La France descend au rang des simples "A". L’agence de notation Fitch a abaissé, vendredi 12 septembre au soir, la note souveraine de la France, de AA- à A+. Les raisons sont connues de tous : une instabilité politique persistante, et des incertitudes budgétaires qui empêchent l’assainissement des comptes publics français très dégradés. Quatre jours après la chute du gouvernement Bayrou et la désignation d’un nouveau Premier ministre (le troisième en un an), Fitch dresse un constat sévère de la situation des finances publiques dans la deuxième économie de la zone euro.
Je prends acte de la décision de Fitch de changer la note de la France de AA- à A+, décision motivée par la situation de nos finances publiques et l’incertitude politique, malgré la solidité de l’économie française.
Le nouveau Premier ministre a d’ores et déjà engagé la…
La France bénéficiait jusqu’ici d’une note d’un cran supérieur, AA-, qui avait été maintenue en mars dernier. La meilleure notation, le triple A (ou AAA) signifie qu’un pays est tout à fait solvable : la France a perdu cette notation en juillet 2013, après l’avoir conservé 13 ans, alors que sa dette culminait alors à 93,4 %. Un an plus tard, la note française était passée de AA+ à AA, en raison de "déviation dans les objectifs budgétaires". En avril 2023, Fitch décidait d’abaisser la note française à AA-, principalement à cause des tensions sociales autour de la réforme des retraites. Une note équivalente à 17/20, qui signifiait que la dette française était encore jusqu’ici de "très bonne qualité".
L’improbable passage sous les 5 % de déficit annuel
Mais cette année, les finances publiques françaises parmi les plus détériorées de la zone euro font basculer la France dans le club des simples A avec la note A+, rejoignant ainsi la Belgique, Malte et l’Estonie. La dette française atteignait 113,9 % du PIB fin mars et le déficit était espéré à 5,4 % du PIB en 2025 par le gouvernement Bayrou. La croissance pourrait atteindre 0,8 %, selon les chiffres de l’institut statistique (Insee) cette semaine, mais elle n’est portée que par quelques secteurs et l’économie souffre globalement d’un manque de confiance généralisé.
Plus précisément, cette baisse de note s’explique par le fait que Fitch juge improbable de ramener le déficit public français sous 3 % du PIB en 2029, comme l’ambitionnait le gouvernement sortant pour remettre la France dans les clous européens. Car pour lui, les nouvelles discussions à venir sur le budget 2026 devraient réduire l’ampleur de l’effort budgétaire qui avait initialement été annoncé à 44 milliards d’euros par François Bayrou. De quoi compromettre l’objectif d’un déficit projeté à 4,6 % l’an prochain : l’agence de notation le voit rester supérieur à 5 % en 2026 et 2027.
Les autres pays de la Zone Euro
Seuls trois pays dans la Zone Euro font encore partie du club d’élite des triple A : l’Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg. Ces derniers respectent également l’ultime règle de Maastricht : conserver un déficit public annuel inférieur à 3 %. Plus globalement en Europe, La Suède, la Norvège, le Danemark, la Suisse et le Liechtenstein constituent le reste du club des triples A.
Avec ses 5,8 % de déficit annuel, la France détient désormais le record du déficit de la Zone Euro. Relativement à son économie solide, ce déficit ne fait pas de l’hexagone l’un des pays les moins bien notés d’Europe : à titre de comparaison, l’Italie, affichant un déficit de 3,4 % et une dette publique de 135 % de son PIB, est notée BBB. Le Portugal, salué par Fitch cette année pour son désendettement (avec une dette publique à 94 % du PIB) est noté A-. Tout en bas du classement, avec une dette de plus de 153 %, la Grèce pâtit toujours de la note de BBB-.
La dégradation de cette note française, qui mesure la capacité de la France à rembourser sa dette, marque tout de même un tournant pour le pays. En lui attribuant l’équivalent d’un 16/20, de qualité "moyenne supérieure", la note de Fitch pourrait conduire des investisseurs à vendre leurs titres de dette pour des placements moins risqués et entraîner des hausses de taux. Selon Fitch, l’endettement de la France continuerait de gonfler jusqu’à 121 % du PIB en 2027, "sans horizon clair de stabilisation" après cette année d’élection présidentielle, avec toujours le risque d’un blocage politique.
L’Assemblée générale de l'ONU a adopté, vendredi 12 septembre, à une large majorité la "déclaration de New York" visant à donner un nouveau souffle à la solution à deux Etats, israélien et palestinien, mais en excluant sans équivoque le Hamas.
Une déclaration qui a provoqué les foudres de Tel Aviv et de Washington. Marco Rubio se rend dimanche en Israël pour s'entretenir avec les dirigeants israéliens au sujet de "l'engagement (américain) à combattre contre les mesures anti-israéliennes y compris la reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, qui récompense le terrorisme du Hamas", a déclaré Tommy Pigott, le porte-parole du département d'Etat.
Berlin, Paris et Londres ont appelé en début de soirée dans un communiqué commun à "l'arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes à Gaza-ville qui provoquent des déplacements massifs de civils, des pertes civiles et la destruction d'infrastructures essentielles".
L'armée israélienne affirme que plus de 250 000 habitants ont quitté Gaza-ville
L'armée israélienne a affirmé samedi que plus de 250.000 habitants avaient quitté la ville de Gaza vers d'autres secteurs du territoire palestinien, après une intensification des bombardements et raids israéliens ces dernières semaines.
"Selon les estimations de l'armée, plus d'un quart du million d'habitants de la ville de Gaza l'ont quittée pour leur propre sécurité", a déclaré le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, sur X.
Rubio ira en Israël ce week-end malgré les frappes au Qatar
Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio est attendu dimanche en Israël pour l'assurer du soutien des Etats-Unis avant la reconnaissance prochaine par plusieurs pays, dont la France, d'un Etat palestinien lors de l'Assemblée générale de l'ONU, a annoncé vendredi le département d'Etat.
Cette visite est annoncée malgré le fait que Donald Trump se soit montré contrarié par l'attaque israélienne visant des responsables du mouvement palestinien islamiste au Qatar, allié des Etats-Unis. Dans une rare réprimande, le président américain, Donald Trump, avait dit être "très mécontent" de ces frappes.
Marco Rubio va s'entretenir avec les dirigeants israéliens au sujet de "l'engagement (américain) à combattre contre les mesures anti-israéliennes y compris la reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, qui récompense le terrorisme du Hamas", a déclaré Tommy Pigott, le porte-parole du département d'Etat.
Le chef de la diplomatie américaine mettra en exergue l'appui apporté par Washington à la sécurité d'Israël, a ajouté le porte-parole. "Il mettra aussi l'accent sur nos objectifs partagés: s'assurer que le Hamas ne dirige pas Gaza une nouvelle fois et ramener tous les otages à la maison", a-t-il poursuivi, ajoutant que Marco Rubio allait rencontrer des familles d'otages.
Le communiqué ne mentionne pas les frappes israéliennes au Qatar alors que le chef de la diplomatie américaine a rencontré vendredi à Washington Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, Premier ministre de ce pays du Golfe.
Le président Donald Trump recevra aussi le Premier ministre qatari, à dîner dans son golf de Bedminster, dans le New Jersey (nord-est), selon la Maison-Blanche.
Abou Dhabi convoque le chargé d'affaires israélien pour dénoncer la "lâche" attaque au Qatar
Les Emirats arabes unis ont annoncé avoir convoqué vendredi l'ambassadeur adjoint d'Israël à Abou Dhabi pour une protestation formelle après l'attaque israélienne au Qatar, pays voisin du Golfe, qui a provoqué une onde de choc dans la région.
Les Emirats ont été, avec Bahreïn, les premiers pays du Golfe à normaliser leurs relations avec Israël en 2020. Ils ont multiplié leurs critiques de la conduite par Israël de la guerre contre le Hamas à Gaza, et avaient déjà vertement condamné les raids meurtriers israéliens qui ont visé mardi des responsables du mouvement islamiste palestinien à Doha.
En convoquant le représentant israélien, Abou Dhabi manifeste de la manière la plus forte sa réprobation, alors que la colère monte dans le Golfe après l'attaque israélienne dans une région longtemps épargnée par les conflits au Moyen-Orient. "Reem bint Ebrahim Al Hashimy, ministre d'Etat chargée de la coopération internationale, a convoqué le chef adjoint de la mission israélienne aux Emirats arabes unis, David Ohad Horsandi", a indiqué le ministère émirati des Affaires étrangères dans un communiqué.
La ministre lui a fait part "de la protestation des Emirats et leur ferme condamnation de l'attaque ignoble et lâche menée par Israël contre l'Etat du Qatar, ainsi que des déclarations hostiles du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu", ajoute le communiqué.
Bande de Gaza : Israël intensifie ses frappes sur Gaza-ville, cinquante morts
Cinquante personnes ont été tuées vendredi dans des opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza, selon des sources locales, tandis qu'Israël intensifie ses frappes sur la ville de Gaza. En début de soirée, la Défense civile de Gaza, organisation de premiers secours fonctionnant sous l'autorité du Hamas, a fait état de 50 personnes tuées par des tirs ou des frappes israéliennes sur l'ensemble de la bande de Gaza vendredi, dont 35 rien qu'à Gaza-ville.
L'armée israélienne a indiqué de son côté qu'elle continuait "ses frappes à grande échelle contre les infrastructures terroristes et les tours d'immeubles transformées en infrastructures militaires à Gaza-ville".
Dans le cadre de cette guerre des tours lancée il y a une semaine en prévision d'un assaut au sol contre le Hamas à Gaza-ville, l'armée va "intensifier le rythme (de ses) frappes ciblées (...) afin de nuire aux infrastructures terroristes du Hamas (...) et réduire la menace pour nos troupes dans le cadre des préparations pour les prochaines étapes de l'opération", indique un communiqué militaire israélien.
L'Assemblée générale de l'ONU soutient un futur Etat palestinien, sans le Hamas
Au grand dam d'Israël et des Etats-Unis, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté vendredi à une large majorité la "déclaration de New York" visant à donner un nouveau souffle à la solution à deux Etats, israélien et palestinien, qui exclut pour la première fois sans équivoque le Hamas.
Alors qu'Israël fustige depuis près de deux ans l'incapacité de l'Assemblée -- et du Conseil de sécurité -- à condamner les attaques sans précédent du mouvement palestinien du 7 octobre 2023, le texte préparé par la France et l'Arabie saoudite, adopté par 142 voix pour, 10 contre (dont Israël et les Etats-Unis) et 12 abstentions, est clair. "Nous condamnons les attaques perpétrées le 7 octobre par le Hamas contre des civils", dit-il.
La déclaration, déjà co-signée en juillet par 17 Etats dont plusieurs pays arabes, va plus loin. "Dans le contexte de l'achèvement de la guerre à Gaza, le Hamas doit cesser d'exercer son autorité sur la bande de Gaza et remettre ses armes à l'Autorité palestinienne, avec le soutien et la collaboration de la communauté internationale, conformément à l'objectif d'un Etat de Palestine souverain et indépendant".
Ce vote "exprime la volonté internationale en faveur des droits de notre peuple et constitue une étape importante vers la fin de l'occupation" et la concrétisation d'un Etat palestinien, a salué le vice-président palestinien Hussein al-Cheikh sur X. "Ensemble, c'est un chemin irréversible vers la paix que nous traçons", s'est de son côté félicité le président français Emmanuel Macron.
Un message qui n'a convaincu ni Israël ni les Etats-Unis. Le porte-parole des Affaires étrangères israéliennes Oren Marmorstein a dénoncé un "cirque politique détaché de la réalité", et rejeté une résolution "honteuse". Elle "ne favorise pas une solution de paix (mais) au contraire (...) encourage le Hamas à poursuivre la guerre", a-t-il assuré sur X. Cette déclaration est un "cadeau pour le Hamas" et "un nouveau coup de pub" qui "sape les efforts sérieux pour mettre un terme au conflit", a renchéri la diplomate américaine Morgan Ortagus.
Frappe israélienne sur Doha : le Hamas affirme que son négociateur en chef, Khalil al-Hayya, est vivant
Le Hamas a affirmé vendredi soir dans un communiqué que son négociateur en chef, Khalil Al-Hayya, était vivant et qu'il avait survécu à la frappe israélienne ayant visé mardi une réunion de dirigeants du mouvement islamiste palestinien au Qatar.
"Après des arrangements de sécurité spéciaux, le Dr Khalil Al-Hayya (...) a participé au Qatar à une prière funéraire (pour) son fils martyr Hammam et les martyrs de la lâche tentative d'assassinat à Doha", indique le Hamas en référence aux six victimes de la frappe israélienne dont les funérailles ont eu lieu jeudi dans la capitale qatarie, sans que M. Hayya y ait été aperçu.
Le Hamas ne fournit aucune photo ou preuve de vie de M. Hayya. Selon des sources proches du mouvement, celui-ci était l'un des six dirigeants du mouvement islamiste présents dans le bâtiment visé par Israël au moment de la frappe.
Des Palestiniens déplacés inspectent ce qui reste de leurs tentes, après une frappe israélienne nocturne qui a rasé un bâtiment et endommagé les abris temporaires environnants, dans le quartier de Rimal à Gaza, le 13 septembre 2025. Les opérations militaires israéliennes ont tué 50 personnes à Gaza le 12 septembre, selon l'agence de défense civile du territoire, alors que l'armée intensifiait ses attaques sur la ville de Gaza. (Photo par Omar AL-QATTAA / AFP)
C’est la fin d’une gigantesque traque. Un homme soupçonné d’avoir assassiné l’influenceur conservateur Charlie Kirk a été arrêté, deux jours après un meurtre qui a choqué des Etats-Unis profondément polarisés. Le tireur a été identifié comme étant Tyler Robinson, un jeune âgé de 22 ans originaire de l’Utah.
"On l’a eu", a lancé ce vendredi 12 septembre le gouverneur de l’Utah, Spencer Cox, lors d’une conférence de presse. Jeudi soir, a-t-il précisé, "un membre de la famille" du suspect a joint un ami de la famille, lequel a ensuite contacté les autorités pour les informer que "Robinson leur avait avoué ou laissé entendre son implication" dans l’assassinat. "La nuit dernière, à 22 heures locales (6 heures en France), le suspect a été arrêté", soit 33 heures après le meurtre, a déclaré de son côté Kash Patel, le directeur du FBI, la police fédérale.
Donald Trump a déclaré un peu plus tôt sur la chaîne Fox News que "quelqu’un de très proche" du tueur présumé "l’avait dénoncé", ajoutant que le père du suspect lui-même ainsi qu’un pasteur avaient joué un rôle.
Tyler Robinson est un électeur enregistré dans cet Etat majoritairement républicain mais il n'a aucune affiliation politique connue. Un membre de la famille a témoigné que "Robinson était devenu plus politisé ces dernières années", a ajouté le gouverneur de l’Utah. Il a fait état d’une récente conversation avec un parent au cours de laquelle Tyler Robinson avait mentionné la prochaine venue de Charlie Kirk dans l’Utah pour un débat public sur un campus universitaire et partagé son hostilité à sa personne et à ses opinions.
