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Guerre en Ukraine : pourquoi le départ de l’émissaire américain Keith Kellogg est un coup dur pour Kiev

C’est une mauvaise nouvelle pour Volodymyr Zelensky. Alors même que l’administration Trump vient de mettre sur la table un plan de paix largement favorable à Moscou, Kiev s’apprête à voir partir son interlocuteur privilégié à la Maison-Blanche. De quoi donner des sueurs froides à l’Ukraine où Keith Kellogg était très apprécié. La décision de l’envoyé spécial de quitter son poste a d’abord été révélée par l’agence Reuters mercredi 19 novembre, avant d’être confirmée jeudi par un membre de la Maison-Blanche au journal ukrainien The Kyiv Independent, qui souligne que ce départ est celui d’un "allié clé".

Keith Kellogg se serait senti mis de côté lors des négociations sur l’Ukraine, au profit notamment de Steve Witkoff, selon les informations du Washington Post. Il semblerait en effet qu’il n’ait pas participé à la rédaction du plan rendu public vendredi, pas plus qu’à la réunion en octobre avec Volodymyr Zelensky. Son rôle d’envoyé spécial pour l’Ukraine s’est réduit lorsque Steve Witkoff, un promoteur immobilier sans expérience précédente dans la diplomatie ou la sécurité, s’est imposé comme le principal interlocuteur du président auprès de Vladimir Poutine et de ses conseillers.

Fervent partisan de l’Ukraine

Il s’agirait donc de la raison principale ayant poussé Keith Kellogg à partir. D’autant que le poste d’envoyé spécial du président étant une fonction temporaire, qui doit faire l’objet d’une confirmation par le Sénat pour s’étendre au-delà de 360 jours, Keith Kellogg a jugé que janvier serait un moment naturel pour partir.

Un départ qui suscite déjà des inquiétudes à Kiev, alors que l’envoyé spécial était l’un des plus fervents partisans de l’Ukraine à Washington. Ce qui valait au lieutenant général à la retraite d’être considéré par la plupart des diplomates européens, y compris ukrainiens, comme une oreille attentive au sein d’une administration qui n’a pas toujours pris le parti de l’Ukraine ces derniers mois.

Nouvelle donne pour Kiev

Car Keith Kellogg s’est toujours montré ferme vis-à-vis de la Russie, dénonçant sans hésiter les attaques russes contre les infrastructures civiles ukrainiennes. Il s’est d’ailleurs parfois opposé à Steve Witkoff, lorsque celui-ci a repris certains arguments de Vladimir Poutine, qui préconise depuis longtemps un échange territorial déséquilibré comme préalable à un accord de paix.

Il a joué un rôle crucial "dans la construction du pont entre Washington et Kiev", a salué auprès du Kyiv Independent Ostap Yarysh, conseiller média chez Razom for Ukraine, une organisation basée à Washington. L’envoyé a notamment su voir clair dans "les tactiques dilatoires de la Russie et les autres mécanismes qu’elle utilise pour prolonger cette guerre", poursuit cette source.

Outre ses prises de position plus vigoureuses sur l’Ukraine que la plupart des autres membres de l’administration Trump, Keith Kellogg a également remporté plusieurs batailles contre Vladimir Poutine et ses alliés, comme la libération de dizaines d’otages détenus par le dirigeant biélorusse Alexandre Loukachenko en échange d’un léger allègement des sanctions américaines.

Difficile pour l’heure de savoir qui remplacera Keith Kellogg, si tant est qu’il soit remplacé, puisque les Etats-Unis n’ont encore nommé personne d’autre. Nul doute, en revanche, que l’émissaire américain pour l’Ukraine sera fortement regretté outre-Atlantique.

© afp.com/Handout

Volodymyr Zelenksy, à gauche, accueille Keith Kellogg, à droite, envoyé spécial des Etats-Unis, à Kiev, le 14 juillet 2025.
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Royaume-Uni : un réseau de blanchiment aidait la Russie à contourner les sanctions contre elle

Un vaste réseau de blanchiment d’argent opérant à travers le Royaume-Uni a secrètement acheté une banque au Kirghizistan pour aider la Russie à contourner les sanctions occidentales visant à entraver le financement de la guerre en Ukraine, a annoncé ce vendredi 21 novembre la police britannique.

Ce rachat a été rendu public par l’Agence nationale de lutte contre la criminalité (NCA), dans le cadre de ce qu’elle a présenté comme la deuxième phase d’une opération de police internationale baptisée "Operation Destabilise".

Des centaines de coursiers à travers le pays

Une première phase avait été annoncée en décembre 2024. A l’époque la NCA avait qualifié l’opération de "plus vaste opération anti-blanchiment depuis une décennie". Elle a déjà conduit à 128 arrestations et à la saisie de plus de 25 millions de livres sterling (28,3 millions d’euros) en espèces et en cryptomonnaie au Royaume-Uni, selon la NCA.

Le réseau de blanchiment incriminé a utilisé des centaines de coursiers dans au moins 28 communes du Royaume-Uni pour collecter de l’argent provenant de trafic de drogue, trafic d’armes et de réseaux d’immigration illégale. L’argent a ensuite été rapidement converti en cryptomonnaie et envoyé à travers le monde, selon la NCA.

Deux réseaux russophones, appelés Smart et TGR, sont au cœur des opérations de blanchiment, selon la NCA.

C’est pendant la deuxième phase de l’opération policière que les autorités ont découvert que certains des fonds blanchis transitaient par une banque au Kirghizistan, la Keremet Bank. Celle-ci a été secrètement achetée à Noël dernier par Altair Holding SA, une société liée au chef de TGR, George Rossi. Keremet a ensuite aidé à transférer de l’argent pour Promsvyazbank (PSB), une banque d’Etat russe qui finance des entreprises impliquées dans le secteur militaro-industriel russe, selon la NCA. Keremet avait déjà été pointé du doigt par le Trésor américain en janvier.

"Echelles vertigineuses"

"Pour la première fois, nous relions le trafic de drogue jusqu’aux plus hauts niveaux du crime organisé, de la géopolitique, du contournement des sanctions, du complexe militaro-industriel russe et des activités liées à l’État", s’est félicité Sal Melki, directeur adjoint de la NCA pour les délits économiques.

Les réseaux ont opéré à "des échelles vertigineuses", a-t-il ajouté. La plupart des activités au Royaume-Uni reposaient sur des coursiers qui parcouraient le pays pour collecter des sacs d’argent liquide et les échanger contre des paiements en cryptomonnaie, parfois sur des aires d’autoroutes.

La NCA a lancé une campagne nationale d’affiches et de messages en ligne en anglais et en russe, notamment dans les stations-service, avertissant les coursiers des risques de longues peines de prison, pour une rémunération relativement basse. "Pour quelques centaines de livres, il y a de fortes chances que vous alliez en prison pour plus de cinq ans", a déclaré Sal Melki.

La NCA estime que la menace posée par de tels réseaux demeure. "La NCA a porté un coup dur à ces organisations", a déclaré Sal Melki. "Mais il y en a encore d’autres comme elles, et nous savons que nous devons maintenir la pression. Nous devons continuer à arrêter ces gens, à les poursuivre, à les sanctionner".

© afp.com/Ozan KOSE

L'argent collecté était converti en cryptomonnaie et envoyé à travers le monde.
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Comment la Chine tente de discréditer les Rafale français au profit de ses propres avions

Le Rafale, nerf de la guerre entre l’Inde et le Pakistan ? C’est ce que semble croire la Chine, qui ne ménage pas les avions de combat de fabrication française. Et pour cause, l’Inde est équipée militairement par la France (et la Russie), et le Pakistan par la Chine… Une rivalité mise au jour lors d’affrontements au Cachemire en mai dernier, où se sont notamment fait face Rafale français et chasseurs J-10 chinois. Un conflit dont Pékin a tiré parti pour vanter la sophistication de ses armes. Quitte à recourir à la désinformation, rapporte une commission américaine en charge des questions sécuritaires avec la Chine. Avec un objectif, selon elle : nuire aux ventes du Rafale au profit des équipements chinois.

Très vite, l’armée pakistanaise - soutenue par la Chine - a ainsi affirmé le 7 mai avoir abattu cinq avions indiens, dont trois Rafale, lors des frappes indiennes sur son sol, selon le porte-parole de l’armée, le lieutenant-général Ahmed Chaudhry. En réalité, l’armée indienne n’a perdu qu’un Rafale dans ce qui est considéré comme la plus importante bataille aérienne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Et la perte de ce Rafale ne serait pas due à un tir ennemi, rappelle La Tribune.

Recours à la désinformation

De son côté, Pékin dément avoir eu recours à des faux comptes sur les réseaux sociaux pour entacher davantage la réputation du Rafale. "Le rapport publié par la commission est faux", a même déclaré la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, dénonçant "un parti pris idéologique" en réponse à une demande de commentaire de Reuters. Des affirmations qui contredisent les conclusions du rapport américain, selon lequel Pékin aurait partagé des images générées par intelligence artificielle et issues de jeux vidéo pour montrer de prétendus débris de Rafale.

"L’utilisation par le Pakistan d’armes chinoises pour abattre les avions de chasse français Rafale utilisés par l’Inde est également devenue un argument de vente particulier pour les ambassades chinoises dans le domaine de la défense, malgré le fait que seuls trois avions pilotés par l’armée indienne auraient été abattus et qu’il ne s’agissait peut-être pas tous de Rafale", peut-on lire dans le rapport.

Bis repetita avec l’Indonésie ?

Autre élément intrigant avancé par la commission américaine : des fonctionnaires de l’ambassade de Chine auraient tenté de détourner l’Indonésie du Rafale. Le rapport américain indique en effet que "les responsables de l’ambassade chinoise ont convaincu l’Indonésie de suspendre un achat d’avions Rafale déjà en cours, renforçant ainsi l’emprise de la Chine sur les achats militaires d’autres acteurs régionaux". Alors qu’un contrat portant entre autres sur la vente de Rafale à Jakarta attend encore d’être signé, le gouvernement indonésien a de fait déclaré en juin qu’il évaluait le chasseur J-10 à la suite d’une offre de la Chine, et qu’il tiendrait compte des informations selon lesquelles un avion pakistanais J-10 aurait abattu des avions indiens.

De son côté, l’Inde a réitéré à Paris sa volonté d’acquérir de nouveaux avions de combat français. Comme elle, différents pays ont acquis des Rafale, le dernier en date étant l’Ukraine : Kiev s’est engagé cette semaine à commander 100 avions de combats à la France, sur les dix prochaines années.

© afp.com/ALAIN JOCARD

Un avion de chasse Rafale (au premier plan) et un Mirage 2000 D de l'armée de l'air française survolent les côtes sud-ouest de la France, le 26 septembre 2025
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Autisme et vaccins : cette fausse théorie relayée par la principale agence sanitaire américaine

La possibilité d’un lien entre vaccins et autisme a beau avoir été maintes fois démentie, la principale agence sanitaire des États-Unis l’évoque désormais, se faisant l’écho des thèses du contesté ministre de la Santé de Donald Trump. Dans une mise à jour de leur site internet tard mercredi 19 novembre, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) ont radicalement changé leur réponse sur le sujet.

Jusqu’ici, l’agence rappelait que nombre d’études ont "démontré qu’il n’existe aucun lien entre la vaccination et le développement d’un trouble du spectre autistique", une conclusion partagée par l’OMS et les grandes instances scientifiques. Mais jeudi ce texte avait été en grande partie remplacé par des éléments de langage reprenant ceux du ministre de la Santé Robert Kennedy Jr, lequel relaie depuis des années des théories complotistes sur les vaccins, notamment sur ceux contre le Covid-19.

L’agence stipule désormais que son précédent démenti n’était "pas fondé sur des preuves" et accuse les autorités sanitaires d’avoir ignoré les études soutenant un tel lien. Et ce, alors que des années de recherche ont pourtant démontré l’absence de lien de causalité entre les vaccinations et l’autisme ou d’autres troubles du développement neurologique.

"L’impression que nous revenons au Moyen Âge"

"C’est extrêmement inquiétant", alerte auprès de l’AFP Helen Tager-Flusberg, spécialiste de l’autisme à l’Université de Boston. "J’ai l’impression que nous revenons au Moyen Âge […] nous sapons la science en la liant aux intérêts politiques", déplore-t-elle, avertissant que ce changement créera des peurs inutiles chez les parents et les poussera à ne pas faire vacciner leurs enfants. "Nous allons connaître une augmentation significative des maladies infantiles" mortelles, prévient-elle, alors que certaines, comme la rougeole, opèrent déjà un puissant retour dans le pays sous l’effet des baisses des taux vaccinaux.

D’autres experts et soignants ont condamné avec vigueur la mesure, jugeant l’agence désormais indigne de confiance, tandis que des associations antivaccins remerciaient le ministre. Au sein des CDC, les gens étaient "très inquiets et en colère", a confié à l’AFP une membre d’un syndicat d’employés.

Le site prêtait par ailleurs à la confusion car il y figurait encore la mention "les vaccins ne causent pas l’autisme", une condition posée en début d’année par un sénateur républicain pour soutenir la nomination de Robert Kennedy Jr. Médecin de formation, Bill Cassidy a réaffirmé jeudi sur X que "toute déclaration contraire" était "fausse, irresponsable et contribu (ait) activement à aggraver l’état de santé des Américains". "En détournant l’attention vers des facteurs dont nous savons avec certitude qu’ils NE causent PAS l’autisme, on prive les familles des réponses qu’elles méritent", a-t-il poursuivi, sans jamais nommer le ministre.

Etude truquée

La fausse théorie liant l’autisme à un vaccin infantile - celui contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) - provient d’une étude truquée publiée en 1998, par la suite rétractée et maintes fois démentie. "Plus de 40 études de grande qualité" ont depuis été menées "sur plus de 5,6 millions de personnes", a rappelé jeudi Susan Kressly, présidente de l’Académie américaine de pédiatrie dans un communiqué. Et d’insister : "Quiconque répète ce mythe nuisible est mal informé ou cherche intentionnellement à induire les parents en erreur".

Depuis son entrée en fonction, Robert Kennedy Jr a amorcé une profonde refonte des agences sanitaires américaines à coups de limogeages massifs et de coupes budgétaires et a promis d’établir les causes de ce qu’il qualifie d'"épidémie" d’autisme. Cet engagement inquiète les experts en raison de la complexité du sujet mais aussi du rôle que pourraient jouer des personnalités décriées nommées par le ministre dont David Geier, chercheur convaincu d’un tel lien. Ce dernier, qui a été reconnu coupable d’avoir pratiqué la médecine sans diplôme adéquat, a produit plusieurs études sur le sujet dont la méthodologie, les données et les résultats ont été vivement contestés.

© Getty Images via AFP

Le ministre de la Santé de Donald Trump, Robert Kennedy Jr, est un habitué des théories complotistes sur les vaccins.
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Guerre en Ukraine : cession de territoires, Otan… Ce que prévoit le nouveau plan de Donald Trump

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a plaidé jeudi 20 novembre en faveur d’une "paix digne" alors que les Etats-Unis ont présenté un plan, qui prévoit la cession de territoires à la Russie, la réintégration de cette dernière au G8 et l’interdiction pour l’Ukraine d’adhérer à l’Otan. Si l’administration présidentielle ukrainienne s’est montrée prudente dans sa réaction, certains responsables ukrainiens ont aussitôt qualifié ce plan d'"absurde", de "capitulation" et de fin effective de l’existence du pays en tant qu’État indépendant.

Car ce plan semble reprendre les exigences maximalistes de Moscou et ignorer de nombreuses lignes rouges ukrainiennes. Il exigerait un revirement de la part de Volodymyr Zelensky, qui a déclaré par le passé qu’aucune cession de territoire ne serait acceptable. En outre, il apparaît difficile à faire accepter aux alliés européens de l’Ukraine, qui insistent depuis longtemps pour être associés aux négociations de paix, compte tenu des implications plus larges d’un tel accord pour la sécurité du continent.

Alors que contient exactement ce plan en 28 points élaboré par des responsables russes et américains ? Plusieurs enjeux clés y sont abordés, notamment les questions de territoire, de sécurité et de diplomatie.

