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Guerre en Ukraine : les affres de Donald Trump et sa "diplomatie du conditionnel"

Huit heures, c’est la durée des discussions qui ont permis de donner une "chance réelle" au processus de paix, selon les mots du chancelier allemand Friedrich Merz, qui accueillait ses homologues européens et les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner à Berlin, le 15 décembre. Si le sujet territorial n’a guère progressé, Européens et Américains se sont en revanche accordés sur le principe d’offrir à Kiev des garanties de sécurité comparables à l’article 5 de l’Otan. "Un premier pas", tempère, à juste titre, Volodymyr Zelensky, qui connaît mieux que personne la versatilité du président américain.

Peut-il – encore - faire confiance à l’homme qui, en début d’année, l’humiliait dans le bureau Ovale, refusait, durant un G7, de qualifier la Russie d’agresseur, affirmait six mois plus tard que l’Ukraine avait les moyens de "revenir à ses frontières d’origine" et, trois mois plus tard, que Moscou a "toujours eu l’avantage" sur le plan militaire ?

Quelle sécurité peut accorder un président qui déclarait en juin dernier que l’article 5 de l’Otan pouvait "s’interpréter de plusieurs façons" et, ce 11 décembre, lâchait du bout des lèvres : "Ouais, ouais, nous pourrions apporter notre aide, notamment en matière de sécurité…"

Syndrome du jokari

Cette diplomatie au conditionnel pose une vraie question : comment bâtir une architecture de sécurité européenne durable sur un terrain aussi meuble ? Emmanuel Macron et ses pairs le savent bien, eux qui, selon le Spiegel, s’inquiètent du possible lâchage de leur "allié" américain qui, tel une balle de jokari, finir toujours par revenir aux thèses du Vladimir Poutine.

Car le président américain a beau assurer avoir eu une discussion "longue" et "très bonne" avec plusieurs dirigeants européens après la rencontre de Berlin, il ne serait prêt, si l’on en croit les informations qui ont filtré sur ces négociations, qu’à coordonner un système de surveillance qui donnerait l’alerte en cas de violation de l’accord de paix. Voire.

Que se passera-t-il si la Russie lance des opérations hybrides en Ukraine ou dans une zone tampon qui serait établie entre les deux pays ? Ou que la Russie, après avoir reconstitué ses forces, recommence à masser des troupes derrière la frontière ukrainienne ?

Poutine ne s’arrêtera pas

Scénario probable, si l’on en croit l’interview accordée par le président russe à India Today, avant sa rencontre avec le Premier ministre indien, Narendra Modi, début décembre. La Russie, a-t-il déclaré, libérera "le Donbass et la Novorossiya" (soit le sud de l’Ukraine jusqu’à la mer Noire) – par des moyens militaires ou autres. Poutine ne s’arrêtera pas aux oblasts de Loughansk et de Donetsk. En face, Trump, l’homme des volte-faces, ne rassure personne.

La question est : peut-on le contraindre à respecter ses engagements ? En exigeant par exemple que le Sénat américain ratifie le texte ? Ce serait déjà un net progrès par rapport au mémorandum de Budapest qui, en 1994, donnait juste à Kiev des "assurances" de la part de la Russie, des États-Unis et du Royaume-Uni pour sa sécurité si elle renonçait à son arsenal nucléaire. On a vu le résultat. En 2014, personne n’a volé au secours des Ukrainiens quand les "petits hommes verts" de Poutine ont annexé la Crimée. Nul doute que les juristes ukrainiens seront cette fois plus attentifs au choix des mots.

© afp.com/Alex WROBLEWSKI

Le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky le 18 août 2025 à la Maison Blanche
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Chômage, destruction d’emplois, inflation… Donald Trump face au mur économique

Donald Trump n’en démord pas, sa politique économique est un succès. D’ailleurs, dans un entretien accordé au Wall Street Journal, le président des Etats-Unis l’assure : si c’était à refaire, il ne changerait rien. "J’ai créé la meilleure économie de l’histoire. Mais il faudra peut-être un certain temps aux gens pour comprendre toutes ces choses-là." Cependant, sur le terrain, les chiffres racontent une tout autre histoire.

Retardés par la paralysie budgétaire - shutdown - de 43 jours, les chiffres de l’emploi du mois dernier ont finalement été publiés ce mardi 16 décembre. Au mois de novembre donc, le marché de l’emploi a montré des signes de dégradation.

Un chômage record depuis 2021

Désormais, le taux de chômage culmine à 4,6 %, un record depuis 2021. 64 000 emplois ont été créés en novembre, un résultat supérieur aux attentes des économistes de MarketWatch qui anticipaient 45 000 nouveaux postes. Mais cette donnée, certes encourageante, n’est pas suffisante pour remédier à la destruction massive emplois dans la bureaucratie et aux coupes budgétaires entreprises par le Département de l’Efficacité gouvernementale (Doge) d’Elon Musk. En octobre seulement, 105 000 postes ont disparu. Depuis le mois de janvier, date de retour au pouvoir de Donald Trump, 271 000 fonctionnaires ont quitté leur poste.

La publication de ces statistiques pour le mois de novembre intervient moins d’une semaine après la décision de la Réserve fédérale (Fed) d’abaisser de 0,25 point ses taux directeurs - le taux d’intérêt fixé par une banque centrale pour les prêts - afin de les maintenir dans une fourchette de 3,5 % à 3,75 %. En cause : les inquiétudes quant à la remontée des risques concernant le marché de l’emploi.

"On peut dire que le marché du travail a continué à ralentir progressivement, peut-être juste un peu plus progressivement que nous le pensions", a déclaré le président de la Fed, Jerome Powell, à l’issue de la dernière réunion du comité.

Une décision qui finit de présager la détérioration de la situation dans les mois à venir. D’ailleurs, Stephen Miran, président du Conseil des conseillers économiques des États-Unis, s’était positionné pour une baisse des taux plus prononcée, convaincu d’un risque de dégradation plus marqué.

Un résultat compromettant pour les Midterms

Un tel bilan fait craindre à Donald Trump de ne pas remporter les élections de mi-mandat - midterms - prévues pour mars 2026. Alors que le climat d’insécurité économique qui régnait en 2024 avait participé à propulser le candidat dans sa course vers la Maison-Blanche, les conséquences délétères de sa politique se font ressentir par les ménages. Interrogé par le Wall Street Journal sur ses pronostics pour les républicains dans les urnes, le président a répondu : "Je ne peux pas vous dire. Je ne sais pas quand tout cet argent va commencer à faire effet".

Et Suzan DelBene, élue de Washington de rétorquer : "Je pense que les politiques économiques du président ont fait leur effet et qu’elles ont augmenté les coûts pour les familles à travers le pays".

Car en plus des résultats décevants du chômage, l’inflation se fait ressentir aux Etats-Unis. Alors que les salaires n’ont augmenté que de 0,1 % en novembre, soit 5 cents en moyenne, les prix des produits de première nécessité continuent de grimper, accentuant la pression qui pèse sur de nombreux ménages. Selon les données de Novel Food Innovation Centre, le bœuf et du veau ont augmenté de 14,7 % de septembre 2024 à septembre 2025. Quant à l’ensemble des produits alimentaires, ils ont augmenté de 3,1 %. Et les dépenses risquent de continuer d’augmenter si les législateurs américains laissent expirer les subventions renforcées de l’Obamacare.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Le président américain Donald Trump participe à une table ronde à la Maison Blanche, à Washington, le 10 décembre 2025
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"Il n’y aura pas d’accord de paix en Ukraine" : l’analyse percutante d’Olivier Zajec

C’est un expert que l’on entend peu, et qui pourtant est l’un des plus pertinents en France sur les questions de géopolitique et de stratégie militaire : Olivier Zajec, enseignant à l’Université Lyon III où il a fondé l’Institut d’Etude de Stratégie et de Défense, est le troisième invité de la nouvelle émission de L’Express, "Les grands entretiens d’Anne Rosencher". Un armistice est-il à portée de main en Ukraine ? Quelle est la stratégie poursuivie par Donald Trump ? Que cherche la Russie de Poutine ? L’Europe doit-elle se préparer à la guerre ? A quel degré est-elle dépendante des Etats-Unis ? Voici un extrait de ces échanges, dont l’intégralité est à retrouver sur YouTube et Dailymotion, mais aussi en audio sur Apple Podcasts, Spotify, Deezer, Castbox ou encore Podcast Addict.

L’Express : En janvier, cela fera un an que Donald Trump a été investi pour la seconde fois président des Etats-Unis. Derrière la forme, qui stupéfie, voyez-vous une cohérence dans sa stratégie sur le dossier ukrainien ?

Olivier Zajec : Stupéfiant est le bon mot : face à Donald Trump, c’est comme si l’on cessait de réfléchir pour ne voir que l’apparence. On est fascinés au mauvais sens du terme, comme un oiseau le serait par les circonvolutions d’un serpent. On prend Trump, d’emblée, pour un dingue qui avance à l’aveugle. Dans l’affaire ukrainienne, c’est symptomatique : on commente ses coups de barre tactiques jusqu’à s’en donner le tournis, sans voir le schéma stratégique dans lequel il agit. A savoir qu’il ne se préoccupe que d’une chose : la place des Etats-Unis dans un système international en train de se reconfigurer totalement. Historiquement, il y a trois piliers dans la défense de l’intérêt national américain : la puissance militaire, la prospérité économique et l’exemplarité morale. Trump est le premier à ne pas citer l’exemplarité morale, à ne pas l’intégrer dans son équation. Mais les deux autres sont ses boussoles de long terme. Son schéma, c’est la défense des intérêts américains, partout, avec qui que ce soit, y compris "contre" ses alliés et dans n’importe quelles circonstances.

Comment cette cohérence de long terme – en gros : " America First" – s’applique-t-elle au dossier ukrainien ?

Trump est fatigué de cette guerre. Il considère que l’Ukraine – qui a été héroïque – ne tient que grâce aux Etats-Unis et aux fournitures d’armes occidentales, et il cherche les leviers pour mettre fin à un conflit qu’il ne juge pas essentiel pour son pays. Trump tient à fermer ce front sur l’échiquier mondial, pour se concentrer le plus rapidement possible sur ce qui lui paraît plus structurant pour les Etats-Unis : l’affrontement ou du moins la compétition avec la Chine. Comme il est impatient, il veut le faire vite, et obtenir un deal avec les Russes sans pour autant tout leur lâcher.

Si la morale n’entre pas dans son équation, pourquoi ne leur lâche-t-il pas tout ? A certains moments, on a eu l’impression qu’il était au bord de le faire…

C’est une affaire d’équilibre de la puissance. Trump est ce qu’on appelle un "néo-réaliste offensif" : tout ce qui peut être pris doit être pris, parce qu’il part du principe qu’on ne sort jamais du dilemme d’incertitude, c’est-à-dire qu’on ne peut jamais savoir ce qui est vraiment dans la tête de son partenaire, allié, adversaire, ennemi. Dans cette perspective, vous devez toujours vous renforcer. Cela veut dire, dans le cas du dossier ukrainien, que les Russes ne peuvent pas aller trop loin ; Kiev ne doit pas tomber ; les équilibres sur le continent européen ne doivent pas être bouleversés. Par ailleurs, Trump est très sensible à quelque chose que les Européens négligent trop pour eux-mêmes : la réputation. Laisser l’Ukraine être avalée – comme certains le plaident dans son entourage - porterait atteinte à la crédibilité des Etats-Unis. Lui cherche une paralysie à la coréenne. Pas un accord de paix, donc, mais un armistice, avec création d’une zone militarisée – une de plus, mais cette fois, en plein cœur de l’Europe, alors qu’on avait cru tout cela derrière nous.

Au début de la guerre, il y avait beaucoup d’analystes pour dire que les Ukrainiens ne tiendraient pas. Puis, pour dire que la Russie ne tiendrait pas, qu’elle s’affaiblissait trop vite, notamment d’un point de vue économique. Pourquoi les a-t-on sous-estimés, les uns comme les autres ?

On se trompe systématiquement lorsqu’on réduit une équation stratégique à ses constituants matériels. Certains comptent le nombre de chars, le nombre de systèmes de missiles, regardent le PIB du pays, ses réserves de change, etc. Or, dans un conflit armé, c’est la tension de volonté qui fait tout. C’est elle qui conditionne la capacité à durer alors que votre vie bascule, que le confort n’existe plus… Vous êtes en guerre. Sur le papier, les Etats-Unis auraient dû gagner au Vietnam en moins d’un an. Pourtant, ils en sont partis perdants. Quand un petit pays n’a pas le choix, quand son existence est en jeu – pas celle de son Etat, mais celle de son peuple -, eh bien, il ne lâche rien jusqu’au bout. Alors, oui, nous n’avons pas mesuré la tension de volonté des Ukrainiens. Mais nous n’avons pas mesuré, non plus, celle des Russes. Parce que, quoi qu’on en pense sur le fond, on n’a pas voulu voir que cette guerre était aussi pour eux une guerre "existentielle". Les Russes considèrent qu’ils sont à proximité de leur barycentre stratégique ; que la perte de leur influence sur l’Ukraine signifierait leur sortie du groupe de polarités de premier niveau ; qu’ils ne feraient plus dialogue égal avec la Chine, les Etats-Unis, etc. Et ça, ils ne l’acceptent pas. Ils ont le sentiment d’avoir été "clochardisés" pendant dix ans après la chute de l’URSS. Ils ont vécu une période noire dont ils se souviendront toujours, et dont l’élection de Poutine était en partie une conséquence. Et donc, les deux nations considèrent cette guerre comme existentielle. L’Ukraine, qui a une identité historique, ne veut pas être avalée par la Russie. Elle ne veut pas, non plus, du destin de "zone tampon", c’est-à-dire de "zone neutre" à laquelle Poutine consentirait au mieux la réduire.

Qu’est-ce qui est encore négociable aujourd’hui ? Compte tenu du rapport de force, et du temps qui ne joue pas en faveur de l’Ukraine… Est-il par exemple encore possible que Poutine rende le Donbass ?

Je ne le pense pas. Il y aura, bien sûr, des analyses différentes de la mienne sur cette question. Mais je pense que Poutine fera du Donbass une ligne rouge. D’autant plus qu’il n’aura jamais un président américain plus ouvert à ses demandes qu’aujourd’hui.

Si Poutine réussit à acter une telle avancée de la frontière russe par un accord de paix, ce sera dramatique pour l’Europe en termes de crédibilité, non ?

D’abord, c’est déjà dramatique. Ensuite, il n’y aura pas d’accord de paix. Ce serait une grave erreur de la part des Etats-Unis, de l’Europe etc. d’entériner le résultat d’une agression militaire, en violation du droit international. En revanche, il peut y avoir un armistice, une sorte de gel du front sans accord de paix, ce qui n’implique pas de reconnaître les conquêtes. Je crois que c’est ce qui aura lieu. Quelles sont les alternatives ? Que les Européens entrent directement en guerre avec la Russie ? Qu’ils convainquent Trump qu’il fait fausse route et qu’il faut aider les Ukrainiens à reprendre l’offensive ? Avec quels leviers ? Aujourd’hui, sur le terrain, militairement, la situation est très difficile pour les Ukrainiens. Ils ne rompent pas, ils se battent, mais le temps joue contre eux. Ils ont atteint le point culminant de leur capacité de négociation – c’est-à-dire la maximisation de ce qu’ils pouvaient obtenir compte tenu des rapports de force – en 2023, lorsque la Russie a reculé. Il y a eu des négociations à Istanbul où l’Ukraine pouvait obtenir bien plus que ce qu’elle ne le pourra, me semble-t-il, aujourd’hui. Mais elle a été incitée par des gens qui n’ont pas vraiment l’esprit stratégique à passer le point culminant. De Gaulle disait : "la proportion rompue entre les moyens et le but, les combinaisons du génie sont vaines". C’est la question de la lucidité que vous conservez dans l’épreuve de force, qui n’est pas seulement une question de moyens matériels, mais aussi un affrontement entre des volontés.

Cette guerre a révélé de façon assez crue, voire cruelle, la dépendance militaire et stratégique de l’Europe vis-à-vis des Etats-Unis. Quels sont le degré et la nature de cette dépendance ?

