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Proche-Orient : le Liban demande à son armée de "s’opposer à toute incursion israélienne"

Au lendemain d’une journée de violences intenses dans la bande de Gaza, la situation reste extrêmement tendue au Proche-Orient. Dans la nuit de mardi à mercredi, l’armée israélienne avait frappé "des dizaines de cibles terroristes" en représailles à la mort de l’un de ses soldats, tué lors d’une attaque revendiquée par le Hamas. Ces bombardements ont fait plus de cent morts, selon la Défense civile et les hôpitaux de Gaza, avant qu’Israël n’annonce mercredi 29 octobre un retour au cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre. Donald Trump a assuré que la trêve "tenait malgré tout", tandis que les chancelleries européennes appelaient Israël à la retenue et le Hamas à respecter ses engagements.

Ce jeudi 30 octobre, la tension a gagné le sud du Liban. Une incursion israélienne dans le village frontalier de Blida a fait un mort, provoquant la colère de Beyrouth, qui dénonce une "agression flagrante contre la souveraineté libanaise".

Les infos à retenir

⇒ Une incursion israélienne fait un mort dans le sud du Liban

⇒ Les secouristes turcs dans l’attente du feu vert à Rafah

⇒ Des militaires et civils français envoyés en Israël pour superviser le plan de paix

Un employé municipal tué après une incursion israélienne dans le sud du Liban

Le président libanais Joseph Aoun a demandé ce jeudi à l’armée de "s’opposer à toute incursion israélienne", après que l’armée israélienne a mené dans la nuit une incursion meurtrière dans un village frontalier du sud du Liban, tuant un employé municipal. Israël a affirmé que son armée agissait contre le Hezbollah pro-iranien et avait ouvert le feu sur un "suspect", ajoutant qu’une enquête avait été ouverte. Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l’Etat libanais et sa souveraineté".

Un photographe de l’AFP a vu des impacts de balles sur le bâtiment de la municipalité de Blida. Dans la pièce où dormait l’employé municipal, Ibrahim Salamé, le sol, les couvertures et le matelas étaient maculés de sang. Les lunettes, les papiers et les cigarettes de la victime gisaient à proximité. L’homme dormait dans le bâtiment car c’était son tour de garde, a déclaré à l’AFP Hassan Hijazi, le président de la municipalité de Blida, dont la plupart des maisons ont été détruites lors de la dernière guerre. "Nous avons entendu les soldats israéliens crier, puis il y a eu des tirs […]", raconte à l’AFP Hicham Abdel Latif Hassan, neveu de la victime. Lorsque les soldats israéliens se sont retirés à l’aube, "nous l’avons retrouvé mort près de son matelas".

L’aviation israélienne a en outre mené jeudi matin des frappes sur deux villages du sud du Liban, relativement éloignés de la frontière, al-Jarmak et Mahmoudiyé, selon l’Ani, l’Agence nationale d’information libanaise.

Gaza : les secouristes turcs toujours bloqués par Israël à Rafah

L’équipe de secouristes turcs dépêchée par Ankara pour participer à la recherche des corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza attend toujours le feu vert israélien à Rafah, a indiqué jeudi une source au ministère turc de la Défense. "La mission de l’Afad (l’Agence turque de gestion des catastrophes, NDLR) attend toujours à la frontière. Israël n’a toujours pas délivré d’autorisation", a ajouté cette source estimant qu'"Israël ne respectait pas toutes les conditions du cessez-le-feu".

"Israël n’autorise que partiellement (le passage de) l’aide humanitaire", a-t-elle précisé. Concernant la participation turque à une force internationale à Gaza, toujours suspendue à un feu vert du gouvernement israélien, les forces armées sont "prêtes", selon la même source. "Nous sommes en contact avec nos homologues. La Turquie est l’un des artisans du cessez-le-feu et a signé l’accord. Nous avons achevé tous les préparatifs nécessaires et nous attendons", a indiqué cette source. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a affirmé son droit de veto sur les membres de la force internationale qui devrait sécuriser l’après-guerre dans le territoire palestinien, que son allié américain tente de mettre en place.

@lexpress

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♬ son original - L’Express

Des militaires et civils français en Israël pour le plan de paix à Gaza

La France a dépêché des civils et militaires en Israël pour participer à un centre de coordination mis en place par les Américains pour planifier et organiser l’après-guerre dans la bande de Gaza, a indiqué mercredi soir le chef de la diplomatie française. "Nous avons dépêché des personnels militaires et civils français dans l’équipe que les Etats-Unis ont déployée en Israël pour mettre en œuvre le plan de paix", a déclaré Jean-Noël Barrot, lors d’un entretien sur la chaîne LCI, précisant que ce centre se situait "entre Jérusalem et Tel-Aviv".

Le ministre n’a pas précisé le nombre de personnels déployés mais ils sont déjà arrivés sur place, selon une source proche du ministre interrogée par l’AFP. "La France est historiquement impliquée dans la recherche de la stabilité au Moyen-Orient", avait réagi l’état-major français interrogé par l’AFP la semaine dernière, évoquant l’envoi de trois officiers de liaison français. D’après l’entourage du ministre, ce nombre sera plus important.

© afp.com/Rabih DAHER

De la fumée s'élève du village libanais de al-Jarmak après une frappe israélienne, le 30 octobre 2025.
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Tensions avec l’Algérie : l’Assemblée adopte à une voix près un texte du RN contre l’accord de 1968

Coup de tonnerre à l’Assemblée : les députés ont adopté, par 185 voix contre 184, une proposition de résolution du Rassemblement national visant à "dénoncer" l’accord franco-algérien de 1968, avec l’appui des groupes LR et Horizons.

"C’est une journée qu’on peut qualifier d’historique pour le RN", s’est aussitôt félicitée la cheffe des députés d’extrême droite Marine Le Pen, soulignant qu’il s’agissait du premier texte de son parti approuvé par l’Assemblée, en dépit des oppositions de la gauche, des macronistes et du gouvernement. Le texte était examiné dans le cadre de la niche parlementaire du parti, maître de l'ordre du jour dans l'hémicycle toute la journée.

Si la résolution n'a pas de valeur législative, Marine Le Pen a demandé au gouvernement de tenir "compte" du vote du Parlement sur son texte, qui appelle à dénoncer l'accord qui offre aux Algériens des clauses spécifiques en matière d'immigration et de séjour en France. "Nous considérons qu'il n'y a plus rien qui justifie le maintien de cette convention", a-t-elle insisté.

Gabriel Attal critiqué pour son absence

"Honte au RN" qui "continue sans fin les guerres du passé", a grondé en retour le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon, sur X.

Le texte a été soutenu par l'alliance RN-UDR, la moitié du groupe Les Républicains et la moitié du groupe Horizons, parti d'Edouard Philippe.

Le patron du PS Olivier Faure a lui fustigé le groupe macroniste. "Ils étaient où les macronistes ? Gabriel Attal absent", a-t-il écrit sur X, à propos de l'ancien Premier ministre, à la fois patron du parti macroniste et du groupe à l'Assemblée. "Il nous a manqué une voix. Cette voix qui nous a manqué pour faire face au RN, c'est celle de Gabriel Attal", a abondé devant les journalistes Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste.

Gabriel Attal a toutefois lui-même appelé à dénoncer l'accord de 1968, en janvier, pour "poser les limites et assumer le rapport de force avec l'Algérie", notamment à l'aune de l'arrestation de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Mais son groupe était contre le texte du RN.

Risque d'un "déferlement migratoire"

Le macroniste Charles Rodwell, auteur d'un récent rapport accablant contre ce même accord de 1968, avait justifié par avance un refus, au prétexte d'un supposé vide juridique qui risquerait de "provoquer un déferlement migratoire" dans l'Hexagone, analyse dénoncée par le RN.

Toutefois seuls 30 députés du groupe macroniste sur 92 étaient présents pour voter contre (trois se sont abstenus). Gabriel Attal était présent jeudi matin à un forum sur la transformation durable du tourisme. Il a cependant manqué des voix dans tous les groupes, y compris à gauche (52 députés LFI sur 72 ont participé au vote, 53 socialistes sur 69, 32 écologistes sur 38, six députés du groupe communiste et ultramarin sur 17). Douze députés MoDem ont pris part au scrutin (10 contre, deux abstentions) et trois députés Liot sur 22 (deux pour, un contre).

"Aucune raison de ne pas voter ce que nous voulons pour notre pays"

"Quand le RN porte des projets ou des convictions que nous partageons, il n'y a aucune raison (...) de ne pas voter ce que nous voulons pour notre pays", a justifié le chef des élus de droite, Laurent Wauquiez, rappelant que sa formation avait "porté" la même résolution il y a deux ans.

Du côté du parti d'Édouard Philippe également, "nous demandons cette dénonciation", a souligné le député Sylvain Berrios, soutenant un texte présenté comme "un mandat donné au gouvernement pour qu'il fasse son travail".

L'exécutif entend pourtant "privilégier la voie de la renégociation dans le cadre d'un dialogue exigeant avec l'Algérie", a expliqué le ministre des Relations avec le Parlement, Laurent Panifous, assurant que Paris n'aurait "rien à gagner à une aggravation de la crise" déjà prégnante avec Alger.

© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Marine Le Pen, à l'Assemblée nationale, le 16 octobre 2025.
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Ce que l’on sait du Poséidon, ce drone sous-marin russe capable d’anéantir des villes côtières

Moscou a de nouveau frappé un grand coup dans la démonstration de sa puissance militaire. Lors d’un échange avec des soldats blessés de la guerre en Ukraine ce mercredi 29 octobre, Vladimir Poutine a révélé que la Russie venait de tester une arme inédite : le drone sous-marin Poséidon, un appareil à propulsion nucléaire que le président qualifie d’"impossible à intercepter". Selon lui, cette torpille géante aurait non seulement été lancée depuis un sous-marin porteur, mais en plus, son réacteur nucléaire aurait fonctionné "pendant un certain temps". Un exploit que le chef du Kremlin a décrit comme "un immense succès".

Cette annonce intervient dans un climat de tension grandissante avec Washington. Quelques jours plus tôt, Moscou avait provoqué la colère de Donald Trump en se félicitant du test d’un missile de croisière à propulsion nucléaire, le Bourevestnik. Le président américain avait publiquement mis en garde son homologue russe contre une nouvelle escalade, l’invitant à "mettre fin à la guerre en Ukraine plutôt que de tester des missiles". Un avertissement ignoré par Vladimir Poutine, qui persiste à exhiber ses armes les plus redoutables.

Un monstre des profondeurs : les caractéristiques du Poséidon

Le Poséidon n’est pas une surprise pour les observateurs du monde militaire. Déjà en 2018, dans son discours sur l’état de la nation, Vladimir Poutine avait dévoilé cette arme futuriste parmi une série d’"innovations stratégiques" censées redéfinir l’équilibre nucléaire mondial. Conçu comme un véhicule autonome à propulsion nucléaire, ce drone sous-marin incarne une nouvelle génération d’armes dites de représailles, capables d’échapper à toute interception connue.

Long de près de vingt mètres et pesant une centaine de tonnes, le Poséidon serait capable de filer sous l’eau à plus de 60 nœuds, soit environ 110 à 130 kilomètres-heure et à plus d’un kilomètre de profondeur, selon les informations de l’agence de presse officielle russe TASS. Toujours d’après cette même source, sa discrétion serait telle qu’aucun système sonar existant ne pourrait le repérer. Moscou affirme qu’il pourrait emporter une ogive nucléaire de 100 mégatonnes, l’équivalent de deux fois la puissance de la bombe la plus dévastatrice jamais testée. Résultat : l’arme serait en mesure de provoquer, en explosant près des côtes, un tsunami radioactif suffisant pour submerger et rendre inhabitables des villes côtières.

Le président russe n’a pas précisé la distance parcourue par l’engin lors de ce dernier essai, mais il a vanté sa supériorité absolue : "La puissance du Poséidon dépasse largement celle de notre missile intercontinental Sarmat", a-t-il déclaré, affirmant que cette technologie n’a "été vue nulle part dans le monde".

D’après des sources russes, le drone serait alimenté par un réacteur miniature "cent fois plus petit" que ceux des sous-marins classiques, mais tout aussi performant, si ce n’est plus. Cette arme hors du commun est censée être déployée à terme sur le Belgorod, un sous-marin nucléaire géant mis en service en 2022, spécialement aménagé pour accueillir ce colosse des mers. Certains experts occidentaux doutaient encore récemment de son existence réelle, voyant dans les premières images diffusées à la télévision d’État en 2015 un simple outil de propagande. Mais le test confirmé par le Kremlin semble prouver que le Poséidon n’est pas un mythe.

Une escalade dans la course mondiale aux armements

L’apparition du Poséidon dans l’arsenal russe s’inscrit dans une logique de surenchère militaire engagée depuis plusieurs années. Le Kremlin présente ces avancées comme une réponse directe à ce qu’il décrit comme une course mondiale à l’armement, dominée par les États-Unis, la Russie et la Chine.

Les essais successifs du Bourevestnik et du Poséidon apparaissent comme autant de signaux adressés à Washington. "La Russie ne cédera jamais aux pressions occidentales", a martelé Vladimir Poutine, alors même que ses relations avec Donald Trump se sont nettement dégradées ces dernières semaines.

Dans cette escalade, Vladimir Poutine a également évoqué le déploiement prochain d’une nouvelle arme de son arsenal : le missile intercontinental Sarmat. Mais ce dernier n’a jamais quitté son silo lors du dernier essai, explosant dans la foulée. Une démonstration de puissance ratée, qui n’empêche pas la Russie de poursuivre son objectif : prouver au monde sa supériorité militaire, sur terre comme en mer.

© AFP

Le président russe Vladimir Poutine a régulièrement recours à la menace nucléaire.
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Guerre en Ukraine : la Russie dit que ses récents tests d'armements n'étaient pas des "essais nucléaires"

Défiant les avertissements de Donald Trump, Vladimir Poutine a annoncé mercredi 29 octobre le test d’un drone sous-marin russe à capacité nucléaire, quelques jours après avoir annoncé l’essai d’un missile qui a été critiqué par le président américain. La réaction de ce dernier à cette nouvelle annonce n’a pas tardé : le locataire de la Maison-Blanche, dont les efforts pour mettre fin à la guerre en Ukraine n’ont donné aucun résultat concret jusqu’ici, a ordonné jeudi la relance des essais d’armes nucléaires des Etats-Unis, interrompus depuis plus de 30 ans.

Les infos à retenir

⇒ Le Kremlin dit que ses récents tests d'armements n'étaient pas des "essais nucléaires"

⇒ Des frappes russes massives sur l’Ukraine provoquent des coupures d’électricité

⇒ Donald Trump assure que Washington et Pékin vont "travailler ensemble" sur la guerre en Ukraine

Le Kremlin dit que ses récents tests d'armements n'étaient pas des "essais nucléaires"

Le Kremlin a tempéré jeudi ses récentes annonces sur les essais d'un drone sous-marin et d'un missile russes à capacité nucléaire, en soulignant qu'il ne s'agissait pas "d'essais nucléaires" à proprement parler, après la décision du président américain, Donald Trump, de relancer des tests d'armes nucléaires.