Territoire

Le plan prévoit notamment la cession à la Russie des régions ukrainiennes de Donetsk et Lougansk, dans l’est du pays. Ces deux régions que Moscou réclame, et la Crimée annexée par la Russie en 2014, seraient ainsi "reconnues de facto comme russes, y compris par les Etats-Unis", selon ce projet de règlement du conflit. L’armée ukrainienne devrait alors se retirer de la partie de la région de Donetsk qu’elle contrôle encore et qui deviendrait une zone tampon démilitarisée appartenant à la Russie.

Toujours selon le projet américain, deux autres régions dans le sud seraient partagées selon le tracé de l’actuelle ligne de front. Il s’agit de celle de Kherson et de celle de Zaporijia, où une frappe russe a fait au moins cinq morts et plusieurs blessés jeudi soir, selon les secours. La centrale nucléaire de Zaporijia serait quant à elle relancée sous la supervision de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et sa production d’électricité irait pour 50 % à l’Ukraine et pour 50 % à la Russie.

Sécurité

Autre levier au cœur du plan soutenu par Donald Trump : la sécurité. Le projet prévoit que l’armée ukrainienne soit limitée à 600 000 militaires, soit une réduction de plusieurs centaines de milliers par rapport à ses effectifs actuels. Kiev devrait également s’engager à ne jamais rejoindre l’Otan, une condition contraire à ses demandes mais conforme en revanche aux exigences russes précédemment rendues publiques. L'Ukraine devrait inscrire cet engagement dans sa Constitution - et n’obtiendrait pas de forces de maintien de la paix, même si le plan prévoit des avions de combat européens en Pologne pour protéger le pays.

L’alliance de défense exclurait de son côté dans ses statuts toute adhésion future de ce dernier. Un responsable américain a néanmoins déclaré jeudi que le plan américain pour l’Ukraine comprenait des garanties de sécurité "fiables" de la part de Washington et de ses alliés européens équivalentes à celles de l’Otan en cas de future attaque. Le plan prévoit en outre la signature d’un "accord de non-agression" entre la Russie, l’Ukraine et l’Europe.

Diplomatie

Selon l’accord proposé, la Russie serait "réintégrée dans l’économie mondiale" après près de quatre années de sanctions sévères et serait autorisée à réintégrer le G8. Mais toutes les sanctions seraient rétablies si la Russie envahissait à nouveau l’Ukraine, "en plus d’une riposte militaire coordonnée et décisive". Par ailleurs, 100 milliards de dollars d’avoirs russes gelés seraient consacrés à la reconstruction de l’Ukraine, tandis que d’autres seraient investis dans un fonds d’investissement américano-russe distinct "visant à renforcer les relations et à accroître les intérêts communs afin de créer une forte incitation à ne pas retourner au conflit".

De son côté, Kiev serait "éligible" à l’adhésion à l’Union européenne. Le plan prévoit également que l’Ukraine organisera des élections dans un délai de 100 jours et que l’Ukraine et la Russie mettront en œuvre des "programmes éducatifs dans les écoles et la société visant à promouvoir la compréhension et la tolérance des différentes cultures et à éliminer le racisme et les préjugés".

© AFP

Volodymyr Zelensky et l'envoyé américain Dan Driscoll, secrétaire à l'Armée, à Kiev le 20 novembre 2025.
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Guerre en Ukraine : Kiev n'acceptera aucun plan franchissant ses "lignes rouges"

La présidence ukrainienne a annoncé jeudi 20 novembre avoir "officiellement reçu un projet de plan de la part des États-Unis qui, selon l’évaluation américaine, pourrait redynamiser la diplomatie". Mais ce nouveau projet a surtout de quoi donner des sueurs froides à l’Ukraine : il prévoit notamment que Kiev cède à Moscou les régions de Donetsk et Lougansk, qui seraient "reconnues de facto comme russes, y compris par les Etats-Unis". Tandis que la Russie pourrait réintégrer le G8, Kiev devrait également s’engager à ne jamais rejoindre l’Otan. Seule consolation : un responsable américain a déclaré jeudi que le plan de Washington comprenait des garanties de sécurité équivalentes à celles de l’Otan en cas de future attaque. D’après la Maison-Blanche, Volodymyr Zelensky doit discuter "dans les prochains jours" avec Donald Trump des "possibilités diplomatiques disponibles et des principaux points nécessaires à la paix".

Les infos à retenir

⇒ Le plan américain pour la paix prévoit de fortes concessions de l'Ukraine à la Russie

⇒ Kiev n'acceptera aucun plan franchissant ses "lignes rouges"

⇒ Le Kremlin dit à Volodymyr Zelensky de négocier "maintenant"

L'Allemagne juge que l'Ukraine doit rester "capable de se défendre seule"

Le gouvernement allemand a estimé vendredi que le front en Ukraine devait être "le point de départ" pour un accord, et que Kiev devait rester "capable de se défendre", alors qu'un plan américain prévoit concessions territoriales à Moscou et de brider l'armée ukrainienne.

Du point de vue allemand, il est important "que les forces armées ukrainiennes restent en mesure de se défendre elles-mêmes", a déclaré le porte-parole du gouvernement Stefan Kornelius devant la presse, répétant en outre la position de longue date des Européens, selon laquelle tout accord territorial avec la Russie devait être négocié avec Kiev.

Le Kremlin dit à Volodymyr Zelensky de négocier "maintenant" plutôt que de perdre plus de territoires

Moscou a pressé ce vendredi le président ukrainien de négocier "maintenant", plutôt que de risquer la perte de nouveaux territoires, au lendemain de la publication surprise d'une proposition américaine de sortie du conflit avec la Russie.

"Il vaut mieux négocier et le faire maintenant que plus tard. L'espace pour prendre des décisions pour lui (le président Zelensky, NDLR) se réduit à mesure qu'il perd des territoires" face à l'offensive des forces russes, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors de son point presse quotidien auquel participait l'AFP. Il a assuré que Moscou n'avait cependant pas reçu "officiellement" les détails de la proposition de Washington.

L'Ukraine n'acceptera aucun plan franchissant ses "lignes rouges"

L'Ukraine n'acceptera aucun plan franchissant ses lignes rouges, a déclaré ce vendredi un négociateur ukrainien clé après le dévoilement des propositions américaines pour mettre fin à la guerre, qui prévoient de fortes concessions à la Russie. Il ne peut y avoir de "décisions en dehors du cadre de notre souveraineté, de la sécurité de notre peuple ou de nos lignes rouges", a martelé sur Facebook Roustem Oumerov, secrétaire du Conseil de la sécurité nationale ukrainien.

Volodymyr Zelensky, qui doit s'entretenir par téléphone à la mi-journée avec les présidents français, allemand et britannique, a plaidé jeudi soir en faveur d’une "paix digne" pour son pays. "L’Ukraine a besoin de paix. […] Une paix digne, afin que les conditions soient respectueuses de notre indépendance, de notre souveraineté et de la dignité du peuple ukrainien", a-t-il indiqué dans son adresse quotidienne diffusée sur les réseaux sociaux, après s’être entretenu avec le secrétaire américain à l’Armée, Daniel Driscoll, nouvel envoyé de Donald Trump qui lui a présenté le plan de Washington.

Le projet américain destiné à mettre fin aux hostilités reprend dans les grandes lignes les principales revendications de Moscou, dont des cessions territoriales inacceptables pour Kiev. Ce plan est "bon" à la fois pour l’Ukraine et pour la Russie, a assuré jeudi la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt. "Le président (Donald Trump) soutient ce plan. C’est un bon plan à la fois pour la Russie et pour l’Ukraine et nous pensons qu’il est acceptable pour les deux parties", a-t-elle affirmé, ajoutant que "le gouvernement parle autant avec une partie qu’avec l’autre".

L'UE dit ne pas avoir reçu le plan américain

Le plan américain pour l'Ukraine n'a pas été officiellement communiqué à l'Union européenne, qui compte en discuter lors du sommet du G20 ce week-end à Johannesburg, ont indiqué ce vendredi le président du Conseil européen, Antonio Costa, et la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. "Aucun plan n'a été communiqué de manière officielle à l'Union européenne", a déclaré Antonio Costa, interrogé lors d'une conférence de presse à Johannesburg. "A ce stade, ça n'a pas de sens pour nous de commenter", a-t-il ajouté.

"Un plan en 28 points a été rendu public. Nous discuterons de la situation, à la fois avec les dirigeants européens et avec les dirigeants ici en marge du G20. Je vais aussi contacter le président Zelensky pour discuter du sujet", a précisé Ursula von der Leyen.

Le ministre allemand des Affaires étrangères Johann Wadephul a de son côté estimé que le projet américain n'était pas un véritable plan mais plutôt "une liste de sujets qui doivent être rapidement discutés entre l'Ukraine et la Russie". "Nous voulons nous assurer que l'Ukraine puisse discuter de ces points à partir d'une position de négociation forte, et c'est l'Ukraine qui décidera des compromis qu'elle est prête à faire", a-t-il ajouté depuis Bruxelles, avant le début d'un forum entre l'Union européenne et des pays d'Asie et d'Océanie.

Plan américain pour l'Ukraine : "Les deux ou trois prochaines semaines seront cruciales", selon Viktor Orban

Le Premier ministre nationaliste hongrois, Viktor Orban, a estimé ce vendredi que "les deux ou trois prochaines semaines" seraient "cruciales" pour le plan américain pour l'Ukraine, lors de son allocution hebdomadaire à la radio nationale.

"Ce plan de paix contient des propositions sur lesquelles Russes et Américains ont déjà mené des discussions préliminaires. Nous nous trouvons, je pense, à un moment décisif: les deux ou trois prochaines semaines seront cruciales", a-t-il dit, ajoutant que "quelque chose va commencer à se dessiner".

A la fois proche des présidents américain, Donald Trump, et russe, Vladimir Poutine, Viktor Orban a encore déclaré que "le sommet pour la paix de Budapest se rapproch(ait)", en référence à la proposition en octobre de Donald Trump d'un sommet avec son homologue russe dans la capitale hongroise pour évoquer une fin à la guerre en Ukraine. Le président américain avait finalement reporté sine die cette rencontre, disant qu'il ne voulait pas de discussions "pour rien".

Le bilan de la frappe russe sur Ternopil monte à 31 morts

Le bilan d'une frappe russe mercredi sur un immeuble d'habitation dans la ville ukrainienne de Ternopil est monté à 31 morts, a annoncé vendredi la police ukrainienne. Les opérations de recherche se poursuivent dans les décombres de l'immeuble frappé par un missile de croisière qui a détruit les étages supérieurs.

Le président Volodymyr Zelensky avait fait état jeudi d'un bilan de 26 morts et plus de 90 blessés, avec 22 personnes portées disparues. Il s'agit de l'une des frappes les plus meurtrières de l'année en Ukraine, qui lutte depuis plus de trois ans contre l'invasion de la Russie. La police ukrainienne a indiqué vendredi que les secouristes avaient "retrouvé les corps de trois autres personnes dans les décombres de l'immeuble détruit: une femme et deux enfants". Sur les 31 personnes dont la mort a été confirmée, on compte six enfants. Et sur les 94 personnes blessées, il y a 18 enfants.

La Russie cible quasi quotidiennement le pays au moyen de drones ou de missiles. Jeudi soir, une nouvelle attaque a encore fait au moins cinq morts et plusieurs blessés à Zaporijia, dans le sud de l’Ukraine.

La Pologne dénonce "le terrorisme d'Etat" russe après un sabotage

Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a dénoncé ce vendredi "le terrorisme d'Etat" russe, à la suite notamment du sabotage d'une voie ferrée vers l'Ukraine, attribué par Varsovie à la Russie. Dans une brève allocution au Parlement, Donald Tusk a appelé les Polonais à l'unité face aux tentatives de Moscou visant "à ce qu'on soit brouillés avec l'Europe, avec l'Ukraine et, surtout, brouillés entre nous". "Des actes de diversion inspirés et organisés depuis des mois par des services du Kremlin ont dépassé dernièrement une ligne critique, et nous pouvons désormais parler même de terrorisme d'Etat", a déclaré le chef du gouvernement polonais. L'objectif consiste à "détruire la vie humaine et déstabiliser les fondements de l'Etat polonais", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre a cité deux actes de sabotage perpétrés le week-end dernier sur une voie ferrée importante pour le transport de passagers, d'armes et de marchandises vers l'Ukraine. Varsovie a identifié deux Ukrainiens soupçonnés d'agir pour le compte de Moscou comme auteurs présumés de ces actes, et demandé au Bélarus, allié de la Russie, où les deux hommes se seraient enfuis, de les extrader. Varsovie a annoncé aussi qu'elle allait fermer le dernier consulat russe en Pologne encore en activité.

La Russie revendique la prise de la ville de Koupiansk, l’Ukraine dément

L’armée russe a revendiqué jeudi la prise de la ville de Koupiansk, bastion ukrainien du nord-est, l’une des villes où les troupes de Moscou ont réalisé des avancées ces dernières semaines face à des forces ukrainiennes en difficulté. Les forces russes "ont terminé la libération de la ville de Koupiansk", a déclaré au président Vladimir Poutine le commandant du groupement de troupes Ouest, Sergueï Kouzovlev, selon des propos retransmis à la télévision. Il a qualifié la ville de "nœud-clef dans la défense" ukrainienne. L’état-major ukrainien a de son côté démenti toute capture russe de la ville, assurant sur Telegram qu’elle est toujours "sous le contrôle des forces de défense ukrainiennes".

Koupiansk, qui comptait 55 000 habitants avant la guerre, a été occupée pendant plusieurs mois en 2022 par l’armée russe avant d’être reprise par les troupes ukrainiennes en septembre de la même année.

Moscou a aussi fait état jeudi d’une "offensive qui se déroule avec succès" à Pokrovsk, un nœud logistique clef pour l’armée ukrainienne qui pourrait tomber prochainement, et à Siversk, une ville qui n’avait pas connu de combats depuis 2022. "Les troupes […] avancent pratiquement sur tous les fronts", s’est félicité le chef de l’état-major russe Valéri Guérassimov.

© afp.com/Ozan KOSE

Volodymyr Zelensky en conférence de presse au cours d'une visite en Turquie, à Ankara, le 19 novembre 2025
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L'actu à La Loupe : l'Europe face à la tech américaine et chinoise

S'unir pour faire front. Face aux alertes concernant le manque d'innovation dans la tech et de champions européens, qu’on pouvait notamment lire dans le rapport Draghi remis il y a tout juste un an, la France et l’Allemagne avaient promis de faire avancer les choses.

Emmanuel Macron et le chancelier Friedrich Merz ont donc réuni les 27 ministres du numérique, ainsi que des patrons et des acteurs de la tech. Avec un message : l’Europe doit et peut être souveraine dans le domaine...

"Nous avons tout ce qu'il faut pour mettre en œuvre notre programme visant à renforcer la souveraineté dans le domaine numérique", a dit le président de la République.

Dans son discours, Emmanuel Macron a précisé que "l'Europe ne veut pas être le client des grandes entreprises et des solutions fournies par les Etats Unis et la Chine". Car l’enjeu est là : l’écart qui se creuse entre les deux géants et leurs mastodontes du numérique. Mais pour défendre et imposer la vision européenne de la tech, il y a encore quelques obstacles.

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Cet épisode a été écrit et présenté par Charlotte Baris, monté et réalisé par Jules Krot, rédaction en chef Thibauld Mathieu.

Crédits : Elysée

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© afp.com/Manon Cruz

Le président français Emmanuel Macron (d) et le chancelier allemand Friedrich Merz se serrent la main avant une réunion à Toulon, dans le sud-est de la France, le 29 août 2025
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Le brise-glace "Stalingrad", ce nouveau géant nucléaire construit à Saint-Pétersbourg

A Saint-Pétersbourg, un pan entier de la stratégie militaire russe vient de prendre forme sous l’objectif des médias nationaux. Ce mardi 18 novembre, le chantier naval de la Baltique a célébré le début de la construction d’un nouveau géant de l’Arctique, un brise-glace à propulsion nucléaire baptisé "Stalingrad". Le nom, chargé de mémoire, a donné à la cérémonie une dimension historique : parmi les invités, on remarquait la silhouette de Pavel Vinokourov, vétéran de la bataille de Stalingrad, qui s’apprête à souffler ses 103 bougies.

Vladimir Poutine, présent par visioconférence, a profité de l’événement pour marteler la souveraineté technologique de son pays : selon lui, aucune nation, hormis la Russie, n’est capable de produire en série des brise-glaces atomiques puissants et autonomes, fondés sur des technologies strictement nationales.