A un degré très élevé. La majorité des pays européens a accepté de dépendre sur le plan technologique et des moyens de défense des Etats-Unis. A travers les importations, les orientations de budget, etc. Notamment dans tout ce qui concerne "les capacités stratégiques hautes", c’est-à-dire la puissance aérienne, les moyens spatiaux, les centres de commandement, de contrôle, le renseignement, la défense antimissile… Tout ce qui permet à un acteur politique et stratégique de décider pour lui-même, d’orienter son destin. Quant à la nature de cette dépendance, pour la toucher du doigt, il faut se remémorer le spectacle que nous avons donné au sommet de l’Otan à La Haye en juin dernier, via le secrétaire général de l’Alliance, le Néerlandais Mark Rutte, ancien Premier ministre des Pays-Bas. Ce dernier été applaudi par un certain nombre de pays européens pour avoir mis en scène, devant les yeux du monde entier, un exercice de soumission assumé qu’il a nommé la "Daddy diplomacy".

La "diplomatie du papa" ?

Oui, en gros, l’idée est de retenir Trump dans l’Alliance, et pour ce faire, aucun agenouillement n’est superflu. C’était tellement embarrassant ! Dans un article qui a suivi le sommet, une plume mythique du New Yorker, Susan Glasser a décrit un "exercice volontaire d’auto-émasculation" qui a tant gêné les journalistes présents (dont elle), qu’ils ont été "soulagés quand Trump a repris la parole". C’est dire, quand on sait à quel point Glasser ne porte pas Trump dans son cœur. La "Daddy diplomacy", c’est : tout plutôt que de voir le parrain stratégique américain, qui est en fait devenu un souteneur abusif, lâcher l’Europe. C’est catastrophique. En termes de réputation, de crédibilité, les Européens passent pour des acteurs politiques certes prospères, mais engoncés dans une vision très confortable de leur être au monde et qui ne se réveilleront jamais. Parce que si l’on ne se ne réveille pas après deux mandats Trump, si l’on ne comprend pas que l’autonomie stratégique européenne n’est plus une question de choix idéologique, mais une question de survie, dans un échiquier des relations internationales où chacun est en train de prendre ses gains et de combattre pour son propre intérêt, on est complètement aveugles. Il n’y pas trente mille choix : soit on est puissants et protégés par sa propre puissance, soit on est protégés par un puissant. Pour l’instant, l’Europe persiste dans la deuxième solution. Sauf que ce "puissant" est aussi un prédateur.

Ces douze derniers moins, certains pays de l’Union européenne ont néanmoins décidé d’augmenter considérablement leurs dépenses militaires – on pense à l’Allemagne, à la Pologne ou encore la France…

C’est très bien de consacrer davantage de pourcentage de son PIB à la défense. Mais ça ne fait pas tout. Il y a une différence entre investissement et dépense : aujourd’hui, l’Europe dépense. Elle achète des chars coréens, elle achète les systèmes de défense anti-missiles américains, elle achète des avions de combat F-35 qu’elle ne maîtrise pas – et je pense que ceux qui les ont achetés vont déchanter dans les quinze à vingt ans qui viennent, car même s’ils sont des merveilles technologiques, ce sont des pièges stratégiques et politiques. Investir aujourd’hui stratégiquement dans le domaine de la défense, c’est acheter européen. Et si l’on n’a pas ce qu’il faut en "stock", il faut le développer, il faut investir. Alors certains pointent qu’il y aura un délai avant que l'Europe ne puisse produire, fournir ce dont nous avons besoin. Oui. Il faut accepter une fenêtre de vulnérabilité. Sinon, on n’en sortira pas. Quand on achète américain ou israélien ou coréen, on en reprend pour 25 ans de subordination et de dépendance en termes de maintenance, de pièces de rechange, de logiciels… En fait, on continue dans la même direction. Je ne vois tours pas venir le sursaut européen, cette volonté collective de se sevrer, d’arrêter cette drogue-là.

Le nouveau chef d’état-major des armées, Fabien Mandon, a provoqué la polémique en disant qu’il fallait se préparer "à perdre nos enfants pour protéger ce que l’on est". Qu’est-ce que cela a suscité pour vous ?

Je trouve qu’il y a eu de la mauvaise foi et de l’excès des deux côtés de la polémique. Le chef d’état-major des armées est dans son rôle lorsqu’il rappelle qu’une nation – et donc : l’armée de cette nation – doit préparer ses soldats à accepter le risque de la mort comme hypothèse de combat. Tout en mettant tout en œuvre, bien sûr, pour que ce soit l’adversaire qui succombe. La force morale nécessite un entraînement. La volonté, ça se sculpte, ça se prépare, ça se tend. Qu’un chef d’état-major des armées en France, en 2025, le rappelle, étant donné l’environnement international, je n’y trouve rien de choquant. En même temps, ceux qui se sont saisi de ces paroles pour dire "il a raison, vive le général Mandon, allons nous battre contre la Russie tout de suite" étaient également dans le faux. Ils décrédibilisent le discours militaire. "Le patriotisme, c’est de soutenir son pays quoi qu’il arrive, mais son gouvernement seulement quand il le mérite", disait Mark Twain. Dans un Etat démocratique, une stratégie, ça se démontre, et une vision politique de cet ordre-là doit être débattue. Il doit y avoir un débat sur notre prise en compte du court, du moyen et du long terme. Un débat, sur notre dépendance aux Etats-Unis. Un débat sur notre relation à long terme avec la Russie. Car oui, il faut le dire : les Russes ne vont pas déménager, ils vont rester pour l’éternité aux portes de notre continent européen. Que fait-on de cette relation dans les temps qui viennent ? Comment gère-t-on ce couple russo-chinois qui est en train de se former ? La déclaration du chef d’état-major des armées n’est pas une déclaration qui tue le débat géopolitique, mais simplement le rappel d’une évidence stratégique.

© L'Express

Olivier Zajec était l'invité d'Anne Rosencher.
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Un boîtier espion trouvé sur un ferry en Méditerranée, la DGSI enquête

La découverte est digne d’un gadget de supervilain dans James Bond. Un système informatique a été repéré sur un ferry accosté à Sète (Hérault), qui permettrait une prise de contrôle à distance du navire. Selon l’AFP qui confirme une information du Parisien, un citoyen letton suspect a même été placé en détention provisoire et mis en examen à Paris ces derniers jours, soupçonné d'espionnage.

Selon un renseignement transmis par les autorités italiennes, le système informatique du navire aurait pu être infecté par un dispositif malveillant de type RAT (remote access tool) qui permet de prendre les commandes à distance. Le navire, baptisé Fantastic, appartient à la compagnie italienne GNV et peut embarquer un peu plus de 2 000 passagers pour des croisières en Méditerranée.

D’abord immobilisé et placé sous scellé, le Fantastic a été fouillé en urgence par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), ce qui a permis de saisir un certain nombre d’éléments. Il a ensuite repris la mer, une fois les constatations techniques réalisées et tout danger écarté pour les personnes à bord.

Un membre d’équipage "proxy" de la Russie ?

Deux membres de l’équipage, un Letton et un Bulgare, identifiés par les autorités italiennes, ont été interpellés et placés en garde à vue la semaine dernière. A l’issue de celles-ci, le suspect letton a été mis en examen et placé en détention provisoire. Le Bulgare a lui été remis en liberté sans qu’aucune charge ne soit retenue à son encontre.

Selon Le Parisien, l’une des hypothèses des agents de la DGSI est que cet homme aurait agi pour le compte d’un service secret étranger. "En tête de la liste des pays suspects : la Russie. Les services du Kremlin recrutent régulièrement des "proxys" - exécutants - originaires de pays d’Europe de l’Est pour commettre des actions d’ingérence, d’espionnage ou violentes sur le sol français pour déstabiliser le pays" détaille le média à l’origine de la révélation.

Selon le parquet de Paris, l’information judiciaire a effectivement été ouverte pour "atteinte à un système de traitement automatisé de données en bande organisée dans le but de servir les intérêts d’une puissance étrangère, participation à une association de malfaiteurs". Des perquisitions ont aussi été menées en urgence en Lettonie avec le soutien d’Eurojust et des autorités lettones.

© afp.com/GERARD JULIEN

L'une des hypothèses de la Direction générale de la sécurité intérieure est qu'un membre d'équipage aurait agi pour le compte d’un service secret étranger.
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Ce sondage qui montre que les Européens ont une vision erronée de l'immigration

De nombreux Européens surestiment la part de migrants en situation irrégulière dans leur pays, selon un sondage YouGov réalisé dans sept pays européens et relayé par The Guardian. Entre 44 % et 60 % des personnes interrogées en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, au Royaume-Uni et au Danemark estiment ainsi à tort qu’il y aurait davantage de migrants illégaux que légaux, alors que les données disponibles montrent que l’immigration irrégulière reste largement minoritaire. En Pologne, seul pays d’Europe centrale inclus dans l’enquête, l’opinion publique est divisée : 36 % estiment qu’il y a plus de migrants illégaux que légaux dans le pays, contre 28 % qui pensaient l’inverse, et 22 % qui jugeaient les proportions identiques.

Cette perception erronée alimente une forte hostilité à l’immigration. Dans l’ensemble des pays sondés, 40 à 60 % des répondants se prononcent en faveur d’une baisse significative des flux migratoires. Environ la moitié soutient même à travers tous ces pays un gel total des nouvelles arrivées, auquel s’ajouterait un dispositif des départs forcés de migrants récents. Tandis que les augmentations de l’immigration sont très largement rejetées.

Moins hostile aux migrants "qualifiés"

Les répondants favorables aux renvois ciblent en priorité les migrants ayant enfreint les règles, les demandeurs d’asile en situation irrégulière ou les personnes perçues comme venues pour bénéficier des aides sociales. À l’inverse, les migrants légaux qualifiés - notamment les médecins, les étudiants étrangers ou les travailleurs hautement qualifiés - suscitent beaucoup moins de rejet.

À travers ces chiffres, l’enquête suggère donc que la population comprend les arbitrages économiques liés aux politiques migratoires, et est nettement moins encline à soutenir une baisse de la migration si celle-ci entraînait des inconvénients significatifs. "Interrogés sur leur préférence entre la réduction de l’immigration et le maintien des effectifs des services de santé, le comblement des postes qualifiés vacants et l’attraction des meilleurs talents dans leur pays, les répondants ont invariablement déclaré privilégier ces alternatives", illustre ainsi The Guardian.

L’angoisse sous-jacente de l’identité nationale

Mais si de nombreux Européens reconnaissent l’utilité des migrants pour combler les pénuries de main-d’œuvre qualifiée dans des cas spécifiques, ces arguments ne suffisent pas à lever les oppositions. Les bénéfices plus abstraits de l’immigration - comme l’amélioration globale de l’économie, l’augmentation du nombre de contribuables ou le respect des obligations humanitaires internationales - convainquent par exemple beaucoup moins, selon les chiffres de YouGov.

D’autres facteurs viennent aussi peser dans la balance : des majorités comprises entre 53 % et 57 % en France, en Italie et en Allemagne, ainsi que 47 % des Polonais, estiment que même les migrants légaux ne "partagent pas les mêmes valeurs" qu’eux, tandis que 49 % à 57 % des Français, des Italiens et des Allemands déclarent que les migrants légaux ne s’intègrent pas bien. Des résultats indiquant que le débat sur l’immigration reste marqué par des "angoisses" liées à l’identité nationale, au sentiment de cohésion sociale et culturelle et à une crainte d’une perte de repères, des facteurs que toute politique migratoire devra prendre en compte.

© afp.com/NICOLAS TUCAT

Le besoin en main-d'oeuvre de pays européens vieillissants les pousse à accueillir une immigration de travail
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Allemagne : comment l'AfD tente de déclassifier des informations militaires au profit de la Russie

Est-ce une lubie populiste ? Après Donald Trump, l’AfD formule à son tour des demandes de déclassification. Mais outre-Rhin, le parti allemand d’extrême droite ne s’intéresse pas à l’assassinat de JFK ou aux ovnis mais plutôt aux détails de la stratégie militaire allemande, particulièrement dans son aide à l’Ukraine. Des informations sensibles qui, si elles étaient rendues publiques, pourraient largement bénéficier à la Russie.

Et cette attaque est coordonnée. Les parlementaires de l’AfD ont, tour à tour, exigé des révélations du gouvernement sur les activités de la Bundeswehr. Quel est l’itinéraire exact emprunté par l’armée allemande pour acheminer son aide à l’Ukraine ? L’Allemagne a-t-elle fourni un système de roquettes à longue portée à Kiev, capable de frapper le territoire russe en profondeur ? Quel est l’état opérationnel des équipements de drones de la Bundeswehr ? Quelle est la stratégie allemande de "défense contre les drones hostiles" ? Au total, le parti d’extrême droite a formulé plus de 7 000 demandes relatives à la sécurité dans les parlements des Länder allemands - parlements régionaux — selon les révélations du Spiegel.

Les parlements locaux assaillis

Ces questions, trop détaillées au goût des opposants de l’AfD, attisent les soupçons. En octobre 2025, le ministre de l’Intérieur du Land de Thuringe, Georg Maier, accuse le parti d’espionnage au profit de Vladimir Poutine. "Depuis quelque temps, nous constatons avec une inquiétude croissante que l’AfD abuse de son droit parlementaire de poser des questions afin d’enquêter systématiquement sur nos infrastructures critiques", avait-il confié aux journalistes du quotidien Handelsblatt.

Interpellé par "l’intensité et la profondeur dans les détails croissantes" des quelque dizaines d’intervention des élus de l’AfD de Thuringe sur les douze derniers mois, Georg Maier a déclaré avoir l’impression "que l’AfD traite une liste de commandes du Kremlin avec ses demandes." Et l’espionnage ne serait pas une première à l’AfD. En septembre, l’ex-assistant d’un député de l’AfD était condamné pour espionnage au profit de la Chine.

Cette bataille dépasse les frontières de Thuringe. A Brandebourg, les Verts ont également établi une liste des questions qui ont éveillé leurs soupons. Ici encore, les interventions de l’AfD gravitaient autour des drones et la défense civile allemande.

"Tenus en laisse par le Kremlin"

Quant au Bundestag, le Parlement fédéral, il n’a pas échappé non plus à son lot d’interventions inquiétantes. Comme le révèle le New York Times, des journalistes auraient reçu une liste de questions de l’AfD dont une demande de déclassification du programme de défense de l’armée allemande.

Marc Henrichmann, le président de la commission de contrôle des services secrets au Bundestag a recensé un total de 47 demandes portant sur la sécurité nationale en provenance du parti d’extrême droite. Et le parlementaire de cingler : "Ils sont tenus en laisse par le Kremlin". Car si les prises de parole de l’AfD inquiètent la classe politique, les relations du parti avec Moscou ne peuvent qu’attiser les tensions. A plusieurs reprises depuis le début de la guerre, ses élus se sont rendus en Russie, ont remis en cause le soutient allemand à l’Ukraine et tenu des discours élogieux à l’égard de Vladimir Poutine.

"Nous traiter de nazis ne fonctionne plus"

Des accusations que réfute fermement l’AfD, qui assure que ses détracteurs ont volontairement mal interprété ses questions au gouvernement pour des raisons politiques. Selon le New York Times, une intervention que Georg Maier jugeait suspecte concernait pourtant la construction d’une route en Thuringe. A la suite de l’interview du ministre du Lander dans Handelsblatt, le parti d’extrême droite a intenté des poursuites en diffamation contre l’homme politique et le titre de presse. Si la plainte contre Handelsblatt a été rejetée par la justice, celle contre Georg Maier est toujours en cours.

"Nous traiter de nazis ne fonctionne plus, maintenant, ils essaient de nous présenter comme des agents de la Russie", avait déploré Tino Chrupalla, le président de l’AfD, en octobre après une première vague de révélations sur les demandes de déclassifications du parti.