Donald Trump a ordonné jeudi le test d'"armes nucléaires" américaines, mais il n'a pas précisé s'il s'agissait d'essais d'armements pouvant transporter des ogives nucléaires, ou directement d'essais d'ogives nucléaires, ce que les Etats-Unis n'ont pas fait depuis 1992. Donald Trump a justifié cette annonce par "des programmes d'essais menés par d'autres pays", sans nommer explicitement la Russie, et a affirmé que Washington testerait ses armes "sur un pied d'égalité".

"En ce qui concerne les essais du Poséidon et du Bourevestnik, nous espérons que le président Trump en a été informé correctement. Cela ne peut pas être considéré comme un essai nucléaire", a réagi jeudi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov. "Tous les pays s'occupent du développement de leur défense", mais ces derniers essais russes "ne constituent pas un essai nucléaire", a-t-il insisté. "Le président Trump a mentionné des essais nucléaires présumés d'autres pays. Jusqu'ici, nous n'avons eu aucune information sur de tels essais", a-t-il ajouté.

Des frappes russes massives sur l’Ukraine provoquent des coupures d’électricité

Des bombardements russes sur les infrastructures ukrainiennes ont privé d’électricité une grande partie du pays dans la nuit de mercredi à jeudi et fait plusieurs blessés selon les autorités ukrainiennes. "La Russie lance une nouvelle fois une attaque massive au missile et au drone contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes", a dénoncé la ministre ukrainienne de l’Energie, Svitlana Grintchouk, sur les réseaux sociaux.

Les équipements des centrales thermiques de plusieurs régions d’Ukraine "ont été sérieusement endommagés" selon le fournisseur d’énergie DTEK, qui déplore la "troisième attaque massive contre ses centrales thermiques depuis octobre".

L’attaque a aussi fait 15 blessés dans la ville de Zaporijia (sud-est), selon le chef de l’administration militaire régionale Ivan Fedorov sur Telegram. "Parmi les blessés, on compte six enfants - trois filles et trois garçons. Les enfants sont âgés de 3 à 6 ans", a-t-il ajouté.

Donald Trump assure que Washington et Pékin vont "travailler ensemble" sur la guerre en Ukraine

Le président américain Donald Trump a assuré jeudi que Washington et Pékin allaient "travailler ensemble" sur la guerre en Ukraine, après une rencontre avec son homologue chinois Xi Jinping en Corée du Sud. "L’Ukraine a été abordée de manière très forte. Nous en avons parlé pendant longtemps, et nous allons tous les deux travailler ensemble pour voir si nous pouvons obtenir quelque chose", a-t-il déclaré aux journalistes à bord d’Air Force One. Xi Jinping va "nous aider", a-t-il assuré.

Mardi, Volodymyr Zelensky avait appelé Donald Trump à faire pression sur Xi Jinping pour qu’il réduise son soutien à la Russie au cours de leur rencontre. "Si le président Trump parvient à avoir des discussions, à prendre des décisions et à obtenir un accord avec la Chine pour réduire les importations d’énergie russe, je pense que cela nous aidera tous", avait-il lancé au cours d’une conférence de presse à Kiev.

Un Germano-Russe condamné à six ans de prison pour des projets de sabotage en Allemagne

Un Germano-Russe accusé d'avoir espionné pour le compte de Moscou et préparé des actes de sabotages en Allemagne visant l'aide fournie à l'Ukraine a été condamné jeudi à six ans de prison par un tribunal de Munich (sud), ses deux complices écopant de peines de prison avec sursis.

Depuis l'invasion à grande échelle de l'Ukraine en février 2022, Berlin est devenu à la fois le plus important soutien européen de Kiev et une cible privilégiée d'actes de sabotage, de campagnes de désinformation, d'intimidation et d'espionnage, une "guerre hybride" attribuée au Kremlin. La Russie dément systématiquement être derrière ces affaires et incidents. 

Le principal suspect Dieter Schmidt, accusé d'avoir fait des repérages de cibles potentielles, a été condamné pour activité de renseignement et "appartenance à un groupe terroriste à l'étranger", a déclaré le juge. Ce binational germano-russe a échangé des informations avec une personne liée aux services de renseignement russes pendant plusieurs mois, à partir d'octobre 2023, en vue d'éventuels actes de sabotage. Il a notamment transmis des photos et vidéos faites lors de repérages.

© afp.com/YURI KOCHETKOV

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, le 17 mars 2025 à Moscou
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En réponse à Vladimir Poutine, Donald Trump relance les essais nucléaires américains

Donald Trump a ordonné jeudi 30 octobre la relance des essais d’armes nucléaires des Etats-Unis, interrompus depuis plus de 30 ans, à la suite d’une série d’annonces de Vladimir Poutine sur le développement de nouvelles armes atomiques russes.

Cette déclaration du président américain, sans détails concrets, a ressemblé à une déclaration de force à quelques minutes de sa rencontre très attendue à Busan, en Corée du Sud, avec son homologue chinois Xi Jinping. Elle intervient aussi alors que le milliardaire républicain a haussé le ton contre le Kremlin, alors que ses efforts pour mettre fin à la guerre qui fait rage en Ukraine depuis plus de trois ans et demi n’ont donné aucun résultat concret.

5 489 ogives nucléaires russes contre 5 177 américaines

"En raison des programmes d’essais menés par d’autres pays, j’ai demandé au ministère de la Guerre de commencer à tester nos armes nucléaires sur un pied d’égalité. Ce processus commencera immédiatement", a déclaré le président américain sur son réseau Truth Social. "Les Etats-Unis possèdent plus d’armes nucléaires que tout autre pays", s’est-il réjoui. "La Russie arrive en deuxième position et la Chine loin derrière en troisième, mais elle rattrapera son retard d’ici cinq ans".

Selon le dernier rapport annuel de l’Institut de recherche international pour la paix de Stockholm (Sipri), les Russes affichent 5 489 ogives nucléaires contre 5 177 pour les Américains et 600 pour les Chinois. Au total, cette organisation estime à plus de 12 200 le nombre d’ogives détenues par les neuf pays disposant de l’arme atomique : la Russie, les Etats-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, le Pakistan, l’Inde, Israël et la Corée du Nord. A son arrivée à son entretien avec Xi Jinping, Donald Trump n’a pas répondu à une journaliste qui lui demandait de commenter sa toute fraîche et surprenante annonce nucléaire.

Un nouveau drone sous-marin

La déclaration de Donald Trump une série d’annonces de la part de Vladimir Poutine, qui ces dernières années n’a cessé de vanter les nouvelles capacités militaires de son pays. Dimanche, le président russe s’était félicité de l’essai final réussi du missile de croisière à propulsion nucléaire Bourevestnik, d'"une portée illimitée" et capable de tenir en échec, selon lui, quasiment tous les systèmes d’interception. "C’est inapproprié", avait réagi Donald Trump, appelant Vladimir Poutine à plutôt "mettre fin à la guerre en Ukraine".

Mais le dirigeant russe n’a pas tenu compte de ces reproches. "Hier, nous avons effectué encore un essai, d’un autre système prometteur, un drone sous-marin Poséidon", a dit Vladimir Poutine lors de la visite d’un hôpital militaire, une déclaration diffusée mercredi à la télévision publique russe. Le drone Poséidon, selon Moscou, est doté d’un système de propulsion nucléaire et peut également transporter des charges atomiques. "Aucun autre appareil dans le monde n’est égal à celui-là par sa vitesse et la profondeur" à laquelle il opère, a assuré le maître du Kremlin, en affirmant qu’il n’existait "aucun moyen de l’intercepter".

Donald Trump, qui se pose en président de la paix depuis son retour à la Maison-Blanche, semble durcir le ton contre Moscou depuis l’échec de son sommet en Alaska avec Vladimir Poutine cet été. La semaine dernière, il a reporté sine die un projet de rencontre, tout juste annoncé, avec Vladimir Poutine à Budapest, disant ne pas vouloir de discussions "pour rien" et les Etats-Unis ont ensuite imposé de nouvelles sanctions sur les hydrocarbures russes.

Washington et Moscou restent liés par le traité de désarmement New Start, qui limite chaque partie à 1 550 ogives stratégiques offensives déployées et prévoit un mécanisme de vérifications, interrompues depuis deux ans. Alors que le traité doit expirer en février prochain, Vladimir Poutine a proposé début octobre de le prolonger d’un an mais n’a pas mentionné une possible reprise des inspections des arsenaux.

Entre le premier essai nucléaire américain en juillet 1945 dans le désert du Nouveau-Mexique et le moratoire imposé par le président George H. W. Bush en 1992, les Etats-Unis ont conduit 1 054 essais nucléaires, et deux bombardements sur les villes japonaises d’Hiroshima et Nagasaki en 1945.

© afp.com/Vincent Thian

Le président américain Donald Trump s'exprime lors du 13e sommet Asean - États-Unis dans le cadre du 47e sommet de l'Asean à Kuala Lumpur, le 26 octobre 2025 en Malaisie.
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Droits de douane, terres rares… Donald Trump salue le "grand succès" de sa rencontre avec Xi Jinping

Le président américain Donald Trump a quitté la Corée du Sud ce jeudi 30 octobre après une rencontre de 1h40 avec son homologue chinois Xi Jinping qui porte l’espoir d’une trêve dans la guerre commerciale entre les deux pays. Les dirigeants des deux plus grandes économies du monde se sont serré la main à l’issue de leur entretien.

Le républicain avait déclaré s’attendre à une "rencontre très réussie" avec le président chinois, qu’il a qualifié de "redoutable négociateur" au début de leur rendez-vous à Busan. A l'issue de celui-ci, il s'est de fait félicité d’un "grand succès", et a annoncé qu’il se rendrait en Chine en avril prochain pour de nouvelles discussions. "Je serai en Chine en avril et [Xi Jinping] viendra ici peu après, que ce soit en Floride, à Palm Beach, ou à Washington", a-t-il déclaré aux journalistes à bord d’Air Force One. "Nous avons finalisé de nombreux points", a-t-il ajouté, qualifiant Xi Jinping de "dirigeant exceptionnel d’un pays très puissant". L’Express fait le point sur ce qu’il faut retenir de cette entrevue au sommet.

Un accord reconductible sur l’approvisionnement en terres rares

Le président américain a annoncé jeudi avoir conclu lors de son entretien avec son homologue chinois Xi Jinping un accord d’un an, reconductible, sur l’approvisionnement en terres rares, matériau essentiel sur lequel la Chine exerce un quasi-monopole. "L’accord concernant les terres rares est désormais conclu, et c’est valable pour le monde entier", a affirmé Donald Trump aux journalistes à bord de l’avion Air Force One, précisant que cet accord serait renégocié chaque année.

La Chine a confirmé peu après avoir accepté de suspendre pour un an des restrictions imposées le 9 octobre sur différentes exportations, dont certaines liées aux terres rares. "La Chine suspendra pendant un an la mise en œuvre des mesures de contrôle des exportations concernées, annoncées le 9 octobre, et étudiera et affinera des plans spécifiques", a déclaré le ministère du Commerce dans un communiqué.

Une réduction à 10 % des droits de douane liés au fentanyl

Donald Trump a également annoncé avoir convenu de réduire à 10 % les droits de douane contre la Chine liés au trafic de fentanyl, après ses pourparlers avec le président Xi Jinping. Il a aussi affirmé que le différend entre la Chine et les Etats-Unis avait été "résolu".

Washington impose depuis mars une surtaxe douanière de 20 % sur de nombreux produits chinois en représailles au contrôle jugé insuffisant de la Chine sur le trafic de Fentanyl et d'autres opioïdes vers les États-Unis - ce que conteste Pékin. Xi Jinping "a accepté de tout mettre en œuvre pour endiguer le flux" de cet opioïde mortel, qui a tué des milliers d'Américains, a affirmé Donald Trump. "Je suis convaincu qu'il va tout faire pour stopper ce fléau", a-t-il déclaré.

Achat "de volumes considérables" de soja et autres produits agricoles

Donald Trump a affirmé que la Chine allait acheter "dès maintenant" des volumes "considérables" de soja et autres biens agricoles. "De grandes quantités, des volumes considérables de soja et d’autres produits agricoles vont être achetés immédiatement", a indiqué Donald Trump aux journalistes à bord d’Air Force One.

En représailles aux surtaxes douanières américaines liées au fentanyl, la Chine avait imposé ses propres taxes sur les produits agricoles américains et suspendu ses importations de soja des Etats-Unis au profit d'autres pays producteurs (Brésil, Argentine...). Or, le géant asiatique est un débouché crucial : la Chine avait absorbé l'an dernier plus de la moitié des exportations américaines de soja. Alors que les agriculteurs américains souffrent, la question était critique pour Donald Trump, soucieux de s'assurer une victoire politique auprès d'un segment électoral crucial pour lui.

Un possible "accord énergétique"

La Chine et les Etats-Unis doivent également entamer des pourparlers pour un éventuel "accord énergétique", a indiqué le président américain après avoir rencontré son homologue chinois.

"La Chine a accepté de s'engager sur une procédure d'achat d'énergie américaine. Une transaction d'envergure pourrait avoir lieu concernant l'achat de pétrole et de gaz de l'Alaska", a indiqué Donald Trump sur son réseau Truth Social. "Nos équipes respectives (...) se réuniront afin d'étudier la faisabilité d'un tel accord", a-t-il ajouté.

Washington et Pékin vont "travailler ensemble" sur la guerre en Ukraine

Alors que la guerre en Ukraine fait toujours rage, Donald Trump a assuré jeudi que Washington et Pékin allaient "travailler ensemble" sur le conflit. "L’Ukraine a été abordée de manière très forte. Nous en avons parlé pendant longtemps, et nous allons tous les deux travailler ensemble pour voir si nous pouvons obtenir quelque chose", a-t-il déclaré aux journalistes. Xi Jinping va "nous aider", a-t-il assuré.

La question de Taïwan absente des discussions

Le président américain a en revanche assuré que la question de Taïwan n’avait pas été abordée lors de sa rencontre avec le dirigeant chinois Xi Jinping, jeudi en Corée du Sud. "Taïwan n’a jamais été évoqué. Ce sujet n’a pas été abordé", a affirmé Donald Trump à bord d’Air Force One. Pékin revendique la souveraineté de l’île, dont Washington reste le soutien le plus puissant. Le sujet était vu comme un potentiel point d'achoppement majeur lors de la rencontre, alors que des analystes s'attendaient à voir Pékin chercher à faire pression au sujet de l'île.