173 mètres de long et 34 mètres de large

Sous sa coque massive, le Stalingrad s’inscrit dans la lignée des navires du projet 22220, les plus impressionnants brise-glaces jamais construits. Long d’environ 173 mètres et large de 34 mètres, il embarque une puissance de 60 MW capable de propulser cette forteresse d’acier à près de 22 nœuds sur des eaux dégagées (environ 40 kilomètres-heure, NDLR) tout en brisant des glaces de trois mètres d’épaisseur. Sa longévité, pensée pour s’étirer sur quatre décennies, repose sur une architecture à double tirant d’eau et sur deux réacteurs nucléaires RITM-200 qui lui assurent presque sept ans d’activité sans recharge.

L’engin peut aussi bien se faufiler dans les zones profondes de l’océan Arctique que dans les eaux plus étroites et peu profondes à l’embouchure du Ienisseï ou dans la baie d’Ob, ce qui devrait permettre à la Russie d’optimiser les convois de gaz et de pétrole vers les marchés asiatiques. Sa largeur, plus conséquente que celle des générations précédentes, a été pensée pour lui permettre d’escorter les méthaniers et pétroliers les plus imposants actuellement en service.

Le 8e brise-glace nucléaire russe

Ce navire porte un nom inhabituel dans la flotte russe actuelle. Alors que l’appellation des unités nucléaires évoque le plus souvent les régions polaires, Stalingrad renoue de manière frontale avec l’ère soviétique. Le président russe a d’ailleurs salué cette symbolique : "Je suis sûr que le nouveau brise-glace Stalingrad portera dignement ce nom. Travailler dans les conditions difficiles de l’Arctique, ouvrir la voie à travers la glace, deviendra un autre symbole de talent, de force, d’énergie de notre peuple, de sa capacité à mettre en place et à mettre en œuvre les plans les plus audacieux, et à se lever dans les moments les plus difficiles", a-t-il déclaré lors de la pose de la quille du nouveau navire.

La Russie se targue de posséder aujourd’hui la flotte de brise-glaces nucléaires la plus importante au monde : sept unités sont déjà en activité, épaulées par plusieurs dizaines de navires diesel-électriques. Le projet 22220 constitue l’épine dorsale de cette flotte : son navire amiral, l’Arktika, et les trois autres, Sibir, Oural et Yakoutia escortent déjà les convois le long de la route maritime du Nord, assurant le transport de ressources vers l’Asie sans dépendre des détroits plus au sud. Deux autres unités, Tchoukotka et Leningrad, sont toujours en construction sur le chantier naval de la Baltique.

© AFP

Des personnes assistent à la cérémonie de mise à l'eau du brise-glace nucléaire Yakutia au chantier naval Baltic à Saint-Pétersbourg, le 22 novembre 2020.
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Un comportement "passible de la peine de mort" : Donald Trump accuse des démocrates de sédition

"COMPORTEMENT SEDITIEUX, passible de la peine de MORT!" a écrit jeudi 20 novembre Donald Trump sur son réseau Truth Social, juste après avoir attaqué six élus démocrates qui ont appelé à la désobéissance civile dans l'armée.

Dans un message publié peu auparavant sur la même plateforme, le président américain avait qualifié ces opposants de "traîtres" ayant un "comportement séditieux". "Ceci est vraiment mauvais et dangereux pour notre pays", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social en commentaire d'un article de presse consacré à cet appel lancé sur X par six élus démocrates à la Chambre des représentants et au Sénat, ayant eux-mêmes servi dans l'armée ou les services de renseignement. "Trump vient de réclamer la mort pour des élus démocrates. Absolument infâme", a réagi le Parti démocrate sur X. Les meneurs démocrates à la Chambre des représentants ont dénoncé dans un communiqué la "rhétorique violente et déchaînée" du président américain, l'appelant à supprimer ses messages "avant que quelqu'un ne soit tué".

"Vous pouvez refuser les ordres illégaux"

Ces six élus démocrates à la Chambre des représentants et au Sénat, ayant eux-mêmes servi dans l'armée ou les services secrets, ont publié sur X une vidéo dans laquelle ils lancent à l'intention des militaires et des agents du renseignement : "Vous pouvez refuser les ordres illégaux." Dans leur vidéo, ces six démocrates estiment que "cette administration oppose nos militaires en uniforme et nos professionnels du renseignement aux citoyens américains".

"Aujourd'hui, les menaces contre notre Constitution ne viennent pas seulement de l'étranger, mais aussi d'ici, chez nous", dénoncent ces élus, dont le sénateur Mark Kelly, un ancien membre de la marine américaine et astronaute de la Nasa, ou la sénatrice Elissa Slotkin, qui a servi pour la CIA en Irak.

Les six élus de l'opposition ont reçu jeudi le soutien d'un groupe disant représenter "plus de 360" anciens responsables militaires et diplomatiques, qui a accusé dans un communiqué la Maison-Blanche de "transformer un principe de droit fondamental en désaccord politique".

L'utilisation des forces armées critiquée

Les élus démocrates ne précisent pas dans leur vidéo à quels ordres ils font référence, mais Donald Trump et son fidèle allié au Pentagone, le ministre Pete Hegseth, sont critiqués pour leur utilisation des forces armées, tant aux Etats-Unis qu'à l'étranger. Le républicain a notamment ordonné le déploiement de la Garde nationale dans plusieurs villes démocrates, dont Los Angeles et Washington, contre l'avis des autorités locales.

Les Etats-Unis ont également mené ces dernières semaines une vingtaine de frappes dans les Caraïbes et le Pacifique contre des embarcations qu'ils accusent - sans présenter de preuves - de transporter de la drogue, faisant au moins 83 victimes. Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Volker Türk, a exhorté Washington à enquêter sur la légalité de ces frappes, relevant de "solides indices" de "violations du droit international" humanitaire et "d'exécutions extrajudiciaires". Le ministère de la Justice a lui assuré le 12 novembre que ces frappes avaient "été ordonnées conformément aux lois du conflit armé et constituent donc des ordres licites".

Avant Donald Trump, d'autres hauts responsables de la Maison-Blanche avaient attaqué l'appel des six élus de l'opposition. "Des responsables démocrates appellent ouvertement la CIA et les dirigeants de l'armée à se rebeller contre leur Commandant en chef. Ne sous-estimez pas à quel point le Parti démocrate est devenu dangereusement radicalisé", avait réagi mercredi sur X le directeur de cabinet adjoint de la Maison-Blanche, Stephen Miller.

© afp.com/Brendan SMIALOWSKI

Donald Trump et le ministre Pete Hegseth sont critiqués pour leur utilisation des forces armées, tant aux Etats-Unis qu'à l'étranger.
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"Face au narcotrafic, il n’est pas trop tard" : après l’assassinat de Mehdi Kessaci, le conseil à la France de Federico Varese

A Marseille, un cap a été franchi le 13 novembre quand deux tueurs à moto ont ouvert le feu sur Mehdi Kessaci, dans un quartier tranquille du IVe arrondissement. Le seul tort de ce jeune homme de vingt ans, qui passait les concours pour devenir gardien de la paix ? Etre le petit frère d’Amine Kessaci, figure locale de la lutte contre le crime organisé.

Depuis, une vague de peur et de colère s’est abattue sur la cité phocéenne, tant ce meurtre ressemble à "un assassinat d’intimidation" pour faire taire un militant gênant. Une pratique malheureusement courante pour les mafias de l’autre côté de la frontière, comme le rappelle Federico Varese, spécialiste italien du crime organisé et professeur de sociologie à Sciences Po Paris. Auprès de L’Express, il raconte la puissance inédite des réseaux criminels sur notre continent, mais insiste : face aux mafias, "il n’est jamais trop tard pour agir".

L'Express : Le meurtre de Mehdi Kessaci, dont le grand frère milite contre le crime organisé, a choqué Marseille et toute la France. Sa mort ressemble à "un assassinat d’intimidation" : est-ce une tactique répandue au sein des mafias en Europe ?

Federico Varese : Cette histoire est particulièrement choquante et terrible. Malheureusement, il s’agit d’une tactique plutôt courante du crime organisé, notamment de la mafia sicilienne : quand ils ne pouvaient pas mettre la main sur le témoin principal, ils tuaient ses proches. Ce fut le cas pour Tommaso Buscetta qui, en tant qu’ancien membre de la mafia sicilienne, était sans doute le témoin le plus important de l’Etat italien contre la mafia : un nombre incroyable de ses proches ont été assassinés [NDLR : officiellement, 14 membres de sa famille ont été tués par la mafia].

Il est aussi habituel pour la mafia de cibler des militants. En 1993, la mafia sicilienne avait assassiné un prêtre à Palerme, dont le seul tort était d’avoir ouvert une école pour sortir les enfants de la rue. Pour ces organisations criminelles, procéder à ce genre de meurtres, avec un tel retentissement public, représente évidemment une étape majeure, qui requiert des investissements et des ressources militaires importantes. C’est un phénomène très inquiétant pour Marseille, car cela montre que l’organisation qui a commis cet assassinat ne craint pas ses conséquences.

Qu’est-ce que ce meurtre indique sur le poids pris par le crime organisé à Marseille ?

C’est un message d’alerte pour Marseille : nous n’avons plus seulement affaire à un phénomène criminel, mais à un phénomène prêt à attaquer directement l’Etat. Le frère de la victime, Amine Kessaci, avait rencontré Emmanuel Macron, ce qui signifie que l’attaque va bien au-delà d’un acte contre un simple militant. Ce sont des individus qui aspirent à contrôler un territoire, à représenter l’autorité sur ce territoire. Et tous ceux qui remettent en cause leur autorité, y compris les militants associatifs qui perturbent leur business, deviennent des cibles.

Souvent, nous pensons ce phénomène mafieux réservé à la Sicile, à l’Amérique latine, la Russie, Hongkong ou au Japon, mais en réalité il peut surgir partout. Nous ne devrions pas supposer que le crime organisé de type mafieux, comme nous l’avons en Sicile, ne peut pas se répandre : c’est une catégorie très spécifique de crime organisé, qui ne consiste pas seulement à vendre de la drogue, mais à imposer son autorité à une communauté et à contester l’Etat.

Dans une tribune au Monde, Amine Kessaci écrit que les autorités françaises doivent comprendre qu’elles sont dans "une lutte à mort" avec le crime organisé. Son analyse est-elle justifiée ?

J’ai lu sa tribune et il a toute ma sympathie. Je suis d’accord avec lui. Nous devons toutefois faire attention à ce que l’Etat fera pour contre-attaquer : par exemple, à Rio de Janeiro en octobre, la police a foncé dans les favelas, elle a tué 132 personnes, puis elle est repartie. Il s’agit d’une réaction militaire, très lourde, mais qui ne changera pas la situation sur place.

Il faut augmenter les forces de police et bien sûr arrêter les responsables de ce meurtre, mettre les chefs de gang derrière les barreaux. Mais ce phénomène existe au-delà du seul chef de gang : quand vous le mettez en prison, un autre prend sa place puisque ce sont des communautés qui sont éloignées des autorités légitimes et qui se sentent abandonnées. Vous devez aussi reprendre le contrôle du territoire, reconstruire la confiance entre ces communautés et les autorités, retisser le tissu social, l’engagement communautaire. Exactement ce que fait Amine Kessaci.

Amine Kessaci, à Marseille, le 8 octobre 2024
Amine Kessaci, à Marseille, le 8 octobre 2024

Dans vos recherches, vous comparez le crime organisé à un Etat en formation, qui instaure une gouvernance alternative dans des zones négligées par les autorités publiques. Est-ce le cas de certains quartiers à Marseille et est-ce trop tard pour intervenir ?

Je pense que c’est ce qui se déroule à Marseille, même si le processus n’en est qu’au stade embryonnaire : une formation calquée sur l’Etat qui veut gouverner un territoire et défier les autorités. Mais le meurtre de Mehdi Kessaci peut entraîner un retour de bâton : ils sont peut-être allés trop loin et pourraient en subir les conséquences. Quand la mafia sicilienne a ciblé les juges Giovanni Falcone, Paolo Borsellino, et d’autres procureurs et policiers de premier plan, l’Etat a répondu de manière forte.

Mais l’Etat italien ne s’est pas pour autant attaqué aux racines qui expliquent la présence de la mafia en Sicile. Mon modeste conseil aux autorités françaises : il n’est pas trop tard, il n’est jamais trop tard. Les citoyens français ont le droit d’être protégés par l’Etat. Il n’est pas trop tard, mais la réponse ne peut pas être uniquement policière : il faut s’occuper de ces populations, leur faire confiance, ne pas les stigmatiser et se laisser aller au profilage racial ou ethnique. Et surtout, offrez aux jeunes des alternatives aux gangs : rien n’est plus dangereux pour le crime organisé que de le priver de cette base de recrutement.

En France, d’après un rapport du Sénat, les revenus du narcotrafic sont estimés à 7 milliards d’euros par an et 250 000 personnes vivraient de cette économie parallèle. Le crime organisé est-il plus riche et puissant qu’il ne l’a jamais été en France et en Europe ?

Tout à fait, ce sont des chiffres terrifiants et nous retrouvons ce phénomène partout en Europe. Malheureusement, cette capacité à contrôler des territoires est financée par l’argent de la drogue, avec des sommes considérables en jeu. La production de drogue en Colombie n’a jamais été aussi élevée, avec une hausse de 20 % l’année dernière et des rendements sans précédent. Beaucoup de cocaïne à bas prix débarque en Europe, notamment en France via le port du Havre.

En résumé, la drogue voyage de la Colombie jusqu’au Brésil puis vers la France directement, via l’organisation mafieuse brésilienne Primeiro Comando da Capital, sans même passer par l’Italie, l’Espagne ou Rotterdam. Donc l’approvisionnement augmente, il est bon marché et tous ces groupes se battent pour l’avoir. Ce même phénomène touche l’Europe du Nord mais aussi l’Italie, où la ’Ndrangheta est la principale organisation de liaison avec les Colombiens. D’une manière générale, la situation est terrifiante. Sans compter les drogues de synthèse qui peuvent être produites dans un laboratoire n’importe où en Europe, sans avoir besoin d’être transportées. L’offre et la consommation s’envolent.

Ce phénomène entraîne des niveaux de violence alarmants ces dernières années, avec les exemples les plus frappants aux Pays-Bas où la Mocro Maffia a tué des journalistes, des avocats et menacé la famille royale ou encore le Premier ministre…

C’est exact, des situations qui rappellent ce qui se passe à Marseille : pour intimider un témoin, ils ont tué l’avocat. Cette violence se répand partout et doit être reliée à la circulation des armes, qui va augmenter dans un futur proche car nous avons une guerre en Europe. A cause de l’invasion russe de l’Ukraine, le nombre d’armes à feu explose. Quand la guerre sera finie, une partie de ces équipements militaires sera récupérée par la pègre. Il faut se rappeler que dans les années 1990, après la guerre dans les Balkans, des quantités faramineuses d’armes sont entrées sur le marché noir. L’Italie, notamment, a croulé sous les Kalachnikov. Malheureusement, la guerre décidée par la Russie va inévitablement augmenter les stocks d’armes sur le marché noir en Europe.

Notre continent a-t-il les outils pour contrer cette menace ? Pouvons-nous faire davantage contre le crime organisé au niveau européen ?

Selon moi, cette question des armes devrait être une priorité pour imaginer l’Ukraine d’après-guerre. Je n’ai pas encore perçu ce sujet dans les discussions, j’espère qu’il sera sur la table. La reconstruction de l’Ukraine ira de pair avec le retour à l’emploi des soldats qui étaient au front et l’assurance que les armes ne se retrouvent pas sur le marché noir. Il faut des programmes sociaux, comme à Marseille, pour faire en sorte que le crime organisé ne prenne pas le dessus. Car le crime organisé n’est que le résultat d’un processus qui commence bien plus tôt, un processus à la fois sociologique et structurel.

Au niveau européen, nous avons Europol et Eurojust [NDLR : qui gèrent respectivement la coordination policière et judiciaire des pays européens]. Eurojust est très utile car elle permet de coordonner les enquêtes en Europe. Europol permet d’échanger les données entre les différentes polices européennes, ce qui s’avère indispensable. Le niveau européen est essentiel pour combattre le crime organisé car, par définition, c’est un phénomène qui ne se limite pas à un seul endroit. La drogue voyage, ce qui implique une coopération avec la Colombie, le Brésil, les Etats-Unis et tous les partenaires européens.