© afp.com/John MACDOUGALL

Le Bundestag, chambre basse du Parlement allemand, à Berlin le 2 avril 2024
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Immobilier, consommation… Les inquiétants signaux de l’économie chinoise

Le mois de novembre a révélé un net ralentissement de l’économie chinoise. La raison ? Le manque de consommation des Chinois eux-mêmes. Partout, leurs dépenses baissent : la croissance des ventes au détail est tombée à 1,3 % sur un an, son niveau le plus bas depuis 2022. Les ventes de voitures ont reculé de 8,3 %, celles d’électroménager de près de 20 %, selon une note de Goldman Sachs consultée par Les Échos.

Les investissements immobiliers ont chuté de 16 % entre janvier et novembre par rapport à la même période de 2024. La production industrielle, quant à elle, continue d’augmenter, mais à un rythme légèrement inférieur (+ 4,8 % en novembre contre + 4,9 % un an plus tôt), signalant un ralentissement plus général de l’activité.

La Chine ne pourra pas se reposer sur ses exportations

Il s’agit de l’une des premières baisses marquées de l’investissement enregistrées dans l’histoire récente du pays. Jusqu’à présent, la Chine avait compensé la faiblesse de sa demande intérieure par la vigueur de la demande extérieure, en écoulant à l’étranger son surplus de production et en soutenant ainsi sa croissance économique. Ce mois de décembre, l’excédant commercial chinois a dépassé pour la première fois les 1 000 milliards de dollars.

Mais cette stratégie atteint ses limites. La deuxième économie mondiale n’a plus le luxe de s’appuyer sur ses seules exportations : selon le Fonds monétaire international, la Chine est trop grande et trop peuplée pour fonder son modèle de croissance sur ce seul levier. La consommation intérieure doit donc redevenir le principal moteur de l’activité. Le 11 décembre dernier, le FMI a exhorté explicitement la Chine à réorienter son économie sur une relance de la consommation intérieure plutôt que vers des exportations de masse.

Pas nouvelle, la dynamique avait jusqu’ici été enrayée par des dispositifs de soutien mis en place ces dernières années via des subventions publiques aux biens de consommation. Essoufflées aujourd’hui, ces politiques publiques ont surtout permis d’avancer des achats plutôt que de créer une dynamique durable. L’an dernier, Pékin avait notamment consacré environ 36 milliards d’euros à des coupons incitant les ménages à remplacer leurs appareils électroménagers et électroniques usagés par du neuf. Selon l’agence de presse officielle Xinhua, ce programme avait généré près de 240 milliards d’euros de ventes — un effet aujourd’hui largement retombé.

Les conséquences de l’effondrement immobilier chinois

Ces nouveaux chiffres révèlent la difficulté croissante du gouvernement à restaurer la confiance des ménages, ébranlée par le choc du Covid-19 puis par l’effondrement du marché immobilier. Les faillites retentissantes de promoteurs comme Evergrande ou Country Garden ont profondément affecté la consommation dans un pays où l’épargne des ménages est majoritairement investie dans la pierre.

La crise immobilière a également privé les gouvernements locaux d’une source essentielle de revenus, limitant leur capacité à financer des projets d’infrastructures publiques. Et les signaux récents ne rassurent pas davantage : China Vanke, l’un des derniers grands promoteurs encore debout, n’a pas obtenu l’aval nécessaire pour reporter le remboursement d’une obligation arrivée à échéance, se rapprochant ainsi de la faillite.

Des réponses politiques encore attendues

Face au risque d’un ralentissement prolongé, les autorités chinoises affichent leur volonté de réagir. Selon le Wall Street Journal, les principaux dirigeants du pays se sont engagés à faire du soutien à la demande intérieure une priorité à partir de 2026. L’agence de presse officielle Xinhua rapporte par ailleurs que des responsables politiques et des dirigeants de grandes entreprises, réunis début décembre lors de la réunion annuelle du Parti consacrée aux questions économiques, ont promis des mesures visant à accroître les revenus des ménages.

Dans le même esprit, Xi Jinping a déclaré durant cette réunion que la Chine continuerait "d’étendre la demande et d’optimiser l’offre" en 2026. Des "initiatives spéciales" doivent être mises en œuvre pour stimuler la consommation, a-t-il décrété tandis que certaines "restrictions déraisonnables" seraient levées, signe d’une prise de conscience des limites du modèle actuel.

© L'Express

En un an, les ventes de voitures ont reculé de 8,3 %, celles d’électroménager de près de 20 % en Chine.
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Ce plan du Pentagone qui prépare une réorganisation profonde de l'état-major

"Des rééquilibrages majeurs au sein des forces armées américaines". C’est ainsi que le Washington Post décrit le projet actuellement à l’étude au Pentagone, visant à restructurer en profondeur le commandement militaire des Etats-Unis. Elaborée par de hauts responsables du département de la Défense, cette proposition prévoit de réduire l’influence de plusieurs grands états-majors et de redistribuer l’autorité entre les généraux de haut rang, dans le cadre d’une politique de consolidation impulsée par le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth.

Selon le Washington Post, le chef d’état-major interarmées, le général Dan Caine, devrait présenter ce plan à Pete Hegseth dans les prochains jours. Toute réforme de cette ampleur nécessiterait ensuite l’aval du secrétaire à la Défense et du président Donald Trump, avant d’être mise en œuvre via le plan de commandement unifié du Pentagone, qui définit les responsabilités au sommet de l'appareil militaire.

Concrètement, la réforme envisagée entraînerait les changements les plus importants depuis plusieurs décennies, selon le Washington Post. Elle concrétiserait notamment la volonté affichée par Pete Hegseth de rompre avec le statu quo et de réduire drastiquement le nombre de généraux quatre étoiles. Le plan prévoit ainsi de reléguer au second plan les quartiers généraux du Commandement central des Etats-Unis, du Commandement européen et du Commandement pour l’Afrique, qui seraient placés sous l’autorité d’une nouvelle structure, baptisée Commandement international des Etats-Unis, selon cinq sources proches du dossier citées par le Washington Post.

Une réorientation des priorités

Ce projet s’inscrit dans une stratégie plus large de l’administration Trump visant à réorienter les priorités militaires américaines. Jusqu’ici concentrés sur l’Asie occidentale, l’Europe et l’Afrique, les efforts seraient appelés à se déplacer vers un renforcement des opérations dans l’hémisphère occidental. Une inflexion stratégique cohérente avec la stratégie de sécurité nationale publiée en décembre, qui affirme que "l’époque où les Etats-Unis soutenaient l’ordre mondial tout entier, tel Atlas, est révolue".

Le document anticipe l'"effacement civilisationnel" de l’Europe et survole la stratégie sur l’Afrique et le Proche-Orient en quelques paragraphes. Il vise à réorienter la politique sécuritaire américaine au regard des évolutions géopolitiques, mais surtout des intérêts de Washington nouvellement définis.

Autre évolution importante : le Commandement Sud et le Commandement Nord des Etats-Unis, actuellement distincts, seraient regroupés sous un nouveau quartier général unique : le Commandement des Etats-Unis pour les Amériques, ou "Americom". Ce projet, révélé en février 2025 par NBC News, viserait à centraliser la supervision des opérations militaires sur l’ensemble du continent américain. Une option consistant à créer un Commandement arctique rattaché à Americom a également été envisagée, avant d’être finalement abandonnée, selon des sources proches du dossier.

Un manque de transparence

"Pris ensemble, ces rééquilibrages réduiraient le nombre de commandements de combat de haut niveau — les commandements opérationnels — de 11 à 8. Ils diminueraient également le nombre de généraux quatre étoiles et d’amiraux relevant directement du secrétaire à la Défense", décortique toujours le Washington Post. Les commandements maintenus seraient ceux de l’Indo-Pacifique, du Cyberespace, des Opérations spéciales, de l’Espace, du Commandement stratégique et du Commandement des transports des États-Unis.

Si le projet n’en est encore qu’au stade de la proposition, son élaboration suscite des interrogations. Le Pentagone a jusqu’à présent communiqué très peu d’informations au Congrès, un manque de transparence qui a "perturbé les commissions des forces armées du Sénat et de la Chambre des représentants, pourtant à majorité républicaine", souligne le Washington Post. L’entourage de Pete Hegseth a refusé dans un communiqué au journal de commenter de "supposées discussions internes", ajoutant que toute information évoquant des divisions entre responsables sur la question était "complètement fausse".

© AFP

Washington, États-Unis | AFP | mardi 16/12/2025 - 12:18 UTC+1 | 400 mots

Le Pentagone planche sur une réorganisation profonde de l'état-major de l'armée américaine, qui réduirait notamment le nombre de généraux quatre étoiles et l'importance des commandements en Europe et en Afrique, affirme mardi le Washington Post.
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Derrière le Mercosur et la dermatose, une agriculture française en péril

Le 29 juin 2025 restera une date noire pour les éleveurs de bovins. Ce jour-là, apparaît pour la première fois dans le pays un foyer de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) en Savoie. Six mois plus tard, les foyers essaiment dans l’Hexagone, tandis que la ministre de l’agriculture jongle entre campagne de vaccination et abattages de troupeaux pour tenter d’ériger un "mur sanitaire". La colère gronde, la désinformation s’amplifie, sur fond de désespoir paysan. Prudent, l’Elysée cherche une nouvelle fois à gagner du temps sur le dossier du Mercosur, autre sujet sensible.

Mercosur, DNC : les deux irritants du moment en cachent un autre, peut-être plus inquiétant, car révélateur des faiblesses de la "ferme France". En 2025, l’excédent commercial agroalimentaire du pays aura entièrement fondu. Non seulement nos exportations de vins et de cognac, de céréales ou de produits laitiers, qui engrangeaient traditionnellement des milliards d’excédents sont à la peine, mais les fruits et légumes espagnols ne se sont jamais aussi bien vendus chez nous. Quant aux importations de cacao ou de café, elles sont de plus en plus coûteuses.

Conséquence : notre balance alimentaire, qui affichait un solde de 4 milliards d’euros en 2024, devrait tourner cette année autour de zéro, voire virer dans le rouge, une première depuis un demi-siècle. A l’époque, nos gouvernants n’avaient de cesse d’encourager la modernisation de l’agriculture française. En témoignent les mots du Premier ministre Georges Pompidou, à Aurillac, en 1967 : "La révolution économique fait que l’urbanisation se développe, que les populations des villes grandissent et que les méthodes modernes d’exploitation permettent des rendements très supérieurs, donc une production fortement accrue. Il y a par conséquent nécessité pour les agriculteurs de pouvoir vendre des quantités de produits chaque jour plus importantes vers la ville ou vers les marchés étrangers proprement dits."

"On a perdu le match"

Message bien reçu : en 2000, la France occupe la deuxième place européenne avec un excédent alimentaire de 10 milliards d’euros, derrière les Pays-Bas (+ 15 milliards). "Mais aujourd’hui, les Pays-Bas affichent un solde de 45 milliards, tandis que celui de la France est nul : on a perdu le match", constate Vincent Chatellier, ingénieur de recherche à l’Inrae. En cause, l’érosion de la compétitivité agricole.

Mais ce n’est pas la seule raison. Car la "ferme France" souffre d’abord de son rétrécissement : le nombre d’exploitations se réduit comme peau de chagrin et la production agricole s’affaisse. En cause, le manque de perspectives. « Quand on ne gagne pas assez d’argent à long terme, notamment dans l’élevage, on investit moins, on robotise moins, on améliore moins la productivité », précise Vincent Chatellier.

Surtout, les paysans finissent par renoncer : l’agriculture est victime d’une disparition silencieuse. Les troupeaux suivent la même tendance : on comptait au début de l’année 3,1 millions de vaches laitières en France, un chiffre divisé par deux ans en quarante ans. On se souvient de cette phrase culte de Jacques Chirac, au salon de l’agriculture en 2005. "Ce ne sont pas des bovins, c‘est des chefs-d’œuvre". Des chefs-d’œuvre désormais en péril.

© afp.com/Matthieu RONDEL

Cette photographie montre le tracteur d'un agriculteur arborant le drapeau de la Coordination Rurale (CR) à Bordes-sur-Arize, le 10 décembre 2025
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Trinité-et-Tobago, cette île minuscule au rôle crucial dans le conflit entre Donald Trump et Nicolas Maduro

Petite république insulaire posée aux portes du Venezuela, Trinité-et-Tobago s’impose depuis plusieurs mois comme un allié assumé de Donald Trump dans les Caraïbes. De quoi érafler durablement ses relations avec Caracas. Dernier épisode en date : l’archipel a été accusé, lundi 15 décembre, par le Venezuela, d’avoir participé à la saisie par les Etats-Unis d’un pétrolier transportant du brut vénézuélien, une première dans l’escalade entre Washington et le pouvoir de Nicolas Maduro.

L’opération, impliquant des hélicoptères et des soldats américains descendus en rappel sur le pont du navire, a été dénoncée par Caracas comme un "acte de piraterie internationale". Trinité-et-Tobago a immédiatement rejeté toute implication directe. La Première ministre Kamla Persad-Bissessar, élue en mai dernier et proche de Donald Trump, a affirmé ne pas être "perturbée" par les accusations, invitant les autorités vénézuéliennes à "adresser leurs plaintes au président Trump", selon des déclarations transmises à l’AFP.

Dans la foulée, Port-d’Espagne a toutefois autorisé les Etats-Unis à utiliser ses aéroports "pour les semaines à venir" pour des opérations de nature logistique, alimentant la colère de Caracas. Depuis août, Washington a renforcé sa présence militaire dans les Caraïbes, officiellement pour lutter contre le narcotrafic. Le Venezuela y voit une stratégie de pression visant à affaiblir le régime Maduro et à contrôler ses immenses ressources pétrolières.

Une position stratégique

En réponse, le gouvernement vénézuélien a annoncé la suspension immédiate de tous les contrats et négociations liés à l’approvisionnement en gaz naturel de Trinité-et-Tobago, prolongeant une rupture amorcée dès la fin octobre. Une décision lourde de conséquences pour l’archipel, historiquement dépendant de la coopération énergétique avec son voisin.

De taille modeste — 1,4 million d’habitants et une armée de moins de 6 000 soldats — Trinité-et-Tobago est située à une dizaine de kilomètres seulement des côtes vénézuéliennes. Fin octobre, l’archipel a accueilli le navire de guerre américain USS Gravely, tandis qu’un contingent de Marines a mené des manœuvres du 16 au 21 novembre. Après avoir nié leur présence, la Première ministre a reconnu que plus de 100 Marines travaillaient sur des infrastructures aéroportuaires et de surveillance.

Le rapprochement avec Washington est assumé. Kamla Persad-Bissessar n’a cessé de multiplier les déclarations hostiles au pouvoir vénézuélien, tout en assurant que les États-Unis n’utilisent pas le territoire trinidadien pour lancer des attaques contre Caracas. Son discours sécuritaire, très aligné sur celui de Donald Trump, s’inscrit à la fois dans une stratégie de lutte contre le crime organisé et dans un opportunisme économique assumé. En septembre dernier, la septuagénaire appelait sans détour l’armée américaine à "tuer violemment" les trafiquants, dans un message publié le 2 septembre sur son compte WhatsApp, selon Le Monde.

Une alliance critiquée

Pour les Etats-Unis, Trinité-et-Tobago représente un point d’appui stratégique, dans un contexte de regain d’influence américaine en Amérique latine. La visite, fin novembre, du chef d’état-major américain Dan Caine à Port-d’Espagne — une première pour un responsable militaire de ce rang — a confirmé l’importance de l’archipel dans la campagne américaine dans les Caraïbes. Washington a également installé un radar sur le nouvel aéroport de Tobago, renforçant ses capacités de surveillance régionale.

Mais cette alliance étroite ne va pas sans risques. A Caracas, le ministre de l’Intérieur Diosdado Cabello accuse la Première ministre trinidadienne de "mettre en danger les relations bilatérales" et la sécurité de sa population. Des voix plus nuancées s’élèvent toutefois dans la région. Pour l’expert en sécurité Garvin Heerah, cité par The Hill, "le Venezuela restera notre voisin", notamment en matière de pétrole et de gaz. Dans le pays même, la ligne dure du gouvernement divise : la presse et une partie de la société civile dénoncent une perte de souveraineté et un alignement excessif sur Washington. En septembre, le Trinidad and Tobago Newsday tranchait : "Kamla roule pour Trump".

