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TBSO : le pot-pourri d’Éric Larchevêque pour « impacter le débat » grâce au bitcoin

The Bitcoin Speculation Orchestra
TBSO : le pot-pourri d’Éric Larchevêque pour « impacter le débat » grâce au bitcoin

Après des semaines de teasing, le cofondateur de Ledger et de Coinhouse Éric Larchevêque a dévoilé son nouveau projet : The Bitcoin Society (TBSO), une société cotée en bourse chargée d’accumuler du bitcoin pour ses actionnaires. L’entrepreneur y ajoute une dimension d’éducation financière et à l’entrepreneuriat, et la promesse encore vague d’agir sur le débat public mondial…

Veste en cuir, effets lumineux, salle comble et discours grandiloquent aux accents libertariens assumés : après plusieurs semaines d’un teasing effréné sur ses réseaux sociaux, Éric Larchevêque a dévoilé lundi soir dans une salle parisienne et en direct sur YouTube son nouveau « projet d’une vie ».

Il prend la forme d’une entreprise baptisée The Bitcoin Society, grâce à laquelle l’entrepreneur ambitionne de « redonner envie à tous ceux qui produisent, innovent et prennent des risques ». Au cours de sa (longue) présentation, il a dessiné les contours d’un projet censé revêtir trois dimensions distinctes mais imbriquées, basé sur le bitcoin.

Une réserve boursière de bitcoin

The Bitcoin Society, abrégée en TBSO, se présente avant tout comme une bitcoin treasury company, c’est-à-dire une société cotée en bourse qui fait régulièrement appel au marché pour acquérir des bitcoins. Chaque nouvelle augmentation de capital lui permet ainsi d’augmenter la taille de son trésor de guerre, et la progression du cours du bitcoin est censée compenser la dilution engendrée au niveau de chaque actionnaire au prochain tour de table.

Comme ses homologues, TBSO fait valoir à ses petits porteurs qu’il est plus simple d’acheter des actions que d’entretenir et sécuriser son propre portefeuille de cryptomonnaies. Elle suggère également que ses performances financières peuvent se révéler supérieures à celles du bitcoin proprement dit. « Dans un marché haussier où la confiance des investisseurs est présente, la détention de l’action d’une Bitcoin Treasury Company peut donc être plus performante financièrement que la détention de bitcoins en direct », vante ainsi TBSO dans une FAQ.

« Comment faire de bitcoin un étalon monétaire reconnu et utilisé partout sur la planète ? »

Plutôt que de créer une nouvelle structure, qui obligerait à passer par la case complexe de l’entrée en bourse, Éric Larchevêque et ses associés ont mis la main sur une entreprise déjà cotée en bourse : Société de Tayninh. Véhicule financier sans activité opérationnelle, celle-ci était initialement dédiée à la détention d’investissements et devenue une coquille vide depuis son rachat par la foncière Unibail-Rodamco-Westfield (URW). Le contrôle en a été cédé le 6 novembre dernier (PDF) à Larchevêque et ses associés, dont Tony Parker, qui disposent ainsi d’une structure prête à l’emploi.

Le 24 novembre, Société de Tayninh a informé le marché (PDF), conformément à ses obligations légales, de son prochain changement de destination. Après avoir précisé qu’elle ne détient à ce stade aucun bitcoin, l’entreprise indique qu’elle envisage de procéder à une première levée de fonds auprès d’un nombre limité d’investisseurs afin de poser les fondations de cette transformation.

Elle devrait ensuite s’adresser aux petits porteurs par le biais d’une nouvelle augmentation de capital « sous réserve de l’approbation par l’Autorité des marchés financiers d’un prospectus détaillant l’offre ainsi que tous les risques associés et permettant l’entrée de nouveaux actionnaires souhaitant participer au projet de la Société ».

Un club d’investisseurs, un club d’entrepreneurs

Outre sa réserve de bitcoins, TBSO promet également l’ouverture de deux « clubs », dédiés respectivement aux investisseurs et aux entrepreneurs. Le premier doit donner accès à des « opportunités d’investissement uniques et non-commissionnées », ainsi qu’à des contenus de formation, des événements privés ou des conseillers en gestion de patrimoine. Ici, l’entreprise surfe sur la vague des Club Deals, dans la lignée de projets tels que Blast, lancé par Anthony Bourbon, avec qui Larchevêque a partagé le plateau de Qui veut être mon Associé sur M6.