Avez-vous un exemple de pays européen qui a réussi à agir de manière efficace contre le crime organisé ?

Je parlerais plutôt de solutions locales qui ont pu fonctionner. L’Italie, par exemple, ne se limite pas à une histoire catastrophique : l’introduction du délit d’association mafieuse a été fondamentale et a permis aux procureurs d’identifier le crime organisé sans qu’un crime évident ait été commis. Même sans recours direct à la violence, le simple fait qu’une personne appartenant à une certaine organisation émette une menace, ou même une simple demande, constitue en soi un crime. C’est un contournement de l’application traditionnelle de la loi, mais qui s’est révélée très efficace.

Le plus important est de faire en sorte que, quand les gens ont un problème, ils ne se tournent pas vers le crime organisé. L’échec de l’Italie n’est pas venu de son système judiciaire ou de sa police : au contraire, les capacités d’enquête de la police italienne sont excellentes, tous les boss de la mafia sicilienne sont en prison à l’heure actuelle, pas un seul n’est libre. En termes d’arrestations, c’est un succès majeur. Mais le problème, c’est que la mafia n’est pas seulement un phénomène criminel, c’est aussi un phénomène social, politique et économique.

L’Italie a connu de grandes marches contre la mafia il y a quelques années. Quel rôle la société peut-elle jouer dans la lutte contre le crime organisé ?

Cette semaine, nous avons accueilli la photographe Letizia Battaglia à Sciences Po. Elle est célèbre pour avoir photographié les crimes de la mafia dans les années 1990, à l’époque des grandes manifestations contre le crime organisé en Sicile. La société civile est très importante dans cette lutte, tout comme le journalisme de terrain. C’est pour cette raison que les journalistes et les représentants de la société civile sont des cibles privilégiées de ces organisations. Ils sont essentiels, mais ils ne doivent pas être laissés seuls.

En Italie, la réalité est que, après ces manifestations incroyables, rien n’a été fait pour s’attaquer aux racines profondes de la mafia. Malheureusement, en Sicile, certaines associations antimafia ne sont plus que des petits bureaux, avec de petits budgets, qui doivent se contenter d’organiser une cérémonie annuelle de souvenirs pour les victimes du crime organisé.

En France, beaucoup s’inquiètent de l’influence grandissante du crime organisé sur le monde politique et économique. A quel point est-ce une menace pour l’Europe ?

A l'échelon local, les hommes politiques ont besoin des votes : une des tâches principales de la mafia sicilienne consiste à récupérer des voix pour les hommes politiques, ce qui explique qu’il est aussi difficile de se débarrasser de ces organisations. Si elles sont efficaces, il est évident que les hommes politiques auront moins de raisons de s’attaquer au crime organisé… C’est l’étape suivante : une fois qu’ils contrôlent un territoire, ils peuvent aussi contrôler le vote. Ce doit effectivement être un motif d’inquiétude en France.

Il faut réfléchir au système électoral, car certains systèmes électoraux sont plus faciles à manipuler que d’autres. En Italie, auparavant, les élections locales se faisaient à la proportionnelle, par listes, avec un ordre de préférence : la mafia excellait à manipuler le système de vote par préférence pour faire élire ses candidats. Mais ici aussi, la priorité doit consister à unir les forces de la société civile, celles des autorités et des forces politiques pour reprendre le contrôle de ces territoires en regagnant la confiance de celles et ceux qui y vivent.

© afp.com/Clement MAHOUDEAU

Gérald Darmanin, au centre à gauche, et Laurent Nuñez, à sa droite, à Marseille le 20 novembre 2025
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Quand Donald Trump s'en prend aux Etats américains qui régulent l'IA

Mardi 18 novembre, sur Truth Social, Donald Trump n’a laissé aucune place au doute. En quelques lignes, écrites en lettres capitales, il a exigé une règle fédérale unique pour encadrer l’intelligence artificielle. "Nous DEVONS disposer d'une norme fédérale unique au lieu d'un patchwork de 50 régimes réglementaires étatiques. Si nous ne le faisons pas, la Chine nous rattrapera facilement dans la course à l'IA. Intégrez-la dans la NDAA ou adoptez un projet de loi distinct, et personne ne pourra jamais rivaliser avec les Etats-Unis." Et l’ordre n’est plus seulement politique : la Maison-Blanche a déjà signé une ordonnance obligeant le ministère de la Justice à poursuivre les Etats qui tenteraient de réguler l’IA à leur manière. Le républicain accuse notamment les Etats américains de freiner l’innovation. Et quoi de pire pour le chantre du MAGA que de risquer de voir son pays dépassé par la Chine.

Une copie de l’ordonnance a été examinée par le Washington Post et le Wall Street Journal, et confirmée auprès de ces médias par une source proche de l’exécutif. Silence total, en revanche, du côté de l’administration Trump, qui refuse pour l’instant de commenter cette information.

Une offensive fédérale pour reprendre le pouvoir

Cette décision de Donald Trump n’était pas imprévisible. Depuis des mois, la Maison-Blanche cherche un moyen de neutraliser les initiatives étatiques. Dans les couloirs du Capitole, ses équipes jouent des coudes pour introduire une forme de moratoire national sur les lois des Etats, en l’associant au conséquent projet de dépenses de défense actuellement débattu.

Une première tentative d’adoption de décret avait tourné court en juillet dernier. Plusieurs élus républicains, dont l’ancienne figure trumpiste Steve Bannon et la sénatrice Marsha Blackburn, s’étaient rebellés. Ils craignaient que la dérégulation totale de l’intelligence artificielle expose les enfants à des risques accrus en ligne et menace de nombreux emplois.

Une proposition similaire voit aujourd’hui le jour. Selon cette dernière, le ministère de la Justice serait chargé de riposter devant les tribunaux contre toute loi jugée "trop restrictive" sur l’intelligence artificielle. En plus, un groupe de travail fédéral analyserait les textes déjà adoptés pour vérifier s’ils entravent, ou non, la liberté d’expression ou le commerce national. Et si un Etat n’obéit pas ? Le département du Commerce pourrait suspendre des financements essentiels, notamment pour l’accès à Internet haut débit. Un moyen de pression extrêmement efficace.

Donald Trump connaît bien cette approche. Ces derniers mois, Washington a poursuivi la Californie, New York et même le Vermont sur d’autres sujets. Objectif : imposer, coûte que coûte, les priorités présidentielles de ce second mandat.

"Un passage en force dissimulé"

Mais cette offensive crée des frictions jusque dans le camp des républicains. Car si Donald Trump parle au nom de la liberté d’entreprendre, des gouverneurs républicains refusent de céder une once de souveraineté. Ron DeSantis, en Floride, et Spencer Cox, en Utah, ont dénoncé publiquement sur X une "prise de pouvoir" du fédéral. "Un passage en force dissimulé dans une loi sur la défense : une insulte aux électeurs", fulmine Ron DeSantis.

Pendant ce temps, les géants technologiques applaudissent. Ils plaident pour un seul cadre juridique, qui leur éviterait de composer avec une mosaïque de règles contradictoires. Une plainte répétée par David Sacks, conseiller du président américain sur l’IA, qui voit dans la fragmentation actuelle un frein à l’innovation américaine.

Mais le risque juridique est bien présent puisque Washington pourrait empiéter sur les droits constitutionnels des Etats. Interrogé par le Washington Post, Travis Hall, du Center for Democracy and Technology, s’alarme : seul le Congrès peut décider d’une telle préemption. Dans le cas contraire, cela représenterait "un mépris des processus démocratiques". Et la promesse de longs combats devant les tribunaux. Une bataille déjà engagée… Et qui ne fait que commencer.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Le président américain Donald Trump lors du sommet sur l'IA "Winning the AI Race" à Washington, aux Etats-Unis, le 23 juillet 2025.
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Guerre en Ukraine : Dan Driscoll, le nouvel envoyé de Donald Trump pour relancer les pourparlers

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine. La délégation arrivée mercredi 19 novembre à Kiev, qui doit rencontrer le président Volodymyr Zelensky ce jeudi soir, est conduite par l’un d’eux : Dan Driscoll, secrétaire à l’Armée de terre américaine. Objectif : faire avancer un accord de coopération sur les drones et discuter du plan de paix en 28 étapes que l’émissaire Steve Witkoff a élaboré, seul, avec son homologue russe, Kirill Dmitriev. La présence de Dan Driscoll à Kiev n’a rien d’habituel : si le président américain a déjà dépêché des émissaires atypiques, il n’avait jusqu’ici en revanche jamais envoyé de hauts responsables de l’armée en Ukraine pour négocier la fin du conflit.

Un ami personnel de J.D. Vance

Que fait donc cet envoyé du Pentagone en Ukraine, et qui est-il exactement ? Selon le Washington Post, la portée et l’importance de la visite du général Driscoll, sur fond d’initiative américaine pour régler le conflit avec Moscou, restent floues. Ce que l’on sait, à ce stade, c’est qu’il voyage avec deux généraux quatre étoiles : Randy George, chef d’état-major de l’Armée de terre, et Christopher Donahue, commandant des forces armées américaines en Europe. Et qu’il s’est déjà entretenu avec de hauts responsables des secteurs militaire et industriel ukrainiens, à commencer par le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandr Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal.

Daniel Driscoll, vétéran de l’armée de 38 ans, est un ami personnel et un ancien camarade de promotion de J.D. Vance à Yale, avec qui il a également servi dans l’armée en Irak. Il est considéré comme une étoile montante de l’administration Trump et le potentiel successeur de Pete Hegseth, le secrétaire de la Guerre, son patron dont il n’est pas très proche et à qui il fait de l’ombre depuis plusieurs semaines. Pete Hegseth qui d’ailleurs ne s’est lui jamais rendu à Kiev depuis sa prise de fonctions en janvier, souligne le Wall Street Journal.

"Le gars des drones"

Le choix d’envoyer le chef civil de l’Armée de terre, dont le rôle est principalement axé sur la formation et l’équipement des soldats, est tout sauf anodin. Surnommé "le gars des drones", Dan Driscoll est l’un des mieux capés pour négocier ce dossier, rapporte L’Opinion. D’un côté parce que, depuis sa prise de poste, il recommande que chaque soldat soit, dans le futur, accompagné d’un drone, et que le Pentagone en achète un million d’ici deux à trois ans. De l’autre parce qu’il ne cesse de faire l’éloge de l’ingéniosité de l’Ukraine, la "Silicon Valley de la guerre", qui est capable d’en fabriquer presque le double en un an.

En tant que secrétaire, il s’est en effet concentré sur la modernisation de l’armée pour la guerre du XXIe siècle, en accordant une attention particulière à la prolifération des drones dans le conflit ukrainien, ainsi qu’aux progrès de l’intelligence artificielle et d’autres technologies émergentes. Il est aussi l’une des figures très appréciées de Donald Trump et de J.D. Vance, apprécié d’ailleurs à gauche comme à droite, même s’il a déjà écopé de quelques critiques chez les plus à droite de l’échiquier politique, comme la militante influente Laura Loomer, qui lui a reproché de ne pas s’être suffisamment rapproché du président.

Une stratégie pour faire plier Moscou ?

La décision de la Maison-Blanche de se tourner vers Dan Driscoll et deux autres haut gradés militaires est motivée en partie par la conviction que Moscou pourrait être plus ouverte à des négociations menées par l’armée… et par la frustration de voir que les tentatives précédentes n’ont pas abouti. "Le secrétaire Driscoll participera à des réunions et fera un rapport à la Maison-Blanche. Le président a clairement indiqué qu’il est temps de mettre fin aux massacres et de conclure un accord pour mettre un terme à la guerre", a déclaré au Wall Street Journal un haut responsable de l’administration Trump.

Reste à voir si Driscoll parviendra à relancer les pourparlers de paix en Ukraine, alors que Donald Trump semble plus que jamais pressé de mettre fin au conflit avec la Russie après des mois de tentatives infructueuses. Une chose est sûre : cette rencontre intervient à un moment stratégique pour l’Ukraine. A en croire le Washington Post, le général à la retraite Keith Kellogg, nommé envoyé spécial de Trump pour l’Ukraine et la Russie, devrait quitter l’administration dans les prochains mois, faute de se sentir inclus dans le processus décisionnel. Kiev perdrait alors un allié clé à Washington.

© NurPhoto via AFP

Le secrétaire à l'Armée américaine Dan Driscoll à la Maison-Blanche, le 11 août 2025.
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L'Ukraine dit avoir reçu "un projet de plan" de la part des Etats-Unis pour mettre fin à la guerre avec la Russie

Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. Ce nouveau plan américain, en dépit des appels à renforcer la pression sur Moscou, semble ainsi reprendre les conditions maximalistes avancées précédemment par la Russie, des exigences dénoncées par les autorités ukrainiennes comme équivalant à une capitulation. Ce plan comprend notamment la reconnaissance des conquêtes de la Russie en Ukraine, dont elle occupe environ 20% du territoire. Il prévoit aussi une réduction de la taille de l'armée ukrainienne de moitié et l'abandon de ses armes à longue portée.

Les infos à retenir

⇒ L'Ukraine dit avoir reçu "un projet de plan" de la part des Etats-Unis

⇒ La paix en Ukraine ne peut se faire qu’avec les Européens et les Ukrainiens, dit Kaja Kallas

⇒ 22 personnes portées disparues au lendemain de la frappe russe sur Ternopil

La Russie revendique la prise de la ville de Koupiansk, dans l'est de l'Ukraine

L'armée russe a revendiqué jeudi la prise de la ville de Koupiansk, bastion ukrainien du nord-est, l'une des villes où les troupes de Moscou avaient réalisé des avancées ces dernières semaines face à des forces ukrainiennes en difficulté sur le front. Les forces russes "ont terminé la libération de la ville de Koupiansk", a déclaré au président Vladimir Poutine le commandant du groupement de troupes Ouest, Sergueï Kouzovlev, selon des propos retransmis à la télévision. Il a qualifié la ville de "noeud clef dans la défense" ukrainienne.

Vladimir Poutine s'est rendu sur un point de commandement de son armée

Le président russe Vladimir Poutine s'est rendu jeudi sur l'un des points de commandement de son armée combattant en Ukraine et a écouté les rapports des officiers sur la situation sur le front, a indiqué le Kremlin. "Le président et commandant en chef suprême s'est rendu dans l'un des postes de commandement du groupement de troupes Ouest, a tenu une réunion avec le chef de l'état-major", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors d'un briefing auquel participe l'AFP. Il n'a pas précisé si ce point de commandement se trouvait en Ukraine occupée ou en Russie.

L'Ukraine dit avoir reçu "un projet de plan" de la part des Etats-Unis

L'Ukraine a indiqué jeudi avoir reçu un "projet de plan" de la part des Etats-Unis pour mettre fin à la guerre avec la Russie, affirmant être prête à travailler de manière "constructive" avec Washington à ce sujet.

"Le président ukrainien a officiellement reçu un projet de plan de la part des Etats-Unis qui, selon l'évaluation américaine, pourrait redynamiser la diplomatie", a indiqué la présidence sur Telegram. Elle a précisé que le président ukrainien Volodymyr Zelensky prévoit de discuter "dans les prochains jours" avec son homologue américain Donald Trump des "possibilités diplomatiques disponibles et des principaux points nécessaires à la paix". "Nous sommes prêts à travailler de manière constructive avec la partie américaine et nos partenaires en Europe et dans le monde entier afin de parvenir à la paix", a-t-elle ajouté.

Un haut responsable interrogé mercredi sous le couvert de l'anonymat par l'AFP a indiqué que l'Ukraine avait reçu une proposition américaine pour mettre fin à plus de trois ans de conflit. Ce plan comprend notamment la reconnaissance des conquêtes de la Russie en Ukraine, dont elle occupe environ 20 % du territoire. Il prévoit aussi une réduction de la taille de l'armée ukrainienne de moitié et l'abandon de ses armes à longue portée.