© afp.com/MARTIN BERNETTI

Le navire de guerre américain USS Gravely, quitte le 30 octobre 2025 Trinité-et-Tobago où il était positionné depuis dimanche dans le cadre du déploiement militaire américain dans les Caraïbes pour une opération antidrogue
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Guerre en Ukraine : la participation des Européens aux négociations "n’augure rien de bon" selon Moscou

Volodymyr Zelensky s’était félicité lundi 15 décembre de "progrès" dans les négociations avec les Etats-Unis pour mettre fin à la guerre avec la Russie, les Européens avançant de leur côté la proposition d’une force multinationale pour garantir la paix en Ukraine. Donald Trump s’est lui montré très optimiste, après s’être entretenu avec le président ukrainien et plusieurs dirigeants européens. Mais la Russie elle ne se montre pas si encourageante face à cette nouvelle dynamique, qui "en termes d’acceptabilité n’augure rien de bon", a réagi mardi 16 décembre le Kremlin, qui assure ne pas encore avoir connaissance des propositions européennes en termes de garantie de sécurité pour l’Ukraine. Dans le même temps, la Russie a affirmé avoir le "contrôle" de Koupiansk, ville-clé du nord-est de l’Ukraine, où les forces ukrainiennes ont revendiqué récemment la reprise de plusieurs quartiers à l’armée russe.

Les infos à retenir

⇒ La Russie affirme avoir le "contrôle" de la ville de Koupiansk

⇒ La France réclame des garanties "robustes" pour Kiev avant toute discussion territoriale

⇒ Le Kremlin estime que la participation des Européens aux négociations n’augure "rien de bon" en termes d’acceptabilité par la Russie

La participation des Européens aux négociations sur l’Ukraine "n’augure rien de bon" réagit Moscou

"La participation des Européens, en termes d’acceptabilité (de l’accord par Moscou), n’augure rien de bon", a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, cité par les agences de presse russes. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’était félicité lundi de "progrès" dans les négociations à l’issue de rencontres à Berlin avec les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner, les Européens avançant de leur côté la formation d’une "force multinationale pour l’Ukraine", qui serait constituée de "contributions de nations volontaires et soutenue par les Etats-Unis". Ils évoquent aussi "un mécanisme de surveillance et de vérification du cessez-le-feu dirigé par les Etats-Unis".

Le Kremlin a dit mardi ne pas avoir pris connaissance de ces propositions européennes publiées la veille. "Pour l’instant, nous n’avons vu que des publications dans les journaux et nous n’y réagirons pas. Nous n’avons pas vu le texte. Quand nous le verrons, nous l’analyserons" a déclaré Dmitri Peskov. Cela précédera l’organisation d’une nouvelle rencontre, avec sa propre participation, à ce sujet.

Investissement sans précédent de Londres dans la défense aérienne ukrainienne

Selon le secrétaire à la défense britannique, John Healey qui s’exprimait à l’ouverture d’une réunion du groupe de contact pour la défense de l’Ukraine ce mardi, le Royaume-Uni va fournir à Kiev des moyens de défense aérienne, des missiles et des tourelles automatisées pour abattre les drones d’une valeur de 600 millions de livres (685 millions d’euros). "La défense aérienne est une priorité absolue. C’est pourquoi je peux confirmer aujourd’hui le plus important investissement jamais réalisé par le Royaume-Uni en une seule année dans la défense aérienne ukrainienne" a-t-il déclaré. Avant d’annoncer annoncer le lancement imminent de la production de drones intercepteurs Octopus au Royaume-Uni, dont plusieurs milliers doivent être fournis chaque mois à l’Ukraine.

L’Allemagne renforce les défenses antiaériennes de l’Ukraine

A la sortie de la réunion du groupe de contact pour l’Ukraine, l’Allemagne a réaffirmé, mardi, son engagement à poursuivre et renforcer son soutien militaire à l’Ukraine. Le ministre de la défense Boris Pistorius a annoncé que Berlin prévoyait d’allouer 3 milliards d’euros supplémentaires d’aide militaire l’an prochain, portant le total de l’aide allemande prévue pour 2026 à 11,5 milliards d’euros. L’Allemagne prévoit aussi de livrer à l’Ukraine un grand nombre de missiles Sidewinder puisés dans ses propres stocks, selon Le Monde. Durant la réunion, Boris Pistorius a souligné que la sécurité de l’Ukraine était "étroitement liée" à celle de l’Europe et que l’objectif était de permettre à Kiev de négocier à partir d’une position de force.

L'ONU s’inquiète des libertés en territoires ukrainiens occupés

Le Haut-Commissaire de l'ONU pour les droits de l’homme s’est inquiété mardi d’une diminution des libertés dans les territoires ukrainiens occupés par la Russie. "Nos conclusions font état d’un durcissement des restrictions à la liberté de circulation, d’expression et de religion", a déclaré Volker Türk, devant le Conseil des droits de l’homme de l'ONU. Il a souligné que l’accès à Internet et aux services de messagerie a été encore "davantage limité". Il a par ailleurs indiqué que "les confiscations de biens par les autorités russes dans les territoires occupés, en violation du droit international humanitaire, suscitent des inquiétudes croissantes".

La défense du flanc oriental de l’Europe doit être une priorité "immédiate"

La défense du flanc oriental de l’Europe doit être une priorité "immédiate" en raison de la menace russe, ont déclaré mardi les dirigeants de huit pays du nord et de l’est de l’Europe lors d’un sommet à Helsinki.

"La Russie reste une menace aujourd’hui, demain et dans un avenir prévisible", a dit le Premier ministre finlandais Petteri Orpo, à l’occasion d’une conférence de presse.

La Russie condamnée pour la répression d’organisations liées à Navalny (CEDH)

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné mardi la Russie pour de nombreuses mesures contre des organisations liées à l’opposant Alexeï Navalny, destinées à éliminer l’opposition. Parmi ces mesures, prises à partir de 2019, des perquisitions coordonnées à grande échelle, saisie de biens, gel de comptes bancaires, classification de l’organisation de Navalny (le Fonds de lutte contre la corruption, le FBK) comme "agent de l’étranger" puis sa qualification "d’extrémiste". Charismatique militant anticorruption et opposant numéro un à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny est mort en février 2024 dans des circonstances troubles dans une colonie pénitentiaire de l’Arctique russe.

Mise en place d’un organisme européen pour statuer sur les réparations

De hauts responsables européens se réunissent mardi pour approuver la mise en place d’un organisme international basé à La Haye et chargé de statuer sur les réparations à verser à l’Ukraine pour compenser l’invasion russe. La "Commission internationale des réclamations pour l’Ukraine" évaluera et statuera sur les demandes de réparations, y compris sur les montants à verser, sachant qu’un "registre des dommages" existe déjà et a reçu environ 80 000 demandes d’indemnisation émanant de particuliers ou d’organisations.

La création de cet organisme doit être approuvée lors d’un sommet de haut niveau à La Haye, auquel participent le président ukrainien Volodymyr Zelensky et la cheffe de la politique étrangère de l’Union européenne, Kaja Kallas.

La Russie affirme avoir le "contrôle" de la ville de Koupiansk

La Russie a affirmé mardi 16 décembre avoir le "contrôle" de Koupiansk, ville-clé du nord-est de l’Ukraine, où les forces ukrainiennes ont revendiqué récemment la reprise de plusieurs quartiers à l’armée russe. "La ville de Koupiansk est sous contrôle de la 6e armée russe", a déclaré à l’agence officielle russe TASS Léonide Charov, porte-parole du groupement militaire russe Zapad, déployé dans cette zone.

La Russie avait affirmé avoir capturé Koupiansk en novembre, l’Ukraine assurant ensuite en avoir repris plusieurs quartiers. De "petits groupes" de soldats ukrainiens tentent "tous les jours" de pénétrer dans Koupiansk, a reconnu Léonide Charov, tout en insistant que "tous les quartiers sont sous contrôle des forces russes".

Volodymyr Zelensky avait déclaré vendredi avoir rendu visite aux troupes dans la zone de Koupiansk, dans une vidéo publiée après l’annonce par Kiev de la reprise de deux localités proches et de plusieurs quartiers de cette ville clé du nord-est de l’Ukraine. Sa visite est intervenue peu après une annonce par les forces ukrainiennes d’une "percée" dans la zone de Koupiansk, le noeud ferroviaire clé de la région de Kharkiv.

La France réclame des garanties "robustes" pour Kiev avant toute discussion territoriale

La France a de nouveau réclamé l’établissement de "garanties de sécurité robustes" pour Kiev avant d’aborder l’épineuse question des territoires ukrainiens dont la cession est exigée par Moscou, a indiqué mardi l’entourage d’Emmanuel Macron après des réunions sur la question à Berlin. "Nous avons progressé sur la question des garanties, sur la base du travail accompli par la coalition des volontaires, grâce à une clarification des modalités du soutien américain", a indiqué l’entourage du président français.

Le président américain Donald Trump, qui a maintes fois promis d’obtenir une paix rapide en Ukraine, veut un arrêt des combats coûte que coûte. Il a multiplié les signes d’agacement vis-à-vis de Kiev, alors que son pays est un soutien clé face à l’invasion russe débutée en 2022.

Un plan américain pour l’Ukraine, présenté en novembre, avait été jugé très favorable à Moscou, et Kiev ainsi que les Européens s’efforcent depuis de le remanier. Dimanche et lundi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a négocié à Berlin avec les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner, gendre de Donald Trump, pour tenter d’aboutir à un compromis. Un dîner de travail était ensuite prévu entre eux et des dirigeants européens, dont le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français.

Washington promet des garanties de sécurité "très fortes" à l’Ukraine

Les Etats-Unis ont assuré lundi avoir offert à Kiev des garanties de sécurité "très fortes", comparables à la protection qu’offrirait l’Otan, mais néanmoins acceptables, selon eux, pour la Russie. "Nous sommes plus proches aujourd’hui que nous n’avons jamais été" d’un accord mettant fin à la guerre avec la Russie, a déclaré le président américain Donald Trump, après s’être entretenu avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky et des dirigeants européens, réunis à Berlin.

"La Russie aussi veut que ça s’arrête. Le problème est qu’ils veulent y mettre fin, puis tout à coup ils ne veulent pas, et les Ukrainiens veulent y mettre fin, et tout à coup ils ne veulent pas. Donc il faut les mettre d’accord. Mais je pense que ça fonctionne", a-t-il ajouté.

Donald Trump a indiqué qu’il s’était entretenu récemment avec le président russe Vladimir Poutine, sans plus de précisions. Concernant les très difficiles questions territoriales, sur lesquelles le désaccord avec Kiev persiste, le président américain n’a pas fait mystère de sa position : les Ukrainiens "ont déjà perdu le territoire, pour être honnête".

© afp.com/Jussi Nukari

Le Premier ministre finlandais Petteri Orpo lors d'une conférence de presse à Helsinki, le 26 décembre 2024
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"En Chine, Emmanuel Macron a perdu la face" : nos lecteurs réagissent à l’actualité

En Chine, Emmanuel Macron a perdu la face

René Andron, Marseille (Bouches-du-Rhône), 6 novembre

​Quiconque connaît la culture chinoise sait l’importance de la "face", cette considération que l’on vous porte du fait de votre attitude, de votre position ou de votre réussite. A l’occasion de son voyage en Chine, nous avons vu très clairement qu’Emmanuel Macron a perdu la face. Il suffit d’observer l’accueil qui lui a été réservé ou ses échanges avec le président Xi pour comprendre qu’il ne sortira rien d’intéressant pour nous, pour l’Europe ou pour l’Ukraine de ce déplacement. (François Chimits : "Face à la déferlante de produits chinois, la réponse de l’UE n’est pas à la hauteur", sur lexpress.fr).

Un jour, la charia en France ?

Sylvie Gilbard, Bois-Colombes (Hauts-de-Seine)

Si je comprends bien le courrier de Brahim Dahou, la charia ne peut s’appliquer que dans un pays majoritairement musulman. Donc, la France pourrait être obligée d’appliquer la charia si les musulmans s’y trouvaient en majorité. Or, cela pourrait très bien arriver. Qu’en serait-il alors de nos droits comme la liberté d’expression, l’égalité hommes femmes ou la fraternité, quand on voit les autres religions mises au ban dans bon nombre de pays musulmans ? Il est important que les musulmans de France choisissent entre un Islam figé dans un autre temps et les lois de la République. ("La montée de l’islamisme touche toute l’Europe" : le sondage choc de l’Ifop analysé par Ruud Koopmans, sur lexpress.fr).

Fiscalité des successions

Jacques Canier, Colombes (Hauts-de-Seine)

Certains veulent supprimer l’impôt sur les successions en ligne directe. Il y a là selon moi une forme d’hypocrisie et de réflexe individualiste, que révèlent les cas de successions indirectes. En effet, l’expérience montre souvent le rejet "indigné" de l’impôt par ceux qui héritent de leurs oncles, tantes ou cousins. En France, sans doute plus qu’ailleurs, on rêve de s’enrichir sans travail, et l’hypothèse d’un héritage providentiel suffit à demander par réflexe une exonération. (Taxer les héritages, c’est briser la chaîne des générations, par Julia de Funès, L’Express du 3 novembre).

Les pacifistes face à la guerre

Dominique Goepp, Paris

​L’un de vos lecteurs, à la suite des propos du général Mandon, semble imputer la défaite de 1940 aux "pacifistes", avec des allusions à la gauche, bien entendu. Il me paraît donc nécessaire de rappeler les points suivants. Un : dans les années 1930, une bonne partie de la droite et de l’extrême droite était opposée à la guerre contre l’Allemagne, perçue comme un rempart contre l’URSS. Deux : le Front populaire a fortement augmenté les crédits militaires. Trois : la principale cause de notre défaite est l’incurie de notre état-major. En août 1939, le généralissime Gamelin avait affirmé : "Si la guerre est déclarée, les Allemands se révolteront contre Hitler et l’armée française n’aura pas besoin de tirer un seul coup de canon". Espérons que le général Mandon et ses collègues soient plus lucides ! (Page "Courrier", L’Express du 4 décembre).

Egalité hommes-femmes

Jean Gabard

Les violences faites aux femmes constituent l’un des problèmes sociaux majeurs du XXIᵉ siècle et, pour éliminer ce fléau, il est indispensable de rappeler l’égalité en dignité et en droits entre femmes et hommes. En revanche, la revendication d’une "égalité réelle" risque de conduire à des malentendus. Certains considèrent en effet que toute différence observable entre les sexes, autre que physique, résulte exclusivement de discriminations et d’une construction sociale sexiste. Or tel n’est pas le cas : de nombreux travaux montrent que certaines différences biologiques influencent aussi motivations et comportements. Les avancées en psychogenèse indiquent également l’existence de différences dans la structuration du psychisme, indépendantes de la culture. (Deux ou trois vérités scientifiques sur les hommes et les femmes, L’Express du 6 novembre).

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© afp.com/Jacques WITT

​"Quiconque connaît la culture chinoise sait l'importance de la "face", cette considération que l'on vous porte du fait de votre attitude, de votre position ou de votre réussite. A l'occasion de son voyage en Chine, nous avons vu très clairement qu’Emmanuel Macron a perdu la face", estime l'un de nos lecteurs.
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La force multinationale proposée par les Européens en Ukraine : de quoi s’agit-il concrètement ?

Les pions diplomatiques avancent sur l’échiquier européen. Volodymyr Zelensky s’est félicité, lundi 15 décembre, de "progrès" dans les négociations avec les Etats-Unis pour mettre fin à la guerre avec la Russie, les Européens avançant de leur côté la proposition d’une force multinationale pour garantir la paix en Ukraine. Donald Trump s’est lui montré très optimiste, après s’être entretenu avec son homologue ukrainien et plusieurs dirigeants européens. Dimanche et lundi, le président ukrainien a négocié à Berlin avec les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner, gendre de Donald Trump, pour tenter d’aboutir à un compromis sur un plan pouvant mettre fin aux combats.

