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Guerre en Ukraine : Volodymyr Zelensky dit s'être entretenu avec les émissaires américains

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé jeudi 25 décembre avoir discuté au téléphone avec les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner, après avoir révélé la veille les détails du nouveau plan américain visant à mettre fin à la guerre avec la Russie.

"Nous avons discuté de certains détails importants du travail en cours. Il existe de bonnes idées qui peuvent contribuer à un résultat commun et à une paix durable", a indiqué Volodymyr Zelensky sur Facebook.

Il a affirmé avoir eu une "très bonne conversation" avec les émissaires américains et les a remercié pour "leur approche constructive, leur travail intensif et leurs paroles aimables". "J'espère que les ententes conclues aujourd'hui à l'occasion de Noël et les idées dont nous avons discuté s'avéreront utiles", a poursuivi Volodymyr Zelensky.

Une nouvelle mouture du plan américain

Le président ukrainien avait révélé mercredi la nouvelle mouture du plan américain visant à mettre fin à la guerre entre la Russie et l'Ukraine, négociée depuis des semaines entre Washington et Kiev. Ce texte prévoit un un gel du front aux lignes actuelles tout en n'offrant aucune solution immédiate sur l'épineuse question des territoires occupés par la Russie, qui représentent plus de 19 % de l'Ukraine.

Contrairement à la version originale, rédigée par les Américains, de ce document, la nouvelle mouture laisse de côté deux exigences majeures de Moscou : un retrait des forces ukrainiennes des territoires du Donbass encore sous leur contrôle et un engagement juridiquement contraignant de Kiev à ne pas adhérer à l'Otan.

Pour cette raison, un accord de Moscou à cette nouvelle version semble improbable. Interrogé à ce sujet mercredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué que Moscou était en train de "formuler sa position" et refusé d'en commenter les détails.

© afp.com/Toby Melville

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Londres, le 8 décembre 2025
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Israël : 110 milliards en dix ans pour construire une industrie d’armement indépendante

Israël affiche une ambition claire : s’autonomiser militairement. Le pays investira 110 milliards de dollars — environ 93 milliards d’euros — sur dix ans pour construire une "industrie d’armement indépendante". L’annonce a été faite mercredi 24 décembre par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, lors d’une cérémonie organisée sur une base aérienne militaire dans le sud d’Israël.

Après deux années de guerre sur plusieurs fronts régionaux, le chef du gouvernement a expliqué vouloir "réduire notre dépendance, même vis-à-vis de nos amis". "Nous avons établi notre statut de puissance régionale — et dans certains domaines, de puissance internationale", a-t-il poursuivi, avant d’ajouter : "La paix se fait avec les forts, et non avec les faibles".

3,3 milliards d'aide américaine en 2025

Israël reste, depuis des décennies, le premier bénéficiaire de l’aide militaire américaine, et l’essentiel de son équipement provient des Etats-Unis. Selon des chiffres du Congrès américain, Washington a fourni au moins 3,3 milliards de dollars de financements militaires à Israël en 2025. Le pays s’approvisionne également auprès de plusieurs Etats européens, mais il fait face à des restrictions croissantes sur les livraisons d’armes en conséquence de sa guerre dévastatrice menée à Gaza depuis octobre 2023.

Parallèlement, un second front s’est rapidement ouvert dans le nord du pays, avec des affrontements contre le Hezbollah libanais pro-iranien. Ces combats ont dégénéré à l’automne 2024 en une guerre ouverte de deux mois.

Israël a également été confronté à l’Iran lors d’une guerre de douze jours en juin dernier, déclenchée par une attaque israélienne d’une ampleur inédite contre des sites militaires et nucléaires, ainsi que des zones résidentielles. Dans ce contexte belligérant, le budget de la défense devrait atteindre 35 milliards de dollars en 2026. Soit 16 % du budget total préparé par le gouvernement.

© Ohad Zwigenberg / POOL / AFP

16 % du budget total Israélien sera dédié à l'armement en 2026.
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Pourquoi la Russie pourrait rejeter le nouveau plan de paix américano-ukrainien

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dévoilé mardi 23 décembre un plan de paix en 20 points, élaboré avec les Etats-Unis, rompant avec une première version d’octobre qui aurait contraint l’Ukraine à céder des territoires et à renoncer à toute adhésion à l’Otan. Présenté comme un "compromis raisonnable" face au plan soutenu par Moscou et l’administration Trump, le nouveau texte inclut des garanties de sécurité réclamées par Kiev ainsi qu’un programme de reconstruction.

Mais pour un Kremlin porté par ses avancées sur le front, le plan est loin d’être acceptable. "C’est une moquerie absolue", a déjà réagi Aleksei Naumov, analyste des affaires internationales basé à Moscou sur Telegram. Selon lui "l’idée est claire : présenter cela aux Américains comme un "compromis", puis rejeter la faute sur la Russie en cas d’échec".

Qu’est-ce qui bloque ?

Au cours des derniers mois, les lignes rouges russes sont restées sensiblement les mêmes : le Kremlin intransigeant demande toujours le retrait des forces ukrainiennes du Donetsk et du Louhansk, et une exclusion définitive de sa potentielle adhésion l’OTAN. Si Vladimir Poutine a évoqué cette semaine de possibles "concessions", potentiellement en abandonnant certaines zones occupées à Kharkiv ou Zaporijia, Moscou entend poursuivre les combats pour prendre l’intégralité du Donetsk.

C’est donc toujours là que les négociations achoppent : le plan ukrainien exige cette fois le retrait des forces russes de plusieurs régions — Dnipropetrovsk, Mykolaïv, Soumy et Kharkiv. La proposition précise également que l’Ukraine retirerait ses troupes des zones de la région de Donetsk qui seraient transformées en zone démilitarisée — mais uniquement si la Russie retirait ses forces d’une bande de territoire équivalente.

Auprès du New York Times (NYT), l’analyste russe Georgi Bovt estime que "le plan n’offre aucun compromis concernant les territoires ni la centrale nucléaire de Zaporijia" à propos de la centrale actuellement occupée par les forces russes mais que l’Ukraine préférerait exploiter conjointement avec les États-Unis. "L’absence de résolution de la question territoriale en fait une proposition inacceptable", estime-t-il.

Pourquoi la Russie peut-elle se permettre de refuser ?

Avec des taux d’intérêt élevés et une croissance en berne, l’économie russe est certes fragilisée par des années de guerre coûteuse, mais elle reste loin d’un effondrement susceptible de forcer un changement de cap. "Le Kremlin semble toujours penser qu’il peut gagner davantage en poursuivant la guerre" analyse ainsi le journal américain.

Les avancées russes sur le terrain sont lentes, mais régulières. Moscou contrôle actuellement environ les trois quarts de la région de Donetsk, et pourrait en achever la conquête en 18 mois au rythme actuel. Sans compter que 417 000 recrues ont signé de nouveaux contrats avec l’armée russe en 2025, selon Dmitri Medvedev, ce qui permet au Kremlin de poursuivre le conflit malgré de lourdes pertes.

Pour le NYT, Moscou continue de négocier avant tout pour des raisons tactiques : préserver une relation de travail avec Washington, éviter de porter seul la responsabilité de l’échec diplomatique et retarder de nouvelles sanctions américaines, notamment. Notamment après celles imposées en octobre par Donald Trump contre les deux géants pétroliers russes Rosneft et Lukoil. Pour l’analyste ukrainien Volodymyr Fessenko cité par le NYT, la position du Kremlin est claire : "Poutine n’a aucune intention de mettre fin à la guerre" et utilise les discussions comme un levier diplomatique plutôt que comme une voie vers la paix.

© AFP

La Russie devrait rejeter le nouveau plan de paix proposé par l'Ukraine et les Etats-Unis.
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La Russie a fait une "proposition" à la France sur le chercheur emprisonné Laurent Vinatier

La Russie a annoncé jeudi 25 décembre avoir fait une "proposition" à la France concernant l'affaire du chercheur français Laurent Vinatier, emprisonné en Russie depuis juin 2024 et qui pourrait être jugé pour "espionnage".

La Russie a arrêté plusieurs ressortissants occidentaux pour divers motifs depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022 et a procédé à des échanges de prisonniers avec les Etats-Unis. Cette annonce surprise intervient alors que Paris et Moscou, dont les relations sont au plus bas, ont récemment manifesté publiquement leur intérêt à un contact direct entre les présidents Vladimir Poutine et Emmanuel Macron.

"Il y a eu des contacts appropriés entre notre partie et les Français. En effet, une proposition a été faite aux Français concernant Vinatier", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors de son point de presse quotidien auquel participait l'AFP. "La balle est dans le camp de la France maintenant", a-t-il ajouté, en affirmant ne "pas pouvoir fournir de détails" car "c'est un domaine très sensible". Contacté par l'AFP, le ministère français des Affaires étrangères s'est refusé à tout commentaire.

Condamné à trois ans de prison

Interrogé par un journaliste français sur ce sujet vendredi dernier lors de sa conférence de presse annuelle, le président Vladimir Poutine avait affirmé "ne rien savoir" de l'affaire de Laurent Vinatier et en entendre parler pour la première fois. "Je vous promets que je vais me renseigner. Et s'il y a la moindre chance de résoudre cette question de manière positive, si la loi russe le permet, nous ferons tout notre possible", a-t-il alors assuré.

Laurent Vinatier a été condamné en octobre 2024 par un tribunal russe à trois ans de prison pour ne pas s'être enregistré en tant qu'"agent de l'étranger", alors qu'il collectait des "informations militaires" pouvant être "utilisées contre la sécurité" de la Russie. L'intéressé avait reconnu les faits, mais plaidé l'ignorance. En août, il avait comparu devant un tribunal russe pour des accusations d'"espionnage" qui, si elles étaient confirmées, risqueraient d'alourdir considérablement sa peine.

L'enquête a été prolongée et il pourrait faire l'objet d'un nouveau procès pour espionnage fin février 2026, selon son avocat français. Laurent Vinatier avait déclaré en août ne s'attendre "à rien de bien, à rien de positif" après avoir appris ces nouvelles accusations. Ses parents avaient assuré à l'AFP que leur fils était un "prisonnier politique", un "pion" utilisé par les Russes pour "faire pression". Ce chercheur de 49 ans, spécialiste de l'espace post-soviétique, était employé par le Centre pour le dialogue humanitaire, une ONG suisse qui fait de la médiation dans des conflits hors des circuits diplomatiques officiels, notamment s'agissant de l'Ukraine.

Paris a exigé de Moscou la libération de son ressortissant, accusant la Russie de chercher à prendre des Occidentaux en otage, alors que les relations entre les deux pays traversent une période de tensions. Une cinquantaine de personnalités, dont les écrivains Emmanuel Carrère et Annie Ernaux, ont demandé à la France d'oeuvrer à sa libération dans une tribune publiée par le journal Le Monde, estimant qu'il est "prisonnier d'un jeu politique et diplomatique qui le dépasse".

Les relations entre Paris et Moscou ont été glaciales ces dernières années, la France accusant la Russie d'actes de déstabilisation et de désinformation sur son territoire, tandis que Paris se voit reprocher par Moscou son soutien militaire à l'Ukraine ou encore de censurer les médias russes.

Fin novembre, trois personnes ont par ailleurs été mises en examen et écrouées à Paris dans le cadre d'une double affaire d'ingérence et d'espionnage économique au profit de Moscou. La semaine dernière, le président français Emmanuel Macron a cependant jugé qu'il allait "redevenir utile" pour les Européens de parler à Vladimir Poutine, plutôt que de laisser seuls les Etats-Unis - qui s'imposent en médiateur principal dans le règlement du conflit ukrainien - à la manoeuvre dans les négociations. Dmitri Peskov a réagi aussitôt en disant que Vladimir Poutine était "prêt au dialogue" avec son homologue français.

© afp.com/Alexander NEMENOV

Le Français Laurent Vinatier, accusé de ne pas s'être enregistré en tant qu'"agent de l'étranger", dans la cage des accusés lors d'une audience au tribunal du district de Zamoskvoretsky à Moscou, le 3 septembre 2024
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"Amazon mais avec des êtres humains" : le plan de l'administration Trump pour détenir 80 000 migrants

Gérer les migrants comme de la marchandise. Selon des informations du Washington Post - illustre quotidien d’investigation américain - l’administration de Donald Trump prépare une refonte massive du système de détention des immigrés aux Etats-Unis, avec un projet visant à enfermer jusqu’à 80 000 personnes simultanément dans des entrepôts industriels rénovés. Une information pour l’heure niée par le gouvernement américain.

D’après des documents internes de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) consultés par le quotidien, sept centres de détention de grande capacité — pouvant accueillir chacun entre 5 000 et 10 000 personnes — devraient être mis en service, complétés par seize sites plus petits. L’objectif affiché est d’accélérer les expulsions grâce à un "système d’acheminement structuré", permettant de mettre fin au système actuel de transferts permanents entre centres saturés. "Les personnes nouvellement arrêtées seraient enregistrées dans des sites de traitement pendant quelques semaines, avant d’être dirigées vers l’un des sept grands entrepôts […] où elles seraient maintenues en vue de leur expulsion", détaille le WP.

Des entrepôts situés dans des Etats républicains

La majorité de ces entrepôts seraient implantés à proximité de grands hubs logistiques en Virginie, au Texas, en Louisiane, en Arizona, en Géorgie et dans le Missouri, des Etats dirigés par des Républicains et favorables à la politique migratoire de Donald Trump. L’ICE prévoit d’aménager les bâtiments, avec dortoirs, sanitaires, cuisines, unités médicales, espaces de loisirs intérieurs et extérieurs, et bibliothèques juridiques et bureaux administratifs, certaines installations étant adaptées aux familles.

Ce plan s’inscrit dans la stratégie plus large de Donald Trump visant à détenir et expulser des millions d’immigrés, alors que plus de 579 000 personnes ont déjà été expulsés cette année. Et le rythme ne ralentit pas : au début de ce mois, l’ICE détenait plus de 68 000 personnes, selon les données de l’agence — un niveau record. Près de la moitié, soit 48 % de ces personnes, n’ont aucune condamnation pénale ni aucune poursuite pénale en cours, selon les données de l’ICE.

L’administration dispose déjà de 45 milliards de dollars votés par le Congrès pour étendre le dispositif de détention, après avoir déjà rouvert des prisons désaffectées, utilisé des bases militaires et installé des camps de tentes dans des régions isolées gérées par des gouverneurs républicains. En plus de cela, le gouvernement a déjà attribué un contrat de 30 millions de dollars pour une aide en matière de "services de diligence raisonnable et de conception conceptuelle" pour les nouvelles installations, selon les registres des marchés publics.

"Gérer cela comme une entreprise"

Les nouvelles structures doivent, selon les documents cités par le journal, "maximiser l’efficacité, minimiser les coûts, raccourcir les délais de traitement" et "promouvoir la sécurité, la dignité et le respect". Le directeur par intérim de l’ICE, Todd M. Lyons, assume une approche managériale : "Nous devons mieux apprendre à gérer cela comme une entreprise", a-t-il déclaré lors d’une conférence sur la sécurité des frontières en avril documentée par l’Arizona Mirror. Allant jusqu’à comparer l’objectif à l’efficacité de la livraison de colis d’Amazon : "Comme Prime, mais avec des êtres humains".

