"Les drones redéfinissent déjà la guerre. Avoir des défenses contre les drones n’est plus une option pour quiconque", a déclaré Kaja Kallas devant la presse, ce jeudi 16 octobre, en présentant une "feuille de route" visant à assurer une défense "crédible" de l’Union européenned’ici 2030 face à la Russie.
Critiquée par plusieurs Etats membres, la Commission a défendu ce projet, jugé prioritaire et qu’elle entend rendre totalement opérationnel d’ici 2027. Autre objectif : renforcer la défense de l’Europe dans l’espace, dans les airs et sur le flanc oriental. "Il est clair que nous devons renforcer nos défenses contre la Russie", a affirmé Kaja Kallas. Et d’abonder "la Russie n’a pas la capacité de lancer une attaque contre l’UEaujourd’hui, mais elle pourrait se préparer dans les années à venir".
La réponse de l’Otan à l’entrée d’une vingtaine de drones russes dans l’espace aérien de la Pologne avait mis en évidence les lacunes de l’arsenal européen. Pour abattre trois de ces drones, l’Otan avait dû recourir à de coûteux missiles.
Des "quantités énormes d’argent"
La Commission insiste désormais sur le rôle central des gouvernements pour mettre en œuvre les différents projets identifiés par la Commission européenne. "Les Etats membres sont aux commandes. Ce sont eux qui décident quoi acheter ou développer, quand et auprès de qui", a assuré Kaja Kallas.
La Commission se contentera d’un "rôle de facilitateur", a expliqué de son côté le commissaire européen à la Défense Andrius Kubilius, lors d’une rencontre avec quelques journalistes. Par exemple, elle favorisera le développement de contrats en commun auprès de l’industrie de défense pour promouvoir ces projets, que la Commission juge hors de portée pour un seul pays.
La mise en œuvre de ce projet nécessitera toutefois des "quantités énormes d’argent", admet un responsable européen. "Au cours des dix prochaines années, nous allons dépenser 6 800 milliards d’euros pour la défense", a indiqué Andrius Kubilius. La plus grande partie de ce montant viendra des budgets nationaux, mais, selon le commissaire européen à la Défense, il reste quelque 300 milliards d’euros non utilisés dans les caisses de l’UE.
Les 27 peuvent également puiser dans les 150 milliards d’euros de prêts, mis à disposition par la Commission européenne dans le cadre de son programme Safe. Bruxelles avait calculé un montant nécessaire de quelque 800 milliards d’euros pour parvenir à l’objectif de disposer d’une défense "crédible" en 2030. "On reste sur (ce) chiffrage", a assuré ce responsable européen.
La semaine prochaine, à l’occasion d’un sommet européen à Bruxelles, les dirigeants des pays membres aborderont cette "feuille de route".
Des réactions mitigées
Certains des leaders des 27 n’ont toutefois pas caché leurs inquiétudes. "J’ai de sérieux doutes concernant les délais. Il y a aussi la question du financement. D’où vient l’argent ?", s’est ainsi interrogé un diplomate européen.
Evoquant un projet de défense antidrones lancé par la Pologne et les pays baltes, Andrius Kubilius a assuré que son coût n’avait pas dépassé le milliard d’euros.
Plusieurs pays du sud se sont également inquiétés d’être mis à l’écart de projets concernant essentiellement les pays dits de la ligne de front, géographiquement proches de la Russie. En réponse Kaja Kallas a assuré que tous les projets, y compris l’initiative antidrones, seraient ouverts à l’ensemble des Etats membres.
Une stratégie "voué à l’échec" selon l’armée française
La proposition n’a été mieux reçue par l’armée française. L’initiative européenne pour les drones a le mérite de montrer une "volonté manifeste (NDLR : des Européens) de répondre à des attaques potentielles et des menaces", a jugé le patron de l’armée française, le général Pierre Schill. Mais "c’est dans les détails et la rapidité du déploiement que se jugera la pertinence de ce sujet", selon le militaire. "Est-ce que ça va être un mur étanche sur les milliers de kilomètres de frontières de l’Otan ? Est-ce que ça va combiner des moyens de détection et des moyens de destruction dans la profondeur ? Est-ce que ce sera concentré sur certains points ?", s’est-il interrogé devant la presse.
"La défense exclusivement par le mur est vouée à l’échec parce qu’elle laisse à l’attaquant l’initiative et elle oblige le défenseur à être fort partout", a tranché le général Schill. Pour le chef d’état-major, "dans le combat immémorial de l’épée et de la cuirasse, c’est l’épée qui a l’avantage, c’est les drones qui aujourd’hui l’emportent sur la défense. On n’a pas trouvé la martingale contre les drones, c’est une réalité".
Une commission du Parlement européen a proposé jeudi 16 octobre d'interdire aux moins de 16 ans l'accès sans autorisation parentale aux réseaux sociaux et aux assistants d'intelligence artificielle, en raison des risques qu'ils présentent pour la santé et la sécurité des enfants et adolescents.
"Les députés proposent un âge minimum de 16 ans dans toute l'UE pour accéder aux réseaux sociaux, aux plateformes de partage de vidéos et aux compagnons IA (intelligence artificielle), sauf autorisation parentale, et un âge minimum de 13 ans pour accéder à tout réseau social", a précisé le Parlement européen dans un communiqué.
Les 27 Etats membres de l'UE partagés sur la question
Les élus citent notamment "les risques liés à la dépendance, à la santé mentale et à l'exposition à des contenus illégaux et préjudiciables" pour justifier une telle mesure.
Portée par l'eurodéputée danoise Christel Schaldemose (S&D, sociaux-démocrates), cette proposition a été adoptée à une large majorité par la commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs. Elle sera soumise à l'ensemble des eurodéputés fin novembre, en session plénière. Cette proposition d'un âge minimum, ou majorité numérique, accroît encore la pression sur les plateformes, alors que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a lancé une réflexion sur l'opportunité de mettre en place une telle mesure à l'échelle de toute l'UE. Un panel d'experts doit remettre à Ursula von der Leyen, elle-même favorable à de telles interdictions, des recommandations d'ici la fin de l'année.
Les 27 Etats membres de l'UE sont partagés sur la question, mais l'idée fait de plus en plus son chemin en Europe. Sous l'impulsion du Danemark, qui exerce la présidence tournante de l'UE et qui vient d'annoncer un projet de majorité numérique fixée à 15 ans, les ministres européens du numérique ont apporté la semaine dernière leur soutien à l'initiative de Mme von der Leyen.
Si en France le débat sur la taxation des plus riches déchaîne les passions de la classe politique, le Royaume-Uni, lui, va sauter le pas dès le mois prochain. La ministre britannique des Finances, Rachel Reeves, a déclaré que le budget qui doit être voté en novembre comprendra des impôts plus élevés sur les grandes fortunes, a indiqué mercredi 15 octobre le quotidien The Guardian.
La chancelière a fait cette annonce depuis Washington, où elle participe aux réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI). Le gouvernement britannique doit trouver 20 à 30 milliards de livres sterling pour combler le trou dans les finances publiques. Mais "plutôt que de réduire les dépenses consacrées aux services publics ou d’augmenter considérablement les emprunts" la ministre "chercherait à utiliser le levier fiscal", explique The Telegraph, de sources au Trésor britannique.
Parmi les options sur la table : l’augmentation du taux d’impôt sur les plus-values ; le prélèvement d’une cotisation sur les revenus locatifs ; ou encore la création de tranches d’impôt foncier plus élevées. Rachel Reeves a défendu sa mesure : "l’année dernière, lorsque nous avons annoncé l’augmentation des impôts pour les fonds de capital-investissement, ou encore celle de la TVA sur les frais de scolarité des écoles privées, il y a eu tellement de critiques selon lesquelles cela n’allait pas rapporter d’argent, que cela effrayerait les gens", explique la ministre citée par The Guardian, qui explique qu’il n’y a pas eu de fuite en masse des grandes entreprises.
Trou dans les finances
Ses commentaires interviennent peu de temps après que le FMI a prédit que le pouvoir d’achat des Britanniques devrait connaître la croissance la plus lente parmi les pays du G7. Les chiffres officiels publiés mardi ont également montré un taux de chômage à son plus haut niveau depuis quatre ans, à 4,8 % en août.
Une faible croissance que le gouvernement impute toujours au Brexit, et à d’autres facteurs externes, comme l’instabilité mondiale. "Nous sommes confrontés à des défis, qu’il s’agisse des incertitudes géopolitiques, des conflits dans le monde, de l’augmentation des tarifs douaniers et des barrières commerciales", rapporte The Telegraph.
"160 milliards en dix ans"
A quelques semaines de la présentation budgétaire, le 26 novembre, le Trésor promet ainsi "d’aider les entreprises à se développer, d’investir dans les infrastructures et d’alléger les formalités administratives pour relancer" le pays. Mais l’exécutif est sous pression des marchés pour équilibrer le budget. Pour trouver les milliards de livres qui manquent, les Britanniques spéculent depuis des semaines sur de nouvelles hausses d’impôts, après des augmentations ces derniers mois qui ont notamment pesé sur les entreprises.
Récemment, une étude réalisée par le King’s College a permis d’établir "qu’au moins 160 milliards de livres sterling auraient pu être collectés pour les finances publiques du Royaume-Uni au cours des trois dernières décennies", si les 0,01 % des contribuables les plus riches avaient été invités à payer un impôt de 2 % sur leurs actifs supérieurs à 10 millions de livres sterling.
"Malgré le ralentissement de la croissance du patrimoine des milliardaires, la dernière liste des plus riches montre que les 40 familles les plus riches du Royaume-Uni possèdent désormais plus de richesses que 50 % de la population, tandis que 14,3 millions de personnes, dont 4,3 millions d’enfants, vivent dans la pauvreté au Royaume-Uni", note le Professeur Ben Tippet, maître de conférences en économie et en inégalités de richesse au King’s College de Londres, chargé de l’étude. Peut-être une source d’inspiration pour d’autres pays européens.
C’est le projet phare de la Défense allemande, devant permettre de faire passer ses effectifs de 180 000 soldats actuellement à 260 000 en dix ans, sur la base de l’enrôlement volontairement. Mais que faire, si jamais les candidats n’étaient pas assez nombreux ? L’Allemagne devra-t-elle imposer le service militaire obligatoire ? C’est la question qui déchire le gouvernement, alors que le texte doit être débattu ce jeudi 16 octobre au matin au Bundestag.
Il ne reste qu’un peu plus de trois mois avant le retour de la conscription dans le pays. Bientôt, les jeunes Allemands recevront une lettre à leur majorité leur offrant la possibilité de s’enrôler, pour 2 300 euros par mois. Le gouvernement espère recruter 30 000 jeunes par an. Mais en cas d’échec, les conservateurs, favorables au service militaire obligatoire, proposent un tirage au sort.
Une proposition "pourrie", a répondu mercredi le ministre social-démocrate de la Défense Boris Pistorius, parti en croisade aussi bien contre sa propre formation (le SPD) qu’avec les conservateurs (CDU-CSU) du chancelier Friedrich Merz, prêts à faire alliance sur cette mesure. Il s’est aussi moqué de "la rhétorique du pistolero" des conservateurs bavarois, qui réclament d’abattre les drones survolant des sites sensibles depuis des mois, comme ceux ayant paralysé l’aéroport de Munich (sud) début octobre.
Confronté à ces querelles publiques, le gouvernement allemand a tenté mercredi de relativiser l’ampleur des différends en son sein. Interrogé sur le sujet en conférence de presse, le porte-parole de la chancellerie a minimisé la portée des piques et des sarcasmes, notant que l’objectif de Friedrich Merz de bâtir la plus puissante armée conventionnelle d’Europe restait d’actualité, afin de répondre à la menace russe et au repli américain d’Europe.
"Je recommande à tout le monde de réduire un peu la dramaturgie, l’Allemagne n’est pas divisée, affaiblie ou en incapacité d’agir à cause" de ces disputes publiques, a estimé Stefan Kornelius, auquel l’AFP demandait si ces querelles envoyaient un message de faiblesse aux autorités russes. "On souhaiterait voir plus de débats et de démocratie en Russie", a-t-il argumenté.
Querelles profondes
La veille, le ministre de la Défense avait refusé de valider l’accord entre les députés sociaux-démocrates et conservateurs en faveur d’un système de tirage au sort pour recruter dans l’armée, si le nombre des volontaires était insuffisant.
"En trente ans de Bundestag (la chambre basse du Parlement, ndlr), je n’ai jamais vu un ministre torpiller de front une procédure législative importante relevant de son propre domaine de responsabilité", s’est emporté Norbert Röttgen, le vice-président des députés conservateurs, dans les colonnes de la Süddeutsche Zeitung.
Le ministre a voulu corriger le tir mercredi matin, assurant que son coup d’éclat "était bien moins dramatique que ce que l’on dit". Le porte-parole du chancelier a quant à lui insisté sur le fait que l’objectif de transformer l’Allemagne en puissance militaire restait une priorité. En 2035, ce pays compte avoir une armée de "460 000 soldates et soldats", 260 000 d’active et 200 000 réservistes.
Actuellement, les effectifs de la Bundeswehr tournent autour de 180 000 personnes (plus 49 000 réservistes). Il a assuré qu’une loi serait votée et mise en application dès le 1er janvier, comme prévu. Le porte-parole a aussi rappelé que depuis l’attaque à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022, l’Allemagne devait "faire face à une menace nettement plus grave".
Menace russe
Friedrich Merz et Boris Pistorius répètent régulièrement que, face aux tentatives russes de déstabilisation, d’espionnage, de désinformation et d’intimidation, l’Allemagne n’était "pas encore en guerre mais pas non plus en paix".
La coalition entre conservateurs et sociaux-démocrates au pouvoir en Allemagne a été constituée au printemps, sur fond de percée électorale de l’extrême droite pro-russe. Elle est néanmoins régulièrement déstabilisée par des controverses.
Le chancelier allemand a fait des questions de sécurité nationale une priorité, annonçant des investissements sans précédent dans une armée sous-financée et sous-équipée depuis des décennies. Il a aussi réaffirmé son soutien indéfectible à l’Ukraine, dont l’Allemagne est le principal bailleur européen. "Nous ne laisserons pas notre société libre être déstabilisée par des attaques hybrides (...) C'est pourquoi le Conseil national de sécurité, que nous avons récemment créé, élabore actuellement un plan d'action complet pour lutter contre les menaces hybrides, qu'il examinera dans quelques jours lors de sa réunion constitutive", a déclaré ce jeudi le dirigeant allemand.
Le gouvernement est régulièrement accusé de manquer de fermeté face aux agressions dont la Russie est accusée. Ainsi, les conservateurs bavarois, membres de la coalition, militent pour que l’armée et la police abattent les drones survolant des sites sensibles, une solution que d’autres rejettent en raison notamment du risque de dommages collatéraux. Le dirigeant de la Bavière, Markus Söder, a réclamé que la politique soit d'"abattre plutôt qu’attendre". "Ce qui nous aide le moins, c’est la rhétorique du pistolero", a répondu le ministre de la Défense, cité mercredi par le portail The Pioneer.
