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Donald Trump lauréat du premier "Prix de la paix" de la Fifa

"Un grand jour" : la cérémonie de tirage au sort du Mondial-2026 a débuté vendredi 5 décembre au Kennedy Center de Washington, sous l'égide de Donald Trump et très haute surveillance. "C'est un grand jour et c'est un sport formidable", a clamé le président américain sur le tapis rouge de la grande salle de spectacles de Washington qui accueille l'événement.

Donald Trump est ensuite allé s'asseoir au balcon en compagnie du président de la FIFA, Gianni Infantino, dont il est proche, et non loin du Premier ministre canadien Mark Caney et de la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum, co-organisateurs. Sur la scène, Gianni Infantino a fait applaudir les trois dirigeants. "C'est le plus grand événement que l'humanité ait jamais vu (...), cela va être stratosphérique", a-t-il déclaré avec emphase. Auparavant le ténor Andrea Bocelli avait entonné l'air "Nessun Dorma" ("Que personne ne dorme") tiré de l'opéra Turandot de Giacomo Puccini, sous les applaudissements du public.

En effet durant près de deux heures, c'est un véritable show qui va se dérouler dans l'imposante salle de spectacle située dans la capitale américaine, aux abords de laquelle un imposant dispositif de sécurité a été mis en place, obligeant les personnes accréditées à patienter parfois presque deux heures, sous la neige, pour y pénétrer. Cet évènement en mondovision constitue le premier temps fort de ce tournoi hors-normes organisé dans trois pays (Etats-Unis, Mexique, Canada), pour déterminer le parcours des 48 équipes - une première - lancées dans la course à la succession de l'Argentine de Lionel Messi.

L'invité de marque est à n'en pas douter le président américain lui-même. Le milliardaire républicain, revenu à la Maison-Blanche en janvier, a fait de la Coupe du monde 2026 un événement central de son second mandat, en dépit des inquiétudes que font peser sur le déroulement de l'épreuve ses prises de position tous azimuts contre ses voisins mexicain et canadien, sa politique migratoire ou ses menaces de priver de rencontres certaines villes dirigées par les démocrates.

Une bromance savamment entretenue par les deux hommes

Donald Trump a trouvé un allié de poids en la personne du patron de la Fifa, Gianni Infantino, avec qui il n'en finit pas d'afficher sa proximité, comme encore lors du début de la cérémonie. Le dirigeant italo-suisse, présent à son investiture et convié plusieurs fois dans le Bureau Ovale, a bien compris la nécessité de se rapprocher du président des Etats-Unis, où auront lieu 78 des 104 matches programmés du 11 juin au 19 juillet prochain, dont la finale au MetLife Stadium (New Jersey).

Cette "bromance", savamment entretenue par les deux hommes au nom d'intérêts stratégiques mutuels, s'est poursuivie durant la cérémonie, avec l'attribution à Trump du premier "Prix de la paix de la Fifa". Le dirigeant républicain a reçu sur scène un trophée ainsi qu'une médaille. "C'est l'un des plus grands honneurs de ma vie, nous avons sauvé des millions de vie", a affirmé le dirigeant républicain, citant le Congo, l'Inde, le Pakistan, "tant de guerres auxquelles nous avons réussi à mettre fin" ou à éviter.

La Fifa avait annoncé en novembre la création de ce prix, censé récompenser "les énormes efforts d'individus qui unissent les gens et apportent l'espoir aux générations futures". Il ne faisait aucun doute que le président américain serait le premier lauréat.

L'ONG de défense des droits de l'homme Human Rights Watch a déploré vendredi dans un communiqué qu'il n'y ait eu "aucune transparence" autour de ce choix. Elle a annoncé avoir demandé à la Fifa "une liste des candidats, des juges, des critères", mais n'avoir pas obtenu de réponse.

Lot de consolation

Un lot de consolation en mondovision pour le chef d'Etat américain qui se targue d'avoir mis un terme à huit conflits dans le monde depuis son retour au pouvoir. Les experts jugent toutefois ce chiffre exagéré, soit parce que son intervention a été inexistante ou minimale dans certains processus de paix, soit parce que ses efforts de médiation n'ont pas, dans certains cas, réellement mis fin aux affrontements armés. Donald Trump n'en estime pas moins mériter le prix Nobel de la Paix, qui est allé cette année à l'opposante vénézuélienne Maria Corina Machado.

Entre autres lots de consolation, le président américain a déjà été nommé à la tête d'un "conseil pour la paix" chargé de superviser la mise en oeuvre de l'accord sur Gaza, et il vient de donner son nom à un "Institut de la paix" siégeant à Washington.

L'opposition démocrate et nombre d'associations de défense des droits de l'homme accusent le milliardaire de mener une politique plus belliqueuse que pacifique, en déployant l'armée dans certaines villes américaines, en multipliant les expulsions de migrants ou en déclenchant des frappes contre des embarcations en mer des Caraïbes. S'il se veut le "président de la paix", Donald Trump est aussi un dirigeant fasciné par la puissance militaire, qui a insisté pour que le ministère de la Défense américain soit renommé en "ministère de la Guerre".

© afp.com/Jia Haocheng

Donald Trump (à gauche) recevant le prix de la Paix de la Fifa des mains de Gianni Infantino le 5 décembre 2025 au Kennedy Center de Washington lors du tirage au sort de la Coupe du monde 2026 de football
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L'Union européenne inflige une amende de 120 millions d'euros à X

L'Union européenne a infligé vendredi 5 décembre une amende de 120 millions d'euros à X, le réseau social d'Elon Musk, au risque d'une nouvelle confrontation avec le président américain Donald Trump.

Avant même l'officialisation de cette décision, le vice-président américain J.D. Vance avait dénoncé la démarche européenne. "L'UE devrait défendre la liberté d'expression au lieu de s'en prendre à des entreprises américaines pour des foutaises", a-t-il lancé, s'attirant un message de remerciement d'Elon Musk.

L'amende contre X "n'a rien à voir avec de la censure", a répondu la vice-présidente de la Commission européenne chargée du numérique, Henna Virkkunen, interrogée par des journalistes. "Nous ne sommes pas là pour imposer les amendes les plus élevée, mais pour nous assurer que nos lois sur le numérique soient respectées".

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a estimé vendredi que l'amende infligée par l'Union européenne à X, constituait une "attaque contre le peuple américain par des gouvernements étrangers". "L'amende de 140 millions de dollars infligée par la Commission européenne n'est pas seulement une attaque contre X, c'est une attaque contre toutes les plateformes technologiques américaines et le peuple américain par des gouvernements étrangers", a fustigé Marco Rubio sur X, en ajoutant que "l'époque de la censure des Américains en ligne est révolue".

Première amende imposée à une plateforme dans le cadre du DSA

L'amende annoncée par Bruxelles est la première imposée à une plateforme dans le cadre du règlement sur les services numériques, ou DSA. Cette loi phare est entrée en vigueur il y a deux ans pour lutter contre les contenus illégaux et dangereux en ligne, et impose des obligations renforcées aux plus grandes plateformes actives dans l'UE.

Cette sanction ne porte que sur les seules infractions notifiées en juillet 2024 à X, lorsque l'UE avait accusé simultanément la plateforme de tromperie des utilisateurs avec les coches bleues censées certifier les sources d'informations, de transparence insuffisante autour des publicités, et de non respect de l'obligation d'accès aux données internes par des chercheurs agréés.

Les coches bleues étaient à l'origine attribuées par l'ex-Twitter à des utilisateurs au terme d'un processus de vérification de leur identité, afin d'aider à déjouer les impostures. Mais après avoir racheté le réseau social en 2022 pour 44 milliards de dollars, et l'avoir rebaptisé X, Elon Musk a réservé ces badges aux abonnés payants, au risque selon Bruxelles d'induire en erreur les utilisateurs.

L'UE a élargi entre-temps son enquête sur X à des soupçons de non respect de ses obligations en matière de contenus illégaux et de désinformation, mais n'a pas terminé ses investigations sur ces autres sujets.

Les investigations concernant la désinformation se poursuivent

Ce dossier a pris une connotation très politique en raison de la très forte proximité entre Elon Musk et le président américain Donald Trump, jusqu'à leur rupture fracassante en juin. Ces dernières semaines, les relations entre les deux milliardaires se sont quelque peu réchauffées, sans être revenues au beau fixe.

Mais quoi qu'il en soit, Washington n'a cessé cette année de critiquer les lois européennes contre les abus des géants de la tech, les accusant de cibler les champions américains. Fin novembre, des responsables américains en visite à Bruxelles ont appelé l'Europe à assouplir ces lois, en échange d'une baisse des droits de douane américains sur l'acier européen. Une forme de marchandage aussitôt rejetée par les responsables européens, qui ont réaffirmé le droit souverain de l'Union européenne à adopter et appliquer ses propres lois.

Par ailleurs, la Commission a défendu le montant de la sanction prononcée contre X, alors qu'elle pouvait théoriquement, pour chacune des infractions constatées, frapper le fournisseur de la plateforme à hauteur de 6 % de son chiffre d'affaires mondial annuel. "Nous avons estimé que c'était proportionné", et "cela prend en compte "la nature, la gravité et la durée des infractions commises, a expliqué Mme Virkkunen. Mais elle a rappelé que les investigations concernant la désinformation et les contenus illégaux sur X se poursuivaient et a dit s'attendre à ce qu'elles soient bouclées "plus vite".

Parallèlement, la Commission a annoncé avoir accepté des engagements de la plateforme d'origine chinoise TikTok qui répondaient à des griefs qu'elle lui avait adressés, concernant ses obligations de transparence en matière de publicité.

© afp.com/Nicolas TUCAT

L'UE a infligé vendredi une amende à X pour des infractions à ses règles sur les contenus en ligne
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Europe, immigration… Ce que dit la nouvelle stratégie de défense nationale de Donald Trump

La vision de Donald Trump en matière de relations internationales expliquée en longueur. L’administration du président américain a publié, dans la nuit du jeudi 4 au vendredi 5 décembre, un document sur sa "stratégie de défense nationale". En 33 pages, ce texte rappelle les priorités du milliardaire républicain au niveau diplomatique. Alors qu’il se vante ces derniers temps du nombre de guerres qu’il serait parvenu à interrompre, Donald Trump expose ici sa volonté de ne pas intervenir dans de nouveaux conflits. "Les affaires d’autres pays ne sont notre préoccupation que si leurs activités menacent directement nos intérêts", précise ainsi le document.

"Réajuster" la présence américaine dans le monde

Les sympathisants de son mouvement Maga ("Make America Great Again") promeuvent justement généralement le fait de ne pas impliquer les États-Unis dans de nouveaux conflits guerriers. Lors de ses différentes campagnes présidentielles, Donald Trump a d’ailleurs souvent répété cette idée. Mais ses déclarations menaçantes depuis son retour au pouvoir – contre le Nigeria, le Groenland, le Canada… – ont parfois pu donner à sa base une impression inverse à cette logique.

Ici, dans ce plan, l’administration républicaine réaffirme finalement la volonté d’un "réajustement" de la présence militaire américaine dans le monde. Pour elle, il s’agit désormais de "répondre aux menaces urgentes sur notre continent" tout en mettant en œuvre "un éloignement des théâtres dont l’importance relative pour la sécurité nationale américaine a diminué ces dernières années ou décennies". Selon la même source, l’influence de Washington en Amérique latine doit néanmoins être renforcée. Dans la lignée de la doctrine Monroe instaurée au XIXe siècle outre-Atlantique, il est nécessaire selon Donald Trump de "renforcer la suprématie américaine" sur l’ensemble du continent. Les récentes opérations militaires de l’US Army dans la mer des Caraïbes et la pression exercée sur le Venezuela font écho à cette ambition.

Par ailleurs, ce document évoque l’enjeu migratoire comme la principale menace encourue par les États-Unis. "L’ère des migrations de masse doit prendre fin", est-il écrit dans cette note. "La sécurité des frontières est l’élément principal de la sécurité nationale." Depuis le début de son deuxième mandat présidentiel, Donald Trump a considérablement durci sa politique contre l’immigration. "Nous devons protéger notre pays contre les invasions, non seulement contre les migrations incontrôlées, mais aussi les menaces transfrontalières telles que le terrorisme, les drogues, l’espionnage et la traite des êtres humains", exhorte le document.

Critiques acerbes contre l’Europe

Dans le sillage des critiques adressées par le vice-président américain J.D. Vance à Munich (Allemagne) l’hiver dernier, cette "stratégie de défense nationale" fustige par ailleurs des pans entiers des politiques menées sur le continent européen, qui, à en croire ce document, serait menacé "d’effacement civilisationnel". "Si les tendances actuelles se poursuivent, [l’Europe] sera méconnaissable dans 20 ans ou moins". Toujours d’après cette source, les décisions européennes "sapent la liberté politique et la souveraineté, les politiques migratoires qui transforment le continent et créent des tensions, la censure de la liberté d’expression et la répression de l’opposition politique, la chute des taux de natalité, ainsi que la perte des identités nationales".

Washington émet aussi le voeu que "l’Europe reste européenne, retrouve sa confiance en elle-même sur le plan civilisationnel et abandonne son obsession infructueuse pour l’asphyxie réglementaire". De quoi faire promptement réagir Berlin, le ministre des affaires étrangères Johann Wadephul estimant que l’Allemagne n’avait pas besoin de "conseils venant de l’extérieur", notamment sur "la liberté d’expression" ou "l’organisation des sociétés libres".

