Accusé d'être le système préféré des narcotrafiquants, GrapheneOS quitte la France
Le système alternatif GrapheneOS est depuis quelques jours au centre de l'actualité, et pour de mauvaises raisons. Un article de nos confrères de Le Parisien met en effet en avant le système d'exploitation et le présente comme la botte secrète des narcotrafiquants. Il explique qu'ils utilisent des Google Pixels sous GrapheneOS pour éviter que les forces de l'ordre puissent accéder aux données.

Il faut commencer par parler de GrapheneOS : c'est une ROM alternative pour les smartphones Google Pixel (du Pixel 6 aux Pixel 9, et bientôt les Pixel 10). Dans le monde GNU/Linux, nous pourrions parler d'une distribution. Le système d'exploitation est en pratique une variante sécurisée d'Android, avec une orientation très forte sur la sécurité. Les smartphones sous GrapheneOS sont généralement considérés comme les plus sûrs, et Cellebrite semble par exemple incapable de percer les sécurités du système. Même si GrapheneOS peut être vu comme une version « degooglisé » d'Android pour les Pixel, ce n'est pas tout à fait le cas : c'est une version sécurisée du système sans les outils de Google, même s'il est possible de les installer.

Mais revenons au problème : dans l'article de nos confrères, GrapheneOS est présenté comme un système sécurisé qui « (…) s’est progressivement diffusé auprès d’utilisateurs désirant avant tout échapper à toute forme de collecte ou d’analyse de données de leurs supports par les autorités, y compris dans un cadre judiciaire. » Il explique que le système peut être récupéré sur le darknet (sic) et que « Le logiciel peut effacer toutes les données du téléphone1 en affichant une fausse page de Snapchat par exemple quand un cyberenquêteur tente d’entrer dans sa mémoire ou de le décrypter. »
Deux points qui ont visiblement fait bondir les personnes à l'origine du projet sur les réseaux sociaux, comme l'explique Next. Leur réponse (présente dans l'article) est assez cinglante :
Nous ne vendons rien, nous n’avons ni clients ni usagers. Les gens peuvent télécharger notre système d’exploitation gratuitement sur leurs téléphones Pixel et l’utiliser. Notre travail sur la sécurité et la confidentialité est très apprécié par les professionnels de la sécurité et est régulièrement recommandé et utilisé par les militants des droits de l’homme, les journalistes et les avocats. […] Les bandits et trafiquants utilisent aussi des couteaux, des voitures rapides et de l’argent liquide, des choses qui sont aussi largement utilisées par des citoyens honnêtes.

Au-delà de ce point, les différents comptes sur les réseaux sociaux sont assez critiques vis-à-vis de la France, qui est accusée de se tourner vers l'autoritarisme. Dans un message récent (le 24 novembre), ils indiquent que les serveurs qui étaient basés en France (chez OVHcloud) ont été coupés et remplacés par d'autres serveurs dans d'autres pays. Ils affirment aussi que la France n'est pas un pays sûr pour les développeurs de projets open source qui se concentrent sur le respect de la vie privée, et que les autorités tendent à vouloir intégrer des portes dérobées pour permettre l'accès aux données des utilisateurs. Nos confrères de Next expliquent aussi que les comptes sur les réseaux sociaux sont souvent très critiques envers d'autres ROM alternatives (comme e/OS/ et iodéOS), avec des posts parfois agressifs.
Reste que même si l'infrastructure de GrapheneOS n'est plus installée en France et que ses développeurs sont priés d'éviter le pays, les Français (même ceux qui ne sont pas des narcotrafiquants) peuvent évidemment encore installer la ROM alternative, qui reste open source et distribuée gratuitement. Et sans devoir aller sur le darknet ou chercher sur des chaînes YouTube non répertoriées.
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Une fonction explicitement absente du système, selon la FAQ. ↩︎






