Le projet suscite toutefois de vives critiques, notamment de la part d’experts et de défenseurs des droits humains. "C’est déshumanisant", dénonce Tania Wolf, du National Immigration Project, citée par The Washington Post, estimant que les personnes détenues seraient traitées "comme du bétail". Des experts de l’immobilier commercial estiment que le regroupement des personnes détenues dans des entrepôts poserait ses propres problèmes logistiques. Ces structures sont conçues pour le stockage et l’expédition, et non pour l’hébergement humain. Elles sont souvent mal ventilées et dépourvues de contrôles précis de la température — et, parce qu’elles sont généralement situées loin des zones résidentielles, elles peuvent ne pas disposer des réseaux de plomberie et d’assainissement nécessaires pour accueillir des milliers de résidents à temps plein.

Aucun calendrier de construction ou mise en service n’est pour l’heure établi, et le projet d’appel d’offres n’est pas définitif et peut encore évoluer. Mais selon un courriel interne consulté par The Post, "l’ICE prévoit de le partager cette semaine avec des entreprises privées de détention afin d’évaluer leur intérêt et d’affiner le plan. Un appel d’offres formel pourrait suivre peu après", affirme le journal.

© afp.com/OCTAVIO JONES

Une personne arrêtée par des policiers dans le quartier Brighton Park de Chicago, au cours d'une opération des agents de l'ICE, le 4 octobre 2025 dans l'Illinois
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Comment Thierry Breton est devenu la bête noire européenne de Donald Trump

Son engagement pour une régulation stricte du numérique lui a valu une sanction aussi politique que spectaculaire. Thierry Breton, ancien commissaire européen au Marché intérieur, figure désormais sur une liste publiée mardi 23 décembre de personnalités européennes interdites de visa de séjour aux Etats-Unis. En cause : son rôle central dans la mise en œuvre des règles européennes encadrant les géants de la tech, qui ont profondément irrité Donald Trump.

Forte tête, Thierry Breton s’était imposé comme l’une des figures les plus visibles de l’ancienne Commission européenne. Son combat contre les abus de pouvoir des grandes plateformes l’a propulsé au rang de bête noire du président américain, engagé en cette fin d’année dans une offensive contre les réglementations européennes imposant aux plateformes des obligations strictes, notamment de signalement de contenus problématiques. Un récent mémo du département d’Etat, cité par la presse américaine, évoque d’ailleurs plus largement de nouvelles consignes visant à restreindre les visas pour des professionnels de la tech, en particulier ceux spécialisés dans la modération accusés de "censurer les Américains".

Shérif du "Far West" des géants de la tech

Plus concrètement, Washington semble avoir très mal digéré l’amende de 140 millions de dollars infligée début décembre par l’Union européenne à X, le réseau social d’Elon Musk, permis en partie par le travail de Thierry Breton lorsqu’il était Commissaire européen au Marché intérieur de 2019 à 2024. Pour l’administration Trump, ces sanctions relèvent d’une forme de "censure". "Depuis trop longtemps, les idéologues européens mènent des actions concertées pour contraindre les plateformes américaines à sanctionner des opinions auxquelles ils s’opposent", a dénoncé le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio sur X, affirmant que les Etats-Unis ne toléreraient plus cette "censure extraterritoriale".

Thierry Breton a aussitôt réagi, dénonçant sur X un "vent de maccarthysme" aux Etats-Unis. Avant de rappeler que la législation européenne sur le numérique, le DSA, avait été adoptée par 90 % du Parlement européen et à l’unanimité des 27 Etats membres, soulignant sa légitimité démocratique.

Un vent de maccarthysme souffle-t-il à nouveau ? 🧹

Pour rappel : 90 % du Parlement européen — démocratiquement élu — et les 27 États membres à l’unanimité ont voté le DSA 🇪🇺

À nos amis américains : « La censure n’est pas là où vous le pensez. »

— Thierry Breton (@ThierryBreton) December 23, 2025

Inattendue, cette sanction remet en lumière l’activité intense de l’ancien commissaire à Bruxelles. De 2019 à 2024, Thierry Breton était omniprésent, Il s’est surtout fait connaître du grand public par sa lutte frontale contre les géants du numérique, avec un style direct et très politique. Chargé du numérique, il a piloté les enquêtes visant X, Meta ou TikTok pour la diffusion présumée de fausses informations et de discours de haine. Les textes phares du DSA et du DMA, destinés à encadrer Amazon, Apple, Google ou Meta, restent l’un de ses principaux faits d’armes de cet ancien ministre français de l’Economie. Ces deux textes imposent de nouvelles obligations pour en finir avec les abus de position dominante et le laisser-faire dans la diffusion de contenus illégaux. "L’internet ne peut rester un Far West", aimait-il résumer.

Prompt à sortir les gants de boxe

Habitué aux confrontations, Thierry Breton connaît déjà bien le terrain sur lequel le mène Donald Trump. Sur les réseaux sociaux lors de son temps à la Commission, ses échanges musclés avec Elon Musk — d’abord cordiaux, puis ouvertement conflictuels — avaient alors contribué à médiatiser ce bras de fer. Ancien patron d’Atos, il a été en 2019 l’un des premiers grands chefs d’entreprise à rejoindre la Commission européenne. Très présent dans les médias et sur les réseaux sociaux, il s’est rapidement construit une image de disrupteur, n’hésitant pas à sortir les gants de boxe, y compris contre certains collègues.

Il aura sans doute engagé le combat de trop au printemps 2024 en s’en prenant publiquement à la présidente Ursula von der Leyen, lors d’une polémique sur une nomination, alors qu'il avait pourtant longtemps eu son oreille. Se disant désavoué par la dirigeante allemande, il prend ensuite les devants en septembre 2024 en claquant avec fracas la porte de la Commission, laissant la place à Stéphane Séjourné, un fidèle d’Emmanuel Macron.

Il n’a pas pour autant perdu le soutien de l’Europe sur ce dossier. Des élus européens de tous bords ont dénoncé la sanction américaine, tandis que Paris a condamné "avec la plus grande fermeté" la restriction de visa. La Commission européenne a elle aussi condamné fermement les sanctions américaines et le successeur de Thierry Breton, Stéphane Séjourné, a fait part de sa "solidarité totale".

© AFP

Thierry Breton, ancien Commissaire européen de 2019 à 2024.
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Affaire Epstein : le ministère de la justice américain va examiner plus d'un million de documents

Le ministère de la Justice américain a annoncé mercredi 24 décembre examiner "plus d'un million de documents" potentiellement liés à l'affaire Epstein pour une éventuelle diffusion, laquelle pourrait prendre "plusieurs semaines".

L'administration Trump, contrainte par le Congrès, a commencé vendredi à publier progressivement des dizaines de milliers de photos et documents liés au criminel sexuel Jeffrey Epstein, mort en prison en 2019 avant son procès. Un procureur de New York et la police fédérale "ont informé le ministère de la Justice qu'ils avaient découvert plus d'un million de documents supplémentaires potentiellement liés à l'affaire Epstein", selon un message du ministère sur X.

"Nos avocats travaillent sans relâche pour revoir ces documents et faire les modifications nécessaires pour protéger les victimes, et nous publierons les documents aussi vite que possible", a assuré le Department of Justice, piloté par des fidèles du président Donald Trump. "En raison de la quantité massive de matériel, cela pourrait prendre encore plusieurs semaines supplémentaires" , a-t-il averti.

L'administration Trump accusée de dissimulation

L'administration Trump a été accusée de dissimulation par l'opposition démocrate qui lui reproche de ne livrer qu'au compte-gouttes les pièces de l'énorme dossier, après les avoir lourdement caviardées.

Une loi votée par des démocrates et des républicains oblige le gouvernement, que cette affaire embarrasse au plus haut point en raison de la relation amicale passée entre Donald Trump et Jeffrey Epstein, à publier l'intégralité du dossier.

Le Congrès avait fixé la date limite du 19 décembre pour ce faire, qui n'a donc pas été respectée. Les premières tranches de documents publiés vendredi et mardi ont mis en lumière le spectaculaire réseau de Jeffrey Epstein, qui s'est suicidé, selon les autorités, avant d'être jugé à New York pour exploitation sexuelle de mineures. Elles ont aussi livré des détails sur la relation qu'il entretenait avec Donald Trump, avec en particulier un courrier électronique d'un enquêteur indiquant que le républicain de 79 ans aurait voyagé huit fois dans l'avion privé de Jeffrey Epstein.

Le président américain n'a jamais été accusé d'actes criminels en lien avec l'affaire Epstein. Il a toutefois cherché à empêcher la publication du dossier, suscitant l'incompréhension de certains de ses partisans.

© afp.com/Mandel NGAN

Photographie montrant un document judiciaire sur l'affaire Epstein, le 19 décembre 2025 à Washington
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Nasry Asfura, le choix de Donald Trump, nouveau président élu du Honduras

L'homme d'affaires conservateur Nasry Asfura, soutenu par Donald Trump, a été déclaré vainqueur mercredi 24 décembre de la présidentielle au Honduras, trois semaines après un scrutin marqué par un écart très faible et des accusations de fraude, marquant un retour à droite du pays.

Après quatre années de mandat de la présidente de gauche Xiomara Castro, cette victoire accentue l'avancée des gouvernements de droite en Amérique latine après les basculement du Chili, de la Bolivie, du Pérou et de l'Argentine. Les deux premières économies de la région, le Brésil et le Mexique, sont toutefois gouvernées par la gauche.

Nasry Asfura, 67 ans et fils d'immigrés palestiniens, doit prendre ses fonctions le 27 janvier. Surnommé "Tito", cet entrepreneur du BTP s'est imposé face au présentateur de télévision Salvador Nasralla, lui aussi de droite, qui exigeait un large recomptage des voix en raison de supposées irrégularités.

Le Conseil national électoral (CNE) "déclare élu pour un mandat de quatre ans le citoyen Nasry Juan Asfura Zablah", a indiqué sa présidente Ana Paola Hall. Nasry Asfura a obtenu 40,1 % des voix, contre 39,53 % pour Salvador Nasralla et 19,19 % pour Rixi Moncada, candidate de la présidente de gauche sortante Xiomara Castro, selon les résultats officiels. "Honduras, (...) je ne vais pas te décevoir ", a réagi le vainqueur sur X.

Les menaces de Donald Trump

A peine Nasry Asfura déclaré président élu, le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a salué dans un communiqué une victoire "claire" et "incontestable", appelant toutes les parties "à respecter les résultats". "Nous sommes impatients de travailler avec son administration pour faire progresser notre coopération bilatérale et régionale en matière de sécurité, mettre fin à l'immigration illégale vers les Etats-Unis et renforcer les liens économiques entre nos deux pays", a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis sont le principal partenaire commercial du pays et que 2 millions de Honduriens y vivent. Leurs envois de fonds représentent un tiers du PIB national. A la veille du scrutin à un tour du 30 novembre, Donald Trump avait menacé de réduire l'aide à l'un des pays les plus pauvres d'Amérique latine si Nasry Asfura n'était pas élu.

Le locataire de la Maison-Blanche a parallèlement gracié le mentor du candidat conservateur, l'ex-président Juan Orlando Hernandez, qui purgeait une peine de 45 ans de réclusion aux Etats-Unis pour trafic de drogue. Sur ses réseaux sociaux, l'ancien dirigeant a estimé que le Honduras fermait un "cycle et ouvrait une nouvelle étape" pour "redresser la barre". Le président argentin, Javier Milei, a lui évoqué une "défaite catégorique pour le narcosocialisme".

Les multiples suspensions du dépouillement initial, en raison, selon le CNE, de problèmes techniques imputés à l'entreprise privée chargée de la transmission et de la diffusion des résultats, ont alimenté les soupçons de fraude électorale. Salvador Nasralla a dénoncé un "vol" de l'élection et Rixi Moncada, reléguée à la troisième place, une "falsification" du résultat et l'"ingérence" du président américain dans le scrutin. Un ultime recomptage des très nombreux procès-verbaux des bureaux de vote accusés de présenter des incohérences a ensuite eu lieu.

Les missions d'observation électorale de l'Organisation des Etats américains (OEA) et de l'Union européenne (UE) au Honduras ont toutefois indiqué n'avoir constaté aucune irrégularité grave .

Le soutien des militaires

Ancien maire de Tegucigalpa, Nasry Asfura a l'assurance du soutien des militaires, qui jouent un rôle clé au Honduras en raison d'une longue histoire de coups d'Etat. Le dernier en date, en 2009, avait renversé le président Manuel Zelaya, époux de Mme Castro.

Le président élu promet d'attirer des investissements étrangers dans cette nation de 11 millions d'habitants et a exprimé son intention de se rapprocher de Taïwan, après que la présidente Castro a rétabli les relations avec la Chine en 2023. Mais il devra gouverner un pays encore plus polarisé à la suite du processus électoral contesté, et en proie aux narcotrafiquants et aux gangs, que la présidente sortante a tenté de combattre en s'appuyant sur un état d'exception similaire à celui de son homologue salvadorien, Nayib Bukele. Comme dans le pays voisin, des organisations dénoncent une stratégie ayant entraîné des violations des droits humains.

© Orlando SIERRA / AFP

Nasry Asfura, soutenu par Donald Trump, a été déclaré vainqueur mercredi 24 décembre de la présidentielle au Honduras.
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Lutte contre le cancer, deux prix Nobel français, IA… Retour sur les bonnes nouvelles de 2025

Un chercheur a trouvé une faille dans les métastases, en Corée du Sud la démocratie a gagné, la France a eu un prix Nobel de physique ET d'économie, l'intelligence artificielle pourra nous aider à guérir le cancer et la France a reconnu l'Etat palestinien... Pendant tout le mois de décembre, sur son compte Instagram, L'Express vous a proposé un calendrier de l'avent des bonnes nouvelles de 2025.

Nous vous les avons compilées ici, pour vous apporter un peu de bonne humeur dans ces derniers jours de l'année.

Bonne lecture !

C’est le graal de la recherche en cancérologie moderne : trouver une solution pour éliminer les métastases. Car si la médecine a fait d’immenses progrès et guérit toujours plus de patients, elle continue de buter contre ces tumeurs secondaires responsables de 70 % des décès par cancer.

Raphaël Rodriguez est directeur de recherche au CNRS et chef de laboratoire à l’Institut Curie, il a mis au point une molécule qui pourrait les détruire.

La destitution, vendredi 4 avril, du président sud-coréen, Yoon Suk-yeol, n’a pas fait que des heureux. Si les quelque 100 000 opposants au dirigeant, rassemblés au cœur de Séoul pour écouter le verdict, se sont réjouis de la décision prise à l’unanimité par les huit juges de la Cour constitutionnelle, les partisans du dirigeant déchu ont, à l’inverse, cassé les vitres d’un bus de la police. Mais cette destitution est la preuve criante de l’attachement des Coréens du Sud à leur système politique.

La petite nation d’Amérique latine aux 3,3 millions d’habitants est devenue un modèle à travers le monde grâce à Ramón Méndez Galain, un professeur d’université passionné par la politique énergétique, devenu directeur national de l’Energie. Il a réussi le tour de force de verdir à une vitesse record le mix électrique de son pays. Et rêve aujourd’hui de copier son modèle partout.

Le professeur au Collège de France, Philippe Aghion, a été consacré, lundi 13 octobre, avec le Canadien Peter Howitt, prix Nobel d'économie "pour leur théorie de la croissance durable à travers la destruction créatrice". Dans un article publié en septembre dernier, L'Express avait demandé à plusieurs économistes, dont Philippe Aghion, leurs réponses aux contre-vérités sur la productivité et les aides aux entreprises.