Des messages antifascistes sur les douilles
Les autorités, qui évoquaient un acte "ciblé" depuis le jour du drame, n’ont pas fourni de mobile à l’assassinat, mais le gouverneur de l’Utah a indiqué que des messages antifascistes avaient été retrouvés sur des munitions découvertes après l’assassinat de l’influenceur conservateur Charlie Kirk. "Sur des inscriptions sur les trois munitions non utilisées on pouvait lire 'Eh fasciste ! Attrappe ça !'" a expliqué Spencer Cox. Une deuxième douille était gravée du nom de la célèbre chanson antifaciste "Bella ciao" tandis que d’autres munitions présentaient des inscriptions confuses. L'une d'elles dit : "Si tu lis ça, tu es gay LMAO (mort de rire en anglais, ndlr)"
Selon CNN, les enquêteurs ont eu accès à des commentaires de Tyler Robinson tenus sur la plate-forme de messagerie Discord dans lesquels il décrit la façon dont il a récupéré un fusil pour le laisser ensuite dans un buisson, enveloppé dans une serviette. Ces propos correspondent à la description de l’arme retrouvée par les autorités après la fusillade dans une zone boisée près du campus universitaire.
Pas de casier judiciaire
Tyler Robinson vivait "depuis longtemps avec sa famille dans le comté de Washington", à l'extrémité sud-ouest de l'Utah, près de la frontière avec le Nevada et l'Arizona, a indiqué le gouverneur de l'Etat. Il a fait ses études primaires et secondaires dans la ville de St George et n'a pas de casier judiciaire dans l'Etat, selon plusieurs médias américains. Après sa sortie du lycée en 2021, il a "brièvement étudié à l'Université d'Etat de l'Utah pendant un semestre en 2021", selon cet établissement.
Des photos publiées sur les réseaux sociaux de sa mère, Amber, semblent montrer une famille unie. Tyler Robinson était l'aîné de trois garçons. "Pendant 33 heures, j'ai prié pour que (...) ce ne soit pas l'un d'entre nous, mais quelqu'un venu d'un autre Etat ou d'un autre pays", a confié le gouverneur de l'Utah au sujet du meurtrier présumé de Charlie Kirk, tué d'une balle dans le cou mercredi lors d'un débat public sur un campus universitaire. "Mais cela s'est passé ici, et c'était l'un d'entre nous", a-t-il reconnu.
Le gouverneur de l'Utah, Spencer Cox, a confirmé, vendredi 12 septembre 2025, l'arrestation du meurtrier présumé du militant conservateur américain Charlie Kirk, l'identifiant comme Tyler Robinson.
La vidéo a été épinglée en haut du compte de Pete Hegseth sur le réseau social X. Un employé du Pentagone en chemisette enlève la plaque de cuivre de la porte du bureau du Secrétaire à la Défense. Puis un autre en pose une nouvelle qui conserve le nom de l’ancien polémiste de Fox News, en indiquant dorénavant qu’il est "Secrétaire à la Guerre". Ce changement de titre est intervenu le 5 septembre, juste après la signature d’un décret présidentiel par Donald Trump, en direct à la télévision, à la Maison-Blanche.
"Les mots comptent", a justifié Hegseth, une mini-bannière étoilée dans sa pochette de veste, assurant que la nouvelle entité "va se battre pour gagner, et non pour ne pas perdre", qu’elle va "attaquer, pas seulement défendre" avec "des guerriers" plutôt que "des défenseurs". Comme autre argument, Donald Trump a mis en avant que les Première et Seconde Guerre mondiales avaient été remportées sous cet intitulé, instauré par George Washington, "avant que nous virions woke [sic] et que nous changions de nom pour département de la Défense".
Le nouveau rapport décomplexé avec les armées
S’il doit encore être avalisé par une loi au Congrès, ce retour en arrière dépasse le simple "coup de com", tel que les affectionne la mouvance d’extrême droite MAGA. Il symbolise le nouveau rapport décomplexé de la Maison-Blanche à l’usage des armées. Il vient saper, au passage, l’image de garant de la sécurité internationale que les Etats-Unis se sont forgé, après la victoire sur le nazisme et l’expansionnisme japonais, à leur grand profit.
Le département de la Défense, instauré en 1949 par la fusion de ceux de la guerre et de la marine, avait été pensé comme un instrument de la nouvelle stratégie américaine, tournée vers les alliances avec ses partenaires (l’Otan est née la même année) et la dissuasion vis-à-vis de ses adversaires, grâce aux armes atomiques. Les instigateurs de ce choix n’avaient rien de "woke". Il s’agissait d’Harry S. Truman, le président ayant autorisé le bombardement nucléaire de Hiroshima et Nagasaki, ainsi que les généraux George Marshall et Dwight Eisenhower, les deux grands stratèges du succès éclatant des Etats-Unis lors de la Seconde Guerre mondiale.
Ce changement ne donc peut qu’inquiéter les Européens. "Certains alliés l’interpréteront comme un abandon par l’Amérique de la défense collective au profit d’un combat unilatéral, tandis que d’autres mettront en doute le sérieux et le jugement de Washington face aux défis sécuritaires auxquels ils sont confrontés ensemble", pointe dans une note Walter Ludwig, du groupe de réflexion Royal United Services Institute. "Cela offre même aux adversaires de l’Amérique une victoire facile en matière de propagande, leur permettant de présenter Washington comme agressif plutôt que protecteur." Du pain bénit pour la Chine, dont l’objectif est de remettre en cause l’hégémonie américaine.
Cette approche plus agressive de l’administration Trump s’est illustrée dans deux récents épisodes. D’abord fin juin, lors des frappes aériennes sur un site nucléaire iranien. Puis début septembre, avec la destruction, non loin des côtes vénézuéliennes, par un missile, d’un bateau transportant onze membres présumés d’un groupe de narcotrafiquants. La lutte contre les cartels est présentée comme l’urgence militaire du moment. En plus d’une dizaine d’avions de combat F-35 à Porto Rico, Donald Trump a déployé en mer des Caraïbes une escadre comptant un sous-marin nucléaire d’attaque, des avions patrouilleurs et trois navires de guerre, dont l’un est spécialisé en assaut amphibie, l’USS Iwo Jima. Lors d’une visite à son bord, Pete Hegseth a salué la lutte de ses marins contre des trafiquants "empoisonnant les Américains".
De fait, la "guerre" au frontispice du Pentagone a, pour l’heure, davantage trait à des considérations nationales qu’à des ambitions impériales. "La sécurité intérieure est clairement la priorité absolue de cette administration", confirme Tara Varma, chercheuse française détachée au groupe de réflexion Brookings. Des soldats ont ainsi été envoyés dans les rues de Los Angeles, contre l’avis des autorités locales. D’autres pourraient l’être dans de grandes villes démocrates accusées de mauvaise gestion en matière de criminalité. "Chicago va comprendre pourquoi ça s’appelle le département de la guerre", a annoncé Donald Trump sur son réseau Truth Social. Le président menace également de maintenir le déploiement de la garde national à Washington "aussi longtemps qu’il le voudra", en déclarant l’état d’urgence. L’instrumentation de l’armée n’en est qu’à ses débuts.
Vue du Pentagone le 13 décembre 2024, à Washington, DC. Le président Donald Trump va changer le nom du ministère de la Défense en "ministère de la Guerre", a annoncé la Maison-Blanche le 4 septembre 2025. (Photo de Daniel SLIM /’AFP)
Son nom : Diella. Sa fonction : ministre. Sa nature : ni chair ni os, mais des lignes de code. Ce jeudi 11 septembre, à Tirana, le Premier ministre albanais Edi Rama la présente au monde lors d’un meeting du Parti socialiste : une intelligence artificielle promue au rang de membre du gouvernement. Une première mondiale. Hier encore, Diella guidait les citoyens sur la plateforme e-Albania, aujourd’hui, elle s’assoit, virtuellement, à la table du Conseil des ministres pour prendre en charge les marchés publics. Désormais, elle sera chargée de toutes les décisions relatives aux appels d’offres des marchés publics, de rendre chaque euro traçable et de recruter des talents aux quatre coins du monde.
Un portefeuille stratégique confié à une ministre virtuelle
Diella, qui signifie "soleil" en albanais, se voit confier toutes les décisions relatives aux appels d’offres. À la tribune, Edi Rama précise la méthode : les arbitrages, jusque-là réalisés dans les ministères, seront progressivement soustraits aux cabinets pour être traités par cette entité virtuelle, présentée comme "la servante des marchés publics". L’ambition est claire : évaluer les dossiers, appliquer des règles uniformes et documenter chaque étape pour que la chaîne de décision soit lisible de bout en bout. Le chef du gouvernement insiste : "ce n’est pas de la science-fiction, mais un mandat précis" confié à un outil technologique qui doit exécuter les procédures et tracer chaque décision. Dans ce cadre, Diella pourra aussi recruter des talents à l’international afin de renforcer l’expertise mobilisée sur les marchés les plus techniques. Un déploiement qui se fera pas à pas.
Cette entrée au gouvernement consacre un tournant engagé en janvier. Avant d’être ministre, Diella existait comme assistante virtuelle de la plateforme officielle e-Albania, où elle guidait les citoyens, via des commandes vocales, à travers la quasi-totalité des formalités dématérialisées. Représentée sous les traits d’une jeune femme en costume traditionnel, elle a, selon les chiffres officiels, aidé à l’émission de 36 600 documents numériques et fourni près d’un millier de services. De guichetière numérique à membre du cabinet, le changement d’échelle est total.
Lutter contre la corruption pour entrer dans l’Union européenne
L’objectif affiché : assainir les marchés publics. Edi Rama promet des appels d’offres "100 % incorruptibles" et une transparence intégrale. Le message s’adresse à la fois à l’opinion publique et aux partenaires européens : la lutte contre la corruption dans la fonction publique demeure un critère central de la candidature de l’Albanie à l’Union européenne. Dans ses rapports annuels sur l’État de droit, Bruxelles a régulièrement pointé les failles des marchés publics : Tirana entend donc y répondre par un saut technologique. À la tête d’un pays de 2,8 millions d’habitants, Edi Rama fixe l’horizon : adhérer à l’UE d’ici 2030.
Cette soudaine intégration de la technologie était prévisible. Cet été, le Premier ministre évoquait déjà l’éventualité d’un ministre numérique. Une hypothèse alors perçue comme lointaine. La large victoire du Parti socialiste aux législatives de mai a servi de rampe de lancement politique : lors du meeting de présentation du nouveau gouvernement, Diella est officiellement passée du statut d’assistant de service public à celui de ministre chargé d’un chantier cardinal, les marchés publics, pierre angulaire de la crédibilité de l’État.
Le Premier ministre albanais Edi Rama a annoncé, jeudi 11 septembre 2025, la nomination d'un ministre généré par intelligence artificielle (IA), une première mondiale, qui sera chargé des marchés publics.
Les alliés de la Pologne, dont la France et l’Allemagne, ont annoncé renforcer ses moyens de défense aérienne après l’intrusion de drones russes sur son territoire. Jugée délibérée par Varsovie, l’irruption de 19 drones russes dans l’espace aérien polonais dans la nuit de mardi à mercredi, en pleine guerre d’Ukraine, a provoqué un branle-bas chez les alliés européens.
L’Allemagne a ainsi annoncé ce jeudi prolonger sa mission de protection de l’espace aérien polonais de trois mois - de fin septembre à fin décembre -, et faire passer de deux à quatre le nombre de ses avions de combat Eurofighter déployés à cet effet. Berlin "renforcera son engagement à la frontière orientale de l’Otan en réaction aux récentes violations de l’espace aérien polonais par la Russie", a expliqué dans un communiqué le porte-parole du gouvernement Stefan Kornelius.
Le président Emmanuel Macron a annoncé de son côté, jeudi soir, que la France allait déployer trois chasseurs Rafale. "Je m’y étais engagé hier [mercredi, NDLR] auprès du Premier ministre polonais" Donald Tusk, a dit le chef d’Etat français sur le réseau X, précisant s’être aussi entretenu avec le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte et le Premier ministre britannique Keir Starmer. "Nous ne céderons pas face aux intimidations croissantes de la Russie", a-t-il assuré. Les avions français auront "pour mission la détection et, le cas échéant, la destruction de vecteurs de drones qui menaceraient le territoire polonais", a précisé ce vendredi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot sur France Inter.
Hélicoptères Mi-17, Eurofighter britanniques...
Les Pays-Bas ont décidé pour leur part d’accélérer la livraison de deux batteries de missiles Patriot, et de déployer des systèmes de défense antiaérienne et anti-drones, avec 300 militaires. Le système américain Patriot a par exemple une portée d’interception d’une centaine de kilomètres contre les avions, et d’une vingtaine de kilomètres contre les missiles balistiques.
Mercredi, le Premier ministre néerlandais démissionnaire Dick Schoof a confirmé la participation de son pays, avec des avions de chasse F-35, à l’opération contre les drones russes.
La République tchèque va déployer trois hélicoptères Mi-17. Selon Varsovie, les Britanniques vont également engager des Eurofighter, ces avions de combat fabriqués par l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Italie.
Depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, l’Alliance a renforcé sa "police du ciel", mission collective visant à préserver la sécurité de l’espace aérien de ses membres, sur son flanc oriental, notamment dans les Etats baltes et en Pologne. Les pays disposant d’avions de combat aident ainsi ceux qui n’en ont pas, souligne l’Otan. L’Alliance a activé à la demande de Varsovie l’Article 4 du traité Atlantique qui prévoit des consultations entre alliés en cas de menace contre l’un de ses membres.
Donald Trump a assuré, ce vendredi 12 septembre, que le tueur présumé de l’influenceur conservateur Charlie Kirk avait été arrêté, dans une interview avec la chaîne de télévision Fox News.
"Je pense, avec un haut degré de certitude, que nous l'avons en détention", a déclaré le président américain, ajoutant que "quelqu'un de très proche de lui l'a(vait) dénoncé".
Il a notamment expliqué que le père du suspect lui-même ainsi qu'un pasteur avaient joué un rôle dans cette arrestation. "Je peux me tromper mais je vous dis ce que j'ai entendu", a ajouté le président américain sur le plateau de la chaîne à New York.
Porte-drapeau de la jeunesse trumpiste désormais vu comme un "martyr" par la droite américaine, Charlie Kirk, 31 ans, a été tué mercredi d’une balle dans le cou alors qu’il participait à un débat public dans une université de l’Utah.
La police fédérale américaine (FBI), qui a publié plusieurs photos et vidéos du suspect qui montrent un jeune homme svelte, habillé d'un tee-shirt sombre à manches longues avec un drapeau américain sur le torse, jean et lunettes de soleil, casquette bleue sur le crâne et chaussures de sport aux pieds.
Si l’identité et les motivations du meurtrier sont toujours inconnues, le FBI a évoqué un acte "ciblé." Le meurtre de Charlie Kirk a été unanimement condamné par tout le spectre politique américain.
Beau Mason, du Département de la sécurité publique de l'Utah, présente la vidéo d'un suspect alors lors d'une conférence de presse, un jour après que l'influenceur conservateur Charlie Kirk a été abattu lors d'un événement public à Orem, dans l'Utah, le 11 septembre 2025
La Russie et la Biélorussie, son allié fidèle, ont entamé, vendredi 12 septembre, des exercices militaires conjoints qui suscitent l’inquiétude des pays de l’Otan, quelques jours après l’intrusion sans précédent de drones russes sur le territoire polonais. Ces manœuvres se déroulent alors que l’armée russe progresse sur le front ukrainien et intensifie ses attaques aériennes sur les villes d’Ukraine, en dépit de tentatives diplomatiques pour mettre fin à trois ans et demi d’une offensive à grande échelle.
Selon le ministère russe de la Défense, ces exercices incluent des opérations portant sur la gestion des unités militaires "dans le cadre de la riposte à une agression" et la direction de troupes pour "restaurer l’intégrité territoriale" de la Russie et de la Biélorussie. Les manœuvres, baptisées Zapad-2025 ("Ouest-2025", en référence au fait qu’elles se déroulent dans l’ouest de l’alliance russo-biélorusse), se tiennent jusqu’à mardi en Biélorussie et en Russie ainsi qu’en mer de Barents et mer Baltique.