Donald Trump a rouvert mercredi 15 octobre la controverse sur les importations de pétrole russe. Convaincu que les approvisionnements indiens contribuent à financer la guerre de Moscou en Ukraine, le président américain a affirmé publiquement que le Premier ministre Narendra Modi lui avait promis d’y renoncer, alors que Washington impose depuis fin août à l’Inde des droits de douane punitifs à 50 %. Le locataire de la Maison-Blanche a également pointé du doigt les achats de pétrole russe par la Chine, qui s’est défendue ce jeudi en dénonçant les "intimidations" de Donald Trump.
Ce dernier doit rencontrer demain Volodymyr Zelensky, attendu à Washington dès aujourd’hui. Selon un responsable ukrainien, les missiles Tomahawk seront le "sujet principal" de sa visite.
Les infos à retenir
⇒ Volodymyr Zelensky à Washington dès ce jeudi
⇒ La Chine défend l’achat "légitime" de pétrole russe
⇒ Friedrich Merz va demander à l’UE de prêter à l’Ukraine 140 milliards d’euros garantis par des avoirs russes
Volodymyr Zelensky à Washington dès ce jeudi
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’entretiendra vendredi à Washington avec son homologue américain Donald Trump de la possible livraison à son armée de missiles de croisière Tomahawk, "sujet principal" du déplacement, a indiqué jeudi à l’AFP un haut responsable ukrainien.
Volodymyr Zelensky arrivera dans la capitale américaine dès jeudi pour rencontrer des représentants des industries de défense, a précisé ce responsable sous couvert d’anonymat. Il s’agit de voir "quand les approvisionnements seront vraiment possibles", a-t-il déclaré.
La Chine défend l’achat "légitime" de pétrole russe
La Chine a défendu jeudi comme "légitimes" ses achats de pétrole russe et a qualifié de tentative "d’intimidation" les pressions du président américain Donald Trump pour qu’elle cesse d’en acheter.
"La Chine mène une coopération économique, commerciale et énergétique normale et légitime avec les pays à travers le monde, y compris la Russie", a dit devant la presse un porte-parole des Affaires étrangères, Lin Jian, réagissant à des propos du président américain mercredi.
Donald Trump a déclaré avoir reçu la promesse du Premier ministre Narendra Modi que l’Inde cesserait d’acheter du pétrole russe, sous l’effet des droits de douane punitifs américains. "Maintenant, je dois convaincre la Chine d’en faire de même", a-t-il ajouté.
Sans démentir ni confirmer ses propos, le ministère indien des Affaires extérieures a répété jeudi que la priorité de sa politique énergétique visait à "défendre les intérêts du consommateur indien".
Friedrich Merz va demander à l’UE de prêter à l’Ukraine 140 milliards d’euros garantis par des avoirs russes
Le chancelier allemand Friedrich Merz a annoncé jeudi qu’il proposera la semaine prochaine, lors d’un sommet de l’UE, un plan pour prêter à l’Ukraine 140 milliards d’euros, garantis par des avoirs russes.
Devant les députés allemands, il a appelé à utiliser les avoirs de la Banque centrale russe, gelés depuis l’invasion de février 2022, pour accorder à l’Ukraine "un total de 140 milliards d’euros de prêts sans intérêt", qui seront utilisés exclusivement pour financer l’effort de guerre du pays. "Versés par tranches, (ces prêts) garantiraient la capacité de résistance militaire de l’Ukraine pour des années, si nécessaire", a-t-il insisté dans un discours à la chambre basse du Parlement, consacré au sommet des 22-24 octobre.
Trois ans et demi après l’invasion de l’Ukraine, l’UE débat encore de la manière dont peuvent être utilisés les 210 milliards d’euros de la Banque centrale russe gelés par les sanctions européennes. Car les Européens ne veulent pas les utiliser directement, craignant de créer un précédent qui minerait la confiance dans l’euro et mettrait en danger des actifs européens à l’étranger.
Le président américain Donald Trump a indiqué mercredi 15 octobre avoir autorisé des actions clandestines de la CIA contre le Venezuela et envisager des frappes sur le territoire vénézuélien, déclenchant la colère de Caracas qui s’est insurgé contre "les coups d’Etats fomentés" par la principale agence américaine de renseignement extérieur.
Donald Trump a refusé de commenter en détail des informations du New York Times selon lesquelles il aurait secrètement autorisé la CIA à mener une action clandestine au Venezuela contre le président Nicolás Maduro. "Mais j’ai donné une autorisation pour deux raisons vraiment", a-t-il cependant confirmé, avant d’énumérer des arguments contre Nicolás Maduro, qu’il accuse de diriger un régime "narco-terroriste" et de libérer des prisonniers pour les envoyer aux Etats-Unis.
Lorsqu’on lui a demandé s’il avait donné à la CIA l’autorisation de "neutraliser" le dirigeant vénézuélien, Donald Trump a répondu : "C’est une question ridicule qu’on me pose là. Enfin, ce n’est pas vraiment une question ridicule, mais ne serait-ce pas ridicule de ma part d’y répondre ?", a-t-il observé.
"Nous regardons du côté du sol à présent"
L’administration Trump a récemment frappé en mer au moins cinq embarcations présentées comme celles de narcotrafiquants dans les eaux internationales, pour un bilan d’au moins 27 morts, après avoir déployé en août huit navires de guerre et un sous-marin à propulsion nucléaire au large des côtes du Venezuela, dans le cadre d’une opération présentée comme visant le trafic de drogue.
Mercredi, la police de Trinité-et-Tobago a indiqué à l’AFP enquêter sur la possibilité que deux ressortissants trinidadiens figurent parmi les six personnes tuées lors de la dernière frappe américaine annoncée mardi par Donald Trump. Les autorités ont été alertées par des habitants du village de pêcheurs de Las Cuevas (nord de l’île de Trinité) de la présence présumée de deux Trinidadiens sur l’embarcation.
De son côté, le président Trump, répondant à une question d’un journaliste sur la possibilité de frappes terrestres contre le Venezuela, a confié : "Je ne veux pas vous en dire plus, mais nous regardons du côté du sol à présent, car nous contrôlons très bien la mer".
Washington accuse le président vénézuélien et son gouvernement d’être à la tête d’une vaste organisation de trafic de drogue vers les Etats-Unis, ce que Caracas dément vigoureusement. Le Venezuela a lancé des exercices militaires et la mobilisation de réservistes en réponse au déploiement américain.
Manœuvres militaires
"Non à la guerre dans les Caraïbes" a lancé Nicolás Maduro dans un discours mercredi. "Non au changement de régime qui nous rappelle tant les guerres éternelles ratées d’Afghanistan, d’Iran, d’Irak […]. Non aux coups d’Etat fomentés par la CIA", a-t-il poursuivi. Des coups "qui nous rappellent les 30 000 disparus causés par la CIA lors des coups d’Etat en Argentine. Le coup d’Etat de Pinochet et les 5 000 jeunes assassinés et disparus. Jusqu’à quand les coups d’Etat de la CIA ? L’Amérique latine ne les veut pas, n’en a pas besoin et les rejette", a-t-il encore accusé devant le Conseil national pour la souveraineté et la paix, organe créé en septembre spécialement pour cette crise.
Les Etats-Unis "admettent publiquement avoir autorisé des opérations visant à agir contre la paix et la stabilité du Venezuela. Cette affirmation sans précédent constitue une violation grave du droit international", a réagi en soirée le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. "Nous observons avec une extrême inquiétude l’utilisation de la CIA, ainsi que les déploiements militaires annoncés dans les Caraïbes, qui configurent une politique d’agression, de menace et de harcèlement contre le Venezuela", précise le texte.
Le président Maduro avait auparavant dans la journée poursuivi un programme de manœuvres militaires à travers le pays, ordonnant notamment un déploiement à la frontière avec la Colombie, dans les Etats de Tachira, Apure et Amazonas. C’est justement par cette zone très poreuse que transite une partie de la cocaïne colombienne, premier producteur mondial. Elle fait partie des cibles possibles évoquées par des sources proches de la Maison-Blanche.
Pour Nicolás Maduro, Washington utilise le trafic de drogue comme prétexte "pour imposer un changement de régime" et s’emparer des importantes réserves de pétrole du pays.
Moins d’une semaine après son entrée en vigueur, le cessez-le-feu à Gaza semble fragilisé ce jeudi 16 octobre par la question délicate de la restitution des corps des otages du Hamas. Le mouvement palestinien a dit mercredi soir avoir remis à Israël toutes les dépouilles auxquelles il avait pu accéder, soit neuf seulement sur les 28 qu’il doit rendre. Si des responsables américains ont estimé que le Hamas entendait "honorer l’accord" conclu avec l’Etat hébreu, ce dernier a menacé de reprendre les combats, et d’agir pour "une défaite totale" de son ennemi.
Les infos à retenir
⇒ Benyamin Netanyahou dit que "le combat n'est pas terminé" à Gaza
⇒ Les familles d'otages appellent Israël à retarder l'application de l'accord à Gaza
⇒ La date de réouverture du passage de Rafah sera annoncée "ultérieurement"
Benyamin Netanyahou dit que "le combat n'est pas terminé" à Gaza
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a déclaré jeudi que "le combat n'est pas terminé" pour son pays, ajoutant être "déterminé à obtenir le retour de tous les otages", lors de la commémoration officielle du deuxième anniversaire de l'attaque du 7 octobre 2023 par le Hamas.
"Le combat n'est pas encore terminé, mais une chose est claire — quiconque lève la main sur nous sait qu'il paiera un prix très lourd", a-t-il déclaré. "Israël se trouve en première ligne du face-à-face entre la barbarie et la civilisation."
S'exprimant depuis le cimetière du Mont Herzl, alors que seulement neuf dépouilles d'otages ont été rendues à ce jour par le Hamas sur un total de 28, le chef du gouvernement a rappelé qu'Israël était "déterminé à obtenir le retour de tous les otages."
Israël a rendu à Gaza les corps de 30 Palestiniens supplémentaires
Israël a rendu jeudi les corps de 30 Palestiniens dans le sud de la bande de Gaza, portant à 120 le nombre total de corps remis, ont déclaré le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza et l'hôpital Nasser de Khan Yunès.
En vertu d'un accord de cessez-le-feu négocié par le président américain Donald Trump, Israël doit restituer les corps de 15 Palestiniens pour chaque dépouille d'otage rendue. Mercredi soir, le Hamas a remis deux autres dépouilles à Israël et a déclaré avoir restitué tous les corps des otages décédés auxquels il avait accès.
Les familles d'otages appellent Israël à retarder l'application de l'accord à Gaza
Le Forum des familles d'otages a appelé ce jeudi le gouvernement israélien à retarder l'application de l'accord de cessez-le-feu à Gaza, tant que le Hamas n'aura pas remis les 19 dernières dépouilles d'otages. Dans un communiqué, le Forum exige que "le gouvernement cesse immédiatement la mise en œuvre de toute autre étape de l'accord, tant que le Hamas continue de violer ouvertement ses obligations concernant le retour de tous les otages et les dépouilles des victimes".
Mercredi soir, le ministre de la Défense Israël Katz a averti que l'armée pourrait reprendre son offensive dans la bande de Gaza si le Hamas ne respectait pas l’accord de cessez-le-feu, soulignant que celui-ci n’avait pas rendu toutes les dépouilles d’otages. "Si le Hamas refuse de respecter l’accord, Israël, en coordination avec les Etats‑Unis, reprendra les combats et agira pour une défaite totale" du mouvement, indique un communiqué de son bureau.
Le Hamas avait affirmé plus tôt avoir remis à Israël toutes les dépouilles d’otages auxquelles il avait pu accéder, soit neuf seulement à ce stade, sur les 28 retenues à Gaza. "Nous avons rempli notre engagement au titre de l’accord en remettant tous les prisonniers israéliens vivants, ainsi que les corps auxquels nous avons pu accéder", a-t-il assuré. "Quant aux dépouilles restantes, leur récupération et extraction nécessitent des efforts considérables et un équipement spécial."
Le mouvement islamiste palestinien continue de dire qu’il compte "honorer l’accord" sur Gaza et rendre les corps des otages décédés, a indiqué à des journalistes mercredi un haut responsable américain, sous le couvert de l’anonymat.
Israël confirme l’identification de deux otages israéliens morts restitués mercredi
L’armée israélienne a annoncé jeudi avoir identifié les dépouilles des otages Inbar Hayman et Mohammad al-Atrash restituées à Israël la veille au soir par le Hamas. "Après la fin du processus d’identification mené par l’Institut national de médecine légale […] les représentants de Tsahal ont informé les familles d’Inbar Hayman et du sergent Mohammad al-Atrash que leurs corps avaient été rapatriés pour être enterrés", indique un communiqué militaire.
Inbar Hayman, artiste graffeuse originaire de Haïfa, connue sous le pseudonyme "Pink", avait 27 ans lorsqu’elle a été assassinée au festival Nova. Sa dépouille avait été apportée à Gaza, comme celle du sergent Mohammad al-Atrash, soldat d’origine bédouine de 39 ans, tué au combat le 7 octobre.
La date de réouverture du passage de Rafah sera annoncée "ultérieurement"
Les autorités israéliennes ont annoncé jeudi que la date d'ouverture du passage de Rafah entre la bande de Gaza et l'Egypte serait annoncée "ultérieurement". Le Cogat, l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens, a déclaré que le passage serait ouvert pour la "circulation des personnes uniquement". La date sera annoncée "ultérieurement", "une fois que la partie israélienne, en collaboration avec la partie égyptienne, aura achevé les préparatifs nécessaires à l'ouverture du point de passage", a-t-il indiqué dans un communiqué.
Ce passage, selon l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, devrait permettre l'acheminement d'un plus grand volume d'aide internationale à la bande de Gaza.
Accusant le Hamas de jouer la montre et de violer l’accord de cessez-le-feu, Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité intérieure et figure de l’extrême droite israélienne, a de nouveau appelé mercredi le Premier ministre Benyamin Netanyahou à couper totalement l’aide humanitaire pour Gaza.
Quand il est question de femmes et d’espionnage, on pense assez rapidement à M, directrice du MI6 et patronne de James Bond. Le personnage interprété par Judi Dench est librement inspiré de Dame Stella Rimington, première femme à prendre la tête du MI5, le service de renseignement intérieur, en 1992.
Après avoir initialement suivi son mari diplomate en Inde, elle est approchée par un officier de liaison et devient dactylographe à mi-temps du MI5. De retour à Londres en 1969, Rimington obtient un poste permanent au sein du prestigieux service de renseignements. Elle gravit les échelons et parcourt, pendant plus de 20 ans, ses différentes branches.
À la fin de la guerre froide, elle se rend à Moscou pour renouer le contact avec le KGB. Une carrière brillante, jusqu’à briser un plafond de verre : Stella Rimington est nommée directrice du MI5. Durant quatre ans, elle va moderniser le service et ouvrir la porte à d’autres femmes au sein de l’espionnage britannique, et notamment à notre visionnaire du jour : Blaise Metreweli.
Le président syrien par intérim Ahmad al-Chareh a dit mercredi en Russie vouloir "redéfinir" les relations Damas-Moscou, lors de sa première rencontre avec Vladimir Poutine depuis le renversement de Bachar al-Assad, un ex-allié clé du Kremlin.