Baptisé SKL Club (SKL pour scale, la capacité à passer à l’échelle), le club entrepreneurs doit quant à lui offrir à ses membres « un accès direct aux experts spécialistes, stratégies et outils capables de débloquer votre croissance en quelques conseils ciblés ». En attendant l’ouverture programmée au 9 décembre prochain, TBSO ne communique pas le montant de l’abonnement, mais promet plus de 40 experts « issus du réseau personnel d’Eric », plusieurs lives par jour, et une communauté orientée business « où les membres collaborent, s’associent et concluent des deals ».

D’après la conférence de lancement, les revenus générés par ces deux clubs alimenteront la mécanique d’acquisition de bitcoin de TBSO.

La « network society » selon Larchevêque

Le système est ainsi présenté comme particulièrement vertueux avec, au-delà du bitcoin, un socle idéologique. « On ne choisit pas sa famille, on ne choisit pas son pays de naissance, mais on peut choisir les valeurs communes qui nous donnent envie de collaborer et d’échanger ensemble. Celles de The Bitcoin Society sont la liberté, l’indépendance financière et la responsabilité », écrit TBSO dans son manifeste.

Priorité à l’individu, à son indépendance et à sa liberté de choix : le texte en question déroule une vision libertarienne, basée sur « une économie libérée des entraves, simplifiée, fondée sur la responsabilité individuelle et la liberté d’entreprendre ». Éric Larchevêque a lourdement appuyé le trait lundi soir dans sa conférence de présentation, décrivant la France comme un pays moribond, étouffé sous le poids des normes, de la dette et de l’inflation, où l’esprit d’entreprendre serait découragé, voire méprisé. « Futur sacrifié », affiche la vidéo d’ambiance, avant que l’entrepreneur ne déroule sa vision opposant un État obèse qui imprime sans limite de l’argent et des entrepreneurs prêts à se serrer la ceinture pour créer de la valeur.

Pour emmener avec lui ceux qui souscrivent à cette approche, l’entrepreneur annonce que TBSO a également vocation à devenir une « network society ». Derrière ce terme quelque peu nébuleux, l’entrepreneur propose de façon plus prosaïque une communauté, basée principalement sur un forum et sur la mise à disposition de contenus de formation ou d’éducation au fonctionnement du bitcoin, aux bonnes pratiques en matière d’investissement, que ce soit en bourse, en cryptomonnaies, dans l’IA ou dans les industries liées à l’économie de guerre.

Bref, du contenu gratuit comme en proposent tous les influenceurs et plateformes spécialisés dans l’investissement, que l’on peut vraisemblablement interpréter comme une porte d’entrée vers les clubs payants.

Dans le discours de Larchevêque, cette network society se pare cependant d’atours nettement plus politiques. Lundi, il a ainsi déclaré qu’elle avait vocation à constituer une force capable de peser dans le débat public, en insistant bien sur le fait que cette influence n’avait pas vocation à s’arrêter aux frontières françaises. Le site officiel confirme :

« En lançant sa Network Society, The Bitcoin Society a pour objectif de proposer une nouvelle voix pour représenter ceux qui partagent les mêmes valeurs de responsabilité individuelle, de travail, d’autonomie financière et de liberté. Nous allons mettre en œuvre des actions visant à impacter le débat, éclairer les positions et défendre les intérêts de ses membres, le tout au-delà des frontières ».

Faut-il y voir un prélude à des ambitions politiques ? « C’est trop tôt pour le dire dans le jeu politique actuel. Notre objectif n’est pas de sauver la France mais d’aider les entrepreneurs face à une hystérie fiscale. On va vraiment aller au-delà des frontières et fonctionner comme une diaspora avec des antennes internationales », répond au Parisien l’entrepreneur, dont le plan de com bien huilé prévoyait quelques interviews réalisées à l’avance avec de grands médias.

« Un club, c’est une petite équipe fermée qui s’entraîne ensemble. Un réseau, c’est beaucoup de monde qui discute ensemble sans vraiment d’objectif commun. Une network society, c’est des MILLIONS de personnes dans le monde entier qui s’unissent pour devenir puissants et libres ensemble », vante de son côté la FAQ de TBSO. C’est officiellement à Tony Parker que reviendra la mission de faire rayonner TBSO à l’international.