Une vidéo diffusée par le ministère de la Défense montre des équipements militaires lourds - véhicules blindés, hélicoptères, navires - participant aux exercices. La Pologne, la Lituanie et la Lettonie, pays membres de l’Otan et voisins de la Biélorussie, voient d’un très mauvais œil l’organisation de ces manœuvres si près de leurs frontières. Toutes trois ont renforcé leur sécurité et restreint le trafic aérien dans certaines zones, Varsovie ordonnant en outre la fermeture complète de sa frontière avec la Biélorussie pendant les manœuvres.
40 000 soldats devraient être présents à la frontière avec la Russie
Le ministre biélorusse des Affaires étrangères, Maxime Ryjenkov, a estimé vendredi que "ce que fait aujourd’hui la Pologne est principalement dirigé contre elle-même" tandis que Moscou a demandé jeudi à Varsovie de "reconsidérer la décision (de fermeture de la frontière) dans les plus brefs délais". La Russie a balayé les craintes liées aux manœuvres, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, assurant jeudi qu’il s’agissait d'"exercices planifiés, (qui) ne visent personne". Varsovie a dit, elle, s’attendre "à des provocations" lors de ces exercices, a déclaré vendredi le ministre coordinateur des services spéciaux polonais, Tomasz Siemoniak.
Selon le vice-ministre polonais de la Défense, Cezary Tomczyk, quelque 40 000 soldats devraient être présents à la frontière avec la Russie et la Biélorussie pendant ces manœuvres. La Pologne et d’autres pays membres de l’Otan doivent organiser leurs propres exercices militaires stratégiques dans les prochains jours.
La peur d’un "conflit ouvert"
L’intrusion d’une vingtaine de drones dans la nuit de mardi à mercredi dans l’espace aérien polonais, jugée délibérée par Varsovie et ses alliés mais démentie par Moscou, a suscité une vive émotion en Pologne et été qualifiée de provocation par les pays occidentaux. Varsovie a dû mobiliser ses avions et ceux de ses alliés de l’Otan pour abattre les drones, venus du ciel ukrainien et de la Biélorussie. Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a estimé que l’on n’avait jamais été aussi proche d’un "conflit ouvert" depuis la Seconde Guerre mondiale.
🇵🇱 La Pologne a demandé à l'Otan d'activer l'article 4, qui prévoit des consultations entre alliés en cas de menace. En cause, une incursion, sans précédent, de plusieurs drones russes dans son espace aérien. On vous explique 🎥 Les dernières infos sont à retrouver sur lexpress.fr 📱 🔗 Lien en bio #pologne#russie#apprendresurtiktok#Sinformersurtiktok#newsattiktok
Les exercices Zapad sont habituellement organisés tous les quatre ans. L’édition 2025 est la première depuis le début du conflit en Ukraine, en février 2022. Celle de 2021 avait mobilisé environ 200 000 soldats russes, quelques mois avant le lancement de leur assaut. Cette fois, l’ampleur des exercices devrait être bien plus réduite, des centaines de milliers de soldats russes étant déployés en Ukraine.
"Une absurdité totale"
La Biélorussie avait affirmé en janvier que 13 000 soldats participeraient aux exercices, mais a indiqué en mai que ce nombre serait réduit de moitié. Selon Donald Tusk, les manœuvres visent à simuler l’occupation du corridor de Suwalki, qui s’étend le long de la frontière entre la Pologne et la Lituanie avec l’enclave russe de Kaliningrad à l’ouest et la Biélorussie à l’est. Ce corridor est souvent considéré comme un point faible de l’Otan qui pourrait être la première cible d’une éventuelle attaque russe. Cette crainte est une "absurdité totale", a balayé le président bélarusse Alexandre Loukachenko.
Pour Alexandre Khramtchikhine, analyste militaire basé à Moscou, ces exercices sont un "simple spectacle" sans réelle signification. Mais Vassili Kachine, analyste au Conseil russe des affaires internationales, lié au Kremlin, estime qu’ils sont "à la fois une démonstration et un véritable entraînement au combat".
Sur le front ukrainien, des frappes russes ont fait deux morts et cinq blessés vendredi matin dans la région de Soumy, dans le nord-est, selon les autorités ukrainiennes. La Russie a pour sa part annoncé avoir abattu dans la nuit 221 drones ukrainiens, soit l’une des attaques les plus massives de l’armée de Kiev depuis le début du conflit.
Le président russe Vladimir Poutine peut compter sur son homologue biélorusse, Alexandre Loukachenko, notamment lorsqu'il s'agit de réaliser des exercices militaires conjoints.
L’Assemblée générale de l'ONU a adopté, ce vendredi 12 septembre, à une large majorité la "déclaration de New York" visant à donner un nouveau souffle à la solution à deux Etats, israélien et palestinien, mais en excluant sans équivoque le Hamas.
Alors qu’Israël fustige depuis près de deux ans l’incapacité de l’Assemblée - et du Conseil de sécurité - à condamner les attaques sans précédent du mouvement palestinien du 7 octobre 2023, le texte préparé par la France et l’Arabie saoudite, et adopté par 142 voix pour, 10 contre (dont Israël et les Etats-Unis) et 12 abstentions, est clair. "Nous condamnons les attaques perpétrées le 7 octobre par le Hamas contre des civils" et "le Hamas doit libérer tous les otages" détenus à Gaza, dit-il.
Les infos à retenir
⇒ Déclaration de l'ONU sur l’Etat palestinien : Emmanuel Macron salue un "chemin irréversible vers la paix"
⇒ Berlin, Paris et Londres appellent à "l'arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes" à Gaza-ville
⇒ Le Qatar assure vouloir poursuivre "son rôle diplomatique"
Déclaration de l'ONU sur l’Etat palestinien : Emmanuel Macron salue un "chemin irréversible vers la paix"
Le président français Emmanuel Macron a salué ce vendredi l’adoption à l'ONU de la Déclaration de New York, visant à donner un nouveau souffle à la solution à deux Etats, israélien et palestinien, y voyant l’étape d’un "chemin irréversible vers la paix".
"Sous l’impulsion de la France et de l’Arabie saoudite, 142 pays ont adopté la Déclaration de New York sur la mise en oeuvre de la solution à deux États", s’est félicité le chef de l’Etat sur X. Le texte a été adopté par l’Assemblée générale à dix jours d’un sommet que Paris et Ryad co-présideront le 22 septembre à l'ONU, où Emmanuel Macron a promis de reconnaître l’Etat palestinien.
Israël a jugé de son côté "honteuse" la résolution adoptée à l'Assemblée générale de l'ONU, y voyant un encouragement au Hamas à "continuer la guerre".
Berlin, Paris et Londres appellent à "l'arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes" à Gaza-ville
Berlin, Paris et Londres ont appelé ce vendredi à "l'arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes à Gaza-ville", après que l'armée israélienne a déclaré son intention d'y intensifier ses frappes.
"Nous appelons de toute urgence à l'arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, qui provoquent des déplacements massifs de civils, des pertes civiles et la destruction d'infrastructures essentielles", indique un communiqué commun des ministères des Affaires étrangères des trois pays, envoyé par Berlin.
Le Qatar assure vouloir poursuivre "son rôle diplomatique"
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi les récentes frappes contre Doha, sans toutefois nommer leur auteur Israël, et appelé à la "désescalade" tandis que le Qatar assurait vouloir poursuivre son "rôle diplomatique" pour la paix. Dans une déclaration qui nécessite l’accord de ses 15 membres, donc aussi des Etats-Unis alliés d’Israël, le Conseil exprime sa "condamnation des récentes frappes à Doha, territoire d’un médiateur clé" et apporte son "soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale du Qatar".
Soulignant "l’importance de la désescalade", les membres du Conseil expriment leur "solidarité avec le Qatar" et insistent sur son "rôle vital dans les efforts de médiation dans la région, avec l’Egypte et les Etats-Unis".
Le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, qui avait fait le déplacement pour cette réunion d’urgence à New York, a salué la déclaration de soutien du Conseil et assuré "croire pleinement en la médiation". "Nous continuerons notre rôle humanitaire et diplomatique, sans hésitation, pour arrêter le bain de sang", a-t-il ainsi déclaré, alors qu’il avait dit la veille que son pays "réévalu (ait) tout" dans son rôle de médiateur après les frappes israéliennes. "Dans le même temps, nous ne tolérerons aucune attaque contre notre souveraineté et nous nous réservons le droit de répondre par des outils garantis par le droit international", a-t-il ajouté. "Notre approche est la paix et nous ne serons pas découragés par ceux qui appellent à la guerre et à la destruction", a-t-il insisté, accusant Israël d’être dirigés par des "extrémistes assoiffés de sang".
Le Premier ministre belge dénonce l’annulation d’un concert que devait diriger un chef israélien
Le Premier ministre belge Bart De Wever a dit vendredi regretter "profondément" la décision d’un festival en Belgique d’annuler un concert que devait diriger un chef d’orchestre israélien, dont les positions vis-à-vis de l’offensive à Gaza ont été jugées ambiguës. "Je regrette profondément la décision du festival, qui a gravement terni la réputation de notre pays", a-t-il déclaré sur X, soulignant qu’il avait reçu de "nombreuses questions" en provenance de l’étranger sur cette affaire. "Cette décision a légitimement suscité une grande consternation et a été qualifiée d’antisémite. Imposer une interdiction professionnelle à quelqu’un uniquement en raison de son origine est à la fois dangereux et irresponsable", a-t-il expliqué.
Après plus de 24 heures de traque infructueuse, les autorités américaines ont lancé, jeudi 11 septembre, un appel à la population pour retrouver le meurtrier de l’influenceur conservateur Charlie Kirk. Son assassinat, la veille, a choqué un pays fracturé et déjà en proie à un regain de violence politique. Si l’identité et les motivations de son assassin demeurent inconnues, le FBI évoque un acte "ciblé". La police fédérale a annoncé avoir retrouvé le fusil utilisé, abandonné dans des bosquets, ainsi qu’une empreinte de chaussure et de paume. Plus de 7 000 informations ont déjà été transmises par le public. Les clichés diffusés par le FBI montrent un homme mince, portant un pull à manches longues orné du drapeau américain, une casquette et des lunettes de soleil.
Mais, au-delà de l’émotion, l’affaire pourrait mettre en lumière la fragilité d’un FBI ébranlé par ses faux pas de communication et affaibli par les coupes budgétaires. En mai 2025, la Maison-Blanche a proposé de réduire de près d’un demi-milliard de dollars le budget de l’agence, soit une baisse d’environ 5 %. Une décision qui interroge sur la capacité du Bureau à fonctionner efficacement. Dans ce contexte, l’assassinat de Charlie Kirk a déclenché une "vaste opération de recherche sous haute pression" dans l’Utah, selon le Washington Post.
Nommé en février 2025, le directeur du FBI Kash Patel, épaulé par son adjoint Dan Bongino, se retrouve sous le feu des regards. Dès jeudi matin, il a convoqué en urgence 200 agents pour exiger des résultats rapides. La réunion a été décrite comme tendue : Kash Patel a reproché aux équipes locales leur lenteur et juré qu’il ne tolérerait plus d’"opérations Mickey Mouse". Ces accès de colère reflètent une inquiétude plus profonde. Fidèle de Donald Trump, il est déjà pointé du doigt pour son manque d’expérience et sa propension à commenter les enquêtes en temps réel sur les réseaux sociaux. Dans l’affaire Charlie Kirk, il a annoncé précipitamment l’arrestation d’un suspect… avant de devoir corriger quelques heures plus tard : l’homme avait été relâché.
Doit-on craindre un nouveau cycle de violence aux Etats-Unis après la mort de l'influenceur conservateur Charlie Kirk ? Analyse avec Lauric Henneton. 🔗 Lien en bio #USA#sinformersurtiktok#apprendreavecTiktok
"Kash Patel a commis une série de faux pas ces derniers mois et a déjà suscité des inquiétudes quant à une possible érosion de la confiance du public envers l’agence", souligne leNew York Times.Trois anciens hauts responsables ont même porté plainte contre lui et l’administration fédérale, mercredi 10 septembre, accusant le FBI d’avoir sacrifié la compétence au profit de critères politiques. Dans leur témoignage, ils décrivent une direction obsédée par les réseaux sociaux, au détriment du travail de fond. La Maison-Blanche exercerait une influence considérable sur les décisions du bureau fédéral d’investigation, organisant des tests de loyauté politique et ordonnant directement le licenciement d’agents ciblés par le président Trump et ses alliés, selon la plainte.
Ainsi, certains anciens responsables dénoncent un FBI qui pourrait devenir une arme au service de l’administration Trump. En mai 2025, un haut fonctionnaire a été écarté, en partie pour ne pas avoir informé Kash Patel que son épouse s’était agenouillée lors des manifestations contre les violences policières dans le district de Columbia en 2020. Début février dernier, l’équipe chargée d’enquêter sur la tentative de Donald Trump de renverser l’élection présidentielle de la même année a, elle aussi, été dissoute.
"Besoin urgent d’un leadership expérimenté"
Par ailleurs, le Washington Post souligne que ces purges, combinées aux réductions budgétaires, inquiètent les vétérans du Bureau, qui redoutent que l’agence ne soit plus capable de mener efficacement des enquêtes complexes. En effet, plusieurs responsables chevronnés ont été limogés, notamment Mehtab D. Syed, qui dirigeait le bureau extérieur de Salt Lake City, dans l’Utah où Charlie Kirk a été tué. Résultat : une perte de savoir-faire dans des domaines sensibles comme le terrorisme intérieur ou le contre-espionnage.
De son côté, Lauren C. Anderson, une ancienne agente du FBI qui a occupé des postes de direction au bureau extérieur de New York, remarque dans le New York Times que la mort de Charlie Kirk "met en évidence le besoin urgent d’un leadership expérimenté et stable dans les moments de violence politique". Dans un pays fracturé, l’assassinat de Charlie Kirk met à l’épreuve un FBI en quête de légitimité. L’agence doit non seulement retrouver le meurtrier d’une figure conservatrice devenue "martyr" pour une partie de la droite américaine, mais aussi prouver qu’elle reste une institution fiable, malgré les secousses internes et les critiques externes. Et pour Kash Patel, c’est un véritable test grandeur nature.
Kash Patel lors d'une audition de la commission judiciaire du Sénat sur sa nomination au poste de directeur du FBI, au Capitole à Washington, le 30 janvier 2025.
Deux jours après l’intrusion de drones russes en Pologne qui a provoqué un branle-bas chez ses alliés européens, Emmanuel Macron annonçant l’envoi de trois Rafale dans ce pays, l’Ukraine a lancé dans la nuit du jeudi 11 au vendredi 12 septembre une attaque de drones massive contre la Russie. Moscou a indiqué avoir intercepté plus de 200 engins, dont une trentaine dans la région de Saint-Pétersbourg, deuxième ville du pays. Cette salve survient à l’aube de vastes manœuvres militaires conjointes de la Russie et de la Biélorussie, près de Minsk, qui inquiètent l’Occident. Les exercices Zapad sont habituellement organisés tous les quatre ans. Cette édition 2025 est la première depuis le début du conflit en Ukraine, en février 2022.
Les infos à retenir
⇒ L'Otan va renforcer la défense de son flanc est
⇒ La Russie annonce que les négociations de paix avec Kiev sont en "pause"
⇒ La Russie et la Biélorussie organisent des exercices militaires
L'Otan va renforcer la défense de son flanc est
L'Otan a annoncé ce vendredi le renforcement de la défense de son flanc est, après l'intrusion sans précédent cette semaine de drones russes dans le ciel polonais.