Peu l’avaient vu venir, mais ce passionné de course à pied a tout donné dans le sprint final. Vainqueur avec son parti centriste des élections législatives néerlandaises, Rob Jetten a réussi l’exploit de devancer le Parti pour la liberté du tribun d’extrême droite Geert Wilders. Il a toutes les chances de devenir le prochain Premier ministre s’il parvient à former une coalition ce qui, même pour un athlète comme lui, pourrait prendre quelques mois aux Pays-Bas.

Ethan Mollick est enseignant à Wharton, la prestigieuse école de commerce américaine de Philadelphie. Prompts, modèles, tâches… Il a une méthode imparable pour nous apprendre l’intelligence artificielle. Et nous l’a donnée. La clé ? "Tester l’IA sur un domaine que l’on maîtrise bien. Cela permet de comprendre très vite ce qu’elle sait bien faire et ce sur quoi elle échoue."

L’acteur le plus singulier de la jeune génération vient de publier un premier roman qui séduit les lecteurs. Et nous aussi. Se distinguant de tous les acteurs sans esprit qui encombrent les plateaux de télévision, Quenard sait transformer en happenings ses interviews promotionnelles. Il ajoute une corde à son arc en publiant Clamser à Tataouine, une comédie acide où sa verve fait merveille.

Maintenir le cap européen et le soutien à Kiev ou se tourner vers l'extrême droite : les Roumains, nombreux le 18 mai dernier à voter pour élire leur président, ont choisi la première option en donnant la victoire au maire centriste de Bucarest. Nicusor Dan, 55 ans, a recueilli près de 54 % des suffrages contre 46 % pour son rival nationaliste George Simion.Bien que battu à la loyale, le candidat d'extrême droite a contesté les résultats. Comme, en 2020, son idole américaine Donald Trump.

En épluchant les registres de santé de différents pays, Pascal Geldsetzer, chercheur à l’université de Stanford, a fait une découverte étonnante. Il a remarqué que les personnes qui n’étaient pas atteintes de la maladie d’Alzheimer présentaient un point commun : une grande partie avait été vaccinée contre la varicelle quelques années après leur retraite. Chez les personnes immunisées, les cas se sont révélés jusqu’à 20 % moins fréquents. Un chiffre bien trop grand pour être le fruit du hasard, assure l’expert.

A 72 ans, Michel Devoret, physicien, professeur à l’université de Californie aux Etats-Unis, s’est vu décerner le Prix Nobel 2025 de physique, mardi 7 octobre. Avec deux autres chercheurs d’exception, le Britannique John Clarke et l’Américain John M. Martinis, ces scientifiques ont démontré qu’il était possible de conserver certaines des capacités quantiques dans des circuits électriques, lançant de fait la course au calculateur quantique.

C’est la seule espionne britannique officielle : une seule image d’elle est diffusée mais personne ne connaît encore sa voix. Blaise Metreweli vient de prendre, en 2025, les commandes du MI6, le service de renseignement extérieur britannique. Une première pour une femme, dont les parcours d’espionnes sont bien particuliers. Sa nomination illustre la modernisation du service de renseignement de Sa Majesté, qui doit faire face à de nouveaux défis, et notamment les menaces cyber.

Avec Première génération (Les Arènes), Hannah Ritchie signe un plaidoyer pour une écologie rationnelle. Cette data scientifique est chercheuse à l’université d’Oxford et directrice de recherche d’Our World in Data, site de référence pour l’évolution des conditions de vie dans le monde. Dans son essai, l’Ecossaise invite à rompre avec les discours catastrophistes et à considérer les défis de façon pragmatique : réchauffement climatique, alimentation, déforestation, biodiversité ou plastiques.

Le groupe DHL, à la tête d’un chiffre d’affaires titanesque de 84,2 milliards d’euros et d’une équipe de plus de 600 000 employés répartis dans plus de 220 pays et territoires, n’est pas seulement l’un des leaders mondiaux de la livraison express internationale. Il est aussi l’un des grands champions des classements managériaux. En 2024, la firme a ainsi reçu le label "Top Employer Global", décerné par le Top Employers Institute en reconnaissance de l’excellence de ses pratiques en matière de ressources humaines. Nous avons visité son siège à Bonn.

Avec de nouvelles traductions qui magnifient l’élégance stylistique et l’humour de Conan Doyle, la Pléiade a réuni en 2025 l’intégrale de Sherlock Holmes en deux tomes augmentés d’un superbe album illustré (offert par votre libraire pour tout achat de trois volumes de la Pléiade). Le "canon holmésien" (ainsi parlent les puristes) comporte quatre romans (Etude en rouge, Le Signe des quatre, Le Chien des Baskerville et La Vallée de la peur) et 56 nouvelles, parmi lesquelles des merveilles comme "Un scandale en Bohème". Chacun aura sa préférence.

Incarcéré en Algérie pendant un an pour certaines prises de position sur son pays natal, Boualem Sansal, 81 ans, a retrouvé la liberté le 12 novembre dernier. L'écrivain, qui était au cœur d'une crise diplomatique entre Alger et Paris, est rentré en France le 18 novembre.

Le journaliste Christophe Gleizes, emprisonné en Algérie depuis juin, n’a, lui, pas été libéré. Sa condamnation à sept ans de prison pour apologie du terrorisme a au contraire été confirmée en appel, le jeudi 3 décembre.

A 39 ans seulement, Sarah Watson, oncologue à l’Institut Curie, a développé une intelligence artificielle capable de reconnaître le profil cellulaire d’une tumeur, et surtout, son organe d’origine. Une avancée majeure : ces informations sont essentielles pour déterminer les traitements à administrer contre un cancer. Jusqu’à présent, en France, environ 7 000 patients se trouvaient chaque année sans solution thérapeutique, parce que les médecins n’arrivaient pas à savoir dans quelle partie de leur corps la maladie était née.

Notre chroniqueur, Nicolas Bouzou, nous a rappelé une statistique encourageante publiée par l’association Citepa : "Les émissions de CO2 de la France ont reculé de près de 20 % en sept ans. Cette baisse s’accélère, alors même que nous sommes l’un des pays développés qui affiche déjà l’une des empreintes carbone les plus faibles – cette dernière correspond aux émissions liées à la production et à la consommation importée."

Le 16 septembre dernier, Arthur Mensch était l’invité du 20 Heures de France 2 après une méga levée de fonds de son entreprise, Mistral AI : 1,7 milliard d’euros, majoritairement auprès du néerlandais ASML, le spécialiste des machines servant à fabriquer les puces électroniques. Du jamais-vu en France. Et pour cause : la start-up représente désormais une alternative crédible aux géants américains qui dominent le secteur de l’IA. Dans son domaine, aucune compagnie européenne ne lui arrive à la cheville.

Disons-le franchement, Reset : How to Change What’s Not Working ("Réinitialiser : Comment changer ce qui ne fonctionne pas", 2025, non traduit) est l’un des meilleurs ouvrages de management que nous ayons lus ces derniers temps. Son auteur, l’Américain Dan Heath, à l’origine de plusieurs best-sellers outre-Atlantique et chercheur à l’Université Duke, interroge les dysfonctionnements qui paralysent les organisations et nous apprend comment les surmonter, exemples à l’appui. De judicieux conseils qui peuvent être appliqués jusque dans la vie personnelle…

Le 12 juillet dernier, le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco a décidé d’inscrire les mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan sur sa liste de sites ayant une "valeur universelle exceptionnelle". Parmi les cinquante sites naturels et culturels français inscrits sur cette liste, Carnac est le tout premier à être exclusivement breton. Son inscription est l’aboutissement d’un travail de plusieurs années et d’un positionnement stratégique de l’Etat français.

On a mieux compris pourquoi, dans Contre Sainte-Beuve, Proust expliquait qu’il faut séparer l’homme et l’œuvre : parce que lui était infiniment pénible dans la vie ? Bernard Grasset, qui en avait vu d’autres, le tenait pour "l’homme le plus compliqué de Paris". La réédition de la correspondance entre l’éditeur et l’auteur de Du côté de chez Swann est à se tordre de rire.

Responsable du premier gérontopôle français, le Pr Bruno Vellas a aussi participé à la création en 2024 de l’Institut hospitalo-universitaire HealthAge, à Toulouse, qu’il préside aujourd’hui. Au sein de ces structures, ce gériatre a développé en partenariat avec l’Organisation mondiale de la santé un outil d’évaluation numérique disponible en ligne pour favoriser le bien-vieillir et aider chacun d'entre nous à préserver ses capacités malgré l'avancée en âge. Il en a détaillé pour L'Express les principes.

Un monde inspiré du Paris de la Belle Epoque, une quête mythique, une "Peintresse" tyrannique qui tue d’un coup de pinceau des milliers de personnes et une course contre la montre haletante. L’univers unique du jeu vidéo "Clair Obscur Expedition 33", sorti en avril dernier, avait conquis plus d’un million d’adeptes dès le premier mois. Un succès mondial pour le studio montpelliérain Sandfall Interactive qui a triomphé le 12 décembre dernier aux Game Awards, raflant neuf prix.

A l’initiative de la France, une dizaine de pays occidentaux ont reconnu l’Etat de Palestine, le 22 septembre dernier. Dans un discours à la tribune de l’ONU, Emmanuel Macron a ainsi affirmé : “le temps de la paix est venu, car nous sommes à quelques instants de ne plus pouvoir la saisir".

© L'Express

Pour finir l'année sur une notre positive, L'express a sélectionné les bonnes nouvelles de 2025.
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Algérie : ce que contient la loi qualifiant la colonisation française de "crime d’État"

L’histoire coloniale française au cœur d’une nouvelle loi votée de l’autre côté de la Méditerranée. Le Parlement algérien a adopté ce mercredi 24 décembre un texte destiné à faire porter à l’État français "la responsabilité juridique de son passé colonial en Algérie et des tragédies qu’il a engendrées". Tandis que les tensions entre Paris et Alger demeurent très fortes, les députés algériens se sont prononcés à l’unanimité en faveur de cette proposition de loi. Les parlementaires ont d’ailleurs accueilli son approbation avec des applaudissements, portant l’écharpe aux couleurs du drapeau de leur pays autour du cou.

Demande d'"excuses" à la France

Dans le détail, que contient cette nouvelle loi ? Elle considère comme "un droit inaliénable pour l’État et le peuple algériens" le fait de voir la France apporter une "indemnisation complète et équitable pour tous les dommages matériels et moraux" liés à sa colonisation du pays, entre 1830 et 1962, date des accords d’Évian marquant la fin de la guerre d’Algérie. De façon plus précise encore, des "excuses officielles" sont demandées à Paris par Alger, tout comme des "réparations intégrales" pour ses actions passées. Toute une série d’épisodes historiques, qualifiés de "crimes coloniaux" par le document, sont listés : "exécutions extrajudiciaires", "pratique de la torture physique et psychologique", "pillage systématique des richesses"…

La question des 17 essais nucléaires français menés en Algérie dans le désert du Sahara entre 1960 et 1966 est également évoquée. La nouvelle loi réclame que la France s’emploie à décontaminer les zones touchées par ces opérations, mais aussi qu’elle indique à Alger de manière précise quelles zones ont pu être creusées afin d’y enfouir des déchets toxiques. Certains habitants des régions où ont été réalisés les essais dans les années 60 connaissent toujours aujourd’hui des problèmes de santé en raison du manque de dépollution de ces territoires.

Le texte demande aussi la restitution de l’ensemble des biens transférés hors d’Algérie, y compris les archives nationales. Par ailleurs, sur le plan intérieur, il prévoit des peines de prison et une interdiction des droits civiques et politiques pour toute personne "promouvant" la colonisation ou niant qu’elle soit un crime. Ces faits sont désormais jugés imprescriptibles. Enfin, cette loi qualifie de "haute trahison" la "collaboration des harkis", le nom donné aux auxiliaires algériens de l’armée française.

Portée avant tout symbolique

Concrètement, le vote du Parlement algérien n’engendrera pas de répercussions sur le plan légal pour Paris. "Juridiquement, cette loi n’a aucune portée internationale et ne peut donc obliger la France", a souligné, auprès de l’AFP, Hosni Kitouni, chercheur en histoire de la période coloniale à l’université britannique d’Exeter. Toutefois, selon cet expert, "elle marque un moment de rupture dans le rapport mémoriel avec la France". Le vote de ce texte, avant tout symbolique, intervient au moment où les deux pays sont coincés dans une discorde persistante depuis la reconnaissance par le président français, Emmanuel Macron, de la souveraineté marocaine du Sahara occidental – région où les indépendantistes du Front Polisario sont soutenus par Alger.

Les autorités françaises, à l’image du ministère des Affaires étrangères, n’ont pas souhaité faire de commentaire sur le contenu du texte avant son vote. Si la libération de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, gracié mi-novembre à la faveur de négociations menées par l’Allemagne, avait pu laisser croire à une désescalade, l’espoir a fait long feu.

Le cas du journaliste français Christophe Gleizes, toujours emprisonné en Algérie et dont Paris conteste la peine, en est d’ailleurs l’illustration. Un temps évoqué, une rencontre entre Emmanuel Macron et le président algérien Abdelmadjid Tebboune en marge du G20 à Johannesburg (Afrique du Sud) en novembre n’a finalement jamais eu lieu.

© afp.com/Ludovic MARIN

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune s'entretient avec son homologue français Emmanuel Macron, le 13 juin 2024 à Savelletri (Italie).
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Qui se cache derrière NoName057 (16), ce groupe pro-russe revendiquant la cyberattaque de La Poste ?

Ils affirment vouloir "venger" la Russie des nations européennes et de leur appui à l’Ukraine. Les hackers du groupe pro-Moscou NoName057 (16) sont dans le collimateur des autorités de nombreuses nations européennes. Depuis mars 2022, date de sa création dans la foulée de l’invasion russe en Ukraine, le collectif mène de multiples opérations de déstabilisation sur le Vieux Continent en s’en prenant à des dizaines d’infrastructures privées et publiques. En cette période de fêtes, le groupe refait surface en France : il vient de revendiquer la cyberattaque ayant touché La Poste lundi 22 décembre, ralentissant plusieurs de ses services. Deux jours plus tard, le groupe demeure toujours affecté ce mercredi par le problème.

Un groupe pro-Russie et opposé aux pays soutenant Kiev

L’enquête sur l’incident, confiée à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), devra déterminer la réelle responsabilité de NoName057 (16) dans cette affaire. Rien ne prouve en effet pour le moment que le collectif soit bien à l’origine de la perturbation de l’entreprise : de nombreuses organisations pirates ont effectivement l’habitude de revendiquer par opportunité des actions qu’elles n’ont pas forcément commises. "Toutes leurs revendications sont accompagnées d’une propagande outrancière pro-russe sur leur chaîne Telegram", note ainsi sur son compte X le hackeur éthique Clément Domingo, connu sous le pseudonyme de SaxX sur les réseaux sociaux.

Mais, au-delà de cet épisode, le groupe a déjà fait parler de lui à de nombreuses reprises en France. En 2023, les experts en cybersécurité avaient notamment montré que NoName057 avait mené une attaque contre le site de l’Assemblée nationale. Sans conséquence grave sur le fonctionnement du Parlement, ce piratage avait tout de même mis hors ligne le portail web de la Chambre basse pendant plusieurs heures. Sur ses canaux, les hackers pro-russes, eux, en profitaient pour dérouler le narratif habituel du Kremlin. "Nous avons décidé de réitérer notre récent voyage en France, où les protestations contre Macron, qui a décidé de ne pas se soucier des Français et continue à servir les néonazis ukrainiens, ne se calment pas", lançaient-ils alors sur leur chaîne Telegram.

