OpenStack rejoint officiellement la Linux Foundation
Showtime

Alors que les tensions grimpent autour des licences VMware, l’Open Infrastructure Foundation rejoint officiellement la Linux Foundation. Cette « fusion » permet à OpenStack de rejoindre un large écosystème d’autres solutions, avec lesquelles les synergies seront d’autant mieux travaillées.
En mars dernier, les deux fondations signaient un accord important. L’Open Infrastructure Foundation – anciennement OpenStack Foundation – rejoignait la Linux Foundation, probablement la structure la plus importante de ce type dans le monde du logiciel libre. Elle chapeaute en effet de nombreux projets et coordonne de vastes efforts. Elle se définit d’ailleurs elle-même comme une « fondation de fondations ».
Si cette fusion est intéressante, c’est parce qu’OpenStack a largement gagné en visibilité ces dernières années, et tout particulièrement depuis un an et demi. Suite au rachat de VMware par Broadcom pour la somme gargantuesque de 61 milliards de dollars, de fortes tensions sont apparues autour des licences de produits. Broadcom a supprimé nombre d’entre elles, préférant des formules sur abonnement souvent plus onéreuses, car regroupant de nombreux produits, y compris quand on en souhaite qu’un ou deux.
Nouvelle maison
En mars dernier, on apprenait que les conseils d’administration de l’Open Infrastructure Foundation et de la Linux Foundation avaient approuvé à l’unanimité l’incorporation de la première au sein de la seconde. La signature a été un signal fort, annonçant que des synergies plus fortes allaient naître entre OpenStack et d’autres projets, en particulier avec Kubernetes.
Depuis le 23 juillet, OpenStack et ses projets attenants sont officiellement gérés par la Linux Foundation. On y retrouve donc d’autres produits comme Kata Containers, Zuul, StarlingX et Airship. Leur gouvernance technique passe donc entre les mains de la Linux Foundation même si, dans la pratique, la plupart des personnes impliquées sont toujours là.
L’objectif d’OpenStack – créer une infrastructure cloud ouverte – est parfaitement aligné avec ceux de la Linux Foundation (et du libre en général). Tous les projets gérés jusqu’ici par l’Open Infrastructure Foundation (OpenStack Foundation initialement en 2012) héritent donc des ressources de la Linux Foundation, dont les outils, le pilotage, le support juridique, tout ce qui touche à la gouvernance et à l’organisation, ainsi que les opportunités de rapprochement avec des centaines d’autres projets.
Rapprochement avec Kubernetes
Canonical se réjouit particulièrement de cette fusion. L’éditeur aime à rappeler qu’il a fait partie des premiers contributeurs d’OpenStack à sa création en 2010 (issu d’un partenariat entre la NASA et Rackspace). L’entreprise dit avoir été rapidement « profondément impressionnée » par la vision et la mission du projet et est aujourd’hui son troisième plus gros contributeur, avec 25 000 commits jusqu’à présent.
Canonical note que l’évolution d’OpenStack s’est faite en parallèle d’un autre avènement : celui de Kubernetes. Dans son sillage, la manière de déployer et d’exécuter des applications s’est largement transformée, signant l’explosion des solutions basées sur des conteneurs logiciels. Or, selon Canonical, si Kubernetes excellait à gérer des applications, il « manquait de capacités de gestion de l’infrastructure ». De ce constat sont nées les premières idées de convergence avec OpenStack. Un esprit de collaboration qui aurait d’abord rencontré « quelques frictions initiales », mais les deux communautés auraient assez vite reconnu « la valeur de l’alignement de leurs efforts ».
Plus concrètement, OpenStack continuera d’être géré comme un projet autonome, « mais désormais dans le cadre d’un écosystème unifié qui inclut également Kubernetes ». Les deux sont considérés comme des technologies complémentaires.
Rappelons que Kubernetes n’est pas directement géré par Linux Foundation, mais par la Cloud Native Computing Foundation (CNCF), qui en est une émanation. La CNCF est une fondation spécialisée dans les technologies « cloud-native » (conteneurs, orchestration, microservices…)
Momentum
On ne sait pas si les discussions ayant entrainé cette fusion de deux fondations est une conséquence du rachat de VMware par Broadcom, mais il est probable que l’opération ait joué au moins un rôle de catalyseur. Sur le blog d’OpenStack, on peut lire un billet datant du 18 juin revenant sur le sujet.
Les éléments sont désormais connus : la suppression de produits, les changements radicaux dans les licences, l’incertitude chez les entreprises clients et les questionnements sur les solutions logicielles à apporter. Dans ce contexte, un produit libre et gratuit attire les regards.
Rapidement, la question de la complexité a été de toutes les conversations : les approches très différentes rendaient les projets de migration complexes et couteux. OpenStack en profitait d’ailleurs pour publier très officiellement son guide de migration depuis VMware. En octobre 2024, quand a été lancée la 30ᵉ version d’OpenStack, la simplification des migrations figurait également partie les nouveautés principales.