"Bienvenue en Russie"
Devant les caméras, Vladimir Poutine a accueilli chaleureusement Ahmad al-Chareh au Kremlin tandis qu'en coulisses un responsable syrien a affirmé à l'AFP que Damas allait demander à Moscou de livrer Bachar al-Assad, réfugié avec sa famille en Russie depuis sa fuite de Syrie en décembre 2024. "Au cours de toutes ces décennies, nous avons toujours été guidés par une seule chose : les intérêts du peuple syrien. Nous avons vraiment des liens très profonds avec le peuple syrien", a déclaré Vladimir Poutine, aux côtés du dirigeant syrien, lors de cet accueil filmé par la télévision d'Etat russe.
Il a affirmé que plus de 4.000 jeunes Syriens étudiaient actuellement en Russie, disant espérer qu'ils renforceront à l'avenir "l'Etat syrien". "Nous sommes très heureux de vous voir. Bienvenue en Russie", a conclu Vladimir Poutine.
Pour sa part, Ahmad al-Chareh, accompagné d'une délégation de hauts responsables syriens, a dit vouloir "redéfinir" les relations Damas-Moscou, tout en saluant également "des liens historiques anciens" entre la Syrie et la Russie et les "intérêts communs" entre les deux pays.
"Nous respectons tous les accords précédents et cette grande histoire et nous essayons de restaurer et de redéfinir d'une nouvelle manière la nature de ces relations afin que la Syrie puisse jouir de son indépendance, de sa souveraineté, ainsi que de son unité et de son intégrité territoriales (...) de sa sécurité et de sa stabilité", a-t-il ajouté. Il a précisé notamment qu'une partie des besoins alimentaires de la Syrie dépendaient de "la production russe" et que "de nombreuses centrales" électriques syriennes ont besoin de "l'expertise russe".
Livrer Bachar al-Assad
Après la rencontre, qui a duré deux heures trente selon des médias russes, le vice-ministre russe Alexandre Novak a affirmé que les délégations avaient discuté de la livraison d'aide humanitaire à Damas, ainsi que de projets dans les domaines de l'énergie, des transports, du tourisme, de la santé et de la culture.
Selon Alexandre Novak, la Russie est prête à participer à la reconstruction de la Syrie, ravagée par près de 14 ans d'une guerre déclenchée en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie. Moscou est aussi prêt à travailler dans le secteur pétrolier syrien. "Il y a des gisements qui nécessitent d'être développés, d'autres en sommeil, et de nouveaux gisements. Nous sommes prêts également à participer", a-t-il déclaré, cité par l'agence Ria Novosti.
Plus tôt mercredi, un responsable gouvernemental syrien ayant requis l'anonymat a affirmé à l'AFP que Damas demanderait à Moscou lors de cette visite de livrer Bachar al-Assad et "tous ceux" ayant commis des "crimes de guerre" et se trouvant en Russie. En fin d'après-midi, aucun dirigeant russe ou syrien n'avait évoqué publiquement cette question.
Lundi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait réaffirmé que Moscou avait offert à Bachar al-Assad et sa famille l'asile pour "des raisons purement humanitaires" et que ces derniers vivaient "dans la capitale russe".
Etablir des relations pacifiques avec la Russie
Outre le sort de l'ex-dirigeant syrien, se pose celui des bases militaires russes de Tartous et de Hmeimim, situées sur la côte méditerranéenne, et qui constituent les seuls avant-postes militaires officiels de la Russie en dehors de l'ex-URSS. Moscou avait largement utilisé ces installations lors de son intervention en 2015 dans la guerre civile syrienne en soutien à Bachar al-Assad, menant de violents bombardements aériens sur les zones tenues par les rebelles.
L'armée russe avait notamment bombardé intensivement le bastion rebelle d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, qui était tenu en grande partie par les forces de M. Chareh. Fin 2019, lors d'une offensive gouvernementale pour essayer de reprendre cette zone, Moscou y avait mené des centaines de frappes aériennes, faisant des morts et causant la destructions d'écoles, d'hôpitaux, commerces et habitations.
Les nouveaux dirigeants islamistes de la Syrie cherchent à établir des relations pacifiques avec la Russie, malgré l'alliance passée de Moscou avec Bachar al-Assad. En juillet, le ministre syrien des Affaires étrangères, Assad al-Chaibani, avait été le premier haut responsable du nouveau gouvernement à se rendre en Russie. En janvier, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov avait conduit la première délégation russe à se rendre en Syrie depuis la chute de Bachar al-Assad.
Le président russe Vladimir Poutine et le président intérimaire syrien Ahmed al-Sharaa se serrent la main lors de leur rencontre au Grand Palais du Kremlin, à Moscou, le 15 octobre 2025.
Le 3 octobre, le ministère japonais de la Santé, du Travail et des Affaires sociales a tranché : le pays est officiellement en situation d’épidémie de grippe. Une annonce qui a résonné comme un signal d’alarme dans un Japon encore en plein automne. Les autorités expliquent qu’une épidémie est déclarée lorsque le nombre d’infections dépasse les prévisions habituelles pour une période donnée. Cette fois, la hausse est nette, brutale, et surtout précoce. Les chercheurs eux-mêmes se disent surpris : jamais ils n’avaient observé un tel niveau d’infection à cette époque de l’année.
Dans plusieurs régions, les cas se multiplient, et les hôpitaux voient affluer des milliers de malades touchés par ce virus respiratoire. Au-delà de l’archipel, certains spécialistes craignent désormais que la vague japonaise n’enclenche une série d’épidémies hivernales en Asie. Et ce, jusqu’en Europe. L’hiver approche, et avec lui un virus prêt à franchir les frontières.
Une épidémie précoce
Au 10 octobre, les autorités japonaises avaient recensé 6 013 cas de grippe à travers le pays. Une semaine plus tôt, plus de 4 000 personnes étaient déjà hospitalisées, soit une moyenne d’un peu plus d’un patient par établissement médical, ou quatre fois plus que la semaine précédente. Dans 28 des 47 préfectures, les chiffres sont en hausse constante.
Les écoles aussi sont impactées : plus d’une centaine ont dû fermer leurs portes pour tenter de freiner la propagation. En septembre, près de la moitié des 287 patients hospitalisés pour la grippe étaient des enfants de 14 ans ou moins. Okinawa, Tokyo et Kagoshima affichent les taux d’infection les plus élevés.
Rien d’anormal, en soi, à voir la grippe se propager au Japon. Le phénomène se répète chaque hiver, lorsque le froid s’installe. Mais cette année, le virus a pris une longueur d’avance : l’augmentation des cas a commencé cinq semaines plus tôt que d’habitude. Selon Ian Barr, directeur adjoint du Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé pour la recherche sur la grippe, interviewé par le média britannique Nature : "le Japon a déjà connu des saisons précoces, mais jamais à ce point-là".
Pour limiter les dégâts, le gouvernement multiplie les appels à la prudence. Les autorités sanitaires recommandent d’éviter les visites non essentielles à l’hôpital afin de ne pas saturer les services, et d’aller consulter rapidement en cas de fièvre ou de toux. Le vaccin est aussi fortement conseillé, tout comme les gestes d’hygiène de base.
Les voyages internationaux pointés du doigt
Les experts avancent plusieurs explications à cette épidémie inhabituelle. En premier lieu, la reprise massive des voyages internationaux depuis la fin des restrictions liées au Covid-19. Les flux entre les pays se sont intensifiés, offrant au virus un terrain idéal pour circuler. À cela s’ajoutent d'autres facteurs : le changement climatique, qui perturbe le rythme saisonnier des maladies, et le manque d’exposition au virus au cours des dernières années, notamment chez les enfants et les personnes âgées.
Ian Barr souligne dans les colonnes de la revue scientifique qu’une souche de grippe A, connue sous le nom de H3N2, semble être à l’origine de cette recrudescence. Celle-ci était déjà particulièrement présente en Australie et en Nouvelle-Zélande au cours des deux derniers mois, avant de remonter vers le nord avec la fin de l’hiver austral. Les échanges fréquents entre ces pays et le Japon auraient facilité sa transmission.
Malgré ces signaux préoccupants, les chercheurs appellent à la mesure : le risque de pandémie mondiale reste faible. Les pays de l’hémisphère sud entrent désormais dans la saison chaude, ce qui devrait freiner la circulation du virus. Au Japon, en revanche, la vigilance reste de mise : le virus s’est invité plus tôt que prévu, et nul ne sait encore jusqu’où il compte aller.
L’annonce est tombée mardi matin. Volodymyr Zelensky a décidé de priver Gennadi Troukhanov, le maire d’Odessa, de sa citoyenneté ukrainienne. Une annonce sobre, publiée sur Telegram par les services de sécurité ukrainiens (SBU), mais aux répercussions immenses. "La citoyenneté ukrainienne du maire d’Odessa, Gennadi Troukhanov, a été suspendue", y lisait-on, citant le texte signé par le président lui-même. En quelques heures, la nouvelle a déchaîné le pays.
Le SBU l’accuse de détenir un passeport russe, un fait interdit pour un citoyen ukrainien, dans un pays meurtri par la guerre. Lui jure son innocence, répète qu’il n’a jamais possédé un document du "pays agresseur". Ce même jour, un autre nom est tombé : celui du danseur Sergueï Polounine, connu pour ses prises de position polémiques pro-Kremlin.
Un passeport russe délivré en 2015
Ancien député, Gennadi Troukhanov règne sur Odessa depuis 2014, la troisième plus grande ville du pays et un port stratégique sur la mer Noire. Longtemps perçu comme un élu aux affinités pro russes, il avait pourtant opéré un virage spectaculaire après l’invasion de 2022. Devant les caméras, il critiquait violemment Moscou, vantait la résistance d’Odessa, soutenait l’armée ukrainienne. L’homme semblait alors avoir tourné la page. Mais la méfiance n’a jamais disparu.
Dès 2016, les services de sécurité avaient déjà enquêté sur une possible double citoyenneté, sans trouver de preuve. Mais ces dernières semaines, le SBU a affirmé détenir un passeport russe à son nom, daté de décembre 2015 et valable dix ans. La photo du document d’identité, diffusée en ligne, a fait le tour des réseaux sociaux.
Sa révocation ne prive pas seulement Gennadi Troukhanov de sa nationalité : elle menace aussi son fauteuil de maire. Gennadi Troukhanov s’est alors défendu dans un message adressé aux habitants : "je n’ai jamais reçu de passeport russe. Je suis citoyen ukrainien", a-t-il déclaré, affirmant qu’il "continuera à exercer les fonctions de maire élu" tant que possible. Le soir même, Volodymyr Zelensky a annoncé la mise en place d’une administration militaire pour Odessa, justifiant sa décision par des "problèmes de sécurité" persistants.
Une fracture grandissante entre Kiev et les pouvoirs locaux
Cette décision ne vise pas seulement Gennadi Troukhanov, elle illustre une tension de plus en plus vive entre le gouvernement ukrainien et les dirigeants locaux. Depuis plusieurs mois, la défiance monte avec les maires des grandes villes d’Ukraine. Les élus accusent Volodymyr Zelensky d’utiliser la loi martiale, instaurée depuis février 2022, pour étendre ses prérogatives et affaiblir les contre-pouvoirs. Le président, lui, se défend en pointant la "mauvaise gestion" et les "erreurs" commises par certains responsables municipaux, notamment dans la défense civile face aux attaques russes.
À Kiev, le maire Vitali Klitschko a ouvertement dénoncé un abus de pouvoir : dans un message vidéo diffusé en janvier dernier, il accusait le gouvernement de contourner le conseil municipal et de placer à des postes clés des proches du président sans expérience militaire. Selon lui, ces manœuvres mettent même en péril la sécurité de la capitale.
Pour Oleksii Honcharenko, député du parti de Petro Porochenko, "la révocation de la citoyenneté du maire d’Odessa et la mise en place d’une administration militaire sont un signal envoyé à tous les maires : ils sont désormais sous surveillance". A mesure que la guerre s’éternise et que les élections restent suspendues, la légitimité du président est de plus en plus contestée par ses adversaires. Et la bataille pour le contrôle des villes pourrait bien devenir la prochaine épreuve de force du pouvoir ukrainien.
La trêve à Gaza négociée par les États-Unis a mis sur pause la guerre entre le Hamas et Israël. A sa place a débuté une série d’affrontements entre le mouvement islamiste et ses rivaux sur le territoire palestinien, et une chasse aux "traîtres" ayant collaboré avec l’Etat hébreu.
Alors que les troupes israéliennes se retiraient la semaine dernière pour faciliter l’accord ayant permis la libération des derniers otages, le Hamas a déployé derrière elles de larges forces de sécurité. Selon la BBC, environ 7 000 membres ont été mobilisés et des "gouverneurs" nommés. L’objectif affiché : "nettoyer Gaza des hors-la-loi et des collaborateurs d’Israël". Une démonstration publique d’autorité destinée à montrer clairement que le mouvement reste le pouvoir gouvernant de l’enclave.
De profondes rivalités existent au sein du territoire palestinien, suivant des lignes familiales, chaque clan regroupant des milliers de membres, dont beaucoup sont impliqués dans la contrebande et des activités criminelles. Israël a cependant accentué certaines divisions en tentant, pendant la guerre, de recruter des familles comme contrepoids au Hamas. Selon une enquête du Wall Street Journal, ces familles établies représentent environ 30 % de la population de Gaza.
Le cas de la famille Doghmoush
L’une des premières cibles du Hamas a été la famille Doghmoush, à Gaza-ville, ciblée en raison de la supposée collaboration de dix de ses membres avec Israël. Dimanche soir, des affrontements ont fait des dizaines de morts, après que la situation a dégénéré autour de l’hôpital de Gaza-ville, où un membre de la famille a tué un combattant du Hamas. Celui-ci a riposté en bouclant la zone et assiégé le quartier, avant (selon des membres de la famille) d’incendier des maisons, et de tirer à l’aide de mitrailleuses et de lance-roquettes. Lundi, le "conseil central" de la famille a publié un communiqué affirmant qu’elle avait été la cible d’une campagne d’intimidation et de violence. Elle a tenté d’apaiser la situation en reconnaissant et en désavouant des actes qui selon elle ne la représentent pas, notamment le meurtre du combattant du Hamas.
Le lendemain, la télévision du Hamas n’en a pas moins publié une vidéo montrant des combattants du mouvement traînant plusieurs hommes de la famille Doghmoush sur une place publique en plein jour, puis les exécutant devant une foule de spectateurs. Une source sécuritaire confirmant plus tard à l’AFP qu’il s’agissait de "huit collaborateurs de la famille Doghmoush".
Une répression institutionnalisée
À la suite de ces événements, le ministère de l’Intérieur, contrôlé par le Hamas à Gaza, a déclaré prendre les mesures nécessaires pour rétablir l’ordre après la mise en œuvre du cessez-le-feu, et a annoncé offrir cette semaine une période d’amnistie pour que les combattants rivaux n’ayant pas commis de meurtre puissent se rendre.