Ailleurs en Europe, NoName057 (16) figure comme l’un des principaux groupes de pirates pro-russes menaçant leurs entreprises et administrations. Au mois de novembre, il avait tenté de troubler le bon déroulement des élections municipales et régionales au Danemark, ciblant les sites web de plusieurs partis politiques, de municipalités, de l’audiovisuel public ou encore d’une entreprise liée au secteur de la défense. Suède, Suisse, Allemagne, Italie… Le groupe vise sans relâche des pays affichant leur soutien à Kiev, lors d’opérations aboutissant à plus ou moins de succès. Il a aussi essayé de gêner le sommet de l’Otan de La Haye (Pays-Bas), qui se déroulait en juin dernier en présence de Donald Trump, Emmanuel Macron ou encore Friedrich Merz.

Des attaques par déni de service distribué

Sa méthode est souvent la même : déployer des attaques par déni de service distribué (DDoS). La Poste aurait été touchée par ce type d’incident, ce qui renforce les suspicions à l’égard de NoName057 (16) dans ce cas. Le principe de ce procédé ? Multiplier les requêtes sur le serveur d’une infrastructure, jusqu’à le saturer et le faire tomber en panne. Dans la pratique, les hackers peuvent utiliser un botnet, un réseau d’appareils piratés, pour être en mesure de lancer des centaines de demandes sur les sites visés. Pas forcément d’une grande complexité, ces opérations malveillantes permettent surtout aux cybercriminels de perturber provisoirement les systèmes informatiques, plutôt que de récupérer des données sensibles.

Si NoName057 (16) demeure aujourd’hui actif, les agences européennes de police criminelle et de coopération judiciaire, Europol et Eurojust, avaient pourtant annoncé son démantèlement l’été dernier. "Lors d’une journée d’action le 15 juillet, le botnet, qui utilisait des centaines de serveurs à travers le monde, a été démantelé et plusieurs suspects ont été identifiés, dont les principaux instigateurs résidant en Fédération de Russie", avaient expliqué ces organismes. Deux personnes avaient été interpellées dans le cadre de cette enquête en France et en Espagne.

Selon les autorités, les hackers pro-russes s’appuyaient notamment sur un logiciel disponible à tout un chacun via des systèmes de messagerie cryptée. Ses utilisateurs, estimés à "plus de 4 000" selon les chiffres du parquet de Paris, pouvaient alors les aider à mener leurs attaques. Ainsi, "plus de 74 000 attaques" de ce type contre "4 900 victimes" avaient été recensées dans le monde entre 2023 et juillet 2025. "La France a été la cible de plus de 2 200 attaques, qui ont touché plus de 200 entreprises et institutions publiques", précisait à l’époque la même source, dans un communiqué.

© afp.com/Philippe Huguen

Deux jours après une cyberattaque, La Poste demeure affectée par des perturbations ce mercredi 24 décembre.
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Guerre en Ukraine : ce que contient la nouvelle version du plan américain en 20 points

À la veille de Noël, Volodymyr Zelensky communique à sa population des informations cruciales. Dans des propos diffusés ce mercredi 24 décembre, le président ukrainien a dévoilé la dernière version du plan de paix américain destiné à mettre fin à la guerre qui oppose son pays à la Russie depuis février 2022. Négocié séparément par Washington avec Kiev et Moscou, ce texte fait l'objet d'âpres discussions depuis plusieurs mois, Donald Trump se montrant de plus en plus pressé de voir aboutir ce processus. Fin novembre, une première mouture en 28 points avait été révélée et largement critiquée, car elle reprenait nombre des revendications du Kremlin pour interrompre son offensive dans l'est de l'Ukraine.

La question territoriale pas réglée... mais un gel du front

La dernière mise à jour de ce plan de paix, en 20 points, ne résout pas plusieurs points de blocage des pourparlers actuels. D'après Volodymyr Zelensky, les négociations entre Ukraine et États-Unis n'ont pas permis d'aboutir à un "consensus" sur la question du contrôle des territoires, alors que Moscou demande notamment que Kiev lui cède la partie de la région orientale de Donetsk. Le président ukrainien s'est dit "prêt à rencontrer les États-Unis au niveau des dirigeants afin d'aborder les questions sensibles", après avoir déjà appelé par le passé à une rencontre tripartite avec le président russe Vladimir Poutine.

En revanche, le projet prévoit un gel de la ligne de front actuelle. En cas de signature de ce document par les différentes parties, "la ligne de déploiement des troupes à la date de cet accord [sera] la ligne de contact reconnue de facto", précise Volodymyr Zelensky. Cette situation ouvrirait la voie à des discussions sur la création de possibles zones démilitarisées. Le chef de l'État ukrainien ajoute qu'un "groupe de travail se réunira pour déterminer le redéploiement de forces nécessaires pour mettre fin au conflit, ainsi que pour définir les paramètres des futures possibles zones économiques spéciales".

Pas d'interdiction formelle d'adhérer à l'Otan

Autre question sensible : la possibilité, ou non, pour l'Ukraine d'adhérer à l'Otan. Moscou a fait de cette hypothèse une ligne rouge absolue avant la signature de tout accord. Une exigence russe sur laquelle Donald Trump a déjà laissé entendre qu'il était prêt à céder. "Pas question pour l'Ukraine d'entrer dans l'Otan", avait notamment écrit, en lettres capitales, le milliardaire républicain en août sur son réseau Truth Social. Or, selon Volodymyr Zelensky, le scénario d'une adhésion ukrainienne à l'Alliance atlantique n'est pas formellement interdit par l'accord.

"C'est à l'Otan de décider si elle souhaite ou non accueillir l'Ukraine parmi ses membres. Et notre choix est fait. Nous avons renoncé à modifier la Constitution ukrainienne pour y inscrire que le pays ne rejoindra pas l'Otan", a développé le président ukrainien. Une précédente version du plan rédigée par les États-Unis exigeait à l'inverse de Kiev un engagement juridique à ne pas rejoindre l'organisation.

Incertitude sur le contrôle de la centrale de Zaporijia

Toujours parmi les zones de flou découlant de cet hypothétique accord, la problématique du contrôle de la centrale nucléaire de Zaporijia n'est pas tranchée. Occupé par la Russie depuis 2022 et situé dans le sud de l'Ukraine, ce site fait l'objet d'inquiétudes de sécurité de la part de la communauté internationale. Le plan propose qu'elle soit exploitée conjointement par Moscou, Kiev et Washington, une éventualité rejetée par Volodymyr Zelensky. "Pour l'Ukraine, cela semble très inapproprié et pas tout à fait réaliste", a-t-il déclaré mardi aux journalistes, dont ceux de l'AFP.

Enfin, le président ukrainien a aussi assuré que le document prévoit qu'il organise une élection présidentielle après la signature d'un accord mettant fin aux hostilités. Il a en revanche indiqué que tout texte prévoyant un retrait des troupes ukrainiennes devait être approuvé par référendum par les Ukrainiens, ce qui nécessiterait un cessez-le-feu de 60 jours.

Kiev attend désormais une réponse de Moscou dès ce mercredi, "après que les Américains leur auront parlé". Plus tôt dans la semaine, un responsable russe avait qualifié les progrès dans les négociations de "lents" et accusé les Européens de chercher à "faire dérailler le processus diplomatique" en poussant à des modifications du texte inacceptables pour le Kremlin. Sur le terrain, le régime de Vladimir Poutine ne relâche pas la pression : ce mardi, de nouvelles frappes russes ont visé mardi le réseau électrique ukrainien, provoquant des coupures de courant, et la région portuaire d'Odessa, ciblée à de multiples reprises ces dernières semaines.

Le plan en 20 points (traduit de l'ukrainien)

1. La souveraineté de l'Ukraine sera réaffirmée. Nous déclarons que l'Ukraine est un État souverain, et tous les signataires de l'accord le confirment par leurs signatures.

2. Ce document est un accord de non‑agression total et inconditionnel entre la Russie et l'Ukraine. Pour maintenir une paix durable, un mécanisme de surveillance sera établi pour contrôler la ligne de contact par l'intermédiaire d'un suivi aérien sans équipage, afin d'assurer un signalement rapide des violations et de résoudre les différends. Des équipes techniques en arrêteront tous les détails.

3. L'Ukraine recevra de solides garanties de sécurité.

4. L'armée ukrainienne conservera un effectif de 800.000 personnes en temps de paix.

5. Les États‑Unis, l'OTAN et les États européens signataires fourniront à l'Ukraine des garanties de sécurité calquées sur l'article 5 :

a) Si la Russie envahit l'Ukraine, en plus d'une réponse militaire coordonnée, toutes les sanctions mondiales contre la Russie seront rétablies.

b) Si l'Ukraine envahit la Russie ou ouvre le feu sur le territoire russe sans provocation, les garanties de sécurité seront réputées nulles et non avenues. Si la Russie ouvre le feu sur l'Ukraine, les garanties de sécurité entreront en vigueur.

c) Des garanties de sécurité bilatérales ne sont pas exclues au titre du présent accord.

6. La Russie formalisera une politique de non‑agression envers l'Europe et l'Ukraine dans toutes les lois et documents requis pour la ratification.

7. L'Ukraine deviendra membre de l'Union européenne dans un délai précisément défini, et l'Ukraine bénéficiera à court terme d'un accès privilégié au marché européen.

8. Un solide programme mondial de développement pour l'Ukraine, à définir dans un accord distinct sur l'investissement et la prospérité future. Il couvrira un large éventail de domaines économiques, notamment, sans s'y limiter:

a) La création d'un Fonds de développement de l'Ukraine pour investir dans des secteurs à forte croissance, dont la technologie, les data centers et l'intelligence artificielle.

b) Les États‑Unis et les entreprises américaines coopéreront avec l'Ukraine et co‑investiront dans la reconstruction, ainsi que dans le développement, la modernisation et l'exploitation des infrastructures gazières de l'Ukraine, y compris ses gazoducs et ses installations de stockage.

c) Des efforts conjoints seront déployés pour reconstruire les zones touchées par la guerre, afin de restaurer, rebâtir et moderniser les villes et les quartiers résidentiels.

d) Le développement des infrastructures.

e) L'extraction de minerais et de ressources naturelles.

f) La Banque mondiale fournira un dispositif de financement spécial pour garantir des fonds afin d'accélérer ces efforts.

g) Un groupe de travail de haut niveau sera créé, prévoyant la nomination d'un dirigeant financier mondial en qualité d'administrateur, chargé d'organiser la mise en œuvre du plan stratégique de reconstruction et de maximiser les perspectives de développement futur.

9. Plusieurs fonds seront créés dédiés au redressement de l'économie ukrainienne, la reconstruction des zones et régions endommagées, ainsi que les questions humanitaires.

a) Les États‑Unis et les pays européens créeront un fonds d'investissement en capital et de subventions d'un montant cible de 200 milliards de dollars pour un financement transparent et efficace en Ukraine.

b) Un large éventail d'investissements en capital et d'autres instruments financiers seront mobilisés pour la reconstruction post‑conflit de l'Ukraine. Les institutions mondiales de reconstruction utiliseront des mécanismes destinés à renforcer et faciliter ces efforts.

c) L'Ukraine appliquera les standards les plus exigeants au niveau mondial afin d'attirer l'investissement direct étranger.

d) L'Ukraine se réserve le droit à réparation pour les dommages infligés.

10. Après la conclusion du présent accord, l'Ukraine accélérera le processus de conclusion d'un accord de libre‑échange avec les États‑Unis.

11. L'Ukraine confirme qu'elle demeurera un État non nucléaire conformément au Traité sur la non‑prolifération des armes nucléaires.

12. La centrale nucléaire de Zaporijjia sera gérée conjointement par trois pays: l'Ukraine, les États‑Unis et la Russie.

13. Les deux pays s'engagent à mettre en œuvre des programmes éducatifs dans les écoles et au sein de la société qui favorisent la compréhension et la tolérance à l'égard des différentes cultures et qui combattent le racisme et les préjugés. L'Ukraine appliquera les règles de l'Union européenne en matière de tolérance religieuse et de protection des langues minoritaires.

14. Dans les régions de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson, la ligne de déploiement des troupes à la date du présent accord est de facto reconnue comme la ligne de contact.

a) Nous confirmons de facto en tant que parties qu'il s'agit de la ligne de contact — là où nous nous trouvons actuellement.

b) Un groupe de travail se réunira pour déterminer la redéploiement des forces nécessaire pour mettre fin au conflit, ainsi que pour définir les paramètres de potentielles futures zones économiques spéciales.

c) Après une base équivalente pour les mouvements militaires, des forces internationales seront déployées le long de la ligne de contact pour surveiller le respect du présent accord. Si la décision est prise d'établir une telle zone, elle devra recevoir une approbation spéciale du Parlement ukrainien ou faire l'objet d'un référendum.

d) La Fédération de Russie doit retirer ses troupes des régions de Dnipropetrovsk, Mykolaïv, Soumy et Kharkiv pour que le présent accord entre en vigueur.

e) Les parties conviennent de respecter les règles, garanties et obligations des Conventions de Genève de 1949 et de leurs protocoles additionnels, qui s'appliquent pleinement sur le territoire, y compris les droits humains universellement reconnus.

15. Après s'être entendues sur de futurs arrangements territoriaux, la Fédération de Russie et l'Ukraine s'engagent toutes deux à ne pas modifier ces dispositions par la force.

16. La Russie n'entravera pas l'utilisation par l'Ukraine du Dniepr et de la mer Noire à des fins commerciales.

17. Un comité humanitaire sera créé pour résoudre les questions en suspens.

a) Tous les prisonniers de guerre restants, y compris ceux condamnés en Russie de 2014 à ce jour, seront échangés selon le principe du "tous contre tous" (l'ensemble des prisonniers détenus, quel que soit leur nombre respectif de chaque côté, ndlr).

b) Tous les civils et otages détenus, y compris les enfants et les prisonniers politiques, seront libérés.

c) Des mesures seront prises pour remédier aux problématiques et aux souffrances des victimes du conflit.

18. L'Ukraine doit organiser des élections dès que possible après la signature de l'accord.

19. Le présent accord a force obligatoire. Sa mise en œuvre sera surveillée et garantie par un Conseil de paix présidé par le président Trump. L'Ukraine, l'Europe, l'OTAN, la Russie et les États‑Unis feront partie de ce mécanisme. Des sanctions s'appliqueront en cas de violations.

20. Une fois que toutes les parties auront accepté le présent accord, un cessez-le-feu total entrera immédiatement en vigueur.

© afp.com/Handout

Photo diffusée par la présidence ukrainienne, le 24 décembre 20255, montrant le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une conférence de presse avec des journalistes, le 23 décembre 2025 à Kiev
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Régulation de la tech : l’administration Trump sanctionne des Européens, dont Thierry Breton

L'administration Trump a annoncé mardi 23 décembre des sanctions visant cinq personnalités européennes engagées pour une stricte régulation de la tech et contre la désinformation en ligne, dont un ancien commissaire européen, le Français Thierry Breton, qui a dénoncé un "vent de maccarthysme". Les agissements de ces personnes, qui se voient interdites de séjour aux Etats-Unis, s'apparentent à de la "censure" au détriment des intérêts américains, a justifié le département d'Etat.

"Depuis trop longtemps, les idéologues européens mènent des actions concertées pour contraindre les plateformes américaines à sanctionner les opinions américaines auxquelles ils s'opposent", a fustigé le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, sur X. "L'administration Trump ne tolérera plus ces actes flagrants de censure extraterritoriale", a-t-il ajouté, dénonçant "un complexe industriel mondial de la censure".