L'Alliance va lancer une opération pour "renforcer encore davantage notre posture le long de notre flanc oriental", a affirmé devant la presse à Bruxelles le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Mark Rutte.
L'ordre a d'ores et déjà été donné de lancer cette opération baptisée "sentinelle orientale", a précisé de son côté le commandant suprême des forces alliées en Europe, le général américain Alexus Grynkevich. Elle débutera concrètement "dans les jours à venir" et comprendra des contributions provenant de plusieurs pays de l'Alliance , "notamment le Danemark, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et d'autres", a ajouté Mark Rutte. "Sentinelle orientale sera flexible et agile, offrant une dissuasion et une défense encore plus ciblées exactement quand et où cela est nécessaire", a assuré le général Grynkevich.
Donald Trump dit que sa patience avec Vladimir Poutine "s'épuise rapidement"
Donald Trump a dit ce vendredi que sa patience envers le président russe Vladimir Poutine "s'épuisait rapidement" et évoqué la possibilité de sanctions contre les banques et le secteur pétrolier russes, sans s'y engager fermement.
Le président américain a ajouté, pendant un entretien en direct sur la chaîne Fox News à New York, qu'il fallait aussi convaincre le président ukrainien Volodymyr Zelensky de mettre fin au conflit en Ukraine, déclenché en 2022 par l'invasion russe de ce pays, en déclarant: "Il faut être deux pour danser le tango". "Quand Poutine voulait le faire, Zelensky ne voulait pas. Quand Zelensky voulait, Poutine ne voulait pas", a-t-il affirmé à propos d'éventuelles négociations de paix.
Le Kremlin annonce que les négociations de paix avec l'Ukraine sont en "pause"
Le Kremlin a estimé vendredi que les négociations de paix entre la Russie et l'Ukraine pour mettre fin au conflit étaient en "pause", aucune date n'ayant été fixée pour une prochaine session de pourparlers.
"Les canaux de communication existent, ils sont bien établis. Nos négociateurs ont la possibilité de communiquer par ces canaux, mais pour l'instant, on peut plutôt parler d'une pause", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien auquel participait notamment l'AFP.
Des pourparlers à Istanbul plus tôt cette année n'ont pas permis de réelle avancée, hormis un accord sur des échanges de prisonniers de guerre.
L'UE prolonge ses sanctions contre des responsables russes
L'Union européenne a décidé vendredi de prolonger ses sanctions contre des centaines de responsables et entités russes qu'elle accuse de favoriser l'effort de guerre de la Russie contre l'Ukraine, a-t-on appris de sources diplomatiques.
Ces sanctions, décidées après l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, concernent plus de 2 500 individus et entités russes, entreprises et autres, dont le président Vladimir Poutine. Elles doivent être renouvelées tous les six mois à l'unanimité des 27 Etats membres. Elles prévoient un gel des avoirs dans l'UE et une interdiction d'entrer sur le territoire européen, en ce qui concerne les individus.
De son côté, le Royaume-Uni a annoncé ce vendredi également avoir sanctionné une centaine de fournisseurs militaires et de navires soupçonnés d'appartenir à la "flotte fantôme" russe, à l'occasion d'une visite à Kiev de la nouvelle cheffe de la diplomatie britannique. "Ces sanctions marquent une nouvelle étape dans les efforts du Royaume-Uni pour intensifier la pression économique" sur Vladimir Poutine, et "couper les flux financiers dont il a désespérément besoin pour financer cette guerre illégale", a déclaré Yvette Cooper, citée dans un communiqué.
Drones russes en Pologne : l'ambassadeur de Moscou en France convoqué
L'ambassadeur de Russie en France est convoqué ce vendredi au ministère français des Affaires étrangères pour évoquer l'intrusion des drones en Pologne, a annoncé le chef de la diplomatie sortante, emboîtant le pas à plusieurs autres pays européens. "Il sera convoqué ce matin. Nous allons lui dire (...) que nous ne nous laisserons pas intimider", a déclaré Jean-Noël Barrot sur la radio France Inter. "Intentionnel ou non, accidentel ou non, tout cela est très grave. Tout cela est absolument inacceptable. Tout cela vient s'ajouter aux innombrables provocations de Vladimir Poutine", a-t-il dit.
Jugée délibérée par Varsovie, l'intrusion de 19 drones présumés russes dans l'espace aérien polonais dans la nuit de mardi à mercredi, en pleine guerre d'Ukraine, a provoqué la condamnation unanime des alliés européens. La Pologne, la Suède, les Pays-Bas, la République tchèque, la Roumanie, la Belgique et l'Espagne ont eux aussi convoqué ces derniers jours les ambassadeurs de Russie ou les chargés d'affaires des représentations diplomatiques russes.
Ces incursions ne sont pas nouvelles, a déploré le ministre démissionnaire. "C'est une stratégie délibérée de la Russie pour nous intimider, pour nous tester", a-t-il réagi. Au-delà de la condamnation, Jean-Noël Barrot a indiqué que la France avait "immédiatement marqué sa disponibilité pour contribuer davantage encore au renforcement de la protection de ce qu'on appelle le flanc Est de l'Otan, c'est à dire l'est de l'Europe". Le président Emmanuel Macron a ainsi annoncé jeudi soir que la France allait déployer trois chasseurs Rafale.
L’Ukraine lance une attaque de drones massive sur la Russie
La Russie a indiqué vendredi avoir abattu dans la nuit 221 drones ukrainiens, soit l’une des attaques les plus massives de l’armée de Kiev en trois ans et demi d’offensive russe. Sur ces drones "interceptés et abattus" par la défense anti-aérienne, neuf l’ont été dans la région de Moscou et 28 dans celle où se situe la deuxième ville du pays, Saint-Pétersbourg (nord-ouest), a indiqué le ministère de la Défense sur Telegram. Dans cette dernière région, loin du front et proche des pays baltes et de la Finlande, cette attaque a mis le feu à un navire dans le port de Primorsk, sur la mer Baltique, selon le gouverneur Alexandre Drozdenko. Ce dernier a précisé sur Telegram que l’incendie avait été maîtrisé et qu’il n’y avait aucun risque d’écoulement de pétrole.
Alors que l’armée du Kremlin bombarde quotidiennement l’Ukraine depuis le lancement de son offensive en février 2022, Kiev lance de son côté des drones vers la Russie toutes les nuits. L’armée ukrainienne concentre ses frappes ces dernières semaines contre les infrastructures pétrolières, secteur clé de l’économie russe que les Occidentaux veulent sanctionner. Ses attaques restent généralement limitées à quelques dizaines de drones, bien moins que les plus de 200 interceptés dans la nuit de jeudi à vendredi.
La Russie et la Biélorussie organisent des exercices militaires sous l’oeil inquiet de l’Occident
La Russie et la Biélorussie, son allié fidèle, doivent entamer vendredi de grands exercices militaires conjoints, suscitant l’inquiétude des pays de l’Otan quelques jours après l’intrusion sans précédent de drones présumés russes sur le territoire polonais. Ces manœuvres se tiendront de vendredi à mardi près d’une ville située à l’est de Minsk, la capitale, selon les autorités bélarusses.
La Pologne, la Lituanie et la Lettonie, pays membres de l’Otan et voisins de la Biélorussie, voient d’un très mauvais oeil l’organisation de ces exercices si près de leurs frontières. Toutes trois ont renforcé leur sécurité et restreint le trafic aérien dans certaines zones, Varsovie ordonnant en outre la fermeture complète de sa frontière avec la Biélorussie pendant les manœuvres. Moscou a demandé jeudi à Varsovie de "reconsidérer la décision prise (la fermeture de la frontière) dans les plus brefs délais", dénonçant des "mesures de confrontation" et une "politique d’escalade des tensions".
Alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé que le but des manœuvres russo-biélorusses n’était "certainement pas défensif", la Russie a balayé les craintes, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, assurant qu’il s’agissait d'"exercices planifiés, ils ne visent personne".
Les exercices Zapad sont habituellement organisés tous les quatre ans. L’édition 2025 est la première depuis le début du conflit en Ukraine, en février 2022. Celle de 2021 avait mobilisé environ 200 000 soldats russes, quelques mois avant le lancement de leur assaut. Cette fois, l’ampleur des exercices devrait être bien plus réduite, des centaines de milliers de soldats russes étant déployés en Ukraine.
Les Français pour des garanties de sécurité "fortes", mais partagés sur l'envoi de troupes en Ukraine
Trois-quarts des Français jugent nécessaire d'apporter des "garanties de sécurité fortes" à l'Ukraine pour y sécuriser un éventuel cessez-le-feu, mais moins de la moitié sont favorables à l'envoi de troupes dans le pays, selon un sondage de l'Ifop publié ce vendredi.
Si 75 % des sondés jugent nécessaires de telles garanties, une majorité (61 %) se prononce d'abord pour qu'elle prenne la forme d'une intégration progressive de l'Ukraine dans l'Otan, considérée comme une ligne rouge pour la Russie, la fourniture d'armes (59 %) et l'intégration progressive à l'Union européenne (56 %). En revanche, l'envoi de troupes occidentales ou européennes au sol, sur le modèle des États-Unis en Corée du Sud, recueille 47 % de soutien.
Le sondage révèle un clivage politique fort sur ce sujet. Avec un soutien passant de 70 % pour les sympathisants du président de la République, qui s'est dit prêt à engager des forces françaises en Ukraine, à 55 % pour ceux des partis de gauche et de droite, et chutant à 36 % pour les sympathisants du Rassemblement national (RN).
La fin du calvaire pour Cécile Kohler et Jacques Paris ? Jeudi 11 septembre, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a indiqué qu’un accord prévoyant la libération de prisonniers français contre celle d’une Iranienne détenue en France entrait dans sa "phase finale". Dans une interview télévisée, il a toutefois refusé de donner plus de détails.
L’échange proposé concerne Mahdieh Esfandiari, une Iranienne arrêtée en France en février dernier pour avoir fait la promotion du terrorisme sur les réseaux sociaux. L’Iran a demandé à plusieurs reprises sa libération, arguant qu’elle avait été injustement détenue. La France a déposé en mai une requête contre Téhéran devant la Cour internationale de justice (CIJ) pour la détention de deux citoyens français, Cécile Kohler et Jacques Paris, que Paris estime être "retenus comme otages d’Etat".
Cécile Kohler, 40 ans, et Jacques Paris, 72 ans, ont été arrêtés le 7 mai 2022 et sont accusés d’espionnage pour le compte d’Israël, l’ennemi juré de l’Iran. Leurs familles ont décrit leur situation comme de plus en plus désespérée. Le couple fait partie d’une vingtaine d’Européens détenus en Iran, dont Lennart Monterlos, un Franco-Allemand de 19 ans qui effectuait un voyage à vélo entre l’Europe et l’Asie et qui a été arrêté dans le pays en juin, pendant la brève guerre entre l’Iran et Israël.
Le gouvernement français agit en coulisses
En juin 2025, le Français Louis Arnaud a été libéré et a regagné la France après avoir passé près de deux ans à la prison d’Evin, près de Téhéran. Ce consultant de 35 ans avait entamé un tour du monde en juillet 2022, voyage qui l’avait conduit jusqu’en Iran. Il y fut arrêté en septembre de la même année, en même temps que d’autres Européens, accusés d’avoir pris part aux manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini, tuée par la police des mœurs pour avoir porté son voile de manière jugée "incorrecte".
En juillet dernier, le gouvernement français disait préférer agir "à bas bruit" pour faire libérer les ressortissants qu’il juge injustement détenus à l’étranger, estimant que les dénonciations publiques ne font qu’aggraver leur situation, selon le ministre délégué en charge des partenariats internationaux. "Il y a ceux qui s’agitent ou dénoncent sans rien obtenir, ce qui aggrave la situation. Nous, nous agissons à bas bruit avec la seule boussole du résultat", a soutenu alors Thani Mohamed Soilihi, au moment où des politiques demandent au gouvernement de hausser le ton en particulier face à l’Algérie et l’Iran.
Une monnaie d’échange
La diplomatie française est régulièrement critiquée pour cette stratégie d’action dans l’ombre. Le ministère des Affaires étrangères n’a jamais communiqué la liste complète de Français emprisonnés à l’étranger ni le motif de leur incarcération. Mais pour les cas les plus médiatiques, il a dénoncé des "détentions arbitraires".
Dans celui de Cécile Kohler et de Jacques Paris, Paris estime qu’ils sont "des otages d’Etat", une sorte de monnaie d’échange pour peser notamment dans les très sensibles discussions sur le nucléaire iranien, dans l’impasse depuis des années, et obtenir une levée des sanctions.
Au total, 2 300 Français sont actuellement détenus à l’étranger, a rappelé le ministre et "bénéficient, en particulier pour ceux qui le demandent, du plein accompagnement des services consulaires du ministère des Affaires étrangères".
Les otages français Cécile Kholer et Jacques Paris détenus en Iran pourraient être échanger contre une Iranienne arrêtée en France en février pour avoir fait la promotion du terrorisme.
C’est un verdict qui "ouvre un avenir démocratique au Brésil" selon le quotidienFolha de São Paulo. L’ancien chef de l’Etat brésilien d’extrême droite Jair Bolsonaro a été condamné, jeudi 11 septembre, à 27 ans de prison pour tentative de coup d’Etat à l’issue d’un procès "historique", comme le souligne le média brésilien O Globo. Alors que les intenses pressions du président américain Donald Trump en sa faveur n’ont pas suffi, le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a promis des représailles : les Etats-Unis vont "répondre en conséquence" à cette condamnation "injuste", a-t-il dit. Le Brésil a répliqué qu’il ne se laisserait pas "intimider" par des "menaces".
Par quatre voix contre une, la Cour suprême a déclaré coupable l’ex-président brésilien (2019-2022), 70 ans, le condamnant à 27 ans et trois mois de prison. Un séisme, à un peu plus d’un an de la présidentielle de 2026. Jair Bolsonaro a été reconnu chef d’une "organisation criminelle" ayant conspiré pour assurer son "maintien autoritaire au pouvoir" après sa défaite face au président de gauche actuel, Luiz Inacio Lula da Silva, lors de l’élection de la fin 2022.
Selon l’accusation, le projet prévoyait notamment l’assassinat de Lula et ne s’est pas concrétisé faute de soutien de la hiérarchie militaire. Les émeutes qui avaient vu le 8 janvier 2023, une semaine après l’investiture de Lula, des milliers de sympathisants bolsonaristes prendre d’assaut et vandaliser les sièges des institutions à Brasilia auraient été l'"ultime espoir" de voir aboutir le complot.
Inéligible jusqu’en 2030 et assigné à résidence, Jair Bolsonaro n’était pas présent à l’audience, pour motif de santé selon sa défense. L’ancien chef de l’Etat garde "la tête haute pour affronter cette persécution", a réagi le sénateur Flavio Bolsonaro, son fils aîné. Le camp conservateur va mettre "toutes ses forces" pour "unir le Parlement" autour d’un projet d’amnistie incluant son leader, a-t-il affirmé.
Une opinion publique divisée
Le procès déchire une opinion ultra-polarisée, y compris dans la capitale. Dans un bar de Brasilia où l’audience de jeudi était retransmise sur un écran géant, applaudissements et cris de joie ont salué la condamnation. "Après tant d’attente, cet individu exécrable se fait envoyer en prison", a dit à l’AFP Virgilio Soares, traducteur. Dans un tout autre climat, quelques dizaines de sympathisants bolsonaristes se sont retrouvés près de son domicile pour témoigner leur soutien à leur champion lors d’une "veillée de prière". "Avec l’âge qu’il a, nous savons tous qu’il finira par mourir en prison", lâche Vantuir Batista, pasteur évangélique.