L’autorité du Hamas a été gravement érodée par la dévastation infligée à Gaza ces deux dernières années, le mouvement étant accusé par de nombreux Palestiniens en colère d’avoir inutilement prolongé le conflit pour protéger ses propres intérêts et éviter de se rendre. Des familles influentes et groupes armés ont profité de cette faiblesse, défiant publiquement le Hamas et cherchant à établir leur propre autorité dans leurs zones respectives. Selon Benyamin Netanyahou, certains de ces groupes, comme Abu Shabab dans la région de Rafah, ont été armés par Israël dans le but d’affaiblir davantage la mainmise du Hamas.
À présent, le Hamas riposte. Khaled Qaddoumi, envoyé du Hamas à Téhéran, a déclaré il y a peu que le groupe avait renforcé et déployé son armée afin de sévir contre les criminels et les pilleurs, et punir ceux qu’il considère comme des collaborateurs d’Israël. Bras armé de cette répression : l’unité paramilitaire du Hamas Rada’a ("Dissuasion" en arabe). Cette semaine, celle-ci a annoncé avoir arrêté des membres de familles rivales dans les zones méridionales et centrales de la bande, et pris le contrôle de positions de milices rivales dans Gaza-ville.
D’autres familles "armées par Israël" ciblées
Famille Al-Mansi dans le Nord, Al-Astal dans la région de Khan Younès… Dès juillet 2025, une liste avait été publiée par le ministère de l’Intérieur de Gaza, recensant des clans armés et des individus accusés de crimes ou de collaboration avec Israël. Le Hamas utilise depuis ces renseignements pour identifier et neutraliser les rivaux, certains décrits avec leur véhicule et des traits de caractère. Certaines familles continuent malgré tout de provoquer le groupe islamiste, comme le chef du clan Al-Majida, qui déclarait récemment dans un entretien accordé à Ynetnews (site anglophone du quotidien israélien Yediot Aharonot) que "le Hamas est faible".
Après les affrontements avec les Doghmoush, d’autres familles ont été visées. Les Abu Samra ont notamment été pris pour cible, déclenchant des batailles intenses dans la ville centrale de Deir al-Balah, au cœur de Gaza. Au début du mois d’octobre, juste avant le cessez-le-feu, le Hamas s’était déjà livré à des fusillades avec la famille Al-Majaydeh, tuant une demi-douzaine de ses membres. Selon le porte-parole de la famille, les racines du conflit avec le Hamas sont politiques, son clan étant très majoritairement affilié au Fatah et à l’Autorité palestinienne. Pour survivre, cette dernière a finalement décidé de déclarer sa loyauté envers le Hamas et de remettre ses armes.
Le Hamas a depuis indiqué avoir rencontré les dirigeants d’autres familles pour apaiser les divisions. Ces démarches pourraient contribuer à désamorcer les combats, mais elles soulignent surtout le problème plus vaste de la domination croissante du Hamas sur Gaza. Pour le Wall Street Journal, une chose est sûre : "Cette violence souligne les défis à venir, alors que les discussions autour du plan de paix du président Trump dépassent la question des otages pour aborder la tâche plus complexe du désarmement du Hamas et de son remplacement par de nouvelles structures administratives et sécuritaires", estime le journal. Car l’affirmation d’autorité du groupe, si elle persiste, sera en contradiction avec les exigences du plan Trump.
Après deux ans de guerre contre Israël, Gaza se déchire en interne au rythme des affrontements entre le Hamas et des clans rivaux, considérés comme "collaborateurs" d'Israël.
Donald Trump franchira-t-il le pas ? Depuis plusieurs jours, le président américain envisagerait de livrer à l’Ukraine des missiles Tomahawk, à plus longue portée que ceux dont elle dispose actuellement pour frapper la Russie. Si Vladimir Poutine a mis en garde contre une telle aide américaine, qui représenterait selon lui "une nouvelle escalade", une délégation ukrainienne aux Etats-Unis n’en a pas moins rencontré des représentants de fabricants américains d’armement. En attendant une nouvelle rencontre entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky prévue vendredi, les ministres de la Défense de l’Otan se réunissent ce mercredi 15 octobre à Bruxelles, notamment pour renforcer leur riposte face à la menace russe.
Les infos à retenir
⇒ Une délégation ukrainienne a rencontré aux États-Unis des fabricants de missiles Tomahawk
⇒ Testée par la Russie, l’Otan se réunit pour renforcer sa riposte
⇒ L’armée suédoise dit suivre un sous-marin russe en mer Baltique
Une délégation ukrainienne a rencontré aux États-Unis des fabricants de missiles Tomahawk
Une délégation de hauts responsables ukrainiens actuellement aux États-Unis a indiqué ce mercredi avoir rencontré des représentants de fabricants américains d’armement, dont Raytheon qui produit les missiles de croisière Tomahawk que Washington pourrait livrer à Kiev. La visite de cette délégation, conduite par la Première ministre Ioulia Svyrydenko et le chef de l’administration présidentielle Andriï Iermak, intervient avant une rencontre prévue vendredi entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son homologue américain Donald Trump.
Andriï Iermak a indiqué avoir rencontré avec d’autres membres de la délégation des représentants des sociétés Lockheed Martin et Raytheon. "Notre coopération continue de croître", a-t-il assuré sur les réseaux sociaux, vantant les chasseurs F-16 conçus aux États-Unis et fournis à l’Ukraine par des pays européens l’année dernière.
Donald Trump a assuré dimanche qu’il pourrait menacer Vladimir Poutine de livrer à Kiev les missiles de croisière Tomahawk si la Russie n’acceptait pas de mettre fin à la guerre en Ukraine qu’elle a déclenchée en 2022. Le président russe Vladimir Poutine avait auparavant mis en garde contre la fourniture de Tomahawk à Kiev, affirmant que cela constituerait "une nouvelle escalade" et affecterait les relations entre Washington et Moscou.
Testée par la Russie, l’Otan se réunit pour renforcer sa riposte
Les ministres de la Défense de l’Otan se sont retrouvés mercredi à Bruxelles, pour discuter des moyens de renforcer leur soutien à l’Ukraine, mais aussi d’améliorer la riposte de l’Alliance, après de multiples incursions russes dans le ciel européen.
A son arrivée au siège de l’Otan, le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth a encouragé les pays européens et le Canada à contribuer davantage au soutien de l’Ukraine, dans le cadre du programme Purl. Cette initiative, lancée par Washington, permet à Kiev d’acheter des armes américaines financées par les Européens. "On obtient la paix quand on est fort, pas quand on use de grandes phrases ou qu’on fait la leçon. On l’obtient lorsqu’on dispose de capacités réelles et solides que les adversaires respectent", a-t-il déclaré.
Les ministres de l’Otan veulent aussi mieux répondre aux nouveaux défis lancés par la Russie et ses drones. "Comment faire en sorte que nous puissions faire encore plus pour protéger l’Otan contre ces nouveaux développements", a expliqué mercredi son secrétaire général Mark Rutte. L’intrusion d’une vingtaine de drones russes en septembre dans l’espace aérien polonais avait contraint l’Otan à en abattre trois, une première depuis sa création en 1949. Quelques jours plus tard, les chasseurs de l’Otan avaient escorté trois MiG russes hors du ciel estonien, après une intrusion ayant duré 12 minutes, un record.
L’armée suédoise dit suivre un sous-marin russe en mer Baltique
L’armée suédoise a annoncé mercredi qu’elle suivait un sous-marin russe entré dans la mer Baltique la veille, évoquant une "opération de routine" en collaboration avec ses alliés militaires. "Un sous-marin russe est entré dans la mer Baltique hier par le Grand Belt", un détroit danois, a déclaré l’armée dans un communiqué. "Les avions de chasse et navires de guerre des forces armées ont retrouvé le sous-marin dans le Kattegatt (détroit entre le Danemark et la Suède) et le suivent désormais", selon la même source.
Les tensions en mer Baltique ont nettement augmenté depuis l’invasion de l’Ukraine lancée par la Russie en février 2022. Le Premier ministre suédois Ulf Kristersson avait estimé en janvier que la Suède n’était "pas en guerre, mais il n’y a pas non plus la paix". Le pays a mis fin à deux siècles de neutralité militaire en rejoignant l’Otan en 2024.
"S’il ne gagne pas, nous partons !" a prévenu Donald Trump mardi 14 octobre, en référence au président argentin Javier Milei. Comprendre dans cette menace : les Etats-Unis couperont les vivres à l’Argentine si leur allié, le président ultralibéral Javier Milei, essuyait un revers lors des élections législatives à la fin du mois.
"Je soutiens cet homme parce que sa philosophie est la bonne", a renchéri le président américain pendant une visite de son homologue argentin à la Maison-Blanche mardi. "Je pense qu’il va gagner" lors du 26 octobre en Argentine a-t-il ajouté dans un vœu pieux, expliquant à qui n’aurait pas compris que les soutiens américains sont "d’une certaine manière liés à qui remporte l’élection".
Les Etats-Unis sauvent le peso argentin
Le message est on ne peut plus clair, alors que les Etats-Unis viennent de donner une bouffée d’oxygène à la troisième économie d’Amérique latine, malmenée sur les marchés financiers. Le Trésor américain a annoncé jeudi 9 octobre un échange bilatéral de devises, dit "swap", pour 20 milliards de dollars, et une intervention directe sur le marché des changes pour soutenir le peso. Javier Milei a vivement remercié le ministre des Finances Scott Bessent pour "l’immense travail" qu’il a effectué afin d’aider l’Argentine à "surmonter un problème de liquidité".
L’annonce américaine est intervenue alors même que les Etats-Unis commencent à sentir les effets d’une paralysie budgétaire qui entre dans sa troisième semaine, en raison d’un blocage parlementaire qui ne semble pas près de se dénouer. Elle contraste avec la décision du gouvernement Trump de tailler massivement dans l’aide internationale au nom de la doctrine "America First". Cette approche diplomatique s’avère toutefois compatible avec le soutien de gouvernements étrangers jugés idéologiquement proches de Donald Trump.
La "menace du socialisme"
Le soutien américain intervient à un moment critique pour le dirigeant argentin. Le 26 octobre, il fera face à des élections législatives de mi-mandat indécises, qui vont déterminer sa marge de manœuvre parlementaire et sa capacité à gouverner pour ses deux ans restants de présidence. L’incertitude liée au scrutin - et au maintien ou non du cap d’austérité de Javier Milei - avait mis l’économie argentine à la merci de turbulences financières ces dernières semaines. Selon lui, son pays est victime "d’attaques politiques par nos opposants, qui ne veulent pas que l’Argentine embrasse à nouveau les idées de la liberté", a déclaré Javier Milei mardi à la Maison-Blanche.
Au-delà de l’Argentine, le président américain s’est félicité de voir un certain nombre de pays d’Amérique latine se rapprocher des Etats-Unis. "Il y a tellement de pays qui viennent vers nous", s’est-il réjoui. Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a abondé en évoquant "8 ou 9, 10 pays, l’Argentine en tête, qui se sont alignés sur les Etats-Unis sur un sujet après l’autre lors d’événements internationaux". Il a mentionné spécifiquement le Costa Rica et le Salvador.
Le ministre, qui participait à la réunion avec le président argentin, a jugé que "l’une des évolutions les plus prometteuses" selon lui était la tenue dimanche d’une élection présidentielle en Bolivie. Elle verra s’affronter deux candidats de droite, après 20 ans de gouvernements de gauche dans le pays. Javier Milei a de son côté "félicité Donald Trump d’avoir compris la menace que représente le socialisme au XXIe siècle, dans le monde entier et particulièrement en Amérique latine".
Le Hamas a remis mardi soir à la Croix-Rouge quatre nouvelles dépouilles, après que Donald Trump a exhorté le mouvement islamiste à restituer les corps des otages décédés à Gaza, une étape qu’il juge nécessaire pour passer à la prochaine phase de son plan pour le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre. Le président américain a par ailleurs affirmé que Washington désarmerait le Hamas s’il ne le faisait pas lui-même : "Cela se passera vite et peut-être violemment", a-t-il menacé devant la presse à la Maison-Blanche. Pour l’heure, le mouvement palestinien a profité du retrait israélien pour étendre sa présence dans la bande de Gaza en ruines, menant une campagne de répression et exécutant des "collaborateurs" présumés.
Les infos à retenir
⇒ La quatrième dépouille rendue mardi par le Hamas n'est pas celle d'un otage, dit Israël
⇒ L'ONU demande à Israël d'ouvrir "immédiatement" tous les accès de Gaza à l'aide humanitaire
⇒ L'Autorité palestinienne en campagne en Europe pour la reconnaissance de l'Etat palestinien
La France condamne les "exécutions sommaires" par le Hamas
La France "condamne fermement les exécutions sommaires perpétrées ces derniers jours à Gaza par le Hamas", selon le ministère des Affaires étrangères, après la publication par le mouvement islamiste de mises à mort de personnes présentées comme des collaborateurs d'Israël.
Quelques heures plus tôt, un haut responsable américain pour le Moyen-Orient (Centcom) avait demander "instamment au Hamas de cesser de tirer sur les civils palestiniens innocents à Gaza".
L'ONU demande à Israël d'ouvrir "immédiatement" tous les accès de Gaza à l'aide humanitaire
Israël doit ouvrir "immédiatement" les accès de la bande de Gaza à l'aide humanitaire, a déclaré mercredi le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, dans un entretien à l'AFP.
"Nous voulons que cela se fasse maintenant, dans le cadre de l'accord" de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas palestinien, a-t-il dit. Tom Fletcher doit se rendre jeudi au poste de Rafah, du côté égyptien de la frontière avec la bande de Gaza, fermé depuis plusieurs mois.
Un haut responsable de l'armée américaine appelle le Hamas à "cesser de tirer sur les civils palestiniens"
Un haut responsable américain pour le Moyen-Orient (Centcom) a appelé mercredi le Hamas "à cesser de tirer sur les civils palestiniens" après la publication par le mouvement islamiste palestinien d'une vidéo montrant des exécutions sommaires de "collaborateurs" présumés.
"Nous demandons instamment au Hamas de cesser de tirer sur les civils palestiniens innocents à Gaza", a déclaré sur X Brad Cooper, le chef du Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient. "C'est une opportunité historique pour la paix. Le Hamas doit saisir cette occasion en se retirant, en respectant de manière stricte le plan de paix en 20 points du président Trump, et en se désarmant sans délai", a-t-il ajouté.
"Nous avons fait part de nos préoccupations aux médiateurs qui ont accepté de travailler avec nous pour faire respecter la paix et protéger les civils innocents à Gaza", a-t-il continué.
Israël a rendu à Gaza les dépouilles de 45 personnes supplémentaires
Israël a rendu mercredi les restes de 45 personnes aux autorités de la bande de Gaza, a indiqué le ministère de la Santé du territoire palestinien, confirmant la poursuite du processus d'échange de dépouilles dans le cadre du cessez-le-feu en vigueur entre Isrël et le Hamas.
"Le ministère de la Santé annonce la réception de 45 corps de martyrs restitués aujourd'hui par l'occupation israélienne et la Croix-Rouge, portant le nombre total de corps reçus à 90", indique un communiqué de ce ministère placé sous l'autorité du mouvement islamiste palestinien.
Les corps sont arrivés à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud de la bande de Gaza), a indiqué l'établissement. Ils ont été rendus en échange de la remise par le Hamas la veille de trois nouvelles dépouilles d'otages israéliens dont les autorités ont confirmé l'identité dans la matinée.