Parmi les personnes concernées figure le Français Thierry Breton, ancien ministre et artisan de la directive européenne sur les services numériques, qui a été commissaire au Marché intérieur de 2019 à 2024, avec de larges compétences en particulier sur les dossiers numériques et industriels. Il a dénoncé sur X un "vent de maccarthysme" aux Etats-Unis, en référence à la chasse aux sorcières anticommuniste menée par le sénateur américain Joseph McCarthy dans les années 1950. "Pour rappel : 90 % du Parlement européen - démocratiquement élu - et les 27 États membres à l'unanimité ont voté le DSA", la législation européenne sur le numérique, a-t-il souligné. "À nos amis américains : 'La censure n'est pas là où vous le pensez'", a-t-il conclu.

Jean-Noël Barrot, le chef de la diplomatie française, a affirmé sur X également que "les peuples de l'Europe sont libres et souverains et ne sauraient se faire imposer par d'autres les règles s'appliquant à leur espace numérique". Les quatre autres personnes sanctionnées sont des représentants d'ONG luttant contre la désinformation et la haine en ligne au Royaume-Uni et en Allemagne : Imran Ahmed, qui dirige le Center for Countering Digital Hate (CCDH), Clare Melford, à la tête d'un index de la désinformation (GDI) basé au Royaume-Uni, ainsi que Anna-Lena von Hodenberg, fondatrice de HateAid, une ONG allemande, et Josephine Ballon, de la même association. Les Européens n'ont généralement pas besoin de visa pour se rendre aux États-Unis, mais doivent toutefois obtenir une autorisation électronique de voyage (ESTA).

L'Europe dans le collimateur

Le président américain Donald Trump mène une offensive d'envergure contre les règles de l'Union européenne sur la tech qui imposent aux plateformes des régulations, comme le signalement de contenus problématiques, jugées par les Etats-Unis comme une atteinte à la liberté d'expression. L'UE dispose, de fait, de l'arsenal juridique le plus puissant au monde pour réguler le numérique. Washington a notamment très mal pris l'amende de 140 millions de dollars infligée par l'UE début décembre à X, le réseau social du milliardaire Elon Musk, décrite par Marco Rubio comme une "attaque contre toutes les plateformes technologiques américaines et le peuple américain par des gouvernements étrangers".

Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a l'Europe dans le collimateur. Dans sa nouvelle Stratégie de sécurité nationale, publiée récemment, qui parle d'un "effacement civilisationnel" de l'Europe, Washington cible pêle-mêle les instances européennes "qui sapent la liberté politique et la souveraineté", les politiques migratoires ou encore "l'effondrement des taux de natalité" sur le Vieux Continent.

Dès février dernier, le vice-président américain, J.D. Vance, avait consterné les Européens lors d'un discours à Munich dans lequel il avait affirmé que la liberté d'expression "reculait" sur le continent, épousant les vues des partis d'extrême droite comme l'AfD, en Allemagne. En mai, le secrétaire d'Etat américain avait déjà annoncé des restrictions de visas pour les étrangers accusés de "censurer les Américains", affirmant que la liberté d'expression était "essentielle au mode de vie américain". Par ailleurs, un récent mémo du département d'Etat, cité dans la presse américaine, évoque de nouvelles consignes du gouvernement américain visant à restreindre les visas pour des personnes travaillant dans la tech (les visas H-1B), notamment spécialisées dans la modération de contenu.

© afp.com/Kenzo TRIBOUILLARD

Le commissaire européen chargé du marché intérieur, Thierry Breton, le 16 mars 2023, à Bruxelles (Belgique).
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Guerre en Ukraine : l'Otan soupçonne la Russie de se préparer à attaquer Starlink

Dans la guerre qui l'oppose à la Russie, l'Ukraine est en position de force sur un plan : le spatial. Une supériorité permise notamment grâce aux satellites fournis par ses alliés occidentaux, à commencer par le très sophistiqué réseau Starlink, propriété d'Elon Musk. Opérant en orbite basse, ces antennes servent aux forces ukrainiennes pour les communications, le ciblage des armes sur le front et sont parfois même intégrées aux drones suicides. Elles sont aussi utiles aux civils pour pallier les coupures de courant en cas de frappes russes. Consciente de leur importance capitale pour Kiev, Moscou serait en train de mettre au point un système pour détruire les satellites Starlink. C'est en tous cas ce que semblent indiquer les conclusions de deux services de renseignement de l'Otan, dont l'Associated Press (AP) qui a pu consulter certains extraits.

Selon le rapport, la Russie développerait une nouvelle arme antisatellite, qui permettrait d'envoyer des milliers de projectiles sur les orbites Starlink, pour désactiver simultanément plusieurs satellites. Un système novateur par rapport à celui testé en 2021 par Moscou, qui permet de détruire un satellite à la fois. Selon les services de renseignement, ces projectiles seraient même si petits - de quelques millimètres seulement - qu'ils échapperaient à la détection des systèmes surveillance spatiale, et seraient donc difficiles à identifier. "Si les projectiles sont indétectables, cela complique les choses, mais on finira par s'en apercevoir et si des satellites commencent à dysfonctionner, je suppose qu'on pourra faire le lien", résume ainsi Clayton Swop, du Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS).

Retour de bâton ?

Mais selon AP, rien ne garantit que la Russie serait épargnée par son propre système. Plusieurs analystes doutent qu'une telle arme puisse opérer sans provoquer des dommages collatéraux catastrophiques sur les pays alentour, à commencer par la Russie et son allié la Chine, qui dépendent de milliers de satellites en orbite pour les communications, la défense et d'autres besoins vitaux. D'autant que les forces russes n’hésitent pas à utiliser Starlink de temps à autre pour leurs communications militaires. Des sites spécialisés en matériel militaire rapportent ainsi que l’Ukraine observe désormais quotidiennement des drones d’attaque russes également équipés de terminaux Starlink. Pour Victoria Samson, spécialiste de la sécurité spatiale à la Secure World Foundation, Moscou n'a pas intérêt à déployer une arme susceptible de se retourner contre elle : "Je n'y crois pas. Vraiment pas", explique-t-elle. "Franchement, je serais très surprise qu'ils fassent une chose pareille".

Un optimisme loin d'être partagé par tous les analystes. "Ce n'est pas improbable", fait ainsi valoir le brigadier-général Christopher Horner, commandant de la division spatiale des forces armées canadiennes, qui rappelle certaines allégations américaines, selon lesquelles la Russie poursuivrait également le développement d'une arme nucléaire spatiale indiscriminée. "Si les informations concernant le système d'armes nucléaires sont exactes et qu'ils sont prêts à le développer et à aller jusqu'à ce but, il ne me surprendrait pas qu'un système similaire, mais tout aussi destructeur, soit à leur portée", poursuit-il.

De son côté, le tout nouveau "Commandement de l'espace", branche de l'Armée de l'air française, semble aller dans le même sens : "Nous pouvons vous informer que la Russie a multiplié ces dernières années les actions irresponsables, dangereuses, voire hostiles, dans l'espace", fait-il savoir.

Les conclusions consultées par l'AP n'indiquent pas quand la Russie serait réellement capable de mettre au jour un tel système, ni s'il a été testé ou à quel stade en sont les recherches. Une chose est sûre : le chaos qu'une telle arme pourrait engendrer permettrait à Moscou de menacer ses adversaires sans avoir à l'utiliser. "Il s'agit clairement d'une arme de la peur", résume Clayton Swope (CSIS).

© Maxym Marusenko / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Une antenne Starlink recouverte d’un filet de camouflage sur le site d’une unité des forces armées ukrainiennes dans la région de Donetsk, en Ukraine, en décembre 2022.
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Affaire Epstein : ce que contiennent les milliers de nouveaux documents mis en ligne

Quelques jours après une première publication partielle du dossier qui embarrasse l'administration Trump, des milliers de nouveaux documents issus de l'enquête sur le criminel sexuel Jeffrey Epstein dont des centaines de vidéos et d'audios ont été mis en ligne mardi 23 décembre par le ministère américain de la Justice.

Dans ces 11 000 nouveaux fichiers, on retrouve des courriels de procureurs et des images de surveillance de la cellule de Jeffrey Epstein datant d'août 2019, au moment de sa mort. Mais d'autres contiennent des centaines de références au président Donald Trump, qui avait été l'ami de Jeffrey Epstein avant que leurs relations de se déteriorent selon une enquête du New York Times.

Donald Trump, un passager régulier de l'avion de Jeffrey Epstein

La majorité de ces références correspondent à des mentions dans des articles de presse ou d’autres documents inclus dans les dossiers, mais certaines sont directement centrées sur le président. Dans un courriel daté du 7 janvier 2020, un procureur fédéral de Manhattan, dont l’identité n’est pas précisée, indiquait vouloir informer son interlocuteur que des registres de vols montraient que Donald Trump avait voyagé à bord du jet privé de Jeffrey Epstein "bien plus souvent que ce qui avait été rapporté jusqu’alors (ou que ce dont nous avions connaissance)", rapporte le New York Times.

Selon ce message, Donald Trump a été le passager de l'avion de Jeffrey Epstein à huit reprises entre 1993 et 1996, dont deux fois en présence de témoins potentiels dans l'affaire pénale visant Ghislaine Maxwell. Cette dernière a notamment été reconnue coupable de trafic sexuel par un tribunal fédéral de Manhattan en 2021.

Lors d’un autre vol, les seuls passagers étaient Jeffrey Epstein, Donald Trump et une personne âgée de 20 ans, selon le courriel, consulté par le journal américain. Sur d’autres vols, Donald Trump voyageait avec Marla Maples, son ex-épouse, sa fille Tiffany et son fils Eric.

Ces affirmations à l'encontre de Donald Trump sont "fausses et sensationnalistes", a répondu le ministère américain de la Justice, contraint par une loi de publier ces fichiers. "Le ministère de la Justice a officiellement publié environ 30 000 nouvelles pages de documents liés à Jeffrey Epstein. Certains de ces documents contiennent des affirmations fausses et sensationnalistes contre le président Trump qui ont été soumises au FBI juste avant l'élection de 2020. Soyons parfaitement clair : ces affirmations sont fausses et sans fondement", a écrit le ministère sur X.

Selon le Washington Post, ces documents comprennent également de nombreuses pièces relatives aux objections déposées par les victimes de Jeffrey Epstein en 2008. Celles-ci faisaient suite à l’accord conclu par Alex Acosta, alors procureur fédéral à Miami, qui avait renoncé à poursuivre Epstein au niveau fédéral en échange de sa reconnaissance de culpabilité pour des infractions moins graves relevant du droit de l’État de Floride, notamment la sollicitation de prostitution auprès d’une mineure.

Parmi les documents figure aussi un mémorandum de 22 pages de la division pénale du ministère américain de la Justice adressé aux autorités britanniques. Le texte sollicite l’audition volontaire d’un "témoin important PA", une référence au prince Andrew, et détaille les éléments recueillis à son sujet dans le cadre de l’enquête. Andrew Mountbatten-Windsor, frère du roi Charles III, a récemment été privé de ses titres royaux, dont celui de prince, en raison de ses liens avec Jeffrey Epstein.

Le ministère avait déjà publié vendredi environ 4 000 fichiers liés au dossier Epstein. Des victimes du criminel sexuel et des élus démocrates avaient critiqué l'administration Trump pour ce qu'ils estimaient être une rétention d'informations et une diffusion du dossier Epstein jugée trop lente. Une quinzaine de victimes s'est plaint dans un communiqué publié sur X que seule une "partie" des documents ait été rendue publique et a évoqué un caviardage "anormal et extrême" des éléments publiés vendredi sans "aucune explication". Elles ont aussi reproché au ministère de la Justice d'avoir "laissé les identités de nombreuses victimes apparentes, causant un préjudice immédiat et réel".

Le ministère était contraint par une loi, promulguée à contre-coeur par le président américain, de publier l'ensemble du dossier avant la date limite du vendredi 19 décembre. Depuis sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, le président américain s'est quant à lui inquiété du mal que pourrait causer la publication du dossier, notamment des photos. Il s'est exprimé lundi pour la première fois depuis la publication partielle du dossier Epstein, s'inquiétant que ces documents n'affectent "l'image" de personnes innocentes.

"Tout le monde était sympa avec ce type", a-t-il lancé lors de sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride. "Bill Clinton était ami avec lui, mais tout le monde l'était", a-t-il poursuivi, s'inquiétant que certaines personnes "ayant innocemment rencontré" Jeffrey Epstein "parce qu'il était à une fête", puissent être embarrassées par la publication de ces documents. Un temps proche du financier avec qui il évoluait dans les mêmes cercles, le milliardaire républicain a toujours démenti avoir eu connaissance de son comportement criminel et assure avoir coupé les ponts avant qu'il ne soit inquiété par la justice.

Une manoeuvre politique ?

Le ministère de la Justice dit avoir besoin de davantage de temps pour publier avec précaution le reste du dossier afin de protéger au mieux les victimes dont l'identité pourrait être dévoilées dans ces milliers de photos, vidéos et textes. L'opposition démocrate voit cependant dans ce retard une manoeuvre politique destinée à éviter la publication d'informations supposées compromettantes pour le président Donald Trump, qui apparaît sur des images aux côtés de Jeffrey Esptein.

La publication de ces documents, issus de l'enquête menée par les autorités américaines sur l'influent financier et criminel sexuel new-yorkais, mort en 2019 avant son procès, doivent aider à faire la lumière sur ses liens passés avec des personnalités de premier plan, dont le président républicain. Alors qu'il s'était dit, lors de sa campagne en 2024, d'accord pour rendre ces fichiers publics, Donald Trump a ensuite fait volte-face, dénonçant un "canular" instrumentalisé par les démocrates.

Sa base "Maga", obsédée par ce scandale, s'était insurgée quand le ministère de la Justice avait annoncé à l'été n'avoir découvert aucun élément nouveau justifiant la publication de documents supplémentaires ou de nouvelles poursuites. Après des mois de révolte, le président a dû céder à la pression du Congrès, y compris d'élus républicains, promulguant en novembre une loi imposant à son gouvernement de publier l'intégralité des documents non classifiés en sa possession.

Figure de la jet-set new-yorkaise, Jeffrey Epstein est connu pour avoir fréquenté de nombreuses personnalités américaines et étrangères de premier plan, dont l'actuel président républicain et son lointain prédécesseur démocrate Bill Clinton. Il est accusé d'avoir exploité sexuellement plus de mille jeunes femmes, dont des mineures.

© via REUTERS

Cette image, diffusée par le département de la Justice américain à Washington, D.C., le 19 décembre 2025, présente des tiroirs et des photos encadrées trouvés dans la maison de Jeffrey Epstein à Manhattan. Elle fait partie d'un nouveau lot de documents issus de ses enquêtes sur le défunt financier et délinquant sexuel condamné, Jeffrey Epstein.
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Boeing 747, couronne en or, médaille de la Fifa... Pour Donald Trump, c'était Noël tous les jours de l’année

A l’occasion d’un exercice de flagornerie qui aurait lui-même mérité une récompense, le président de la Fifa Gianni Infantino a décerné à Donald Trump, le 5 décembre à Washington, un très baroque et inédit "prix de la paix de la FIFA". Organisée au Kennedy Center de Washington lors du tirage au sort du Mondial de football (qui se déroulera l’été prochain aux Etats-Unis, au Mexique et au Canada), la cérémonie a atteint, ce jour-là, un niveau d’irréalité orwellienne. Sur scène, Infantino annonce alors à Trump – les deux hommes se disent amis dans le privé – qu’il est le récipiendaire du tout premier prix de la paix de la fédération internationale sans, évidemment, mentionner qu’il a été inventé et taillé sur mesure pour le grand homme afin de flatter son ego.