Le précédent (Micro)Strategy

En attendant l’action politique (Éric Larchevêque a récemment fait partie des détracteurs les plus virulents de la taxe Zucman), The Bitcoin Society reste avant tout un projet d’entreprise, dont le lancement intervient dans un contexte de recul du bitcoin. Après avoir atteint ses plus hauts historiques cet été, la reine des cryptomonnaies a reculé sur la deuxième moitié de l’année, ce que le fondateur voit plutôt d’un bon œil. « J’aurais été gêné que [le lancement] se déroule dans une phase de frénésie. On nous l’aurait aussi reproché. Le Bitcoin s’inscrit dans le temps long à trois ou cinq ans et il est inéluctable que c’est le meilleur actif pour transmettre de la valeur », affirme-t-il au Parisien.

La création de TBSO intervient également dans un contexte particulier pour les bitcoin treasury companies. Alors que plusieurs petites sociétés françaises cotées en bourse et malmenées sur leurs activités d’origine tentent de se reconvertir avec plus ou moins de succès dans l’acquisition et le stockage de bitcoin, l’entreprise la plus emblématique du secteur engendre une nouvelle controverse à Wall Street.

La société en question n’est autre que Strategy Inc, anciennement baptisée MicroStrategy qui, sous la houlette de son CEO, a pivoté d’une activité d’informatique traditionnelle vers la détention de bitcoin. Elle en stocke aujourd’hui près de 650 000 en portefeuille, mais a vu son cours s’effondrer dans le sillage de la baisse du bitcoin par rapport au dollar US. À tel point que la banque JP Morgan estime que l’action Strategy pourrait être retirée dès janvier prochain de certains indices boursiers de premier plan, comme le MSCI USA ou le Nasdaq 100. Une telle décision entrainerait une baisse significative du cours de l’action Strategy, dans la mesure où cette dernière serait privée des investissements réalisés par l’intermédiaire des fonds chargés de répliquer ces indices.

Le cours de l’action Strategy traduit une accentuation des variations du bitcoin, ici sur l’année 2025 – source Google Finance, capture d’écran Next

Interrogé par le Wall Street Journal, Michael Saylor s’est dit confiant quant à sa stratégie de création de valeur et affirme ne pas redouter une telle exclusion. La nouvelle a cependant suscité une vague d’inquiétude, voire de protestation, dans l’univers crypto, où d’aucuns dénoncent les velléités conservatrices de l’ancien monde bancaire face à un environnement qu’il ne peut pas contrôler de façon aussi stricte qu’il en a l’habitude. De quoi, sans doute, amener de l’eau au moulin d’Éric Larchevêque…

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☕️ Contrôle parental : l’iPhone 16 épinglé par l’ANFR, Apple corrige le tir

La loi n° 2022 - 300 du 2 mars 2022 renforce le contrôle parental sur les moyens d’accès à internet (lire notre interview du député Bruno Studer, rapporteur du texte), mais les décrets d’application ont joué la carte du service minimum.

Quoi qu’il en soit, depuis le 13 juillet 2024, le contrôle parental est obligatoire sur tous les appareils connectés. C’est l’Agence nationale des fréquences (ANFR) qui est « chargée de faire respecter les exigences de la loi ». Elle a déjà annoncé qu’elle veillerait au grain.

Dans le cadre de cette mission, l’Agence a contrôlé l’iPhone 16 d’Apple : « Les analyses ont mis en évidence que, dans certains cas d’usage concernant les mineurs de plus de 15 ans, l’appareil ne respectait pas l’exigence réglementaire consistant à proposer l’activation du dispositif de contrôle parental lors de la première mise en service de l’équipement ».

Apple a été mis en demeure de corriger le tir. Le fabricant a pris des mesures correctives « et a diffusé, le 15 septembre 2025, dans sa mise à jour iOS 26, le correctif nécessaire à l’équipement iPhone 16 ». Comme pour les mises en demeure sur le DAS en cas d’expositions trop importantes aux ondes, l’ANFR vérifie l’efficacité des correctifs.

« Les évolutions permettent désormais une activation du contrôle parental lors de l’initialisation de l’équipement, ce qui met fin à la non-conformité identifiée. Les évolutions intégrées à iOS 26 corrigent le défaut constaté sur l’équipement iPhone 16 et devraient également bénéficier aux autres modèles utilisant iOS 26 », ajoute l’Agence nationale des fréquences.