L’affaire Bolsonaro est aussi à l’origine d’une crise sans précédent entre la première puissance d’Amérique latine et les États-Unis. Dénonçant une "chasse aux sorcières" contre Jair Bolsonaro, Donald Trump a imposé depuis début août une surtaxe punitive de 50 % sur une part importante des exportations brésiliennes. "C’est très surprenant que ça puisse arriver", a réagi le président américain après la condamnation de son allié, la comparant à ses propres déboires judiciaires passés. Le New York Times prévient que "le jugement risque fort d’exacerber le conflit entre le Brésil et les États-Unis."
C’est la première fois qu’un ancien chef de l’Etat est condamné pour de tels faits, dans un pays encore hanté par le souvenir de la dictature militaire (1964-1985). Déplorant des peines "incroyablement excessives", ses avocats ont promis de déposer "les recours appropriés, y compris au niveau international". Selon une source de la Cour suprême, la défense aura cinq jours pour faire appel, une fois le jugement publié. Jair Bolsonaro ne pourrait être envoyé en prison qu’une fois tous ses recours épuisés, a expliqué à l’AFP Thiago Bottino, professeur de droit pénal à la Fondation Getulio Vargas. La haute juridiction a condamné en outre sept anciens proches collaborateurs de Jair Bolsonaro, dont plusieurs ex-ministres et généraux, à des peines allant de deux à 26 ans de prison.
La bataille devrait rapidement s’accélérer pour le leadership à droite en vue de la prochaine présidentielle. Avec une popularité renforcée par les attaques américaines, Lula, 79 ans, affiche son intention de briguer un nouveau mandat, se posant en champion de la "souveraineté" brésilienne.Jair Bolsonaro est le quatrième ancien locataire du palais présidentiel condamné depuis le retour à la démocratie il y a 40 ans. Avant lui, Fernando Collor de Mello, Michel Temer et Lula (qui fit deux premiers mandats entre 2003 et 2010) ont été condamnés pour corruption. Lula a été incarcéré en 2018-2019, avant que sa condamnation ne soit annulée pour vice de forme.
"La Russie est une menace constante […] mais elle n’est pas invincible, comme en témoigne sa défaite en 1920", scande le nouveau président polonais, Karol Nawrocki, depuis un pupitre installé au pied du Château royal de Varsovie. Derrière lui, des blindés flambant neufs scintillent au soleil, tandis qu’une foule enthousiaste, drapée de rouge et de blanc, attend avec impatience le début du défilé militaire du 15 août. Comme chaque année, ils sont plusieurs milliers à venir célébrer la victoire épique des troupes polonaises face aux Bolcheviques, stoppés aux portes de l’Europe de l’Ouest, sur les bords de la Vistule, il y a plus d’un siècle.
La parade peut s’élancer. Les F-16 fendent le ciel et les chars Abrams font trembler le bitume. Ovationnés par les familles, ils ne constituent pourtant qu’un maigre échantillon de la montée en gamme de l’armée polonaise. Sur la liste des commandes passées ces dernières années, pour l’essentiel auprès des États-Unis et de la Corée du Sud, figurent 1 000 chars K2, 672 obusiers K9, 500 lance-roquettes Himars, 96 hélicoptères Apache, 48 avions FA-50 ou encore 32 F-35.
De quoi faire écho à une conviction profonde, ancrée dans l’histoire et renforcée depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine : la menace russe est existentielle pour la nation polonaise. Quand bien même le pays s’érige aujourd’hui en modèle au sein de l’Otan, allouant déjà 4,7 % de son PIB à la défense, et 5 % à compter de l’an prochain, les craintes continuent d’irriguer les discussions en coulisses. "Le risque que la Pologne participe à une guerre, seule ou uniquement avec ses alliés régionaux, est réel", alerte Jacek Bartosiak, fondateur de l’influent think-tank Strategy & Future, qui ne croit pas aux garanties de sécurité américaines.
Provocations russes
D’autant que le spectre d’un conflit ouvert sur le territoire polonais a fait brutalement irruption dans la nuit du mardi 9 septembre. L’entrée de 19 drones russes au-dessus de l’espace aérien polonais est une onde de choc, aussi bien pour les décideurs que pour l’opinion publique : pour la première fois dans l’histoire, des avions de chasse de l’Otan ont mené des opérations de destruction au-dessus d’un Etat membre. "Nous n'avons jamais été aussi proches d'un conflit depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale : il y a la guerre en Ukraine, et désormais une provocation sur notre sol", a prévenu Donald Tusk dans une allocution devant la Diète, l’air grave, appelant les députés à l’unité la plus totale.
Lancés depuis la Russie, la plupart des drones russes ont traversé la Biélorussie, avant de passer par la Pologne pour atteindre l’Ukraine. Un projet contrecarré par la réaction de l’armée polonaise, bien aidée par ses alliés toute la nuit, de 23h30 à 6h30. Au côté des F-16 polonais, les drones ont été abattus par des chasseurs F-35 néerlandais, assistés par un avion de surveillance italien et les radars des Patriots allemands sur place. Inédite par son ampleur, cette violation n’est pas la première de la part de Moscou, puisque des intrusions de drones ont déjà été signalées ces dernières semaines.
La Pologne est-elle prête à mener la guerre du futur ? "Combattre avec des missiles, envoyer des avions de chasse et consommer leur coûteux carburant est intenable", souffle l’expert Jacek Bartosiak, qui pointe les retards de la Pologne dans la production et le déploiement d’engins sans pilote, de systèmes anti-drones et de brouilleurs. Des domaines dans lesquels l’Ukraine excelle. A l’inverse, ce n’est qu’en janvier dernier qu’un département consacré aux systèmes aériens sans pilote a été créé au sein du commandement général des forces armées polonaises. "En 2024, les Ukrainiens nous ont acheté 700 drônes de reconnaissance FlyEye, et la Pologne à peine 70", confiait Paweł Poncyljusz, dirigeant au sein de l’entreprise polonaise Grupa WB, dans un entretien accordé au média WNP. "Demain, les chars et hélicoptères d’attaque peuvent être obsolètes. Il faut lancer un rapprochement civil-militaire de grande ampleur pour mieux incorporer le numérique dans nos armées", propose Jacek Bartosiak, chef de la fondation Strategy & Future.
Dans le même temps, les achats tous azimuts réalisés par les autorités polonaises ces dernières années posent question. "La multiplication des modèles de chars entraîne des problèmes logistiques, liés à la disponibilité des pièces de rechange et à la maintenance des engins", pointe l’expert. "Dans les airs, il nous faut des intercepteurs plutôt que des avions d’attaque au sol, trop dépendants de la technologie américaine", complète-t-il.
Les grands contrats ne sauraient non plus masquer les chantiers inachevés. A commencer par la production de munitions 155 mm, pourtant indispensables aux canons d’artillerie. "Notre défense pourrait tenir une semaine ou deux avec le niveau actuel de nos stocks", avertissait en mars dernier Dariusz Łukowski, alors chef du Bureau de la Sécurité nationale, affilié à la présidence. Une déclaration choc, qui a révélé l’ampleur du retard accumulé par l’industrie nationale. Alors que les Ukrainiens consomment quelque 5 000 obus d’artillerie par jour, la Pologne n’en produit que 30 000 par an. "Nos usines ont trop longtemps continué à tourner comme en temps de paix", déplore le général Gromadzinski, ancien commandant d’Eurocorps et ex-adjoint du commandant du Groupe d’assistance à la sécurité pour l’Ukraine.
En cause : les difficultés du géant public PGZ, censé être la cheville ouvrière de l’effort d’armement, mais qui peine à tenir ses engagements. En juillet dernier, le gouvernement polonais a annoncé un investissement public de 2,4 milliards de zlotys [NDLR : près de 500 millions d’euros] pour soutenir son champion national, avec l’objectif de porter la production annuelle d’obus d’artillerie à 150 000 d’ici à 2028. Du côté des industriels privés, le ton est amer : écartés des grands contrats, ils dénoncent le "quasi-monopole de PGZ". "De tels acteurs ne devraient pas se voir renouveler un tel soutien. Le non-respect des délais devrait au contraire les disqualifier des projets financés par le Trésor public", assène Dariusz Szlafka, directeur général de ZSP Niewiadow, une entreprise d’armement privée qui développe ses propres capacités sans le soutien de l’État. "La domination de PGZ sur le marché entraîne des prix plus élevés et alimente la dépendance du ministère de la Défense envers un seul producteur. Alors que notre pays fait face à une menace réelle, cette situation est inacceptable", ajoute le dirigeant.
La Baltique, un "lac otanien"
L’autre talon d’Achille de la défense polonaise est sa marine. Varsovie ne dispose que d’un seul sous-marin opérationnel. Faute de volonté politique, cette situation dure depuis plus d’une décennie. Y remédier est "une question d’honneur", déclarait, en novembre 2024, le ministre de la Défense Władysław Kosiniak-Kamysz. Mais depuis cette promesse solennelle, le dossier n’a guère avancé. Et il paraît peu probable que l’identité du futur fournisseur - les candidats ne manquent pas, à commencer par le français Naval Group - soit connue d’ici à la fin de l’année. "Ce serait une erreur d’abandonner toute capacité sous-marine. Trois sous-marins suffiraient", juge le général Gromadzinski, en rappelant que la protection du port de Świnoujście, véritable hub stratégique pour la Pologne, est cruciale. "Investir dans la robotique navale et se coordonner avec nos alliés doit être la priorité", tempère l’expert Jacek Bartosiak, qui souligne que la mer Baltique est devenue, à la faveur de l’adhésion à l’Alliance de la Finlande en 2023 puis de la Suède en 2024, une sorte de "lac otanien".
Au-delà des équipements, c’est la question des hommes et de leur formation qui se pose. Depuis 2021, une partie des forces polonaises est déployée en permanence à la frontière avec le Bélarus. Varsovie accuse en effet Moscou et Minsk d’orchestrer conjointement l’acheminement de migrants venus d’Asie centrale, d’Afrique et du Proche-Orient. Massés à plusieurs points de passage dans une extrême précarité, ces groupes subissent une crise humanitaire majeure et sont, parfois, source de tensions sécuritaires déstabilisant l’appareil d’Etat. Aux côtés des garde-frontières et de la police, environ 6 000 soldats se relaient sur place. "A cause de cela, nos hommes ne s’entraînent pas suffisamment aux missions de combat sur nos nouveaux équipements, qui coûtent une fortune", souffle le général Gromadzinski, qui plaide plutôt pour une mobilisation accrue du ministère de l’Intérieur pour gérer la crise migratoire. Depuis qu’une grande partie des chars soviétiques T-72 a été accordée à l’Ukraine, les soldats polonais doivent s’aguerrir sur les nouveaux modèles K2, Abrams, Leopard ou encore Borsuk.
Défi démographique
Au total, l’armée polonaise compte 212 000 hommes, dont 147 000 de métier. Varsovie vise les 300 000 soldats en temps de paix, dont 250 000 professionnels. Mais la courbe des effectifs se tasse : au premier semestre 2025, seuls 7 000 recrues ont rejoint les rangs, contre 20 000 attendues. Pour ce pays qui a l’un des taux de fécondité les plus bas de l’UE, le défi de la prochaine décennie est démographique, d’après le spécialiste Ariel Drabinski : "En 2020, il y a eu 150 000 naissances de moins qu’en 2010. Il est urgent de planifier la mobilisation de notre potentiel humain", signale-t-il.
Le gouvernement de Donald Tusk a pris le sujet à bras-le-corps en proposant de nouvelles formules d’entraînement volontaire, allant de quelques jours à un mois. L’objectif est de mobiiliser 100 000 participants par an à partir de 2027. La Pologne compte déjà 300 000 réservistes et les appels à accélérer la cadence se multiplient, alors que le service militaire obligatoire est de vigueur dans les pays baltes et dans la plupart des États scandinaves.
Un rapport de l’Institut Sobieski plaide pour l’instauration d’un "service étatique obligatoire". "L’État a besoin, au-delà des soldats, de spécialistes à l’arrière", relatent les auteurs, citant la police, les pompiers, les soignants et la protection des infrastructures critiques. "L’Ukraine nous montre que c’est tout le pays qui combat", explique le général Gromadzinski, qui a co-écrit l’étude. De son côté, Ariel Drabinski estime qu’il faut aller encore plus loin, en mobilisant davantage les femmes et en repoussant l’âge de mobilisation à 65 ans, contre 60 aujourd’hui, tandis qu’il est de 72 ans en France.
Pour répondre à ces défis, encore faut-il avoit une une doctrine de sécurité nationale. La dernière feuille de route gouvernementale date de… 2020. "C’est le plus grand péché de nos dirigeants", s’insurge le général Gromadzinski. Car depuis, la guerre en Ukraine a bouleversé l’équilibre régional, l’engagement américain sur le long terme est incertain, les menaces hybrides visant la Pologne se sont démultipliées et les modes de combat ont radicalement évolué. A l’heure où les acteurs n’excluent pas un conflit direct, ils appellent à la fermeté. "Nous devons être en mesure d’opérer un blocus rapide de l’enclave de Kaliningrad pour dissuader la Russie", indique l’analyste Jacek Bartosiak. Même discours du côté du général Gromadzinski : "Nous devons inscrire noir sur blanc que nous mènerons une défense active. Pourquoi achetons-nous des lance-roquettes de nouvelle génération ? Les Russes doivent savoir qu’en cas d’agression, nous les utiliserons pour frapper des cibles sur leur territoire". Si elle doit encore opérer des ajustements stratégiques, la Pologne parle déjà un langage de puissance. Une posture bienvenue, à l’aube du lancement des exercices militaires russo-biélorusses ‘Zapad’, qui mobiliseront, à proximité de la frontière polonaise, près de 40 000 soldats du 12 au 16 septembre prochains. "Des jours critiques nous attendent", a prévenu le premier ministre Donald Tusk.
La France a décidé de mobiliser trois avions de chasse Rafale "pour contribuer à la protection de l’espace aérien polonais" ainsi que de l'Europe de l'Est avec l'Otan, après les "incursions de drones russes en Pologne", a annoncé jeudi Emmanuel Macron.
"Nous ne céderons pas face aux intimidations croissantes de la Russie"
"Je m’y étais engagé hier auprès du Premier ministre polonais" Donald Tusk, a dit le président français sur le réseau X, précisant s'être aussi entretenu avec le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte et le Premier ministre britannique Keir Starmer.
"Nous ne céderons pas face aux intimidations croissantes de la Russie", a-t-il assuré.
Suite aux incursions de drones russes en Pologne, j’ai décidé de mobiliser trois chasseurs Rafale pour contribuer à la protection de l’espace aérien polonais et du Flanc Est de l’Europe avec nos alliés de l’OTAN.
Je m’y étais engagé hier auprès du Premier ministre polonais.…
Après l’intrusion de drones russes dans son espace aérien mercredi, Varsovie a demandé à l’Otan d’activer l’article 4 du traité Atlantique qui prévoit des consultations entre alliés en cas de menace sur l’un de ses membres.
Un avion de combat Rafale M sur le pont du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle, dans la baie de Subic, au nord de Manille, le 23 février 2025 aux Philippines
C’est une avancée de taille dans la chasse à l’homme menée par le gouvernement américain pour retrouver le meurtrier de l’influenceur conservateur Charlie Kirk, adoré de la sphère MAGA (Make America Great Again) et assassiné mercredi 10 septembre. Le FBI a publié ce jeudi sur son compte X des photos d’un homme portant une casquette et des lunettes de soleil noires, sans préciser les raisons pour lesquelles il est recherché. Pour seule indication, la police fédérale lance un appel "à l’aide du public pour identifier cette personne qui intéresse les enquêteurs en lien" avec le meurtre.