Kiev annonce que la Russie a rendu 1 000 dépouilles à l'Ukraine

La Russie a rendu ce jeudi à l'Ukraine 1 000 dépouilles présentées comme celles de soldats ukrainiens tués au combat, a annoncé l'administration ukrainienne chargée des prisonniers de guerre. "Aujourd'hui, des mesures de rapatriement ont eu lieu. Mille corps, présentés par la partie russe comme ceux de militaires ukrainiens, ont été rendus à l'Ukraine", a indiqué sur Telegram le Centre gouvernemental ukrainien pour les prisonniers de guerre. Un travail d'identification des corps rapatriés sera réalisé "prochainement" par les enquêteurs et des experts du ministère de l'Intérieur, a-t-il ajouté.

Le dernier rapatriement de dépouilles date de fin octobre et concernait également 1 000 corps. Ce nouveau rapatriement porte à plus de 15 000 le nombre des corps remis par la Russie à l'Ukraine depuis le début de l'année. L'Ukraine en a pour sa part restitué quelques centaines à la Russie sur la même période. Les échanges de corps de soldats tués et de prisonniers de guerre constituent les seuls résultats des négociations entre les deux belligérants, plus de trois ans et demi après le début de l'invasion russe de l'Ukraine.

"La paix en Ukraine ne peut pas être la capitulation", dit Paris

"La paix ne peut pas être la capitulation", a affirmé ce jeudi le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à son arrivée à Bruxelles pour une réunion de ses homologues de l’Union européenne. "Les Ukrainiens refuseront toujours toute forme de capitulation", a-t-il martelé, réagissant au nouveau plan de paix défendu par les Etats-Unis et rappelant que les Européens défendaient le principe d’une paix "juste" et "durable". "Nous voulons une paix durable qui soit entourée des garanties nécessaires pour prévenir toute nouvelle agression par la Russie de Vladimir Poutine", a-t-il souligné.

La paix en Ukraine ne peut se faire qu’avec les Européens et les Ukrainiens, a de son côté affirmé la cheffe de la diplomatie de l’UE, Kaja Kallas. "Pour qu’un plan fonctionne, il faut que les Ukrainiens et les Européens soient impliqués, c’est très clair", a-t-elle déclaré à Bruxelles, interrogée sur un plan de paix américain prévoyant que Kiev accepte notamment de céder des territoires et de réduire son armée de moitié.

Pour le chef de la diplomatie polonaise, Radoslaw Sikorski, il convient surtout de réduire les capacités de nuire de la Russie. "J'espère que ce n'est pas la victime qui se voit imposer des restrictions sur sa capacité à se défendre, mais bien l'agresseur, dont le potentiel agressif devrait être limité", a-t-il affirmé à Bruxelles.

Ce nouveau plan américain, selon des déclarations à l’AFP d’un haut responsable ukrainien sous couvert d’anonymat, semble reprendre les conditions maximalistes avancées précédemment par la Russie, des exigences dénoncées par les autorités ukrainiennes comme équivalant à une capitulation.

Ukraine : 22 personnes portées disparues au lendemain de la frappe russe sur Ternopil

Vingt-deux personnes sont toujours portées disparues au lendemain de la frappe russe sur la ville de Ternopil, dans l’ouest de l’Ukraine, qui a fait 26 morts et plus de 90 blessés, a indiqué jeudi le président Volodymyr Zelensky. "Nos sauveteurs ont travaillé toute la nuit à Ternopil, et les opérations de recherche et de secours se poursuivent. Vingt-deux personnes sont toujours portées disparues", a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux, ajoutant que plus de 200 secouristes avaient été déployés dans la ville.

Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, s’est dit mercredi soir "choqué" après cette frappe à Ternopil. "L’horreur des puissants missiles de longue portée combinée à l’utilisation croissante de vagues de drones par les forces russes a de nouveau été douloureusement mise en évidence" en Ukraine, a-t-il déclaré dans un communiqué, se disant "particulièrement choqué par le nombre élevé de victimes civiles".

L’Italie autorise l’extradition d’un Ukrainien soupçonné du sabotage des gazoducs Nord Stream

La cour de cassation italienne a autorisé mercredi soir l’extradition vers l’Allemagne d’un Ukrainien soupçonné par la justice allemande d’avoir participé au sabotage en 2022 des gazoducs Nord Stream 1 et 2, a indiqué l’avocat de l’intéressé. Le suspect, Serguiï Kuznietsov, "sera donc livré dans quelques jours à l’Allemagne", précise dans un communiqué son avocat, Nicola Canestrini, ajoutant que les motivations de la cour de cassation ne sont pas connues pour le moment.

La cour de cassation italienne avait bloqué une première fois le 15 octobre son extradition vers l’Allemagne. Dans son arrêt, la plus haute juridiction italienne avait estimé que le fait de requalifier en "acte de terrorisme" les faits reprochés à Serguiï Kuznietsov, comme l’a décidé la cour d’appel de Bologne (nord de l’Italie) qui a statué sur son extradition, était contraire à la loi, car dans le mandat d’arrêt émis par l’Allemagne, les faits étaient qualifiés de "sabotage".

Serguiï Kuznietsov est soupçonné d’être l’un des coordinateurs du commando ayant saboté les deux gazoducs sous-marins Nord Stream reliant la Russie à l’Allemagne en mer Baltique en septembre 2022. Arrêté le 21 août à Rimini (nord-est de l’Italie) et détenu dans une prison italienne de haute sécurité, il risque jusqu’à 15 ans de prison en Allemagne.

© afp.com/Handout

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'exprime devant des journalistes, le 8 octobre 2025 à Kiev
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Salut nazi et chansons racistes : Nigel Farage accablé par des témoignages d’anciens camarades

Des saluts nazis, des chants incitant à "gazer les juifs et les noirs", des propos racistes à l’encontre de camarades pakistanais… La liste des accusations formulées à l’encontre du leader de Reform UK - qui nie en bloc - par ses anciens camarades de classe semble interminable. Ils sont plus d’une douzaine à s’être confiés dans les colonnes du Guardian cette semaine, et leurs témoignages font froid dans le dos. A commencer par celui du célèbre réalisateur Peter Ettedgui, primé aux BAFTA et aux Emmys, dont les grands-parents ont fui l’Allemagne nazie. "Il s’approchait de moi en grognant : 'Hitler avait raison' ou 'A gazer !', ajoutant parfois un long sifflement pour imiter le bruit des chambres à gaz", raconte-t-il à propos de ses années collège avec Nigel Farage à Dulwich, dans le sud de Londres. "Je n’avais jamais été confronté à l’antisémitisme pendant mon enfance, alors la première fois que ces propos haineux sont sortis de la bouche de Farage, cela m’a profondément choqué", ajoute-t-il.

Mais Peter Ettedgui est loin d’être le seul à se souvenir de propos haineux. Un autre élève issu d’une minorité ethnique a affirmé avoir été lui aussi pris pour cible par Nigel Farage, alors âgé de 17 ans. "Il s’approchait flanqué de deux camarades aussi grands que lui et s’adressait à tous ceux qui semblaient 'différents'. Cela m’a concerné à trois reprises ; il me demandait d’où je venais, puis pointait du doigt l’endroit d’où je venais en disant : 'C’est le chemin du retour'."

Cet ancien élève a déclaré qu’il arrivait que Nigel Farage et d’autres de ses camarades attendent devant le portail de l’école primaire que les parents déposent les élèves pour ensuite les intimider. "Je n’oublierai jamais ce sentiment qu’on éprouve quand on arrive à l’école et qu’à peine sorti de la voiture, content d’y aller, on aperçoit le groupe d’élèves plus grands qui n’attendent que ça de nous faire souffrir, et là, c’est le désespoir total. À neuf ans, personne ne devrait avoir à subir ça", dénonce-t-il.

"Hitler avait raison"

Un autre élève, Tim France, de la même promotion que Nigel Farage, se souvient lui d’un camarade de terminale à l’attitude "très politisée" et "choquante". "Voir quelqu’un faire ouvertement des saluts nazis, se pavaner dans la salle de classe, dire des choses comme 'Hitler avait raison' et tout ça, c’était assez choquant et donc très mémorable", relate-t-il au Guardian.

Certains camarades et anciens encadrants, qui participaient avec Nigel Farage aux "cadets de l’armée", une organisation de jeunesse implantée dans les collèges britanniques et parrainée par le Ministère de la défense, rapportent également des comportements "néofascistes". Nigel Farage et d’autres camarades auraient notamment "défilé dans un village tranquille du Sussex très tard dans la nuit en criant des chansons des Jeunesses hitlériennes", selon une ancienne professeure.

Une question se pose à présent : pourquoi ces personnes témoignent-elles maintenant ? Interrogées sur leurs motivations, la plupart d’entre elles citent l’absence de remords de l’actuel chef de file de Reform UK au cours des décennies suivantes. Alors que ce dernier grimpe dans les sondages d’opinion et que son parti est donné en tête si des élections devaient avoir lieu demain, elles exhortent Nigel Farage à clarifier sa position en matière de racisme et d’antisémitisme.

Absence de remords

D’autant que ce dernier avait esquissé un début d’aveux lorsque des accusations de ce genre avaient déjà été portées contre lui pour la première fois il y a plus de dix ans. Nigel Farage avait alors admis avoir dit "des choses ridicules… pas nécessairement racistes… cela dépend de la définition qu’on en donne". Une attitude qui semble bien lointaine, alors que celui qui se voit déjà à Downing Street rejette désormais toute accusation à son encontre.

Dans des courriers juridiques adressés au Guardian, il nie catégoriquement avoir tenu des propos racistes ou antisémites lorsqu’il était adolescent et interroge même la pertinence de "divulguer des allégations remontant à plus de 40 ans". S’adressant à des journalistes mercredi, un porte-parole de Reform UK a fait savoir que le député ne comptait pas poursuivre le journal en justice "à ce stade" mais que l’option restait sur la table, au vu des "accusations entièrement infondées" et de l’absence de preuve "pour corroborer ces souvenirs contestables datant d’il y a près de 50 ans".

Nigel Farage sommé de s’expliquer par Keir Starmer

Le parti Reform UK a également accusé le Guardian de vouloir salir son image. "Nous nous attendons pleinement à ce que ces tentatives cyniques de diffamer le parti et d’induire le public en erreur s’intensifient à l’approche des prochaines élections", a d’ailleurs fait valoir ce porte-parole. De son côté, le premier ministre travailliste Keir Starmer n’a pas tardé à réagir, intimant à Nigel Farage de "répondre d’urgence" à ces allégations "nombreuses et détaillées".

D’autant que plusieurs scandales racistes ont émaillé le parti Reform UK ces dernières semaines, le dernier en date remontant à fin octobre. La députée réformiste Sarah Pochin avait alors déclaré dans une émission télévisée : "Ça me rend folle de voir des publicités remplies de Noirs, remplies d’Asiatiques". Des propos que Nigel Farage n’a pas condamnés, pas plus qu’il n’a pris de sanctions contre la députée, faisant simplement savoir qu’il "ne croyait pas que Sarah Pochin ait eu l’intention d’être raciste".

© afp.com/Oli SCARFF

Le chef du parti Reform UK, Nigel Farage, prononce son discours de clôture à l'issue de la deuxième et dernière journée de la conférence du parti à Birmingham, dans le centre de l'Angleterre, le 6 septembre 2025
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Frappes israéliennes à Gaza : le Qatar dénonce une "escalade dangereuse" menaçant la trêve

Israël poursuit ce jeudi 20 novembre ses frappes à Gaza, assurant vouloir "démanteler des infrastructures terroristes". La veille, de précédents bombardements avaient déjà tué 27 civils, au cours de l'une des journées les plus meurtrières depuis le début, le 10 octobre, du cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hamas sous l’égide des Etats-Unis.

Pour l’instant, cette trêve a permis, dans sa première phase, le retour des 20 derniers otages israéliens vivants du 7-Octobre, en échange de la libération de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens. 25 corps d’otages ont été restitués à Israël sur les 28 que le Hamas s’était engagé à rendre. Israël dénonce le retard du mouvement islamiste, qui de son côté, invoque la difficulté de les retrouver dans un territoire dévasté par deux ans de guerre. La mise en œuvre de la deuxième phase du plan Trump pour Gaza, endossé par une résolution onusienne, n’a pas encore été approuvée. Elle prévoit notamment le désarmement du Hamas, la mise en place d’une autorité de transition et le déploiement d’une force internationale de stabilisation.

Les infos à retenir

⇒ Au moins quatre morts dans de nouvelles frappes israéliennes ce jeudi

⇒ Le Qatar dénonce une "escalade dangereuse" menaçant la trêve

⇒ Plus de 10 000 enfants gazaouis vaccinés en huit jours contre diverses maladies

Frappes israéliennes à Gaza : le Qatar dénonce une "escalade dangereuse" menaçant la trêve

Le Qatar, qui joue le rôle de médiateur entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, a condamné ce jeudi 20 novembre les dernières frappes israéliennes à Gaza, affirmant qu'elles menaçaient la trêve fragile dans le territoire meurtri par deux années de guerre. Le pays du Golfe "condamne fermement les attaques brutales menées par l'occupation israélienne dans la bande de Gaza (...) et les considère comme une escalade dangereuse qui menace de compromettre l'accord de cessez-le-feu", a déclaré le ministère qatari des Affaires étrangères dans un communiqué.

Quatre personnes, dont une fillette âgée d'un an, ont été tuées dans des frappes israéliennes ce matin dans le sud de la bande de Gaza, où les bombardements israéliens se poursuivent, selon les autorités locales.

La Défense civile de la bande de Gaza, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du Hamas, a dit avoir pris en charge "trois martyrs et quinze blessés" après un bombardement israélien sur une habitation dans la zone de Bani Souhaila, à l'est de Khan Younès vers 04h00 (03h00 heure française). Sollicitée par l'AFP, l'armée israélienne a confirmé avoir mené une frappe visant à "démanteler des infrastructures terroristes". L'hôpital Nasser de Khan Younès a confirmé le bilan de la Défense civile, précisant que les morts étaient tous de la même famille et que figurait parmi eux une fillette d'un an. Une autre personne a été tuée à l'est de Khan Younès dans une frappe de drone, selon les services d'urgence du ministère de la Santé de Gaza et l'hôpital Nasser.

Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza avaient déjà tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s’accusant mutuellement d’avoir violé le fragile cessez-le-feu. Il s’agit de l’une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l’entrée en vigueur de la trêve à laquelle ont poussé les Etats-Unis après plus de deux ans de guerre.

Gaza : plus de 10 000 enfants vaccinés en huit jours contre diverses maladies, selon l’OMS

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) espère vacciner plus de 40 000 enfants contre diverses maladies dans le cadre d’une campagne lancée le 9 novembre, alors que plus de 10 000 d’entre eux ont déjà pu l’être.

"L’OMS et ses partenaires ont vacciné plus de 10 000 enfants âgés de moins de trois ans à Gaza au cours des 8 premiers jours d’une campagne de vaccination lancée le 9 novembre et prolongée jusqu’à ce samedi", a annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur le réseau social X. L’objectif de cette campagne est de protéger ces enfants contre "la rougeole, les oreillons, la rubéole, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, l’hépatite B, la tuberculose, la poliomyélite, le rotavirus et la pneumonie".

Les phases deux et trois de la campagne sont prévues en décembre et en janvier prochain. Malgré la fragilité de la trêve, le chef de l’OMS se dit "encouragé de voir que le cessez-le-feu continue de tenir, car il permet à l’OMS et à ses partenaires d’intensifier les services de santé essentiels à travers Gaza et de soutenir le rééquipement et la reconstruction nécessaires de son système de santé dévasté".

La CPI confirme avoir reçu une demande de récusation de son procureur par Israël

La Cour pénale internationale (CPI) a confirmé mercredi avoir reçu une demande de récusation de son procureur Karim Khan de la part d’Israël, qui l’accuse d’avoir voulu "détourner l’attention" d’accusations à son encontre en émettant des mandats d’arrêt contre Benyamin Netanyahou et Yoav Gallant pour crimes de guerres. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d’accusation.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein avait annoncé lundi sur son compte X qu’Israël avait déposé une requête "visant à récuser le procureur de la CPI, Karim Khan, et à annuler les mandats d’arrêt concernant Israël". Karim Khan, actuellement en disponibilité en raison d’une enquête le concernant pour agression sexuelle, aurait, selon Oren Marmorstein, émis les mandats d’arrêt à l’encontre du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et de son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour "détourner l’attention du public des accusations graves portées contre lui". "Le procureur aurait agi pour des motifs personnels inappropriés afin de faire avancer des allégations fausses et sans fondement contre Israël", a affirmé le porte-parole.