Au cœur des discussions, la protection qu’obtiendra l’Ukraine des Américains après un éventuel cessez-le-feu. Kiev redoute qu’un cessez-le-feu sans protection solide n’ouvre la voie à une nouvelle offensive russe. Les Etats-Unis ont dit offrir des garanties de sécurité "très fortes" mais néanmoins acceptables, selon eux, pour la Russie. Un "engagement juridiquement contraignant" qui prévoit une assistance militaire des alliés, sur un modèle proche de l’article 5 du traité de l’Otan, sans pour autant intégrer l’Ukraine à l’Alliance, une ligne rouge pour le Kremlin.

Dans une déclaration commune, les dirigeants du Royaume-Uni, de la France, de l’Allemagne et de huit autres pays européens ont donné leur aperçu le plus détaillé à ce jour des garanties de sécurité qu’ils sont prêts à fournir à l’Ukraine, avec l’aval des Etats-Unis. C’est dans ce cadre que s’inscrit la proposition européenne d’une "force multinationale pour l’Ukraine". Concrètement, cette force serait dirigée par les Européens, composée de contingents fournis par des pays volontaires et soutenue par les Etats-Unis.

Une force qui pourrait opérer sur le sol ukrainien

Inspirée de la "coalition des volontaires", portée par la France et le Royaume-Uni, elle pourrait soutenir de manière "durable" une armée ukrainienne de 800 000 hommes, selon une déclaration transmise par le gouvernement allemand. Cette force multinationale pourrait également opérer sur le sol ukrainien. "Elle contribuera à la régénération des forces ukrainiennes, à la sécurisation de l’espace aérien ukrainien et à la sécurisation des mers, notamment en opérant à l’intérieur de l’Ukraine", résume le texte rédigé par les Européens.

L’objectif affiché est clair : dissuader Moscou de toute nouvelle attaque après un cessez-le-feu. "Les Européens cherchent à bétonner des garanties de sécurité avant toute concession territoriale", résume le quotidien belge Le Soir. Berlin, Paris, Londres et plusieurs autres capitales estiment qu’un accord de paix serait voué à l’échec sans un dispositif crédible de protection à long terme. Le Premier ministre britannique Keir Starmer l’a rappelé : sans garanties "solides", aucun accord ne tiendrait.

"Vraie chance pour un processus de paix"

Les discussions de Berlin marquent aussi un tournant diplomatique. Le format Ukraine – Etats-Unis – Europe constitue une première depuis la présentation, en novembre, d’un plan américain jugé trop favorable à Moscou par plusieurs capitales européennes. Un mécanisme de surveillance et de vérification du cessez-le-feu, dirigé par les Etats-Unis, est également évoqué. Le document souligne qu’il appartient "désormais à la Russie de montrer sa volonté d’œuvrer en faveur d’une paix durable". Les pourparlers de Berlin offrent une "vraie chance pour un processus de paix", a estimé Friedrich Merz, jugeant qu’un cessez-le-feu avant Noël ne dépendait "plus que de la Russie".

Des divergences majeures subsistent toutefois, notamment sur la question des territoires occupés par la Russie. Volodymyr Zelensky plaide pour un gel de la ligne de front plutôt qu’une cession territoriale, alors que Moscou réclame la reconnaissance de ses conquêtes, en particulier dans le Donbass, région hautement fortifiée où les combats restent intenses malgré les lourdes pertes russes. Pour les Européens comme pour Kiev, la balle est désormais "dans le camp de la Russie".

© afp.com/RALF HIRSCHBERGER

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier (d) accueille le président ukrainien Volodymyr Zelensky au palais présidentiel de Bellevue, le 15 décembre 2025 à Berlin
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Attentat à Sydney : l'enquête avance, le gouvernement évoque "l'idéologie de l'Etat islamique"

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a indiqué mardi 16 décembre que les auteurs de l'attentat meurtrier sur une plage de Sydney étaient probablement "motivés par l'idéologie" du groupe "Etat islamique" alors que l'enquête apporte un faisceau d'indices croissant.

Dimanche soir, Sajid et Naveed Akram, un père et son fils, ont ouvert le feu à au moins 40 reprises, pendant une dizaine de minutes sur la foule rassemblée sur la plage de Bondi pour la fête juive de Hanouka, faisant au moins 15 morts et 42 blessés. Les autorités ont qualifié l'attentat d'antisémite mais n'avaient jusque-là donné que peu de détails sur les motivations des assaillants. Mardi, Anthony Albanese a évoqué une radicalisation des deux assaillants avant l'attentat. "Il semblerait que cela ait été motivé par l'idéologie de l'Etat islamique" (EI) a déclaré le chef du gouvernement à la chaîne nationale ABC.

Un voyage aux Philippines

Le véhicule retrouvé près de la plage de Bondi était immatriculé au nom du fils, contenait deux drapeaux de l'Etat islamique et des engins explosifs improvisés, a déclaré plus tard Mal Lanyon, responsable de la police de Nouvelle-Galles-du-Sud.

Mal Lanyon a précisé que la police enquêtait sur un récent voyage aux Philippines effectué par le père et le fils. Le Bureau de l'Immigration des Philippines a confirmé mardi que le père et le fils s'étaient rendus dans le pays entre le 1er et le 28 novembre, respectivement avec un passeport indien et australien, et que leur finale était la région de Davao, sur l'île méridionale de Mindanao. De petits groupes de combattants islamistes ayant prêté allégeance à l'Etat islamique (EI) subsistent sur l'île de Mindanao, en dépit de la signature d'un pacte de paix en 2014 entre le gouvernement et le Front islamique de libération Moro.

Selon Anthony Albanese, le plus jeune assaillant, Naveed Akram, 24 ans, avait fait l'objet de vérifications des renseignements australiens en 2019, sans paraître constituer à l'époque de menace immédiate. "Il a attiré leur attention en raison de ses relations avec d'autres", "deux des personnes avec lesquelles il était associé ont été inculpées et sont allées en prison, mais il n'a pas été considéré à l'époque comme un potentiel suspect", a rapporté M. Albanese.

Le jour de l'attaque, l'homme a dit à sa mère qu'il partait en ville pour pêcher, selon des médias. Les autorités pensent qu'il s'est en fait retranché dans un appartement de location avec son père pour préparer l’attaque. Armés de fusils, les deux hommes ont criblé la plage de balles pendant dix minutes avant que la police n'abatte Sajid, âgé de 50 ans. Arrêté par la police et grièvement blessé, Naveed se trouve lui, dans le coma à l'hôpital, sous la surveillance des forces de l'ordre.

"Nous sommes un pays courageux"

Le Premier ministre s'est rendu mardi au chevet d'Ahmed Al Ahmed, qui a réussi à arracher le fusil d'un des assaillants. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur", a souligné Anthony Albanese. Grièvement blessé, et cloué au lit, Ahmed Al Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes qui lui souhaitent du bien dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux mardi matin.

Nombre de dirigeants mondiaux ont condamné avec force cet attentat qui a tué 15 personnes âgées de 10 ans à 87 ans, dont un Français de 27 ans, Dan Elkayam, un rabbin de 41 ans, Eli Schlanger et Alex Kleytman, un survivant de la Shoah né en Ukraine.

Pour le dirigeant israélien Benyamin Netanyahou, la décision australienne de reconnaitre la Palestine plus tôt cette année a mis de "l'huile sur le feu de l'antisémitisme". Le gouvernement a "échoué à prendre des mesures adéquates pour protéger la communauté juive" a déclaré à l'AFP le président de l'Australian jewish association.

Les chefs des Etats et territoires d'Australie se sont réunis lundi pour convenir du renforcement de la "législation sur les armes à feu", qui a permis au père Sajid Akram de posséder six armes. Le pays n'avait pas été frappé par une telle tuerie depuis le massacre de Port Arthur en 1996, qui avait fait 35 victimes en Tasmanie, au sud de l'Australie. L'attentat avait été suivi d'un programme de rachat d'armes et de nouvelles restrictions sur les armes semi-automatiques.

© afp.com/Handout

Photo diffusée par le bureau du Premier ministre australien Anthony Albanese venu déposer des fleurs au Pavillon Bondi, après une fusillade à Bondi Beach, le 15 décembre 2025 à Sydney, en Australie
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Terrorisme antisémite : Sydney ne sera pas la dernière cible

A Gaza, les armes se taisent depuis deux mois. Ailleurs dans le monde, la haine antisémite n’a pas hurlé aussi fort depuis des décennies. En Occident, les manifestations propalestiniennes rassemblent chaque week-end des foules plus compactes et plus radicalisées contre Israël, avec un slogan entêtant : "mondialiser l’intifada". Soit répandre sur le globe cette "guerre des pierres" qui a opposé, par deux fois, Israéliens et Palestiniens.

A Sydney, ce 14 décembre, ce slogan a pris vie. Ou plutôt, il a semé la mort. Deux terroristes, un père et son fils, ont massacré quinze personnes sur la plage de Bondi, en pleine cérémonie de Hanoukka. Si le motif antisémite ne fait aucun doute, les errements des autorités interrogent : alors que le fils était proche de l’Etat islamique et sous surveillance, son père possédait un permis de port d’armes et six armes à feu. Comment un tel relâchement a-t-il été possible ? Une partie des médias australiens pointe les hésitations du gouvernement travailliste à s’attaquer de front à l’antisémitisme, inquiet de braquer la communauté musulmane du pays.

Les autorités étaient pourtant informées de la menace : les renseignements israéliens avaient fourni de nombreuses alertes à Canberra, notamment sur des réseaux iraniens prêts à frapper la communauté juive. Des menaces sérieuses, qui ont convaincu l’Australie d’expulser l’ambassadeur iranien en août. Insuffisant pour arrêter cette machine mortifère.

31 % des 18-24 ans jugent légitime de s’en prendre aux Français juifs

L’attentat de Sydney nous le rappelle : nous sommes entrés dans une nouvelle ère de la haine des juifs. "Deux ans après le massacre du 7-Octobre, il devrait être clair que l’antisémitisme ne reste pas confiné à la rhétorique, souligne Moshe Kantorn, président du Congrès juif européen, dans une récente tribune pour Euronews. Il se métastase en violence, déstabilise les communautés et empoisonne le tissu même de la vie démocratique." Aux Etats-Unis, le venin antisémite se répand ouvertement, de l’extrême gauche des campus aux influenceurs Maga les plus célèbres, comme Candace Owens et le néonazi Nick Fuentes, avec un accès direct à la Maison-Blanche.

La France n’est pas à l’abri, même si les autorités ont retenu les leçons des tragédies de l’école Ozar Hatorah de Toulouse en 2012 ou de l’Hyper Cacher en 2015. Les synagogues, les lieux de vie de la communauté juive et leurs fêtes, comme la célébration de Hanoukka sur les Champs-Elysées ce dimanche, restent sous forte protection policière. Ce qui n’empêche pas l’antisémitisme de prospérer : en septembre, un sondage de l’Ifop révélait que 31 % des 18-24 ans jugent légitime de s’en prendre aux Français juifs en raison de la guerre à Gaza. Nous sommes, nous aussi, dans une nouvelle ère.

© afp.com/Saeed KHAN

Un membre de la communauté juive se recueille devant le Bondi Pavillion au lendemain d'une fusillade mortelle à la plage de Bondi, le 15 décembre 2025 à Sydney, en Australie
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Pourparlers sur l'Ukraine : la descente aux enfers de l’Europe donne le tournis

"Il n’y a que deux types d’États en Europe : les petits et ceux qui ne savent pas encore qu’ils le sont". L’aphorisme attribué à l’homme d’Etat belge Paul-Henri Spaak, l’un des pères de la construction européenne dans les années 1950, n’a jamais été si proche de la réalité. Donald Trump, Vladimir Poutine et Xi Jinping l’ont bien compris, qui tiennent les Etats européens pour quantité négligeable et les voient comme un espace ouvert à leurs ingérences.

Les Européens ? "Ils parlent mais ils ne produisent pas", a argué le président américain dans une interview le 9 décembre au média Politico. La nouvelle Stratégie nationale de sécurité qu’il vient de promulguer affiche l’intention d’affaiblir, voire de détruire, les institutions communautaires. Même l’Otan est en sursis. Côté russe, le maître du Kremlin n’est pas en reste : "Les Européens sont vexés d’avoir été écartés des négociations […] ils n’ont pas de programme de paix, ils sont du côté de la guerre", a-t-il lancé le 2 décembre.

Une descente aux enfers de l'Europe

Sur le plan stratégique, la descente aux enfers de l’Europe donne le tournis. Elle n’est associée que marginalement aux discussions alors que c’est sa propre sécurité, au-delà de celle de l’Ukraine, qui est en jeu dans les steppes du Donbass. Beaucoup de citoyens européens ont éprouvé un profond sentiment d’humiliation en voyant leurs dirigeants contraints de quémander auprès de Washington un strapontin aux pourparlers de paix.

Trump a raison sur un point : pris individuellement, les Etats européens sont tous des poids plumes. Côté français, Emmanuel Macron en a fait la douloureuse expérience lors de son voyage le mois dernier à Pékin. Xi a rejeté avec dédain sa demande que la Chine se désolidarise de la Russie. L’Allemagne, poids lourd du continent, n’est pas traitée avec plus d’égards que les autres par Washington qui apporte son appui au parti d’extrême droite AfD. Et le Royaume-Uni, fidèle parmi les fidèles de la relation transatlantique, est vilipendé par Trump à chaque occasion qui s’offre à lui. Les grands d’antan découvrent leur nouvelle insignifiance.

Les dirigeants européens ne doivent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Ils se sont voilé la face devant les intentions hostiles de Poutine, même après l’annexion de la Crimée et l’occupation du Donbass en 2014. Ils ont cru que la Chine communiste allait devenir, comme par magie, pro occidentale. Ils ont prié en vain pour que Joe Biden soit réélu à Washington, puis ils ont courtisé son successeur avec flagornerie, sans rien obtenir en échange. "Les Européens ont tendu tellement de joues à Trump qu’on se demande s’il leur en reste", observe avec ironie Nathalie Tocci, la directrice de l’Institut italien des Affaires internationales, dans la revue Foreign Policy.

Le fractionnement du continent

Des raisons structurelles jouent leur rôle pour affaiblir l’Europe : le fractionnement du continent, la complexité des institutions européennes, le décrochage économique et la désindustrialisation accélérée, la dépendance énergétique, l’illusion qu’il serait possible de réarmer sans faire maigrir l’État providence : les États-Unis consacrent seulement 20 % de leur PIB aux dépenses sociales, selon l’OCDE, alors que le taux atteint plus de 30 % en France et près de 28 % en Allemagne ou en Italie.

Le rapport Draghi soulignait l’an dernier "la lente agonie" de l’Union. Ses propositions ont été en majorité ignorées, surtout celles qui prônaient plus d’intégration et qui auraient justement permis à l’UE d’être prise au sérieux et de compter parmi les grands. La guerre d’Ukraine agit comme un cruel révélateur des manquements européens. Pour peser face aux puissances prédatrices, il faudrait se souvenir que l’union fait la force, mais aussi définir une vraie stratégie européenne, renouer avec la croissance économique et avec l’innovation, se doter d’une force militaire cohérente et apte à dissuader, être capable de prendre des décisions rapides et efficaces.

Il existe quelques raisons d’espérer. Le réveil stratégique, bien que tardif, est en cours. Berlin, Londres et Paris ont compris l’intérêt de se serrer les coudes et de créer autour d’eux une sorte de conseil de sécurité européen. En outre, la Coalition des volontaires qu’ils veulent mettre sur pied pour garantir un éventuel cessez-le-feu en Ukraine est prometteuse. Mais tout cela est fragile et manque d’ambition. Le risque ne peut pas être écarté que le grand mouvement tectonique des plaques auquel nous assistons disloque l’Europe. Dans ce cas, Paul-Henri Spaak aura définitivement eu raison.

© afp.com/Adrian DENNIS

(De gauche à droite) Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz se rencontrent, le 8 décembre 2025 à Londres
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Biélorussie : pourquoi Alexandre Loukachenko veut se concilier les bonnes grâces de Donald Trump

L’histoire d’une réconciliation entre les États-Unis et la Biélorussie, ce petit Etat enclavé d’Europe de l’Est, a peut-être continué de s’écrire samedi 13 décembre dernier. A la faveur de plusieurs mois de pourparlers, l’émissaire de Donald Trump, John Coale, alors en visite en Biélorussie auprès du président autoritaire Alexandre Loukachenko, a annoncé ce jour-là la levée des sanctions américaines visant le potassium. Une production qui demeure la plus grande source de revenus pour le pays proche allié de la Russie.