Enfin, la relation entre Chine et États-Unis est aussi mentionnée parmi la trentaine de pages, disponibles en ligne sur le site de la Maison-Blanche. Après plusieurs mois de guerre douanière, Washington entend désormais "rééquilibrer la relation économique de l’Amérique avec la Chine, en donnant la priorité à la réciprocité et à l’équité pour rétablir l’indépendance économique des États-Unis". Sur le plan militaire, le Japon et la Corée du Sud sont appelés à faire davantage pour soutenir la défense de Taïwan face à la Chine. "Nous devons inciter ces pays à augmenter leurs dépenses de défense, en mettant l’accent sur les capacités nécessaires pour dissuader les adversaires" de s’en prendre à l’île, estime le document.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Le président américain Donald Trump le 3 décembre 2025, à Washington, aux Etats-Unis
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Allemagne : le Parlement donne son feu vert au projet controversé de nouveau service militaire

Le Bundestag a approuvé ce vendredi 5 décembre le maintien du service militaire basé sur le volontariat, au terme d’âpres débats au sein de la coalition sur le moyen de renforcer une armée en manque de recrues.

Les conservateurs (CDU-CSU) du chancelier Friedrich Merz souhaitaient au départ réintroduire une forme de conscription obligatoire pour les hommes et par tirage au sort, se heurtant à l’opposition du parti allié social-démocrate, de tradition plus pacifiste. La coalition a fini par s’entendre sur une version non-coercitive.

Le nouveau texte prévoit que tous les hommes de 18 ans pourront demander à faire un service militaire d’une durée minimum de 6 mois. Ils devront auparavant passer un examen médical et remplir un questionnaire sur leur disponibilité et leur volonté de servir dans l’armée. Les femmes pourront aussi s’inscrire sur la base du volontariat.

Ces dispositions seront introduites à partir de mi-2027, a précisé un communiqué du ministère de la défense, sous réserve de l’acceptation par le Bundesrat, la chambre haute du parlement allemand.

Un service volontaire… "si tout se passe bien"

Cette mesure doit permettre d’augmenter le nombre de volontaires, alors que le chancelier Friedrich Merz a selon ses termes pour ambition de bâtir l’armée conventionnelle la "plus puissante d’Europe" pour contrer la menace russe et compenser le désengagement du bouclier américain.

Le service militaire devrait rester volontaire "si tout se passe aussi bien que nous l’espérons", a déclaré lors des débats le ministre de la Défense Boris Pistorius. Mais un élargissement du dispositif pourrait être nécessaire si la situation sécuritaire "venait à se détériorer" et que les objectifs en matière d’effectifs de la Bundeswehr n’étaient pas atteints, a-t-il ajouté. Toutefois cette étape nécessiterait un nouveau vote au Bundestag.

Le parti d’extrême droite AfD, les Verts et le parti de gauche Die Linke ont voté contre l’actuel texte. "Cette loi n’offre aucune garantie" que les soldats en service resteront sur le sol national, a dénoncé Desiree Becker, députée de Die Linke.

Les objectifs de l’Otan prévoient que l’Allemagne porte ses effectifs militaires à 460 000 soldats, dont 260 000 militaires d’active et 200 000 réservistes. La Bundeswehr en est loin, avec respectivement 182 000 et 49 000 soldats dans chaque catégorie. Pour moderniser l’armée allemande, mal équipée et en sous-effectif depuis des décennies, les députés avaient déjà adopté en mars un plan pour renforcer les dépenses militaires dans les années à venir.

© INA FASSBENDER / AFP

Les partis de la coalition au pouvoir en Allemagne se sont accordés sur un service militaire basé sur le volontariat, afin de renforcer une armée en manque de recrues.
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La base abritant les sous-marins nucléaires français survolée par des drones

Plusieurs drones ont survolé dans la soirée du jeudi 4 décembre la base sous-marine de l’Île Longue (Finistère), qui abrite les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la dissuasion nucléaire française, a appris l’AFP auprès de la gendarmerie.

Cinq drones ont été détectés techniquement jeudi soir, vers 19h30, au-dessus de la base, qui borde la rade de Brest. Un dispositif de lutte anti-drones et de recherches a été mis en place. Le bataillon de fusiliers marins, qui assure la protection de la base, a effectué plusieurs tirs anti-drones, selon la même source.

"Aucun lien avec une ingérence étrangère" établi

Une enquête judiciaire va être ouverte vendredi par le parquet militaire de Rennes, a indiqué à l'AFP la préfecture maritime de l'Atlantique. "Les infrastructures sensibles n'ont pas été menacées" par ce survol, a toutefois précisé le capitaine de frégate Guillaume Le Rasle, porte-parole de la préfecture maritime.

"Il est trop tôt pour caractériser" l'origine des drones, a précisé Guillaume Le Rasle. Il a cependant estimé que ces vols au-dessus de la base sous-marine de l'Île Longue avaient "pour objectif d'inquiéter la population".

Aucun drone n'a été abattu ni de pilote identifié lors du survol de la base abritant les sous-marins de la dissuasion nucléaire française, dans la rade de Brest (Finistère), a indiqué vendredi à l'AFP le parquet de Rennes. "Aucun lien avec une ingérence étrangère n'est donc fait", a précisé le procureur Frédéric Teillet, en précisant que les fusiliers marins avaient "procédé à un tir de brouilleur et non pas d'arme à feu".

Pas une première

Les survols de drones dans cette zone interdite ne sont pas rares. Dans la nuit du 17 au 18 novembre, un survol de drone "au-dessus de la presqu’île de Crozon", dont fait partie l’Île Longue, avait été signalé, mais sans survol d’emprise militaire.

Sanctuaire de la dissuasion nucléaire française, la base de l’Île Longue est protégée par 120 gendarmes maritimes en coordination avec les fusiliers marins. La base assure la maintenance des quatre SNLE français, dont l’un au moins est en permanence en mer pour assurer la dissuasion nucléaire.

Les conditions de luminosité étaient particulièrement bonnes jeudi soir au-dessus de la rade de Brest, en raison de la pleine Lune et de son orbite proche de la Terre, un épisode fréquent appelé super Lune. Les signalements de survols de drones se sont multipliés dans des aéroports et autres sites sensibles, dont militaires, ces derniers mois en Europe du nord, les dirigeants de ces pays voyant la main de Moscou derrière ces actions.

© afp.com/FRED TANNEAU

La base navale de l'Ile longue le 5 décembre 2016
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Guerre en Ukraine : Emmanuel Macron appelle à accroître "la pression sur l’économie russe"

Alors que les discussions diplomatiques sur le conflit en Ukraine se poursuivent, Vladimir Poutine n’a montré aucun signe d’assouplissement jeudi 4 décembre, à l’occasion d’un déplacement en Inde. Le président russe a estimé que les négociations en cours étaient "complexes", mais qu’il fallait s’y "engager" plutôt que de les entraver, dans un entretien diffusé par une chaîne de télévision indienne. "Parvenir à un consensus entre des parties en conflit n’est pas chose aisée, mais je crois que le président Trump s’y emploie sincèrement", a-t-il dit selon des propos traduits par India Today. "Je pense que nous devons nous engager dans cet effort plutôt que d’y faire obstruction", a-t-il ajouté, faisant allusion aux Européens que Moscou accuse de vouloir empêcher un accord. Dans une adresse télévisée, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que son pays était "prêt à faire face à toute éventualité".

Les infos à retenir

⇒ Emmanuel Macron appelle à accroître "la pression sur l’économie russe"

⇒ Vladimir Poutine dit qu'il va continuer de "livrer du pétrole sans interruption" à l'Inde

⇒ Friedrich Merz en Belgique pour "convaincre" Bart De Wever sur les avoirs russes gelés

De nouvelles discussions entre Ukrainiens et Américains prévues ce vendredi à Miami

De nouveaux entretiens entre Ukrainiens et Américains sont prévus ce vendredi à Miami en Floride pour discuter du plan américain visant à mettre fin à la guerre avec la Russie, a indiqué à l'AFP un responsable à Kiev.

"Oui, une nouvelle réunion est attendue aujourd'hui", a déclaré Oleksandre Bevz, conseiller du chef de la présidence ukrainienne. Il a précisé que le négociateur en chef de Kiev, Roustem Oumerov, était sur place.

Emmanuel Macron appelle à accroître "la pression sur l’économie russe"

Le président français Emmanuel Macron a appelé ce vendredi à maintenir "l’effort de guerre" en faveur de l’Ukraine et accroître "la pression sur l’économie russe", et a plaidé en Chine pour l’unité entre Européens et Américains vis-à-vis de la Russie. "Il faut maintenir l’effort de guerre, poursuivre les pourparlers qui préparent la paix, mais accroître la pression en particulier sur l'économie russe", a dit Emmanuel Macron devant des journalistes.

"L’unité entre les Américains et les Européens sur la question ukrainienne est indispensable", a-t-il ajouté. "Il ne faut surtout céder à aucun esprit de division entre Européens et Américains. Nous avons besoin des États-Unis pour avoir la paix. Les États-Unis d'Amérique ont besoin de nous pour que cette paix soit robuste et durable", a-t-il dit.

Selon l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz et d'autres dirigeants européens ont exprimé leur méfiance vis-à-vis de l'administration Trump au moment où celle-ci tente de négocier la fin de la guerre en Ukraine. Le président français n'a pas répondu ce vendredi à la question de savoir s'il avait bien parlé de risque de trahison américaine. Mais il a assuré qu'Européens et Américains étaient "sur la même ligne en matière des garanties de sécurité" que devait obtenir l'Ukraine.

Vladimir Poutine dit qu'il va continuer de "livrer du pétrole sans interruption" à l'Inde

Le président russe Vladimir Poutine, reçu ce vendredi par le Premier ministre indien Narendra Modi, a déclaré que Moscou continuerait "de livrer du pétrole sans interruption" à New Delhi. "La Russie fournit de manière fiable du pétrole, du gaz, du charbon et tout ce qui est nécessaire au développement énergétique de l'Inde", a-t-il expliqué. "Nous sommes prêts à continuer des livraisons sans interruption de pétrole pour l'économie indienne en croissance rapide", s'est-il engagé, alors que le chef du gouvernement indien est sous pression des Etats-Unis pour qu'il cesse ces achats de produits pétroliers russes, en pleine guerre en Ukraine.

Un peu plus tôt devant la presse, Narendra Modi a salué son invité comme un "véritable ami" et s'est montré optimiste sur une résolution pacifique du conflit russo-ukrainien. "Nous devons tous retrouver le chemin de la paix", a-t-il insisté. "Merci pour vos efforts visant à trouver un règlement à cette situation", lui a répondu Vladimir Poutine, louant par ailleurs les relations "profondes historiquement" et "de très grande confiance dans la coopération militaire et technique" entre l’Inde et la Russie.

Friedrich Merz en Belgique pour "convaincre" Bart De Wever sur les avoirs russes gelés

Le chancelier allemand Friedrich Merz se rend ce vendredi en Belgique pour "convaincre" son homologue belge du bien-fondé du plan de la Commission européenne de recourir aux avoirs russes gelés en Europe, a-t-il expliqué jeudi soir. "Je veux discuter […] de la manière dont nous pouvons faire avancer ma proposition, que la Commission a maintenant traduite en textes juridiques", a-t-il souligné lors d’une conférence de presse jeudi soir.

Mercredi, l’exécutif européen a présenté un plan pour financer l’Ukraine sur deux ans, mais l’une des options retenues, un recours aux avoirs russes gelés en Europe, se heurte toujours à l’hostilité de la Belgique. Car c’est dans ce pays qu’est basée la société Euroclear, qui détient quelque 210 milliards d’euros de ces avoirs, sur 235 milliards en tout dans l’UE.

"Je ne veux pas le persuader", a dit Friedrich Merz à propos de son homologue belge, mais "le convaincre que la voie que nous proposons ici est la bonne" pour "aider l’Ukraine". Selon la proposition de la Commission européenne, l’Allemagne "serait l’un des États garants possibles pour une sécurisation correspondante de ces actifs", a-t-il rappelé.

© afp.com/SEBASTIEN BOZON

Le président Emmanuel Macron s'exprime lors d'une réunion, le 28 novembre 2025 à Mirecourt (Vosges)
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Irlande : nouvelle incursion suspecte de drones lors de l’arrivée de Volodymyr Zelensky

Nouvelle alerte de sécurité dans le ciel européen. Tandis que les cas de survols de drones inconnus se multiplient sur le Vieux Continent depuis septembre, un nouvel épisode de ce type a eu lieu en Irlande, en début de semaine. Mais cette fois, l’affaire est évoquée avec encore plus de gravité. La raison ? L’avion du président ukrainien Volodymyr Zelensky, arrivé lundi 1er décembre à Dublin pour y rencontrer les dirigeants du pays, venait d’atterrir à l’aéroport de la capitale irlandaise quand l’incident est survenu.

Des drones sur la trajectoire prévue de l’avion de Zelensky

Que s’est-il passé précisément ? La presse irlandaise révèle que plusieurs drones - quatre ou cinq selon les sources – ont donc été repérés au large de Dublin. Plus inquiétant : comme l’explique le site web local The Journal, ces mystérieux engins ont été détectés dans la zone d’exclusion aérienne mise en place par les autorités du pays pendant la visite de Volodymyr Zelensky. L’avion du dirigeant a atterri en avance vers 23 heures, soit juste avant que les drones ne soient localisés… sur la trajectoire de l’appareil, à l’heure de passage initialement prévue par le plan de vol. Un bateau appartenant à la marine irlandaise, présent dans la zone, a ensuite été à son tour survolé. Le navire n’a pas pu intervenir pour neutraliser les drones.

D’après plusieurs sources interrogées par l’Irish Times, le président ukrainien n’aurait pas été véritablement mis en danger par ces machines. Les autorités s’orienteraient en priorité vers l’hypothèse d’une volonté de perturber le trafic aérien. Toutefois, l’origine inconnue de ces drones interroge. Le lieu de leur lancement demeure flou et aucun débris n’a été retrouvé depuis les faits. D’après les médias irlandais, il s’agirait de modèles de drones militaires, de grande taille et sophistiqués. Signe de la sensibilité du sujet, les forces de sécurité irlandaises n’ont pas souhaité apporter des détails sur les circonstances de l’affaire.