Selon plusieurs médias, Karim Khan a été accusé de comportement sexuel inapproprié à l’égard d’une femme de son personnel, des accusations qu’il a qualifiées d’infondées. La CPI examine actuellement une contestation israélienne de sa compétence. Elle a dit non en juillet à une demande d’Israël de rejet des mandats d’arrêts, ainsi qu’à l’appel de cette décision en octobre.

© afp.com/Eyad Baba

Le camp de réfugiés de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 18 novembre 2025
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20 novembre 1975, la jour où Franco est mort : récit en vidéo d'une transition démocratique

Solidement accroché aux rênes du pouvoir pendant presque 40 ans, Franco a eu une longévité impressionnante pour un dictateur. Le 20 novembre 1975, il meurt à l'âge de 82 ans. Un mois plus tôt, L'Express lui réservait un dossier spécial relatant sa vie. Dans ce numéro, daté du 12 octobre 1975, on trouve un sondage intitulé "Les Français jugent Franco". On y lit par exemple que 43 % des sondés pensent que l’Espagne est le pays qui respecte le moins les droits de l’homme dans le monde, largement devant l’URSS ou la Chine. On y lit aussi que 32 % des Français estiment que la démocratie va s’établir après la mort de Franco. En réalité, le général avait déjà réfléchi à la question.

En 1969, malade, Franco désigne officiellement le petit-fils du dernier roi d'Espagne, Juan Carlos, comme successeur. "Juan Carlos avait été élevé par Franco lui-même. Il en faisait donc le garant de la continuité des institutions et du franquisme", raconte Mercedes Yusta, historienne et docteure en études hispaniques. Mais au début des années 1970, les démocraties occidentales accentuent la pression sur le régime espagnol. Dès son investiture, Juan Carlos entame donc une transition démocratique complexe, marquée par plusieurs moments clés, tels que les premières élections libres, le 15 juin 1977, ou le référendum qui a approuvé la Constitution espagnole, le 6 décembre 1978.

Mais l'armée va avoir du mal à accepter ces changements démocratiques. "On dit souvent que la transition à la démocratie en Espagne s'est passée avec un bruit de sabre de fond", explique Mercedes Yusta. "C'est-à-dire que l'armée a fait planer la menace d'un coup d'Etat pendant tout le processus". En effet, plusieurs tentatives de renversement ont été déjouées jusqu'au célèbre coup d'Etat de 1981.

Le 23 février 1981, près de 200 militaires attaquent la chambre des députés, qui s’apprête à voter pour le nouveau chef du gouvernement. En réponse, Juan Carlos prend la parole dans la nuit lors d’un discours qui restera historique. Finalement, les putschistes déposent les armes le lendemain. Dans le numéro du 28 février 1981, Jean-François Revel, éditorialiste à L’Express considère ce putsch comme la fin du franquisme. "Le franquisme est bel et bien mort. Il est une force nostalgique, non politique."

Mais pour Mercedes Yusta, il est difficile de dire que ce régime dictatorial a définitivement disparu. Aujourd’hui, à l’heure des commémorations des 50 ans de la mort du "Caudillo", il y aurait même une sorte de réhabilitation du franquisme. Toutes les explications sont à retrouver dans notre nouvelle vidéo, disponible en tête de cet article, et sur tous nos réseaux sociaux.

© afp.com

Le prince Juan Carlos (G) et le chef de l'Etat espagnol Francisco France (D) à Madrid le 10 juin 1971
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Au Parlement européen, l’histoire d’un vrai-faux rapprochement entre la droite et l’extrême droite

C’est une petite révolution. Certains évoquent un "moment de bascule" ; d’autres s’inquiètent d’un "tremblement de terre" politique. Ladite secousse s’est produite à 11h50, jeudi 13 novembre, au Parlement européen, à Strasbourg, loin des affres du débat budgétaire. Par 382 voix contre 249, la droite et l’extrême droite ont formé une alliance inédite pour revenir en partie sur la directive qui impose un "devoir de vigilance" aux entreprises en matière de respect des droits humains et environnementaux.

C’est une première pour un paquet législatif de cette importance - l’Omnibus I, porté par Stéphane Séjourné à la Commission européenne, avant d’être largement modifié par le Parti populaire européen (PPE). "Une autre majorité est possible", s’est aussitôt félicité Jordan Bardella, patron des Patriotes pour l’Europe. L’eurodéputé écologiste Pascal Canfin y voit "la première matérialisation concrète de l’union des droites". Le rêve de Sarah Knafo serait-il vraiment exaucé ? La réalité est, comme toujours, un peu plus nuancée.

A l'origine de la loi, le député Dominique Potier

Rembobinons. C’est une vieille histoire, qui débute avant l’effondrement, en 2013, du Rana Plaza, au Bangladesh - le drame avait coûté la vie à 1 130 ouvriers, entassés dans un immeuble. Avec des ONG environnementales, le député PS Dominique Potier s’empare du sujet. Un jour, il a rendez-vous à Bercy avec un certain… Emmanuel Macron. L’élu socialiste de Meurthe-et-Moselle lui présente la proposition de loi qu’il prépare. "Oui, je connais très bien le sujet, j’étais chargé de le flinguer quand j’étais à l’Elysée !", lui répond du tac au tac le ministre de l’Economie, secrétaire général adjoint de l’Elysée au début du quinquennat de François Hollande.

Partout, Dominique Potier se heurte à des tirs de barrage, mais il insiste. Le texte est finalement adopté par l’Assemblée nationale en 2017, avant d’être inscrit en 2021 dans le "green deal" européen. En 2024, le retour de Donald Trump et le résultat des élections européennes changent la donne. Face à l’excès de normes, dénoncé avec vigueur par Mario Draghi dans son rapport, les appels à supprimer la directive sur le devoir de vigilance se multiplient, de Friedrich Merz à Manfred Weber en passant par Emmanuel Macron - le président français a d’ailleurs réitéré ce message lors du dernier sommet Choose France, en mai 2025.

"Gagnant-gagnant"

La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, se fait réélire sur la promesse d’un grand "choc de simplification". Les européennes confortent la place de "leader" du PPE, avec 188 eurodéputés, et les Patriotes pour l’Europe sont en nette progression avec 84 élus, ce qui en fait le troisième groupe. Début 2025, Stéphane Séjourné, commissaire européen chargé de la prospérité et de la stratégie industrielle, présente le paquet Omnibus I. Le PPE tente dans un premier temps de parvenir à un accord avec la gauche et le centre. En octobre, l’accord échoue à seulement neuf voix près, à cause d’une manœuvre de Jordan Bardella. Au dernier moment, son groupe demande un "vote secret", ce qui conduit une partie des socialistes, qui auraient peut-être voté en faveur du texte pour rassurer leurs chefs d’entreprise, à voter contre. Pour trouver une majorité, le PPE se tourne donc vers sa droite. "Les socialistes ont joué avec le feu. Ils ont fini par se brûler", regrette aujourd’hui Pascal Canfin. Le texte, plutôt équilibré en octobre, a été largement amendé par le PPE et ne concerne désormais que les entreprises qui comptent plus de 5 000 salariés et affichent un chiffre d’affaires supérieur à 1,5 milliard d’euros.

Il serait imprécis, en réalité, de parler d’"union des droites" puisque environ 20 % des 77 élus Renew (Renaissance) ont voté en faveur du texte. "Ce vote est un résultat de la nouvelle donne de 2024, voulue par le vote des électeurs aux européennes. Dans le précédent mandat, une majorité pouvait se former de Renew jusqu’à l’extrême gauche ; cela ne dérangeait pas nos collègues macronistes ou socialistes de se joindre à une force politique extrémiste et anti-européenne…" tance François-Xavier Bellamy, eurodéputé du PPE et chef de file des Républicains au Parlement européen, auprès de L’Express. Et le vice-président délégué de LR, opposé à l’union des droites en France, d’assumer ce résultat : "On ne va pas changer d’avis parce que les groupes sur notre droite votent avec nous. Tout cela n’a aucun sens. En dehors de la bulle de Bruxelles, pas un électeur ne s’intéresse à cela. Les chefs d’entreprise me demandent quand on va les libérer de l’asphyxie normative, pas comment les majorités se forment au Parlement."

Peut-on parler d’union structurelle ou n’est-ce, dès lors, qu’une simple majorité de circonstance ? Une source bien informée relève que chacun y a simplement vu, sur le moment, son intérêt bien compris : "C’est gagnant-gagnant. Le PPE envoie un message à ses électeurs et rappelle aux forces modérées de Strasbourg qu’il est une force pivot, qui peut se passer de leur soutien. Les forces d’extrême droite passent pour libérales et pro-business. La grande différence, c’est que le rapport de force est inversé. En France, le RN domine largement LR. Au Parlement européen, LR domine le RN." Mais, tout de même, ce vote n’ouvre-t-il pas la boîte de Pandore ? "L’union des droites n’existe qu’au stade embryonnaire, tempère un haut fonctionnaire européen. Ils ne votent pas du tout de la même façon sur le libre-échange, l’aide à l’Ukraine et ne voteront jamais le même budget." Nous ne sommes donc pas près de voir les répliques du "tremblement de terre"…

© FREDERICK FLORIN / AFP

Le Parlement européen le 22 octobre 2025.
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Donald Trump est-il prêt à défendre Taïwan en cas d’attaque de la Chine ?

Le 9 aout 2020, un Boeing bleu ciel se pose sur le tarmac de l’aéroport de Taipei. À son bord, se trouve le secrétaire d’Etat à la Santé de Donald Trump, en plein premier mandat. Devant l’avion estampillé United States of America, Alex Azar salue les représentants du gouvernement taïwanais.

Un ministre américain peu connu qui se rend à Taïwan, cela peut vous sembler anodin. Mais il s’agit là du plus haut responsable américain à avoir visité l’ile depuis 1979. Dans les heures qui suivent, le ministre de la Santé rencontre également le président taïwanais de l’époque Tsai Ing-wen. De quoi faire réagir la Chine qui s’insurge de cette visite.

Mais cinq ans plus tard, alors que les tensions commerciales entre Pékin et Washington sont au plus fort, l’opposition autour de Taïwan entre les deux pays pourrait-elle se faire plus vive ? Et Donald Trump est-il toujours engagé pour la défense de l’Etat insulaire ?

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Crédits : HuffPost Entertainment, Arte, France Culture, Times News, CNA, France 24

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Au moins 22 morts dans les frappes israéliennes sur la bande de Gaza

La Défense civile de la bande de Gaza a fait état mercredi de 22 personnes tuées dans des bombardements israéliens à travers le territoire, où Israël a dit mener des frappes contre le Hamas présentées comme une riposte à des attaques contre ses soldats en violation de la trêve.

Les frappes israéliennes ont fait 12 morts à Gaza-ville, dont un couple et ses trois enfants a indiqué la Défense civile, organisme de premiers secours opérant sous l'autorité du Hamas et dont le porte-parole, Mahmoud Bassal, est apparu dans une vidéo en exhibant les corps de trois jeunes enfants dans un linceul. Mahmoud Bassal a également annoncé 10 morts dans la région de Khan Younès (sud de la bande de Gaza), parmi lesquels deux mineurs dont il n'a pas précisé l'âge.

Tsahal accuse "plusieurs terroristes"

L'armée israélienne avait auparavant accusé "plusieurs terroristes [d'avoir] ouvert le feu [mercredi] en direction de la zone où [ses] soldats opèrent à Khan Younès". Ces tirs n'ont fait aucun blessé mais constituent "une violation de l'accord de cessez-le-feu", indique un communiqué militaire, ajoutant qu'"en réponse [l'armée israélienne avait] commencé à frapper des cibles terroristes du Hamas dans toute la bande de Gaza".

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

Une trêve fragile, déjà marquée par plusieurs accès de violences, est en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre, sur la base d'un accord négocié par les Etats-Unis. Il a permis dans sa première phase le retour des 20 derniers otages vivants du 7-Octobre toujours retenus à Gaza, en échange de la libération de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, et le retour de 25 corps d'otages morts, sur 28 que le Hamas s'était engagé à rendre.

Israël réclame leur remise, en accusant de retard le mouvement islamiste, qui invoque la difficulté de les retrouver dans un territoire dévasté par deux ans de guerre. La mise en oeuvre de la deuxième phase du plan du président américain Donald Trump pour Gaza n'a pas encore été approuvée. Elle prévoit notamment le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale de stabilisation.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a entrainé la mort de 1 221 morts personnes. Les représailles israéliennes à Gaza ont fait plus de 69 500 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

© afp.com/Omar AL-QATTAA

Un Palestinien marche au milieu des décombres dans le quartier de Cheikh Radouane, à Gaza-ville, le 22 octobre 2025
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Guerre en Ukraine : l'administration Trump travaillerait avec la Russie sur un nouveau plan de paix

Donald Trump n'aurait pas renoncé à convaincre Vladimir Poutine d'arrêter la guerre en Ukraine. Dans un article publié mardi 18 novembre, le média américain Axios révèle que l'administration républicaine au pouvoir à Washington aurait travaillé sur un plan en 28 points pour mettre fin au conflit qui meurtrit l'est de l'Europe depuis près de quatre ans. Peu de détails sur le contenu précis des propositions américaines ont filtré dans la presse outre-Atlantique, mais ce projet serait articulé autour de quatre grands axes : "la paix en Ukraine, les garanties de sécurité, la sécurité en Europe et les futures relations des Etats-Unis avec la Russie et l’Ukraine". Aucune indication, en revanche, sur les conditions dans lesquelles la Maison-Blanche imagine le contrôle de l'est de l'Ukraine, aujourd'hui partiellement occupé par la Russie.

Une position russe "entendue", selon Moscou

L'information de ce nouveau plan intervient plus d'un mois après le succès diplomatique de Donald Trump à Gaza. Toujours selon Axios, le président américain souhaiterait s'inspirer du plan américain ayant servi de base aux pourparlers pour l'obtention d'un cessez-le-feu au Proche-Orient afin de transformer l'essai en Ukraine. Mardi, le républicain a redit son intention de continuer à chercher une voie pour la paix dans la région. "J'ai en fait mis fin à huit guerres", a-t-il affirmé, en référence aux conflits auxquels il aurait permis de trouver une issue. "Il m'en reste une autre à mener avec Poutine. Je suis un peu surpris par lui. Cela prend plus de temps que je ne le pensais."

Si le contenu de ce nouveau plan demeure opaque, les conditions de sa fabrication, elles, ont de quoi inquiéter Kiev. En effet, la base de cet accord aurait été évoquée fin octobre lors de trois jours de réunions à Miami aux Etats-Unis entre les parties américaine et russe. Axios indique que l'envoyé spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, et l'émissaire de Vladimir Poutine, Kirill Dmitriev, ont pu échanger à cette occasion. "Nous avons le sentiment que la position russe est réellement entendue", avait déclaré ce proche conseiller du président russe au média américain, en marge de ces discussions.

Des responsables militaires américains à Kiev

Les autorités ukrainiennes auraient, en parallèle, également été informées de ce plan. Comme rapporté par le Wall Street Journal mardi, une délégation de plusieurs responsables militaires américains de haut rang a par ailleurs été dépêchée à Kiev ce mercredi. Le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Randy George, tout comme le secrétaire à l'Armée de terre, Dan Driscoll, font partie du voyage. Le quotidien new-yorkais souligne le caractère inhabituel de l’envoi pour ce genre de rencontre d’un tel ministre, dont la fonction incombe généralement davantage à la gestion logistique des troupes armées qu'au traitement des questions diplomatiques. Toujours est-il qu'il s'agit là d'un nouveau signe que les Américains s'activent en coulisses sur le dossier ukrainien.

Cette situation n'était pas évidente après les zigzags du président américain ces derniers mois. Après le sommet entre les deux hommes en Alaska au mois d'août, conclu sans véritable avancée, Donald Trump semblait s'impatienter face à l'intransigeance du Kremlin. Mi-octobre, l'annonce d'un second tête-à-tête, cette fois à Budapest en Hongrie, a fait long feu. Annoncée par le républicain après un appel avec son homologue russe, la rencontre n'a finalement jamais eu lieu. "Je ne veux pas d'une réunion gâchée", avait justifié Donald Trump, estimant la position de la Russie trop statique dans les négociations. Entretemps, le dirigeant américain avait laissé planer la menace sur Moscou de l'envoi de nouveaux missiles Tomahawk en Ukraine – sans concrétiser cette livraison pour le moment.