La quatrième dépouille rendue mardi par le Hamas n'est pas celle d'un otage, dit Israël
L'armée israélienne a annoncé mercredi que la quatrième dépouille remise la veille au soir par le Hamas n'était pas celle d'un des otages de Gaza. "Une fois achevés les examens menés par l'Institut national médico-légal", il ressort que "le quatrième corps remis à Israël par le Hamas ne correspond à aucun des otages", indique un communiqué de l'armée.
Les trois autres dépouilles avaient plus tôt été identifiées comme celles d’otages israéliens, avaient indiqué ce mercredi matin les familles d’Ouriel Baruch, Eitan Levy et Tamir Nimrodi, après que le Hamas avait rendu mardi soir quatre corps supplémentaires, au lendemain du retour en Israël des 20 derniers otages vivants retenus à Gaza et de quatre premières dépouilles.
En vertu de l'accord d'échange auquel ont souscrit Israël et le Hamas dans le cadre de la trêve parrainée par le président américain Donald Trump, le mouvement islamiste palestinien s'est engagé à rendre tous les otages encore détenus dans la bande de Gaza dans les 72 heures après l’entrée en vigueur de la trêve, c’est-à-dire avant 11h00 ce mercredi. Mais le mouvement islamiste palestinien avait prévenu qu’il pourrait avoir du mal à tenir les délais pour des questions logistiques après plus de deux ans d’une guerre ayant dévasté la bande de Gaza. "Le travail N’EST PAS FINI. LES MORTS N’ONT PAS ETE REMIS COMME PROMIS !", a lancé Donald Trump sur Truth Social mardi, au lendemain d’un déplacement en Israël et en Egypte lors duquel il avait annoncé, sur un ton triomphaliste, que la "paix" régnait désormais au Moyen-Orient.
Israël va rouvrir le passage de Rafah à l’aide humanitaire
Israël va autoriser ce mercredi la réouverture du point de passage de Rafah entre l’Egypte et Gaza pour permettre le transit d’aide humanitaire, rapporte la radio-télévision publique israélienne KAN. Avec cette réouverture, "600 camions d’aide humanitaire vont être acheminés (mercredi) dans la bande de Gaza par l'ONU, des organisations internationales agréées, le secteur privé et les pays donateurs", indique le média sur son site internet sans citer de sources.
Cette mesure est réclamée à cor et à cri par l'ONU et les grandes ONG d’aide alors que la bande de Gaza fait face à une crise humanitaire épouvantable plus de deux ans après le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur Israël. Fin août, les Nations unies ont déclaré des zones de famine dans le petit territoire côtier, ce que conteste Israël.
KAN précise que la réouverture de Rafah au passage de l’aide, décidée par "l’échelon politique", fait suite à la remise par le Hamas de quatre nouvelles dépouilles d’otages mardi soir dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu avec Israël parrainé par le président américain Donald Trump.
L'Autorité palestinienne en campagne en Europe pour la reconnaissance de l'Etat palestinien
Des représentants de l'Autorité palestinienne vont se rendre dans plusieurs pays européens pour obtenir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, a indiqué mercredi un envoyé spécial palestinien après sa rencontre avec le chef de la diplomatie suisse.
Lors d'un point de presse au siège des Nations unies à Genève, l'émissaire du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, Mohammed Shtayyeh, ancien Premier ministre, a indiqué avoir prévu de se rendre ensuite aux Pays-Bas et en Autriche dans le même objectif. "Une autre délégation se rendra dans les Etats baltes" et "notre président, espérons-le, ira en Italie et en Allemagne", a-t-il indiqué, expliquant que l'objectif est que ces pays rejoignent le camp de ceux qui ont reconnu un Etat palestinien.
En Suisse, une coalition de la société civile, d'ONG et de politiciens, a officiellement lancé mardi une initiative populaire dans le but d'inscrire la reconnaissance de "la Palestine comme Etat souverain et indépendant" dans la Constitution fédérale. Elle a 18 mois pour récolter 100 000 signatures. Ce n'est qu'après que la population suisse pourra se prononcer lors d'un vote, dont le résultat est contraignant pour les autorités. Pour être validé, le vote doit obtenir la majorité des votants et la majorité des 26 cantons du pays.
Benyamin Netanyahou au tribunal pour une nouvelle audience dans son procès pour corruption
Au surlendemain de la libération des otages retenus à Gaza, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, est arrivé mercredi au tribunal à Tel-Aviv pour une nouvelle audience dans son procès au long cours pour corruption ouvert en mai 2020. Le Premier ministre s'est présenté souriant, costume noir et cravate rouge, entouré de plusieurs ministres hués par une poignée de manifestants à leur arrivée au tribunal.
Lundi, le président américain Donald Trump avait suggéré devant le Parlement israélien qu'une grâce soit accordée à Benyamin Netanyahou, poursuivi pour corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires distinctes. Le Premier ministre et son épouse sont accusés d'avoir accepté des produits de luxe d'une valeur de plus de 260 000 dollars, tels que cigares, bijoux et champagne, de la part de milliardaires, en échange de faveurs politiques. Dans deux autres affaires, Benyamin Netanyahou est accusé d'avoir tenté de négocier une couverture plus favorable dans deux médias israéliens.
Au cours du procès, qui a été reporté à plusieurs reprises depuis son ouverture en mai 2020, et avant même son ouverture, le dirigeant israélien a toujours nié avoir commis le moindre acte répréhensible, assurant être victime d'une cabale politique pour l'écarter du pouvoir.
Handicap International alerte sur les risques "énormes" liés aux munitions non explosées à Gaza
Les risques liés aux munitions non explosées à Gaza sont "énormes" pour les déplacés qui retournent chez eux à la faveur de la trêve, a alerté mardi Handicap International qui, comme l'ONU, plaide pour l’entrée du matériel nécessaire pour déminer. "On estime qu’environ 70 000 tonnes d’explosifs sont tombées sur Gaza" depuis le début de la guerre déclenchée par l’attaque sur Israël du Hamas le 7 octobre 2023, résume Anne-Claire Yaeesh, directrice pour les Territoires palestiniens de cette ONG spécialisée dans la lutte contre le déminage et l’aide aux victimes des mines antipersonnel. "Les couches de gravats et les niveaux d’accumulations sont très importants", dit-elle, et "on est sur des risques plus plus", dans un terrain "extrêmement complexe" du fait d’un espace "restreint" dans des zones urbaines très denses.
En janvier, le service de la lutte antimines de l'ONU (UNMAS) estimait que "5 à 10 %" des munitions tirées sur Gaza n’avaient pas explosé. Depuis lors, les combats se sont poursuivis, et l’armée israélienne a notamment lancé une opération d’envergure mi-septembre sur la ville de Gaza, avant le cessez-le-feu.
La justice iranienne a condamné mardi 14 octobre deux ressortissants français, dont l’identité n’a pas été révélée, à de lourdes peines de prison pour "espionnage" au profit de la France et d’Israël. Téhéran affirme pourtant travailler avec Paris ces derniers jours à un échange de "prisonniers".
Interrogé par l’AFP sur cette condamnation pour savoir s’il s’agissait de Cécile Kohler et de Jacques Paris ou de deux autres ressortissants, le ministère français des Affaires étrangères s’est refusé à tout commentaire. Deux sources informées du dossier ont toutefois indiqué à l’AFP qu'"il s’agit bien de Cécile Kohler et Jacques Paris".
Dix-sept ans de prison et vingt ans "d’exil"
"Le verdict en première instance dans l’affaire des deux prévenus français accusés d’espionnage et arrêtés le 9 mars 2023 a été rendu", a déclaré Mizan, l’agence du pouvoir judiciaire, sans préciser leurs noms. Selon Mizan, l’un a été condamné à six ans de prison pour espionnage pour la France, cinq ans pour "association en vue de commettre un crime contre la sécurité nationale" et vingt ans "d’exil" pour coopération avec Israël, ennemi juré du pouvoir iranien. Le second a écopé de dix ans pour espionnage, cinq ans pour association et dix-sept ans pour collaboration avec Israël.
Conformément à la règle de cumul des peines en vigueur en Iran, seul le verdict le plus lourd sera appliqué. La signification exacte du terme "exil" n’était pas immédiatement claire, mais dans des affaires similaires, les autorités iraniennes ont envoyé les condamnés dans des villes ou villages isolés, loin des grands centres urbains. Le verdict peut aussi faire l’objet d’un appel devant la Cour suprême dans les 20 jours, a précisé Mizan.
Un échange de prisonniers prévu avec l’Iran
Cécile Kohler et de Jacques Paris sont accusés d’espionnage pour le compte d’Israël, et leurs familles ont décrit leur situation comme de plus en plus désespérée. Paris considère qu’ils sont "retenus comme otages d’Etat" en Iran.
Le 12 septembre, le chef de la diplomatie iranienne annonçait qu’un accord visant à échanger des prisonniers français en Iran contre une femme iranienne détenue en France approchait de sa "phase finale". L’échange proposé concerne Mahdieh Esfandiari, une Iranienne arrêtée en France en février pour avoir fait l’apologie du terrorisme sur les réseaux sociaux. Téhéran estime qu’elle est injustement détenue.
Entre 2023 et 2025, au moins cinq Français ont été libérés, après des mois ou des années de détention en Iran. Jeudi dernier, Lennart Monterlos, un jeune Franco-Allemand arrêté en juin et accusé "d’espionnage", a pu regagner la France, après l’annonce de son "acquittement".
Une banderole représentant les Français Cécile Kholer et Jacques Paris détenus en Iran, lors d'un rassemblement pour leur libération, devant la mairie de Bayonne, le 7 mai 2025.
Depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu vendredi, "plus d'un demi millions de personnes sont retournées à Gaza-ville en provenance du sud, et les [retours] continuent", a indiqué mardi Mohammed al-Moughayir un responsable de la Défense civile. A Genève, l'ONU et le Comité international de la Croix-Rouge ont réclamé mardi l'ouverture de tous les points de passage pour permettre d'acheminer davantage d'aide humanitaire dans le territoire aux infrastructures, notamment le réseau crucial de distribution d'eau, largement détruites. Pendant ce temps, le Hamas a accusé Israël d'avoir rompu la trêve en ouvrant le feu mardi. L'armée a déclaré n'avoir tiré que lorsque des "suspects" se sont approchés de la ligne au-delà de laquelle l'armée s'est repliée.
Les infos à retenir
⇒ Donald Trump dit que les Etats-Unis sont prêts à désarmer le Hamas par la force
⇒ La Croix-Rouge est en route pour récupérer plusieurs dépouilles d'otages
⇒ La télévision du Hamas diffuse une vidéo d'exécution sommaire de "collaborateurs" d'Israël
Donald Trump dit que les Etats-Unis sont prêts à désarmer le Hamas par la force
"S'ils ne se désarment pas eux-mêmes, nous les désarmerons", a déclaré le président américain Donald Trump mardi à propos du Hamas. "Cela se passera vite et peut-être violemment", a-t-il encore dit devant la presse à la Maison-Blanche.
Le dirigeant républicain n'a pas donné plus de précisions sur la forme que prendrait une telle opération de désarmement, ni sur le délai qu'il donnait au mouvement islamiste palestinien, parlant seulement d'une durée "raisonnable". Donald Trump avait déjà exhorté ce mardi le Hamas à restituer les corps des otages décédés à Gaza, une étape qu'il juge nécessaire pour passer à la prochaine phase de son plan pour le territoire palestinien.
La Croix-Rouge est en route pour récupérer plusieurs dépouilles d'otages
L'armée israélienne a indiqué mardi soir que la Croix-Rouge était en route vers la bande de Gaza pour récupérer plusieurs dépouilles d'otages encore retenues par le mouvement islamiste palestinien Hamas. "La Croix-Rouge se rend actuellement au point de rencontre situé dans le nord de la bande de Gaza, où plusieurs cercueils contenant les dépouilles des otages décédés lui seront remis", indique l'armée dans un communiqué.
Le Hamas a libéré lundi 20 otages vivants enlevés lors de l'attaque du 7 octobre 2023 et restitué les dépouilles de quatre autres. Il détient encore en otages les dépouilles de 24 Israéliens.
Benyamin Netanyahou espère du nouveau dans "les prochaines heures"
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a dit mardi soir espérer un développement positif "dans les prochaines heures" à propos du retour en Israël de nouvelles dépouilles d'otages retenues à Gaza.
"Je crois que [...] nous recevrons bientôt des nouvelles, espérons-le dans les prochaines heures, concernant le retour d'autres otages tombés", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par son bureau. "Nous sommes déterminés à ramener tout le monde", a-t-il ajouté.
La télévision du Hamas diffuse une vidéo d'exécution sommaire de "collaborateurs" d'Israël
La télévision du Hamas a publié une vidéo montrant ce qu'elle présente comme l'exécution de huit hommes "collaborateurs" d'Israël en pleine rue à Gaza-ville après le retrait de l'armée israélienne dans le cadre du cessez-le-feu parrainé par les Etats-Unis.
La vidéo, dont l'AFP n'est pas en mesure de déterminer dans l'immédiat l'authenticité, la date de tournage ou le lieu, a été publiée lundi soir sur le canal Telegram d'Al-Aqsa TV accompagnée de cette légende : "La résistance exécute la peine de mort contre un certain nombre de collaborateurs et de hors-la-loi dans la ville de Gaza." On y voit huit hommes les mains liées dans le dos et les yeux ou la tête bandés, se faire traîner sur une place, être mis à genoux, et alignés avant de se faire abattre, chacun d'une rafale par des hommes armés postés derrière eux.
Donald Trump demande le retour des corps des otages décédés à Gaza, "le travail n'est pas terminé" dit-il
Donald Trump a exhorté mardi le Hamas à restituer les corps des otages décédés à Gaza, une étape qu'il juge nécessaire pour passer à la prochaine phase de son plan pour le territoire palestinien.
"Un grand fardeau a été levé, mais le travail N'EST PAS FINI. LES MORTS N'ONT PAS ETE REMIS COMME PROMIS !", a lancé le président américain sur sa plateforme Truth Social, au lendemain de son déplacement en Israël et en Egypte.
Les restes de l'otage Daniel Peretz restitués lundi ont été identifiés
La principale association israélienne militant pour la libération des otages retenus à Gaza a divulgué mardi soir l'identité de la quatrième personne dont les restes ont été restitués la veille par le Hamas, indiquant qu'il s'agissait de Daniel Peretz.
Israël avait annoncé mardi avoir identifié les quatre dépouilles d'otages rendues lundi par le Hamas comme étant celles de trois Israéliens et d'un étudiant népalais, tous enlevés le 7 Octobre 2023. Le Forum des familles précise mardi soir que Daniel Peretz est l'un des quatre. Originaire de Yad Binyamin, dans le centre du pays, le capitaine, âgé de 22 ans, a été tué dans l'attaque de son char le 7-Octobre.
Les restes de l'otage Yossi Sharabi restitués lundi ont été identifiés
La principale organisation israélienne militant pour la libération des otages retenus à Gaza a annoncé mardi soir que les restes de l'otage Yossi Sharab, avaient été identifiés parmi les dépouilles restituées la veille par le Hamas. "Le Forum des familles des otages et des disparus soutient la famille de Yossi Sharabi en cette période difficile, après le retour hier de leur être cher (...) en Israël pour y être inhumé dignement", a déclaré l'organisation dans un communiqué.