Une relation de "partenaires et amis"

Le président chinois Xi Jinping a pour sa part déclaré avoir trouvé "des consensus sur des solutions aux problèmes" lors de sa rencontre avec Donald Trump. "Les équipes économiques et commerciales de la Chine et des Etats-Unis ont tenu des discussions approfondies et sont parvenues à des consensus sur des solutions aux problèmes", a-t-il déclaré, selon l'agence étatique Chine nouvelle. "Les deux équipes doivent affiner et finaliser les travaux de suivi le plus rapidement possible (...) et fournir des résultats concrets, afin de rassurer les esprits sur les économies de la Chine, des États-Unis et du monde", a-t-il ajouté.

Au début de son entretien avec Donald Trump, il avait déclaré que les deux pays devaient s’efforcer d’être "partenaires et amis" malgré leurs divergences et leur féroce opposition commerciale et stratégique. "La Chine et les États-Unis peuvent assumer conjointement leurs responsabilités de grandes puissances et travailler ensemble à la réalisation de projets plus ambitieux et concrets, pour le bien de nos deux pays et du monde entier", a-t-il affirmé à l’ouverture des discussions à Busan, indiquant qu'il était "ravi" de voir le président américain.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping se serrent la main avant des discussions à la base aérienne de Gimhae, en Corée du Sud, le 30 octobre 2025.
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Législatives aux Pays-Bas : l’extrême droite et les centristes au coude-à-coude

Donnée dans un premier temps battue, l’extrême droite de Geert Wilders est désormais donnée en tête des législatives anticipées aux Pays-Bas, à égalité avec un parti centriste pro-européen, dans une projection publiée jeudi 30 octobre à l’issue de ce scrutin très suivi en Europe.

Alors que les sondages réalisés à la sortie des urnes avaient créé la surprise en plaçant en première position le parti progressiste D66 de Rob Jetten, devant le parti d’extrême droite PVV de Geert Wilders, l’agence ANP leur a ensuite attribué 26 sièges chacun, sur 150 au Parlement. Cette projection s’appuie sur les résultats prenant en compte le dépouillement de près de 95 % des voix. Au début de cette nuit électorale à suspense, test de l’avancée de l’extrême droite en Europe, l’institut Ipsos I & O donnait 27 sièges à D66 et 25 au PVV.

Dans tous les cas, c’est une longue période de négociations qui s’ouvre pour les partis pour tenter de former une coalition, dans un système politique très fragmenté. Et c’est un revers pour le PVV qui perdrait 11 sièges par rapport à son succès électoral retentissant de 2023. "Les électeurs se sont exprimés. Nous espérions un autre résultat mais nous sommes restés fidèles à nous-mêmes", a déclaré sur X le dirigeant d’extrême droite de 62 ans.

Rob Jetten favori pour le poste de Premier ministre

Quel que soit le résultat définitif, Greet Wilders ne sera a priori pas Premier ministre, les principaux autres partis ayant exclu pour l’instant toute nouvelle collaboration avec lui, le jugeant peu fiable ou ses opinions trop peu acceptables.

Les premiers résultats placent donc le leader de D66, Rob Jetten, 38 ans, en pole position pour devenir le plus jeune Premier ministre néerlandais, et le premier ouvertement homosexuel. Ses partisans ont laissé éclater leur joie lors de leur soirée électorale à Leyde, près de La Haye, brandissant des drapeaux néerlandais et européens.

"On l’a fait !" s’est exclamé Rob Jetten dans un discours. "Il s’agit d’un résultat électoral historique car nous avons montré non seulement aux Pays-Bas mais aussi au monde entier qu’il est possible de vaincre les mouvements populistes et d’extrême droite", a-t-il déclaré devant des journalistes celui qui était monté en flèche ces derniers jours dans les sondages grâce à un message optimiste et une forte présence médiatique.

La nouvelle coalition pas pour tout de suite

Les élections aux Pays-Bas étaient suivies de près en Europe car elles devaient permettre d’évaluer l’ampleur de la poussée de l’extrême droite partout dans le continent, notamment au Royaume-Uni, en France et en Allemagne.

Greet Wilders a lui-même déclenché les élections anticipées en torpillant le gouvernement sortant après un différend sur l’immigration, retirant le PVV d’une fragile coalition quadripartite.

La campagne s’est principalement jouée autour de l’immigration et de la crise du logement, qui touche surtout les jeunes dans ce pays densément peuplé. Elle a été entachée de violences lors de manifestations anti-immigration, et de désinformation.

Le résultat définitif devrait être connu jeudi et les partis vont s’atteler à s’accorder sur une coalition, un processus qui pourrait prendre des mois. Derrière les deux formations en tête, le parti libéral de centre-droit VVD devrait remporter 22 sièges, l’alliance de gauche Verts/Travaillistes, 20, selon la projection d’ANP. Frans Timmermans, 64 ans, ancien vice-président de la Commission européenne, a jeté l’éponge après le résultat décevant de son alliance écologiste de gauche. "Ce soir, je quitte mes fonctions de chef de parti. Le cœur lourd", a-t-il déclaré.

"Il faudra certainement du temps aux Pays-Bas pour retrouver la stabilité et former une nouvelle coalition", a observé Sarah de Lange, professeure de sciences politiques à l’université de Leiden, avant le sondage de sortie des urnes. "Les partis sont idéologiquement très différents, ce qui rendra les compromis très difficiles", ajoute-t-elle, interrogée par l’AFP. En attendant la formation d’un nouveau gouvernement, le Premier ministre démissionnaire, Dick Schoof, continue de gérer les affaires courantes.

© afp.com/Sem van der Wal

Le dirigeant d'extrême droite Geert Wilders réagit aux législatives le 29 octobre 2025 à La Haye
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Tournée asiatique : Donald Trump multiplie les accords commerciaux très favorables aux Etats-Unis

Du Vietnam à la Corée du Sud en passant par Tokyo : en tournée en Asie depuis dimanche, Donald Trump a multiplié les accords commerciaux, assortis de promesses à coopérer sur la question-clé des minéraux critiques. Des accords qui confèrent aux Etats-Unis une longueur d'avance sur le Sud-Est asiatique, analyse l'agence de presse Bloomberg News. Retour en détail sur les différents partenariats conclus ces derniers jours.

Corée du Sud : automobile, construction navale

Séoul et Washington ont annoncé mercredi 29 octobre avoir finalisé l'accord commercial esquissé fin juillet. Selon un responsable sud-coréen, il prévoit une réduction à 15 % des taxes douanières réciproques sur l'automobile entre les deux pays - crucial pour Séoul puisque le marché américain absorbe la moitié des exportations de voitures sud-coréennes.

Il inclut également un plan d'investissements sud-coréens pour 350 milliards de dollars aux Etats-Unis "dont 200 milliards en numéraire et 150 milliards pour la coopération dans le secteur de la construction navale". Washington entend s'appuyer sur Séoul, deuxième plus gros constructeur de navires au monde, face à la domination chinoise sur cette industrie.

Terres rares : coopérations renforcées

A l'heure où Pékin durcit ses restrictions sur ses exportations de terres rares - matériaux essentiels dont la Chine a le quasi-monopole -, Washington est en quête d'approvisionnements alternatifs. Le président américain a conclu dimanche deux protocoles d'accord avec Kuala Lumpur et Bangkok pour "renforcer la coopération" sur les "minéraux critiques", promouvant "le commerce et l'investissement dans l'exploration, l'extraction (...) le raffinage". La Malaisie avait déclaré en 2023 détenir environ 16,2 millions de tonnes de réserves inexploitées de terres rares.

Les Etats-Unis et le Japon ont, eux, signé mardi un accord-cadre pour "sécuriser" leurs approvisionnements de terres rares et minéraux critiques, avec une mobilisation de capitaux pour soutenir conjointement des projets prioritaires.

Japon : construction navale, investissements

Les Etats-Unis ont également signé mardi avec Tokyo un protocole d'accord pour doper leur coopération sur la construction navale, sur lequel se penchera un groupe de travail conjoint. A été également publiée mardi une liste d'investissements "envisagés" par des firmes nippones, pour remplir l'engagement de 550 milliards de dollars d'investissements aux Etats-Unis promis par Tokyo dans le cadre de l'accord commercial nippo-américain conclu en juillet : nucléaire et intelligence artificielle y prédominent.

Malaisie : Boeing et investissements

Selon l'accord commercial signé dimanche, les taxes douanières américaines de 19 % visant la Malaisie seront maintenues, mais Washington accordera certaines exemptions, notamment à de nombreux produits agricoles. En échange, Kuala Lumpur devra offrir "un accès préférentiel" aux produits industriels, automobiles, biens agricoles, des Etats-Unis.

La Malaisie a également promis de commander 30 avions Boeing (avec une option pour 30 supplémentaires) et d'acheter pour 150 milliards de dollars de puces, composants aérospatiaux et équipements de centres de données. Enfin, le pays devra investir 70 milliards de dollars aux Etats-Unis sur la prochaine décennie, et gonfler ses achats d'hydrocarbures américains. Reste en suspens la questions des semi-conducteurs, dont la Malaisie est le sixième exportateur mondial et que l'administration Trump envisage de taxer lourdement.

Cambodge : exemptions accordées

Selon l'accord conclu dimanche, des droits américains "réciproques" de 19 % sont maintenus sur les exportations cambodgiennes, mais des exemptions sont ménagées. Le Cambodge s'engage à maintenir des droits de douane nuls sur les produits américains, mais aussi à "autoriser et faciliter les investissements pour explorer, extraire, raffiner (...) minéraux critiques et ressources énergétiques".

Vietnam : l'inconnue des biens "transbordés"

Le Vietnam avait conclu en juillet un compromis ramenant les surtaxes américaines douanières le visant à 20 %, bien en deçà des 46 % qu'il risquait. Selon l'accord-cadre conclu ce week-end, Washington maintient ces 20 % mais accordera des droits nuls sur certains produits dont la liste reste ouverte. En contrepartie, le Vietnam donnera "un accès préférentiel" aux exportations industrielles et agricoles américaines et réduira ses barrières réglementaires. Vietnam Airlines a accepté de finaliser sa commande de 50 Boeing, pour quelque 8 milliards de dollars selon la Maison blanche, qui fait aussi état d'achats importants de produits agricoles. Les deux parties travailleront à finaliser l'accord "dans les prochaines semaines".

En revanche, l'accord de juillet prévoyait que les Etats-Unis surtaxent à 40 % les produits conçus ailleurs et ne faisant que transiter par le Vietnam, notamment en vue d'échapper aux taxes américaines contre la Chine. Aucune définition précise n'est encore donnée, au grande dam des industriels vietnamiens, très intégrés aux chaînes de production chinoises.

Thaïlande : accord-cadre à finaliser

Donald Trump a conclu dimanche avec Bangkok un accord-cadre à finaliser "dans les prochaines semaines", qui assortit la surtaxe douanières actuelle (19 %) d'exemptions -en échange de l'élimination des barrières douanières thaïlandaises. Le texte prévoit aussi la commande de 80 avions américains pour 18,8 milliards de dollars, et des achats accrus de biens agricoles et hydrocarbures américains.

© AFP

Le président américain Donald Trump (2e à gauche) pose pour une photo de groupe avec le Premier ministre cambodgien Hun Manet (à gauche), le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim (2e à droite) et le président philippin Ferdinand Marcos Jr (à droite) avant le 13e sommet ASEAN-États-Unis à Kuala Lumpur, le 26 octobre 2025.
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Face à la menace chinoise, Taïwan veut s'inspirer d'Israël pour garantir sa souveraineté

"Un modèle". C'est ainsi que le président taïwanais a qualifié Israël, vantant la robustesse de son système de défense. Lai Ching-te n'a, en outre, pas hésité à convoquer la Bible, citant David contre Goliath en référence au rapport de force entre Taïwan et la Chine. Ou comment légitimer le réarmement de l'île et tenter de courtiser Washington, alors que Pékin intensifie depuis quelques jours les exercices militaires autour de Taïwan.

Manoeuvres d'intimidation de Pékin

"Xi Jinping n’hésitera pas à sacrifier le PIB chinois pour envahir Taïwan, ce qui serait le déclencheur d’une guerre catastrophique avec les Etats-Unis", alertait pas plus tard qu'hier dans les colonnes de L'Express Michael Beckley, responsable de la recherche sur l’Asie au Foreign Policy Research Institute.

Pour garantir son indépendance, Taïwan, fervent soutien de l'Etat hébreu, entend donc prendre exemple sur le modèle de défense israélien. "Le peuple taïwanais s'inspire souvent de l'exemple du peuple juif face aux défis que la Chine pose à sa position internationale et aux menaces qui pèsent sur sa souveraineté", a ainsi déclaré le président Lai lors d'un dîner organisé lundi soir à Taïwan par le Comité des affaires publiques américano-israéliennes.

Israël érigé en modèle de défense

Le président taïwanais est même allé plus loin, affirmant que "l'apaisement n'a jamais été le moyen de mettre fin aux gouvernements autoritaires" et que le concept de paix par la force était "une maxime que les sociétés israéliennes, américaines et taïwanaises ont depuis des années". Ces déclarations s'inscrivent dans la lignée de premières annonces du président Lai en ce sens, ce mois-ci. Ce dernier avait ainsi déclaré, le 10 octobre dernier, vouloir augmenter les dépenses de défense à plus de 3 % du PIB en 2026 et à 5 % d'ici 2030, pour "protéger la nation".

Il avait aussi officialisé le déploiement d'un nouveau système de défense aérienne multicouche appelé "T-Dome" afin de se défendre contre une éventuelle attaque future de Pékin. Une infrastructure inspirée par le système de défense antimissile "Iron Dome" d'Israël, ainsi que par le bouclier antimissile "Golden Dome" du président américain Donald Trump.

Opération séduction de la base MAGA

Alors que le président américain est actuellement en tournée en Asie et doit rencontrer dès demain le président chinois Xi Jinping en Corée du Sud, Taïwan redouble d'efforts pour rallier les Etats-Unis à sa cause. Notamment dans un contexte où l'île s'inquiète de la solidité de sa relation avec Washington, en cas d'attaque de la Chine.

Mercredi 29 octobre, Pékin n'a de son côté pas mâché ses mots, rapporte Courrier International, faisant savoir qu'elle ne "promettrait jamais de renoncer à l'usage de la force vis-a-vis de Taïwan". Reste à voir qui, de Xi Jinping ou de Lai Ching-te, réussira à avoir l'oreille de Donald Trump.