Dans un premier temps, l’émissaire américain n’avait pas donné de détails sur la portée de cette mesure et n’avait pas indiqué ce que les autorités biélorusses avaient concédé en échange. Mais quelques heures plus tard, Minsk a annoncé la libération de 123 prisonniers politiques, dont des figures de l’opposition.

Le prix Nobel de la paix 2022 libéré

Parmi les libérés, Maria Kolesnikova, figure de l’opposition biélorusse et ses compères Viktor Babariko et Maksim Znakou, tous trois aperçus à la frontière ukrainienne lors d’un point presse. Les autorités ukrainiennes ont déclaré que cinq Ukrainiens et 104 Biélorusses étaient arrivés samedi sur le territoire ukrainien, où ils ont été accueillis par le chef de l’agence de renseignement militaire de Kiev. Autre libération importante : celle d’Ales Bialiatski, un militant des droits de l’homme et colauréat du prix Nobel de la paix en 2022. L’opposant a rejoint Vilnius, la capitale de la Lituanie voisine. Parmi les personnes libérées se trouvent également des citoyens d’Australie, de Grande-Bretagne, de Lituanie, de Pologne et des États-Unis.

Ces derniers mois, Donald Trump a encouragé le président biélorusse à libérer les centaines de prisonniers politiques que compte le pays, et Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis plus de 30 ans, a gracié des dizaines de personnes. En échange, Washington avait déjà partiellement levé les sanctions contre la compagnie aérienne biélorusse Belavia, lui permettant d’entretenir et d’acheter des pièces pour sa flotte, qui comprend des Boeing. La rencontre entre l’émissaire américain et le président Loukachenko et la libération d’otage effective "représentent un dégel lent mais régulier des relations entre Washington et la Biélorussie", souligne The New York Times.

Une stratégie pour la paix en Ukraine ?

L’émissaire américain John Coale a affirmé samedi que la proximité entre Alexandre Loukachenko et son homologue russe Vladimir Poutine pourrait être utile dans la difficile médiation américaine en cours pour tenter de mettre fin à la guerre entre Kiev et Moscou. "Votre président (Loukachenko, NDLR) a une longue histoire avec le président Poutine et a la capacité de le conseiller. C’est très utile dans cette situation", a déclaré John Coale, cité par l’agence de presse étatique biélorusse Belta.

D’autre part, ce réchauffement des relations pourrait aussi largement profiter à la Biélorussie, cible de sanctions américaines depuis 2020, renforcées en 2022 après l’invasion russe en Ukraine que le pays a soutenue. "Loukachenko a libéré tous les prisonniers parce que son régime en profitera", écrit ainsi le journal allemand Der Spiegel.

Avant 2022, la Biélorussie utilisait le port de Klaipeda en Lituanie pour exporter ses engrais et son potassium. Mais lorsque la guerre en Ukraine a conduit le gouvernement lituanien à couper cette route d’exportation, Minsk a été forcé de collaborer encore davantage avec la Russie, donnant à Moscou plus de contrôle sur l’approvisionnement mondial en engrais crucial. Pour le président biélorusse, le rapprochement des États-Unis pourrait être le signe d’une volonté de réduire la dépendance de son pays à celui de Vladimir Poutine.

© afp.com/Handout

Le président du Bélarus Alexandre Loukachenko (D) accueille John Coale, un émissaire américain, le 11 septembre 2025 à Minsk
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En Australie, le contrôle des armes à feu remis en question par l’attentat de Sydney

L’Australie est en deuil national. 15 personnes - dont une fillette - ont été assassinées dans un attentat antisémite sur la plage de Bondi, à Sydney. 42 blessés sont à déplorer. Dimanche 14 décembre, un père et son fils, Sajid Akram et Naveed Akram, ont ouvert le feu avec "des armes à longue portée" sur les quelque mille personnes rassemblées sur le sable pour célébrer le premier jour de la fête juive Hanouka. Certains médias rapportent que les enquêteurs antiterroristes australiens étudient la piste d’une allégeance à l’Etat islamique, et que des drapeaux de l’organisation auraient été retrouvés dans la voiture des assaillants.

Le Premier ministre australien, Anthony Albanese, a déploré un "acte purement maléfique, antisémite et terroriste". En réponse, il a annoncé ce lundi vouloir durcir la législation du pays sur le port d’arme. Devant la presse, l’homme d’Etat a déclaré : "Si nous devons renforcer cette législation, si nous pouvons faire quoi que ce soit, je suis tout à fait disposé à le faire et j’espère obtenir l’approbation du Conseil national cet après-midi."

Une première reforme en 1996

L’Australie n’avait plus été confrontée à une telle tuerie depuis le massacre de Port Arthur en 1996. Dans les jours ayant suivi ce drame qui a coûté la vie à 35 personnes, le pays a revu en profondeur sa réglementation sur les armes à feu, réduisant drastiquement leur présence sur le territoire. En moins d’un an, grâce à un "accord national sur les armes" près de 650 000 armes à feu, soit 20 % de la proportion détenue par des particuliers, ont été rendues aux autorités, puis détruites.

Depuis, la législation australienne est régulièrement érigée en exemple, reconnue comme l’une des plus strictes et des plus efficaces au monde. Le pays est parvenu à restreindre l’accès aux armes semi-automatiques, à durcir les conditions d’obtention des permis et à imposer aux détenteurs d’armes à feu de justifier d’une "raison valable" pour en posséder une. Une réforme qui a bénéficié d’une large approbation publique. Comme l’a d’ailleurs souligné Anthony Albanese lors de la conférence de presse qui a suivi l’attentat de Bondi Beach, "la législation sur les armes à feu du gouvernement Howard a eu un impact considérable en Australie et représente un moment de fierté nationale".

Une augmentation des armes en Australie

Sauf que, depuis, l’Australie a eu tendance à baisser la garde. L’un des assaillants de Sydney, Sajid Akram - qui a été abattu par la police - était titulaire d’un permis. Membre d’un club de tir, il possédait six armes, légalement donc. Selon les forces de l’ordre qui les ont depuis saisies, toutes ont été actionnées dimanche. Son fils, Naveed Akram, avait quant à lui fait l’objet d’une enquête des services de renseignement nationaux pour ses liens présumés avec une cellule locale de l’Etat islamique. Information confirmée par le Premier ministre australien, qui a précisé que l’assaillant n’était pas considéré comme "une menace persistante ou imminente de violence". Selon les informations de la presse locale, il vivait chez ses parents, en proximité directe avec des armes donc.

Et depuis les saisies qui ont suivi l’attentat de 1996, le nombre d’armes en circulation a connu une augmentation exponentielle, d’après les chiffres de l’Australian Institute. Aujourd’hui, il y a plus de 4 millions d’armes à feu en Australie, soit près de deux fois plus qu’en 2001.

Registre national, permis et contrôles supplémentaires

D’ailleurs, plusieurs mesures qui avaient été envisagées après le drame de 1996 n’ont pas vu le jour. Entre autres, le registre national des armes censé être créé n’a finalement jamais été instauré. Il en est de même pour la collaboration fédérale dont s’étaient félicités à l’époque les instigateurs de la réforme : à ce jour la législation varie d’un Etat australien à l’autre.

La nouvelle réforme pourrait justement remettre à l’ordre du jour certaines de ces mesures, dont le registre national. La copie pourrait également inclure une limitation du nombre d’armes pouvant être détenues par personne, une réévaluation des catégories d’armes autorisées, ou le réexamen des permis sur une période donnée. Les autorités étudient également la possibilité d’utiliser des renseignements criminels supplémentaires pour "étayer" l’octroi de permis d’armes à feu.

© afp.com/Saeed KHAN

Des personnes se recueillent devant le Bondi Pavilion, en mémoire des victimes de la fusillade de la plage de Bondi, à Sydney, le 15 décembre 2025 en Australie
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Et maintenant le Chili : en Amérique latine, les ressorts profonds d'un basculement à droite

Le paysage politique évolue à vitesse grand V vers la droite en Amérique latine. Amorcée l’année dernière, cette tendance s’est confirmée en hier au Chili où le candidat de droite José Antonio Kast, conservateur catholique qui affiche des positions extrêmes notamment sur l’immigration et sur la sécurité, a remporté le scrutin avec plus de 58 % des voix.

Face à lui, la candidate de la coalition des gauches, l’ex-ministre du Travail et de la Protection sociale Jeannette Jara, issue du Parti communiste, a atteint 42 %. Kast, qui se présentait pour la troisième fois, a soulevé la polémique en défendant à plusieurs reprises le bilan d’Augusto Pinochet, l’ancien dictateur au pouvoir au Chili de 1973 à 1990. Il deviendra en mars (lors de sa prise de fonction au palais de la Moneda) le président chilien dont les positions sont le plus à droite, notamment sur l’immigration, depuis la fin du régime militaire pinochétiste.

La gauche avait remporté la dernière présidentielle, en 2021, avec Gabriel Boric face au même José Antonio Kast dont c’était hier la troisième candidature. Issus du mouvement étudiant, lui, le sortant Boric avait accédé au pouvoir sur la plateforme de la coalition Frente Amplio (Front large) mais sa grande difficulté à mettre en place son programme l’a rendu impopulaire.

Javier Milei, ici le 14 octobre 2025 avec Donald Trump à Washington, assure à qui veut l'entendre que le soutien financier américain lui est acquis jusqu'à la fin de son mandat,
Javier Milei, ici le 14 octobre 2025 avec Donald Trump à Washington, assure à qui veut l'entendre que le soutien financier américain lui est acquis jusqu'à la fin de son mandat, "jusqu'à 2027". President Trump Meets With Visiting Argentine President Milei At The White House

Une rupture avec le socialisme

A l’est du Chili, de l’autre côté de la cordillère des Andes, Javier Milei a pour sa part considérablement renforcé sa position à la Chambre des députés et au Sénat, en octobre 2025. Celui qui se décrit comme un ultralibéral armé d’une tronçonneuse (pour couper dans les dépenses publiques) va ainsi pouvoir continuer à mettre en place les réformes structurelles, indispensables pour poursuivre la stabilisation économique du pays.

Également voisins du Chili, mais au nord, les Boliviens viennent, quant à eux, de mettre fin à près de vingt années de domination du Parti de gauche à tendance populiste, le Movimiento al socialismo (MAS) longtemps incarné par la figure d’Evo Morales, à la tête d’un pays perché à 4 000 mètres d’altitude. Le nouveau président, Rodrigo Paz, veut marquer la rupture avec vingt années de socialisme. Ce président de centre droit doit faire face à une crise économique sans précédent, héritée de la gauche. 2 000 kilomètres plus au nord, également dans les Andes, l’Équateur a réélu, de son côté, en mars, le président de droite Daniel Noboa qui a ouvertement affiché sa volonté de travailler en étroite collaboration avec Donald Trump.

Le président bolivien Rodrigo Paz (g) au balcon du palais de la présidence à La Paz, aux côtés de son épouse Maria Elena Urquidi (c) et de l'une de leurs filles, lors de son investiture le 8 novembre 2025
Le président bolivien Rodrigo Paz (g) au balcon du palais de la présidence à La Paz, aux côtés de son épouse Maria Elena Urquidi (c) et de l'une de leurs filles, lors de son investiture le 8 novembre 2025

Quant au Venezuela, si les élections n’avaient pas été truquées par le pouvoir, Nicolas Maduro aurait largement perdu l’élection présidentielle l’année dernière. C’est alors le candidat de centre droit, Edmundo Gonzales – qui remplaçait au pied levé Maria Corina Machado, empêchée de se présenter – qui aurait pris les commandes aux palais Miraflores de Caracas. Enfin, récemment, le 30 novembre, au Honduras (Amérique centrale), le parti de gauche sortant Liberté et Refondation – également appelé "Libre" –, a péniblement obtenu 19 % des voix alors que les deux candidats de centre droit totalisaient chacun 40 %. Soit 80 % des voix pour la droite au total. Encore une défaite majeure pour la gauche…

Et ce n’est peut-être pas fini ! En 2026, le Brésil, le Pérou, la Colombie et le Costa Rica iront aux urnes. Au Brésil, où les élections sont prévues dans un an, une lutte serrée se profile entre le Parti des travailleurs (PT) du président sortant Lula et la droite, actuellement divisée.

En Colombie, l’impopularité du président Gustavo Petro, un ex-guérillero, qui ne peut se représenter, rend peu probable le maintien de la gauche au pouvoir à Bogota, la capitale perchée à 2 640 mètres d’altitude. Quant au Costa Rica, il semble que le parti de centre droit sortant ait toutes les chances de se maintenir au pouvoir.

Deux exceptions

Dans ce contexte, le grand Mexique et le petit Uruguay, cette "Suisse de l’Amérique du Sud" coincée entre Brésil et Argentine, constituent deux exceptions. L’élection remportée haut la main de Claudia Sheinbaum au Mexique en juin de l’année dernière a prolongé le pouvoir de la gauche pour six ans. La présidente est issue du parti Morena, créé par Manuel Lopez Obrador, au pouvoir à partir de 2018. Sheinbaum reste extrêmement appréciée, avec un taux d’approbation d’environ 70 %. En Uruguay, Yamandu Orsi, de centre gauche, a été élu fin 2024 et mène une politique centriste, comme cela a toujours été le cas dans ce pays qui a tendance à éviter les extrêmes.

Pourquoi ce glissement général vers la droite de presque toute l’Amérique latine ? La motivation première des électeurs ne semble pas être idéologique, mais liée à des facteurs économiques et sécuritaires très concrets. Deux sujets principaux sont au centre des préoccupations des ménages : les mauvais résultats économiques des gouvernements en place et l’inquiétude face à la montée de l’insécurité.

De fait, deux décennies de populisme de gauche au Venezuela, en Argentine et en Bolivie ont été particulièrement dévastatrices pour les classes moyennes de ces trois pays, où la pauvreté a augmenté rapidement. Leur triple effondrement économique représente certainement un épouvantail pour une majorité de Latino-américains, provisoirement vaccinés par la démagogie du Vénézuélien Nicolas Maduro ou de l’Argentine Cristina Kirchner (président de 2007 à 2015, puis vice-présidente de 2019 à 2023).

Dans les pays où les gouvernements en place menaient des politiques de centre gauche, la croissance était rarement au rendez-vous à des niveaux suffisants pour que cela se traduise par une augmentation visible du pouvoir d’achat. Selon le Fonds monétaire international, la croissance de l’Amérique latine et des Caraïbes s’est maintenue aux alentours de 2,4 % en 2024, en dessous du niveau de croissance mondiale estimé à 3,3 %. Cela fait une bonne décennie que l’Amérique latine se trouve dans une situation de croissance molle et de sous-investissement, ce qui encourage les électeurs à pénaliser les gouvernements en place.

Le taux d’homicide s’est stabilisé mais…

La situation sécuritaire est l’autre grand motif d’insatisfaction qui fragilise la gauche. Sur cette question, même si la réalité est complexe, la droite apparaît plus crédible. Cela fait longtemps que l’insécurité constitue un problème pour beaucoup de pays, mais jusqu’à récemment, le "cône sud" de l’Amérique latine (Argentine, Chili) était relativement épargné. Or aujourd’hui, la violence s’étend rapidement à l’ensemble du continent, principalement en raison du trafic de drogue. De puissants réseaux de "narcos" se sont installés un peu partout sur le continent, encourageant la corruption et s’adonnant à toutes sortes de trafics en marge de leur activité principale. Certes, le taux d’homicide s’est stabilisé dans la région ces dernières années, mais reste parmi les plus élevés au monde. Les sondages confirment que la sécurité est une préoccupation majeure de Buenos Aires à Panama en passant par Santiago, Sao Paulo et La Paz…

Le "modèle Nayib Bukele", du nom du président du Salvador rendu célèbre par sa politique extrême de mano dura (main de fer) est désormais vu comme une solution possible. Elle consistait à incarcérer sans jugement toute personne suspectée d’appartenir à un gang dans des prisons de haute sécurité. Très contestable sur le plan des droits humains, cette politique a fait baisser le taux d’homicide de 38 pour 100 000 en 2019 (année de son élection) à 1,9 pour 100 000 en 2024. Fait inimaginable voilà encore dix ans : le Salvador est aujourd’hui l’un des pays les plus sûrs d’Amérique latine. Malgré le mépris affiché par le président salvadorien pour les règles démocratiques et de l’État de droit, la plupart des dirigeants de droite comme de gauche se réfèrent désormais à son "modèle" comme à une stratégie dont il faut au moins en partie s’inspirer.