Une chasse à l’homme est en cours depuis mercredi pour retrouver le meurtrier de ce fidèle allié du président Donald Trump. Le porte-drapeau de la jeunesse trumpiste, âgé de 31 ans, a été tué d’une balle dans le cou alors qu’il participait à un débat public devant environ 3 000 personnes dans une université de l’Utah, dans l’ouest des Etats-Unis. Si les motivations du meurtrier sont pour l’heure inconnues, il s’agit d’un acte "ciblé" qui a choqué des Etats-Unis déjà déchirés par les crispations politiques.
Arme du crime et "bonnes images vidéo" du tireur
Les autorités ont annoncé jeudi disposer de "bonnes images vidéo" du tireur, qu’elles ont décrit comme un "homme d’âge universitaire" et qui, selon elles, a sauté d’un bâtiment après l’attaque et s’est enfui dans un quartier. Plus tôt dans la journée, elles avaient aussi annoncé qu’un "fusil à boulon haute puissance" a été retrouvé dans une zone boisée, rapporte le Washington Post.
Deux personnes ont été interpellées avant d’être relâchées. Sur son site Internet, le FBI exhorte toute personne disposant d’informations, de photos et de vidéos de l’incident à les partager avec les enquêteurs. Le commissaire de la sécurité de l’Utah, Beau Mason, a déclaré que la personne était vêtue de vêtements sombres, et que le coup de feu a été tiré sur le campus à une "longue distance", potentiellement à partir d’un toit, annonce le média américain ABC News. Le FBI offre par ailleurs une récompense allant jusqu’à 100 000 dollars pour des informations menant à l’identification et à l’arrestation de la ou des personnes impliquées, signale la chaîne de télévision NBC News.
Bien que la visite de Charlie Kirk ait été controversée sur le campus, la police ne suivait aucune menace spécifique ou crédible avant la fusillade mortelle. Originaire de la banlieue de Chicago, chrétien et défenseur du port d’armes à feu, Charlie Kirk, père de deux enfants avait abandonné ses études pour se consacrer au militantisme. Il était à la tête d’un mouvement de jeunesse, Turning Point USA. Co-fondée en 2012 par l’influenceur alors âgé de 18 ans, cette association est devenue en une décennie le plus gros groupe de jeunes conservateurs aux Etats-Unis. Elle comprend une armée de militants enthousiastes, dont certains avaient été envoyés en bus à Washington à la manifestation du 6 janvier 2021 qui avait débouché sur l’invasion du Capitole.
Charlie Kirk, un "martyr de la vérité" pour Donald Trump
Le président Trump a mis en cause mercredi "la gauche radicale" pour le meurtre de celui qu’il a qualifié de "martyr de la vérité et de la liberté". "C’est un moment sombre pour l’Amérique", a-t-il estimé, avant d’annoncer qu’il remettrait "bientôt" à la victime la médaille présidentielle de la Liberté à titre posthume. "Personne ne comprenait ou n’avait le Cœur de la Jeunesse aux Etats-Unis d’Amérique mieux que Charlie. Il était aimé et admiré par TOUS, surtout par moi, et maintenant, il n’est plus avec nous", a-t-il déclaré sur son réseau Truth Social.
Le vice-président J.D. Vance, attendu dans l’Utah jeudi pour rencontrer la famille de l’influenceur conservateur, a lui rendu hommage à "un véritable ami". Le président Trump a ordonné la mise en berne des drapeaux américains en hommage à celui qui avait été un rouage important de sa dernière campagne présidentielle.
Plusieurs figures trumpistes ont décrit Charlie Kirk en "martyr" tombé pour la défense des valeurs conservatrices et chrétiennes. Des dirigeants étrangers de tous bords ont également condamné ce meurtre, plusieurs le qualifiant de "politique". Le gouverneur républicain de l’Utah, Spencer Cox, a lui aussi qualifié le meurtre d'"assassinat politique", rappelant que "la peine de mort est toujours en vigueur ici, dans l’Etat de l’Utah".
Un climat de violence politique
La violence politique semble s’intensifier aux Etats-Unis ces dernières années. Donald Trump a lui-même été victime de deux tentatives d’assassinat lors de la campagne électorale de 2024. Cette année, Melissa Hortman, élue démocrate au Parlement du Minnesota et son époux ont été tués par un auteur qui a aussi grièvement blessé un autre élu local. La maison du gouverneur de Pennsylvanie Josh Shapiro, élu de confession juive, a été la cible d’un incendie.
"C’est très effrayant", a confié à l’AFP près du campus Samuel Kimball, un étudiant en ingénierie informatique de 18 ans qui n’a pas assisté à l’intervention de Charlie Kirk mais se sent "aligné avec ses valeurs". "Cela me donne l’impression que je devrais faire très attention lorsque j’exprime mes opinions politiques", a-t-il ajouté. "Si j’étais quelqu’un qui songeait à faire de la politique, j’aurais peur de me faire tirer dessus".
L’incident a suscité une condamnation immédiate de l’ensemble de la classe politique. "L’attaque contre Charlie Kirk est horrible et ce type croissant de violence inconcevable ne peut pas être autorisé dans notre société", a entre autres déclaré sur X le gouverneur démocrate de Pennsylvanie, Josh Shapiro. La candidate malheureuse à l’élection de 2024, Kamala Harris, a quant à elle estimé que "la violence politique n’a pas de place en Amérique". L’ancien président Joe Biden a lui appelé à ce que ce type de violence "cesse immédiatement", à l’unisson d’autres figures de la gauche : Barack Obama, Bernie Sanders ou encore le gouverneur de Californie Gavin Newsom.
Les autorités ont annoncé, jeudi 11 septembre, disposer de "bonnes images vidéo" du tireur, qu'elles ont décrit comme un "homme d'âge universitaire", habillé en noir lors des faits.
Où s’arrêtera Israël ? Le 9 septembre, Tsahal a frappé Doha, la capitale du Qatar, pour éliminer plusieurs dirigeants du Hamas. Si les résultats de l’opération militaire restent incertains, l’offensive israélienne a marqué les esprits dans la région et entraîné une vague de condamnations sans précédent, notamment des voisins du Golfe. Les pays arabes prévoient de se réunir dans les jours qui viennent pour décider de la réponse commune à Israël et même Donald Trump a montré son embarras face à cette attaque sur le sol d’un allié central des Américains au Moyen-Orient.
Chuck Freilich, ancien membre du conseil de sécurité nationale d’Israël et professeur à Columbia, décrypte ces frappes au Qatar, l’isolement croissant de l’Etat hébreu sur la scène internationale et les conséquences de la nouvelle doctrine sécuritaire israélienne depuis le 7-Octobre. Un renversement vertigineux.
L’Express: Le 9 septembre, l’armée israélienne a bombardé la capitale du Qatar pour éliminer des membres du Hamas. Est-ce le signe que, lorsqu’il s’agit du Hamas, Israël n’a plus aucune limite ?
Chuck Freilich : Il s’agit de la politique d’Israël depuis le début de la guerre : essayer de tuer tous les dirigeants du Hamas, où qu’ils se trouvent. Aucun pays ne peut leur garantir l’impunité. Cette frappe est une mise en œuvre de cette politique. En soi, je pense que c’est une politique juste : nous ne parlons pas d’acteurs palestiniens légitimes mais de meurtriers, de terroristes. Après, était-ce le bon endroit et le bon moment pour mettre en œuvre cette politique ? J’ai des doutes…
Quel est l’objectif sécuritaire d’une telle opération militaire, chez un des alliés les plus importants des Etats-Unis au Moyen-Orient ?
L’idée consiste à les traquer et à les tuer où qu’ils soient, y compris dans un pays qui est un allié des Etats-Unis mais qui a aussi des liens avec le Hamas et leur sert de médiateur. Cela signifie que le Hamas n’a aucun endroit au monde où se réfugier.
Benyamin Netanyahou espérait aussi que cette opération soit un énorme succès, qui lui permettrait de mettre fin à la guerre ou au moins d’obtenir les concessions nécessaires à un accord sur les otages. Il sait que cet accord potentiel sera difficile à vendre à une partie de ses électeurs, et il n’est pas dit qu’il réussisse.
Les buts militaires de l’opération au Qatar ne semblent pas avoir été atteints…
Vous voulez parler de qui a été tué ? Nous n’avons pas encore toutes les informations, mais il est possible que ce soit un échec, oui.
Les conséquences diplomatiques, en revanche, sont immenses. Y a-t-il encore quelqu’un avec qui négocier la paix à Gaza et la libération des otages ?
C’est effectivement la question centrale. J’imagine qu’il reste des membres du Hamas pour négocier, mais je ne suis pas sûr qu’ils aient l’autorité nécessaire. Il faut aussi souligner que ces frappes étaient une réponse à l’attaque terroriste de la veille à Jérusalem [NDLR : revendiquée par le Hamas, elle a fait six morts].
A court terme, il n’y aura évidemment pas de négociations à Doha. Le Qatar est, à juste titre, très remonté contre cette opération militaire et le Hamas se trouve en état de choc. Mais cela ne change pas l’intérêt fondamental d’aboutir à un accord pour les deux camps. L’objectif principal du Hamas depuis le début de cette guerre reste de survivre en tant qu’organisation. Certes, leur plan au départ consistait à battre et à détruire Israël, mais désormais ils veulent juste tenir suffisamment longtemps pour pouvoir se regrouper et se préparer au prochain combat. Israël les a battus sur le plan militaire, mais n’a pas réussi à les détruire ni à les renverser politiquement. La plupart de leurs dirigeants ont été tués mais, en pratique, ils restent l’entité dirigeante à Gaza. Il leur faudra des années pour se reconstruire mais, de ce point de vue, ils semblent avoir réussi.
Si Israël a accompli certains de ses objectifs, Netanyahou, toutefois, a promis un succès total et il n’a pas encore tenu sa promesse, alors que des élections arrivent dans un an au plus tard… D’autant qu’il est probable qu’elles soient avancées, sans doute au printemps prochain. Netanyahou ne peut pas se permettre de se présenter aux élections sans avoir atteint les objectifs qu’il a fixés.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou s'exprime lors de l'ouverture de la 25e session du Parlement à Jérusalem, le 28 octobre 2024.
Israël a promis de tuer les dirigeants du Hamas où qu’ils soient, y compris au Qatar donc. La Turquie et l’Egypte doivent-elles s’inquiéter de possibles opérations israéliennes ?
Je ne l’espère pas. Ce serait aller trop loin.
Le Qatar, ce n’était pas aller trop loin ?
Clairement, les limites ont été repoussées.
De son côté, Donald Trump a déclaré qu’il n’était "pas ravi" par ces frappes israéliennes au Qatar et les Américains disent n’avoir été prévenus de l’opération qu’à la toute dernière minute. Était-ce vraiment possible de frapper le Qatar, où se trouve une immense base militaire américaine, sans prévenir Washington en amont ?
Je ne pense pas qu’Israël l’ait fait sans donner un préavis aux Américains. Peut-être pas un long préavis, mais suffisant pour que toutes les forces américaines au Qatar soient prévenues. Bien sûr, les soldats américains ne risquaient rien puisqu’ils n’étaient pas visés par l’armée israélienne mais, tout de même, Israël ne peut pas intervenir dans une zone avec une telle densité américaine sans les prévenir. Ce serait contraire à toutes les pratiques entre les deux pays.
Donald Trump se dit régulièrement mécontent des actions israéliennes sur le terrain, sans pour autant modifier la relation entre les deux pays. Jusqu’où Israël peut aller ?
La relation avec l’administration Trump est excellente et extrêmement proche. Il suffit de remonter seulement au mois de juin : l’attaque en Iran était la première opération militaire offensive conjointe entre Israël et les Etats-Unis. D’une certaine manière, il s’agissait d’une guerre israélo-américaine. Vous ne pouvez pas être plus proches !
Cette attaque au Qatar met l’administration américaine dans l’embarras. Même si, après tout, Trump a aussi dit qu’il s’agissait d’une noble cause… Il soutient l’idée de tuer tous les dirigeants du Hamas, mais c’est compliqué vis-à-vis du Qatar. C’est pour cela qu’il essaye d’apaiser le Qatar, ses voisins du Golfe et les pays arabes dans leur ensemble.
Le problème est qu’aux Etats-Unis, de plus en plus de gens dénoncent Israël et sa politique, et cette attaque au Qatar va aggraver ces accusations, elle leur donne du grain à moudre. Le problème se situe surtout à gauche mais, et c’est encore pire pour Israël, nous voyons un net déclin du soutien chez les jeunes du Parti républicain. La relation entre les deux pays se trouve en difficulté et il est crucial pour Israël d’empêcher sa détérioration.
Les pays du Golfe ont condamné fermement les frappes au Qatar et, la semaine dernière, les Emirats arabes unis ont dit que les accords d’Abraham pouvaient être en danger. La normalisation d’Israël dans la région appartient-elle au passé ?
La guerre a mis en danger ce processus. Quelques jours avant le 7-Octobre, tout le monde parlait d’une normalisation imminente avec l’Arabie saoudite. Elle a été reportée et je ne la vois pas advenir dans un futur proche. Il faut d’abord que la guerre s’arrête, qu’une période de calme s’installe, puis nous pourrons reprendre les discussions.
La réponse des pays du Golfe et des pays arabes à l’opération au Qatar est compréhensible : personne n’aime voir un pays voisin se faire attaquer. Mais en coulisses, il doit tout de même y avoir un certain degré de satisfaction à voir le Hamas frappé une nouvelle fois… Pour les pays du Golfe, le Hamas est presque autant un ennemi que pour Israël.
Avez-vous vu l’image d’Israël évoluer dans la région, passant d’allié potentiel à facteur de déstabilisation ?
Cette crainte existe, en effet. Nous l’avons entendue après la guerre contre l’Iran en juin. Il y a toutefois des objectifs communs entre Israël et le Golfe dans cette séquence. Le premier, malgré un certain rapprochement diplomatique ces derniers temps, est que les Saoudiens et les Émiratis continuent de s’opposer à l’Iran et d’en avoir peur. De même pour le Hamas, qui était un facteur encore plus déstabilisant que ne l’est Israël. D’un côté, les pays du Golfe se réjouissent en coulisses de voir Israël agir contre leurs ennemis. De l’autre, ils craignent qu’Israël ne déstabilise la région et ne soit, en définitive, plus un acteur si prévisible. Toutefois, être imprévisible peut aussi être un atout pour un pays…
En matière de dissuasion militaire ?
Oui. Israël a lancé une guerre surprise en juin contre l’Iran, personne ne l’avait vu venir. Et aujourd’hui, l’armée israélienne va encore plus loin en tuant des dirigeants du Hamas à Doha. Ces dernières années, Israël apparaissait comme un allié moins fiable, non en raison de son imprévisibilité mais parce que les pays du Golfe estimaient qu’il n’en faisait pas suffisamment, notamment contre l’Iran. Puis vient le 7-Octobre, qui a profondément affaibli la dissuasion israélienne. Nous la rétablissons depuis deux ans.
Des manifestants iraniens célèbrent le cessez-le-feu avec Israël, le 24 juin 2025 à Téhéran
Ces frappes à Doha symbolisent-elles la nouvelle doctrine sécuritaire d’Israël depuis le 7-Octobre, qui vise à éliminer toute menace où qu’elle soit ?
Oui, nous l’avons déjà vue en œuvre au Liban, en Syrie, au Yémen. C’est un changement de doctrine et pour l’instant Israël s’y tient. Je m’interroge toutefois sur la durée pendant laquelle elle restera possible : il y a forcément une limite à cette doctrine dans le temps. La majorité de la planète s’y oppose et les Etats-Unis ont des sentiments partagés sur cette manière de faire.