© Daniel Ceng / ANADOLU / Anadolu via AFP

Le président taïwanais Lai Ching-te prononce un discours à l’occasion de la fête nationale, devant le Palais présidentiel à Taipei, à Taïwan, le 10 octobre 2025.
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Sahara occidental : pourquoi l'avenir du territoire est suspendu au vote de la Russie à l'ONU

C'est un dossier explosif sur lequel Moscou continue d'entretenir le flou. Et pourtant, sa voix sera stratégique pour l'avenir de ce territoire, disputé depuis cinquante ans entre le Maroc et les indépendantistes du Front Polisario -soutenus par l'Algérie. Car dès demain, le Sahara occidental sera au coeur d'un vote à l'Onu. Les cinq membres permanents du conseil de sécurité devront se positionner sur un plan d'autonomie proposé par l'administration Trump et favorable au Maroc.

Si le Royaume-Uni et la France ont déjà fait savoir qu'ils se rangeraient derrière Washington, la Chine ainsi que la Russie, traditionnel allié d'Alger, sont, eux, restés plus ambigus. Pour Moscou, ce vote peut être l'opportunité de réaffirmer son non-alignement avec Washington. Ou au contraire de brosser Donald Trump dans le sens du poil pour espérer obtenir de futures concessions de sa part...

Proposition américaine favorable au Maroc

Le projet de résolution a été remis, le 22 octobre, par les Etats-unis. Selon Le Monde, il reprendrait un certain nombre d'éléments du plan marocain d’autonomie, proposé en 2007. Dans sa version initiale, le texte présentait ainsi ce statut d’autonomie "au sein de l’Etat marocain" comme "la solution la plus réalisable", utilisant même, à une reprise, une formule plus restrictive encore : "la base" de discussion – sous-entendu la seule.

Mais devant les résistances exprimées par certains membres du Conseil, une nouvelle mouture aurait commencé à circuler dans la soirée de lundi. Elle réaffirmerait entre autres le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, dans l’esprit des résolutions passées du Conseil.

Rejet catégorique du Front Polisario

Une condition indispensable pour le Front Polisario, qui avait dénoncé, dans un courrier au président du Conseil de sécurité de l'ONU, le texte initial. Un texte qui, selon lui, "niait sa participation" et "écartait toute référence au référendum d'autodétermination", rapporte le quotidien algérien El Watan. Le mouvement indépendantiste a également dit regretter que l'Espagne, ancienne puissance coloniale du Sahara occidental, ne participe pas aux discussions. "On ne peut construire une paix durable en marginalisant les acteurs historiques et en contournant les principes qui fondent le droit international", a déclaré le Front Polisario.

De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déjà fait valoir qu'"aucun accord" ne pouvait être "imposé au mouvement sahraoui". Le tout, en prenant soin de rappeler ses désaccords avec Washington : pour Moscou, le dossier "n'est pas clos", a-t-il notamment expliqué. Et d'ajouter : "il le sera uniquement lorsque toutes les parties concernées estimeront que la décision a été prise dans le respect d'un juste équilibre des intérêts".

La Russie en position de force

Mais pour autant, plusieurs experts en sont convaincus : la Russie n'opposera pas son véto à la résolution américaine. "Au mieux, si le texte est trop en faveur du Maroc, la Russie s'abstiendra", juge par exemple le directeur du programme Afrique du Nord à l'International Crisis Group Riccardo Fabiani, cité par le journal espagnol El Independiente. Et d'ajouter que "la Russie a peu à gagner à adopter une position ferme, car elle entretient de bonnes relations avec l'Algérie et le Maroc et ne considère pas ce conflit comme important pour ses propres intérêts".

Mark N. Katz, professeur à l'université George-Mason aux Etats-Unis va même plus loin : pour lui, "les Russes pourraient même soutenir la résolution américaine {alignée sur la position de Rabat, NDLR}, s'ils estiment pouvoir obtenir des concessions ailleurs", notamment sur le dossier ukrainien.

Quid de la mission onusienne sur place ?

Pour être adopté jeudi 30 octobre, le projet de résolution devra obtenir les voix d’au moins neuf pays sur les quinze qui composent le Conseil, à savoir les cinq permanents, auxquels s’ajoutent dix membres élus pour deux ans : l’Algérie, la Corée du Sud, le Danemark, la Grèce, le Guyana, le Pakistan, le Panama, la Sierra Leone, la Slovénie et la Somalie.

D'autres enjeux seront également à l'ordre du jour des discussions. A commencer par le renouvellement du mandat de la Minurso, la mission onusienne chargée depuis 1991 de surveiller le cessez-le-feu - désormais caduc - dans le territoire. Car le texte porté par les Etats-Unis entend prolonger de seulement trois mois son mandat, alors que celui-ci est d'ordinaire renouvelé chaque année. De quoi affaiblir un peu plus une mission déjà mise à mal par les coupes budgétaires de l'administration Trump.

© Anadolu via AFP

Des personnes célèbrent le 50e anniversaire du Front Polisario et le déclenchement de la lutte armée pour l'indépendance du Sahara occidental à Aousserd à Tindouf au sud-ouest d'Alger, Algérie, le 20 mai 2023.
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Vladimir Poutine annonce que la Russie a testé un drone sous-marin à capacité nucléaire

L’Ukraine aura besoin du soutien financier de l'Europe pendant encore "deux ou trois ans" pour contrer l'invasion russe, a affirmé Volodymyr Zelensky, en référence à une proposition de la Commission européenne visant à débloquer progressivement les avoirs russes gelés pour financer l'effort de guerre ukrainien. Le président ukrainien espère également que Donald Trump fera pression sur Xi Jinping pour que Pékin diminue son soutien à Moscou et ses importations d'hydrocarbures russes, lors de la rencontre prévue jeudi entre les dirigeants américain et chinois.

Sur le front, l'armée russe, plus nombreuse, continue de grignoter du terrain dans certains secteurs, en dépit de lourdes pertes, et sans réussir pour l'heure à accomplir de percée majeure. La priorité du Kremlin reste la prise de la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine. Ces derniers jours, la pression s'est accentuée sur la ville de Pokrovsk, un bastion de la région que les forces russes cherchent à prendre depuis des mois. Volodymyr Zelensky a affirmé qu'environ 200 soldats russes se trouvaient actuellement dans la cité, "la cible principale des Russes".

Les infos à retenir

⇒ Vladimir Poutine dit que la Russie a testé un drone sous-marin à capacité nucléaire

⇒ Une frappe russe a touché un hôpital pour enfants à Kherson, selon Kiev

⇒ Un ex-instructeur militaire "européen" arrêté et accusé d'espionnage pour Moscou

Vladimir Poutine annonce que la Russie a testé un drone sous-marin à capacité nucléaire

Vladimir Poutine a déclaré mercredi 29 octobre que la Russie avait testé un drone sous-marin à capacité nucléaire, le Poséidon, quelques jours après avoir annoncé un essai final réussi du missile russe de croisière à propulsion nucléaire Bourevestnik.

"Hier, nous avons effectué encore un essai, d'un autre système prometteur - un drone sous-marin Poséidon", a dit le président russe. "Il n'existe aucun moyen de l'intercepter", a-t-il affirmé. Cet équipement militaire, selon Moscou, est à propulsion nucléaire et peut également transporter des charges atomiques. "Aucun autre appareil dans le monde n'est égal à celui-là par sa vitesse et la profondeur" à laquelle il opère, a poursuivi le maître du Kremlin.

Une source au sein du complexe militaro-industriel russe, citée précédemment par l'agence de presse officielle TASS, assure que le Poséidon, un drone sous-marin conçu pour la dissuasion nucléaire, est capable de se déplacer à plus d'un kilomètre de profondeur, à une vitesse de 60 à 70 noeuds, tout en restant indétectable. Il est censé équiper à terme le Belgorod, un sous-marin nucléaire mis en service en juillet 2022 et qui a les installations nécessaires pour lancer le Poséidon.

Dimanche, Vladimir Poutine avait annoncé un essai final réussi du missile de croisière à propulsion nucléaire Bourevestnik, d'"une portée illimitée" et capable de tenir en échec selon lui quasiment tous les systèmes d'interception. Vladimir Poutine avait dévoilé la mise au point par l'armée russe d'armes ultramodernes, parmi lesquelles les Bourevestnik et les Poséidon, en 2018, à l'époque pour faire face selon Moscou aux menaces des Etats-Unis.

Une frappe russe a touché un hôpital pour enfants à Kherson, selon Kiev

Un bombardement a touché mercredi un hôpital pédiatrique dans la ville ukrainienne de Kherson (sud), faisant neuf blessés dont quatre enfants, ont annoncé les autorités de Kiev, qui ont accusé Moscou d'"un nouveau crime de guerre". "L'ennemi a ouvert le feu sur un hôpital pour enfants à Kherson. Neuf personnes ont été blessées, dont quatre enfants et trois membres du personnel médical", a déclaré Dmytro Loubinets, le médiateur ukrainien pour les droits humains.

Selon lui, les bâtiments de l'hôpital ont subi d'"importants dégâts". "Il s'agit là d'un nouveau crime de guerre de la part de la Fédération de Russie, qui attaque délibérément des biens civils, en violation flagrante des normes du droit humanitaire international", a poursuivi Dmytro Loubinets, sur les réseaux sociaux. Son communiqué est accompagné d'une vidéo non vérifiée par l'AFP montrant un bâtiment aux fenêtres soufflées et à la façade endommagée, ainsi que des pièces contenant du matériel médical au milieu de décombres et ce qui semble être des taches de sang sur le sol.

Depuis sa libération par Kiev en novembre 2022 après six mois d'occupation russe, la ville de Kherson, située au bord du Dniepr, le fleuve marquant la ligne de front dans ce secteur, est quasi quotidiennement la cible de bombardements russes qui font régulièrement des morts et des blessés parmi les civils. Dans la région voisine d'Odessa, des frappes russes ont endommagé des installations électriques ukrainiennes, privant d'électricité près "de 26.900 foyers" et causant des dégâts "importants", selon l'opérateur privé DTEK. Face aux bombardements massifs qui touchent son territoire, l'Ukraine réplique par des attaques de drones et des frappes sur le territoire russe.

Mercredi, le gouverneur de la région russe de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, a affirmé qu'une attaque de drone ukrainien avait causé la mort d'au moins une personne et en avait blessé trois autres dans le village de Chebekino, frontalier de l'Ukraine.

Dans le même temps, le ministère russe de la Défense a revendiqué mercredi la prise par les soldats russes du village de Vychneve dans la région ukrainienne de Dnipropetrovsk (centre-est). Les troupes russes continuent de lentement grignoter du terrain dans certains secteurs, malgré de lourdes pertes, face à des forces ukrainiennes moins nombreuses.

Un ex-instructeur militaire "européen" arrêté et accusé d'espionnage pour Moscou

Les Services de sécurité ukrainiens (SBU) ont déclaré mercredi avoir arrêté un ancien instructeur militaire ayant travaillé en Ukraine et originaire d'un pays européen non identifié, l'accusant d'espionnage pour le compte de la Russie. "Selon les éléments du dossier, cet étranger a fourni à l'ennemi des informations officielles sur les forces de défense ukrainiennes et se préparait à commettre des actes terroristes", a affirmé le SBU dans un communiqué diffusé sur les médias sociaux.

Le suspect est arrivé en Ukraine début 2024 pour "travailler en tant qu'instructeur chargé de former le personnel mobilisé" et avait des "compétences dans le maniement des armes à feu et l'entraînement tactique", selon ce communiqué qui ne précise ni sa nationalité ni son poste. Selon cette source, il a commencé à collaborer avec Moscou quelques mois plus tard et les services de sécurité russes (FSB) lui ont donné des instructions sur la fabrication d'engins explosifs et fourni une arme de poing et des munitions. Placé en détention après avoir été arrêté à Kiev, il encourt jusqu'à 12 ans d'emprisonnement et la confiscation de ses biens, toujours selon le SBU.

Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine sur ordre du président russe Vladimir Poutine en février 2022, l'Ukraine a ouvert des milliers d'affaires pénales pour collaboration avec l'ennemi et arrête régulièrement des agents présumés travaillant pour la Russie.

Les Etats-Unis vont réduire leur présence militaire sur le front oriental de l'Europe

Les Etats-Unis vont réduire leur présence militaire sur le front oriental de l'Europe, a annoncé mercredi la Roumanie, concernée en première ligne par cette décision, alors que le conflit ukrainien continue de faire rage à ses portes.

Quelque 85.000 troupes américains sont stationnées en Europe, dont 20.000 venues en renfort après l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février 2022, selon le ministère américain de la Défense. "Le redimensionnement des forces américaines est le résultat des nouvelles priorités de l'administration présidentielle, annoncées en février", a souligné le ministère roumain de la Défense dans un communiqué.

Cette décision "a également pris en compte le fait que l'Otan a renforcé sa présence et son activité sur le flanc oriental", a-t-il ajouté. Il s'agit d'un "ajustement" qui n'empêchera pas les forces américaines de rester "plus importantes" qu'avant 2022, a réagi de son côté un responsable de l'Otan interrogé par l'AFP, soulignant que l'organisation avait été informée au préalable et que les "ajustements" à la présence américaine en Europe "ne sont pas inhabituels".

Toutefois, pour l'ancien conseiller à la sécurité nationale du président roumain, George Scutaru, il s'agit d'"un mauvais signal envoyé à la Russie" concernant la région de la mer Noire. "La Russie pourrait considérer que la mer Noire n'est pas si importante pour les intérêts américains en Europe", a-t-il déclaré à l'AFP, estimant qu'elle serait dès lors "encouragée à essayer de faire pression davantage, en particulier sur la Roumanie, en utilisant des drones, des incursions dans l'espace aérien".

© afp.com/Alexander KAZAKOV

Le président russe Vladimir Poutine lors d'une réunion télévisée avec des membres de son Conseil de sécurité, le 22 septembre 2025 au Kremlin
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Guerre en Ukraine : la ville stratégique de Pokrovsk sous le feu des attaques de Moscou

L’armée du Kremlin est aux portes d’un bastion de l’est de l’Ukraine qu’elle tente de prendre depuis des mois. "Pokrovsk est actuellement la cible principale des Russes" a confirmé gravement Volodymyr Zelensky lors d’un briefing mardi 28 octobre au matin. Dimanche soir, il avait déjà affirmé que des "combats féroces" se déroulaient à Pokrovsk et dans ses faubourgs. "Il y a des groupes de sabotage à l’intérieur, et la logistique est compliquée", a-t-il ajouté selon des propos rapportés par le Financial Times. Selon l’Etat-major ukrainien, l’armée russe est parvenue à faire entrer environ 200 soldats à Pokrovsk, qui se sont infiltrés en "petits groupes d’infanterie".

Pour l’heure, la ville résiste. "Dès que les soldats russes émergent ou tirent d’un endroit, ils sont localisés et détruits" a assuré Volodymyr Zelensky lors de son dernier briefing. Auprès du Washington Post, un major ukrainien décrit quant à lui un "chaos stable à l’intérieur" de la ville. "Nous tenons la ville pour l’instant", affirme-t-il, indiquant qu’il n’y a "aucun plan de retraite". Toujours selon les informations du Financial Times, "les deux camps s’appuient de plus en plus sur des drones chargés d’explosifs pour frapper les véhicules d’approvisionnement jusqu’à 20 kilomètres derrière la ligne de front".