US President Donald Trump receives the FIFA Peace Prize from FIFA President Gianni Infantino at the official draw for the 2026 FIFA World Cup, at the John F. Kennedy Center for the Performing Arts, on December 5, 2025, in Washington, D.C. The 2026 FIFA World Cup will take place between June 11 and July 19, with the participation of 48 national teams, and the matches will be played in the United States, Mexico, and Canada. This will be the first time the international sporting event will be hosted by three countries. (Photo by VANESSA CARVALHO / Brazil Photo Press via AFP)
US President Donald Trump receives the FIFA Peace Prize from FIFA President Gianni Infantino at the official draw for the 2026 FIFA World Cup, at the John F. Kennedy Center for the Performing Arts, on December 5, 2025, in Washington, D.C. The 2026 FIFA World Cup will take place between June 11 and July 19, with the participation of 48 national teams, and the matches will be played in the United States, Mexico, and Canada. This will be the first time the international sporting event will be hosted by three countries. (Photo by VANESSA CARVALHO / Brazil Photo Press via AFP)

"Voici la médaille que vous pourrez porter partout où vous le voulez !", déclare Infantino comme on annonce à un enfant de six ans qu’il a reçu un hochet pour Noël. Et voici Trump, le sourire jusqu’aux oreilles, qui se précipite comme un gosse sur sa décoration en or pour la passer aussitôt à son cou… sans comprendre qu’elle ne vaut guère davantage qu’une médaille en chocolat. "C’est triste de voir un monsieur de 80 ans courir de la sorte après des breloques, lâche l’historienne Françoise Coste, auteure d’une biographie de Ronald Reagan. Tout ça parce qu’il n’a pas reçu le vrai Prix Nobel de la paix, décerné à la Vénézuélienne María Corina Machado. Et qu’il fallait consoler le gamin…"

Une chose est sûre : pour Trump, qui en veut "toujours plus" – comme l’explique sa nièce Mary Trump dans son livre Trop et jamais assez, comment ma famille a créé l’homme le plus dangereux du monde (2020) – ces étrennes avant l’heure auront été le point d’orgue d’une année riche en cadeaux de toutes sortes en provenance des quatre coins du monde. Les généreux donateurs ? Des chefs d’Etat de tous les continents, mais aussi des dirigeants d’entreprises, comme le patron d’Apple, Tim Cook qui, peu inspiré, a offert le logo à la pomme gravé sur un disque de verre posé sur un socle en or 24 carats. Tous, évidemment, sont désireux de s’attirer les faveurs de l’homme le plus puissant du monde comme d’obtenir, si possible, des baisses de droits de douane. Marilyn Monroe n’étant plus là pour chanter Happy Birthday, Mister President !, comme elle le fit à l’occasion de l’anniversaire de John Kennedy, tous ont décidé que c’était Noël toute l’année !

Donald Trump reçoit Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche le 28 février 2025
Donald Trump reçoit Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche le 28 février 2025

En février, pour sa première visite à Trump, l’Ukrainien Volodymyr Zelensky offre à son homologue américain une des nombreuses ceintures gagnées par le champion du monde de boxe WBA ukrainien Oleksandr Usyk. Bien vu, parce que le président "Maga", amateur de sports de combat, fut lui-même un organisateur de matchs de catch et de boxe dans les années 1980. Hélas, cela ne suffira pas à amadouer Trump : l’affrontement du bureau Ovale tourne au pugilat, l’Ukrainien subit un "K.O. technique" et la rencontre est interrompue. Zelensky doit rentrer chez lui.

Ayant encore mieux étudié sa psychologie, Vladimir Poutine offre, en mars, un portrait du président Trump réalisé par une artiste russe. Le portrait glorifie son courage : Trump est représenté, le poing levé et du sang sur le visage, juste après la tentative d’assassinat qui faillit lui coûter la vie en 2024. "Le président a clairement été touché par cette attention", confiera l’envoyé spécial Steve Witkoff qui avait reçu le cadeau au Kremlin.

L'ancien président américain Donald Trump, blessé à l'oreille lors d'une tentative d'assassinat, est évacué de son meeting de campagne à Butler, le 13 juillet 2024 en Pennsylvanie
L'ancien président américain Donald Trump, blessé à l'oreille lors d'une tentative d'assassinat, est évacué de son meeting de campagne à Butler, le 13 juillet 2024 en Pennsylvanie

En juin, le chancelier Friedrich Merz en visite à la Maison-Blanche emporte dans ses bagages une copie de l’extrait de naissance (rédigé en écriture gothique) de Friedrich Trump, le grand-père de Donald, homme d’affaires né en Allemagne en 1869 et mort à New York. Mauvaise pioche : le président américain n’aime pas qu’on lui rappelle ses racines germaniques. Il prétendait même autrefois qu’il était d’origine suédoise. En octobre, lors d’une visite en Corée du Sud, le président, qui se comporte souvent en monarque, reçoit une réplique d’une volumineuse couronne royale coréenne, en or, datant du premier millénaire. "J’aimerais bien la porter dès maintenant", plaisante-t-il immédiatement.

Un lingot d’or et une horloge Rolex

Son goût pour le bling-bling n’aura échappé à personnes et surtout pas au patronat suisse. En novembre, une délégation de businessmen helvétiques lui apporte un lingot d’or valant 115 000 euros et une horloge de table Rolex, en or évidemment. Après quoi, la discussion sérieuse entre hommes d’affaires peut commencer. Peu après, les droits de douane sur les importations suisses tomberont miraculeusement de 39 % à 15 %. "En France, de tels cadeaux seraient considérés comme des pots-de-vin", remarque, choqué, Laurent Stefanini qui fut chef du protocole de la République française dans les années 2010. "Mais le pompon, c’est le Boeing 747 offert par le Qatar : avec cette affaire, on sort carrément des règles diplomatiques et des usages internationaux."

La famille princière du Qatar a offert à Donald Trump un Boeing 747-8 VIP.
La famille princière du Qatar a offert à Donald Trump un Boeing 747-8 VIP.

D’une valeur de 400 millions de dollars, le "palais volant" dont les Qataris ont gratifié Donald Trump permet à ce dernier de renouveler la flotte d’avions présidentiels Air Force One, qu’il trouve vieillissante. Problème : les Qataris n’ont pas accordé ce présent aux Etats-Unis, mais au président lui-même, lequel s’est empressé d’annoncer que cet Air Force One serait légué à la Fondation Trump (qui n’existe pas actuellement) à la fin de son mandat. Autrement dit : il servira à son usage privé.

Le quadriréacteur est en ce moment examiné par l’U.S. Air Force et mis aux normes sur une base aérienne du Texas afin de vérifier, notamment, que n’y ont pas été incorporés des dispositifs d’espionnage. Soit dit en passant, selon la loi, les présidents et fonctionnaires américains ne sont pas autorisés à recevoir des cadeaux excédant une valeur de 480 dollars chacun. Cela n’a pas empêché Trump, au cours de son premier mandat, d’omettre de déclarer 117 dons valant au total près de 300 000 dollars.

Le roi Charles III (c) et le président américain Donald Trump (d) passent en revue la garde d'honneur lors d'une cérémonie de bienvenue au château de Windsor, le 17 septembre 2025 à Windsor
Le roi Charles III (c) et le président américain Donald Trump (d) passent en revue la garde d'honneur lors d'une cérémonie de bienvenue au château de Windsor, le 17 septembre 2025 à Windsor

"Trump est incapable de saisir la notion des 'deux corps du roi' selon laquelle, en devenant président des Etats-Unis, un individu ne s’appartient plus mais représente sa fonction : entre Trump-l’homme et Trump-le-président, il ne fait aucune différence ! Il pense que l’Etat lui appartient", déplore l’historienne Françoise Coste. Voilà pourquoi, après son premier mandat, il avait emporté chez lui des documents classifiés propriétés de la Maison-Blanche en affirmant qu’ils étaient les siens.

Et voilà pourquoi, aussi, il s’est cru autorisé, en septembre, à piocher dans le fonds historique de la Fondation Eisenhower pour offrir au roi Charles III d’Angleterre une épée d’apparat ayant appartenu à l’ancien président républicain (1953-1961). Hélas, le directeur de ladite fondation s’y est refusé, rappelant que la chose était impossible en vertu des lois qui régissent les archives nationales. Donald Trump a dû se contenter d’une copie… et le malheureux directeur de la Bibliothèque présidentielle Eisenhower, au Kansas, s’est vu proposer un choix : démissionner ou se faire virer, après des décennies à servir l’Etat scrupuleusement.

Lors de sa première visite à la Maison Blanche cette année, en février, le Premier ministre israélien a ainsi offert un bipeur plaqué or, identique à ceux, bourrés d’explosifs, qui ont permis de tuer des dizaines de membres du Hezbollah au Liban l’année dernière.
Lors de sa première visite à la Maison Blanche cette année, en février, le Premier ministre israélien a ainsi offert un bipeur plaqué or, identique à ceux, bourrés d’explosifs, qui ont permis de tuer des dizaines de membres du Hezbollah au Liban l’année dernière.

La diplomatie du cadeau est un art difficile. Révélateur, aussi, de celui qui le pratique. En matière de mauvais goût, Donald Trump s’est vu dépasser par Benyamin Netanyahou. Lors de sa première visite à la Maison Blanche cette année, en février, le Premier ministre israélien a ainsi offert un bipeur plaqué or, identique à ceux, bourrés d’explosifs, qui ont permis de tuer des dizaines de membres du Hezbollah au Liban l’année dernière. Selon des membres de son entourage, le président américain aurait jugé le cadeau… "légèrement rebutant".

© AFP

US President Donald Trump (L) shakes hands with South Korean President Lee Jae Myung during a high honor presentation ceremony, where Trump was presented with a replica of a crown worn by the kings of Silla, at the Gyeongju National Museum in Gyeongju on October 29, 2025. (Photo by ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)
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Groenland : l’Europe désemparée face à la prédation de Donald Trump

En réaffirmant cette semaine sa volonté de faire main basse sur le Groenland, Donald Trump fracture le camp occidental sur une question géostratégique primordiale, l’avenir de l’Arctique. Le Danemark, qui exerce depuis le XVIIIe siècle sa souveraineté sur l’île la plus vaste du monde, et plus généralement l’Europe, sont désemparés face à la convoitise de leur grand allié. Ils n’ont guère les moyens de contrer la manœuvre américaine, d’autant que celle-ci prend de plus en plus le caractère insidieux d’une opération d’infiltration et de persuasion de la population groenlandaise.

Fidèle à sa méthode diplomatique très personnelle, le président américain a désigné, dimanche 21 décembre, un émissaire spécial pour le dossier groenlandais, Jeff Landry. Celui-ci, ancien procureur rallié au mouvement trumpiste, est le gouverneur de la Louisiane. Il a exposé sur le réseau social X son objectif d’intégrer l’ancienne colonie danoise, territoire autonome depuis 1979, aux Etats-Unis.

"Nous avons besoin du Groenland pour la sécurité nationale", a commenté Donald Trump devant des journalistes lundi 22 décembre. "Partout autour du Groenland, on voit des navires russes et chinois." Le Danemark, l’un des plus fidèles alliés des Etats-Unis au sein de l’Otan, a manifesté une nouvelle fois sa consternation et annoncé qu’il allait convoquer l’ambassadeur américain. "On ne peut pas annexer un autre pays, même au nom de la sécurité nationale", ont déclaré dans un communiqué commun les chefs des gouvernements danois et groenlandais, Mette Frederiksen et Jens-Frederik Nielsen.

Les pays scandinaves et l’Union européenne ont exprimé leur solidarité. "Le Groenland est un territoire autonome du Royaume du Danemark, seuls les Groenlandais et les Danois peuvent décider d’un changement de ce statut", a déclaré la haute représentante de l’UE, Kaja Kallas. Mais au-delà des protestations formelles, Copenhague et Bruxelles ont peu de leviers d’action pour contrer Washington.

Bataille d'opinion

Le territoire a obtenu en 2009 le droit de déclarer son indépendance. Les Groenlandais, qui ne sont que 57 000 au total, y sont majoritairement favorables, selon les sondages. Mais l’idée d’échanger la tutelle de Copenhague contre celle de Washington ne soulève aucun enthousiasme ; seuls 6 % des citoyens interrogés souhaiteraient devenir américains, d’après une enquête datant de janvier 2025.

Pas découragés pour autant, les Etats-Unis ont monté une campagne d’influence pour faire basculer l’opinion locale en leur faveur. En août dernier, la radio publique danoise révélait que trois Américains liés à l’administration Trump avaient visité secrètement l’île pour y recruter des partisans d’un rattachement aux Etats-Unis. De son côté, le service de renseignements danois Politiets Efterretningstjeneste (PET) a affirmé que l’île était "la cible de campagnes d’influence diverses". "Le PET observe que de telles campagnes visent à enfoncer un coin entre le Danemark et le Groenland", a-t-il écrit.

Il n’est pas exclu cependant que l’avidité de Donald Trump aboutisse à l’effet inverse de celui recherché, en resserrant les liens entre l’île et le royaume scandinave. Le royaume, qui a toujours la haute main sur la monnaie, la défense et les relations extérieures du Groenland, le subventionne à hauteur d’environ 500 millions d’euros chaque année, soit plus de la moitié de son budget.

Cette générosité ne s’explique pas seulement par le souhait du Danemark de se faire pardonner son comportement colonial, notamment la sinistre campagne de stérilisation forcée des femmes inuites à la fin des années 1960. La propriété du territoire permet à ce petit pays européen de 6 millions d’habitants de peser sur la scène diplomatique mondiale. L’Arctique ne cesse de gagner en importance sur le plan stratégique à mesure que le réchauffement climatique autorise l’ouverture de routes maritimes fonctionnant toute l’année pour les navires commerciaux comme militaires.

Les richesses du Groenland dans le viseur de Trump

Washington, Moscou et Pékin se livrent une concurrence acharnée pour consolider leurs positions dans la région. La Chine s’est autodéclarée "puissance quasi arctique" pour faire valoir ses droits. La Russie extrait plus des trois quarts de son gaz naturel de la zone. Comme les sanctions occidentales imposées depuis son agression de l’Ukraine limitent ses possibilités d’exportation via des gazoducs terrestres, elle compte désormais sur le gaz liquéfié, transporté par des navires méthaniers.

Le Groenland recèle en outre dans son sous-sol d’importantes richesses en hydrocarbures et minerais divers (terres rares, or, graphite, cuivre, nickel, fer, zinc…). Très peu de gisements sont en exploitation aujourd’hui, en raison notamment de la calotte glaciaire et de restrictions environnementales. Mais le réchauffement fait fondre celle-là et l’Administration Trump n’hésiterait sans doute pas à lever celles-ci, si elle réussissait à annexer le territoire.

Les Etats-Unis s’y intéressent depuis longtemps. Dès 1946, ils avaient proposé au Danemark 100 millions de dollars pour l’acheter - chiffre à nouveau cité par Trump lors de son premier mandat, en 2019. Depuis son retour au pouvoir en janvier 2025, il n’a cessé d’alimenter la tension. Il a dépêché son fils Donald Junior à Nuuk, la capitale du territoire autonome, à bord d’Air Force One. Ce fut ensuite au tour du vice-président, J.-D. Vance, de se rendre en mars dans la base militaire américaine de Pittufik (l’ancienne Thulé), au-delà du Cercle arctique.