Cette stratégie est-elle payante pour la sécurité d’Israël ?
A la fois, c’est une politique juste, mais vous ne pouvez pas l’implanter partout et tout le temps. Le Qatar se trouvait très clairement à la limite, et je ne pense pas que qui que ce soit voudra aller jusqu’en Turquie, ou jusqu’à Riyad ou aux Emirats arabes unis.
Pendant combien de temps Israël peut-il continuer de mener de telles opérations en Syrie et au Liban ? Si les autorités libanaises s’occupent réellement du Hezbollah alors ce ne sera plus nécessaire, et en Syrie nous essayons d’établir des relations avec le gouvernement al-Charaa.
Cette doctrine isole aussi Israël sur la scène internationale. Le 22 septembre, plusieurs pays occidentaux, dont la France, vont reconnaître l’Etat palestinien. Qu’est-ce qu’un tel mouvement diplomatique signifie pour Israël ?
Cette vague de reconnaissances illustre les critiques internationales de plus en plus fortes qui visent Israël. Il n’est pas viable pour Israël d’être isolé du reste du monde. La France va certainement aller au bout de la reconnaissance, mais j’espère encore que le Royaume-Uni et d’autres vont faire marche arrière. Tout cela est une erreur, c’est une récompense pour le terrorisme du Hamas, pour le 7-Octobre.
Si un Etat palestinien doit être reconnu, ce doit être dans le cadre d’un accord négocié et non d’une sanction internationale. Cela gâche un atout très important que la France et d’autres devraient garder dans leurs manches pour récompenser les Palestiniens, si et quand ils feront des concessions pour la paix.
La sécurité d’Israël en est-elle menacée ?
En matière d’isolement diplomatique, oui. Mais cela reste un acte purement déclaratif, il n’aura aucun impact. Cela n’aidera les Palestiniens d’aucune manière, cela ne fera pas avancer la cause d’un Etat palestinien. Je pense que ces reconnaissances sont surtout liées à des questions de politique intérieure en France et en Grande-Bretagne.
Ces reconnaissances n’ont-elles pas un impact sur Israël et sur le gouvernement israélien ?
Elles l’encouragent seulement à dire à une partie de l’électorat de Netanyahou ce qu’il veut entendre : que le monde entier est contre nous, que nous devons nous battre et que c’est en partie à cause de l’antisémitisme. Cela renforce Netanyahou auprès de ses soutiens les plus à droite. Pour les autres… Ils seront fâchés quelques jours mais ensuite ils passeront à autre chose. Il s’agit davantage de théâtre politique que de réalité politique.
Plusieurs pays d’Europe auraient été sous surveillance biélorusse durant des années, grâce à un réseau d’espions. Eurojust, l’organisme de coordination judiciaire de l’Union européenne, a annoncé dans un communiqué avoir mené une opération conjointe avec plusieurs pays d’Europe pour identifier et démanteler ce réseau, rapporte le quotidien britannique The Guardian jeudi 11 septembre.
Des agents ont été identifiés dans plusieurs pays. Un ancien directeur adjoint du renseignement moldave en ferait notamment partie. Selon Eurojust, qui n’identifie pas nommément le principal suspect, les autorités roumaines, tchèques, et hongroises, auraient ainsi collaboré afin de "capturer un individu poursuivi pour le crime de trahison consistant à transmettre des secrets d’État".
Un chef des renseignements modalves
Mais le média hongrois Telex donne, lui, le nom de l’homme concerné : il s’agirait d’Alexandru Balan, ancien directeur adjoint du service de renseignement moldave et, un temps, son représentant à Kiev.
Selon l’organisme européen, le suspect avait pris part à deux rencontres à Budapest en 2024 et 2025 avec des officiers du KGB, le service de renseignement biélorusse. Au cours desquelles il aurait reçu de l’argent et des instructions. Des rencontres qui ont "mis en danger la sécurité nationale de la Roumanie", a déclaré l’organisme.
Le Service d’information et de sécurité de Moldavie a confirmé la détention de Bălan, selon l’agence de presse moldave IPN. Parallèlement, le ministère tchèque des Affaires étrangères a expulsé un agent présumé du renseignement biélorusse qui opérait à Prague sous couverture diplomatique, indique le pureplayer européen Euractiv.
L’Europe centrale au cœur d’une lutte d’influence
La Moldavie, dirigée par une présidente pro-UE, Maia Sandu, se trouve au cœur d’une lutte d’influence entre la Russie et l’Occident. Lors d’un référendum l’an dernier, le pays a voté de justesse en faveur d’une future adhésion à l’UE, et les agences de renseignement occidentales affirment qu’il reste une priorité stratégique de Moscou. Des élections législatives doivent s’y tenir plus tard ce mois-ci.
On ignore encore la nature des informations qu’Alexandru Balan aurait pu transmettre au KGB biélorusse. Depuis son départ du Service d’information et de sécurité (SIS) moldave, il fréquentait de nombreuses conférences de sécurité en Europe, ce qui a pu élargir son réseau et ses accès.
Selon une source européenne du renseignement qui s’exprime auprès du Guardian, le KGB biélorusse se concentre "principalement sur la diaspora biélorusse en Europe", où sont basées de nombreuses forces d’opposition politique. Mais il coopère également de plus en plus étroitement avec les services russes, et pourrait dans ce cas avoir aidé Moscou à mener des opérations en Europe.
La Biélorussie, un vassal russe ?
Avant 2020, le président Loukachenko cherchait à se protéger de Moscou et encourageait le KGB à établir des contacts cordiaux avec ses homologues européens. Cette posture visait à diversifier ses soutiens et limiter la mainmise russe sur Minsk. Tout a changé à l’été 2020, lorsque Alexandre Loukachenko a écrasé un vaste mouvement de contestation et accepté un appui accru de Moscou.
Sous pression, il a remplacé la direction du KGB par des responsables favorables à la Russie. Depuis, le pays s’est rapproché du statut de vassal, accueillant des troupes russes qui ont utilisé son territoire pour l’invasion de l’Ukraine en 2022. Un nouvel exercice militaire conjoint avec Moscou doit débuter en Biélorussie vendredi, signe de cette dépendance croissante.
L’activité des services biélorusses et russes inquiète les pays européens. Michal Koudelka, chef du BIS tchèque, plaide pour restreindre les déplacements de diplomates russes et biélorusses dans l’espace Schengen. Le think tank iSANS a révélé que le diplomate expulsé de Prague, Mikalai Dukshta, était en réalité un agent du KGB sous couverture officielle.
Sa mort va-t-elle faire entrer les Etats-Unis dans une nouvelle spirale de violences à l’encontre des élus ? Mercredi 10 septembre, l’influenceur américain Charlie Kirk, proche de Donald Trump, a été visé par un tir en pleine réunion publique sur le campus d’une université de l’Utah, dans l’ouest des Etats-Unis. Le président américain, qui l’a qualifié de "martyr de la vérité et de la liberté", a rapidement accusé le camp adverse d’être responsable de son décès, suscitant une vive polémique dans le pays.
"Depuis des années, la gauche radicale compare des Américains formidables comme Charlie aux nazis et aux pires criminels et meurtriers de masse du monde. Ce genre de rhétorique est directement responsable du terrorisme que nous connaissons aujourd’hui dans notre pays, et cela doit cesser immédiatement", a-t-il déclaré sur son réseau Truth Social, avant de préciser que son administration "retrouvera tous ceux qui ont contribué à cette atrocité et à toute autre violence politique, y compris les organisations qui les financent et les soutiennent".
Au Capitole, la tension est également montée d’un cran lorsque la représentante républicaine, Anna Paulina Luna, a crié aux démocrates présents à la Chambre qu’ils étaient "à l’origine de tout ça", rapporte CNN. La représentante démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, elle, a déclaré au même média que les républicains devaient soutenir les mesures de sécurité relatives aux armes à feu pour mettre fin à ces violences. "Ça suffit. C’est horrible. C’est épouvantable, et l’assassinat de Charlie Kirk risque de déclencher un chaos politique et une violence que nous ne pouvons pas risquer en Amérique", a-t-elle prévenu.
"Une véritable poudrière"
D’autres élus, anciens et actuels, ont cherché à calmer la situation. "Aujourd’hui, un jeune homme a été assassiné de sang-froid alors qu’il exprimait ses opinions politiques. Cela s’est produit sur un campus universitaire, où l’échange ouvert d’idées opposées devrait être sacré. La violence doit être bannie de la place publique", a déclaré l’ancien président George W. Bush, peu habitué à s’exprimer publiquement. "Lorsqu’on tue quelqu’un en raison de ses idées ou de ses idéaux, on menace un fondement constitutionnel", a de son côté assuré Spencer Cox, gouverneur républicain de l’Utah, en référence au premier Amendement américain, qui protège la liberté de réunion pacifique et d’expression, y compris lorsqu’elle est offensante pour autrui.
L’inquiétude est palpable dans les deux rangs, car le climat de violence en politique a atteint un niveau important aux Etats-Unis. Dans un sondage réalisé en mai, près de 39 % des Démocrates étaient d’accord avec l’idée que la destitution de Donald Trump par la force se justifiait, note le New York Times. A l’inverse, près d’un quart des Républicains estimait qu’il était acceptable que le président mobilise l’armée pour réprimer les manifestations contre son programme.
Sur les réseaux sociaux, aussi, le journal américain évoque une polarisation. Depuis l’annonce de la mort de Charlie Kirk, des affiches de militants de gauche s’en réjouissent, estimant qu’il méritait son sort. À droite, les premières expressions de chagrin et de choc ont rapidement été suivies par des appels ouverts à la justice et à la vengeance, évoquant pour certains une "guerre civile". "Notre pays est une véritable poudrière. Nous constatons une radicalisation politique et un soutien à la violence plus importants qu’à n’importe quelle autre période depuis que nous menons des études sur le sujet, ces quatre dernières années", s’est inquiété Robert Pape, professeur de sciences politiques à l’Université de Chicago, interrogé par le New York Times.
Un cas non isolé
Dans ce contexte extrêmement tendu, la mort de Charlie Kirk n’est malheureusement pas un cas isolé. En juin, l’ancienne présidente démocrate de la Chambre des représentants du Minnesota, Melissa Hortman, a été assassinée avec son mari à leur domicile, probablement en raison de son engagement en faveur de l’avortement, le FBI parlant de "violence ciblée". Le sénateur du Minnesota, John Hoffman, et son épouse ont également été blessés par balle, bien qu’ils aient survécu. Un autre démocrate, le gouverneur de Pennsylvanie, Josh Shapiro, a échappé, avec sa famille, à un incendie criminel présumé de sa résidence, en avril.
"La violence politique s’est déchaînée. On peut évoquer telle ou telle tentative, tel assassinat. Cela se produit à gauche comme à droite, et les personnes rationnelles le savent", a déclaré auprès de CNN Juliette Kayyem, analyste spécialiste de la sécurité nationale. "Le point commun dont nous avons besoin en tant que nation est de comprendre qu’une société libre n’existe que lorsque les gens ont le sentiment de pouvoir entrer dans l’arène politique, comme Charlie Kirk, et dire des choses que les gens apprécient, qu’ils n’apprécient pas, sans être tués pour cela. Il s’agit d’une attaque contre les États-Unis autant que contre Charlie Kirk", a-t-elle conclu, alors que les drapeaux du pays seront en berne, jusqu’à dimanche au soir.
Des bougies devant un portrait de l'influenceur conservateur Charlie Kirk lors d'une veillée dans le parc du centre-ville d'Orem, le 10 septembre 2025 dans l'Utah
L’ambassadeur britannique aux Etats-Unis, Peter Mandelson, a été limogé en raison de ses liens avec le délinquant sexuel américain Jeffrey Epstein, a annoncé jeudi 11 septembre le Foreign Office. Il s'agit d'un embarras majeur pour le Premier ministre Keir Starmer avant la visite d'Etat de Donald Trump au Royaume-Uni.
Des e-mails entre le vétéran du parti travailliste de 71 ans et le financier américain révélés cette semaine "montrent que la profondeur et l’étendue des relations de Peter Mandelson avec Jeffrey Epstein sont sensiblement différentes de celles connues au moment de sa nomination", indique le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. "Compte tenu de cela, et par égard pour les victimes des crimes d’Epstein, il a été révoqué comme ambassadeur avec effet immédiat", ajoute le Foreign Office.
La pression montait depuis plusieurs jours sur le chef du gouvernement travailliste, qui avait nommé Mandelson à ce poste il y a moins d'un an pour tenter de consolider les liens entre son gouvernement et Donald Trump. Dans une lettre écrite par Peter Mandelson pour les 50 ans de Jeffrey Epstein en 2003, le Britannique affirme que le financier américain est son "meilleur ami", et le qualifie d'"homme intelligent et vif d'esprit".
Ce message figure dans un livre d’or réalisé pour le cinquantième anniversaire du riche financier new-yorkais, mort en prison en 2019 avant son procès pour crimes sexuels. Il a été rendu public en début de semaine par des parlementaires à Washington. Une lettre d’anniversaire au contenu salace attribuée à Donald Trump a également été publiée, une affaire qui embarrasse le président américain.
Soutien de Keir Starmer
Interrogé après la publication de cette lettre, le Premier ministre Keir Starmer avait apporté mercredi son soutien à son ambassadeur, assurant que Peter Mandelson avait "exprimé à plusieurs reprises son profond regret d'avoir été associé" à Jeffrey Epstein. "J’ai confiance en lui", avait-il ajouté, qualifiant Jeffrey Epstein de "criminel méprisable" qui a "détruit la vie de nombreuses femmes et filles".
Mais en fin de journée, des médias britanniques, dont le tabloïd The Sun, ont rapporté que Peter Mandelson avait envoyé des mails de soutien à Jeffrey Epstein alors que ce dernier était poursuivi en Floride pour trafic de mineures. Juste avant que Jeffrey Epstein ne plaide coupable pour conclure un arrangement dans cette affaire en 2008, Peter Mandelson lui aurait écrit : "Je pense énormément à toi et je me sens impuissant et furieux à propos de ce qui est arrivé", l'incitant à "(se) battre pour une libération anticipée". "Tes amis sont à ton côté et t’aiment", aurait-il ajouté.
"L'affirmation de Peter Mandelson selon laquelle la première condamnation de Jeffrey Epstein était injustifiée et devait être contestée constitue une nouvelle information", fait valoir le Foreign Office pour expliquer la décision de limoger l'ambassadeur.
"Très embarrassant à voir"
Dans une interview à la chaîne YouTube du quotidien The Sun, diffusée mercredi, Peter Mandelson admet que son message à Jeffrey Epstein est "très embarrassant à voir". "Mais il a été écrit avant qu’il ne soit inculpé", a-t-il ajouté. "Je regrette vraiment très profondément d’avoir entretenu cette relation avec lui bien plus longtemps que je n’aurais dû", a dit l’ambassadeur dans cette interview.
Il a affirmé n’avoir "jamais été témoin d’actes répréhensibles" ou "de preuves d’activités criminelles". "Je n’ai aucun doute qu’il y a beaucoup […] d’échanges de correspondance entre nous. Et nous savons que ceux-ci vont faire surface", a-t-il poursuivi. "Nous savons qu’ils vont être très embarrassants", a dit l’ambassadeur.
Peter Mandelson a été trois fois ministre ainsi que commissaire européen au Commerce de 2004 à 2008. Dans les années 1990, il avait été l’un des architectes du "New Labour" de centre gauche de Tony Blair, dont il avait été le directeur de campagne aux élections de 1997. Son influence était telle qu’il était alors surnommé le "Prince des ténèbres".