Nombreuses incursions en Europe ces derniers mois

"Le soutien des forces de défense à l’opération de sécurité […] a été déployé avec succès par de multiples moyens, permettant finalement une visite sûre et réussie du président Zelensky en Irlande", a simplement souligné un porte-parole de la défense irlandaise, sans souhaiter commenter davantage les faits. Toujours selon l’Irish Times, une des pistes envisagées pour expliquer l’incident est celle d’une implication des services de sécurité russes. Un tel scénario marquerait une nouvelle étape dans la guerre hybride menée par la Russie vis-à-vis des puissances européennes. D’autres sources relèvent néanmoins auprès du quotidien irlandais qu’aucune preuve n’a pour le moment été apportée pour appuyer cette hypothèse.

Roumanie, Pays-Bas, Allemagne… Depuis le début de l’automne, de nombreux pays européens ont été touchés par des incursions de drones, survolant entre autres des aéroports, des sites sensibles ou des bases militaires. Le mois dernier, la Belgique a fait appel à l’aide de plusieurs alliés – l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni – pour l’assister face aux menaces répétées de ces engins au-dessus de plusieurs installations stratégiques du pays. Mi-septembre, l’aéroport de Copenhague (Danemark) avait également été survolé par des drones inconnus. Paris avait alors dépêché de manière temporaire des militaires pour soutenir le royaume scandinave face à ce danger.

© Paul Faith / POOL / AFP

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, accompagné de son épouse Olena Zelenska, arrivant à l'aéroport de Dublin (Irlande), le 1ᵉʳ décembre 2025.
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Sous-marins nucléaires : menacé par Donald Trump, le pacte Aukus avec l’Australie finalement approuvé

L’Australie peut pousser un soupir de soulagement. Le Pentagone a réaffirmé jeudi 4 décembre l’engagement de Washington dans le pacte militaire Aukus conclu avec Londres et Canberra au détriment de la France, qui prévoit notamment la vente à l’Australie de trois sous-marins d’attaque à propulsion nucléaire.

Ce pacte avait été signé par Washington en 2021, sous l’administration de Joe Biden, avec le Royaume-Uni et l’Australie afin de chercher à juguler l’influence de la Chine dans le Pacifique. L’administration du président Donald Trump a toutefois demandé en juin un réexamen de l’accord, déclenchant des inquiétudes côté australien.

Au terme de cinq mois d’examen, le Pentagone a conclu que le pacte était "en accord avec la politique 'Amérique d’abord' du président Trump", a déclaré jeudi le porte-parole du Pentagone Sean Parnell dans un communiqué. "Conformément aux directives du président Trump selon lesquelles Aukus doit progresser 'à plein régime', le passage en revue a identifié des opportunités pour placer Aukus sur les bases les plus solides possibles", a-t-il ajouté, sans donner plus de précisions.

Défis techniques

Selon Joe Courtney, élu du Connecticut particulièrement impliqué dans ce dossier, l’examen a permis de vérifier que "ce plan s’accorde avec la défense des intérêts de notre pays en termes de sécurité nationale". "Il est important de noter que l’accord Aukus de 2021 a survécu à trois changements de gouvernement dans les trois pays et reste toujours solide", a-t-il souligné dans un communiqué.

Le projet présente toutefois de grands défis techniques. Le ministre américain de la Défense Pete Hegseth a reconnu un "fossé" entre les capacités de production actuelles et celles requises pour mener à bien et à temps la construction, aux Etats-Unis, des sous-marins. "La vente de trois sous-marins de classe Virginia à partir de 2032" n’est toutefois pas remise en question, estime Joe Courtney, pour qui le Congrès va soutenir les chantiers navals américains chargés de la construction.

Coup de poignard dans le dos français

A Canberra, le ministre de l’Industrie de la défense, Pat Conroy, s’est déclaré vendredi satisfait des conclusions américaines. L’Australie suivra "ses conclusions et ses recommandations pour améliorer encore davantage Aukus", a-t-il assuré, relevant qu’il appartenait à Washington de décider de publier ou pas le document.

L’annonce de ce pacte en 2021 avait été vécue à Paris comme un coup de poignard dans le dos car il avait vu Canberra annuler brutalement un mégacontrat avec la France pour des sous-marins conventionnels. Celui-ci portait sur la construction de 12 sous-marins conventionnels français qui auraient été construits en Australie.

Aukus prévoit, en plus de la livraison des sous-marins nucléaires d’attaque de classe Virginia, la fourniture à partir de 2040 d’une flotte de sous-marins furtifs également à propulsion nucléaire, pour un coût total d’environ 235 milliards de dollars sur 30 ans. Le contrat annulé aux dépens du français Naval Group aurait coûté quatre fois moins cher.

© afp.com/COLIN MURTY

Le sous-marin nucléaire d'attaque rapide USS Minnesota de la marine américaine, de classe Virginia, navigue au large des côtes de l'Australie occidentale, le 16 mars 2025
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"Ils se jouent de nous" : face aux pourparlers russo-américains, la grande méfiance des Européens

Ces pourparlers vont-ils vraiment aboutir ? Les États-Unis se montrent proactifs ces dernières semaines pour tenter de mettre un terme à la guerre en Ukraine, menée par le Kremlin depuis désormais près de quatre ans. Après le déplacement en Russie de Steve Witkoff et Jared Kushner, les émissaires de Donald Trump, plus tôt dans la semaine, de nouvelles discussions doivent avoir lieu entre les parties américaine et ukrainienne ce vendredi 5 décembre, en Floride (États-Unis), précise le Wall Street Journal. Mi-novembre, l’administration du président républicain avait également présenté un plan de paix en 28 points, sur le modèle de celui signé au Proche-Orient, comme cadre de ces négociations. Cette proposition reprenait un certain nombre de revendications de Moscou, ce qui avait suscité l’inquiétude des Européens.

Préoccupations européennes

Laissés à l’écart des échanges, les dirigeants des États du Vieux Continent n’ont pas vu leurs doutes se tarir à la lumière des derniers développements. Au contraire : leur méfiance à l’égard du pouvoir américain sur le dossier ukrainien a rarement paru aussi grande. Ce jeudi, le quotidien allemand Der Spiegel a révélé une série de notes secrètes, issues d’une réunion par téléphone de plusieurs chefs d’État et de gouvernement européens. Les principales puissances des 27 étaient représentées lors de cet appel, tenu lundi. Ces échanges traduisent de vives préoccupations vis-à-vis du cadre diplomatique imposé par Washington pour mener les tractations avec Kiev et Moscou.

Le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz, la Première ministre italienne Giorgia Meloni, le Premier ministre polonais Donald Tusk, le président finlandais Alexander Stubb, le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte ou encore la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participaient à l’appel. C’est aussi le cas de la Première ministre danoise Mette Frederiksen, du Premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre et du président du Conseil européen, Antonio Costa. Tous faisaient face au président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Les propos exprimés lors de cette réunion avaient vocation à rester confidentiels.

"Nous ne pouvons pas laisser l’Ukraine seule avec ces types"

D’après Der Spiegel, Friedrich Merz se serait montré particulièrement suspicieux à l’égard de Washington. Les Américains "se jouent de vous et de nous", a-t-il lancé au dirigeant ukrainien, l’appelant à "faire très attention dans les prochains jours". Le profil des négociateurs américains, Steve Witkoff en tête, a de quoi susciter des craintes dans le camp européen. "Nous ne pouvons pas laisser l’Ukraine et Volodymyr seuls avec ces types", a abondé Alexander Stubb, toujours selon le journal allemand. Le Finlandais constitue pourtant l’un des rares dirigeants d’un pays de l’UE qui trouve grâce aux yeux de Donald Trump, avec qui il a déjà partagé une partie de golf. Mark Rutte a pour sa part exhorté les Européens à "protéger" le président ukrainien.

Emmanuel Macron, lui, aurait évoqué lors de cet appel "le risque" selon lequel les États-Unis pourraient "trahir" l’Ukraine "sur la question des territoires sans qu’il y ait de garantie claire en matière de sécurité". "Nous avons notre propre compte-rendu de cet échange, dans lequel ce mot ne figure pas", a néanmoins démenti l’Élysée, interrogé par l’AFP. "Le président de la République a fait connaître publiquement sa position sur les négociations en cours entre Russie et les États-Unis, qui n’est pas différente en privé." Hormis cette mise au point, le reste des capitales européennes n’a pas souhaité réagir aux fuites publiées par le prestigieux média allemand. Silence radio, également, du côté américain.

© afp.com/Ludovic MARIN

Le Premier ministre polonais Donald Tusk, le chancelier allemand Friedrich Merz et le président français Emmanuel Macron, lors d'un sommet à Tirana (Albanie), le 16 mai 2025.
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L’actu à La Loupe : la question des élections au cœur des négociations entre Russes et Ukrainiens

Les rencontres clés se sont multipliées cette semaine autour de la guerre en Ukraine. D’abord, Emmanuel Macron recevait pour la deuxième fois en quinze jours le président Volodymyr Zelensky. Le président de la République s'est montré mesuré : "Pour le plan de paix complet, il faudra l’Ukraine autour de la table, la Russie autour de la table et les Européens autour de la table, donc ce n'est pas encore maintenant". "Nous devons également veiller à ce que le Russie n'ait pas l’impression d’obtenir une récompense pour cette guerre" a ajouté le président ukrainien.

Au même moment, une délégation ukrainienne se trouvait aux Etats-Unis, pour échanger avec le secrétaire d’Etat Marco Rubio. Puis, c’était au tour de Steve Witkoff, l’émissaire américain, d’être reçu à Moscou par Vladimir Poutine, qui a refusé le plan présenté, précisant que "les Européens n'ont pas de programme de paix, ils sont du côté de la guerre".

C’est donc une semaine décisive pour les négociations qui vient de s’écouler, alors que le plan russo-américain présenté le 21 novembre avait choqué l’Europe et l’Ukraine. Chaque point est depuis largement discuté : qu’il s’agisse des territoires occupés, des forces de sécurité garantes de la paix, des avoirs russes gelés... ou encore de la tenue d’élections en Ukraine... Un point crucial sur lequel nous éclaire Paul Véronique, journaliste au service Monde de L’Express.

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Cet épisode a été écrit par et présenté par Charlotte Baris, monté et réalisé par Jules Krot. Rédaction en chef : Thibauld Mathieur

Crédits : Le Monde, Huff Post

Musique et habillage : Emmanuel Herschon / Studio Torrent

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© afp.com/STEPHANE DE SAKUTIN

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, à gauche, et le président français Emmanuel Macron, à droite, le 1er décembre 2025, à l'Elysée, à Paris
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Les Etats-Unis vont déployer des drones kamikazes au Moyen-Orient, inspirés d’un modèle iranien

C’est un objet volant triangulaire, devenu tristement célèbre pour son utilisation répétée contre des villes ukrainiennes par la Russie. Les Etats-Unis vont s’inspirer des drones iraniens à bas coût Shahed-136, pour concevoir leur propre unité de drones kamikazes - la première déployée au Moyen-Orient.

Cette annonce s’inscrit dans la stratégie du secrétaire de la Défense américain, Pete Hegseth, baptisée "Domination par les drones", "visant à acquérir ces systèmes aériens bon marché fabriqués par des entreprises américaines et rapidement déployables sur le terrain", explique le Wall Street Journal. Cette initiative vise à relancer le développement de l’arsenal du Pentagone, tout en simplifiant les procédures d’achat.

C’est en effet l’une des leçons de la guerre qui se déroule actuellement aux portes de l’Europe : les conflits actuels et de demain auront un important recours à ces objets volants - rudimentaires certes, mais efficaces, reproduisibles rapidement et surtout, à moindre coût financier. "L’objectif est d’équiper chaque unité de l’armée de terre de petits drones d’attaque unidirectionnels d’ici la fin 2026", précise le WSJ.

Alternative bon marché

Le 3 décembre 2025, le Commandement central des Etats-Unis (CENTCOM) a ainsi lancé un groupe de travail, la Task Force Scorpion Strike, ayant pour but le déploiement de cette unité de drones d’attaques unidirectionnels (c’est-à-dire, conçus pour atteindre une cible spécifique, et délivrer une charge explosive). Ces drones FLM 136, appelés aussi LUCAS (acronyme en anglais de "Système d’attaque de combat sans pilote à faible coût"), sont élaborés par l’entreprise américaine SpektreWorks, basée en Arizona.

Ces drones "possèdent une grande autonomie et sont conçus pour fonctionner de manière autonome. Ils peuvent être lancés à l’aide de différents mécanismes, notamment des catapultes, des systèmes de décollage assisté par fusée et des systèmes mobiles terrestres et embarqués", précise le CENTCOM, dans un communiqué. Ils représentent également une alternative bon marché aux drones utilisés actuellement, les MQ-9 Reaper, d’une valeur de 16 millions de dollars - contre seulement 35 000 dollars pièce pour leur petit frère, LUCAS.

Dissuasif

"Équiper plus rapidement nos combattants aguerris de drones de pointe témoigne de l’innovation et de la puissance militaire américaine, ce qui dissuade les acteurs malveillants", déclare également l’amiral Brad Cooper, commandant du CENTCOM, en communiqué.

Le déploiement des drones FLM 136 intervient deux ans après que trois soldats américains ont été tués par des engins similaires, sur une base américaine de Jordanie, appelée Tour 22. "Au Moyen-Orient, où les adversaires utilisent des systèmes bon marché pour cibler les troupes américaines, le Pentagone s’éloigne des systèmes complexes qui mettent des années à être déployés sur le terrain", analyse ainsi le WSJ. L’escadron non identifié qui exploitera les drones LUCAS est actuellement basé au Moyen-Orient, mais dans un lieu tenu secret, précise le site spécialisé The Aviationist.

Il est commun que des armées étrangères s’inspirent d’autres fabrications pour concevoir leurs propres prototypes. L’Iran récupérait elle-même des drones américains accidentés, comme le RQ-170 Sentinel, utilisé par la CIA, pour analyser leur fabrication. Même chose dans la guerre en Ukraine, où les deux camps ont utilisé la rétro-ingénierie des systèmes de l’adversaire.