Le président salvadorien Nayib Bukele pendant sa prestation de serment pour son deuxième mandat, le 1er juin 2024
Le président salvadorien Nayib Bukele pendant sa prestation de serment pour son deuxième mandat, le 1er juin 2024

Bien entendu, Donald Trump veut faire croire que ce retour de la droite latino aux commandes s’explique par l’influence qu’il exercerait au sud du Rio Grande jusqu’à la terre de Feu. À l’occasion du 250e anniversaire de la doctrine Monroe, la Maison-Blanche a diffusé un message réaffirmant l’attachement du président Trump à cette politique énoncée en 1823 par le cinquième président américain, James Monroe. Ce dernier prônait un rôle de protecteur du continent américain au sens large (Amérique du Nord, Centrale et du Sud) par Washington afin de le protéger des influences extérieures négatives.

En pratique, hormis l’Argentine, dont le président a été sauvé à la veille des récentes élections par un swap de devises pour éviter un effondrement de la monnaie nationale, et du Venezuela, où Donald Trump ne fait pas mystère de sa volonté de remplacer le régime de Maduro, il n’est pas dit que l’intérêt manifesté par les Etats-Unis joue en faveur de la droite continentale. En fait, la dynamique politique est interne à chaque pays concerné et ne dépend qu’à la marge des déclarations de Trump. Le déplacement du curseur politique vers la droite constitue toutefois une aubaine pour Donald Trump qui peut trouver des appuis en Amérique latine pour réduire, autant que possible, l’influence de Pékin sur le continent.

Bref, les implications du mouvement de balancier actuel ne sont pas encore tout à fait claires à l’échelle globale parce qu’il n’existe pas une doctrine unifiée de la droite en Amérique latine, hormis celle qui consiste à favoriser une économie de marché. Qui plus est, l’évolution actuelle ne se traduira pas forcément par une politique antichinoise car de nombreux pays dépendent déjà beaucoup trop du commerce avec la Chine pour leur survie, comme l’Argentine et le Brésil. Reste à voir si ce changement politique permettra de redonner un coup de pouce à la croissance en Amérique latine et de réduire à la fois la pauvreté et l’insécurité.

*Alexandre Marc est expert associé à l’Institut Montaigne, ancien spécialiste en chef à la Banque Mondiale et auteur de La Démocratie à l’âge de l’hyper-individualisme.

© afp.com/Marvin RECINOS

Le leader chilien d'extrême droite José Antonio Kast, le 16 novembre 2025 à Santiago
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Guerre en Ukraine : les Européens proposent de diriger une "force multinationale"

Les rouages diplomatiques s’activent de nouveau. Volodymyr Zelensky a rencontré ce lundi 15 décembre les négociateurs américains à Berlin, au deuxième jour de négociations visant à mettre fin à la guerre avec la Russie. Dimanche déjà, le président ukrainien et les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner ont négocié pendant plus de cinq heures à Berlin pour trouver une issue à ce conflit déclenché en 2022 par l’invasion russe de l’Ukraine. Dans une déclaration commune, les dirigeants des principaux pays européens et de l'UE ont proposé ce lundi soir de diriger en Ukraine une "force multinationale" et de soutenir de manière "durable" l'armée ukrainienne, limitée à 800 000 soldats.

Les infos à retenir

⇒ Les Européens proposent de diriger une "force multinationale" en Ukraine

⇒ Volodymyr Zelensky parle de "progrès" sur les garanties de sécurité américaines pour Kiev

⇒ Le projet d'accord prévoit "des garanties de sécurité très fortes", assure un haut responsable américain

Les Européens proposent de diriger une "force multinationale" en Ukraine

Les dirigeants des principaux pays européens et de l'UE ont proposé ce lundi de diriger en Ukraine une "force multinationale" et de soutenir de manière "durable" l'armée ukrainienne, limitée à 800 000 soldats, selon une déclaration transmise par le gouvernement allemand. Cette "force multinationale pour l'Ukraine" serait "composée de contributions de nations volontaires, et soutenue par les États-Unis".

Selon ce document signé par les dirigeants allemand, français, britannique, danois, néerlandais, finlandais, norvégien, italien, polonais, suédois et de l'UE, ces responsables se sont entendus avec les Etats-Unis pour "travailler ensemble pour fournir à l'Ukraine des garanties de sécurité solides et des mesures de soutien à la reprise économique dans le cadre d'un accord visant à mettre fin à la guerre". Cela inclurait de "soutenir l'Ukraine dans la constitution de ses forces armées, qui devraient rester à un niveau de 800 000 soldats en temps de paix". Ils évoquent aussi "un mécanisme de surveillance et de vérification du cessez-le-feu dirigé par les États-Unis".

Le document souligne qu'il appartient "désormais à la Russie de montrer sa volonté d'œuvrer en faveur d'une paix durable en acceptant le plan de paix du président (Donald) Trump". Selon le même texte, Moscou doit "démontrer son engagement à mettre fin aux combats en acceptant un cessez-le-feu".

Volodymyr Zelensky évoque des "progrès" sur les garanties de sécurité américaines pour l'Ukraine

Le président ukrainien a fait état ce lundi de "progrès" dans les négociations sur les garanties de sécurité américaines pour son pays, après deux jours de pourparlers à Berlin avec des émissaires de Washington. "Nous avons fait des progrès dans ce domaine", a-t-il dit lors d'une conférence de presse avec le chancelier allemand Friedrich Merz. "J'ai vu les détails" et "ils ont l'air plutôt très bons, même si ce n'est qu'une première ébauche", a poursuivi Volodymyr Zelensky.

Un peu plus tôt, il avait évoqué des discussions "pas faciles" mais "productives" avec les émissaires américains. "Ces conversations ne sont jamais faciles, pour être honnête avec vous. Mais la conversation était productive, avec beaucoup de détails, vraiment beaucoup", a-t-il déclaré lors d'un forum économique germano-ukrainien. "Il existe des questions complexes, en particulier celles concernant les territoires (...). Pour le dire franchement, nous avons encore des positions différentes", a-t-il aussi déclaré.

Volodymyr Zelensky et les négociateurs américains ont négocié ce lundi en Allemagne, pour un deuxième jour consécutif, Kiev espérant convaincre Washington qu’un cessez-le-feu doit intervenir en Ukraine sans concessions territoriales préalables à la Russie. Ce 2e round a commencé en toute fin de matinée, et s'est achevé autour de 13h00.

Avant que Volodymyr Zelensky ne s'exprime, le principal négociateur ukrainien aux pourparlers, Roustem Oumerov, s'était félicité de "réels progrès accomplis" à l'issue de cette rencontre à huis clos. "Les négociations entre l'Ukraine et les Etats-Unis ont été constructives et productives, avec de réels progrès accomplis. Nous espérons parvenir d'ici la fin de la journée à un accord qui nous rapprochera de la paix", a-t-il indiqué sur X.

Le projet d'accord sur l'Ukraine prévoit "des garanties de sécurité très fortes", assure un haut responsable américain

Des négociateurs américains ont assuré lundi que les Etats-Unis avaient offert à Kiev des garanties de sécurité "très fortes" mais néanmoins acceptables, selon eux, pour la Russie.

Pendant leurs deux journées de discussion à Berlin avec les négociateurs ukrainiens, dont le président Volodymyr Zelensky, les Etats-Unis ont offert des "garanties de sécurité très fortes" pour l'Ukraine, semblables à celles de l'article 5 du traité de l'Otan, a dit un haut responsable américain. "Tout ce dont les Ukrainiens ont besoin selon nous pour se sentir en sécurité est inclus" dans le volet sécurité du projet d'accord, a-t-il insisté pendant un entretien avec la presse.

Un autre négociateur américain qui participait lui aussi à l'échange téléphonique a toutefois averti que ces garanties de sécurité pour l'Ukraine, dont il n'a pas donné de détails concrets, "ne seraient pas sur la table indéfiniment."

Le président américain Donald Trump doit, selon ces deux sources, appeler lundi son homologue ukrainien et des dirigeants européens pendant le dîner auxquels ils doivent participer dans la capitale allemande.

La Turquie abat un drone "hors de contrôle" en provenance de la mer Noire

La Turquie a abattu lundi un drone "hors de contrôle" s'approchant de son espace aérien par la mer Noire, a annoncé le ministère turc de la Défense. "Afin de prévenir toute conséquence néfaste, le drone a été abattu dans une zone sécurisée, à l'écart de toute zone habitée", a indiqué le ministère dans un communiqué, sans préciser la provenance exacte de l'engin. Selon Ankara, "une traînée aérienne (...) a été détectée et suivie dans le cadre de procédures de routine" au-dessus de la mer Noire, et "il a été déterminé que la traînée aérienne en question correspondait à un drone hors de contrôle". "Afin d'assurer la sécurité de l'espace aérien, nos F-16, placés sous le commandement de l'Otan et sous commandement national, ont été déployés en mission d'interception", a ajouté le ministère turc de la Défense.

Cet incident survient après que le président turc Recep Tayyip Erdogan a mis en garde samedi contre une transformation de la mer Noire en "zone de confrontation" entre la Russie et l'Ukraine, après plusieurs frappes ces dernières semaines contre des navires.

La crédibilité de l'UE "gravement compromise" sans accord sur les avoirs russes, dit Friedrich Merz

Le chancelier allemand Friedrich Merz a jugé lundi que l'UE sera durablement discréditée si les Etats membres n'arrivent pas s'entendre sur l'utilisation des avoirs russes gelés pour aider l'Ukraine. "Si nous n'arrivons pas le faire, la capacité d'action de l'Union européenne sera gravement compromise pour des années, et même plus longtemps, et nous montrerions au monde que nous sommes incapables de nous unir et d'agir à un moment aussi crucial de notre histoire", a-t-il dit dans un discours, à l'occasion de la visite à Berlin du président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

Ce dernier a de son côté appelé à ce que les avoirs gelés russes "servent pleinement" à la défense de l'Ukraine face à la Russie, au moment où les Européens sont sous pression pour décider d'utiliser ou non les dizaines de milliards d'euros d'avoirs russes immobilisés en Europe. "Ces fonds doivent réellement et pleinement servir à la défense contre l'agression de la Russie. C'est juste, c'est raisonnable, et cela doit être réalisable", a plaidé le président ukrainien.

Nouvelles sanctions de l'UE contre la Russie

L'Union européenne a annoncé lundi avoir décidé de nouvelles sanctions contre des entités et des individus accusés de soutenir Moscou dans son effort de guerre contre Kiev, et a ajouté 40 navires à sa liste sanctionnant la "flotte fantôme" russe. Cinq personnes et quatre entités ont été sanctionnées pour avoir favorisé l'exportation de pétrole depuis la Russie, y compris en aidant sa "flotte fantôme" de navires aidant Moscou à contourner les sanctions occidentales, a précisé un communiqué du Conseil de l'UE, qui représente les 27 Etats membres.

Les individus sanctionnés sont des hommes d’affaires liés, directement ou indirectement, aux grandes compagnies pétrolières d’État russes Rosneft et Lukoil, sanctionnées par les Etats-Unis. Les entités visées sont des sociétés de transport maritime basées aux Émirats arabes unis, au Vietnam et en Russie, propriétaires ou gestionnaires de pétroliers sanctionnés par l’UE ou par d’autres pays, selon ce texte.

L'Ukraine assure avoir frappé un sous-marin russe dans un port de la mer Noire

L'Ukraine a affirmé lundi avoir frappé pour la première fois à l'aide d'un drone naval un sous-marin russe amarré dans le port de Novorossiïsk en mer Noire, assurant lui avoir infligé des "dommages critiques". "Pour la première fois de l'histoire, des drones sous-marins Sub Sea Baby ont fait exploser un sous-marin russe" de classe Kilo, ont annoncé les services de sécurité ukrainiens (SBU) sur Telegram. "A la suite de l'explosion, le sous-marin a subi des dommages critiques et a été mis hors service", ont-ils ajouté.

Ce type de sous-marin d'attaque conventionnel est fabriqué depuis les années 1980. Selon les analystes militaires, la Russie en possède plus d'une trentaine. La Russie n'a pas communiqué dans l'immédiat sur ces affirmations ukrainiennes.

Les négociateurs américains demandent toujours à l’Ukraine d’abandonner sa région du Donbass

Les négociateurs américains demandent toujours à l’Ukraine d’abandonner la partie de la région du Donbass (est) encore contrôlée par Kiev, lors du dernier cycle de pourparlers à Berlin, a indiqué à l’AFP un haut responsable au fait des discussions. Vladimir "Poutine veut des territoires. Les Américains disent que" l’Ukraine "doit se retirer", ce que Kiev refuse, a indiqué à l’AFP cette source proche du dossier. "C’est assez frappant que les Américains adoptent la position des Russes sur cette question", a-t-elle ajouté.

Selon un sondage publié lundi, 75 % des Ukrainiens sont opposés à l'abandon de ce territoire.

La non-adhésion de l’Ukraine à l’Otan est une "pierre angulaire" des pourparlers, dit le Kremlin

La non-adhésion de Kiev à l'Otan est une "pierre angulaire" des pourparlers, sous médiation américaine, visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, a affirmé lundi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Cette question doit faire l’objet de "discussions spécifiques", a assuré Dmitri Peskov lors de son point de presse quotidien auquel participe l’AFP, tout en précisant que la Russie attendait d’être informée par Washington des résultats des pourparlers à Berlin entre Américains, Européens et Ukrainiens sur un plan de règlement du conflit en Ukraine.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Les leaders européens, Volodymyr Zelensky et Donald Trump, à la Maison Blanche, le 18 août 2025
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Hongrie : ces scandales dans la protection de l’enfance qui secouent Viktor Orban

Jouets et torches en main, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues hongroises ce samedi 13 décembre, répondant à l’appel du chef de l’opposition, Péter Magyar. Le motif de ce rassemblement : la diffusion le 9 décembre d’une vidéo montrant les sévices infligés à des mineurs internés dans un centre éducatif fermé de Budapest, dernière goutte d’un vase prêt à déborder. Les images montrent le responsable par intérim de l’établissement en train de battre violemment l’un de ses pensionnaires à la tête. L’auteur des coups et plusieurs autres éducateurs du centre de la rue Szolo ont été arrêtés par les forces de l’ordre.

Agressions sexuelles, prostitution forcée de mineurs, passage à tabac… Depuis deux ans, plusieurs scandales ont secoué les établissements pour mineurs en difficulté, notoirement en manque de financements après une politique de coupes budgétaires. Dans le viseur des manifestants : Viktor Orbán et son gouvernement qui se targuent volontiers d’œuvrer en faveur de la protection de l’enfance. Farouchement conservateur, l’homme qui dirige la Hongrie depuis 15 ans n’hésite pas à communiquer sur ses efforts pour "protéger les enfants de la propagande LGBT+ " en prohibant aux moins de 18 ans l’accès à des contenus représentant l’homosexualité.

Un ancien directeur suspecté de proxénétisme

A quelques mois des élections législatives du pays, Péter Magyar, qui caracole en tête des sondages, fait partie des voix qui s’élèvent pour dénoncer la maltraitance sur mineurs. L’homme politique affirme s’être procuré un rapport confidentiel destiné à l’exécutif hongrois, faisant état des abus sur mineurs dans le pays. "Il démontre plus clairement que jamais que Viktor Orbán et les autorités disposaient d’informations détaillées sur des abus systémiques commis contre des enfants depuis au moins quatre ans, et qu’ils n’ont pourtant rien fait", cingle le chef d’opposition sur X. Selon le document, "38 % des tuteurs chargés de la protection de l’enfance ont connaissance d’au moins un enfant ayant subi des abus sexuels pendant la durée de la prise en charge".