La Russie tente d’encercler la ville

Les responsables russes ont présenté une image très différente — celle d’une armée ukrainienne au bord d’une déroute majeure. Dimanche, le général Valery Gerasimov, chef d’état-major des forces armées russes, a rapporté au président Vladimir Poutine que les troupes du Kremlin avaient encerclé près de 5 500 soldats ukrainiens dans la direction de Pokrovsk et 5 000 autres près de Koupiansk, dans la région de Kharkiv, au nord. Des chiffres démentis par l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW) basé à Washington, pour qui ces déclarations s’inscrivent dans "la guerre cognitive du Kremlin", destinée à faire croire à une victoire russe inévitable.

NEW: US President Donald Trump’s October 17 meeting with Ukrainian President Volodymyr Zelensky reportedly ended with Trump supporting a ceasefire on the current frontlines and not Russian President Vladimir Putin’s demands that Ukraine cede territory in Donetsk Oblast to Russia.… pic.twitter.com/j9A2fruduc

— Institute for the Study of War (@TheStudyofWar) October 21, 2025

Si Pokrovsk tombait, ce serait la plus grande prise russe depuis Bakhmout, en mai 2023. "Les gens comparent à Bakhmout, mais c’est différent : ici, ils sont moins nombreux et se cachent dans des sous-sols", souligne toutefois un officier auprès du Washington Post. Sur le terrain, la situation reste critique. Pokrovsk est difficile à ravitailler. "Le problème est principalement logistique : évacuations, munitions, carburant," confie un autre major au journal américain. "Ils ont tenté de nous encercler deux fois," conclut-il, "et ça n’a pas marché."

Le verrou stratégique pour contrôler le Donbass

Des combats sont en cours au niveau de plusieurs points chauds, le long d’environ 1 000 kilomètres de ligne de front. Cette poussée s’inscrit dans une offensive plus large qui a vu les troupes de Moscou progresser autour de Lyman et de Kostyantynivka, dans la région de Donetsk que Vladimir Poutine exige que Kiev cède comme condition à tout cessez-le-feu. Auprès du Financial Times, l’analyste militaire Kostyantyn Mashovets assure qu’"il n’y a pas d’encerclement", mais prévient que "la menace est très réelle". Selon des sources ukrainiennes, l’armée de Kiev a tout de même repris trois villages au nord de Pokrovsk, perdus lors d’une offensive surprise en août.

Située au cœur de la région de Donetsk, cette ville-forteresse de quelque 60 000 habitants avant l’invasion de 2022 constitue l’un des derniers grands bastions encore tenus par Kiev dans la région. Sa chute ouvrirait à la Russie la voie vers l’ouest et faciliterait la prise du reste de la région, notamment des cités de la "ceinture de forteresses" comme Kostiantynivka ou Kramatorsk. Véritable carrefour, Pokrovsk donne accès à des axes routiers et ferroviaires essentiels pour l’armée ukrainienne. Pour Moscou, la capturer reviendrait à briser le verrou qui empêche la domination totale du Donbass, cette région qui englobe les oblasts du Donetsk et de Louhansk.

© afp.com/Handout

Si la ville de Pokrovsk tombait, ce serait la plus grande prise russe depuis Bakhmout, en mai 2023.
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Pays-Bas : quatre questions sur des législatives aux airs de test pour l’extrême droite en Europe

Début juin, la fragile coalition qui était au pouvoir aux Pays-Bas s’est effondrée après seulement 366 jours. Ce mercredi 29 octobre, les Néerlandais se rendent aux urnes pour des élections anticipées. Alors que les résultats s’annoncent très serrés, cette échéance devrait permettre d’évaluer l’ampleur de la poussée de l’extrême droite qui a le vent en poupe en Europe. Tour d’horizon.

Pourquoi le gouvernement a-t-il chuté ?

Le 3 juin, Geert Wilders, le patron du Parti pour la liberté (PVV) a soudainement retiré son parti de la coalition au pouvoir, frustré par la lenteur, à ses yeux, de la mise en œuvre d’une politique d’immigration stricte. "J’ai signé pour une politique d’asile la plus stricte, pas pour la chute des Pays-Bas", avait-il alors fulminé. L’homme politique avait alors lancé un ultimatum, menaçant de torpiller le gouvernement si son plan en dix points contre l’immigration n’était pas immédiatement mis en œuvre.

Malgré les tentatives des trois autres partis de la coalition d’instaurer un dialogue et des négociations dans l’espoir de maintenir le navire à flot, Geert Wilders a coupé court à leurs efforts. Furieuse, Dilan Yesilgoz, leader du parti libéral VVD, a qualifié l’élu d’extrême droite d'"irresponsable", excluant de gouverner à nouveau avec lui.

Qui est favori ?

D’après les sondages, l’extrême droite pourrait réitérer sa victoire retentissante de 2023. Mais les chances de Geert Wilders de devenir Premier ministre restent maigres, puisque les autres grands partis néerlandais ont exclu toute coalition avec lui, lui reprochant d’être à l’origine de la crise politique qui ébranle les Pays-Bas depuis près de cinq mois. Le candidat d’extrême droite, qui s’est illustré par ses positions anti-islam et anti-Union Européenne, ne perd toutefois pas espoir, et estime que "la démocratie sera morte" si on l’empêche à nouveau d’être Premier ministre malgré une nouvelle victoire électorale.

Reste que celle-ci n’est pas garantie : "Il est impossible de prédire pour l’instant qui pourrait remporter les élections, car quatre partis sont à égalité pour la première place", a indiqué à l’AFP Sarah de Lange, professeure de sciences politiques à l’Université de Leyde.

Dans le cas d’une victoire de l’extrême droite, la course à la deuxième place est cruciale, car celui qui la décrochera aura probablement le privilège de former une coalition, le PVV risquant d’être un vainqueur isolé.

A ce stade, c’est l’alliance Verts-Parti travailliste qui détient la deuxième position dans les sondages. Elle est menée par l’ancien vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans, qui se présente comme une valeur sûre, dotée d’une forte expérience en matière de climat.

Mais l’alliance est concurrencée par l’étoile montante du centre droit, Henri Bontenbal (CDA, chrétiens-démocrates), 42 ans, qui promet un "retour à la normale" après le chaos de ces dernières années, appelant à combattre la polarisation politique. Après des années de prises de becs entre politiciens, les électeurs néerlandais semblent lassés : l a moitié déclarait encore être indécise à la veille du scrutin. Mais pour le patron des chrétiens-démocrates, une chose demeure certaine, "les Néerlandais ne sont extrêmes ni d’un côté ni de l’autre".

Quels étaient les principaux thèmes de campagne ?

Dans ce pays qui figure parmi les plus densément peuplés d’Europe, la crise du logement arrive régulièrement en tête des préoccupations des électeurs. Elle est ensuite suivie par l’immigration, la santé, la criminalité et le coût de la vie, selon un sondage de EenVandaag. Le climat semble être l’un des sujets les moins importants de cette campagne.

En matière de politique internationale, la défense du pays est la principale préoccupation des électeurs, suivie par la guerre en Ukraine, puis celle à Gaza.

Quant à la campagne en elle-même, elle ne s’est pas illustrée par son apaisement. Cette période a été entachée de violences lors de manifestations anti-immigration, et de désinformation. Deux députés du PVV ont anonymement diffusé des images générées par IA visant à discréditer le candidat Frans Timmermans, forçant Geert Wilders à lui présenter des excuses.

Comment se déroule le scrutin ?

Les électeurs ont le choix entre pas moins de 27 partis, chacun ayant une liste de candidats se disputant 150 sièges au Parlement. Le scrutin est proportionnel.

Cela signifie que les Néerlandais doivent composer avec un énorme bulletin de vote de la taille d’une feuille A3, avec tous les noms des candidats. Le nombre total de voix est divisé par 150 et tout parti atteignant le seuil minimal - légèrement inférieur à 71 000 aux dernières élections - remporte un siège au Parlement.

Aux Pays-Bas, pays du compromis, aucun parti n’est assez dominant pour remporter une majorité absolue de 76 sièges. Les Néerlandais sont donc habitués aux coalitions multipartites. Les négociations pour former une coalition commencent immédiatement après les sondages de sortie des urnes et durent souvent plusieurs mois. La formation du dernier gouvernement a pris 223 jours. "Il est très probable que la formation d’une coalition prendra longtemps, disons entre six mois et un an", observe Sarah de Lange.

© afp.com/Sem van der Wal

Le leader de l'extrême droite néerlandaise Geert Wilders à La Haye, le 17 janvier 2024
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Défense : les Etats-Unis vont réduire leur présence militaire en Europe

Les Etats-Unis ont informé la Roumanie et ses alliés qu’ils allaient réduire une partie de leurs troupes déployées sur le front oriental de l’Europe, a annoncé mercredi 29 octobre le ministère roumain de la Défense dans un communiqué. La Roumanie est concernée en première ligne par cette décision, alors que le conflit ukrainien continue de faire rage à ses portes.

"La décision des Etats-Unis est de suspendre la rotation en Europe d’une brigade qui avait des éléments dans plusieurs pays de l’Otan", a précisé le ministère, soulignant que quelque 1 000 soldats américains resteraient déployés sur son territoire après cette réévaluation.

"Nous ne parlons pas d’un retrait des forces américaines, mais de la cessation de la rotation d’une brigade qui avait des éléments dans plusieurs pays de l’Otan, y compris la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie et la Hongrie", a précisé le ministre de la Défense, Ionut Mosteanu, lors d’une conférence de presse, tenue peu après la publication du communiqué de son ministère. "Environ 900 à 1 000 soldats américains resteront en Roumanie, contribuant à dissuader toute menace et représentant une garantie de l’engagement des Etats-Unis envers la sécurité régionale", a-t-il insisté.

Selon les dernières statistiques disponibles, 1 700 soldats américains sont actuellement déployés en Roumanie. Au total, quelque 85 000 troupes américaines sont stationnées en Europe, dont 20 000 venues en renfort après l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février 2022, selon le ministère américain de la Défense.

Un "ajustement"

"Les capacités stratégiques restent inchangées", a encore dit Ionut Mosteanu, précisant que "le système de défense antimissile à Deveselu restait pleinement opérationnel. La base aérienne de Campia Turzii continue d’être un point essentiel pour les opérations aériennes et la coopération alliée, la base de Mihail Kogalniceanu continue d’être développée, et le drapeau américain restera présent sur ces trois sites". "Un groupe de combat aérien restera à la base de Kogzlniceanu, comme c’était le cas avant le déclenchement du conflit en Ukraine", a-t-il ajouté.

Soulignant que la décision américaine était "un développement prévisible que nous avons tous anticipé", il a rappelé que l'Europe avait commencé à investir davantage dans ses propres armées et qu'elle avait "décidé de prendre sa défense en main".

Selon le ministère roumain de la Défense, la décision était de fait "attendue" et est "le résultat des nouvelles priorités de l’administration présidentielle (américaine), annoncées en février". Cette décision "a également pris en compte le fait que l'Otan a renforcé sa présence et son activité sur le flanc oriental", a-t-il ajouté.

La réduction de la présence militaire des Etats-Unis en Europe est un "ajustement" qui n’empêchera pas les forces américaines de rester "plus importantes" qu’elles ne l’ont été depuis des années, a par ailleurs affirmé un responsable de l’Otan. "Même avec cet ajustement, la présence des forces américaines en Europe reste plus importante qu’elle ne l’a été depuis de nombreuses années, avec beaucoup plus de forces américaines sur le continent qu’avant 2022", année de l’invasion russe en Ukraine, a précisé ce responsable à l’AFP.

Un "mauvais signal envoyé à la Russie"

Toutefois, pour l'ancien conseiller à la sécurité nationale du président roumain, George Scutaru, il s'agit d'"un mauvais signal envoyé à la Russie" concernant la région de la mer Noire. "La Russie pourrait considérer que la mer Noire n'est pas si importante pour les intérêts américains en Europe", a-t-il déclaré à l'AFP, estimant qu'elle serait dès lors "encouragée à essayer de faire pression davantage, en particulier sur la Roumanie, en utilisant des drones, des incursions dans l'espace aérien".

George Scutaru, qui dirige le centre de réflexion New Strategy Center, a appelé les alliés européens à envoyer "un signal de solidarité", et "peut-être à réfléchir à renforcer la présence militaire pour compenser", citant notamment la France, à la veille d'une visite de la ministre française de la Défense Catherine Vautrin en Roumanie.

La décision américaine va "affaiblir la sécurité" de la Roumanie, un "Etat en première ligne", a également estimé Phillips Payson O'Brien, un historien américain et professeur d'études stratégiques à l'Université de St Andrews, en Écosse, sur X. "Réveillez-vous, Europe - les États-Unis ne vous défendront pas contre la Russie", a-t-il ajouté.

Le ministre polonais de la Défense, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, a assuré pour sa part mercredi que Varsovie n'avait "reçu aucune information (...) sur une réduction du contingent en Pologne", devant les médias.

© Getty Images via AFP

Des soldats américains, roumains et italiens participent à un exercice, le 13 juin 2025 en Roumanie.
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L'armée israélienne dit avoir frappé un dépôt d'armes dans le nord de Gaza

Après avoir frappé "des dizaines de cibles terroristes" dans la bande de Gaza dans la nuit de mardi à mercredi, en représailles à une attaque mortelle contre l’un de ses soldats, Israël a annoncé mercredi 29 octobre un retour au cessez-le-feu. La tension montait depuis plusieurs jours entre l’Etat hébreu et le Hamas, qui n’a toujours pas restitué l’ensemble des corps d’otages qu’il détient. Alors que les frappes israéliennes ont fait plus de 100 morts, selon la Défense civile et les hôpitaux de Gaza, Donald Trump a assuré que la trêve tenait malgré tout, tandis que le chef de la diplomatie allemande a appelé Israël à "la retenue".

Les infos à retenir

⇒ L'armée israélienne dit avoir frappé un dépôt d'armes dans le nord de Gaza

⇒ La Défense civile et les hôpitaux de Gaza font état d’un bilan de plus de cent morts

⇒ Donald Trump affirme que "rien" ne compromettra le cessez-le-feu

L'armée israélienne dit avoir frappé un dépôt d'armes dans le nord de Gaza

L'armée israélienne a affirmé mercredi avoir mené une "frappe ciblée" sur un dépôt d'armes dans le nord de la bande de Gaza, en vue "d'éliminer une menace d'attaque "terroriste".

"Il y a peu de temps, l'armée a effectué une frappe précise dans la région de Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, visant une infrastructure terroriste où étaient stockés des armes et des moyens aériens destinés à être utilisés pour mener une attaque terroriste imminente contre les soldats et l'Etat d'Israël", affirme un communiqué militaire.