Néanmoins, il semblerait que malgré son gabarit similaire, le FLM 136 ne soit pas une copie parfaite, et ait des performances inférieures à celles du Shahed 136. Le modèle iranien "possède une autonomie d’environ 1 350 milles nautiques [2 500 kilomètres, NDLR]" et "une charge utile de 50 kilos" contre seulement "350 milles nautiques [650 kilomètres], une endurance de six heures et une charge utile de 18 kilos", compare The Aviationist.

© NurPhoto via AFP

Un drone iranien Shahed-136 présenté dans le parc aérospatial des gardiens de la révolution, à Téhéran. C'est ce modèle qui a inspiré les nouveaux drones américains FLM 136, bientôt déployés au Moyen-Orient.
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Au Groenland, la leçon de résistance du Danemark face à l’ogre Donald Trump

Chez les Inuits, le sens de l’humour relève de la politesse. N’en avoir aucun contrevient à la norme sociale, tout comme la mauvaise humeur, très mal vue. Pour les 57 000 habitants du Groenland, le comique, les fous rires, mais aussi les moqueries sont un mode de communication. Dans Les derniers rois de Thulé (1953), le géographe Jean Malaurie décrit une scène à l’intérieur d’un igloo où l’exubérance joyeuse contraste avec la rigueur glaciale de l’extérieur. La langue locale, le kalaallisut, est elle-même propice aux plaisanteries en raison de ses mots à rallonge. Une prononciation approximative est du plus bel effet comique. Ainsi "tukalaarivugut" ("Nous nous reverrons") peut facilement s’entendre "tutilaarivugut" ("La prochaine fois, nous dormirons sous la même couverture"). Mais, avec Donald Trump, fini de rigoler !

Dans l'Atlantique Nord, un territoire géant convoité par Washington.
Dans l'Atlantique Nord, un territoire géant convoité par Washington.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, le président "Maga" multiplie les coups de pressions sur le Groenland, où Washington possède une base aérienne depuis la Seconde Guerre mondiale – devenue, récemment, une base militaire d’observation spatiale. Cette hostilité, Mette Frederiksen ne l’a pas vu arriver. Depuis six ans pourtant, Donald Trump annonce son intention d’acquérir l’immense île – quatre fois la superficie de la France. L’ancienne colonie danoise, devenue semi-autonome en 2009, est "essentielle à la sécurité des Etats-Unis", déclare-t-il en 2019. Lorsque la Première ministre danoise qualifie l’idée d’absurde, c’est aussitôt la crise diplomatique. Donald Trump annule une visite d’Etat à Copenhague : il juge Mette Frederiksen "désagréable".

"A l’époque, tout le monde a pris l’idée de Trump pour une lubie extravagante, se souvient l’expert finlandais de l’Arctique Harri Mikkola. Mais, en fait, il était carrément sérieux." La preuve ? Washington rouvre alors un consulat à Nuuk. Mais quelques mois plus tard, ouf, Joe Biden est élu président. Et Mette Frederiksen n’envisage pas un instant un retour de Donald Trump au pouvoir. Quatre ans plus tard, le républicain américain remet ça ! Dès le mois de décembre 2024, alors qu’il n’est pas encore en poste, il écrit sur son réseau Truth social que l’acquisition du Groenland est une "absolue nécessité".

En janvier, il téléphone à Mette Frederiksen pour la pressuriser. Auprès de la chaîne NBC, il insiste : "Nous aurons le Groenland, 100 % sûr." Et, une fois à la Maison-Blanche, il envoie son vice-président, J.D. Vance, en service commandé sur la base spatiale de Pittufik. Son fils aîné, Donald Jr., lui, avait débarqué à Nuuk en janvier, quelques heures seulement, pour faire des selfies. A nouveau interrogé en mai, le président des Etats-Unis répète qu’il "ne peut exclure une annexion". Depuis, c’est le silence radio. Mais jusqu’à quand ? "Si nous avons appris quelque chose, c’est que Mette Frederiksen sait résister au gros temps, que soit face à Trump ou face à Poutine", constate, à Copenhague, l’expert militaire Rasmus Dahlberg. "Je ne partage pas ses idées de gauche, mais j’ai du respect pour son leadership en tant que chef de gouvernement", ajoute cet auteur d’ouvrages historiques – et fan de Bob Dylan.

La Première ministre danoise Mette Frederiksen, le 2 avril 2025 à Nuuk au Groenland (Danemark)
La Première ministre danoise Mette Frederiksen, le 2 avril 2025 à Nuuk au Groenland (Danemark)

De fait, face à Trump, la Première ministre a navigué aussi habilement qu’Erik le Rouge, premier Viking à poser le pied sur la terra incognita groenlandaise, en 985, et à la coloniser. "Tirant la leçon de 2019, elle a eu l’habileté de faire profil bas sans affronter Trump publiquement", complète l’expert danois Sten Rynning, qui vient de publier Nato, un ouvrage (non traduit en français) sur l’histoire de l’Otan. En coulisse, elle appelle toutefois à la rescousse ses partenaires de l’Union européenne, dont Emmanuel Macron, qui se rend à Nuuk en juin pour déclarer que "ce territoire n’est ni à vendre, ni à prendre".

Les Danois sont sous le choc

Elle annonce aussi un plan d’investissement de près de 4 milliards d’euros destinés à la sécurité de l’île, dont 16 avions de chasse américains F-35, des drones, deux navires brise-glace, une base de surveillance navale sur la côte Est, un port militaire à Nuuk. "Enfin, le Danemark mobilise le soft power du Conseil circumpolaire inuit (qui représente quelque 200 000 Inuits d’Alaska, du Canada, du Groenland et de Sibérie), indignés par l’unilatéralisme de Trump", explique Mikaa Mered, spécialiste du Groenland et auteur des Mondes polaires (PUF, 2019).

Un an après les provocations trumpiennes, les Danois sont encore sous le choc. "Leur déception est d’autant plus grande que leur pays, membre fondateur de l’Otan, a toujours été l’un des alliés les plus proches de Washington, reprend, en Finlande, Harri Mikkola, de l’Institut finlandais des affaires internationales (Fiia). Le Danemark a notamment perdu 43 soldats en Afghanistan – 200 autres ont été blessés. Aujourd’hui, la réputation des Etats-Unis auprès des Danois est au plus bas." Entre Mette Frederiksen et Donald Trump, la relation est polaire. D’ailleurs, en août dernier, la Première ministre était absente du bureau Ovale lors de la réunion consacrée à l’Ukraine, où Trump recevait plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement (Macron, Starmer, Merz, Meloni, Stubb, Zelensky et, pour l’UE et l’Otan, von der Leyen et Rutte). Et cela, alors que la Danoise assumait la présidence tournante de l’UE…

En parlant de l’annexion du Groenland mais aussi du Canada, Donald Trump agresse deux alliés otaniens d’un coup

Mikaa Blugeon-Mered

L’Américain a également semé la pagaille au sein du Conseil de l’Arctique. Composé de huit nations, ce forum intergouvernemental créé en 1996 était déjà amputé de la Russie, suspendue depuis 2023. "En parlant de l’annexion du Groenland mais aussi du Canada, dont il affirme qu’il pourrait devenir le 51e Etat américain, Donald Trump agresse deux alliés otaniens d’un coup, observe Mikaa Blugeon-Mered. Ce faisant, il a involontairement resserré les liens entre Copenhague et Nuuk." En mai, le Danemark a en effet cédé au Groenland la présidence tournante du Conseil de l’Arctique, afin d’y représenter le royaume scandinave – qui comprend le Groenland, les îles Féroé et le Danemark.

Et, en septembre, Mette Frederiksen a présenté des excuses officielles pour le terrible crime colonial "de stérilisation" commis par Copenhague – et évoqué dans l’excellent Alors tu veux acheter le Groenland…*, qui résume en 140 pages tout ce qu’il faut savoir sur la vaste île. Dans les années 1960 et 1970, Copenhague a mené une politique de contraception forcée en imposant la pose de stérilets sur 4 500 jeunes femmes inuites, soit la moitié de la population fertile de l’île. Un douloureux passé… qui ne passe pas.

Les Groenlandais ne veulent pas être Américains

Pendant ce temps, de nombreux stratèges américains se projettent, eux, dans l’avenir. Leur analyse : le Groenland constitue un enjeu majeur dans le cadre de la rivalité avec la Chine et son allié russe. Et cela, dans au moins trois domaines : l’énergie, la défense et le transport. Très dominante sur le marché, la Chine produit aujourd’hui 70 % des "terres rares", ces métaux essentiels qui entrent dans la fabrication des fuselages d’avion, des radars, des batteries ou des smartphones. Or, après la Chine et la Russie, le Groenland est le troisième endroit du monde où l’on trouve cette ressource en quantité. Deux mines sont déjà exploitées au Groenland, qui réduisent la dépendance vis-à-vis de Pékin.

Deuxième sujet : la défense. Comme au temps de la guerre froide, la région polaire est le premier endroit de la planète où voleraient les missiles entre la Russie et les Etats-Unis en cas de conflit nucléaire. Il est donc nécessaire d’y maintenir une présence stratégique. C’est de là que peuvent être repérés, avec quinze minutes d’avance sur leur point d’arrivée, les missiles ennemis. En outre, l’île danoise constitue une pièce majeure dans le puzzle de l’Atlantique Nord. Tout comme l’Islande, le Svalbard et la Scandinavie, les Américains la considèrent comme une zone tampon et un poste avancé pour leur défense, à l’instar de Hawaï ou de Guam, qui procurent aux Etats-Unis de la "profondeur stratégique" dans le Pacifique.

Enfin, la fonte de la calotte glaciaire est en train de redéfinir le commerce international. La route du nord-est (voir la carte, ci-contre) est déjà navigable pendant deux mois d’été, ce qui réduit de 40 % le temps de trajet par rapport à la route traditionnelle du canal de Suez. L’autre voie arctique, le long du Canada, bloquée par des accumulations de glace, est plus compliquée à emprunter. "L’Arctique est la région la plus isolée du monde mais elle est traversée par tous les grands enjeux", conclut l’ex-sénateur français André Gattolin, connaisseur du sujet de longue date.

Par un hasard du calendrier, les Groenlandais ont, cette année, été appelés aux urnes et ont élu un nouveau gouvernement de coalition, qui se dit hostile au rattachement avec les Etats-Unis. Et, selon un récent sondage, si les habitants devaient choisir, 55 % opteraient pour la nationalité danoise, 8 % pour la nationalité américaine. "Trumpip tassumanngilanga", c’est-à-dire : "Trump n’a pas apprécié."

Paru en 2025, Alors tu veux acheter le Groenland..., par Elizabeth Buchanan (éd. Saint-Simon) résume en 140 pages tout ce qu'il faut savoir sur le Groenland.
Paru en 2025, Alors tu veux acheter le Groenland..., par Elizabeth Buchanan (éd. Saint-Simon) résume en 140 pages tout ce qu'il faut savoir sur le Groenland.

*Alors tu veux acheter le Groenland… Des Vikings à Trump, par Elizabeth Buchanan (Saint-Simon). Préface de Mikaa Blugeon-Mered.

© L'Express

Comment Donald Trump veut s'emparer du Groenland ?
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"Sleepy Donald" : après s’être moqué de Joe Biden, Trump aussi pique du nez en pleine réunion

Après "Sleepy Joe" - le surnom donné à l’ex-président Joe Biden pour ses moments d’absences en plein débat, ou sa capacité à s’assoupir lors de réunions publiques - va-t-on s’habituer à voir Donald Trump piquer un somme en plein conseil des ministres ? C’est ce qui est arrivé, mardi 2 décembre, au président américain, et peu plus tôt, le mois dernier, lors d’une réunion dans le bureau Ovale - lui valant le joyeux surnom de "Dozy Don" (le Donald somnolent).

Une situation d’autant plus cocasse que le président, qui fêtera ses 80 ans en juin prochain, a ouvert la réunion de mardi en fustigeant un article du New York Times s’interrogeant sur sa santé et remarquant qu’il était moins actif que lors de son premier mandat, en 2017. Le journal souligne que le milliardaire a réduit son nombre d’apparitions publiques ou de déplacements dans le pays, et que son agenda a été allégé, avec un programme se déroulant plutôt l’après-midi. L’article attire également l’attention sur un IRM passé en octobre.

"Plus vif qu’il y a 25 ans"

Mais pour Donald Trump les journalistes à l’origine de cette enquête sont "complètement fous". "Je vous le dirai quand quelque chose n’ira pas", a-t-il assuré, disant se sentir "plus vif qu’il y a 25 ans". Une tirade qui semble avoir vidé Donald Trump de son énergie pour le reste de l’après-midi… Ce dernier ayant commencé à piquer du nez environ quinze minutes après, selon CNN.

Sur les images de la télévision américaine, on le voit ainsi fermer les yeux pendant de longues minutes, à plusieurs reprises. Y compris lors d’une intervention d’un membre de son cabinet complimentant sa politique, ou encore, lorsque le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio, assit à ses côtés, lance une blague à laquelle Donald Trump ne réagit quasiment pas.

@cnn

President Trump appeared to doze off during a Cabinet meeting on Tuesday. As members of his cabinet heaped praise on the president, his eyes appeared to close multiple times as they spoke. #cnn #news #politics

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"Dozy Don"

Une scène qui a valu des railleries à "Dozy Don", obligeant la porte-parole de la Maison-Blanche à le défendre dans la presse, assurant que Donald Trump avait écouté religieusement "et dirigé l’intégralité de la réunion marathon de trois heures du Cabinet". D’autant que c’est la seconde fois, en un mois, que Donald Trump lutte acharnement pour ne pas cligner des yeux en public, comme le 6 novembre dans le bureau Ovale, où il est apparu enfoncé dans son fauteuil, disposé à une bonne sieste.