Yossi Sharabi, a été tué dans un bombardement de l'armée israélienne sur le bâtiment où il était détenu avec deux autres otages. Israël a annoncé mardi avoir identifié les quatre dépouilles d'otages rendues lundi par le Hamas comme étant celles de trois Israéliens et d'un étudiant népalais, tous enlevés le 7 Octobre 2023.
La Défense civile de Gaza annonce six morts, Israël dit avoir tiré sur des suspects
La Défense civile de Gaza a annoncé mardi 14 octobre la mort de six personnes dans des tirs israéliens lors de deux incidents dans la bande de Gaza pour lesquels l'armée israélienne a dit avoir ouvert le feu sur des suspects s'approchant de ses forces.
Au cinquième jour du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, des drones israéliens "ont ouvert le feu sur des civils inspectant leurs maisons à Choujaïya", quartier de l'est de la ville de Gaza, faisant cinq morts, a déclaré à l'AFP Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste palestinien.
Dans un communiqué, l'armée israélienne a déclaré de son côté que ses unités avaient ouvert le feu après avoir identifié "plusieurs suspects" s'approchant de ses troupes après avoir franchi la "ligne jaune", référence à la ligne de repli des forces israéliennes à l'intérieur de la bande de Gaza convenue dans le cadre du cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre sous l'égide des Etats-Unis. "Les suspects n'ont pas obéi et ont continué à s'approcher des troupes, qui ont ouvert le feu pour éliminer la menace", a ajouté l'armée israélienne.
Les dépouilles de 45 Palestiniens remis par Israël sont arrivés à Gaza
Les dépouilles de 45 Palestiniens remis par Israël dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu avec le Hamas sont arrivés à Khan Younès, a annoncé mardi après-midi l’hôpital Nasser de cette grande ville du sud de la bande de Gaza. "Les restes de 45 martyrs sont arrivés à l’hôpital par l’intermédiaire de la Croix-Rouge après avoir été relâchés par [Israël] dans le cadre de l’accord d’échange", indique le centre médical dans un bref communiqué.
En vertu de l’accord d’échange auquel ont souscrit Israël et le Hamas dans le cadre de la trêve favorisée par le président américain Donald Trump, Israël doit restituer les restes de 15 Palestiniens de Gaza décédés pour chaque dépouille d’otage rendue.
L'ONU et la Croix-Rouge demandent l’ouverture de tous les points de passage
L'ONU et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ont réclamé l’ouverture de tous les points de passage de la bande de Gaza pour permettre d’acheminer davantage d’aide humanitaire, suite à l’entrée en vigueur du cessez-le-feu.
"A ma connaissance, tous les points de passage de Gaza ne sont pas ouverts à l’aide humanitaire. C’est le principal problème actuellement, et c’est ce que les humanitaires, y compris le CICR, ont réclamé au cours de ces dernières heures", a déclaré un porte-parole de Croix-Rouge la, Christian Cardon, lors d’un point de presse à Genève. Cette ouverture doit être effective "de toute urgence", a-t-il insisté.
"Nous demandons que les tous points de passage soient ouverts", a insisté à ses côtés un porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires (Ocha) de l'ONU, Jens Laerke. Il a également demandé que les points de passage qui avaient été détruits par la guerre soient réparés et ouverts.
Le porte-parole d’Ocha a appelé de ses vœux une montée en puissance de l’aide acheminée à Gaza, mais souligné que cela ne dépendait pas des humanitaires. "Nous disposons dans la région de 190 000 tonnes prêtes à être envoyées", notamment en Jordanie et en Egypte, a relevé Jens Laerke.
Des experts partenaires de l'ONU ont confirmé en août qu’une famine était en cours dans une partie du territoire. Israël conteste et a accusé le Hamas de piller l’aide acheminée sur place.
Les responsables du "génocide" à Gaza doivent être jugés, estime Pedro Sánchez
Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a affirmé mardi que "la paix ne peut pas signifier l’oubli, elle ne peut pas signifier l’impunité", dans une interview accordée mardi à la radio espagnole Cadena Ser. Et le leader socialiste d’abonder : "les personnes qui ont été les acteurs principaux du génocide qui a été perpétré à Gaza […] devront répondre devant la justice et il ne peut donc pas y avoir d’impunité", interrogé sur l’opportunité de poursuites judiciaires pour son homologue israélien Benjamin Netanyahu.
L’Espagne, une des voix européennes les plus critiques envers les actions israéliennes à Gaza, avait déjà annoncé en septembre que le parquet espagnol enquêterait sur les "graves violations" des droits de l’homme commises dans la bande de Gaza afin de coopérer avec la Cour Pénale Internationale (CPI).
Pedro Sánchez, qui a assisté au sommet sur Gaza lundi en Égypte, a par ailleurs affirmé que l’embargo sur les armes en provenance et à destination d’Israël, adopté la semaine dernière par les députés espagnols, restait en vigueur "jusqu’à ce que tout ce processus se consolide et s’oriente définitivement vers une paix". Le Premier ministre socialiste, a également ouvert la porte à la participation de l’Espagne à une éventuelle mission pour garantir la paix à Gaza.
L’armée israélienne annonce que les quatre dépouilles d’otages rendues lundi ont été identifiées
"A l’issue du processus d’identification [des quatre dépouilles] par l’Institut national de médecine légale, les représentants de l’armée ont informé les familles de Guy Illouz, Bipin Joshi, et de deux autres otages décédés, dont les noms n’ont pas encore été autorisés à être publiés par leurs familles, que leurs proches ont été ramenés pour être enterrés", indique un communiqué militaire.
Guy Illouz avait été enlevé au festival de musique Nova, théâtre du plus grand massacre (plus de 370 morts) perpétré par les commandos du Hamas le 7 octobre 2023. Etudiant en agriculture, Bipin Joshi avait été enlevé au kibboutz Aloumim.
"Malgré le chagrin […] le retour de Guy et Bipin […] ainsi que celui de deux autres otages décédés apporte un certain réconfort aux familles qui ont vécu dans l’incertitude et le doute pendant plus de deux ans", a indiqué dans un communiqué le Forum des familles d’otages, principale organisation israélienne militant pour la libération des otages retenus à Gaza.
"Je déciderai de ce que je crois juste", pour l’avenir du Proche-Orient, déclare Donald Trump
"Beaucoup de gens sont favorables à la solution à un Etat, d’autres à celle à deux Etats. Il faudra voir", a déclaré le chef d’Etat Américain dans l’avion le ramenant à Washington après un sommet en Egypte censé consolider le cessez-le-feu obtenu entre Israël et le Hamas.
"Je déciderai de ce que je crois juste, mais ce sera en coordination avec d’autres nations", a-t-il ajouté. Tout en repoussant le dossier à plus tard. "Je ne parle pas d’un seul Etat, de double Etat ou de deux Etats. Nous parlons de la reconstruction de Gaza".
Le président américain Donald Trump fait une déclaraiton à la presse avant d'embarquer à bord de Marine One, sur la pelouse sud de la Maison Blanche, le 5 octobre 2025 à Washington
Show must go on. Accueilli en héros à la tribune du Parlement israélien, lundi 13 octobre, après la libération des vingt derniers otages du Hamas dans le cadre d’un accord qu’il a contribué à négocier, Donald Trump a de nouveau créé la surprise. Face au président israélien Isaac Herzog, dont la fonction est essentiellement cérémonielle, l’ancien chef d’Etat américain a lancé avec un sourire : "Hé, j’ai une idée. Monsieur le Président, pourquoi ne pas lui donner une grâce ?" en désignant Benyamin Netanyahou, qu’il a décrit comme "l’un des plus grands dirigeants en temps de guerre". Le Premier ministre israélien, visé par un mandat d’arrêt international de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Gaza, est également jugé depuis 2020 dans son pays pour corruption, fraude et abus de confiance.
La remarque a déclenché des applaudissements nourris dans les rangs du Likoud, tandis que les députés partisans de Netanyahou scandaient "Bibi ! Bibi !". Comme le rapporte le média en ligne américain Politico, "cela provoquerait bel et bien une controverse majeure en Israël si Herzog tentait une telle chose — l’appel public de Donald Trump a choqué de nombreux Israéliens plus attachés aux usages institutionnels".
L’hypothèse est-elle plausible ? Plongeons-nous d’abord dans les charges retenues contre le chef de l’Etat d’Israël. Dans trois dossiers distincts, Benyamin Netanyahou est accusé d’avoir reçu des cadeaux de luxe — cigares, champagne, bijoux et vêtements —, d’avoir entravé des enquêtes judiciaires et d’avoir exigé une couverture médiatique favorable de la part de deux grands médias nationaux. Il nie en bloc les accusations. "Des cigares et du champagne, qui s’en soucie ?" a plaisanté Donald Trump devant la Knesset lundi 13 octobre. "Bon, assez de controverse pour aujourd’hui — je ne pense pas que ce soit si controversé", a-t-il ajouté.
La grâce perçue comme une atteinte à l’Etat de droit
Ces derniers jours dans la presse israélienne, plusieurs juristes estiment qu’une grâce à ce stade du procès serait quasi impossible. L’unique précédent d’une grâce préventive remonte à 1986, dans l’affaire Barzilai contre le gouvernement d’Israël, lorsque Chaim Herzog, père de l’actuel président, avait gracié le chef du Shin Bet pour avoir couvert l’exécution de deux militants palestiniens responsables d’un détournement de bus. La Cour suprême avait alors confirmé qu’un pardon pouvait être accordé avant toute inculpation, mais uniquement dans des circonstances exceptionnelles, comme dans ce cas : le motif de la sécurité nationale.
Pour Suzie Navot, spécialiste de droit constitutionnel à l’Israel Democracy Institute, qui s’exprime auprès du New York Times, ce précédent est "difficile à appliquer" au cas de Benyamin Netanyahou, dont les accusations concernent sa conduite personnelle et en rien une question de sécurité nationale. Israël a déjà condamné plusieurs hauts responsables par le passé, dont Ehud Olmert, ancien Premier ministre, et Moshe Katsav, ex-président reconnu coupable de viol en 2010. "Il n’existe qu’un seul type de citoyens en Israël — et tous sont égaux aux yeux de la loi", avait alors rappelé son successeur Shimon Peres. Une grâce de Benyamin Netanyahou à ce stade pourrait donc être perçue comme une atteinte à l’Etat de droit.
Le procès de Benyamin Netanyahou, plusieurs fois retardé, a vu le Premier ministre témoigner pour la première fois en décembre 2024. "Je suis choqué par l’ampleur de cette absurdité", avait-il déclaré, ajoutant : "Je dirige un pays, je dirige une guerre. Je ne m’occupe pas de mon avenir, mais de celui de l’Etat d’Israël". Depuis, il continue de demander des reports, invoquant ses responsabilités gouvernementales et diplomatiques.
Donald Trump tente de peser de tout son poids
Donald Trump, qui entretient une relation de longue date avec le Premier ministre israélien, n’en démord pas. En juin dernier, il dénonçait déjà sur les réseaux sociaux un procès qui, selon lui, "empêche les négociations pour mettre fin à la guerre avec le Hamas", lançant : "LET BIBI GO, HE’S GOT A BIG JOB TO DO !". Le président américain compare souvent les accusations visant le Premier ministre israélien à celles qu’il affronte aux Etats-Unis, qualifiant les deux affaires de chasses aux sorcières politiques. Cette fois, son appel a eu un retentissement particulier : il a été prononcé au moment historique d’un accord de paix au Moyen-Orient, depuis la tribune de la Knesset.
Mais il a immédiatement suscité une vive réaction de la part des opposants à Netanyahou. "Il n’y a aucune raison de gracier Bibi", a déclaré Ehud Olmert, ancien Premier ministre israélien, à Politico. "Si Herzog tentait de le gracier sans confession, ce serait un scandale monumental — et cela serait probablement annulé par la Cour suprême", a-t-il estimé. Un haut responsable centriste cité par Politico abonde : "Le président ne peut pas gracier un Premier ministre sans reconnaissance de culpabilité ni remords. Ce n’est pas légalement possible". Malgré son influence accrue et à son plus grand regret, impossible donc pour Donald Trump d’intervenir dans le système judiciaire israélien.
En plus des accusations qui pèsent sur lui au niveau national, le Premier ministre israélien fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par la Cour pénale internationale, poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité dans le contexte de la guerre à Gaza. Les accusations comprennent : l’usage de la famine comme méthode de guerre, la direction intentionnelle d’attaques contre la population civile, le meurtre, la persécution et d’autres actes inhumains, pour la période allant du 8 octobre 2023 jusqu’au 20 mai 2024.
Comment résorber le trou que va laisser la génération des baby-boomers dans le marché du travail une fois partie en retraite ? Le gouvernement allemand s’apprête à approuver un plan pour inciter les seniors à travailler plus longtemps, dans un pays où les retraités représentent désormais un quart de la population. Mercredi 15 octobre, le cabinet du chancelier Friedrich Merz devrait finaliser les détails de la "retraite active", qui permettra d’exonérer d’impôts jusqu’à 2 000 euros les salaires perçus au-delà de l’âge légal de départ à la retraite. Il est actuellement de 66 ans et sera porté à 67 ans progressivement d’ici 2031.
Concrètement, une personne ayant atteint l’âge de la retraite et travaillant encore pourra gagner jusqu’à 2 000 euros mensuels défiscalisés. Cela ne concerne pas les entrepreneurs, travailleurs indépendants et les indépendants du secteur de l’agriculture, précise la ZDF. La réforme, poussée par la CDU ces deux dernières années, entrerait en vigueur au 1er janvier 2026 et concerne "ceux qui en sont capables et qui le souhaitent", a précisé Friedrich Merz.
Un actif sur trois à la retraite en 2039
Selon l’office fédéral des statistiques, 13,4 millions d’Allemands auront atteint l’âge de la retraite d’ici 2039, soit un membre sur trois de la population active. Ce départ en masse de travailleurs ne sera pas comblé par l’arrivée de jeunes Allemands, note un projet de texte relayé par le Financial Times, qui conclue que "le marché allemand du travail fait face à des défis structurels en raison d’un changement démographique". Ce qui vient aggraver le déficit déjà chronique de main-d’œuvre qualifiée dans le pays. Le système de cotisation et donc de financement des retraites est également mis à mal.
En proposant aux personnes en âge de prendre leur retraite de travailler tout en étant exonérés d’impôts, le gouvernement veut rendre le travail des seniors "plus attractif". D’après le Financial Times, qui cite le projet de texte, ce cadeau fiscal permettra de "conserver plus longtemps l’expérience et les connaissances des travailleurs au sein des entreprises". Il entraînera également une "augmentation globale du taux d’emploi et contribuera à la croissance économique et à des recettes publiques plus élevées".
Un cadeau fiscal à 2,5 milliards d’euros
Selon la ZDF, le gouvernement n’a pas donné d’estimation quant au nombre d’Allemands qui pourrait en bénéficier. Mais la chaîne publique, qui cite un rapport préliminaire du parti social-démocrate (SPD), rappelle que le manque à gagner de cette mesure devrait coûter 890 millions d’euros par an d’ici 2030 à l’Etat, aux Länder et aux collectivités locales, soit 3,5 milliards d’euros en tout.