Il y a deux ans, Apple et l’ANFR avaient fait une passe d’armes autour de l’iPhone 12 et d’un DAS trop élevé (niveau d’exposition aux ondes). Le smartphone avait été interdit à la vente avant qu’un correctif ne soit déployé. L’affaire était remontée jusqu’à la Commission européenne, qui avait confirmé que « la mesure prise par la France […] portant sur le retrait du marché de l’iPhone 12 A2403 fabriqué par Apple Inc., est justifiée ». Cette fois-ci, la situation semble moins tendue.

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Psychoses induites par IA : le défi de sortir les internautes de leur « spirale » mentale

Spirale infernale
Psychoses induites par IA : le défi de sortir les internautes de leur « spirale » mentale

Pour faire face aux psychoses générées chez certaines internautes par l’usage d’IA, des internautes canadiens et états-uniens s’organisent.

Comment faire face aux psychoses générées par l’utilisation intensive d’outils d’intelligence artificielle générative ? Alors que les plaintes pour incitation au suicide contre les constructeurs de ChatGPT, Gemini ou Replika s’accumulent, déposées par les proches de personnes qui se sont donné la mort après de longs échanges avec les robots conversationnels, la question se pose de manière toujours plus urgente.

En ligne, et depuis les États-Unis et le Canada, un groupe informel s’est construit en quelques mois pour apporter des réponses, aussi bien aux personnes victimes de ces fantasmes alimentés par les machines génératives que pour leurs proches. Son nom : « groupe de soutien Spirale » (Spiral Support Group), en référence aux « spirales » d’échanges dans lesquelles tombent certains internautes (le terme a émergé au creux des échanges en ligne, sur divers forums ou subreddit). En quelques mois, le groupe de soutien s’est formalisé, pour être administré par la récente ONG canadienne The Human Line Project, dont nous avions déjà parlé dans un précédent article.

Un serveur Discord pour « spiralers » et proches de « spiralers »

À l’origine, le groupe a été créé par quatre personnes, dont Allan Brooks, un Canadien lui-même tombé dans une spirale d’IA dont il a publiquement témoigné. À ses côtés, le Québécois Étienne Brisson a été poussé à l’action après qu’un de ses proches a vécu une chute suffisamment violente dans des échanges avec ChatGPT pour se retrouver hospitalisé pendant plusieurs semaines sur ordre de la Justice.

Auprès de Futurism, les deux hommes témoignent de l’évolution de ce groupe informel vers une organisation plus officielle réunissant désormais plus de 200 personnes, dont l’essentiel échange quotidiennement sur un serveur Discord.

Parmi elles, d’anciens « spiralers », voire des personnes hésitant encore entre croire leurs échanges avec les chatbots d’IA générative et en sortir ; la « famille et les amis », des proches de personnes tombées dans ce genre de trou du lapin (rabbit hole) d’échanges si crédibles, avec les robots, qu’ils s’en isolent du monde extérieur ; et quelques scientifiques ou professionnels de la santé mentale.

Dans un sens, l’initiative ressemble à celle de QAnon Casulaties, cette communauté Reddit dédiée au soutien entre proches de personnes tombées dans la théorie QAnon. Comme du côté des mécaniques complotistes, des récits de familles déchirées par la chute progressive d’un de leurs membres dans des échanges avec un outil d’IA émergent, des proches cherchent de l’aide pour tenter de percer la carapace de récits faux ou fantasmagoriques de leurs partenaires, enfants, amis.

Dans ce contexte-ci, cela dit, difficile de ne pas penser aux récits des proches d’Adam Reine, qui s’est suicidé à 16 ans après avoir passé des semaines à échanger avec ChatGPT, de ce chercheur belge en proie à l’écoanxiété, qui, de même, s’est donné la mort après plusieurs semaines d’échanges avec la machine, ou de Sophie Riley, qui s’est suicidée à 29 ans sans qu’aucun signe avant-coureur n’ait été détecté par ses proches, mais dont les échanges avec la machine ont révélé un profond mal-être.