Plus tôt dans la journée, l'armée israélienne avait annoncé un retour au cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre dans la bande de Gaza après avoir mené depuis la veille une série de frappes contre "des dizaines" de cibles, en riposte à des tirs qui ont tué un soldat la veille.

Le Qatar, médiateur, s'attend à ce que le cessez-le-feu tienne malgré les "violations"

Le Premier ministre du Qatar, dont le pays est l'un des médiateurs dans le conflit entre Israël et le Hamas, a déclaré mercredi s'attendre à ce que le cessez-le-feu dans la bande de Gaza soit respecté, malgré une "violation" qui a mené à des frappes israéliennes.

"Heureusement, je pense que les principales parties – les deux – reconnaissent que le cessez-le-feu doit être respecté et qu'elles doivent s'en tenir à l'accord" soutenu par les Etats-Unis, a déclaré Cheikh Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani lors d'un forum à New York du cercle de réflexion Council on Foreign Relations.

L'UE appelle au respect du cessez-le-feu

L'UE a appelé mercredi "toutes les parties" à Gaza à "respecter le cessez-le-feu", la vice-présidente de la Commission européenne, Teresa Ribera, allant plus loin en dénonçant de son côté les nouvelles frappes israéliennes, qui ont fait plus de 100 morts. "Nous avons besoin d'une chance pour la paix, pas des excuses pour de nouvelles frappes", a lancé sur la plateforme X la commissaire espagnole à la Concurrence. "Nous réitérons notre appel à tous, à toutes les parties, pour qu'ils continuent à respecter le cessez-le-feu", s'est borné à indiquer de son côté Anouar El Anouni, porte-parole du service diplomatique de l'Union européenne.

Réagissant lui aussi, le chef de la diplomatie allemande a appelé Israël à faire preuve de "retenue militaire afin d'éviter de nouvelles souffrances à Gaza". Le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a également exhorté le mouvement islamiste palestinien Hamas à "respecter sa part de l'accord, à déposer les armes et à remettre enfin les dépouilles des otages décédés".

Le cessez-le-feu à Gaza est "menacé" et doit être "rétabli au plus vite", a déclaré pour sa part le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot en Conseil des ministres. "Notre priorité est de nous insérer dans le dispositif mis en place par les Américains pour stabiliser l'enclave", a dit la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon. "En parallèle, nous discutons avec les Américains du mandat de la future Force internationale de stabilisation et poussons les Palestiniens à former rapidement le comité chargé de gérer Gaza", a-t-elle souligné.

Israël interdit l'accès du CICR à des prisonniers palestiniens

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a annoncé mercredi avoir interdit l'accès de la Croix-Rouge à des Palestiniens détenus par Israël. Il "a signé mercredi un décret interdisant aux représentants du Comité international de la Croix-Rouge de rendre visite aux prisonniers détenus en vertu de la loi sur la détention des combattants illégaux", dit le communiqué, arguant que de telles visites mettraient "en danger la sécurité nationale". Selon la loi israélienne, la catégorie "de combattants illégaux", introduite en 2002, autorise une détention indéfinie sans la moindre inculpation et dans des centres de détention militaires. Distincte de celle des prisonniers de guerre, elle ne figure pas dans les conventions de Genève.

Israël dit reprendre le cessez-le-feu à Gaza

L’armée israélienne a annoncé ce mercredi matin un retour au cessez-le-feu dans la bande de Gaza après avoir mené depuis la veille une série de frappes contre "des dizaines" de cibles. "Après une série de frappes au cours desquelles des dizaines de cibles terroristes et de terroristes ont été frappés", l’armée "a repris l’application du cessez-le-feu à la suite de sa violation par le Hamas", a annoncé un communiqué. L’armée a ajouté avoir visé "dans le cadre de ces frappes" 30 chefs de mouvements armés opérant dans le territoire palestinien.

Mardi, Israël avait accusé le Hamas d’avoir rompu la trêve en attaquant ses troupes et tuant l’un de ses soldats, Yona Efraim Feldbaum, 37 ans. Ce mercredi, le ministre israélien de la Défense a averti que les dirigeants du Hamas ne bénéficieraient pas d’immunité : "Il n’y a et il n’y aura aucune immunité pour quiconque dans la direction de l’organisation terroriste Hamas — ni pour ceux en costume ni pour ceux cachés dans les tunnels", a écrit Israël Katz dans un communiqué en faisant référence notamment aux dirigeants politiques du Hamas présents au Qatar. "Quiconque lèvera la main contre les soldats de Tsahal verra sa main tranchée", a-t-il déclaré.

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🇮🇱 Depuis la signature de l’accord de paix entre Israël et le Hamas, les observateurs s’interrogent sur l’avenir politique du Premier ministre israélien. Pour Karim Emile Bitar, spécialiste du Moyen-Orient et de la politique étrangère des États-Unis, Benyamin Netanyahou "sait que l'heure des comptes va peut-être venir". 🔗 Lien en bio #israel #monde #trump #netanyahou #news #newsattiktok #apprendresurtiktok #sinformersurtiktok

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La Défense civile et les hôpitaux de Gaza font état d’un bilan de plus de cent morts dans les frappes israéliennes

Plus de cent personnes ont été tuées dans les bombardements israéliens pendant la nuit dans la bande de Gaza, ont annoncé mercredi la Défense civile et plusieurs hôpitaux.

"Au moins 101 morts ont été transportés dans les hôpitaux, dont 35 enfants, plusieurs femmes et personnes âgées, à la suite des frappes aériennes israéliennes en moins de 12 heures", a déclaré le porte-parole de la Défense civile, une organisation de secours opérant sous l’autorité du Hamas, Mahmoud Bassal.

Des sources dans cinq hôpitaux du territoire palestinien, qui ont reçu les victimes, ont confirmé le chiffre.

Donald Trump affirme que "rien" ne compromettra le cessez-le-feu

Après la reprise des frappes israéliennes sur le territoire palestinien, le président américain Donald Trump a affirmé mercredi que "rien" ne compromettra le cessez-le-feu à Gaza, estimant qu’Israël devrait "riposter" si ses soldats étaient tués. "Ils ont tué un soldat israélien. Donc les Israéliens ripostent. Et ils devraient riposter", a déclaré le président américain aux journalistes à bord de son avion Air Force One.

Malgré les violences, le vice-président américain J.D. Vance a lui aussi affirmé que le cessez-le-feu tenait à Gaza. "Nous savons que le Hamas ou quelqu’un d’autre à Gaza a attaqué un soldat" israélien, "mais la paix du président (Donald Trump) va tenir", a-t-il déclaré.

© afp.com/Jack GUEZ

Une photo prise depuis la frontière israélienne avec la bande de Gaza montre un tir d'un obus par l'armée israélienne depuis le sud d'Israël en direction de la bande de Gaza, le 17 septembre 2025
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Gaza : ce que l’on sait des "frappes puissantes" lancées par Israël

Après un peu plus de quinze jours de cessez-le-feu fragile, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a ordonné mardi 28 octobre à ses armées de lancer des "frappes puissantes" sur Gaza, vers 19 heures. Quelques heures plus tôt, Israël avait accusé le Hamas d’avoir rompu la trêve en attaquant ses troupes et tuant l’un de ses soldats. "L’organisation terroriste Hamas le paiera cher après avoir attaqué les soldats de Tsahal (l’armée israélienne, NDLR) à Gaza et avoir violé l’accord concernant le retour des corps des otages", a prévenu le ministre de la Défense Israël Katz

Au moins 100 morts

Selon la Défense civile de la bande de Gaza, au moins 101 personnes, dont 35 enfants, ont été tuées dans les "frappes massives" israéliennes menées dans la nuit de mardi à mercredi 29 octobre. Ces bombardements constituent "une violation claire et flagrante de l’accord de cessez-le-feu" en vigueur depuis le 10 octobre, a ajouté la même source, évoquant une situation "catastrophique et terrifiante" dans l’enclave palestinienne.

A 07h00 ce mercredi matin (heure française), des frappes sporadiques se poursuivaient, selon des témoins. A 09h00, Israël a annoncé reprendre le cessez-le-feu après avoir frappé "des dizaines" de cibles à Gaza. L'armée a ajouté avoir visé "dans le cadre de ces frappes" 30 chefs de mouvements armés opérant dans le territoire palestinien.

Ce nouvel épisode de violences est le second après les frappes du 19 octobre menées, selon Israël, après une attaque contre ses soldats.

La mort d’un soldat israélien à l’origine de la reprise des frappes

Mardi, l’armée israélienne a confirmé la mort de l’un de ses soldats, Yona Efraim Feldbaum, 37 ans, dans la bande de Gaza. Le Hamas a aussitôt démenti toute implication, affirmant dans un communiqué "n’avoir aucun lien avec les tirs à Rafah (sud)" et "réaffirmer son engagement envers l’accord de cessez-le-feu". Cette promesse n’a pas convaincu Benyamin Netanyahou, qui a considéré cette mort comme un motif suffisant pour reprendre les bombardements sur l’enclave palestinienne.

Après une réunion de sécurité, le Premier ministre "a ordonné à l’armée de mener immédiatement des frappes puissantes", selon un communiqué de son bureau. La porte-parole du gouvernement, Shosh Bedrosian, a précisé que tout "se faisait en pleine coordination avec les États-Unis"

Donald Trump assure que "rien" ne compromet le cessez-le-feu

Informé des frappes, Donald Trump a affirmé mercredi qu’elles ne mettaient pas en péril le cessez-le-feu et qu’Israël devait riposter à la mort de son soldat. "Ils ont tué un soldat israélien. Donc les Israéliens ripostent. Et ils devraient riposter", a déclaré le président américain à bord d’Air Force One, ajoutant que "rien" ne compromettra selon lui la trêve entre Israël et le Hamas.

Le vice-président américain J.D. Vance s’est montré plus prudent : "Nous savons que le Hamas ou quelqu’un d’autre à Gaza a attaqué un soldat israélien", a-t-il indiqué, "mais la paix du président Donald Trump va tenir".

Des tensions plus profondes sur les otages

La tension montait depuis plusieurs jours déjà, et le véritable point de friction semble à nouveau concerner la question des otages. Accusant Israël de "violations" du cessez-le-feu, le Hamas a annoncé mardi le report de la remise, initialement prévue dans la soirée, d’une nouvelle dépouille d’otage. Ce report s’ajoute à une situation déjà tendue autour du calendrier de retour des otages et de leurs corps. En vertu de la première phase de l’accord, le Hamas avait libéré au 13 octobre les 20 otages vivants qu’il retenait à Gaza. Il devait aussi restituer 28 corps, mais n’en a remis que 15. Le mouvement affirme que leur localisation est "complexe et difficile" dans un territoire ravagé.

Mardi, le Hamas a annoncé avoir retrouvé deux corps supplémentaires d’otages. Le même jour, le gouvernement israélien a accusé le mouvement d’avoir mis en scène la découverte supposée d’un corps, diffusant des images à l’appui. Le Forum des familles, principale association israélienne militant pour le retour des otages, a alors appelé le gouvernement Netanyahou à "agir de manière décisive" contre le Hamas pour ses "violations" de l’accord. C’est désormais chose faite.

© Anadolu via AFP

Les nouvelles frappes ordonnées par Benyamin Netanyahou ont fait au moins 50 morts, dont 22 enfants, et 200 blessés.
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A Gaza, la défaite incontestable et définitive du Hamas, par Frédéric Encel

Le stratège prussien Carl von Clausewitz, affirmant que la "guerre n’est que la continuation de la politique par d’autres moyens", disait en miroir que c’est bien sur le plan politique que s’établit la victoire ou la défaite. Pour l’exprimer autrement, vaincre militairement sur le champ de bataille est nécessaire mais pas suffisant pour remporter à coup sûr la victoire finale en atteignant ses objectifs, critère tout à fait fondamental. A cette aune, certains ont hâtivement considéré des mois durant après le 7-Octobre que si Israël ne pouvait perdre militairement, il perdrait en revanche politiquement.

Ce schéma eut été assez conforme à la majorité des confrontations Etats/Infra-Etats depuis plus d’un demi-siècle ; le "fort" finit par échouer face au "faible", soit du fait de la lassitude de son opinion publique devant ses propres pertes, soit à cause du défi moral consistant dans les coups terribles portés aux civils, soit encore sous la pression de pays tiers, y compris alliés. En général, c’est l’ensemble qui prévaut. Or le conflit qui vient de s’achever (dans sa phase active du moins) dément cette réalité ; quoi qu’il arrive dorénavant, le Hamas a perdu la guerre, comme le traduisent les réalités suivantes.

Maintien des traités de paix

L’objectif affiché du chef fanatique et apocalyptique Sinwar, organisateur du grand pogrom du 7-Octobre, était l’effondrement de la société israélienne et l’effacement de l’Etat juif sous la domination d’un Hamas soutenu dans son invasion par ses alliés du Hezbollah, de la Syrie d’Assad, d’autres forces arabes et iraniennes. Non seulement la société, l’Etat et l’armée ont tenu bon, mais le Hamas ne domine rien d’autre que des ruines sur 40 % du territoire de Gaza, sans plus de chef réel, de missiles, d’armes lourdes ni d’accès aux tunnels sous la frontière égyptienne ; le Hezbollah a été écrasé dans un Liban qui s’en libère et dont le président propose de négocier avec Israël ; le régime d’Assad a disparu corps et biens ; et l’espace aérien iranien est ouvert aux F-35 israéliens.

Autre "exploit" du Hamas : pour la première fois, la grande majorité des 22 membres de la Ligue arabe a demandé son désarmement, tout comme la Turquie de Recep Erdogan ! Logique à Washington, Paris ou Londres, cette exigence traduit un revers désastreux pour le groupe islamiste radical qui se prétend le fer de lance de la "nation musulmane", d’autant que l’Arabie saoudite en fait carrément une condition de la reconstruction de Gaza… Très concrètement, cela signifie que le monde demande à un seul des deux belligérants de désarmer voire de se "démanteler" (Emmanuel Macron à l'ONU). Pis, six des Etats de la Ligue ainsi que tous les Etats musulmans en paix avec Israël – en dépit de la longueur et de la grande destructivité de la guerre pour la population civile de Gaza – ont maintenu leurs traités de paix respectifs avec l’Etat hébreu ; il ne s’agit pas là d’un signal faible, mais de sa principale victoire politique, surtout considérant qu’au moins deux de ces Etats ont… renforcé leur coopération militaire avec celui-ci en plein conflit.

Incandescence

Le Hamas peut certes se targuer d’avoir mobilisé contre Israël des millions de manifestants dans le monde, mais c’est le gouvernement ultranationaliste hébreu (incluant au moins deux ministres complètement fanatiques) qui fait l’unanimité de ses homologues occidentaux contre lui et non l’Etat en soi, ni même le maintien de son exceptionnel rapport de force militaire.