Cechangement est voulu par Friedrich Merz dans le cadre d’un ensemble plus vaste de réformes sociales. Le chancelier allemand avait annoncé avant l’été un "automne des réformes", allant des retraites aux allocations chômage. "L’Etat providence tel que nous le connaissons aujourd’hui n’est plus finançable", avait lancé le dirigeant fin août, provoquant des remous sur le budget au sein de sa coalition avec les sociaux-démocrates. "Nous ne voulons pas l’effacer" ni "l’abolir", mais "nous devons le réformer", avait précisé le chancelier. Cet été, la ministre conservatrice de l’Economie Katherina Reiche avait relancé le débat en évoquant un âge légal de départ à 70 ans, suscitant les critiques au sein de son propre parti, la CDU, comme de son partenaire de coalition, le SPD.
Dans un monde déchiré par les guerres et bousculé par la montée des tensions commerciales, la tentation du repli sur soi n’a jamais été aussi forte. Confrontées à la poussée du vote radical et à l’essor de la désinformation, les démocraties libérales sont fragilisées. C’est plus que jamais le moment de donner la parole aux architectes du sursaut, qu’ils soient scientifiques, militaires, experts de la tech, intellectuels ou entrepreneurs. L'Express consacre un numéro exceptionnel aux "Visionnaires".
Une ombre s’étend sur la Géorgie, celle d’une Russie plus menaçante que jamais. A Tbilissi, la démocratie se meurt, mais Salomé Zourabichvili poursuit le combat, porte-étendard d’une société civile qui ne veut pas abdiquer devant un pouvoir qu’elle ne reconnaît pas. Elle l’a encore montré lors des manifestations du 4 octobre, à la suite d’élections locales qu’elle a boycottées. Au moment de quitter le palais Orbeliani, en décembre dernier, elle l’a dit à la foule qui l’acclamait : "Je reste la seule présidente légitime !" Son mandat est arrivé à son terme, mais elle refuse de transmettre le flambeau à son successeur, Mikheïl Kavelachvili, ancien footballeur propulsé à ce poste par des forces politiques à la solde du Kremlin, qui agissent dans un seul but : ramener cette ancienne république socialiste de 3,7 millions d’âmes dans le giron russe.
Pour la première fois depuis l’indépendance, en 1991, un président – fonction honorifique, même s’il est le garant de la Constitution – n’a pas été élu au suffrage universel mais par le Parlement. Or celui-ci n’a aucune validité, car les élections législatives, deux mois plus tôt, ont été "truquées", affirme-t-elle. De fait, une grande partie de la diaspora, soit près de 700 000 personnes, n’a pas pu voter, "tandis qu’à Tbilissi les autorités utilisaient leur identité de façon frauduleuse", confirme Thorniké Gordadzé, ancien ministre géorgien, aujourd’hui chercheur à l’Institut Jacques-Delors.
Résultat, le parti prorusse Rêve géorgien a gagné les élections et placé son candidat fantoche à la présidence. "Il n’y a plus qu’un seul parti à l’Assemblée, qui nomme et contrôle toutes les institutions", s’insurge Salomé Zourabichvili, qui réclame un nouveau scrutin et l’élection d’un président "à la loyale".
Un cri de révolte poussé dans les montagnes du Caucase, dont peu d’échos arrivent jusqu’à nous. Car les Européens, qui ont longtemps soutenu l’émancipation de cette "Italie d’Union soviétique", comme on l’appelait à l’époque du rideau de fer, abandonnent la Géorgie à son funeste sort. Hormis quelques déclarations courroucées, les Vingt-Sept n’ont, jusqu’à présent, pris aucune mesure forte pour soutenir une société de plus en plus corsetée.
Géorgie, victime collatérale de Poutine
Loi cruelle d’une géopolitique qui s’affole, les chancelleries se concentrent sur les dossiers les plus stratégiques, ceux qui menacent leur sécurité à court terme. En premier lieu, la guerre en Ukraine, qu’un Vladimir Poutine jusqu’au-boutiste écrase sous les bombes pour la ramener, elle aussi, dans sa sphère d’influence. La Géorgie est une victime collatérale de cette accélération de l’Histoire. "L’Union européenne est frileuse, alors que ce qui se passe en Géorgie est invraisemblable, accuse Salomé Zourabichvili. Mon pays, qui avait obtenu en décembre 2023 le statut de candidat à l’adhésion de l’UE, s’est aligné sur Moscou d’une façon extrêmement brutale, en abandonnant tous ses principes démocratiques. Les syndicats sont surveillés, les médias, mis au pas, et les ressources financières de la société civile – partis d’opposition, ONG –, placées sous le contrôle de l’Etat. Et le nouveau gouvernement, illégitime, accroît la répression. Plusieurs leaders politiques ont été incarcérés." Et cinq manifestants, arrêtés ce 4 octobre, encourent jusqu’à neuf ans de prison.
Elle-même pourrait connaître ce sort, d’autant qu’elle n’hésite pas à aller à la confrontation avec le pouvoir. En novembre dernier, lors d’une manifestation contre ce qu’elle appelle la "capture d’un Etat par des moyens démocratiques", elle apostrophe des policiers : "Qui servez-vous ? La Géorgie ou la Russie ?"
Servir. Un mot chargé de sens pour cette ancienne diplomate dont le destin a basculé à plusieurs reprises. Née à Paris en 1952, elle découvre, au fil de son enfance, l’histoire familiale qui, souvent, croise celle de la Russie. En 1921, ses grands-parents, qui font partie de l’aristocratie géorgienne, fuient Tbilissi lorsque l’Armée rouge envahit cette jeune république. Car, à Moscou, un homme a décidé de la rattacher de force à l’Union soviétique. Son nom : Joseph Staline, lui-même d’origine géorgienne. Le rêve d’émancipation prend fin, la Géorgie vire au rouge. Et devient, pour la jeune Salomé, une sorte de chimère. Le dimanche, en famille, en dégustant un poulet satsivi à base de noix et d’épices, elle rêve de ce pays mythique, qu’elle ne connaît que par les poésies et les récits familiaux. Elle n’y mettra les pieds pour la première fois qu’en 1986.
Accord de Jacques Chirac
Entre-temps, elle a tracé son chemin. Sciences Po, puis Columbia, à New York, où elle fréquente l’Institut des études russes. "Il faut connaître la langue de son ennemi", lui disait son père. Brillante, elle réussit le concours des Affaires étrangères et enchaîne les missions : Rome, Tchad, Washington, Bruxelles… puis Tbilissi, où elle est nommée ambassadrice en 2003. Une année charnière : la population descend dans la rue pour cause de fraudes électorales. C’est la révolution des Roses. Le gouvernement tombe, et Mikhaïl Saakachvili, un avocat formé aux Etats-Unis, arrive au pouvoir. Il a besoin d’un ministre des Affaires étrangères expérimenté : il faut réorganiser un service diplomatique corrompu, où l’on travaille encore "à la soviétique". Et, surtout, arrimer le pays à l’Europe. Lors d’une visite à Paris, il demande à Jacques Chirac de lui "prêter" sa diplomate. Il accepte. Salomé Zourabichvili ne remettra jamais les pieds au Quai d’Orsay, où l’ancien diplomate Michel Duclos l’a côtoyée durant trois ans au Centre d’analyse et de prévisions (CAP) : "Elle n’était pas du tout prorusse, se souvient-il. Nous étions en plein dans les années Mitterrand, mais le CAP était à l’avant-garde de la résistance contre l’URSS…"
Tout en portant un regard lucide sur Moscou et ses ambitions hégémoniques, Salomé Zourabichvili a toujours évité les provocations vis-à-vis de son puissant voisin. En 2005, elle négocie avec son homologue au Kremlin, Sergueï Lavrov, le retrait des troupes russes présentes sur le sol géorgien. Un timide dégel s’amorce, mais pour Salomé Zourabichvili, l’expérience gouvernementale s’arrête là. Son idylle avec Mikhaïl Saakachvili tourne au vinaigre, elle est limogée. Que faire ? Rentrer à Paris ou se lancer dans l’arène politique géorgienne ? Elle choisit l’arène, essuie quelques échecs, part travailler aux Nations unies après la guerre contre la Russie (2008), puis revient à Tbilissi en 2013. Elue députée, elle se présente à l’élection présidentielle en 2018, qu’elle remporte. Une victoire qu’elle vivra, dira-t-elle plus tard, comme une revanche sur son histoire familiale. Première femme à décrocher ce poste, elle bénéficie toutefois, durant sa campagne, d’un soutien controversé, celui de l’oligarque Bidzina Ivanichvili.
Fondateur du parti Rêve géorgien, ancien Premier ministre, Ivanichvili n’a, aujourd’hui, plus de fonctions officielles, mais il est considéré comme le vrai dirigeant du pays, l’homme qui, dans l’ombre, fait prendre un virage autoritaire au pays. Et le rapproche de l’orbite russe. "Plus que jamais, il tient les rênes du pays, confirme Salomé Zourabichvili, qui a, depuis, pris ses distances avec lui. Il s’est débarrassé récemment du chef des services de renseignement et du ministre de l’Intérieur, deux hommes qui faisaient partie de son premier cercle et étaient probablement les rares à pouvoir lui dire les choses. Le pouvoir se rétrécit autour de lui. Il n’a plus confiance en personne et n’est plus entouré que d’exécutants."
Le silence de l'Europe
Face à lui, Salomé Zourabichvili parcourt l’Europe, infatigable et déterminée. A Berlin, Londres, Bruxelles ou au Sénat français, elle montre sa détermination et celle de tout un peuple qui, depuis le mois de novembre, manifeste tous les soirs, même si le mouvement s’essouffle un peu. "L’Europe n’a toujours pas pris de sanction à l’égard de ce gouvernement, alors qu’elle dispose de leviers, déplore Thorniké Gordadzé. Elle peut, notamment, mettre fin à la libéralisation des visas ou suspendre l’accord d’association."
S’il y en a une qui peut convaincre les Européens d’agir, c’est bien elle. Du moins tant qu’elle le peut. A 73 ans, Salomé Zourabichvili aimerait bien passer le flambeau à une nouvelle génération d’opposants, "mais aucun leader n’émerge des mouvements de protestation, déplore-t-elle. Alors j’essaie de fédérer les chefs des partis politiques, avec plus ou moins de succès, parce qu’ils sont divisés, qu’il faut composer avec les ambitions personnelles et, surtout, que nos discussions sont écoutées ! Nos adversaires politiques connaissent nos divergences internes, ils en jouent". Mais il en faudrait plus pour la décourager.
Une ombre s’étend sur la Géorgie, mais Salomé Zourabichvili veille. Persuadée que la population, dont elle loue l’esprit combatif, finira par l’emporter. Et qu’elle assouvira son désir d’Europe toujours aussi vivace.
Le gouvernement britannique a-t-il œuvré pour l’abandon des poursuites contre deux hommes accusés d’espionnage au profit de la Chine, afin de ne pas froisser Pékin ? Le doute plane autour de l’équipe du Premier ministre Keir Starmer, sous le feu des critiques de l’opposition.
Le gouvernement britannique travailliste est sommé de venir s’expliquer par l’opposition conservatrice, qui l’accuse d’avoir "délibérément" fait échouer un procès pour espionnage pour "flatter" la Chine. Une intervention que le gouvernement dément.
D’où part cette affaire ?
Tout part de l’arrestation en 2023 de Christopher Cash, un assistant parlementaire de 29 ans, et de Christopher Berry, ancien enseignant en Chine de 32 ans. Ils sont accusés d’avoir transmis à Pékin des informations sensibles pour la sécurité et les intérêts du Royaume-Uni, entre décembre 2021 et février 2023. Les deux hommes sont poursuivis en avril 2024 en vertu de l'"Official Secrets Act", qui interdit la divulgation de secrets d’Etat ou d’informations pouvant menacer la sécurité nationale. Ils ont toujours nié les faits.
Mi-septembre, le parquet d’Angleterre et du Pays de Galles a annoncé l’abandon des poursuites contre les deux hommes. Cette décision intervient dans un contexte où le gouvernement travailliste s’évertue depuis son arrivée au pouvoir en juillet 2024 à reprendre le dialogue avec la Chine. Les relations entre les deux puissances s’étaient dégradées sous les précédents gouvernements conservateurs, les deux pays s’accusant mutuellement d’espionnage. Le gouvernement Starmer tente notamment de renforcer les échanges commerciaux avec Pékin pour soutenir la croissance britannique.
Pourquoi le procès a-t-il été abandonné ?
La polémique trouve ses origines dans une lettre révélée le 7 octobre dernier que Stephen Parkinson, le directeur du parquet, a adressée à une commission parlementaire en septembre. Il y explique que son service, le Crown Prosecution Service (CPS), n’a pas obtenu certaines informations permettant de poursuivre l’affaire. Plus précisément, le CPS a cherché "pendant plusieurs mois" des preuves auprès du gouvernement permettant de qualifier la Chine de "menace pour la sécurité nationale", explique la BBC.
Il y avait initialement assez de preuves pour poursuivre les deux hommes, précise Stephen Parkinson. Mais un précédent judiciaire sur une affaire d’espionnage a finalement obligé le parquet à obtenir davantage d’éléments dans le dossier. Il s’agit d’une jurisprudence de 2025 portant sur la condamnation de six Bulgares, accusés d’espionnage au profit de la Russie, selon The Independent. Depuis, l’Etat doit prouver que le pays considéré comme un "ennemi" au regard du "Official Secrets Act" (la base juridique qui a permis la poursuite de Cash et Berry) constituait une "menace pour la sécurité nationale du Royaume-Uni" au moment des faits.
Que reproche-t-on au gouvernement travailliste ?
Lundi, la cheffe de l’opposition conservatrice, Kemi Badenoch, a écrit au Premier ministre que cette affaire "donne une forte impression que votre gouvernement a porté atteinte à la sécurité nationale du Royaume-Uni parce que vous êtes trop faible pour faire autre chose qu’apaiser la Chine". Elle a également accusé le gouvernement d’avoir délibérément fait échouer le procès pour "flatter" Pékin.
Selon le Guardian, les conservateurs ont particulièrement visé le conseiller du Premier ministre à la sécurité nationale, Jonathan Powell. Il aurait, selon eux, échoué à fournir les preuves demandées pour avancer les poursuites, en raison de sa proximité avec la Chine.
Que répond le gouvernement travailliste ?
Downing Street réfute tout lien entre l’abandon des poursuites et les ministres ou membres du gouvernement Starmer, et s’est même dit "frustré" par l’abandon du procès. Selon Dan Jarvis, ministre d’Etat à la Sécurité, les conservateurs accusent le gouvernement "sans la moindre preuve".
Le Premier ministre, lui-même ancien chef du parquet, a fait valoir début octobre que les poursuites étaient liées à la position officielle vis-à-vis de la Chine sous le gouvernement précédent. Au moment des faits, entre 2021 et 2023, la Chine n’avait pas été explicitement qualifiée de menace à la sécurité nationale. Kemi Badenoch a rejeté ces arguments, affirmant que de nombreux juristes et officiels chargé de la sécurité avaient également remis en cause cet argument, précise la BBC. La chaîne de télévision britannique a également interrogé d’anciens ministres et conseillers conservateurs, selon lesquels il n’existe pas de désignation officielle qualifiant la menace d’un pays.