L'ambassadeur du Royaume-Uni aux Etats-Unis Peter Mandelson, ici aux côtés du Premier ministre britannique Keir Starmer le 26 février 2025 à Washington, a été limogé en raison de ses liens avec Jeffrey Epstein.
C’est un nouveau coup dur pour les otages israéliens. Alors que le président Emmanuel Macron a reçu mercredi 10 septembre les familles des personnes encore détenues à Gaza, le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, a affirmé le même jour que son homologue israélien, Benyamin Netanyahou, avait "tué tout espoir" de libérer les otages à Gaza, après l’attaque israélienne contre des chefs du Hamas à Doha. "J’ai réfléchi à l’ensemble du processus [de cessez-le-feu] ces dernières semaines, et je me suis dit que Netanyahou ne fait que nous faire perdre notre temps", a-t-il déclaré, estimant que ce dernier devait être traduit en justice.
Les infos à retenir
⇒ Le Qatar demande que Benyamin Netanyahou soit traduit en justice
⇒ L’OMS affirme vouloir rester dans la ville de Gaza
⇒ L’armée israélienne a intercepté un missile tiré depuis le Yémen
Le Qatar veut que Benyamin Netanyahou soit "traduit en justice" et reconsidère sa médiation
Le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, a affirmé mercredi que son homologue israélien, Benyamin Netanyahou, devait être traduit en justice après l’attaque israélienne contre des chefs du Hamas à Doha mardi, estimant que celle-ci avait "tué tout espoir" de libérer les otages à Gaza.
Benyamin Netanyahou avait pourtant mis en garde les autorités qataries : "Je dis au Qatar et à toutes les nations qui hébergent des terroristes : vous devez soit les expulser, soit les traduire en justice. Parce que si vous ne le faites pas, nous le ferons", avait-il assuré. Doha a néanmoins indiqué qu’elle "réévaluait tout" concernant son rôle de médiateur dans les pourparlers - jusqu’à présent infructueux - en vue d’un cessez-le-feu dans le conflit provoqué par l’attaque du Hamas le 7 octobre.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a affirmé mercredi qu’elle allait rester dans la ville de Gaza, en dépit des appels d’Israël pour que les habitants évacuent le principal centre urbain du territoire palestinien. "Aux civils de Gaza : l’OMS et ses partenaires restent dans la ville de Gaza", a indiqué l’organisation sur le réseau X, alors que l’armée israélienne a intensifié ces dernières semaines ses bombardements et opérations terrestres dans la ville de Gaza, qu’elle présente comme le dernier grand bastion du mouvement islamiste.
L’OMS a indiqué être "consternée" par l’ordre d’évacuation israélien, indiquant que la "soi-disant zone humanitaire désignée par Israël dans le sud […] ne dispose ni de la taille ni de l’envergure des services nécessaires pour soutenir les personnes déjà présentes, et encore moins les nouveaux arrivants". L’agence a ajouté que près de la moitié des hôpitaux qui fonctionnent encore se trouvent dans la ville de Gaza, et que le système de santé "ne peut se permettre de perdre aucun de ces établissements restants".
Un nouveau missile houthi intercepté après les frappes sur le Yémen
"Un missile tiré depuis le Yémen a été intercepté par les forces aériennes israéliennes", a déclaré jeudi l’armée israélienne sur Telegram, après qu’Israël a affirmé la veille avoir frappé des "cibles militaires" houthies dans la capitale Sanaa et dans la province de Jawf (nord).
Au total, 35 morts et 131 blessés sont à déplorer selon le porte-parole du ministère de la Santé houthi, Anees Alasbahi, bien que le décompte ne soit pas définitif. L’armée israélienne affirme avoir frappé des "camps militaires où des membres du régime terroriste avaient été identifiés, le siège des relations publiques militaires des Houthis et un site de stockage de carburant".
Il était une voix majeure des partisans de Donald Trump, qualifié de "chuchoteur de la jeunesse" de la droite conservatrice. Mercredi 10 septembre, l’influenceur américain Charlie Kirk est mort, visé par un tir en pleine réunion publique sur le campus d’une université dans l’Utah, dans l’ouest des Etats-Unis. Charlie Kirk était"aimé et admiré par tous, en particulier par moi, et désormais il n’est plus avec nous", a commenté Donald Trump, tandis que plusieurs figures trumpistes l’ont décrit comme un "martyr", tombé pour la défense des valeurs conservatrices et chrétiennes.
Âgé de 31 ans, le militant politique s’était en effet imposé comme un rouage important de la campagne de Donald Trump pour reconquérir la Maison-Blanche l’an dernier, en organisant de vastes opérations de porte à porte dans les Etats clés pour défendre une vision traditionnelle de l’Amérique et de la famille. Doté d’une forte influence - 6,9 millions d’abonnés sur Instagram et 3,8 millions sur YouTube -, il écumait également les universités, lors de débats filmés devant des centaines de partisans.
Le plus gros groupe de jeunes conservateurs
Issu d’une famille politiquement modérée dans une banlieue aisée de Chicago, Charlie Kirk a connu son "éveil conservateur" sous la présidence de Barack Obama : la crise financière de 2008 et les politiques mises en œuvre pour sauver les banques ont alimenté son ressenti envers l’économie libérale, qu’il continuera de dénoncer tout au long de sa carrière. Après un semestre au Harper College, un établissement d’enseignement supérieur communautaire à Palatine, dans l’Illinois, ce dernier abandonne ses études pour se consacrer pleinement à l’activisme politique.
En 2012, à l’âge de 18 ans, il fonde ainsi Turning Point USA, une association devenue en une décennie le plus gros groupe de jeunes conservateurs aux Etats-Unis. Destinée à contrer les groupes progressistes dans les campus des universités, elle organise très vite des rassemblements où Charlie Kirk invite les étudiants à débattre avec lui, prétexte à dérouler une rhétorique radicale face à des contradicteurs mal préparés et filmés, pour alimenter des boucles virales sur les réseaux sociaux.
Anti-avortement - il expliquait en octobre que l’IVG était "l’Holocauste de notre époque" -, anti-migrants - il affirmait que l’administration Biden avait créé "l’équivalent d’Expedia (une agence de voyages, ndlr) pour les clandestins" -, ou encore anti-islam - "l’islam est l’épée que la gauche utilise pour égorger l’Amérique ", tweetait-il mardi -, Charlie Kirk a connu une popularité grandissante, et Turning Point USA a essaimé dans plus de 3 000 campus. Farouche chrétien, ses prises de position étaient souvent teintées de références spirituelles, expliquant par exemple que "la résistance face à la tyrannie pouvait avoir une dimension biblique".
Un soutien de Donald Trump
En 2016, il se lance dans la politique, et devient le bras droit de Donald Trump Jr, le fils du président américain, pour gérer ses déplacements et ses relations avec les médias pendant la campagne présidentielle. En 2019, il prend la tête de Students for Trump, lançant une initiative de mobilisation des jeunes pour la tentative ratée de réélection de Trump à la présidence en 2020. A ce sujet, Charlie Kirk dénonçait une élection "volée", et plusieurs militants de son association avaient été envoyés en bus à Washington pour la manifestation du 6 janvier 2021, qui avait débouché sur l’invasion du Capitole.
"Charlie Kirk (était) un nationaliste chrétien charismatique, qui servait de porte-parole au trumpisme et aux idées extrémistes", résume auprès de l’AFP Kyle Spencer, auteure d’un livre pour lequel elle a suivi pendant plusieurs années Turning Point USA. Sa mort a néanmoins suscité de vives réactions y compris dans le camp adverse, l’ancienne candidate démocrate à l’élection de 2024, Kamala Harris, estimant par exemple que "la violence politique n’avait pas de place en Amérique".
Lundi 8 septembre, Pékin a levé le voile sur ses chiffres : depuis le début de l’année 2025, la Chine a engrangé près de 50 milliards de dollars d’excédent commercial avec l’Afrique, quasiment le total de l’année 2024. Jusqu’à fin août, plus de 117 milliards de dollars de biens et services ont pris la route du continent, tandis que 67 milliards seulement faisaient le trajet inverse. La bascule est aussi géographique que politique : en août, les exportations chinoises vers les États-Unis ont décroché de 33 %, quand celles à destination de l’Afrique bondissaient de 26 %. Ce que Washington repousse, l’Afrique le prend.
Hausse de 60 % des importations de panneaux solaires chinois en Afrique
Depuis deux ans, les industriels chinois ont changé de boussole. Plutôt que d’affronter la surtaxe américaine, ils ont ouvert des couloirs vers les marchés qui restent accessibles : l’Afrique, mais aussi l’Asie du Sud-Est et l’Amérique latine. Sur le continent, la poussée est visible secteur par secteur. Dans l’énergie d’abord : portés par des prix en chute libre, les panneaux solaires venus de Chine ont vu leurs importations en Afrique grimper d’environ 60 % en douze mois, avec vingt pays à des niveaux records selon Ember, un organisme de suivi du secteur. À la clé : des mini-réseaux qui fleurissent et des toitures d’entrepôts qui s’équipent.
Dans l’industrie ensuite : sur les cinq premiers mois de 2025, les livraisons d’acier vers l’Afrique ont gonflé de près de 30 %. Les machines pour l’agriculture, le bâtiment ou la construction navale affichent toutes plus de 40 % de hausse. Les moteurs électriques et les générateurs, eux, dépassent les 50 % d’augmentation. Les chaînes africaines, d’Accra à Addis-Abeba, tournent ainsi plus rapidement parce que les intrants arrivent en plus grande quantité et moins cher.
Un "nouvel" horizon bâti sur de vieux investissements
Depuis plus d’une décennie, l’initiative des "Nouvelles routes de la soie" a maillé le continent : autoroutes, voies ferrées, ponts et ports conçus, financés et souvent construits par des entreprises chinoises. Ces chantiers, critiqués ou salués selon les capitales, ont un effet tangible : ils raccourcissent les délais, réduisent les coûts logistiques et ouvrent des arrière-pays jusqu’ici enclavés. En retour, ils cimentent l’influence de Pékin et lui donnent un accès plus direct aux matières premières dont ses filières aval sont friandes.
La politique commerciale suit la géopolitique. En juin, la Chine a annoncé une levée quasi totale des droits de douane pour 53 pays africains. Autrement dit, une autoroute de plus pour ses exportateurs. Pékin vante aussi son "empreinte sociale" : plus d’un million d’emplois créés en trois ans, et un quart de siècle de routes, de chemins de fer, de ponts livrés et construits de Dakar à Djibouti, rappelle Xinhua, sa principale agence de presse.
La réalité est plus contrastée côté fabricants : si la Chine domine le secteur solaire, elle affronte une rude concurrence qui l’oblige à réduire ses marges. En Afrique, ces prix cassés ont des conséquences concrètes : l’électricité photovoltaïque explose sur le continent.
Face à ce déploiement, les États-Unis paraissent en retrait. Les coupes dans l’aide étrangère à l’Afrique et l’extension des droits de douane (jusque sur certains produits africains) laissent un espace dans lequel la Chine s’engouffre. Dans les cercles d’affaires de Lagos ou de Nairobi, on décrit une relation très pragmatique : des financements rapides, des délais courts, des équipements livrés et installés clé en main. Reste une véritable question pour l’Afrique : Comment transformer cette manne en puissance industrielle et en souveraineté énergétique, sans installer une dépendance à bas coût dont il serait, demain, beaucoup plus difficile de s’extraire ?
Le président chinois Xi Jinping (au centre de la photo) est applaudi avant de prononcer son discours lors du sommet du Forum sur la coopération Chine-Afrique, à Pékin le 5 septembre 2024.
Charlie Kirk, influenceur conservateur et visage de la jeunesse pro-Trump, a été tué par balle en pleine réunion publique sur le campus d’une université dans l’Utah, dans l’ouest des Etats-Unis, mercredi 10 septembre. Les recherches sont toujours en cours pour trouver le tireur, dont les motivations restent pour l’heure inconnues.
Sa mort a été annoncée par Donald Trump lui-même, quelques heures après que l’homme de 31 ans a été touché. Le drame a été capté par des vidéos qui ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux. Le président a ordonné la mise en berne des drapeaux américains en hommage à celui qui avait été un rouage important de sa dernière campagne présidentielle. L’immense étendard de la Maison-Blanche a été abaissé.
"Depuis des années, la gauche radicale compare des Américains formidables comme Charlie aux nazis et aux pires criminels et meurtriers de masse du monde. Ce genre de rhétorique est directement responsable du terrorisme que nous connaissons aujourd’hui dans notre pays, et cela doit cesser immédiatement", a accusé le président américain dans une vidéo publiée sur son réseau Truth Social. "Mon administration retrouvera tous ceux qui ont contribué à cette atrocité et à toute autre violence politique, y compris les organisations qui les financent et les soutiennent", a-t-il lancé.
Avant lui, plusieurs figures trumpistes avaient qualifié Charlie Kirk de "martyr" tombé pour la défense des valeurs conservatrices et chrétiennes.
"Assassinat politique"
Friand de joutes oratoires avec les étudiants, Charlie Kirk participait à un événement en plein air sur le campus de l’Utah Valley University. Vers midi heure locale, "on a tiré un coup de feu sur Charlie Kirk" qui a été "évacué des lieux par ses gardes du corps", a écrit l’université sur X. Des vidéos le montrent, touché au cou, s’effondrant sur sa chaise, des cris de panique se faisant entendre dans le public. "Je veux être bien clair, il s’agit d’un assassinat politique", a souligné le gouverneur républicain de l’Utah Spencer Cox lors d’une conférence de presse.
Un suspect a été arrêté, avant d’être relâché plus tard dans la journée, selon le patron de la police fédérale (FBI). Selon les enquêteurs, la seule balle tirée l’a été depuis le toit d’un bâtiment du campus, par un homme habillé de noir, dans ce qui semble être un assassinat ciblé.
A gauche, l’ancienne candidate démocrate malheureuse à l’élection de 2024, Kamala Harris, a estimé que "la violence politique n’a (vait) pas de place en Amérique". L’ancien président Joe Biden a aussi appelé à ce que ce type de violence "cesse immédiatement", à l’unisson d’autres figures de la gauche : Barack Obama, Bernie Sanders ou encore le gouverneur de Californie Gavin Newsom.
L’ex-parlementaire de l’Utah Jason Chaffetz, qui était sur place, a expliqué à la chaîne Fox News que Charlie Kirk répondait à une question du public quand il a été touché par un tir d’arme à feu : "Pendant sa réponse, le tir a éclaté". Sophie Anderson, 45 ans, a raconté au Daily Mail qu’elle se trouvait à 30 mètres de la scène : "Il a été touché au cou et s’est effondré, il n’était plus qu’une fontaine de sang."
Un allié de Donald Trump
Originaire de la banlieue de Chicago, chrétien et défenseur du port d’armes à feu, ce père de deux enfants avait abandonné ses études pour se dévouer au militantisme. Il était à la tête d’un mouvement de jeunesse : Turning Point USA. Cofondée en 2012 par l’influenceur, alors âgé de 18 ans, cette association est devenue en une décennie le plus gros groupe de jeunes conservateurs aux Etats-Unis. Elle comprend une armée de militants enthousiastes, dont certains avaient été envoyés en bus à Washington à la manifestation du 6 janvier 2021 qui avait débouché sur l’invasion du Capitole.
Avec ses 6,9 millions d’abonnés sur Instagram et 3,8 millions sur YouTube, son influence avait largement servi Donald Trump pour séduire les jeunes hommes américains en promouvant une conception ultratraditionnelle de la famille.