Ces événements auraient presque pu passer inaperçus… si Donald Trump n’avait pas passé ces dernières années à se moquer de la sénilité de Joe Biden, dont le cancer a été révélé après la campagne. Le républicain, de retour au pouvoir après une campagne marquée par ses meetings où il haranguait la foule pendant des heures, adore jouer la comparaison avec son rival, qui avait renoncé à se présenter à sa réélection après une performance désastreuse à un débat et des pressions internes.

En 2021, après que Joe Biden a semblé s’endormir lors d’une conférence sur le climat en Ecosse, Donald Trump déclarait déjà : "Personne qui a un véritable enthousiasme et une véritable conviction à propos d’un sujet ne s’endormira jamais !". Plus récemment, en janvier 2025, il est revenu à la charge au moment de la publication de photos de Joe Biden en vacances : "La seule chose que j’admire chez Sleepy Joe est la suivante. Il va à la plage, s’allonge sur un transat et en quelques minutes, il dort, avec des caméras qui le regardent", s’était-il moqué.

Doutes sur sa santé

La santé du président de la première puissance mondiale est souvent l’objet de spéculations. Donald Trump, plus vieux chef d’Etat américain à avoir prêté serment, le sait, et voue une obsession à balayer toute suspicion sur son état de santé.

En 2015, il était même allé jusqu’à faire écrire une fausse lettre à un médecin, rappelle CNN. "Durant le premier mandat de Trump, le Dr Harold Bornstein, qui avait écrit une lettre élogieuse sur sa santé, a déclaré que Trump avait dicté toute cette lettre. Celle-ci affirmait de manière invraisemblable que Trump serait 'la personne la plus saine jamais élue à la présidence', alors qu’il avait près de 70 ans à l’époque et qu’il était notoirement réfractaire à l’exercice physique", rappelle la chaîne de télévision.

Récemment, les critiques récurrentes sur un manque de transparence de la Maison-Blanche sur la santé du président ont forcé son médecin officiel à finalement communiquer cette semaine, assurant que l’examen était "préventif" et avait démontré une "excellente" santé cardiovasculaire du président. Nous voilà donc rassurés.

© ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP

Le président américain a semblé s’assoupir à deux reprises en l’espace d’un mois, lors de réunions publiques.
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Empoisonnement au Novitchok : Vladimir Poutine porte la "responsabilité morale" de la mort d’une Britannique

Le Royaume-Uni a convoqué jeudi 4 décembre l’ambassadeur russe et sanctionné l’intégralité du renseignement militaire de ce pays après qu’une enquête a conclu à la "responsabilité morale" du président Vladimir Poutine dans la mort d’une Britannique, empoisonnée au Novitchok en 2018.

Moscou a toujours nié être impliqué

Dawn Sturgess, mère de famille de 44 ans, est décédée en juillet 2018 en Angleterre, quelques mois après la tentative d’empoisonnement de l’ex-agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, qui ont eux survécu. L’affaire avait provoqué une crise diplomatique entre la Russie et le Royaume-Uni, et des expulsions réciproques de diplomates, un fait sans précédent depuis la fin de la Guerre froide. Moscou a toujours nié être impliqué.

Dawn Sturgess est la "victime innocente d’une tentative d’assassinat menée par des agents d’une organisation étatique russe dans les rues de Salisbury", ville du sud-ouest de l’Angleterre, a conclu Anthony Hugues, président de l’enquête indépendante qui rendait ses conclusions jeudi.

Le ministère britannique des Affaires étrangères a annoncé dans la foulée avoir convoqué l’ambassadeur russe, Andreï Kelin, et infligé des sanctions contre "l’intégralité" du renseignement militaire russe (GRU), jugé responsable de la mort de Dawn Sturgess. "Les empoisonnements de Salisbury ont choqué la nation et les conclusions d’aujourd’hui rappellent avec gravité le mépris du Kremlin pour les vies d’innocents. La mort inutile de Dawn est une tragédie", a déclaré le Premier ministre Keir Starmer, cité dans le communiqué du Foreign Office.

La conduite des agents du GRU, "de leurs supérieurs et de ceux qui ont autorisé la mission, y compris le président Poutine, a été incroyablement irresponsable", a souligné l’ancien juge Anthony Hugues. "Il existe un lien direct entre les actions de ces individus et la mort de Dawn Sturgess. Ils portent, à eux seuls, la responsabilité morale de cet évènement", a-t-il insisté.

Le 4 mars 2018, Sergueï et Ioulia Skripal avaient été retrouvés inconscients sur un banc de Salisbury, puis hospitalisés dans un état grave. Quatre mois plus tard, Dawn Sturgess s’est servie de ce qu’elle pensait être un parfum, dans un flacon trouvé par son compagnon dans une poubelle à Amesbury, à une quinzaine de kilomètres de là.

Les agents russes impliqués ont "imprudemment jeté cette bouteille dans un lieu public ou semi-public avant de quitter Salisbury. Ils n’ont pas pris en considération le danger de mort ou de blessures graves pour un nombre incalculable d’innocents", a déclaré Anthony Hughes. Outre le GRU, les nouvelles sanctions visent onze personnes "responsables d’activités hostiles pour le compte de l’Etat russe", y compris pour le GRU.

En juillet dernier, le Royaume-Uni avait déjà sanctionné 18 personnes et trois unités du renseignement militaire russe, accusées "d’avoir mené une campagne malveillante en ligne pendant plusieurs années". Trois agents des services de renseignement russes ont été inculpés dans l’enquête pénale britannique sur la mort de Dawn Sturgess, et sont sous le coup de mandats d’arrêt. S’il souligne des "manquements" dans la manière dont les autorités ont géré les mesures de sécurité autour de Sergueï Skripal, le rapport d’enquête publié jeudi n’a pas conclu que les autorités britanniques avaient sous-estimé le risque d’assassinat qui pesait sur lui et sa fille à l’époque.

"Les seules mesures qui auraient pu éviter l’attaque auraient consisté à le cacher complètement sous une toute nouvelle identité et à empêcher toute forme de contact entre lui et sa famille. En 2018, le risque n’était pas suffisamment grave pour justifier des précautions aussi importantes", a déclaré M. Hughes.

Pour protéger leur sécurité, Sergueï et Ioulia Skripal, qui vivent cachés sous protection policière, n’ont pas été auditionnés lors de l’enquête publique. Mais l’ancien agent double avait lui aussi directement mis en cause le président russe dans son témoignage écrit. "L’enquête a conclu que Dawn avait été une victime totalement innocente", ont salué ses proches après la parution du rapport. Mais ils se disent très "inquiets" par les questions "laissées sans réponse" dans le rapport, qui "ne contient aucune recommandation" pour éviter qu’un tel drame ne se reproduise.

© AFP

Le président russe Vladimir Poutine porte la "responsabilité morale" de la mort en 2018 d'un Britannique, victime collatérale de l'empoisonnement au Novitchok de l'ex-agent double russe Sergueï Skripal, selon les conclusions d'un enquête indépendante publiées jeudi.
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Camps de "rééducation" : Kiev accuse Moscou d’envoyer des enfants ukrainiens en Corée du Nord

L'Ukraine a accusé jeudi 4 décembre la Russie d'envoyer vers des camps de "rééducation" en Corée de Nord des enfants ukrainiens "enlevés" par Moscou dans les territoires occupés par l'armée russe. Dans un communiqué, le médiateur ukrainien pour les droits humains, Dmytro Loubinets, a évoqué de nouvelles "informations" faisant état de l'existence de camps en Corée du Nord où des enfants ukrainiens sont soumis, selon lui, à une "russification" et une "militarisation" forcées.

"Chaque enfant doit être retrouvé, protégé et ramené chez lui. Les enfants ukrainiens ne peuvent pas être des armes entre les mains de l'agresseur", a plaidé Dmytro Loubinets.

165 "camps de rééducation"

La veille, lors d'une audition devant le Sénat américain, Kateryna Rachevska, une responsable d'une ONG ukrainienne, Regional Center for Human Rights, a déclaré que son organisation avait recensé 165 "camps de rééducation" pour enfants ukrainiens enlevés par Moscou. Selon elle, ces lieux se trouvent dans les territoires ukrainiens occupés, en Russie, au Bélarus et en Corée du Nord.

Kateryna Rachevska a affirmé que, selon son ONG, deux enfants venant respectivement de la Crimée annexée et de la partie de la région de Donetsk sous contrôle russe avaient notamment été envoyés dans un camp à Songdowon, en Corée du Nord, à 9 000 km de l'Ukraine. "On y enseignait aux enfants à 'détruire les militaristes japonais' et ils ont rencontré des anciens combattants (nord-coréens, NDLR) qui avaient attaqué en 1968 le navire Pueblo de l'US Navy", a-t-elle affirmé, une attaque qui avait alors suscité une crise entre Washington et Pyongyang.

Moscou assure avoir sauvé ces enfants

L'Ukraine accuse la Russie d'avoir enlevé au moins 20 000 enfants ukrainiens depuis le début de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine, en février 2022, et que seuls 1 850 d'entre eux ont pu être récupérés.

En 2023, la Cour pénale internationale a émis un mandat d'arrêt contre Vladimir Poutine pour la "déportation illégale" d'enfants des zones occupées d'Ukraine vers la Russie. Moscou dément ces accusations, assurant avoir sauvé ces enfants de la guerre et avoir mis en place des procédures pour les réunir avec leurs familles.

L'Assemblée générale de l'ONU a appelé mercredi au retour immédiat et inconditionnel des enfants ukrainiens "transférés de force" en Russie, une question sensible dans les très difficiles négociations en cours sur un éventuel accord entre Kiev et Moscou pour trouver une issue au conflit, le plus meurtrier en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale.

© © Adrien Vautier / Le Pictorium

Le 22 mars 2023, à Kiev. Nikita 10 ans, Dyana, 14 ans et Yana 11 ans débarquent tout juste après plus de 5 mois de déportation côté russe. Ils avaient disparu sans bruit, dans la tourmente de la guerre, le vendredi 07 octobre 2022 à Kherson. Les déportations illégales de petits Ukrainiens, qui valent à Vladimir Poutine un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, concernent plus de 16 000 mineurs identifiés emmenés sur le sol russe ou dans les territoires occupés. Mais en réalité, les autorités ignorent combien d'enfants doivent être recherchés.
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Cryptos, Bourses, gestionnaires d’actifs… Bientôt un super gendarme financier européen ?

Confier à un puissant gendarme la surveillance d’une large partie des acteurs financiers de l’UE : c’est la mesure phare d’un projet dévoilé ce jeudi 4 décembre par Bruxelles qui pourrait bouleverser la régulation financière du continent, en quête d’autonomie face aux Etats-Unis de Donald Trump. La Commission européenne a détaillé une série de propositions visant à confier à l’autorité européenne des marchés financiers Esma (une agence ayant pour l’instant un simple rôle de coordination) des pouvoirs renforcés au détriment des régulateurs nationaux.

Un premier pas vers la création d’un marché des capitaux européen unifié, à même de rivaliser avec les autres puissances financières mondiales, selon Bruxelles. "Ne pas agir ne mènera qu’à une voie : une Europe qui investit trop peu, croît trop lentement et se fait distancer sur le plan géopolitique", a déclaré la Commissaire aux Services financiers Maria Luis Albuquerque, lors d’une conférence de presse.

Des Etats trop laxistes

Le projet envisage de transférer à l’Esma la supervision et l’octroi des licences d’exercice pour les prestataires de services liés aux cryptomonnaies. Ce rôle revient pour le moment aux autorités nationales, mais certains Etats sont accusés d’être trop laxistes. L’Esma a relevé des manquements à Malte, où le secteur est florissant, et qui s’oppose logiquement à toute centralisation.

L’institution aurait aussi la charge de surveiller toutes les infrastructures de marchés "significatives", c’est-à-dire ayant une taille suffisamment importante ou des activités transfrontalières. Cela concernerait les places boursières, mais aussi les chambres de compensation qui servent d’intermédiaire pour sécuriser et réaliser des transactions, ou les dépositaires centraux qui les enregistrent. L’Esma aurait enfin un "rôle de surveillance renforcé" des "grands groupes de gestion d’actifs". Elle pourrait aller jusqu’à suspendre les permis européens des fonds en cas de manquement grave de leur gestionnaire et d’inaction des autorités locales.

Pour assurer ces missions, l’Esma, qui réunit les représentants des autorités nationales avec un rôle surtout consultatif, serait dotée d’un nouvel exécutif indépendant, avec des pouvoirs renforcés.

Le projet pourrait provoquer un vif débat entre Etats membres. Si la France pousse pour donner plus de pouvoir à l’Esma, basée à Paris, le Luxembourg, place forte de la gestion d’actifs en Europe, tient à conserver une régulation nationale adaptée aux demandes locales. L’Allemagne qui cherche à préserver la place de Francfort, se dit favorable "à un renforcement de la convergence", mais veut que cela "apporte une valeur ajoutée", selon son ministère des Finances.

© afp.com/JAMES ARTHUR GEKIERE

La Commission européenne veut créer un super gendarme financier.
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L’Union européenne ouvre la porte à une nouvelle génération d’OGM non "transgéniques"

Les députés européens et les Etats membres ont scellé un accord dans la nuit du mercredi 3 au jeudi 4 décembre pour développer les plantes issues de nouvelles techniques génomiques (NGT) dans l’agriculture au sein de l’UE.

Qualifiées de "nouveaux OGM" par leurs détracteurs, ces NGT permettent de modifier le génome d’une plante mais sans introduire d’ADN étranger, contrairement aux OGM de première génération. Les semences obtenues par NGT sont donc bien des organismes génétiquement modifiés mais ne sont pas "transgéniques".

Les gros syndicats agricoles soutiennent ces techniques pour développer des variétés plus résistantes aux aléas climatiques et moins gourmandes en engrais. L’eurodéputée suédoise Jessica Polfjärd (PPE, droite), rapporteure de ce texte, s’est réjouie d’une "avancée majeure". "Cette technologie permettra de cultiver des plantes résistantes au changement climatique et d’obtenir des rendements plus élevés sur des surfaces plus réduites", a-t-elle assuré. Le centriste français Pascal Canfin a lui aussi salué une "excellente nouvelle", avec "davantage de solutions pour lutter contre les pénuries d’eau, la sécheresse, la hausse des températures".