Nouvelles attaques meurtrières en Ukraine

De réels progrès vers la paix pourraient-ils enfin advenir dans les prochaines semaines ? Et à quel prix pour l'Ukraine ? Les échanges entre Russes et Américains sont en tout cas toujours en cours ce mercredi, a appris CNN de la part de sources russes. Moscou s'est d'ailleurs refusé à tout commentaire sur les révélations de la presse américaine depuis mardi. Dans le même temps, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, s'est rendu dans la journée à Ankara, en Turquie, pour échanger avec le président turc, Recep Tayyip Erdoğan. Ce dernier a de son côté appelé à relancer les négociations d'Istanbul, qui avaient réuni autour d'une même table des officiels russes et ukrainiens lors de deux sessions de tractations au printemps.

Sur le terrain, les troupes de Kiev traversent actuellement une passe compliquée sur le front, où l'armée russe avance dans plusieurs zones. Dans la nuit de mardi à mercredi, le territoire ukrainien a subi une série d'attaques aériennes d'une rare intensité, tuant au moins 25 personnes et plus de 90 blessés. Les régions de l'ouest du pays, très éloignées du front, ont été particulièrement ciblées par les munitions russes. Au total, selon l'armée ukrainienne, 476 drones et 48 missiles ont été tirés par Moscou dans la nuit. Une grande majorité d'entre eux ont été détruits par les forces antiaériennes. Sur le ton du sarcasme, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriï Sybiga, a dénoncé ces nouveaux bombardements en faisant le lien avec les dernières nouvelles diplomatiques : "Voilà à quoi ressemblent en réalité les 'plans de paix' de la Russie".

© afp.com/ROBERTO SCHMIDT

Le président américain Donald Trump s'adresse aux journalistes avant de monter à bord d'Air Force One, le 16 novembre 2025, à l'aéroport international de Palm Beach (États-Unis).
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L'armée israélienne dit mener des frappes dans le sud du Liban

L'armée israélienne a dit mercredi avoir lancé des frappes sur deux localités du sud du Liban après des appels à évacuer, affirmant qu'elle visait le groupe islamiste du Hezbollah. Israël poursuit ses frappes régulières sur le Liban malgré un cessez-le-feu entré en vigueur en novembre 2024, à l'issue de plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah pro-iranien.

"L'armée israélienne frappe actuellement plusieurs sites terroristes du Hezbollah dans le sud du Liban", a-t-elle déclaré dans un communiqué. L'agence de presse officielle libanaise, Ani, a indiqué que des raids avaient frappé les villages de Deir Kifa et Chahour.

La population appelée à évacuer

Plus tôt mercredi, le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne avait prévenu dans un message en arabe sur X que les forces y "attaquer(aient) prochainement des infrastructures militaires appartenant au groupe terroriste Hezbollah dans différentes zones du sud du Liban, en réponse aux tentatives illégales de l'organisation de se rétablir dans la région". L'officier a appelé la population à évacuer sans tarder les alentours de deux bâtiments dont il a précisé, cartes à l'appui, la localisation dans les deux villages. L'armée a ensuite lancé d'autres appels à évacuer plusieurs bâtiments dans les villes d’Ainata et de Tayr Felsay, également dans le sud du Liban.

Israël accuse le Hezbollah de mener des activités qui violent le cessez-le-feu et l'accuse de chercher à reconstituer ses capacités militaires, et d'aider le groupe islamiste palestinien du Hamas. Le Hezbollah est sorti très affaibli de son dernier conflit avec Israël et les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour le désarmer, ce que le mouvement islamiste refuse.

Malgré le cessez-le-feu, Israël maintient aussi des troupes dans cinq zones du sud du pays, ce que Beyrouth dénonce, avec la poursuite des frappes, comme des violations de l'accord.

Un mort et 11 blessés

Plus tôt, le ministère libanais de la Santé avait fait état d'un mort et 11 blessés lors d'une frappe israélienne contre un véhicule à Tiri, dans le sud du Liban. Israël a affirmé y avoir tué un membre du Hezbollah. Selon l'Ani, l'homme tué travaillait pour la municipalité locale. La frappe a eu lieu alors que passait un "bus universitaire transportant 26 étudiants", dont certains ont été blessés.

Mardi, Israël avait déclaré avoir frappé un camp d'entraînement du Hamas dans le sud du Liban dans la région d'Aïn al-Héloué, faisant 13 morts dans un camp de réfugiés palestiniens selon le ministère libanais de la Santé.

Le Hamas a condamné cette "attaque barbare" et accusé l'armée israélienne de mentir en affirmant qu'il y entraîne des combattants. Le même jour, selon Beyrouth, deux personnes ont été tuées lors d'autres frappes israéliennes dans le pays. L'armée israélienne a ensuite indiqué avoir tué deux membres du Hezbollah.

© Muhammad Zanaty / AFP

L'armée israélienne a dit mercredi 19 novembre avoir lancé des frappes sur deux localités du sud du Liban après des appels à évacuer, affirmant qu'elle visait le groupe islamiste du Hezbollah.
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Tambouilles politiques, luttes de pouvoir... Comment la machine bruxelloise a eu le scalp du rapport Draghi

13 novembre 2025, un jour de plénière comme un autre dans l’enceinte en bois blond du Parlement européen à Bruxelles. A 8 heures 30 précises, Roberta Metsola, la présidente du Parlement ouvre le bal devant une assemblée aux trois quarts vide, et passe rapidement la parole à Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, venue en voisine. Chemisier grège sous une veste virginale, brushing argenté. Collier de perles immuable. Discours convenu et vaguement creux. Pendant une petite dizaine de minutes, la femme la plus puissante d’Europe glisse de la COP30, qui se tient à Belém au Brésil à la décarbonation de l’économie, à l’Ukraine, la démocratie, la liberté, avant de lancer un "longue vie à l’Europe", mollement applaudi. Pliant les quelques feuilles posées sur son pupitre, elle tourne les talons et s’éclipse prestement de l’hémicycle. Fin de l’intervention.

Le mot compétitivité n’aura été prononcé qu’une seule fois. Et pas une allusion au vote qui aura lieu quelques heures plus tard dans la même assemblée. Un vote hautement politique puisque le Parlement doit se prononcer sur un texte législatif proposé par la Commission en février 2025, baptisé "Omnibus 1"- curieuse appellation pour une Europe qui souhaite avancer vite ! - et qui rassemble une palanquée de simplifications réglementaires. Au premier rang desquelles, la fameuse directive CS3D, sur le devoir de vigilance qui oblige les entreprises de plus de 1 000 salariés à retracer et documenter méthodiquement toutes les pratiques environnementales et sociétales de leur cascade de sous-traitants.

Un enfer administratif pointé du doigt par Mario Draghi, l’ancien Premier ministre italien et ex-président de la Banque Centrale européenne, dans un rapport sur le décrochage européen remis en grande pompe à Ursula von der Leyen septembre 2024. Deux heures après le bref discours de la n°1 de la Commission, le texte est adopté au Parlement à 382 voix contre 249, le PPE, la droite européenne mariant ses voix à celles de l’extrême droite.

"Déréglementer l’Europe"

En coulisses, un homme applaudit : Maciej Witucki, le patron des patrons polonais, seul en lice pour prendre la tête de Business Europe, le plus puissant lobby patronal à Bruxelles. Il a fait le voyage depuis Varsovie pour sonner le tocsin et rappeler les parlementaires polonais à leur devoir. "Il faut arrêter avec le politiquement correct. On parle de simplification mais il faut déréglementer l’Europe qui a été beaucoup trop loin en la matière. C’est le message du rapport Draghi et la survie de la construction européenne est en jeu".

L’homme sait que la guerre n’est pas encore gagnée. Le texte voté à Bruxelles va devoir repartir en négociation avec la Commission et surtout le Conseil européen, le club des dirigeants des 27 pays membres. Dans quel état ressortira-t-il de ces tractations politiques ? Et surtout quand sera-t-il définitivement adopté ? Sans doute pas avant le printemps prochain, voire l’été. Encore faut-il ensuite qu’il soit transposé dans le droit national de chaque pays. A la fin, dix-huit mois se seront écoulés depuis sa présentation par la Commission. Une apathie inquiétante quand la vitesse est devenue la valeur cardinale du siècle. Une éternité surtout pour des entreprises européennes prises en étau entre l’offensive américaine sur les droits de douane et la déferlante de produits chinois ultra-compétitifs.

Une Europe en voie de vassalisation

L’urgence du réveil avait pourtant été martelée par celui qui, à la tête de la Banque Centrale Européenne au début des années 2010, avait sauvé l’euro lors de la crise des dettes souveraines. Mario Draghi, vieux sage, qui dans son rapport de 400 pages, décrivait avec minutie et effroi le retard de l’Europe. Une Europe dépassée dans la bataille technologique, la course à l’intelligence artificielle, aux semi-conducteurs de dernières générations, aux batteries électriques, aux technologies vertes les plus innovantes. Une Europe en voie de vassalisation où la productivité a décroché et où le revenu réel par habitant a progressé deux fois moins vite qu’aux Etats-Unis depuis 2000.

A l’époque, l’Italien dévoile une feuille de route, plutôt un catalogue de 170 mesures précises à prendre d’urgence pour restaurer la compétitivité : simplification, débureaucratisation, approfondissement du marché unique, union des marchés de capitaux, harmonisation des normes, préférence européenne, autonomie stratégique. Et surtout un chiffre, rond, astronomique : 800 milliards d’euros d’investissements annuels pour espérer combler le retard. La menace est existentielle, plaide alors l’ancien banquier central.

Un an plus tard, lors d’un colloque à Rimini, Mario Draghi ne cache pas sa désillusion ni sa colère, suppliant les Européens de "faire quelque chose", dénonçant les "rituels communautaires" mortifères. Une supplique en forme de rappel à l’ordre que certains à la Commission ont peu goûté. "Draghi est un universitaire et un ex-banquier, mais que sait-il des difficultés et des efforts à déployer pour obtenir un consensus politique à 27", s’agace un membre du cabinet d’Ursula von der Leyen.

Sur les 170 propositions du rapport Draghi, aucune n’a été définitivement adoptée, si l’on en croit le prochain pointage réalisé par les observateurs de la Joint European Disruptive Initiative (JEDI) publié début décembre et que l’Express a obtenu en exclusivité. Si 15 % avancent de manière crédible – la majorité concerne la simplification - 25 % en sont juste à l’état de discussion sans aucune programmation, et 45 % n’auraient même pas encore été étudiées. "Dans n’importe quelle entreprise, si on mettait autant de temps pour mettre en place des mesures jugées existentielles, alors les têtes valseraient. Le rapport Draghi remet profondément en cause l’ordre établi, le fonctionnement de la Commission et celui des différentes directions générales. Il remet aussi en question certains dogmes installés, l’illusion du marché unique, la confiance dans les bienfaits du libre-échange, le rejet des aides d’Etat", décortique André Loesekrug-Pietri, le président et directeur scientifique du JEDI.

Un an après la publication du rapport Draghi, très peu de ses préconisations ont commencé à être mises en œuvre.
Un an après la publication du rapport Draghi, très peu de ses préconisations ont commencé à être mises en œuvre.

La feuille de route Draghi, encensée à sa sortie, est aujourd’hui plombée par une machine bruxelloise où la fabrique de la loi est aussi fastidieuse qu’interminable, où les calculs politiques et les égoïsmes nationaux minent la construction d’un consensus et où la voix des pro-européens au Parlement est de plus en plus attaquée par des partis officiellement eurosceptiques. "L’absence de leadership européen et les réflexes établis d’une administration débordée par l’ampleur de la tâche expliquent aussi la complexité du processus", rajoute Antonios Nestoras, le fondateur du European liberal Forum. Alors tout le monde se renvoie la responsabilité. La Commission accuse le Parlement, lequel tacle la Commission jugée hors sol et le Conseil européen, affaibli.

Tous coupables ?

"Sortir un texte du collège des commissaires est déjà un travail considérable de consensus qui demande forcément du temps", justifie Stéphane Séjourné, vice-président exécutif pour la prospérité et la stratégie industrielle de la Commission. Et le Français de présenter un programme de travail détaillé pour les six prochains mois : tous les sujets du rapport Draghi seront étudiés, promet-il, sécurité économique, préférence européenne dans les marchés publics, plan auto, renforcement du contrôle des investissements étrangers… "Mais il y a une responsabilité collective des co-législateurs – le Parlement européen et le Conseil des Ministres européens - qui ne s’emparent toujours pas des outils à leur disposition pour décider plus vite", tacle Stéphane Séjourné.

En témoigne le plan de sauvegarde de l’acier présenté le 7 octobre et qui vise à protéger toute la filière sidérurgique européenne d’une avalanche d’acier chinois ultra-subventionné. Au menu : des taxes douanières relevées de 25 à 50 % et des quotas d’importations hors UE réduit à 10 % seulement de la demande européenne. Sauf que le Parlement qui doit mettre son blanc-seing sur cette mesure d’urgence, a mis près d’un mois pour désigner le rapporteur du texte et a refusé la procédure d’urgence dite "fast track" pour accélérer les débats.

Au motif que le Parlement ne serait pas une simple chambre d’enregistrement. De fait, plusieurs règlements se seraient perdus dans un triangle des Bermudes entre le Parlement et le Conseil, à l’instar du Critical Medicines Act qui vise à mettre sur pied une filière européenne de molécules critiques, présenté en mars. Ou le Space Act dévoilé en juillet. Ou encore les différentes lois Omnibus de simplification – la Commission en a peaufiné 6 depuis février et 6 autres sont dans les tuyaux. Des accusations qui mettent le feu parmi les eurodéputés. "Il y a un vrai problème sur le fond et la forme. Ces textes omnibus mélangent des choux et des carottes. Aucune commission au sein du Parlement n’a, à elle seule, la capacité de les étudier sérieusement. On leur a fait remarquer, mais rien ne change", s’agace Aurore Lalucq, présidente de la commission des Affaires économiques et monétaires au Parlement européen. Et un autre de ses collègues d’accuser la Commission de vouloir faire oublier l’accord commercial honteux signé par Ursula von der Leyen et Donald Trump à la fin de l’été sur un terrain de golf en Ecosse.

Le serpent de mer de l’union des marchés de capitaux

Quand la Commission et le Parlement ne se renvoient pas la balle, c’est la faute, entend-on, du Conseil européen qui ne ferait pas le job. En témoigne, le serpent de mer de l’union des marchés de capitaux, rebaptisée Union pour l’épargne et l’investissement et qui vise à créer un véritable marché unique des financements en Europe, comme aux Etats-Unis. "Un pilier essentiel pour la construction européenne, quasiment aussi important que la création de la monnaie unique", soutient Elvire Fabry, chercheuse à l’institut Jacques Delors. La Commission devrait proposer en décembre un texte autorisant la création d’un superviseur unique. Problème, le Luxembourg, l’Irlande, la Belgique et l’Allemagne, qui y voient un abandon de souveraineté, sont déjà en train de travailler au sein du Conseil pour trouver une majorité de blocage. Même scénario avec l’union des Douanes, une mesure également proposée par Mario Draghi, et qui permettrait d’harmoniser et de mieux contrôler tout ce qui rentre sur le sol européen.

Lorsque les douaniers du port du Havre retoquent en moyenne 1 produit sur 2 000 pour non-conformité aux normes européennes, leurs homologues du nord de l’Europe sont plutôt sur un ratio d’1 pour 2 millions… Forcément, la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne, trop soucieux de conserver l’attractivité de leurs grands ports de la mer du Nord, ne sont pas très enclins à revoir leurs méthodes. Pas d’Union douanière, donc avant 2028 dans le meilleur des cas. Une obstruction que le Commissaire slovaque Maros Sefcovic en charge du commerce a dénoncée dans un courrier adressé récemment au Conseil européen où il peste contre les "positions égoïstes et inacceptables".

Face à ces tergiversations, et comme pour se rassurer, certains se raccrochent à la période du Covid lorsque, dans l’urgence, les 27 ont su taire leurs désaccords pour acheter des vaccins en commun et lancer un grand emprunt. "Mario Draghi a donné une feuille de route aux Européens mais a oublié le mode d’emploi", plaide un brin désabusé, un proche de la présidente de la Commission. Avec le risque, si rien ne change, de voir l’Europe décrocher encore davantage. Sans retour en arrière possible.