A plusieurs reprises, le président américain n’a pas exclu l’usage de la force pour parvenir à ses fins, scandalisant les autorités danoises et européennes. Annexer l’île lui permettrait de faire passer la superficie du territoire américain du quatrième au deuxième rang mondial, devant le Canada et la Chine (mais toujours derrière la Russie). Ce serait ainsi une application littérale de son slogan visant à "faire grandir l’Amérique". Une extension qui se ferait au détriment du Danemark et de l’Europe, amputés par un ancien protecteur devenu prédateur.

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Le président américain Donald Trump et le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth (d) à Palm Beach, le 22 décembre 2025 en Floride
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"Plus grands, plus beaux, plus meurtriers" : à quoi serviront les nouveaux navires de guerre Trump ?

C'est une annonce fracassante : Donald Trump veut lancer une nouvelle classe de cuirassés portant son nom. "Plus grands", "plus beaux", "plus meurtriers", en définitive "les meilleurs de l’histoire du pays et du monde ", a résumé le président américain. Une annonce qui intervient en réalité dans un contexte compliqué pour les Etats-Unis. Alors que le programme de construction naval américain est à la traîne, Pékin talonne aujourd'hui Washington dans la course à la mer et fait craindre aux Etats-Unis de perdre leur ascendant dans le Pacifique.

Au point que le secrétaire à la Marine, John Phelan, a déclaré en juin devant le Congrès : "Tous nos programmes sont un désastre, je crois que notre meilleur projet de construction navale a six mois de retard". Fait rare depuis son début de mandat, Donald Trump a lui aussi reconnu à demi-mot ces retards : "Nous fabriquons de loin le meilleur équipement au monde, personne ne nous arrive à la cheville. Mais nous ne le produisons pas assez vite", a-t-il admis lundi, lors de son discours à Mar-a-Lago.

Il a donc esquissé un calendrier pour les futurs "Trump Class USS Defiant" : deux premiers devront être construits d'ici "deux ans et demi", suivis rapidement par une dizaine d'autres, le but étant de produire une vingtaine de navires au total.

Navire le plus redoutable

Selon le nouveau site web de la Marine consacré à ces navires, ces derniers disposeront, comme prévu, de "la puissance de feu la plus destructrice jamais vue sur un navire de surface – avec la capacité de frapper un adversaire à une portée 80 fois supérieure à celle de la classe précédente". Et pour cause : ils transporteront des armes dernier cri : "missiles de croisière à capacité nucléaire", "canons électromagnétiques", "gamme de lasers"... Les missiles de croisière seront propulsables à une vitesse cinq fois supérieure à celle du son, et manœuvrables pour perturber les défenses ennemies. Plusieurs cellules de lancement seraient également équipées pour lancer des missiles de croisière Tomahawk, à vol plus lent, et réputés pour leur très longue portée.

La taille de ces "navires Trump" entre aussi en jeu : d'une longueur pouvant atteindre 268 mètres, ils seront ainsi trois fois plus grand qu'un destroyer de classe Arleigh Burke actuel. Et pèseront entre 30 000 et 40 000 tonnes, soit plus du double des destroyeurs Zumwalt, actuellement les plus grands bâtiments de combat de surface de la flotte de l'US Navy. Ce seront également les plus grands bâtiments de combat de surface construits par l'US Navy depuis la Seconde Guerre mondiale. "Globalement, les navires prévus seraient 100 fois plus puissants que les cuirassés de la Seconde Guerre mondiale", a déclaré Donald Trump.

Projet réaliste ?

Un projet à la faisabilité douteuse, selon plusieurs spécialistes de la défense. "On va beaucoup écrire sur ce navire, mais il ne naviguera jamais", anticipe ainsi Mark Cancian, chercheur au Center for Strategic and International Studies (CSIS), dans le Washington Post. "Il faudra quatre, cinq, voire six ans pour développer un navire de cette taille et si différent des modèles actuels", avance-t-il. D'autant que leur coût ne sera pas des moindres : entre 10 et 15 milliards de dollars par navire, soit un ordre de grandeur quatre fois supérieur aux destroyeurs actuels, qui coûtent environ 2,8 milliards de dollars chacun.

Se pose d'ailleurs la question de savoir qui construira ces nouveaux cuirassés. Les chantiers navals américains sont déjà surchargés par les travaux de construction, d'entretien et de révision en cours et font face à une pénurie de main d'oeuvre. "Nous ne disposons plus des infrastructures industrielles de construction navale et maritime nécessaires pour réaliser cela rapidement", explique à CNN l'analyste Carl Schuster, ancien capitaine de la marine américaine. Selon lui, "il faudrait donc réactiver les chantiers navals fermés ou en construire de nouveaux".

Enfin, si la Marine parvenait à mettre à l'eau une flotte de cuirassés de classe Trump, rien ne garantit qu'ils seraient efficaces pour faire face à certaines puissances comme la Chine, dotée d'un large éventail de drones navals sous-marins. Pour plusieurs analystes, les Etats-Unis feraient mieux de privilégier un grand nombre de petits navires de guerre, plus dispersés, et mieux à même de contrer la guerre par drones.

© afp.com/MARTIN BERNETTI

Le USS Gravely, un navire de guerre américain, arrivé à Trinité-et-Tobago le 26 octobre 2025 pour des exercices conjoints près des côtes du Venezuela.
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"Les Etats-Unis ne sont plus nos alliés" : nos lecteurs réagissent à l’actualité

Les Etats-Unis ne sont plus nos alliés

Dominique Calmels, Millau (Aveyron)

​ Les Etats-Unis de Trump ne sont plus nos alliés et l’Europe ne doit plus compter sur eux. Les membres de l’Union européenne qui croient encore qu’ils viendront nous sauver en cas de conflit avec la Russie sont de grands naïfs. Il faut couper le cordon ombilical avec ce pays qui nous déteste et nous humilie. Quant à la Chine, n’en déplaise à l’Allemagne, il faut taxer ses produits de façon efficace, quoi qu’il en coûte et non plus lui dérouler le tapis rouge. (Olivier Zajec : "L’Europe s’agenouille devant Donald Trump", L’Express du 18 décembre).

Poutine et la présidentielle

Jacky Morelet, Clohars-Carnoët (Finistère)

Andrius Kubilius estime que la Russie testera l’Union européenne d’ici à deux ou trois ans. Un test plus précoce sera organisé par les prochaines élections dans les trois pays moteurs de la Coalition des volontaires : la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Le RN a en effet de fortes chances de l’emporter lors de la prochaine présidentielle en France ; l’AFD devient incontournable en Allemagne et Reform UK grimpe dans les sondages face aux Travaillistes au Royaume-Uni. Si ces partis de droite extrême accédaient au pouvoir, Vladimir Poutine n’aurait même pas à s’impliquer puisque ces formations sont de fait ses alliés potentiels. (Andrius Kubilius : "Il faut prendre au sérieux les alertes du renseignement" L’Express du 27 novembre).

L’erreur de Trump

Jean-Claude Salesse, Cahors (Lot)

Le mage de Washington se rend-il compte que, lorsqu’il aura "effacé" l’Europe, le Canada et ses voisins du continent américain, il se retrouvera bien seul face aux mages chinois, russe et indien. Il les considère comme de futurs compagnons de "bizness", alors que ceux-ci ne penseront qu’à détruire la dernière démocratie du monde… ou du moins ce qu’il en restera. (Donald Trump met l’Europe dans son viseur, l’Express du 11 décembre 2025.)

Sondage sur l’antisémitisme

Louis Causero, Essey-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle)

​Plusieurs organismes et personnalités reconnus ont été accusés pour avoir voulu mener un sondage sur l’antisémitisme à l’université. Cela me paraît inquiétant car c’est notre démocratie qui est visée. Il convient également d’être inquiet face aux réactions d’une partie de la presse, de gauche notamment, qui ne partage pas l’intérêt de disposer d’indicateurs dans deux domaines essentiels pour notre nation. L’université se doit pourtant d’être exemplaire, car a pour mission de former les responsables de la génération futur. C’est pourquoi je conseille aux responsables intervenus dans ce débat de relire les écrits de Montesquieu sur la décadence de l’Empire romain et de Marc Bloch sur la responsabilité des niveaux supérieurs dans L’Etrange défaite…" (Sondage Ifop : quand une partie de la gauche s’enfonce dans le déni, L’Express du 11 décembre).

Bardella manque d’expérience

Michel Mondamey, Saint-Chamond (Loire)

Au-delà des éléments de la communication bien rodée de Jordan Bardella, je m’interroge sur notre facilité à admettre dans la course présidentielle des personnes sans passé politique probant dans la gouvernance de villes ou de régions. Ce manque d’expérience, que l’on a connu avec Emmanuel Macron, ne devrait-il pas nous mettre en alerte alors qu’il a débouché sur tant de désillusions ? (Au RN, le grand écart économique, L’Express du 11 décembre).

"Ah, les jeunes d’aujourd’hui…"

Hubert Richard, Joucas (Vaucluse)

Au IVe siècle avant Jésus-Christ, déjà, Socrate disait : "Les enfants aiment le luxe ; ils ont de mauvaises manières, ils manquent de respect aux aînés ; ils bavardent au lieu de faire de l’exercice ; ils sont devenus des tyrans, etc.". Franck Ramus a heureusement nuancé les propos tenus depuis toujours par les "vieux" à propos des jeunes générations. ("Les jeunes d’aujourd’hui", des poncifs qui en disent plus sur nous que sur eux, L’Express du 11 décembre).

Impunité en Cisjordanie

Claude Gisselbrecht, Metz (Moselle)

En Cisjordanie, Israël poursuit ses exactions, d’une gravité extrême et en toute impunité… Les violences infligées aux Palestiniens n’ont sans doute jamais été aussi graves depuis 1967, année marquant le début de l’occupation de l’enclave par l’Etat hébreu ! L’extrême droite israélienne ne cesse de jeter de l’huile sur le feu et fait tout ce qui est en son pouvoir pour réduire à néant la solution à deux Etats. Aussi la perspective d’un Etat palestinien s’amenuise-t-elle chaque jour un peu plus dans cette région meurtrie… En cette période de Noël, le moment semble bien choisi pour inciter les hommes de bonne volonté - il en existe sûrement encore - à " revoir leur copie " et à agir de concert pour (re-)construire un monde meilleur. ("Le tour du monde en 6 infos", L’Express du 4 décembre).

Un nouveau rythme pour la page Courrier

A partir du mois de janvier, la page "Courrier" sera mensuelle. Vous la retrouverez dans le dernier numéro de chaque mois. A bientôt !

© afp.com/ANDREW CABALLERO-REYNOLDS

Donald Trump se rend-il compte que, lorsqu’il aura "effacé" l’Europe, il se retrouvera bien seul face aux mages chinois, russe et indien, interroge l'un de nos lecteurs (ici, avec Vladimir Poutine le 15 août 2025 en Alaska) ?
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Mercosur, Ukraine, avion de combat… La série noire du divorce franco-allemand

C’est l’histoire d’une brouille qui s’enkyste. D’un jeu perdant-perdant alors que l’Europe aurait tant à gagner à avancer unie dans un monde où le temps semble partout s’accélérer. On ne compte plus les sujets de brouille dans "le couple franco-allemand" et il n’y a plus qu’à Paris que l’on ose encore employer cette expression. La séquence de ces dernières semaines est éclairante.

Première querelle : le SCAF. Le programme du futur avion de combat européen est quasi enterré. Les désaccords entre l’armée française et la Bundeswehr sur les spécificités du futur système s’étalent au grand jour et les deux grands industriels à la manœuvre, Dassault et Airbus Défense dont le centre de gravité est en Allemagne, s’écharpent pour savoir qui aura la mainmise sur le projet.

Deuxième sujet, l’Ukraine et la question des réserves de la Banque centrale de Russie. L’Allemagne qui militait pour une saisie a vu, au dernier moment, la France se ranger silencieusement dans le camp belge et soutenir une proposition, certes juridiquement plus ficelée, mais financièrement moins ambitieuse, celle d’un emprunt en commun de 90 milliards d’euros.

Troisième mésentente, le Mercosur, l’accord de libre-échange avec quatre pays d’Amérique latine. Tandis que Berlin poussait pour une signature rapide, voyant dans cet accord une bouée de sauvetage pour son industrie aux abois, la France a obtenu un répit, tétanisée par les craintes d’une "gilet-jaunisation" de la révolte agricole. Répit provisoire puisque la date butoir de signature a été reportée au 12 janvier.

Un autre combat vient percuter ces discussions, celle de la préférence européenne dans le secteur automobile. Si Berlin a remporté une victoire en obtenant un assouplissement de la règle de 2035 pour l’interdiction des ventes de véhicules thermiques, la France a réussi, elle, à populariser l’idée d’un minimum de contenu local dans la production européenne. Les contours de cette définition sont encore flous, mais la Commission doit présenter un texte sur le sujet le 28 janvier. En coulisses, l’Allemagne s’active. Hildegard Müller, la puissante présidente de l’Association de l’industrie automobile allemande, a déjà annoncé la couleur : "Je ne cache pas mon désaccord quant à la forte domination française en matière de contenu local […] Les intérêts allemands y sont insuffisamment représentés". D’ici là, tractations, échauffourées et crocs-en-jambe seront au menu. Triste réalité européenne.

© afp.com/Manon Cruz

Le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz se serrent la main avant une réunion à Toulon, dans le sud-est de la France, le 29 août 2025.
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Allemagne : les relations de plus en plus étroites de l'AfD avec le camp Maga de Donald Trump

Une proximité qui grandit. En Allemagne, les responsables du parti d'extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) accroissent leurs liens avec le camp conservateur de Donald Trump aux Etats-Unis. Depuis son retour à la Maison-Blanche, le milliardaire républicain et ses soutiens perçoivent la formation allemande, critiquée outre-Rhin pour ses positions xénophobes, comme un potentiel allié en Europe. Au moment où la plupart des dirigeants du Vieux Continent sont frontalement visés par le président américain, qui les considère comme "faibles", l'AfD est à l'inverse publiquement flatté par les responsables de la sphère Maga ("Make America Great Again").

Invitation de l'AfD à un gala des jeunes républicains à New York

Dernier rapprochement en date : la participation de plusieurs élus du parti allemand à un gala d'un club de jeunes du Parti républicain organisé mi-décembre à New York (Etats-Unis). Markus Frohnmaier, proche de la dirigeante de l'AfD, Alice Weidel, a été célébré pendant cette soirée. Invité d'honneur de l'événement, il a même été invité à s'exprimer pour l'occasion à la tribune. "Notre club continue d'exiger un nouvel ordre bourgeois dans votre pays, dans lequel une AfD triomphante est ce que craignent le plus les gardiens de l'ordre libéral défaillant", est-il mentionné sur le carton d'invitation de la soirée, relayé par Politico. Au total, une vingtaine de représentants de la formation allemande étaient également présents lors de ce rassemblement.

Si l'invitation peut paraître anecdotique, elle témoigne en réalité des connexions toujours plus étroites entre ces personnalités politiques de part et d'autre de l'Atlantique. Markus Frohnmaier est d'ailleurs le porte-parole de l'AfD en matière de politique internationale. Lors du gala, il a assuré que sa présence visait à "montrer qu'il existe encore des partenaires en Allemagne" pour les Etats-Unis. "Mes amis américains, l'alliance entre patriotes américains et allemands est le cauchemar des élites libérales", a-t-il exhorté, devant des dizaines de jeunes supporters de Donald Trump.