Pas d’autorisation dans l’agriculture biologique

Le compromis assouplit les règles actuelles pour une partie des NGT, dits de catégorie 1 qui, sous réserve d’un nombre limité de mutations, seront considérés comme équivalents aux variétés conventionnelles. Les NGT résistantes aux herbicides ou produisant des insecticides ne seront pas autorisées sur le marché, au nom de la durabilité. Et dans l’agriculture biologique, aucune NGT ne sera autorisée.

L'autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA) s'était montrée favorable à l'approche de Bruxelles visant à autoriser une partie des NGT. Plus prudente, l'agence sanitaire française, l'Anses, avait quant à elle préconisé dans un avis de 2024 une évaluation "au cas par cas" des "risques sanitaires et environnementaux" avant toute mise sur le marché.

Le débat sur ces biotechnologies est tendu en Europe, où cette édition génomique est aujourd’hui classée dans la catégorie des OGM, tous interdits à la culture, à l’exception du maïs Monsanto 810, cultivé sur de petites surfaces en Espagne et au Portugal. La simplification des règles était réclamée par la puissante organisation agricole Copa-Cogeca, comme par les grands semenciers, au nom de la compétitivité européenne face aux Etats-Unis et à la Chine, qui autorisent les NGT. Le Copa-Cogeca, qui regroupe les syndicats agricoles majoritaires, appelait à "libérer le potentiel" des NGT afin de placer "l'Europe sur un pied d'égalité avec ses principaux concurrents". 

"On joue aux apprentis sorciers"

Des organisations environnementales et le secteur de l’agriculture biologique dénoncent à l’inverse une pente dangereuse qui pourrait faire "courir des risques majeurs pour notre agriculture et notre alimentation", avance l’ONG Pollinis. L’une de ses responsables Charlotte Labauge pointe notamment l’absence d’étiquetage dans les produits finaux, "une atteinte grave aux droits fondamentaux des consommateurs", estime-t-elle. Selon l’accord, la présence de NGT de catégorie 1 devra figurer sur les sacs de semences achetés par les agriculteurs, mais pas dans l’étiquetage du produit final.

Les débats se sont éternisés pendant plusieurs mois au sein de l’Union européenne sur cette question de la traçabilité ainsi que sur les brevets dont pourront bénéficier ces NGT. Des Etats redoutaient que ces brevets viennent déstabiliser le secteur agricole. Des ONG mettent aussi en garde contre une concentration de brevets onéreux aux mains de multinationales, au détriment de petits agriculteurs.

Au Parlement, le socialiste français Christophe Clergeau a critiqué le compromis scellé dans la nuit. "On joue aux apprentis sorciers, on enlève aux consommateurs leur liberté de choix" et "on jette les agriculteurs dans les bras de grands groupes internationaux", a-t-il affirmé auprès de l’AFP.

Cet accord, notamment soutenu par le Danemark, qui occupe la présidence tournante de l’Union européenne jusqu’à fin décembre, doit désormais être approuvé une dernière fois par les Etats membres et le Parlement européen, pour entrer en vigueur. Entre la phase de test des nouvelles variétés et leur commercialisation, il faudra plusieurs années avant que des aliments produits avec des NGT arrivent dans les assiettes des Européens.

© afp.com/JOEL SAGET

Récolte du blé à Saint-Philbert-sur-Risle, dans l'Eure, le 15 août 2021
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"Vladimir Poutine savoure la situation" : les négociations sur l’Ukraine vues de l’étranger

Alors que les négociateurs américains font depuis plusieurs jours des allers-retours entre Vladimir Poutine et les équipes ukrainiennes, de New York à Londres, les analyses de la presse anglophone semblent converger vers une conclusion : les pourparlers de paix pilotés depuis Washington butent surtout sur Vladimir Poutine, tandis que la Maison-Blanche de Donald Trump fait face à des choix qui pourraient laisser l’Ukraine encore plus isolée.

Le New York Times rappelle d’abord l’échec du calendrier fixé par Donald Trump : "Le président voulait que Moscou et Kiev parviennent à un accord d’ici Thanksgiving". Un ultimatum politique qui s’est rapidement heurté à la réalité d’un Kremlin inflexible et d’une Ukraine incapable d’accepter les concessions exigées, concernant notamment certains des territoires actuellement occupés par les troupes russes, que les deux camps refusent de céder.

Résultat : Donald Trump se retrouve "face à un ensemble de choix difficiles, mais familiers", estime le quotidien américain. Celui-ci évoque un dilemme désormais assumé à Washington : faire pression sur Kiev ou reconnaître l’échec d’une stratégie menée à marche forcée. Après une rencontre organisée mardi à Moscou entre Steve Witkoff, Jared Kushner et Vladimir Poutine, considérée par beaucoup comme un échec, une délégation ukrainienne retrouve ce jeudi 4 décembre les négociateurs de Donald Trump, faisant tout de même subsister l’espoir d’un certain progrès.

Quelle que soit l’issue, il semble désormais clair que Donald Trump "devra attendre — peut-être des semaines, peut-être même au-delà du quatrième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, fin février" juge le New York Times.

L’obstacle, c’est Poutine

Pour CNN, l’équation est encore plus simple. "Vladimir Poutine ne veut pas d’accord, et le fait qu’on le supplie d’en envisager un est pour lui une situation qu’il savoure" estime la chaîne de télévision progressiste américaine.

Même constat sans détour pour le quotidien britannique The Guardian, pour qui la possibilité d’un accord de paix se heurte à "un obstacle inévitable et insoluble : Poutine lui-même". Le quotidien britannique estime que la rencontre à Moscou n’a servi qu’à réitérer les exigences russes, en attendant que le rapport de force politique américain évolue au profit de la Russie. Avant de critiquer la diplomatie parallèle menée par des proches de Donald Trump. "Poutine ne veut pas voir Witkoff venir à Moscou pour mener ces discussions" pointe le média, relevant l’irritation du Kremlin face à une négociation menée par des "dealmakers" sans légitimité institutionnelle.

CNN détaille également les conséquences pour l’Ukraine. "On ne peut pas sous-estimer les dégâts causés au moral ukrainien", rappelle le média, soulignant qu’entre sanctions fluctuantes, menaces de couper l’aide militaire et déclarations contradictoires, Washington mine la résilience d’un pays déjà épuisé après quatre années de conflit.

La menace de l’échec américain

"Donald Trump est pris entre le marteau et l’enclume" tranche quant à lui The Telegraph, qui décrit un président acculé. D’un côté, par une Russie inflexible, et de l’autre par une Ukraine soutenue par des Européens qui refusent les concessions envisagées par Washington. Et de décrire un scénario que redoutent les Européens : "Il existe une réelle possibilité que Donald Trump décide de se retirer du cœur des négociations de paix et de se laver les mains de la guerre", pour se recentrer sur ses priorités intérieures ou sur d’autres dossiers internationaux, juge le journal.

Dans les médias anglophones, un même diagnostic se dessine donc : le Kremlin dicte fermement le tempo des négociations, convaincu que le temps joue en sa faveur, tandis que l’Ukraine paie le prix de l’imprévisibilité américaine et des signaux contradictoires envoyés par la Maison-Blanche. Donald Trump, qui cherche une victoire rapide à afficher, voit au contraire s’éloigner la perspective d’un accord.

© AFP

Le Guardian pointe l’irritation du Kremlin face à une négociation menée par des "dealmakers" sans légitimité institutionnelle.
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Condamnation de Christophe Gleizes en Algérie : Emmanuel Macron promet d’agir pour "sa libération"

Emmanuel Macron a "appris avec une profonde inquiétude la condamnation en appel" à sept ans de prison du journaliste français Christophe Gleizes en Algérie, a déclaré ce jeudi 4 décembre l’Elysée. "Il lui adresse ses pensées ainsi qu’à sa famille. Nous continuerons d’agir auprès des autorités algériennes pour obtenir sa libération et son retour en France dans les plus brefs délais", a ajouté la présidence française au lendemain de la décision de justice.

Emprisonné depuis juin pour "apologie du terrorisme", le journaliste sportif, collaborateur des magazines So Foot et Society, a vu mercredi sa peine de sept ans d’emprisonnement confirmée.

"On regrette cette décision. Dont acte. […] Il y a des discussions en cours, on va les poursuivre avec la partie algérienne" et la question de la libération de Christophe Gleizes "sera un élément déterminant", a de son côté commenté le ministre de l’Intérieur sur France 2. "Nous allons peser de tout notre poids pour obtenir la libération" de Christophe Gleizes, et ce sera "un élément majeur des discussions en cours", a insisté Laurent Nuñez.

Christophe Gleizes, 36 ans, s’était rendu en Algérie en mai 2024 pour un article sur le club de football le plus titré du pays, la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), basé à Tizi Ouzou, à 100 kilomètres à l’est d’Alger. Arrêté le 28 mai 2024 et placé sous contrôle judiciaire, il avait été condamné en juin dernier pour "apologie du terrorisme" en première instance à sept ans de prison et est depuis incarcéré.

Appel à une grâce présidentielle

Cette première condamnation avait été prononcée au pic d’une grave crise entre la France et l’Algérie, marquée notamment par le retrait des deux ambassadeurs et des expulsions réciproques de diplomates. Christophe Gleizes dispose désormais d’une semaine pour se pourvoir en cassation.

"On appelle à la grâce présidentielle, on appelle à la libération dès demain", a déclaré ce jeudi sur France Inter Maxime Gleizes, frère cadet du journaliste. "Avec la diplomatie entre la France et l’Algérie qui semblait s’apaiser, on avait beaucoup d’espoir […] On a cru à sa libération hier soir, et là, on a ce sentiment d’avoir été menés en bateau", a-t-il déploré. "J’ai l’impression d’être un peu Don Quichotte qui se bat contre les moulins à vent, mais on est encore là […] et donc on se mobilise", a-t-il ajouté.

"La grâce présidentielle serait la possibilité de liberté la plus proche", a-t-il expliqué. La stratégie reste toutefois incertaine. "Si on passe en cassation, une grâce présidentielle pourrait aussi être possible… Mais il faudrait arrêter la procédure de cassation. Donc on est en discussion avec RSF, So Press (le groupe pour lequel travaille le journaliste, ndlr) et ma famille pour savoir quelle sera la meilleure procédure", a-t-il précisé.

Sur RTL, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, libéré le mois dernier après près d’un an d’incarcération en Algérie, s’est dit quant à lui "effondré parce que l’État algérien n’avait pas besoin de poursuivre dans cet acharnement" et a dénoncé en Algérie "une dictature qui n’arrive pas à se corriger, à prendre des manières un peu plus civilisées". "Elle est brutale et méchante et cruelle", a-t-il jugé.

© afp.com/Handout

Le journaliste Christophe Gleizes, sur une photographie sans lieu ni date, diffusée le 30 janvier 2025 par sa famille
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Ukraine : Donald Trump assure que Vladimir Poutine "veut mettre fin à la guerre"

Donald Trump se veut rassurant : ses équipes ont eu "l’impression" au cours des derniers jours d’intenses pourparlers que "Vladimir Poutine veut mettre fin à la guerre", a déclaré mercredi le président américain. Une faible garantie qui pourrait ne pas s’avérer suffisante pour les responsables ukrainiens, qui rencontrent ce jeudi 4 décembre à nouveau l’émissaire américain Steve Witkoff. Pendant ce temps, le président français cherche le soutien de la Chine, seul pays à pouvoir influencer la Russie sur le sujet de l’Ukraine, durant une visite diplomatique en grande pompe à Pékin, qui durera jusqu’à vendredi.

Les infos à retenir :

⇒ Donald Trump assure que Vladimir Poutine "veut mettre fin à la guerre"

⇒ Emmanuel Macron demande à la Chine de coopérer sur l’Ukraine

⇒ Londres et Oslo vont traquer ensemble les sous-marins russes

Londres et Oslo vont traquer ensemble les sous-marins russes

Le Royaume-Uni et la Norvège ont signé ce jeudi un nouvel accord de coopération dans la défense, prévoyant d’opérer ensemble une flotte de frégates pour "traquer les sous-marins russes" en Atlantique Nord, face à l'exacerbation des tensions avec Moscou.

Cet accord intervient quelques mois après l’annonce de l’achat par la Norvège d’au moins cinq frégates de Type 26 du groupe britannique BAE Systems, pour un montant de 10 milliards de livres (11,5 milliards d’euros). Il "porte (notre relation) à un niveau encore supérieur", s'est félicité le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui a reçu son homologue norvégien Jonas Gahr Støre à Downing Street. Ce dernier a loué un partenariat "très important". "Nous partageons une vision très similaire des défis de sécurité qui nous attendent, et nous voulons les anticiper et non les subir", a-t-il insisté.

Avec cet accord, les deux pays opéreront bientôt de façon "interchangeable" une flotte d’au moins 13 frégates, huit Britanniques et celles commandées par Oslo. Capable de "se déployer rapidement où que ce soit", elle veillera notamment à "traquer les sous-marins russes et protéger les infrastructures critiques britanniques", et patrouillera entre le Groenland, l'Islande et le Royaume-Uni, afin notamment de défendre les câbles sous-marins, électriques et les gazoducs, essentiels à la sécurité de l'Europe.

Infrastructures attaquées en Ukraine : Berlin promet une nouvelle aide malgré un scandale de corruption

L''Allemagne a promis jeudi une aide supplémentaire de 100 millions d'euros à l'Ukraine pour réparer ses infrastructures énergétiques attaquées par la Russie mais veillera "strictement" à son utilisation, en plein scandale de corruption qui ébranle le gouvernement de Kiev.

Ces 100 millions d'euros seront transférés par le ministère allemand de l'Économie et de l'Énergie, via la banque publique KfW, au Fonds de soutien énergétique de l'Ukraine (UESF), fondé en 2022. S'ajoutant à une autre aide récente de 60 millions d'euros, la contribution allemande atteindra au total 550 millions d'euros d'ici fin 2025, la plus importante du fonds, ajoute le communiqué.

