le fait que Donald Trump se soit montré contrarié par l'attaque israélienne visant des responsables du mouvement palestinien islamiste au Qatar, allié des Etats-Unis. Dans une rare réprimande, le président américain, Donald Trump, avait dit être "très mécontent" de ces frappes.
Marco Rubio va s'entretenir avec les dirigeants israéliens au sujet de "l'engagement (américain) à combattre contre les mesures anti-israéliennes y compris la reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, qui récompense le terrorisme du Hamas", a déclaré Tommy Pigott, le porte-parole du département d'Etat.
Le chef de la diplomatie américaine mettra en exergue l'appui apporté par Washington à la sécurité d'Israël, a ajouté le porte-parole. "Il mettra aussi l'accent sur nos objectifs partagés: s'assurer que le Hamas ne dirige pas Gaza une nouvelle fois et ramener tous les otages à la maison", a-t-il poursuivi, ajoutant que Marco Rubio allait rencontrer des familles d'otages.
Le communiqué ne mentionne pas les frappes israéliennes au Qatar alors que le chef de la diplomatie américaine a rencontré vendredi à Washington Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, Premier ministre de ce pays du Golfe.
Le président Donald Trump recevra aussi le Premier ministre qatari, à dîner dans son golf de Bedminster, dans le New Jersey (nord-est), selon la Maison-Blanche.
Abou Dhabi convoque le chargé d'affaires israélien pour dénoncer la "lâche" attaque au Qatar
Les Emirats arabes unis ont annoncé avoir convoqué vendredi l'ambassadeur adjoint d'Israël à Abou Dhabi pour une protestation formelle après l'attaque israélienne au Qatar, pays voisin du Golfe, qui a provoqué une onde de choc dans la région.
Les Emirats ont été, avec Bahreïn, les premiers pays du Golfe à normaliser leurs relations avec Israël en 2020. Ils ont multiplié leurs critiques de la conduite par Israël de la guerre contre le Hamas à Gaza, et avaient déjà vertement condamné les raids meurtriers israéliens qui ont visé mardi des responsables du mouvement islamiste palestinien à Doha.
En convoquant le représentant israélien, Abou Dhabi manifeste de la manière la plus forte sa réprobation, alors que la colère monte dans le Golfe après l'attaque israélienne dans une région longtemps épargnée par les conflits au Moyen-Orient. "Reem bint Ebrahim Al Hashimy, ministre d'Etat chargée de la coopération internationale, a convoqué le chef adjoint de la mission israélienne aux Emirats arabes unis, David Ohad Horsandi", a indiqué le ministère émirati des Affaires étrangères dans un communiqué.
La ministre lui a fait part "de la protestation des Emirats et leur ferme condamnation de l'attaque ignoble et lâche menée par Israël contre l'Etat du Qatar, ainsi que des déclarations hostiles du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu", ajoute le communiqué.
Bande de Gaza : Israël intensifie ses frappes sur Gaza-ville, cinquante morts
Cinquante personnes ont été tuées vendredi dans des opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza, selon des sources locales, tandis qu'Israël intensifie ses frappes sur la ville de Gaza. En début de soirée, la Défense civile de Gaza, organisation de premiers secours fonctionnant sous l'autorité du Hamas, a fait état de 50 personnes tuées par des tirs ou des frappes israéliennes sur l'ensemble de la bande de Gaza vendredi, dont 35 rien qu'à Gaza-ville.
L'armée israélienne a indiqué de son côté qu'elle continuait "ses frappes à grande échelle contre les infrastructures terroristes et les tours d'immeubles transformées en infrastructures militaires à Gaza-ville".
Dans le cadre de cette guerre des tours lancée il y a une semaine en prévision d'un assaut au sol contre le Hamas à Gaza-ville, l'armée va "intensifier le rythme (de ses) frappes ciblées (...) afin de nuire aux infrastructures terroristes du Hamas (...) et réduire la menace pour nos troupes dans le cadre des préparations pour les prochaines étapes de l'opération", indique un communiqué militaire israélien.
L'Assemblée générale de l'ONU soutient un futur Etat palestinien, sans le Hamas
Au grand dam d'Israël et des Etats-Unis, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté vendredi à une large majorité la "déclaration de New York" visant à donner un nouveau souffle à la solution à deux Etats, israélien et palestinien, qui exclut pour la première fois sans équivoque le Hamas.
Alors qu'Israël fustige depuis près de deux ans l'incapacité de l'Assemblée -- et du Conseil de sécurité -- à condamner les attaques sans précédent du mouvement palestinien du 7 octobre 2023, le texte préparé par la France et l'Arabie saoudite, adopté par 142 voix pour, 10 contre (dont Israël et les Etats-Unis) et 12 abstentions, est clair. "Nous condamnons les attaques perpétrées le 7 octobre par le Hamas contre des civils", dit-il.
La déclaration, déjà co-signée en juillet par 17 Etats dont plusieurs pays arabes, va plus loin. "Dans le contexte de l'achèvement de la guerre à Gaza, le Hamas doit cesser d'exercer son autorité sur la bande de Gaza et remettre ses armes à l'Autorité palestinienne, avec le soutien et la collaboration de la communauté internationale, conformément à l'objectif d'un Etat de Palestine souverain et indépendant".
Ce vote "exprime la volonté internationale en faveur des droits de notre peuple et constitue une étape importante vers la fin de l'occupation" et la concrétisation d'un Etat palestinien, a salué le vice-président palestinien Hussein al-Cheikh sur X. "Ensemble, c'est un chemin irréversible vers la paix que nous traçons", s'est de son côté félicité le président français Emmanuel Macron.
Un message qui n'a convaincu ni Israël ni les Etats-Unis. Le porte-parole des Affaires étrangères israéliennes Oren Marmorstein a dénoncé un "cirque politique détaché de la réalité", et rejeté une résolution "honteuse". Elle "ne favorise pas une solution de paix (mais) au contraire (...) encourage le Hamas à poursuivre la guerre", a-t-il assuré sur X. Cette déclaration est un "cadeau pour le Hamas" et "un nouveau coup de pub" qui "sape les efforts sérieux pour mettre un terme au conflit", a renchéri la diplomate américaine Morgan Ortagus.
Frappe israélienne sur Doha : le Hamas affirme que son négociateur en chef, Khalil al-Hayya, est vivant
Le Hamas a affirmé vendredi soir dans un communiqué que son négociateur en chef, Khalil Al-Hayya, était vivant et qu'il avait survécu à la frappe israélienne ayant visé mardi une réunion de dirigeants du mouvement islamiste palestinien au Qatar.
"Après des arrangements de sécurité spéciaux, le Dr Khalil Al-Hayya (...) a participé au Qatar à une prière funéraire (pour) son fils martyr Hammam et les martyrs de la lâche tentative d'assassinat à Doha", indique le Hamas en référence aux six victimes de la frappe israélienne dont les funérailles ont eu lieu jeudi dans la capitale qatarie, sans que M. Hayya y ait été aperçu.
Le Hamas ne fournit aucune photo ou preuve de vie de M. Hayya. Selon des sources proches du mouvement, celui-ci était l'un des six dirigeants du mouvement islamiste présents dans le bâtiment visé par Israël au moment de la frappe.
© AFP