Depuis le cessez-le-feu d’octobre, déjà l’Allemagne acquiert pour 2 milliards de matériels militaires, déjà la géante et musulmane Indonésie approche la reconnaissance d’Israël, déjà la Syrie souhaite signer la paix, déjà les assassinats de civils palestiniens rappellent à l’opinion la vraie nature du Hamas… Enfin, ni l’inscription dans le plan Trump de la nécessaire perspective des deux Etats, ni la reconnaissance de l’Etat palestinien par Paris et Londres ne peuvent être mis au crédit d’un Hamas qui en a toujours rejeté la perspective dans son incandescence antisioniste et antisémite. Une défaite réelle et bienvenue donc, mais qu’il convient à présent de transformer en processus de paix entre Israël et une autorité palestinienne légitime.

© afp.com/Eyad BABA

Des combattants du Hamas accompagnent l'otage israélien Eliya Cohen avant de le remettre à la Croix-Rouge à Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 février 2025
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Guerre en Ukraine : l'Europe est au pied du mur, par Eric Chol

C'est une pluie meurtrière, qui chaque nuit ou presque, s’abat sur l’Ukraine. Des drones, des missiles, des bombes téléguidées. Lancés vers les infrastructures ou les quartiers de villes, dans le but de détruire, de tuer, de répandre la peur à Kiev, Kherson ou Odessa.

Cette guerre se déroule avec une intensité toujours plus forte et des munitions toujours plus nombreuses. Donald Trump a fini par le comprendre : non seulement Vladimir Poutine n’est pas prêt à négocier, mais il ne cesse de renforcer son arsenal, d’affûter de nouvelles armes. Comme le "Tchernobyl volant", surnom du nouveau missile russe à propulsion nucléaire, qui a réussi son essai final le 21 octobre. Ou comme ces deux millions de réservistes russes, qui, grâce à une nouvelle loi en cours d’adoption, pourraient être mobilisés pour rejoindre les 700 000 soldats russes présents en Ukraine, selon The Institute for the study of war (ISW).

Un choc face à la Russie

Face à cette logique implacable, le chef d’État-major des armées françaises, Fabien Mandon, sait de quoi il parle quand il déclare que nous devons nous tenir prêts pour "ce choc face à la Russie dans trois ou quatre ans". Et comment l’éviter sinon en aidant l’Ukraine, plus que jamais ? Volodymyr Zelensky porte ce discours sans relâche depuis trois ans et demi. Lui sait le danger russe, cette ligne de front qu’il faut stabiliser à tout prix, ces centaines de drones russes que son armée tente chaque nuit d’intercepter. Mais les armes et l’argent manquent, même si la Suède vient de promettre 150 avions Gripen et la France s’est engagée à livrer de nouveaux Mirage et des missiles Aster.

Si Europe et Etats-Unis ont fourni depuis 2022 à parts égales un volume annuel de 60 milliards d’euros d’aide militaire à l’Ukraine, cette année, le retour à la Maison-Blanche de Donald Trump, marque un tournant : depuis la fin de l’été, le robinet américain s’est tari. "Le défi, pour les Européens consiste à doubler la mise s’ils veulent maintenir le niveau d’aide à Kiev", calcule François Heisbourg, conseiller spécial à la Fondation pour la recherche stratégique.

En sont-ils capables, à l’heure des tours de vis budgétaires et au moment où chaque pays doit accroître son propre effort de réarmement ? Oui, à condition de puiser dans les actifs russes gelés en Europe. Une manne de 250 milliards d’euros, dans laquelle les Européens entendent prélever 140 milliards, grâce à une ingénierie financière aussi créative que complexe. Si les Belges hésitent encore, l’Allemagne, longtemps très réticente, a fini, sous l’impulsion du chancelier Merz, par se rendre à l’évidence : ce pactole, découpé en tranches annuelles, offre une vraie planche de salut pour l’Ukraine. "Cela permet de financer l’aide militaire à l’Ukraine, en sollicitant le contribuable russe et non le contribuable européen", résume François Heisbourg, avocat de cette solution. Un scénario auquel la France, longtemps méfiante, a fini par se rallier, et qui devrait voir le jour dès qu’un accord sera trouvé avec le gouvernement belge – certainement avant la fin de l’année. Les bonnes nouvelles sur le front de l’Est ne sont pas nombreuses : celle-ci, fruit d’un accord européen, mérite d’être soulignée.

© afp.com/Ludovic MARIN

Les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky et français Emmanuel Macron lors d'une réunion bilatérale à Budapest, le 7 novembre 2024
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"Le miracle espagnol n'est pas socialiste" : la leçon de l'économiste Alban Magro à Olivier Faure

Qu’il fait beau en Espagne. Alors que le déficit et la dette publique de la France sont en pole position pour tutoyer respectivement 6 % et 115 % du PIB en 2025, Madrid promet de maintenir son déficit en dessous des 3 % et de contenir sa dette à 103 % du PIB. Plus spectaculaire encore, là où la moyenne des pays de la zone euro affiche des taux de croissance inférieurs à 1 %, celle que l’on appelle désormais "la Floride de l’Europe" devrait clôturer l’année avec une croissance à 2,6 % de son PIB - après un bond de 3,2 % en 2024. Le temps s’est également éclairci du côté des ménages espagnols, qui ont vu le salaire minimum progresser de 61 % depuis l’arrivée au pouvoir du socialiste Pedro Sanchez en 2018, contre seulement 18 % en France.

Autant de chiffres qui, au de-là du massif des Pyrénées, boisent l’argumentaire d’un Olivier Faure fanfaronnant devant les supposés bienfaits d’une politique économique socialiste, résultats à l’appui. Le Premier ministre espagnol est d’ailleurs (très) souvent érigé en modèle par le chef du parti socialiste et ses soutiens. Sauf que pour Alban Magro, économiste dans la fonction publique et chercheur associé au think tank libéral Thomas More, le miracle économique espagnol ne doit absolument rien au socialisme. Bien au contraire… Entretien.

La bonne santé économique de l’Espagne, dirigée par la gauche, semble être devenue pour le PS, la démonstration imparable qu’une politique socialiste peut faire prospérer une économie moderne. Une rhétorique fallacieuse selon vous. Expliquez-nous.

Cette lecture est fallacieuse parce qu’elle confond étiquette politique et politique réellement menée. L’Espagne va mieux, mais pas grâce à un socialisme enchanté : elle va mieux parce qu’elle a accepté le réel. Contrairement à ce que veut faire croire Olivier Faure, le miracle espagnol n'est pas socialiste. Derrière les bons chiffres, on trouve des ingrédients très peu "à la française", parmi lesquels des dépenses publiques largement plus faibles (autour de 45 % du PIB, bien en dessous des 57 % français) ou encore une réforme des retraites assumée jusqu’à 67 ans. Ce n’est pas exactement le catalogue rêvé du Parti socialiste français, surtout dans le débat politique actuel.

Ensuite, il faut ajouter une nuance essentielle : le succès espagnol s’explique aussi par un effet de rattrapage. Le pays a subi l’une des récessions les plus sévères de l’UE en 2020 (-10,8 % du PIB), notamment parce que le tourisme représente près de 15 % de son économie. Quand l’activité redémarre, il est mécaniquement plus facile d’afficher une croissance supérieure. Ce rebond post-Covid, en plus de s’ajouter à un rattrapage plus ancien, consécutif à la crise de 2008, s’explique également par des investissements massifs financés par les fonds européens de relance, dont l’Espagne est l’un des principaux bénéficiaires. Reconnaître ces facteurs n’enlève rien aux efforts réalisés, cela évite simplement de transformer une dynamique de rattrapage statistique en miracle idéologique.

Le PSOE de Pedro Sanchez est-il moins "socialiste" que la maison rose française ? À entendre Olivier Faure, il ne semble y avoir que l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarettes entre les deux partis…

Sur le papier, les deux se ressemblent. Dans la pratique, le PSOE gouverne avec la calculette allumée. Le PS français proclame un discours social, puis s’allie à LFI qui défend un programme budgétaire totalement irréaliste. C’est le moment où la bande-annonce promet un film que le budget ne peut pas tourner. Le PSOE, lui, assume la contrainte budgétaire. Le PS préfère la commenter. L’étiquette peut être similaire, mais le logiciel n’est pas du tout le même.

Tandis qu’Olivier Faure a bataillé pour obtenir la suspension de la réforme des retraites portant l’âge de départ à 64 ans, de l’autre côté des Pyrénées, les Espagnols partent à la retraite à 67 ans. Si le PSOE n’est pas forcément moins socialiste que le PS, n’est-il pas au minimum plus pragmatique ?

Oui, et surtout plus cohérent. Les socialistes espagnols ont admis un principe simple : un pays qui vieillit doit travailler un peu plus longtemps pour financer son modèle social. C’est de l’arithmétique. En France, on a crié à "l’ultra-libéralisme" pour les 64 ans, pendant que l’Espagne avance vers 67 ans sans psychodrame. C’est bien la preuve que les substantifs "droite" ou "gauche" ne veulent plus dire grand-chose sans regarder les actes.

Cela s’explique par une différence de culture politique. L’Espagne a traversé une crise conséquente après 2008 et a été soumise à des exigences fortes de l’Europe et de ses institutions : elle sait que le réel finit toujours par rappeler la note. La France, elle, continue de croire que le débat s’arrête au logo sur l’affiche. On entend parfois dans la même bouche qu’Emmanuel Macron est un ultra-libéral" et Pedro Sanchez un "socialiste", mais quand l’un fait des réformes que l’autre suspend, cette lecture devient intellectuellement paresseuse.

À la faveur de politiques budgétaires pragmatiques et rigoureuses, l’Espagne a-t-elle aujourd’hui les moyens de conduire une politique "socialiste", là où la France, traînant comme un boulet son déficit public qui tutoie les 6 % du PIB, ne les a plus ?

C’est exactement cela. L’Espagne dispose de marges parce qu’elle a d’abord assaini ses finances. La France, elle, promet d’abord et cherche ensuite comment financer. Une politique sociale généreuse ne tient que sur des comptes crédibles. L’Espagne peut augmenter son salaire minimum de 60 % en six ans, relever certaines pensions et investir parce qu’elle a joué le match dans le bon ordre, en faisant notamment passer son déficit de 6,7 % à 2,8 % en cinq ans. Avec un déficit prévu à 5,8 % en 2025, la France joue à l’envers : elle dépense d’abord et s’étonne ensuite de la facture.

Même si la France parvenait à redresser sa situation financière, une politique de gauche façon PSOE serait-elle vraiment opportune, comme le martèle Olivier Faure ?

Eventuellement, mais seulement si la France accepte la même logique que l’Espagne : d’abord restaurer la compétitivité, l’emploi, la soutenabilité des retraites et l’investissement productif ; ensuite, seulement, utiliser les marges créées pour financer des politiques sociales. Le débat ne se joue pas sur "plus ou moins à gauche", mais sur la capacité à gouverner sous contrainte. Le PSOE est en mesure de distribuer, non pas parce qu’il est plus socialiste mais parce qu’il a fait ses devoirs avant. La justice sociale, sans sérieux budgétaire, n’est qu’une promesse à crédit.

Alors qu’à travers l’Europe, la plupart des gauches ont infléchi leur discours sur la sécurité et l’immigration, les gauches françaises et espagnoles font figure d’exceptions. Si la première se voit reprocher son aveuglement sur les enjeux régaliens, comment expliquer que la seconde échappe à cette critique ?

Même si la gauche espagnole n’est pas particulièrement offensive sur les sujets régaliens, elle gouverne dans un pays confronté à des réalités sécuritaires plus concrètes, notamment trois points de pression migratoire conséquente - les Canaries, Ceuta, Melilla - qui imposent des arbitrages. Cela forge une culture politique moins naïve, même si le discours reste modéré. En France, une partie de la gauche est perçue comme moraliste et opposée aux outils policiers proposés par ses adversaires, ce qui nourrit l’image d’aveuglement. En Espagne, le réel fait une partie du travail : les flux migratoires obligent l’administration à prendre des décisions concrètes, parfois loin des grands principes. On ne gère pas l’arrivée de centaines de personnes par jour sur des endroits précis avec des slogans ou des pétitions. On gère avec des policiers, des garde-côtes et des accords diplomatiques. Cette proximité avec la réalité sécuritaire rend le débat moins théorique et désamorce naturellement les critiques. Quand les citoyens voient que l’État agit, même discrètement, la polémique s’essouffle d’elle-même.

Changement de genre administratif possible dès 16 ans, réforme culturelle à dimension "décoloniale", soutien aux manifestations pro-palestiniennes, reconnaissance de la Palestine… Le PSOE semble plus proche de la gauche woke que ne l’est en France le PS. Est-ce le cas ?

Sur les sujets culturels, oui, le PSOE a fait des gestes symboliques très visibles qui parlent à son électorat. Mais cela ne doit pas masquer l’essentiel : il n’a jamais sacrifié la soutenabilité budgétaire ni la cohérence économique pour ces positionnements. Sa hiérarchie des priorités reste claire : d’abord l’équilibre des comptes, ensuite l’agenda culturel. En France, une partie de la gauche a souvent fait l’inverse, concentrant une énergie disproportionnée sur des débats identitaires tout en relâchant l’attention sur la dette, la dépense publique ou l’efficacité de l’action sociale. Cette asymétrie explique en grande partie pourquoi le PSOE gouverne dans un cadre budgétaire crédible, là où le PS nourrit parfois l’image d’une gauche plus préoccupée par la posture que par la soutenabilité de ses choix.

En allant sur ces terrains, le PSOE a-t-il marginalisé le mouvement d’extrême gauche Podemos ? Le PS doit-il faire pareil avec LFI ?

Le PSOE a absorbé la façade culturelle de la gauche radicale, tout en neutralisant son danger économique. Résultat : Podemos s’est vidé de sa substance. En France, le PS a fait l’inverse : il a sous-traité son récit économique à LFI, se coinçant dans un angle irréaliste. S’il veut marginaliser LFI, le PS doit reprendre sa colonne vertébrale économique. On ne bat pas l’utopie par plus d’utopie, mais par des résultats et du réel.

© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, lundi 27 octobre 2025, à l'Assemblée nationale.
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Plus d'un million de personnes confient des intentions suicidaires à ChatGPT chaque semaine

En avril, c'est le suicide d'Adam Raine, un adolescent californien en détresse psychologique, qui met le feu aux poudres. Rapidement, les enquêtes mettent en cause la responsabilité de ChatGPT. Ses parents décident alors de porter plainte, en août, contre la maison mère de la plateforme, OpenAI. Ils accusent cette dernière d'avoir encouragé le geste de leur enfant, notamment en lui mettant à disposition une fiche technique du procédé qu'il utilisera finalement pour se donner la mort.