En Ukraine, les habitants sont confrontés quotidiennement à des coupures de courant et de chauffage à cause des frappes russes sur le réseau énergétique. Les efforts pour soutenir les infrastructures d'énergie en Ukraine se sont néanmoins compliqués avec l'éclatement d'un scandale de détournement de fonds dans le secteur, affaiblissant considérablement le président ukrainien Volodymyr Zelensky en pleine invasion russe.

Vladimir Poutine fera son bilan de l'année le 19 décembre

Vladimir Poutine fera son "bilan de l'année" le 19 décembre en répondant à des questions de journalistes et de citoyens, a annoncé jeudi le Kremlin, près de quatre ans après le début de l'offensive russe contre l'Ukraine et en pleine activité diplomatique pour trouver une issue au conflit.

"Le chef de l'Etat fera en direct le bilan de l'année écoulée et répondra aux questions des journalistes et des habitants de notre pays", a indiqué la présidence russe dans un communiqué, précisant que l'événement débutera à 10h00. Cet exercice dure généralement plusieurs heures. Le dirigeant répond à des questions sur toutes sortes de sujets, qu’il s'agisse de géopolitique, de politique intérieure ou de problèmes locaux d'infrastructure ou du quotidien des Russes.

Le face-à-face de Vladimir Poutine avec la presse est organisé depuis 2001, un an après son arrivée au pouvoir au Kremlin. Il n'avait pas eu lieu entre 2008 et 2012, quand il occupait le poste de Premier ministre.

La Turquie appelle Kiev et Moscou à épargner les infrastructures énergétiques

La Turquie a prié la Russie et l'Ukraine de "laisser les infrastructures énergétiques en dehors de la guerre", après des attaques ukrainiennes contre un terminal pétrolier russe et des navires de la flotte fantôme utilisée par Moscou pour contourner les sanctions occidentales.

"Nous disons à toutes les parties, en Russie et en Ukraine: laissez les infrastructures énergétiques en dehors de cette guerre, car cela a un impact fort sur le quotidien des populations", a répété le ministre turc de l'Énergie Alparslan Bayraktar à plusieurs journalistes, dont une correspondante de l'AFP.

Citant les attaques russes et ukrainiennes contre les infrastructures du camp ennemi, le ministre turc a jugé nécessaire de "maintenir les flux énergétiques ininterrompus en mer Noire, dans nos détroits, ainsi que dans les pipelines", avertissant que toute perturbation aurait des répercussions sur les marchés mondiaux.

Vladimir Poutine veut la paix, selon Donald Trump

Donald Trump a assuré mercredi 3 décembre que ses équipes avaient eu "l’impression" que le président russe "voulait mettre fin à la guerre", au lendemain d’une "très bonne rencontre" à Moscou entre le président russe et son émissaire Steve Witkoff. Le président américain n’a toutefois pas donné de précision sur la suite des négociations. "Ce qui ressortira de cette rencontre ? Je ne peux pas vous le dire", a-t-il d’ailleurs tempéré.

Depuis deux semaines, Washington cherche à faire adopter un plan pour mettre fin à la guerre. Mais la recherche d’un compromis est très difficile, alors que sur le front l’armée russe continue d’avancer lentement malgré des pertes considérables. Les tractations continuent ce jeudi avec une rencontre en Floride entre le négociateur ukrainien Roustem Oumerov et Steve Witkoff, qui sera accompagné par le gendre du président Jared Kushner.

Emmanuel Macron presse la Chine sur l’Ukraine

Le président français Emmanuel Macron a pressé jeudi son homologue chinois Xi Jinping d’oeuvrer à mettre fin à la guerre en Ukraine, lors d’une visite en grande pompe à Pékin. "Nous devons continuer à nous mobiliser en faveur de la paix et de la stabilité dans le monde. Et de l’Ukraine aux différentes régions du monde qui sont touchées par la guerre, la capacité que nous avons à œuvrer ensemble est déterminante", a déclaré Emmanuel Macron après un entretien restreint et avant des discussions en format élargi. "J'espère que la Chine pourra se joindre à notre appel et à nos efforts pour parvenir dans les meilleurs délais à tout le moins à un cessez-le-feu", a-t-il aussi dit plus tard, lors d'une apparition commune devant les médias.

Xi Jinping a de son côté rejeté fermement toute part de responsabilité dans la crise ukrainienne. "La Chine soutient tous les efforts pour la paix" et "continuera à jouer un rôle constructif pour une solution à la crise", a-t-il dit. "En même temps, elle s'oppose fermement à toute tentative irresponsable visant à rejeter la faute ou à diffamer quiconque", a-t-il ajouté alors qu'Emmanuel Macron n'a publiquement formulé aucun grief.

L'ONU réclame le retour des enfants ukrainiens enlevés

L’Assemblée générale de l'ONU a appelé mercredi au retour immédiat et inconditionnel des enfants ukrainiens transférés de force en Russie, un point particulièrement sensible dans les négociations autour d’un éventuel accord de paix entre Kiev et Moscou. La résolution, non contraignante, a été adoptée par 91 voix pour, 12 contre – dont la Russie – et 57 abstentions. Elle exige que Moscou assure "le retour rapide, sûr et inconditionnel de tous les enfants ukrainiens transférés ou déportés de force". Elle appelle également la Russie à mettre fin immédiatement à toute pratique de transfert forcé, de déportation, de séparation familiale ou d’endoctrinement d’enfants ukrainiens.

L’Ukraine accuse la Russie d’avoir enlevé au moins 20 000 enfants ukrainiens depuis le début de la guerre, l'"opération d’enlèvements d’Etat la plus importante de l’histoire" a déclaré à la tribune avant le vote la vice-ministre ukrainienne des Affaires étrangères Mariana Betsa, notant que plus de 1 850 d’entre eux avaient pu être récupérés.

Les Européens jugent possible une guerre avec la Russie

51 % des Européens jugent qu’il y a un risque élevé ou "très élevé" que la Russie puisse entrer en guerre avec leur pays dans les prochaines années, selon un sondage publié jeudi par la revue française Le Grand Continent. "La Russie représente donc, de très loin, la menace de guerre étatique la plus structurante dans l’opinion européenne", analyse la publication rattachée à l’Ecole normale supérieure française.

Le sondage a été effectué dans neuf pays de l’UE (France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Pologne, le Portugal, la Croatie, la Belgique et les Pays-Bas) sur plus de 9 000 personnes en tout. En Pologne, frontalière de la Russie et de son allié biélorusse, 77 % des sondés considèrent ce risque comme élevé ou très élevé. Ils sont 54 % en France ou 51 % en Allemagne. A l’opposé des Polonais, 65 % des sondés italiens jugent le risque faible ou inexistant.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Donald Trump a assuré mercredi 3 décembre que ses équipes avaient eu "l’impression" que le président russe "voulait mettre fin à la guerre".
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"Signal Gate" : le chef du Pentagone accusé d’avoir mis l’armée américaine en danger

Un organe indépendant au sein du Pentagone a estimé que le ministre américain de la Défense Pete Hegseth avait mis ses propres troupes en danger en utilisant en mars dernier l’application de messagerie Signal pour discuter de frappes au Yémen, ont rapporté mercredi 3 décembre les médias américains. Les Etats-Unis avaient mené une campagne militaire début 2025 contre les rebelles houthis au nom de la protection de la liberté de navigation et du commerce international transitant par la mer Rouge.

Pete Hegseth n’est pas le seul à se voir reprocher l’usage de Signal : l’ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, Mike Waltz, avait été écarté début mai, après les révélations d’un journaliste du magazine The Atlantic, ajouté par mégarde à un groupe de discussion sur Signal portant sur ces frappes.

Cette fois, l’enquête menée par un organisme indépendant au sein du ministère de la Défense a conclu que Pete Hegseth, inclus dans ce groupe de discussion, a mis l’armée en danger, selon les médias américains. La conversation contenait des messages dans lesquels Pete Hegseth dévoile l’heure des frappes quelques heures avant qu’elles n’aient lieu, mais aussi des informations sur les équipements militaires employés.

"L’affaire est close"

Une préoccupation majeure, selon les enquêteurs, est que si les détails de l’attaque à venir avaient été divulgués ou piratés à partir de l’application commerciale, qui n’est pas conçue pour transmettre des informations classifiées, les Houthis auraient pu savoir quand s’attendre à ce que les pilotes américains soient dans les airs, et leur tirer dessus. Le représentant Adam Smith, démocrate de haut rang au sein du Comité des services armés de la Chambre, a accusé dans un communiqué : "La façon dont Pete Hegseth a choisi de communiquer ces informations a mis les militaires en danger".

Pourtant, le porte-parole de Pete Hegseth a annoncé sur X que "les conclusions de l’enquête constituent "une exonération TOTALE" du ministre. Elle "démontre ce que nous savions depuis le début : aucune information classée secret n’a été partagée", a ajouté Sean Parnell, assurant que "l’affaire est close".

De fait, comme le précise la chaîne américaine ABC News, si le rapport de l’inspecteur général du ministère de la Défense a conclu que les informations partagées par Pete Hegseth avaient initialement été classifiées, il reconnaît également que "même si le partage d’informations aussi sensibles était potentiellement risqué, le secrétaire à la Défense a droit à certains pouvoirs de déclassification en vertu de la loi". Des sources ont donc déclaré au média américain que "bien que Hegseth ait violé les protocoles de sa propre agence, il n’a pas enfreint la loi".

Le Pentagone déjà sous le feu des critiques

Ces révélations surviennent au moment où le chef du Pentagone est déjà dans la tourmente médiatique, en raison de frappes menées par l’armée américaine dans le Pacifique mais surtout les Caraïbes, dans le cadre d’une campagne dite de lutte contre le narcotrafic, sans que des preuves n’aient été fournies sur des liens entre les bateaux visés et les cartels de drogue. L’administration du président Trump est critiquée pour ces frappes, dont la légalité est mise en doute par les experts. Au cœur de la récente polémique : une opération au cours de laquelle les forces américaines ont lancé une seconde salve contre un navire déjà touché, tuant des survivants. Au total, plus de 80 personnes ont été tuées dans cette campagne militaire.

Au Yémen, les frappes américaines ont cessé en mai, après un accord entre les Etats-Unis et les rebelles Houthis. Ces derniers avaient mené plusieurs opérations en mer Rouge contre des navires liés selon eux à Israël, ainsi qu’à ses plus proches alliés comme les Etats-Unis, disant ainsi soutenir les Palestiniens de Gaza, bombardés et assiégés par Israël après l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Dans une conversation Signal, Pete Hegseth avait dévoilé l'heure de frappes américaines au Yémen quelques heures avant qu'elles n'aient lieu, mais aussi des informations sur les équipements militaires employés. 
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En Chine, Emmanuel Macron presse Xi Jinping sur l’Ukraine et les déséquilibres commerciaux

Le président français Emmanuel Macron a pressé ce jeudi 4 décembre son homologue chinois Xi Jinping d’œuvrer à mettre fin à la guerre en Ukraine et à corriger les déséquilibres commerciaux, lors d’une visite en grande pompe à Pékin.

"Nous devons continuer à nous mobiliser en faveur de la paix et de la stabilité dans le monde. Et de l’Ukraine aux différentes régions du monde qui sont touchées par la guerre, la capacité que nous avons à œuvrer ensemble est déterminante", a déclaré Emmanuel Macron après un entretien restreint et avant des discussions en format élargi. "Nous avons, nous le savons, beaucoup de voies de convergence, nous avons parfois des désaccords, mais nous avons la responsabilité de savoir les dépasser, de trouver des mécanismes de coopération, de règlement des différends pour un multilatéralisme efficace auquel nous croyons", a ajouté le dirigeant français.

"J'espère que la Chine pourra se joindre à notre appel et à nos efforts pour parvenir dans les meilleurs délais à tout le moins à un cessez-le-feu", a-t-il aussi dit plus tard, lors d'une apparition commune devant les médias, pendant laquelle il a dit avoir "longuement évoqué" avec son homologue l'Ukraine, "menace vitale pour la sécurité européenne".

Pour sa part, Xi Jinping a assuré que la Chine entendait coopérer avec la France pour "écarter toute interférence" et "rendre le partenariat stratégique général entre la Chine et la France plus stable". Il a surtout rejeté fermement toute part de responsabilité dans la crise ukrainienne. "La Chine soutient tous les efforts pour la paix" et "continuera à jouer un rôle constructif pour une solution à la crise", a-t-il dit. "En même temps, elle s'oppose fermement à toute tentative irresponsable visant à rejeter la faute ou à diffamer quiconque", a-t-il ajouté alors qu'Emmanuel Macron n'a publiquement formulé aucun grief.

La Chine assure constamment vouloir la paix. Mais elle n’a jamais condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Partenaire économique et politique primordiale de la Russie, elle est le premier pays acheteur de combustibles fossiles russes au monde, y compris de produits pétroliers, alimentant ainsi la machine de guerre. Des Européens l’accusent de fournir des composants militaires à Moscou. Lors de son précédent voyage à Pékin en 2023, Emmanuel Macron avait appelé Xi Jinping à "ramener la Russie à la raison". Le président chinois a réservé un traitement privilégié à son homologue russe Vladimir Poutine en septembre en l’invitant, avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un à un défilé militaire géant célébrant les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Déficit commercial

Le président chinois, accompagné de son épouse Peng Liyuan, a reçu Emmanuel Macron et son épouse Brigitte dans le cadre monumental du Palais du peuple, décor des congrès du Parti communiste chinois. Ils ont écouté les hymnes nationaux et passé en revue la garde, avant d’être salués par des enfants auxquels Emmanuel Macron a adressé un baiser de la main.