© AFP

L'ancien Premier ministre et économiste italien Mario Draghi (à gauche) alerte sur la perte de compétitivité européenne (ici avec la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen).
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Allemagne : pourquoi la réforme des retraites pourrait fracturer le gouvernement de Friedrich Merz

Il n'y a pas qu'en France qu'une réforme des retraites menace le gouvernement. En Allemagne, l'équipe de Friedrich Merz est fragilisée par des dissensions internes au sein des troupes conservatrices au Bundestag. 18 élus de la Junge Union (JU), l'organisation de jeunes de la CDU/CSU, le parti du chancelier, menacent de ne pas voter le texte de loi encadrant le versement dans le pays des pensions de retraite pour les prochaines années. En cause ? La volonté des sociaux-démocrates du SPD, participants à la coalition au pouvoir, d'étendre au-delà de 2031 le maintien de l'actuel niveau de pension, établi à 48 % du revenu moyen d'un salarié.

Débat interne parmi les conservateurs

Cette mesure est largement critiquée par les jeunes conservateurs, pour qui une telle disposition engendrerait des coûts supplémentaires de plus de 115 milliards d'euros jusqu'à 2040. Une manne qui, selon eux, devrait être "supportée" essentiellement par les actifs et nouveaux venus sur le marché du travail. "C'est tout simplement insoutenable sur le plan fiscal", critique ainsi l'un de leurs représentants, Johannes Volkmann, par ailleurs petit-fils de l'ex-chancelier conservateur Helmut Kohl. A l'opposé de cette évolution défendue par le gouvernement, la Junge Union propose, elle, d'abaisser à 47 % le niveau des pensions des retraites.

L'opposition de l'organisation de jeunesse à la mesure est loin d'être anecdotique. En effet, Friedrich Merz ne possède au Parlement qu'une marge de manœuvre très réduite pour faire passer ses projets de loi. Avec l'accord de coalition en vigueur, il ne dispose donc que d'une majorité de 12 sièges sur les 630 que compte le Bundestag. Impossible, donc, de se passer des 18 voix des jeunes députés frondeurs, tous âgés de moins de 35 ans. Dans le même temps, le chancelier doit également ménager ses partenaires de centre-gauche, avec qui il a fait alliance pour gouverner. Le ministre des Finances issu du SPD, Lars Klingbeil, a d'ailleurs exprimé sa fermeté sur ce sujet, samedi 15 novembre. "Soyons parfaitement clairs : cette loi ne subira aucune autre modification", a-t-il affirmé. "Elle sera adoptée par le Bundestag."

Des objectifs mis à mal

Hasard du calendrier, le congrès national de la Junge Union se tenait le week-end dernier à Rust, dans l'ouest du pays. Invité à prendre la parole devant les jeunes conservateurs, Friedrich Merz a campé sur ses positions au sujet de la réforme des retraites. "Croit-on sérieusement que nous pouvons gagner une course au moins-disant social ? Qui propose les pensions les plus basses ? Vous plaisantez !", a-t-il lancé, passablement agacé par la tournure des événements. Il a demandé aux représentants de la JU de "participer à ce débat de manière constructive".

Si le chancelier allemand, lui-même autrefois membre de cette structure de jeunesse, se montre aussi incisif, c'est avant tout car le sort de ce plan sur les retraites conditionne l'adoption d'autres réformes structurelles souhaitées par son camp. D'autre part, ces dissensions mettent à mal l'objectif d'unité de ses troupes affiché à son arrivée au pouvoir. Sur cet aspect, Friedrich Merz avait l'ambition de trancher avec le précédent gouvernement d'Olaf Scholz (SPD), miné par les désaccords internes. Or, certains ministres issus de la CDU viennent eux aussi d'émettre des réserves sur la réforme controversée. En charge de l'Education nationale, Karin Prien a par exemple exhorté à reporter le vote de ce texte pour apaiser les tensions.

Propositions irréalistes de l'extrême droite

Outre-Rhin, la problématique des retraites cristallise de plus en plus le débat public. Avec aujourd'hui 21 millions de retraités et un vieillissement de la population de plus en plus avancé, la pérennité du système de pensions questionne. L'âge légal de départ à la retraite s'établit actuellement à 65 ans, mais celui-ci est peu à peu repoussé à 67 ans. Certains experts défendent un allongement supplémentaire pour assurer la survie du système. L'été dernier, la ministre (CDU) de l'Économie, Katherina Reiche, avait plaidé pour relever l'âge de départ à 70 ans minimum. En octobre, un rapport qui lui avait été remis par des économistes planchait, lui, sur le scénario de pousser celui-ci à 73 ans d'ici à 2060.

Comme relaté par Die Welt, l'extrême droite n'hésite plus à s'emparer du sujet, quitte à promettre des propositions en la matière jugées irréalistes par les économistes. Galvanisée par ses récents résultats électoraux, l'AfD espère par exemple rehausser le niveau des pensions de retraite à environ 70 % du dernier revenu. Au-delà des discussions actuelles, Friedrich Merz s'est pour sa part dit ouvert à revoir l'ensemble des conditions du versement des retraites à partir de 2032 et à le notifier dans la réforme aujourd'hui âprement débattue. "J’espère que nous aurons conclu cette discussion d'ici à la fin de l’année afin de pouvoir aborder l’année 2026 avec une réelle volonté de réforme", a-t-il déclaré lundi à Berlin, selon des propos rapportés par Politico.

© afp.com/Daniel MIHAILESCU

Le chancelier allemand Friedrich Merz parle à la presse à Chisinau (Moldavie), le 27 août 2025.
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Guerre en Ukraine : un plan américain prévoit la cession de territoires à Moscou

Désireux de relancer des négociations pour la paix actuellement dans l’impasse, Volodymyr Zelensky s'est rendu ce mercredi 19 novembre en Turquie pour rencontrer son homologue turc. Moscou a de son côté indiqué qu’aucun émissaire russe ne se rendrait en Turquie ce mercredi.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé mercredi soir à relancer les négociations d'Istanbul entre la Russie et l'Ukraine pour mettre un terme à une guerre aux effets "dévastateurs". Ces discussions ont lieu dans un moment très difficile pour l’armée ukrainienne, alors qu’une ville clé sur le front Est, Pokrovsk, semble sur le point de tomber. Les frappes russes se poursuivent en parallèle : au moins 25 personnes ont été tuées dans la nuit de mardi à mercredi par des attaques dans l’ouest de l’Ukraine.

Les infos à retenir

⇒ Un plan américain prévoit la cession de territoires à Moscou

⇒ Recep Tayyip Erdogan appelle à lancer les négociations d'Istanbul

⇒ Volodymyr Zelensky dit espérer une reprise des échanges de prisonniers avec la Russie "d'ici la fin de l'année"

Un plan américain prévoit la cession de territoires à Moscou

L'Ukraine a reçu une nouvelle proposition de paix de la part des Etats-Unis qui requiert notamment que Kiev cède les territoires actuellement sous contrôle de la Russie et réduise son armée de plus de moitié, selon des déclarations mercredi à l'AFP d'un haut-responsable proche du dossier.

"Nous recevons des signaux disant que nous devons accepter ce plan", a déclaré cette source sous couvert d'anonymat. La proposition inclut la "reconnaissance de (l'annexion de) la Crimée et d'autres régions prises par la Russie" et "la réduction de l'armée à 400 000 personnes", a-t-elle indiqué. Le plan prévoit également que l'Ukraine renonce à toutes ses armes à longue portée. "Une nuance importante est que nous ne comprenons pas s'il s'agit réellement d'un plan Trump" ou "de son entourage", a ajouté le haut responsable ukrainien. Selon la même source les informations données sont restées "pas claires" sur l'attitude que la Russie serait supposée adopter en retour.

Le média américain Axios avait précédemment affirmé que Washington et Moscou travaillaient en secret sur un plan pour mettre fin à la guerre lancée par Moscou contre son voisin il y a près de quatre ans. Le Kremlin a refusé de commenter ces informations : "Nous n'avons rien de nouveau que nous puissions vous communiquer à ce sujet", a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors d'un briefing.

Recep Tayyip Erdogan appelle à lancer les négociations d'Istanbul

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé mercredi à relancer les négociations d'Istanbul entre la Russie et l'Ukraine pour mettre un terme à une guerre aux effets "dévastateurs".

Les délégations russes et ukrainiennes se sont déjà retrouvées par trois fois cette année - en mai, juin et juillet- sur les rives du Bosphore. "À une époque où les effets dévastateurs de la guerre s'aggravent pour les deux parties, nous estimons que les pourparlers d'Istanbul constituent une initiative importante en vue d'une solution diplomatique", a déclaré le chef de l'Etat turc qui recevait à Ankara son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Recep Tayyip Erdogan a mentionné "en particulier, l'augmentation des attaques contre les infrastructures énergétiques et les pertes humaines qui en résultent et entraînent des destructions irréparables pour les deux parties". "Revitaliser le processus d'Istanbul avec un cadre plus complet – un cadre capable de traiter les problèmes désormais aigus – serait bénéfique" a-t-il insisté.

Lors des précédentes réunions entre délégations russe et ukrainienne à Istanbul, sous l'égide du ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, les deux parties s'étaient accordées sur un échange de prisonniers de guerre. "Nous sommes toujours prêts à discuter des propositions avec la Russie pour activer le cessez-le-feu et ouvrir la voie à une paix durable", a-t-il poursuivi, soulignant qu'il "appréciait également l'implication de notre allié, les États-Unis, dans le processus".

Volodymyr Zelensky dit espérer une reprise des échanges de prisonniers avec la Russie "d'ici la fin de l'année"

Le président ukrainien a dit mercredi espérer une reprise des échanges de prisonniers de guerre avec la Russie "d'ici la fin de l'année", lors d'une conférence de presse à Ankara au terme d'une visite qui visait à relancer les discussions de paix dans l'impasse avec Moscou. "Nous espérons rétablir les échanges d'ici la fin de l'année, afin de ramener un nombre significatif de prisonniers. La Turquie nous aide beaucoup dans cette démarche", a dit Volodymyr Zelensky.

L'envoyé américain Witkoff ne participera pas aux discussions Zelensky-Erdogan en Turquie

Steve Witkoff, l'émissaire diplomatique de Donald Trump, ne va pas se rendre en Turquie, a affirmé mercredi un responsable américain, au moment où le président ukrainien Volodymyr Zelensky est à Ankara pour tenter de "relancer" les discussions avec la Russie visant à mettre fin à la guerre.

"Il est faux de dire que l'envoyé spécial Steve Witkoff va se rendre en Turquie," a déclaré un haut responsable du département d'Etat sous le couvert de l'anonymat. Une source ukrainienne haut placée avait précédemment évoqué sa présence à ces discussions avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Au moins 25 morts dans des frappes russes dans l'ouest de l’Ukraine

Au moins 25 personnes ont été tuées et 70 autres blessées parmi lesquelles 16 enfants dans des frappes russes ayant notamment visé l'ouest de l'Ukraine, ont annoncé mercredi le ministère de l'Intérieur et les services de secours, selon un nouveau bilan. Ces deux sources ont indiqué sur Telegram que les bombardements avaient "endommagé des immeubles d'habitation ainsi que des installations industrielles et des entrepôts", provoquant "des incendies de grande ampleur".

La ville de Ternopil a notamment été la cible de l’une des attaques les plus meurtrières sur cette capitale régionale depuis le début de l’invasion russe en février 2022. Une attaque russe de drones a par ailleurs visé la région ukrainienne de Kharkiv pour la troisième nuit consécutive, faisant 36 blessés dans sa capitale, a rapporté la police régionale.

Ce mercredi matin, la totalité de l’Ukraine se trouvait en état d’alerte aérienne. Au cours de la nuit, plus de 470 drones et missiles russes ont été lancés contre l’Ukraine, a indiqué Volodymyr Zelensky, pour qui ces attaques montrent que "la pression sur la Russie est insuffisante". "Des sanctions efficaces et une aide à l’Ukraine peuvent changer cela. Les besoins les plus urgents sont des missiles pour la défense aérienne, des systèmes supplémentaires, l’augmentation des capacités de notre aviation de combat et la production de drones pour protéger des vies", a-t-il détaillé.

Le Royaume-Uni met en garde Vladimir Poutine après la détection d'un navire russe

Le ministre britannique de la Défense, John Healey, a mis en garde mercredi le président russe, Vladimir Poutine, après la détection du navire militaire Yantar dans les eaux britanniques pour la deuxième fois cette année. "Mon message à la Russie et à Poutine est celui-ci : on vous voit. On sait ce que vous faites. Et si le Yantar se dirige vers le sud cette semaine, nous sommes prêts", a déclaré le ministre lors d'une conférence de presse.

Il a précisé que le Yantar se trouvait désormais à la limite des eaux britanniques au nord de l'Ecosse et qu'il avait pour la première fois dirigé ses lasers vers des pilotes d'avions de la Royal Air Force surveillant ses activités. "C'est la deuxième fois cette année qu'il est entré dans les eaux britanniques", a souligné John Healey. "Il fait partie d'une flotte russe conçue pour mettre en danger et compromettre nos infrastructures sous-marines et celles de nos alliés", a poursuivi le ministre. Il s'agit "d'un programme russe (...) visant à développer des capacités permettant d'assurer la surveillance en temps de paix et le sabotage en temps de conflit", a-t-il ajouté.

Le 22 janvier, John Healey avait déjà mis en garde Vladimir Poutine après la détection de ce "navire espion russe" dans la Manche puis la Mer du Nord par la Royal Navy, qui avait déployé des navires pour le surveiller.

La Roumanie déploie des avions de chasse face à une nouvelle incursion de drone

La Roumanie, pays membre de l’Otan et frontalier de l’Ukraine, a mobilisé tôt ce mercredi des avions de chasse en réponse à une nouvelle incursion de drone sur son territoire, a annoncé le ministère de la Défense.

Deux chasseurs allemands opérant en Roumanie surveillaient la situation aérienne peu après minuit à la frontière avec l’Ukraine, à la suite de frappes aériennes russes, a indiqué le ministère roumain de la Défense dans un communiqué de presse. "Pendant quelques minutes a été détecté le signal d’un drone ayant pénétré d’environ huit kilomètres dans l’espace aérien national" avant de disparaître des radars, a ajouté le ministère, précisant qu’une alerte téléphonique avait été envoyée aux habitants du comté de Tulcea, dans le sud-est du pays.

"Le drone est réapparu par intermittence sur le radar pendant environ 12 minutes" après des frappes aériennes russes près de la frontière roumaine avec l’Ukraine, a précisé le communiqué, ajoutant qu’aucun impact au sol n’avait été signalé. "Deux autres avions, des F-16 de l’armée de l’air roumaine, ont été mobilisés", a ajouté le ministère, précisant qu'"aucun cas d’impact d’aéronef au sol n’a (vait) été signalé".

La Roumanie a enregistré plusieurs violations de son espace aérien, notamment avec des fragments de drones tombant sur son territoire, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022. La Moldavie voisine a également annoncé avoir constaté le survol de son territoire par un drone dans la nuit.

La Pologne va fermer le dernier consulat russe dans le pays après un sabotage

La Pologne a annoncé mercredi qu'elle allait fermer le dernier consulat russe encore en activité à Gdansk (nord), après le sabotage d'une voie ferrée vers l'Ukraine, attribué par Varsovie à la Russie. "J'ai décidé de retirer l'autorisation de fonctionnement du consulat russe à Gdansk", a déclaré le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, à des journalistes. Cette décision signifie que la seule mission diplomatique russe qui restera ouverte en Pologne sera l'ambassade à Varsovie.

"Les relations avec la Pologne se sont complètement dégradées. Cette (décision) est probablement un symptôme de cette dégradation", a réagi à Moscou le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dans une déclaration à des journalistes. "Ici, nous ne pouvons qu'exprimer nos regrets", a-t-il ajouté.

Les relations entre Varsovie et Moscou ont toujours été tendues, mais elles se sont considérablement dégradées après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, la Pologne devenant l'un des principaux alliés de Kiev.

© afp.com/Brendan SMIALOWSKI

Donald Trump (à droite) échange avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, le 23 septembre 2025 à New York
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