"Si une plateforme d'intelligence artificielle devient le coach suicide d'un adolescent vulnérable, cela doit nous alerter collectivement", réagit à l'époque l'association américaine spécialisée dans l'impact des technologies sur les enfants Common Sense Media.

Lors de l'ouverture du procès, OpenAI reconnaît des failles dans son modèle, admettant que la sécurité "peut se dégrader" lors de longues conversations avec le chatbot. Deux mois plus tard, l'entreprise revient en détail sur la proportion de ses utilisateurs atteints de troubles psychologiques.

"Illusion de la réalité"

Selon elle, 0,15 % des utilisateurs actifs au cours d’une semaine font part d’intentions suicidaires à ChatGPT, 0,07 % présentent "de possibles signes d’urgence de santé mentale liée à la psychose ou à la manie" et 0,15 % des "niveaux potentiellement intenses d’attachement émotionnel à ChatGPT".

Des proportions qui peuvent sembler infimes, mais qui représentent tout de même plusieurs centaines de milliers de personnes, sur les 800 millions d'utilisateurs hebdomadaires que compte ChatGPT. En clair, environ 1,2 million de personnes envoient chaque semaine au chatbot des messages suicidaires, et 560 000 des messages laissant penser qu'ils traversent des troubles maniaques ou psychotiques.

De plus en plus d'utilisateurs souffrent de psychose liée à l'IA, car "les chatbots créent l'illusion de la réalité", a déclaré à la BBC la professeure Robin Feldman, directrice de l'Institut de droit et d'innovation en IA de l'Université de droit de Californie. "C'est une illusion puissante."

170 professionnels de santé mobilisés

OpenAI assure avoir d'ores et déjà mis en place des mesures pour orienter les utilisateurs concernés vers des professionnels de santé ou des numéros d'urgence lorsque nécessaire et permettre à tout le moins "une désescalade" dans certaines conversations. Selon la plateforme, de telles précautions auraient permis de faire chuter le nombre de réponses inadéquates de près de 80 %.

"Dans le cadre de ces travaux, des psychiatres et des psychologues ont examiné plus de 1 800 modèles de réponses impliquant des situations graves de santé mentale et ont comparé les réponses du nouveau modèle de chatGPT-5 aux modèles précédents", a expliqué l'entreprise au Guardian.

Si l’entreprise reste vague sur la façon dont elle détecte les problématiques de santé mentale de ses utilisateurs, elle assure s'être entourée de 170 médecins et psychologues, originaires d’une soixantaine de pays, pour faire évoluer son modèle. Mais ces avancées méritent toutefois d'être évaluées sur la durée.

Car les récentes déclarations du PDG d'OpenAI n'ont pas été des plus convaincantes... Le 14 octobre, sur X, Sam Altman avait dit vouloir "relâcher les restrictions" visant à préserver la santé mentale, après avoir estimé qu'elles rendaient ChatGPT "moins agréable". Avant de rassurer, le lendemain, précisant qu'il traiterait les utilisateurs qui ont des problèmes de santé mentale "très différemment de ceux qui n’en ont pas".

© JONATHAN RAA / NURPHOTO / AFP

0,15 % des utilisateurs actifs au cours d’une semaine font part d’intentions suicidaires à ChatGPT, selon la dernière étude menée par la maison-mère de la plateforme, Open AI, qui assure avoir mis en oeuvre des stratégies pour contrer ce phénomène.
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Selon le FMI, la dette des Etats-Unis devrait prochainement dépasser celle de la Grèce et de l’Italie

L’événement serait historique. Selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), d’ici 2030, la dette des Etats-Unis devrait dépasser celle de l’Italie et de la Grèce, régulièrement pointées comme étant les mauvais élèves en la matière. Alors que les deux pays européens adoptent une politique de réduction des dépenses pour diminuer leur endettement, Washington suit une doctrine aux antipodes.

Un déficit croissant

Selon les analyses prévisionnelles du FMI, la dette publique brute des Etats-Unis devrait augmenter de plus de 20 points pour atteindre 143,4 % du PIB du pays, d’ici la fin de la décennie. Un seuil qui dépasserait ainsi le record de 132,5 % établi en 2020, en pleine pandémie de Covid-19. Aujourd’hui, elle est établie à 125 % du PIB. A titre de comparaison, celle de la Grèce atteint 146,7 % du PIB cette année. Celle de l’Italie est de 136,8 % du PIB.

L’institution anticipe également que le déficit budgétaire américain restera supérieur à 7 % du PIB chaque année jusqu’en 2030, ce qui en ferait le plus élevé de tous les pays riches suivis par le FMI, et ce pour la suite de la décennie.

Dans ses colonnes, le Financial Times souligne que l’endettement des Etat-Unis ne peut pas être imputé exclusivement à la politique de Donald Trump. Le déficit fédéral américain s’étant "rapidement" creusé sous l’administration Biden, malgré un taux de chômage qui oscillait autour d’un niveau historiquement faible. Selon le journal, les projections du FMI témoignent du fait que le gouvernement de Donald Trump ne s’efforce pas vraiment d'y remédier.

L’administration Trump tournée vers la dépense

Rome, qui surveille attentivement ses dépenses, devrait pouvoir s’attendre à une moyenne à 0,5 % de croissance au cours des deux prochaines années. De son côté, la Grèce qui s’est également engagée dans une dynamique de réduction des coûts devrait voir sa dette publique brute passer de 146 % du PIB à 130 % sur la même période.

A l’inverse, Washington ne compte pas emprunter la voie de l’austérité. Cet été, Donald Trump est parvenu à faire adopter son budget, le "big, beautiful bill" - littéralement la "grande, magnifique loi" - qui, en réduisant les taxes pour les classes moyennes et supérieures, accroît considérablement les dépenses de l’Etat. Selon le Guardian, l’augmentation des dépenses prévues par l’administration Trump pourrait faire grimper le déficit budgétaire de 7 000 milliards de dollars par an d’ici à la fin de son mandat, en janvier 2029.

Toutefois, contrairement à l’Italie et à la Grèce, les Etats-Unis accumulent quelques avantages. Déjà, comme l’analyse le Financial Times, Washington "dirige de la monnaie de réserve mondiale - le dollar -", ce qui lui donne une capacité d’emprunt "bien supérieure à celle des nations européennes". Ensuite, Mahmood Pradhan, responsable macroéconomique mondial à l’Amundi Investment Institute, indique que les perspectives de croissance de l’Italie sont moins favorables que celles des Etats-Unis. Enfin, toujours selon le Financial Times, il existe un autre indice de mesure : la dette publique nette. En se fiant à ce dernier, les prévisions sont toutes autres : les Etats-Unis seraient environ 10 points de pourcentage en deçà de Rome en 2030.

© Mathias Penguilly / L'Express

La dette publique américaine serait sur le point de dépasser celle de ceux qu'on considère comme les "mauvais élèves" de l'Europe.
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Trompés et enrôlés de force : comment des Kényans se retrouvent à combattre contre l'Ukraine

Attirés par les promesses d'un avenir meilleur, de nombreux Kényans se rendent en Russie où leur sont proposés des emplois mieux rémunérés que ceux auxquels ils peuvent prétendre dans leur pays. Mais derrière ces offres alléchantes - dans l'hôtellerie, la logistique et le bâtiment notamment - se cache bien souvent un piège. Aussitôt arrivés en Russie, ces Kényans sont privés de leur passeport, contraints de signer un contrat dans une langue qu'ils ne comprennent pas... Au lieu de commencer un nouveau travail, ils se retrouvent ainsi enrôlés de force dans l'armée russe... pour combattre contre l'Ukraine.

Manipulation et enrôlement de force dans l'armée russe

Si l'enrôlement de jeunes Africains, et en particulier de Kényans, est déjà à l'oeuvre depuis plusieurs mois, il prend désormais une ampleur qui préoccupe Nairobi. Lundi 27 octobre, le ministère des Affaires étrangères kényan a ainsi publié un communiqué à ce sujet. Il y accuse des agents prétendant travailler pour le gouvernement russe d'avoir abusé de la précarité de jeunes kényans, sans toutefois fournir de chiffres sur le nombre de personnes concernées.

"Ces agents utilisent de fausses informations et des promesses mensongères pour attirer nos citoyens en Russie", dénonce la diplomatie kényane, affirmant que "plusieurs Kényans innocents ont été trompés par des recruteurs aux méthodes peu scrupuleuses et se sont retrouvés sur les champs de bataille face aux troupes ukrainiennes".

La diplomatie kényane affirme être en contact avec Moscou "afin de garantir la libération de citoyens kényans en détresse et leur retour en sécurité". La mission kényane en Russie dit également avoir organisé le rapatriement en urgence de plusieurs Kényans détenus dans des bases militaires russes.

Accord bilatéral en vue entre Moscou et Nairobi

Autres mesures prises par le Kenya : le pays négocierait un nouvel accord bilatéral avec la Russie, censé permettre aux Kényans d'accéder à un emploi sûr et légal en Russie, rapporte le quotidien local The Nation. "Le Kenya souhaite renforcer ses relations avec la Fédération de Russie sur le plan économique et dans d'autres domaines d'intérêt commun", a déclaré le Premier secrétaire du Cabinet (équivalent du Premier ministre) au Kenya Musalia Mudavadi.

Le pays d'Afrique de l'Est n'est pas le seul à être concerné par ce phénomène. Des ressortissants originaires d'autres Etats comme le Nigeria, la Zambie, la Tanzanie, le Togo, la Centrafrique ou le Cameroun sont aussi pris pour cible, comme l'a montré une enquête de France 24. Si une grande partie est manipulée et enrôlée contre leur gré, certains jeunes Africains choisissent aussi consciemment de combattre dans les rangs de l'armée russe, séduits par des salaires mirobolants ou encore l’obtention de la nationalité russe.

© afp.com/Valentina PEVTCOVA / LUDOVIC MARIN

Surnommés “les Wagners noirs”, des centaines d'Africains ont été recrutés par l’armée russe pour se battre contre l’Ukraine. Certains d'entre eux ont été manipulés et enrôlés de force.
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Vladimir Poutine est passé maître dans l’art de souffler le chaud et le froid

Optimiste, Kirill Dmitriev. Les États-Unis, l’Ukraine et la Russie sont proches d’une "solution diplomatique", avait assuré le "représentant spécial" de Vladimir Poutine, en arrivant à Washington, le 24 octobre, pour rencontrer des membres du gouvernement américain. Deux jours plus tard, le chef du Kremlin annonce aux Américains que le Bourevestnik, son nouveau missile de croisière à propulsion nucléaire, a réussi son vol d’essai : cette "création unique", que "personne d’autre au monde ne possède" a, précise-t-il, une "portée illimitée".

Dans l’art de souffler le chaud et le froid, Poutine est passé maître. Déjà, en Alaska, le 15 août dernier, lors d’une rencontre avec Trump qui n’avait donné aucun résultat, Poutine louait son "cher voisin" américain. Cinq jours plus tard, un missile russe frappait une usine du groupe américain Flex, dans l’ouest de l’Ukraine. Dans la foulée, Kiev subissait un bombardement particulièrement meurtrier. Mais que les Ukrainiens, ce "peuple frère", se rassurent, Poutine reste "intéressé par la poursuite des négociations"…

Quand Molotov humiliait Churchill

"C’est typique de la diplomatie soviétique, analyse l’historienne Françoise Thom. Souvenez-vous de Staline et Molotov qui, en 1942, à Moscou, alternaient la cordialité et l’arrogance face à Churchill…" Pour cette spécialiste du poutinisme, il faut voir au contraire dans cette tactique un signe de fébrilité. Contrairement à ce que prétend Dmitriev, les récentes sanctions américaines contre deux majors pétroliers russes créent, affirme-t-elle, "la panique à Moscou". De fait, Trump semble d’être lassé de cette douche écossaise permanente. Plutôt que de tester des missiles, a-t-il commenté, Poutine "devrait mettre fin à la guerre". Espérons maintenant qu’il ne se fasse pas "retourner" une nouvelle fois par Poutine, qui a plus d’une technique de manipulation dans son sac…

© afp.com/Maxim Shemetov

Le président russe Vladimir Poutine à Beijing, en Chine, le 3 septembre 2025
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Le Royaume-Uni envisage une alliance sur l'acier avec les Etats-Unis et l'UE

Après les droits de douane annoncés par les Etats-Unis et l'Union européenne sur l'acier, Londres envisage une alliance avec Bruxelles et Washington pour protéger son marché de la concurrence étrangère, notamment chinoise, qui pèse sur le secteur, selon des informations de presse. Le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l'UE pourraient ainsi "harmoniser leurs taux d'imposition sur les importations d'acier en provenance de l'extérieur du bloc tout en autorisant les ventes sans droits de douane au sein de la nouvelle zone commerciale", selon The Times.

Interrogé par l'AFP, le ministère du Commerce britannique a dit "poursuivre son dialogue avec l'UE" et "travailler avec des partenaires internationaux sur des solutions qui peuvent répondre" à cette concurrence sur le marché de l'acier. "Nous sommes en discussion permanente", a pour sa part indiqué au Financial Times (FT) le secrétaire d'Etat au commerce Chris Bryant, évoquant les hypothèses d'une alliance "à trois, à deux", tout en précisant qu'il n'y a à ce stade pas de proposition écrite.

Les Etats-Unis font pression sur le Royaume-Uni et l'UE

L'Union européenne a dévoilé le 7 octobre des mesures sans précédent sur l'acier, dont le doublement des droits de douane sur les importations à 50 %, afin de protéger les sidérurgistes face à une concurrence chinoise jugée déloyale et de plus en plus écrasante. Ces taxes européennes, qui doivent entrer en vigueur d'ici juillet 2026, grimperont ainsi à des niveaux similaires à ceux mis en place aux Etats-Unis avec qui l'UE négocie parallèlement.

Au Royaume-Uni, qui a de son côté obtenu des Etats-Unis un taux plus faible de 25 % sur l'acier britannique, l'industrie sidérurgique s'était alarmée de l'annonce européenne, "une menace existentielle", alors qu'environ 80 % des exportations d'acier du pays sont destinées à l'Europe.

Selon The Times, les Etats-Unis font pression sur le Royaume-Uni et l'UE pour qu'ils adoptent le taux de droit de douane universel de 50 % instauré par le président Donald Trump pour toutes les importations d'acier, mais Londres et Bruxelles voudraient plus de flexibilité pour ne pas plomber leurs industries utilisant ce métal. "On se croirait vraiment dans les années 1950 (...) quand l'Europe discute d'un accord sur l'acier", a souligné Chris Bryant dans le FT - en référence à la création en 1951 de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (un précurseur de l'UE) par les pays du Benelux, l'Italie, l'Allemagne de l'Ouest et la France.

© afp.com/ANDER GILLENEA

Londres envisage une alliance avec Bruxelles et Washington pour protéger son marché de la concurrence étrangère, notamment chinoise, qui pèse sur le secteur, selon des informations de presse.
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