Psychoses orientées sciences ou spiritualité

Ces quelques exemples le dévoilent déjà : n’importe qui peut tomber dans une spirale inquiétante d’échanges avec un robot génératif, quels que soient son genre, son âge, sa catégorie socioprofessionnelle. Le plus souvent, l’internaute utilise d’abord Claude, Gemini ou ChatGPT à des fins utilitaires, puis la discussion évolue, jusqu’à ce que la machine devienne une sorte de confident.

À force d’accueillir les naufragés de ces drames psychologiques, les modérateurs du groupe de soutien Spirale discernent deux grands types de récits chez ceux qui se retrouvent emprisonnés dans leurs échanges.

Certains internautes tombent plutôt dans des délires très axés vers les sciences, technologies et mathématiques. Les discussions avec les chatbots les rendent obsédés par de potentielles découvertes mathématiques et scientifiques, qu’ils ou elles seraient seuls à avoir identifiées. Les internautes sont renforcés dans cette idée par le ton aussi affirmatif que flagorneur des machines utilisées, dont le langage mêle par ailleurs propos plausibles et références supposément savantes.

Si ce type de thèses peuvent être réfutées, l’autre grand axe de délires récurrent est plus complexe à manipuler, dans la mesure où il repose plutôt sur des mécaniques d’ordre spirituel, religieux, voire conspirationniste.

Dans tous les cas, les membres les plus actifs du groupe de soutien ont monté un groupe de discussion. L’une de leurs convictions : les personnes qui tombent dans ce type de psychoses vivent une grande solitude – et dans la plupart des cas, les retours qu’ils ou elle reçoivent en ligne tendent, trop facilement, à les décrire comme « stupides » ou « malades mentaux », ce qui n’aide pas à recréer le moindre lien.

Ni le serveur The Spiral ni son organisation mère The Human Line Project ne proposent de soutien psychologique en tant que tel. À force de travailler sur la question de ces comportements psychotiques produits par l’exposition aux IA génératives, en revanche, ils collectent des récits, des outils concrets, des articles scientifiques aussi, qui permettent, peu à peu, d’améliorer leurs réponses et leur argumentaire.

« Nous voulons simplement nous assurer que [les robots conversationnels] sont conçus de manière à ce que la sécurité, la protection et le bien-être de l’utilisateur priment sur l’engagement et la monétisation », indique Etienne Brisson.

Poursuivi en justice par plusieurs proches de personnes qui se sont donné la mort, OpenAI a indiqué plusieurs mesures et mises à jour dédiées à améliorer la sécurité des utilisateurs depuis la fin de l’été. D’après les propres chiffres de l’entreprise, au moins 0,07 de ses usagers hebdomadaires montrent des signes de comportement maniaque ou de crise psychotique dans leurs échanges avec la machine – rapporté à ses 800 millions d’utilisateurs, un tel pourcentage équivaut à 560 000 personnes.

Vous ou vos proches rencontrez des problématiques de santé mentale liés à l’usage de ChatGPT ou d’autres outils d’IA ? Écrivez-nous à mathilde@next.ink ou actu@next.ink


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Mission Genesis : Trump confie la recherche américaine à l’IA

What could go wrong?
Mission Genesis : Trump confie la recherche américaine à l’IA

Après avoir attaqué le financement des agences scientifiques états-uniennes avec le DOGE, Donald Trump annonce le lancement d’une « Mission Genesis » pour « utiliser l’intelligence artificielle (IA) pour transformer la manière dont la recherche scientifique est menée et accélérer le rythme des découvertes scientifiques ».

Donald Trump a signé ce lundi 24 novembre un décret créant une mission nommée Genesis visant à pousser les laboratoires scientifiques états-uniens à utiliser massivement l’IA. La Maison-Blanche affirme que cette mission doit « accroître considérablement la productivité et l’impact de la recherche et développement fédérale au cours de la prochaine décennie ».

Le dirigeant états-unien, qui a massivement désorganisé les agences scientifiques américaines avec le DOGE, les a poussées à supprimer des données scientifiques et à baisser drastiquement leur budget, prétend maintenant « accélérer le rythme des découvertes » en investissant dans la « science basée sur l’IA ».