A mai napon eljutott hozzám egy, az Orbán-kormány részére készült, elhallgatott, hivatalos jelentés az állami gyermekvédelem alatt álló gyermekeket érő egészen elképesztő bántalmazásokról.
Nem hamisított, nem mesterséges intelligenciával összetákolt, hanem egy szakemberek által… pic.twitter.com/MCeJTSeFxx

— Magyar Péter (Ne féljetek) (@magyarpeterMP) December 12, 2025

Et ce n’est pas la première fois que ce centre éducatif fermé de la rue Szolo fait couler de l’encre. Au printemps dernier, son directeur avait été arrêté par la police, visé par une enquête pour proxénétisme, trafic d’êtres humains et blanchiment d’argent.

L’homme qui était à la tête de l’établissement depuis 2011 avait été décoré à plusieurs reprises pendant son mandat. Apparaissant sur des médias de propagande, il ne dissimulait pas sa proximité avec le pouvoir en place et ses valeurs conservatrices. Selon les révélations du média Hongrois Magyar Jelen, "plusieurs enquêtes et procédures avaient déjà été menées au cours des trente dernières années" pour des faits similaires. Au début des années 2000, des poursuites pénales avaient été engagées "pour suspicion d’abus sexuels très graves", accompagnées de "témoignages accablants de plusieurs personnes". Une affaire finalement abandonnée "faute de preuve".

Protéger les enfants des "scélérats"

Dans les jours qui ont suivi les révélations de maltraitance, les réactions du gouvernement hongrois ont davantage ravivé les tensions qu’elles ne les ont apaisées.

Le porte-parole du gouvernement, Gergely Gulyas, a tenu à rappeler que le centre fermé hébergeait des mineurs délinquants, dont "27 personnes condamnées pour vol" et "quatre pour agression sexuelle". Une intervention interprétée comme une tentative de justifier le recours à la violence sur ces enfants. Des propos que Viktor Orbán a depuis tenté de nuancer, affirmant que "même un jeune délinquant ne doit pas être traité comme ce surveillant a traité le détenu. C’est inadmissible, sans l’ombre d’un doute". Et le Premier ministre de poursuivre : "la rue Szolo est une institution particulière. Elle accueille des mineurs délinquants, tous ayant commis des crimes. La plupart sont des crimes graves, y compris des meurtres. C’est, à proprement parler, une forme de prison".

"Même si un enfant a été condamné, cela ne veut pas dire que vous pouvez le frapper sur le sol, piétiner sa tête, ou la battre avec un bâton", a tancé samedi Péter Magyar devant un parterre de manifestants. Et l’homme politique d’ajouter sur X : "un gouvernement qui a permis et couvert les abus physiques et psychologiques infligés à des enfants ne peut rester au pouvoir un jour de plus", promettant de protéger les mineurs en difficulté des "scélérats" d’ici 121 jours, tout au plus, date des élections législatives hongroises.

© Ferenc ISZA / AFP

Plus de 50 000 personnes ont manifesté samedi 13 décembre 2025 à Budapest à l'appel de l'opposition pour exiger la démission du gouvernement du Premier ministre Viktor Orban, accusé d'inaction après la révélation de maltraitances dans l'aide sociale à l'enfance.
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Présidentielle au Chili : pourquoi la victoire de l'extrême droite réjouit Washington

A Washington, la victoire de José Antonio Kast à l’élection présidentielle chilienne est observée avec bienveillance. En élisant un dirigeant d’extrême droite, admirateur assumé d’Augusto Pinochet, le Chili opère un virage politique majeur, devenant le pays le plus conservateur de la région depuis la fin de la dictature en 1990. Un tournant qui résonne favorablement avec la stratégie régionale de l’administration Trump qui place ses pions en Amérique latine, longtemps appelée "l’arrière-cour des Etats-Unis".

Avec près de 58 % des suffrages face à Jeannette Jara, candidate d’une large coalition de gauche, l’ultraconservateur de 59 ans s’impose largement. Dès l’annonce des résultats, les félicitations américaines n’ont pas tardé. Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a salué une victoire qui, selon lui, permettra de faire avancer des "priorités communes", notamment en matière de sécurité publique, de lutte contre l’immigration clandestine et de relations commerciales.

Le programme de José Antonio Kast - qui prendra ses fonctions en mars - présente en effet de nombreux points de convergence avec celui de Donald Trump. L’ancien député a fait campagne sur une ligne sécuritaire très dure, promettant d’expulser près de 340 000 personnes migrantes en situation irrégulière et de renforcer le rôle de l’armée dans les zones touchées par la criminalité. "Tout au long de sa longue carrière politique, Kast a toujours défendu une ligne dure de droite. Il a proposé la construction de murs aux frontières, le déploiement de l’armée dans les zones à forte criminalité et l’expulsion de tous les migrants en situation irrégulière", contextualise la chaîne américaine CNN.

L’obsession migratoire comme point commun

Mais pour la Maison-Blanche, l’intérêt dépasse la simple affinité idéologique. Le président américain entend s’appuyer sur des pays alliés afin de leur confier une partie de la gestion de sa politique migratoire. L’Argentine de Javier Milei, qui revendique sa proximité avec l’administration Trump, s’inscrit dans cette logique, tout comme le Salvador de Nayib Bukele, où sont détenus dans une prison de haute sécurité des migrants expulsés des Etats-Unis. L’ultralibéral argentin Javier Milei a d’ailleurs exprimé sur le réseau X son "immense joie", saluant l’"écrasante victoire" de son "ami".

Ce réalignement intervient alors que Donald Trump, revenu à la Maison-Blanche en janvier 2025, tente d’étendre son influence en Amérique latine. Sa politique, mêlant pressions diplomatiques et signaux de fermeté, a ravivé les inquiétudes sur le continent. Le président américain s’est immiscé dans les débats politiques de plusieurs pays, du Brésil à la Colombie, tandis que le déploiement d’une armada dans les Caraïbes alimente les spéculations sur une possible intervention contre le régime de Nicolas Maduro au Venezuela.

La doctrine Monroe ressuscitée

Vendredi 5 décembre, l’administration Trump a même franchi une nouvelle étape en publiant une version actualisée de sa "Stratégie de sécurité nationale". Le document assume une lecture offensive du principe "l’Amérique d’abord" et ressuscite la doctrine Monroe, selon laquelle l’Amérique latine constitue une zone d’influence privilégiée des Etats-Unis.

Dans ce que Washington qualifie de "corollaire Trump", l’objectif est clair : restaurer la suprématie américaine, sécuriser l’accès aux ressources stratégiques et s’assurer que les gouvernements de la région soient suffisamment stables pour contenir les migrations vers le nord. Dans ce contexte, la victoire de l’extrême droite chilienne apparaît, pour les Etats-Unis, comme une opportunité stratégique autant qu’idéologique. Un nouveau basculement régional dont Donald Trump entend tirer parti.

© afp.com/Eitan ABRAMOVICH

Le président élu du Chili, le leader d'extrême droite José Antonio Kast, pourrait être un allié intéressant pour son homologue américain, Donald Trump.
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Des rencontres secrètes entre le FBI et le négociateur ukrainien suscitent l'inquiétude des Occidentaux

Des réunions discrètes entre de hauts responsables du FBI et le principal négociateur ukrainien pour la paix ont jeté un nouveau trouble sur les discussions visant à mettre fin à la guerre en Ukraine, accentuant la pression sur Kiev pour parvenir à un accord avec Moscou. Selon plusieurs diplomates et responsables informés du dossier, Rustem Umerov, négociateur en chef du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a rencontré à huis clos le directeur du FBI, Kash Patel, ainsi que son adjoint, Dan Bongino, lors de récents déplacements aux Etats-Unis, selon le Washington Post.

Ces rencontres se sont déroulées en marge des discussions plus officielles. Ces dernières semaines, Rustem Umerov s'est rendu à trois reprises à Miami afin de s'entretenir avec Steve Witkoff, l'envoyé spécial du président Donald Trump, autour d'une proposition américaine destinée à mettre fin au conflit qui oppose l'Ukraine à la Russie depuis près de quatre ans. Mais durant ces séjours, le négociateur ukrainien aurait également ouvert un canal direct avec la direction du FBI, selon quatre sources ayant requis l'anonymat en raison du caractère sensible des échanges.

L'initiative intrigue et inquiète. Certains responsables occidentaux redoutent que ces contacts ne servent à exercer une pression supplémentaire sur Kiev pour accepter un plan de paix élaboré par l'administration Trump, qui impliquerait d'importantes concessions territoriales de la part de l'Ukraine. D'autres avancent l'hypothèse que des responsables ukrainiens cherchent à obtenir des garanties ou une forme d'amnistie face à d'éventuelles accusations de corruption visant leur pays.

La corruption évoquée

L'ambassadrice d'Ukraine à Washington, Olha Stefanishyna, a confirmé la rencontre d'Umerov avec le FBI et a déclaré au Washington Post qu'il n'avait abordé que des questions de sécurité nationale ne pouvant être divulguées publiquement. Un responsable du FBI a tenu un discours similaire, affirmant que les discussions avaient concerné des intérêts communs en matière de sécurité et de maintien de l'ordre. La corruption en col blanc en Ukraine a bien été évoquée lors de l'une des réunions, a-t-il reconnu, mais elle n'en constituait pas le sujet central. Toute insinuation d'échanges inappropriées relève, selon lui, du "pur non sens".

Le contexte politique rend toutefois ces explications délicates. Kash Patel et Dan Bongino se sont montrés à plusieurs reprises très critiques à l'égard de l'Ukraine. En mars, le directeur du FBI a publiquement mis en cause l'ampleur de l'aide américaine à Kiev et appelé le Congrès à enquêter sur un possible détournement de fonds. Son adjoint, Dan Bongino, a quant à lui accusé Volodymyr Zelensky d'avoir couvert des faits présumés de corruption impliquant le fils de l'ancien président, Joe Biden, en lien avec son passage au conseil d'administration d'une entreprise énergétique ukrainienne.

De son côté, la Maison-Blanche minimise la portée de ces rencontres. Un responsable assure que les autorités américaines échangent régulièrement avec des dirigeants étrangers sur des enjeux de sécurité nationale, rappelant que l'équipe de Donald Trump mène en parallèle des discussions avec les Russes et les Ukrainiens pour faciliter un accord de paix. A Kiev, un représentant de la présidence a refusé de commenter des réunions spécifiques jugeant "absurde" toute tentative de les relier systématiquement à des affaires de corruption. Le sujet est néanmoins explosif pour l'Ukraine, rappelle le Washington Post, déjà ébranlée par le plus important scandale financier depuis l'arrivée au pouvoir de Volodymyr Zelensky en 2019, après la révélation récente du détournement de 100 millions de dollars dans le secteur énergétique national.

© afp.com/SAUL LOEB

Le directeur du FBI, la police fédérale américaine, Kash Patel, à la Maison Blanche, à Washington, aux Etats-Unis, le 15 septembre 2025
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A Hongkong, la figure prodémocratie Jimmy Lai reconnue coupable d'atteinte à la sécurité nationale

Un tribunal de Hong Kong a jugé coupable lundi 15 décembre l'ancien magnat des médias prodémocratie Jimmy Lai dans son procès pour atteinte à la sécurité nationale, risquant la prison à perpétuité, dans l'une des décisions de justice les plus marquantes depuis la rétrocession du territoire à la Chine en 1997.

Jimmy Lai, âgé de 78 ans, a été reconnu coupable d'un chef d'accusation de sédition, et de deux chefs d'accusation de collusion avec l'étranger. Ces deux derniers chefs se basent sur la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin après les vastes manifestations prodémocratie, parfois violentes, qui ont secoué Hong Kong en 2019. Pour le parquet, Jimmy Lai était le cerveau derrière deux complots demandant à des pays étrangers d'imposer des "sanctions ou un blocus" ou de mener des "activités hostiles" contre Hong Kong ou la Chine. L'ex-magnat est aussi accusé d'avoir publié des contenus qui "incitaient à la désaffection" envers le gouvernement.

Jimmy Lai, resté impassible à l'énoncé du verdict, a constaté un journaliste de l'AFP présent dans la salle, avait plaidé non coupable et risque la prison à perpétuité. Les peines seront prononcées à une date ultérieure, il pourra faire appel. "Il ne fait aucun doute que Jimmy Lai a nourri sa rancœur et sa haine envers la RPC pendant une grande partie de sa vie d'adulte et cela apparaît dans ses articles", a déclaré la juge Esther Toh à la cour, utilisant l'acronyme désignant la République populaire de Chine. "Il est également clair pour nous que le premier accusé, bien avant l'adoption de la loi sur la sécurité nationale, réfléchissait à la manière dont les États-Unis pourraient faire pression sur la RPC", a-t-elle ajouté.

Disposant d'un passeport britannique, le fondateur du journal prodémocratie Apple Daily, aujourd'hui fermé, est emprisonné depuis 2020. Âgé de 78 ans, il est maintenu à l'isolement, "à sa demande" selon les autorités.

"Le glas de la liberté de la presse à Hong Kong"

Le cas de Jimmy Lai est considéré par les défenseurs des droits comme emblématique de l'érosion des libertés politiques à Hong Kong depuis la mise en place par Pékin de la loi sur la sécurité nationale. "La prévisibilité du verdict rendu aujourd'hui ne le rend pas moins consternant : la condamnation de Jimmy Lai sonne comme le glas de la liberté de la presse à Hong Kong", a dénoncé l'ONG Amnesty International.

Pour Reporters sans frontières (RSF), cette "condamnation illégale" illustre "la détérioration alarmante de la liberté des médias sur le territoire", tandis que le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) l'a qualifiée de "condamnation parodique" et d'"acte de persécution honteux".

De son côté, Pékin avait déclaré vendredi qu'il "soutenait fermement" Hong Kong dans "le maintien de la sécurité nationale conformément à la loi et la répression des actes criminels qui mettent en danger la sécurité nationale".

Un "prisonnier politique"

Au cours du procès, ouvert en décembre 2023, Jimmy Lai s'est décrit au moins deux fois comme un "prisonnier politique", s'attirant des reproches des juges. En plus des accusations de collusion, il est poursuivi pour 161 "publications séditieuses", parmi lesquelles des talk-shows sur les réseaux sociaux et des éditoriaux signés de son nom.

Jimmy Lai a affirmé n'avoir jamais prôné le séparatisme ou la résistance violente. Il a également nié avoir appelé à des sanctions occidentales contre la Chine et Hong Kong. Jimmy Lai souhaitait une "Chine libre et démocratique", a indiqué à l'AFP un ancien employé de l'Apple Daily, connu sous le nom de Chan, faisant la queue devant le tribunal avant le verdict lundi aux côtés d'une centaine de personnes. "Il aimait beaucoup le pays, il n'aimait simplement pas le régime", a-t-il ajouté.

Pour Eric Lai, chercheur au Centre de droit asiatique de l'université Georgetown, le discours du tribunal "correspond à la manière dont la propagande du PCC tente d'effacer la distinction entre le parti au pouvoir et le peuple qu'il gouverne." Les autorités de l'ex-colonie britannique, désormais région chinoise à statut spécial, ont affirmé que cette affaire avait été "traitée uniquement sur la base de preuves et conformément à la loi".

Jimmy Lai est apparu devant la cour plus mince qu'avant son emprisonnement, alors que ses enfants, réfugiés aux Etats-Unis, ont fait part la semaine dernière de leurs inquiétudes. Le commissaire Steve Li, chef de la police nationale de sécurité, a déclaré lundi lors d'une conférence de presse que les inquiétudes de la fille de Jimmy Lai relevaient de la diffamation. Le gouvernement de Hong Kong a souligné que Jimmy Lai était soumis aux mêmes conditions de détention que "les autres détenus" et qu'il recevait des soins médicaux "adéquats et complets".

© Anthony WALLACE / AFP

Un tribunal de Hong Kong a jugé Jimmy Lai coupable lundi 15 décembre 2025 de crimes contre la sécurité nationale.
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