Rhétorique anti-immigration

Cette rhétorique, qui rappelle l'idéologie mise en avant par l'administration républicaine à l'égard de ses adversaires démocrates, est aussi entretenue par les proches du président américain. Ces dernières semaines, plusieurs responsables du département d'Etat ont ainsi rencontré des représentants de l'AfD, rapporte Bloomberg. Un rendez-vous entre Alice Weidel et un important diplomate américain aurait également eu lieu au début de l'automne, selon la même source. "Conformément à la pratique courante, les missions diplomatiques américaines dialoguent régulièrement avec des représentants d'un large éventail de partis et de personnalités politiques", a réagi auprès du média économique le département d'Etat.

Pour le camp Trump, l'idéologie nationaliste de l'AfD semble compatible avec sa vision des relations internationales, récemment détaillée dans sa "stratégie de défense nationale". Ce document multiplie les critiques acerbes contre les Européens, notamment à propos du contrôle de leurs frontières. Le texte défend ainsi l'idée d'un prétendu "effacement civilisationnel" si les dirigeants du continent ne prennent pas de nouvelles mesures importantes pour limiter l'immigration. Or, ce thème est justement l'un des sujets phares de l'AfD en Allemagne, qui a fait de la lutte contre les étrangers en situation irrégulière un cheval de bataille.

Un "pare-feu" toujours en place en Allemagne

Mi-février, lors de la conférence de Munich, le vice-président J.D. Vance avait justement lancé une lourde charge contre les responsables européens, les appelant à rompre le "cordon sanitaire" avec ce genre de formations politiques populistes de droite. Il s'était d'ailleurs entretenu avec Alice Weidel lors de ce déplacement en Allemagne. En mai, la qualification de l'AfD par les services secrets allemands comme une organisation "extrémiste de droite" avait fait bondir le numéro 2 américain. "L'AfD est le parti le plus populaire d'Allemagne, et de loin le plus représentatif de l'Allemagne de l'Est", avait-il dénoncé sur le réseau social X. "Aujourd'hui, les bureaucrates tentent de le détruire." Cette dénomination avait finalement été suspendue après une plainte du parti.

Dans le pays, les dirigeants des partis traditionnels, y compris la CDU de Friedrich Merz, continuent de défendre la règle du "Brandmauer" ("pare-feu") pour éviter toute dédiabolisation de l'AfD. "Nous ne travaillons pas avec un parti hostile aux étrangers, antisémite, qui abrite des extrémistes de droite et des criminels dans ses rangs, qui flirte avec la Russie et veut se retirer de l’Otan et de l’Union européenne", avait déclaré le chancelier allemand en janvier dernier, alors qu'il n'avait pas encore accédé au pouvoir. Dans les urnes, la formation a en tout cas réalisé un score historique aux élections fédérales de février dernier, réunissant 20,8 % des voix. Un résultat qui fait d'elle la seconde force politique allemande, derrière la CDU-CSU, mais devant les sociaux-démocrates du SPD.

© afp.com/Tobias SCHWARZ

Alice Weidel, cheffe de file du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) au Bundestag, le 13 mars 2025 à Berlin
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Guerre en Ukraine : le retour du dialogue avec Vladimir Poutine ou les illusions d'Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a-t-il été jaloux des téléspectateurs qui posent des questions pendant des heures au président russe lors de sa conférence de presse de fin d'année, le 19 décembre ? Sans doute pas, tant ses conversations passées avec Vladimir Poutine étaient éprouvantes, ce dernier déroulant d'interminables monologues sur les origines historiques de la guerre en Ukraine.

Revigoré par l'accord européen qui a débloqué 90 milliards d'euros pour l'Ukraine, le chef de l'Etat français, tant critiqué pour avoir maintenu des échanges stériles avec Poutine jusqu'en septembre 2022, plus de six mois après le début de l'invasion, estime désormais qu'il va "redevenir utile de parler" à Poutine.

Le chef du Kremlin martèle que la Russie n'a pas commencé la guerre

La raison ? Il juge peu efficace que les Européens discutent entre eux, et que des émissaires américains aillent ensuite de leur côté négocier avec Poutine. A juste titre. D'autant que ces tractations se font sur la base d'un plan largement inspiré par le Kremlin. De fait, malgré des discussions à Miami entre Russes et Américains et la visite de Jared Kushner (le gendre de Trump) et de Steve Witkoff (son envoyé spécial) à Moscou, les discussions ne progressent pas significativement.

Moscou a assuré en retour ce week-end être "prêt au dialogue" avec son homologue français. Mais pour quoi faire ? D'abord, Poutine semble considérer les Etats-Unis comme seul interlocuteur légitime. Ensuite, il n'est pas certain que la France parvienne à représenter une position unie des Européens. Enfin et surtout, il y a fort à parier que Poutine ne bougera pas d’un pouce. Lors de l'émission sus-citée, il a répété que la Russie n’avait "pas commencé" la guerre (un message régulièrement repris par Donald Trump). Et son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, a fustigé la proposition des Européens de créer une "force multinationale" pour défendre l'Ukraine.

Peu soucieux de la démocratie dans son pays, Poutine se dit en revanche prêt à cesser momentanément ses frappes en profondeur pour que des élections se tiennent en Ukraine. Dans l’espoir irréaliste de faire émerger un candidat pro russe ? Bon courage à Macron s’il reparle à Poutine. Le risque serait qu'il se décrédibilise à nouveau. En attendant, face à un interlocuteur intransigeant qui ne respecte que la force, le plus utile est de continuer à armer l’Ukraine et d'investir davantage dans la Défense de l'Europe.

© Michel Euler / POOL / AFP

Emmanuel Macron échange avec Vladimir Poutine en juin 2022.
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Construction d'un porte-avions de nouvelle génération : comment va-t-il être financé ?

L'officialisation d'un projet évoqué de longue date. Devant plusieurs dizaines de soldats français en poste aux Emirats arabes unis, Emmanuel Macron a confirmé, dimanche 21 décembre, le début de la construction d'un nouveau porte-avions de nouvelle génération (PANG). L'objectif ? Remplacer d'ici à 2038 l'actuel navire Charles de Gaulle, mis en service il y a plus de vingt ans, en 2001. "La décision de lancer en réalisation ce très grand programme a été prise cette semaine", a ajouté le président français face aux militaires. Le projet, envisagé depuis le premier mandat de chef de l'Etat, a en effet été entériné en comité ministériel d'investissement il y a quelques jours.

Projet anticipé par les lois de programmation militaire

En dépit d'un budget 2026 toujours bloqué au Parlement, l'exécutif s'efforce d'afficher sa forte volonté d'investissement en matière de défense. Après l'annonce de la création d'un service militaire volontaire (SMV) dès la rentrée prochaine, le lancement des opérations de fabrication de ce nouveau porte-avions s'inscrit dans cette logique. Un enjeu d'autant plus stratégique que plusieurs puissances (Chine, Inde, Etats-Unis...) prévoient d'augmenter leur flotte de navires de ce type dans les prochaines années, dans un contexte de tension mondiale accrue. "A l’heure des prédateurs, nous devons être forts pour être craints", a ainsi justifié Emmanuel Macron dimanche. Une déclaration qui fait écho à l'engagement de la France d'augmenter ses dépenses militaires et de sécurité à hauteur de 5 % du PIB d'ici à 2035, comme promis lors du dernier sommet de l'Otan à La Haye (Pays-Bas) en juin dernier.

Toutefois, au-delà de la nécessité d'accroître ses capacités de défense, la France fait aussi face à des comptes publics dans le rouge ces dernières années. Avec un autre cap dessiné par le Premier ministre, Sébastien Lecornu : le maintien du déficit de l'Etat sous les 5 % du PIB en 2026. Un tel projet de porte-avions, forcément coûteux, est-il compatible avec cette marge de manœuvre réduite au niveau budgétaire ? Lors de son discours, le président de la République a rappelé que ce chantier avait déjà été prévu les deux lois de programmation militaire (LPM) votées par les députés et sénateurs depuis son accession à l'Elysée.

Un coût de plus de 10 milliards d'euros

Dans le détail, la LPM 2019-2025 a d'abord financé plusieurs études et programmes visant à préparer la succession du Charles de Gaulle, explorant un large panel de pistes possibles pour remplacer l'emblématique navire français. Votée en 2023, la seconde loi de programmation militaire – qui prévoit une enveloppe totale de 413,3 milliards d'euros de budget pour l'armée française sur la période de 2024 à 2030 - planifie cette construction. Coût estimé des travaux : plus de 10 milliards d'euros. Une "autorisation d'engagement" a été adoptée par le Parlement en ce sens dans le budget de l'Etat 2025, voté l'hiver dernier. Depuis, NavalGroup et les Chantiers de l'Atlantique ont été chargés de mener les opérations.

Au total, 800 fournisseurs devraient être mobilisés pour développer ce nouveau porte-avions. Dans ces circonstances budgétaires malgré tout incertaines, Emmanuel Macron s'est dit "garant" des engagements de l'Etat vis-à-vis de ces entreprises. Néanmoins, les dépenses de l'exécutif devraient pour le moment rester limitées. Comme relevé par Le Monde, si plus de 7 milliards d'euros de contrats ont été anticipés dans le cadre du PLF 2025, la plupart des sommes dues par l'Etat ne devraient être réglées qu'après 2027. Ainsi, à peine plus de 320 millions d'euros ne seraient déjà payés par les pouvoirs publics d'ici à cette échéance.

Plusieurs interrogations demeurent toutefois sur plusieurs pans du financement de ce porte-avions. "L'enjeu est de maintenir l'effort financier sur la durée, c'est un projet qui pourra difficilement s'accommoder de changements de portage budgétaire", soulignait mi-novembre, auprès de l'AFP, une source proche du dossier. Aujourd'hui Premier ministre, Sébastien Lecornu, avait d'ailleurs souligné lors des débats parlementaires sur la LPM 2024-2030 le coût important de la construction d'un porte-avions en France. "On se paie notre autonomie française", avait-il déclaré, alors en tant que ministre des Armées, lors d'une audition au Sénat. "Forcément, si on achetait américain, ça coûterait moins cher. Il faut aussi mettre les pieds dans le plat."

Une "surmarche" budgétaire en attente du PLF

De manière plus spécifique, le financement d'un troisième rail de catapulte sur ce PANG – contre seulement deux aujourd'hui disponibles sur le Charles de Gaulle – pose aussi question. Cité par l'AFP, le député (Renaissance) et rapporteur du budget de la Marine à l'Assemblée nationale, Yannick Chenevard, indique que cette nouveauté serait aujourd'hui financée par une partie des 3,5 milliards d'euros rajoutés par Emmanuel Macron au budget des armées l'an prochain. Or, cette enveloppe, annoncée en juillet dernier par le président et intégrée depuis au projet de loi de finances 2026, n'a toujours pas été approuvée par les parlementaires. Une autre rallonge de 3 milliards d'euros, cette fois planifiée pour 2027, devra attendre l'examen d'un autre texte de loi dans les prochains mois pour être totalement actée.

Cette "surmarche" budgétaire prévue pour 2026 par le gouvernement ne devrait cependant pas susciter une trop importante opposition en cas d'accord sur le reste du budget. Le 10 décembre dernier, Sébastien Lecornu a fait approuver le "principe d’une augmentation du budget" de défense pour l'année prochaine. Une volonté validée largement par les députés lors du vote (411 voix pour, 88 contre, 22 abstentions). Mais ce scrutin, sans aucune valeur contraignante, ne se substitue pas à l'adoption d'un PLF en tant que tel. Une issue désormais espérée par le gouvernement en début d'année prochaine, faute de compromis en commission mixte paritaire entre députés et sénateurs.

© Ludovic MARIN / AFP

Le président français Emmanuel Macron s'adresse aux militaires français de la base de la ville militaire de Zayed (Émirats arabes unis), le 21 décembre 2025.
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Donald Trump rêve toujours du Groenland : Jeff Landry nommé envoyé spécial des Etats-Unis

Le Danemark a annoncé lundi 22 décembre la convocation prochaine de l'ambassadeur des Etats-Unis à Copenhague après que le président Donald Trump a annoncé la nomination d'un envoyé spécial pour le Groenland, territoire autonome danois qu'il a menacé d'annexer. "Je suis profondément indigné par cette nomination et par cette déclaration, que je trouve totalement inacceptables", a déclaré le ministre danois des Affaires étrangères Lars Løkke Rasmussen à la chaîne TV2 Danemark. Il a ajouté que son ministère allait convoquer l'ambassadeur américain dans les prochains jours "pour obtenir des explications".

Le Groenland, pour "la sécurité des Etats-Unis"

La nomination d'un envoyé spécial "confirme l'intérêt américain persistant pour le Groenland", avait déclaré auparavant Lars Løkke Rasmussen dans un communiqué envoyé par courriel à l'AFP. "Toutefois, nous insistons pour que chacun, y compris les Etats-Unis, fasse preuve de respect envers l'intégrité territoriale du Royaume du Danemark", avait-il ajouté.

Le président Donald Trump a annoncé dimanche la nomination du gouverneur de Louisiane, le républicain Jeff Landry, au poste d'envoyé spécial des Etats-Unis au Groenland, vaste territoire autonome danois que convoite Washington. "Je suis heureux d'annoncer que je nomme le GRAND gouverneur de Louisiane, Jeff Landry, au poste d'envoyé spécial des Etats-Unis au Groenland", a affirmé Trump sur son réseau Truth Social. "Jeff comprend à quel point le Groenland est essentiel à notre sécurité nationale, et il défendra avec force les intérêts de notre pays pour la sûreté, la sécurité et la survie de nos alliés, et, en fait, du monde entier. Félicitations, Jeff !", a écrit Donald Trump.

Après son élection, le président américain avait expliqué avoir "besoin" du Groenland, notamment pour la sécurité des Etats-Unis, répétant à plusieurs reprises son souhait de s'en emparer. Le Groenland, 57 000 habitants, soutenu par sa puissance de tutelle, a rétorqué ne pas être à vendre et décider seul de son avenir.

85 % des Groenlandais s'y disent opposés

Dans un message publié dimanche sur son compte X, Jeff Landry a remercié Trump. "C'est un honneur de vous servir bénévolement pour faire du Groenland une partie des Etats-Unis", a-t-il écrit avant de préciser que sa nomination "n'affecte en rien" ses fonctions de gouverneur de la Louisiane. Jeff Landry avait salué en début d'année l'intention de Trump d'annexer le Groenland. "Le président Donald Trump a tout à fait raison !", avait-il écrit sur X le 10 janvier. "Nous devons faire en sorte que le Groenland rejoigne les Etats-Unis. Ce serait formidable pour eux, formidable pour nous ! Faisons-le !", avait-il insisté.

En janvier dernier, 85 % des Groenlandais s'étaient dit opposés à une future appartenance aux Etats-Unis, d'après un sondage publié dans le quotidien groenlandais Sermitsiaq. Seuls 6 % y étaient favorables.

Pour Donald Trump, l'attrait du Groenland tient à sa richesse en minéraux et à sa position stratégique à la croisée des océans Atlantique nord et Arctique. Fin mars, le vice-président américain, J.D. Vance, avait provoqué un tollé en prévoyant une visite dans l'immense île arctique sans y avoir été invité. Face à l'ire déclenchée au Groenland, au Danemark et à travers l'Europe, il avait limité son déplacement à la base aérienne américaine de Pituffik, la plus septentrionale des Etats-Unis. Il avait profité de son séjour pour critiquer l'inaction supposée du Danemark au Groenland. Fin août, la télévision danoise avait révélé qu'au moins trois Américains, liés au président Donald Trump, avaient mené des opérations d'influence à travers l'île polaire.

© afp.com/Ida Marie Odgaard, -

Le drapeau du Groenland à Sisimiut, le 2 juillet 2024
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