Lundi, le porte-parole du Premier ministre a rappelé que dans sa stratégie de sécurité nationale, publiée en juin, le gouvernement "avait détaillé l’augmentation des cas d’espionnage, d’ingérence dans notre démocratie et d’atteinte à notre sécurité économique de la part de la Chine".
Le gouvernement de Keir Starmer est soupçonné par l'opposition de n'avoir pas fourni assez de preuves à la justice pour maintenir les poursuites contre deux hommes accusés d'espionnage pour la Chine.
Paies de fonctionnaires gelées, musées et parcs nationaux fermés, trafic aérien touché : les Etats-Unis ressentent de manière croissante les effets de la paralysie budgétaire, qui entre lundi dans sa troisième semaine de shutdown. Depuis le 1er octobre, les républicains de Donald Trump et l’opposition démocrate se trouvent dans l’impasse au Congrès, incapables de s’entendre sur un nouveau budget, dans une situation qui rappelle fortement le marasme politique français. Chose qui ne peut néanmoins pas arriver en France, l’Etat fédéral américain se trouve depuis en état de "shutdown", avec des centaines de milliers de fonctionnaires mis au chômage technique.
À court de fonds, les musées publics de Washington ont été forcés dimanche de fermer leurs portes pour la durée de la paralysie budgétaire. Certains parcs nationaux, comme celui des grottes de Carlsbad dans le Nouveau-Mexique (sud-ouest), sont également inaccessibles aux visiteurs depuis le début du "shutdown". Et dans les aéroports, l’inquiétude grandit de voir s’allonger les files d’attente en raison d’un absentéisme croissant des contrôleurs aériens et des agents de la sécurité des transports.
Deux millions de fonctionnaires sans paie
Qu’ils soient au chômage technique ou non, quelque deux millions de fonctionnaires fédéraux ne recevront pas leur salaire tant que le blocage perdurera. Un manque à gagner conséquent et une situation "très stressante", a expliqué à l’AFP Marilyn Richards, une fonctionnaire fédérale du Missouri, dans le centre du pays. "La plupart des gens vivent au jour le jour, en comptant sur le prochain salaire pour payer les factures", a-t-elle souligné.
En revanche, les plus de 1,3 million de militaires américains devraient obtenir leur paie mercredi comme prévu, après que Donald Trump a ordonné samedi d’utiliser certains fonds en ce sens, dans un message sur sa plateforme Truth Social. Dans un pays où les membres des forces armées tiennent une place particulière auprès du grand public, son message s’inscrit dans une volonté de gagner la bataille de l’opinion populaire. "Je ne laisserai pas les démocrates tenir en OTAGE nos militaires, et la sécurité entière de notre pays, avec leur shutdown dangereux de l’Etat", a ajouté le président.
Bataille autour de l’assurance santé
Au Congrès, les républicains proposent une prolongation du budget actuel, avec les mêmes niveaux de dépenses, tandis que les démocrates réclament une prolongation de subventions pour des programmes d’assurance santé à destination de ménages à bas revenus. Sans prolongation, les coûts d’assurance santé devraient plus que doubler pour 24 millions d’Américains qui utilisent le programme public "Obamacare", selon KFF, un cercle de réflexion spécialisé sur les questions de santé.
En raison des règles en vigueur au Sénat, plusieurs voix démocrates sont nécessaires pour adopter un budget, malgré une majorité républicaine. Mais Donald Trump rejette toute négociation avec l’opposition sur les questions de santé sans "réouverture" de l’Etat fédéral comme préalable. Le chef des démocrates à la Chambre, Hakeem Jeffries, a réitéré dimanche que son parti était ouvert à la discussion avec la Maison-Blanche et les responsables républicains au Congrès. "Malheureusement, ils ont pris la décision d’adopter une approche : c’est ça ou rien", a-t-il regretté dans une interview avec Fox News.
Donald Trump menace de supprimer certains programmes
Pour tenter de faire céder de plus en plus de sénateurs démocrates, Donald Trump a aussi multiplié les menaces. "Nous mettons fin à certains programmes dont nous ne voulons pas ", a-t-il déclaré dimanche à bord de l’avion présidentiel Air Force One, en route vers Israël. "Je pense qu’ils ont fait une erreur, je pense qu’ils ont fait une grosse erreur", a-t-il ajouté. Vendredi, la Maison Blanche a annoncé avoir commencé à licencier des fonctionnaires fédéraux. Plus de 4 000 d’entre eux, qui travaillent dans pas moins de sept ministères différents, ont d’ores et déjà reçu des avis de licenciement, selon un document judiciaire.
Des pertes plus élevées que jamais. Au cours des huit premiers mois de l’année 2025, la Russie aurait perdu 281 550 soldats en Ukraine. Le chiffre est issu d’un document consulté par le média américain en ligne Politico, qui contient, selon les services de renseignement ukrainiens, des informations russes ayant fuité. A en croire ce document, 86 744 soldats russes ont été tués depuis le début de l’année, 33 966 portés disparus, 158 529 blessés et 2 311 capturés.
Les chiffres sont néanmoins contestés. Le site russe Mediazona, qui mène avec la BBC un projet d’identification des Russes tués au combat depuis le début de la guerre et a jusqu’à présent recensé plus de 134 000 noms, a exprimé des doutes. Le média estime notamment que le chiffre de 5 000 Russes tués sur la ligne de front le long du fleuve Dnipro était trop élevé. Pour le groupe international de renseignement Frontelligence Insight, néanmoins, le document est "assez précis" et correspond aux propres estimations du renseignement indépendant.
Très peu de blessés survivent
Des statistiques qui "mettent en évidence la manière inefficace dont le Kremlin mène la guerre et l’impact de la guerre par drones que les forces ukrainiennes mènent contre les Russes", juge Politico. Selon le rapport "Je veux vivre" destiné aux troupes russes prêtes à se rendre, le ratio de blessés par tué n’est que de 1,3 pour 1, contre 1 pour 3 dans d’autres conflits, signalant une survie très faible des blessés. "Cela indique un faible taux de survie des blessés, qui sont mal formés en médecine tactique et sont généralement abandonnés sans aide après une blessure" détaille le document.
Depuis le début de l’invasion en février 2022, l’Etat-major ukrainien estime que les pertes russes dépassent 1 million de morts, blessés et disparus, soit environ 1 000 soldats par jour. A titre de comparaison, en février 2025, le président ukrainien Volodymyr Zelensky estimait que 46 000 soldats ukrainiens avaient été tués et 390 000 blessés. "Les pertes russes sont trois fois supérieures aux nôtres", a-t-il affirmé en août. Des affirmations qui pourraient néanmoins traduire un narratif de guerre.
La Russie continue de progresser malgré les pertes
Quoi qu’il en soit sur le terrain, les troupes russes subissent des pertes massives. Les drones ukrainiens ciblent les soldats individuellement, tandis que l’artillerie et les roquettes frappent les lignes d’approvisionnement. Les soldats utilisés dans des assauts comme "vagues de chair" subissent des pertes vertigineuses. En juin 2025, Frontelligence Insight estimait que la Russie perdait 8 400 à 10 500 personnels par mois en tués au combat. Malgré ces pertes, l’armée russe continue ses offensives, réalisant des avancées tactiques limitées mais persistantes dans une guerre très coûteuse en vies humaines.
Sur le front, l’armée du Kremlin continue effectivement de gagner du terrain. En septembre dernier, le général Oleksandr Syrskyi, commandant en chef de l’armée ukrainienne, estimait auprès de la presse que la ligne de front "a été étendue d’environ 200 kilomètres cette année. De plus, nous avons encore 2 400 kilomètres où il n’y a pas d’opérations de combat, mais nous devons également maintenir nos troupes sur place". Constatant du même coup que "la situation générale sur le front reste difficile" et que la Russie "continue d’avancer sur les principales directions, notamment Pokrovsk et Dobropillia".
Compenser les pertes par le recrutement à l’étranger
Mais chaque kilomètre gagné sembler coûter à la Russie de nombreuses vies. Pour compenser ses pertes, le Kremlin a alors multiplié les campagnes de recrutement, offrant des primes pouvant atteindre 2,5 millions de roubles (26 000 euros). Mais les conditions horribles et le taux de mortalité rendent le recrutement difficile. Selon l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW), un groupe de réflexion basé à Washington, la Russie parvient à enrôler en moyenne 31 600 soldats par mois, mais subit en parallèle environ 35 200 pertes par mois.
Face à ces difficultés à recruter, l’armée de Vladimir Poutine cherche également des recrues à l’étranger, notamment en Afrique et au Moyen-Orient. Selon Frontelligence Insight, 2023 et 2024, 394 personnes de ces régions ont signé des contrats avec le ministère russe de la Défense, et déjà 651 pour la première moitié de 2025, soit presque le double. Ces recrutements ciblent des pays économiquement défavorisés, avec la promesse de salaires élevés souvent équivalents à près d’une décennie de salaires moyens locaux, ainsi que par des assurances (souvent frauduleuses) de postes non combattants comme cuisinier, selon le groupe. "Tout cela suggère que la Russie a du mal à maintenir le recrutement via les méthodes monétaires traditionnelles", concluent les experts du groupe. Une fois en Ukraine, ces troupes étrangères sont bien souvent confrontées à des conditions mortelles.
Malgré leur dénonciation publique de la persécution du peuple palestinien et de la destruction de Gaza, plusieurs Etats Arabes ont, selon une enquête exclusive du Washington Post, discrètement intensifié leur coopération sécuritaire avec l’armée israélienne. L’illustre journal d’investigation tire ses sources de cinq documents ayant fuité, obtenues par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), qui détaillent la création de ce que l’armée américaine décrit comme le "dispositif de sécurité régional" (Regional Security Construct).
Selon ces documents, au cours des trois dernières années, sous l’égide des Etats-Unis, des responsables militaires d’Israël et de six pays arabes — Bahreïn, Egypte, Jordanie, Qatar, Arabie saoudite et Emirats arabes unis — se sont réunis à Bahreïn, en Egypte, en Jordanie et au Qatar pour des réunions de planification. Le Koweït et Oman sont quant à eux mentionnés par le journal comme "partenaires potentiels". Des liens militaires mis à rude épreuve après la frappe aérienne israélienne sur le Qatar, en septembre 2025, mais qui pourraient désormais jouer un rôle clef dans la supervision du cessez-le-feu naissant à Gaza.
Un dispositif régional né de la peur de l’Iran
Selon les documents, la menace iranienne, qualifiée d’"Axe du mal", était le moteur de ces rapprochements, coordonnés par le CENTCOM américain, le "Commandement central des Etats-Unis", l’une des 11 extensions de La Défense américaine située au Qatar et responsable des opérations militaires au Moyen-Orient et Asie du Sud et de l’Est. Le partenariat, décrit par le général Kenneth McKenzie en 2022 comme un prolongement des Accords d’Abraham, visait notamment un plan de défense aérienne contre les missiles et drones iraniens, et la surveillance de missiles sur Gaza et le Yémen.
Selon les documents, six des sept pays partenaires recevaient des données radar partielles, deux partageaient leurs propres informations et tous étaient intégrés à un système de messagerie sécurisée avec l’armée américaine. Ces documents révèlent aussi des entraînements communs : en janvier 2025, une réunion à Fort Campbell (Kentucky) a permis à l’armée américaine de former ses partenaires à détecter et neutraliser les tunnels souterrains utilisés par le Hamas à Gaza. Un autre rapport mentionne un exercice multinational de destruction de tunnels impliquant six pays. Parallèlement, le CENTCOM a mené des réunions de planification d’opérations d’information pour contrer le discours iranien se présentant comme le "protecteur des Palestiniens" et, selon un document de 2025, pour "propager un récit de prospérité et de coopération régionales".
Une coopération mise à l’épreuve après l’attaque contre le Qatar
Un rapprochement dont les limites évidentes ont été exposées par la frappe israélienne, le 9 septembre dernier, sur Doha la capitale du Qatar, détruisant un bâtiment abritant des dirigeants du Hamas. Le Qatar fait pourtant partie des pays ayant renforcé ses liens avec Israël. Selon le lieutenant général Derek France (US Air Force), cité par le journal, les systèmes radar américains n’ont pas donné d’alerte précoce car ils "sont généralement concentrés sur l’Iran et d’autres zones d’où une attaque est attendue". Le Qatar a confirmé que ses radars n’avaient pas détecté les avions israéliens. Netanyahou a présenté ses excuses le 29 septembre, à la demande de l’administration Trump, promettant de ne plus mener de telles frappes.
Discret, le Qatar a été le partenaire central de ce système de coopération régionale avec Israël. Selon le Washington Post, en mai 2024, des responsables israéliens et arabes se sont rencontrés à la base aérienne d’al-Udeid au Qatar, une installation majeure américaine, avec un itinéraire prévu pour éviter l’exposition médiatique. "Pas de photographies, pas d’accès aux médias", stipulait ainsi une note d’organisation américaine. Ces rencontres, officiellement "non considérées comme une alliance", ont été maintenues sous strict secret diplomatique.
L’ambiguïté diplomatique perdure
En coulisse, cette coopération clandestine a très régulièrement contrasté avec les déclarations publiques virulentes des dirigeants arabes. L’émir du Qatar a dénoncé une "guerre génocidaire menée contre le peuple palestinien" et accusé Israël d’être "un Etat hostile et complice de l’apartheid" dans un discours à l'ONU en septembre 2025. L’Arabie saoudite a dénoncé en août "la famine" et le "nettoyage ethnique" des Palestiniens, tandis que les dirigeants de l’Egypte et de la Jordanie ont également parlé de génocide.
Selon Emile Hokayem, chercheur à l’International Institute for Strategic Studies interrogé par le Washington Post, Washington espérait que cette coopération militaire faciliterait la normalisation politique. Echec d’une stratégie qui aurait "masqué la réalité des tensions". La frappe au Qatar, relève-t-il notamment, a révélé la fragilité du dispositif : "Un membre clef de l’effort américain a attaqué un autre, avec l’Amérique perçue comme complaisante ou aveugle", souligne le chercheur.
Cette coopération régionale n’est pourtant pas terminée. Selon les informations du Washington Post et du ICIJ, le CENTCOM américain planifie la création d’un "Combined Middle East Cyber Center" d’ici 2026 et d’un "Information Fusion Center" pour coordonner les opérations informationnelles. L’Arabie saoudite y joue un rôle clef, partageant des renseignements sur la Syrie, le Yémen et l’Irak, notamment sur les activités des Houthis soutenus par l’Iran et de l’Etat islamique. Après la signature d’un accord de paix pour Gaza, la question très délicate de la gouvernance du territoire palestinien reste sur la table dans cette coopération.
Une vue générale de la base militaire américaine d’Al-Udeid, au sud de Doha, le 23 octobre 2002. Le Qatar a condamné le 23 juin 2025 une attaque iranienne contre la plus grande base militaire américaine de la région, hébergée dans l’État du Golfe, la qualifiant de "violation flagrante" de sa souveraineté