Le chef de l’Etat français, arrivé mercredi soir, accompagné également par 35 dirigeants de grands groupes (Airbus, EDF, Danone..) et d’entreprises familiales, du luxe à l’agroalimentaire, a assisté à la signature d’un certain nombre de contrats. Il s’agit de la quatrième visite d’Etat en Chine d’Emmanuel Macron depuis qu’il a été élu président en 2017. Xi Jinping a lui-même été reçu en France en grande pompe en 2024 et l’Elysée présente le temps que Xi Jinping passera avec Emmanuel Macron d’ici à vendredi, y compris à titre privé, comme un signe de l’importance de la relation.

Cependant, les différends avec la France et, plus largement l’Europe, sont profonds. Outre le fait que l'Europe voudrait voir la Chine user de son influence pour mettre fin à la guerre à ses portes, les déséquilibres commerciaux constituent un autre lourd contentieux, avec les pratiques commerciales chinoises jugées déloyales, des voitures électriques à l'acier. La relation entre la Chine et l’Union européenne se caractérise par un déficit commercial massif (357,1 milliards de dollars) en défaveur de l’UE.

Investissements croisés

Emmanuel Macron semble avoir été entendu dans son appel à des investissements croisés, avec un partage de technologies comparable à celui opéré par les Européens et qui a contribué au décollage économique de Pékin, synonyme de création d'emplois et de valeur ajoutée. Une lettre d'intention a été signée en ce sens.

"Les deux parties se sont engagées à promouvoir le développement équilibré des relations économiques et commerciales bilatérales, à accroître les investissements réciproques et à offrir un environnement commercial équitable, transparent, non discriminatoire et prévisible pour les entreprises des deux pays", a dit Xi Jinping, dont le pays a livré en 2025 aux Etats-Unis une intense guerre commerciale aux retombées mondiales.

Comme en France en 2024, les deux couples présidentiels se retrouveront vendredi dans un cadre plus informel à Chengdu, dans la province du Sichuan (sud-ouest), berceau des pandas géants devenus des ambassadeurs de la Chine à travers le monde.

© afp.com/Ludovic MARIN

Le président chinois Xi Jinping et le président français Emmanuel Macron au Palais du Peuple à Pékin, le 4 décembre 2025
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En Inde, la tournée de Vladimir Poutine qui bouscule l’idée d’une Russie isolée

Avant même d’atterrir sur le sol indien ce jeudi 4 décembre, Vladimir Poutine peut se frotter les mains. Pour sa première visite dans la capitale indienne depuis le début de la guerre en Ukraine, à l’occasion du 23e sommet annuel Inde-Russie, le chef du Kremlin peut espérer signer de juteux contrats. Au programme : des discussions sur l’achat éventuel de davantage de systèmes antiaériens russe S400 et d’avions de chasse modernes Su-57 sur lesquels lorgne New Delhi alors que la Russie reste son principal fournisseur de matériel militaire. Egalement au menu, la question des approvisionnements russes en pétrole. Et pour cause : le vide laissé par les Européens a ouvert grand les vannes pour le sous-continent.

"L’Inde veut profiter de la décote sur le brut russe provoquée par les sanctions occidentales pour acheter du pétrole au-dessous du prix de marché international, pointe Julien Vercueil, économiste spécialiste de la Russie à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). La conséquence est tout à fait spectaculaire pour les exportations russes vers l’Inde : si l’on compare à 2021, elles ont au total été multipliées par plus de sept en 2024." Résultat, la Russie est devenue le premier fournisseur de brut de l’Inde, allant jusqu’à représenter près de 40 % de ses approvisionnements en 2025. Une manne que Moscou espère inscrire dans la durée, à l’heure où les pressions américaines sur New Delhi menacent de réduire ces livraisons.

Mais au-delà des contrats, ce voyage offre surtout une exceptionnelle vitrine au chef du Kremlin pour montrer qu’en dépit des sanctions occidentales, il continue d’entretenir, photos officielles à l’appui, des relations cordiales avec toute une partie du monde. "Le fait est que les sanctions contre la Russie n’ont pas réussi à porter un coup fatal à ses relations commerciales, note Tatiana Kastouéva-Jean, directrice du centre Russie-Eurasie de l’Institut français des relations internationales (Ifri). Bien que la Russie soit isolée par rapport à l’Europe, ce n’est pas le cas avec les pays du Sud global, avec lesquels les liens se sont même renforcés ces dernières années."

Relation avec le Sud global

L’Inde n’est pas seule sur la liste. Selon une étude publiée en novembre par l’Ifri, le volume des échanges commerciaux entre la Russie et plusieurs pays du Golfe, Emirats arabes unis et Arabie saoudite en tête, ou d’anciennes républiques soviétiques comme l’Arménie et la Géorgie, a augmenté depuis le début de la guerre. Entre 2019 et 2023, les échanges commerciaux entre Moscou et Abou Dhabi sont ainsi passés de 3,5 à 9,5 milliards de dollars, sur fond d’importation de technologie à double usage (civil et militaire) et d’implantation d’entreprises russes dans ce pays "dont les infrastructures et les services développés minimisent les risques juridiques et logistiques liés aux sanctions".

"Du point de vue économique, la Russie a maintenu des liens internationaux avec de nombreux pays du Sud global, souligne Julien Vercueil. Cela a été un facteur clé de l’adaptation à court terme de son économie à l’effet repoussoir de la guerre et des sanctions. Mais elle peine à aller plus loin que les échanges commerciaux et à attirer des investissements." "De nombreux pays se trouvent sur la corde raide entre l’envie de profiter de la situation et d’acheter des matières premières à bas prix, et dans le même temps la volonté de ne pas aller trop loin, pour éviter de s’aliéner l’Occident, qui reste le partenaire commercial principal", résume Tatiana Kastouéva-Jean.

"Une levée de son isolement"

Sur le front diplomatique, Moscou est toutefois sorti de son isolement. En témoignent les visites officielles effectuées en Russie par plus d’une soixantaine de chefs d’Etat ou de gouvernement depuis le début de la guerre en Ukraine. Si une majorité provient de pays du sud ou de l’espace post-soviétique, on y trouve aussi également quelques Européens. Comme le Premier ministre hongrois Viktor Orban, à trois reprises, dont la dernière fois le 28 novembre pour consolider ses approvisionnements en pétrole et gaz russe. Ou le Premier ministre slovaque Robert Fico, seul dirigeant d’un pays de l’Union européenne à avoir assisté aux commémorations du 80e anniversaire de la victoire contre l’Allemagne nazie, à Moscou le 9 mai 2025.

Encore mieux pour le président russe, le retour au pouvoir de Donald Trump a entériné un réchauffement inédit des relations avec Washington après la présidence Biden, avec en point d’orgue le sommet en Alaska en août dernier - la première visite de Vladimir Poutine aux Etats-Unis depuis 2015.

Poutine "a bénéficié d’une levée de son isolement, il a obtenu des photos avec le président Trump, il a obtenu un dialogue public, avait critiqué Volodymyr Zelensky un mois plus tard en interview. Et je pense que cela ouvre la voie à Poutine pour d’autres sommets et formats." Les multiples rencontres organisées depuis au Kremlin avec l’émissaire de Trump, Steve Witkoff, ne sauraient lui donner tort.

Renforcement des alliances traditionnelles

Moscou a en parallèle élevé à un niveau sans précédent ses partenariats avec ses alliés traditionnels. Au premier rang desquels la Chine, qui est aujourd’hui de loin son premier partenaire commercial et représente 30 % de ses exportations et 40 % des importations - notamment de semi-conducteurs et composants à double usage essentiels à la machine de guerre russe. Signe des temps, le chef du Kremlin était assis à la place d’honneur, à la droite du président Xi Jinping, pour assister en septembre, à Pékin, au défilé militaire commémorant la fin de la Seconde Guerre mondiale.

A ses côtés sur le tapis rouge, le leader nord-coréen Kim Jong-un, autre soutien crucial, avec lequel Poutine avait signé un partenariat stratégique un an plus tôt lors d’un voyage à Pyongyang. Rouage essentiel dans l’effort de guerre russe, le régime nord-coréen lui aurait fourni pas moins de 4 à 6 millions d’obus depuis 2023, ainsi qu’environ 12 000 hommes pour reprendre le contrôle de la région de Koursk l’an dernier. Tout comme l’Iran, avec qui Moscou a conclu en janvier de cette année un autre "traité de partenariat stratégique global" et dont les conseillers ont été cruciaux pour produire en masse des drones Shahed - envoyés quotidiennement en salves de centaines d’engins sur l’Ukraine - dans l’usine russe de Ielabouga. Malgré sa guerre inique, la Russie continue d’engranger des soutiens.

© afp.com/Alexander NEMENOV

Narendra Modi (g) et le président russe Vladimir Poutine (d) lors d'une visite du premier ministre indien au Kremlin à Moscou le 9 juillet 2024
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Cette alléchante proposition faite par le Soudan au Kremlin, en échange de livraisons d’armes

Jusqu’à 150 000 personnes décédées de la violence, de la famine ou des maladies, des dizaines de milliers de déplacés : depuis avril 2023, la guerre civile fait rage au Soudan. La Russie, de son côté, pourrait tirer un avantage considérable de cette situation macabre : le gouvernement militaire de Khartoum, mis en difficulté par le conflit avec les groupes rebelles, aurait proposé à Moscou d’établir une base navale russe en mer Rouge, en échange de la fourniture de matériel militaire.

Le Wall Street Journal indique, en effet, que les autorités auraient proposé en octobre à la Russie, d’installer une base maritime à Port-Soudan, ou sur un autre point d’ancrage en mer Rouge, pour une durée de 25 ans. Un atout pour étendre son influence militaire sur le continent africain, mais aussi sur cet axe commercial - l’une des routes les plus empruntées au monde.

Quatre navires de guerre stationnés

L’infrastructure serait en capacité d’accueillir 300 soldats russes et quatre navires en simultané, dont des bâtiments à propulsion nucléaire. Cette perspective inquiète les Etats-Unis, qui voient d’un mauvais œil l’influence croissante de Moscou et de Pékin en Afrique. "Ce serait un développement préoccupant pour les Etats-Unis, qui s’efforcent d’empêcher la Russie et la Chine de contrôler les ports africains où elles pourraient réarmer et moderniser leurs navires de guerre et, potentiellement, bloquer des voies maritimes vitales", analyse le quotidien.

Situé au milieu de la mer Rouge, Port-Soudan offrirait aux Russes une excellente base pour surveiller le trafic maritime entre l’Europe et l’Asie transitant par le canal de Suez, une route par laquelle s’effectue 12 % du commerce mondial. "Le Kremlin bénéficierait également d’un accès privilégié aux concessions minières lucratives du Soudan, troisième producteur d’or d’Afrique", relève le WSJ.

Première base en Afrique

Une proposition qui devrait mériter toutes les attentions de la Russie, qui ne dispose plus de base militaire à l’étranger. La seule qu’elle possédait, à Tartous, en Syrie, lui a filé entre les mains lors de la chute de son allié Bachar al-Assad, en 2024, conduisant le nouveau gouvernement d’Ahmed al-Charaa à suspendre l’accord entre les deux pays, jusqu’à nouvel ordre. Or, les activités navales russes sont limitées par ce manque de points de ravitaillement et de manutention. Une base en mer Rouge leur permettrait de transiter plus longtemps en Méditerranée, ou dans l’océan Indien.

La Chine, elle, détient déjà une série de ports commerciaux qu’elle a construits en Afrique, dans le cadre de sa vaste stratégie des nouvelles routes de la soie, ainsi qu’une base militaire à Djibouti. Située sur le détroit de Bab el-Mandeb, aux portes de la mer Rouge et du golfe d'Aden, elle offre une position stratégique… à une dizaine de kilomètres à peine de la base américaine de Camp Lemonnier, en Somalie.

Aussi, la proposition du gouvernement soudanais intervient alors que l’influence russe perd du terrain sur le continent africain. En une décennie, des forces paramilitaires russes, comme le groupe Wagner, étaient parvenues à gagner en importance, en jouant les hommes de main de certains Etats comme le Mali ou la République centrafricaine. Mais depuis la disparition de la tête de Wagner, Evgueni Prigojine, dans un accident d’avion après sa tentative de rébellion avortée contre Vladimir Poutine, ces milices privées ont perdu en influence politique et financière en Afrique.

Khartoum appelle à l’aide

De son côté, l’offre faite par le régime soudanais à Moscou apparaît comme un symptôme de son essoufflement face aux Forces de soutien rapide - qui ont certes été expulsées de la capitale, mais qui ont conquis en octobre la totalité du Darfour, à l’ouest du Soudan, massacrant au passage de nombreux civils. En échange, Khartoum exige en effet que Moscou lui livre des systèmes antiaériens russes de pointe et d’autres armements à des prix préférentiels.

L’idée n’est pas nouvelle : en 2017, déjà, le dictateur soudanais Omar el-Bechir avait tenté de s’assurer le parapluie russe de la même façon, mais sans parvenir à un accord avec Vladimir Poutine. Quelques mois plus tard, il était défait par un soulèvement. Néanmoins, il n’est pas sûr que l’accord aboutisse cette fois-ci. "Les conditions de sécurité ne sont toujours pas réunies du côté russe puisque la guerre civile au Soudan continue", remarque Igor Delanoë, chercheur associé à l’IRIS et spécialiste de la Russie, dans Le Figaro.

Reste à savoir également si cette alliance ne sera pas mise à mal par les Etats-Unis : dans le WSJ, un responsable soudanais explique en effet que, bien que le Soudan ait besoin d’armes, "un accord avec la Russie pourrait engendrer des problèmes avec les Etats-Unis et l'Union européenne", auquel le pays devra faire face. L’année dernière, Khartoum avait ainsi refusé le soutien de Téhéran en échange de l’établissement d’une base militaire iranienne dans son pays, de peur de s’attirer les foudres de Washington et de son allié israélien.

© AFP

Le président Vladimir Poutine et le général soudanais Abdel Fattah al-Burhan, lors d'un sommet Russie-Afrique à Sochi, en 2019.
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