Encore une comparaison au projet Manhattan

Dans son décret, Donald Trump compare l’ambition de cette Mission Genesis à celle du Projet Manhattan, considérant que nous sommes « à un moment charnière » où « les défis auxquels nous sommes confrontés » exigent un effort national historique pour les États-Unis. Rappelons qu’il y a un an, Donald Trump comparait déjà un autre projet au fameux plan états-unien dont l’objectif était de produire une bombe atomique au cours de la Seconde Guerre mondiale : c’était le DOGE, qui vient d’être officiellement démantelé.

Le texte du décret présente cette mission comme « un effort national coordonné et dédié visant à ouvrir une nouvelle ère d’innovation et de découvertes accélérées par l’IA, capables de résoudre les problèmes les plus complexes de ce siècle ». Si cette comparaison et l’emphase du texte suggèrent un investissement colossal de son pays dans l’IA utilisée dans la recherche, le dirigeant états-unien n’indique aucun chiffre concernant le budget qu’il souhaiterait investir dans cette mission.

Il ajoute que la Mission Genesis « permettra de créer une plateforme d’IA intégrée afin d’exploiter les jeux de données scientifiques fédéraux — qui constituent la plus grande collection au monde de ce type de données développée grâce à des décennies d’investissements fédéraux — pour entrainer des modèles scientifiques de fondation et créer des agents d’IA afin de tester de nouvelles hypothèses, d’automatiser les flux de travail de recherche et d’accélérer les avancées scientifiques ».

Le département de l’Énergie des États-Unis aux manettes

Donald Trump confie la responsabilité de la mission au directeur de son Bureau de la politique scientifique et technologique, Michael Kratsios. Le secrétaire d’État à l’Énergie, Chris Wright, doit en assurer la maîtrise d’œuvre, le décret précisant qu’il doit « mettre en place et exploiter » ce que le texte appelle « la plateforme américaine pour la science et la sécurité ».

NBC souligne que cette annonce suit celle faite fin octobre par le département de l’Énergie états-unien de la création de deux supercalculateurs (Discovery et Lux) pour son laboratoire Oak Ridge en collaboration avec AMD et HPE (Hewlett Packard Enterprise). « En collaboration avec AMD et HPE, nous mettons en ligne de nouvelles capacités plus rapidement que jamais, transformant l’innovation partagée en force nationale et prouvant que l’Amérique est en tête lorsque les partenaires privés et publics travaillent ensemble », affirmait Chris Wright à cette occasion.

Coïncidence avec l’insistance de l’industrie de l’IA à comparer ses modèles au niveau des chercheurs

Le décret demande au secrétaire d’État à l’Énergie d’identifier d’ici deux mois une liste d’ « au moins 20 challenges scientifiques et technologiques d’importance nationale » qui relèveraient de la mission et qui concerneraient notamment « la fabrication de pointe, les biotechnologies, les matériaux « critiques », la fission et la fusion nucléaire, l’information quantique et la microélectronique (entre autres les semi-conducteurs) ».

Cette « Mission Genesis » remet ainsi en perspective la course des entreprises d’IA générative pour annoncer que leurs modèles sont capables d’ « accélérer la science ». Récemment, Anthropic a ainsi annoncé « Claude for Life Sciences » mais OpenAI a été jusqu’à transformer son opération de marketing en pseudo article scientifique. Cet été, Elon Musk avait affirmé que Grok 4 était « plus intelligent que presque tous les docteurs, dans toutes les disciplines, simultanément ».

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☕️ États-Unis : Amazon licencie plus de 1 800 ingénieurs

Des employés de tous les départements d’Amazon sont concernés par la vague historique de 14 000 licenciements que celle-ci annonçait fin octobre. 


Si tous les détails ne sont pas encore publics, CNBC constate que parmi les 4 700 personnes qui devraient se retrouver privées de leur emploi dans les États américains de New York, de Californie, du New Jersey et de Washington, plus de 40 % occupent des postes d’ingénieurs.

Le CEO d’Amazon Andy Jassy se décrit en mission pour faire de l’entreprise fondée par Jeff Bezos la « plus grande startup du monde ».

Il déclare compter sur ces licenciements pour rendre le groupe moins bureaucratique et plus rapide.

L’entreprise a par ailleurs indiqué allouer une large part de ses ressources à l’investissement dans l’intelligence artificielle.

Outre les emplois d’ingénieurs logiciels, Amazon a notamment visé son département dédié au jeu vidéo. L’entreprise réduit aussi ses équipes dédiées à la recherche visuelle (Amazon Lens et Lens Live), des services pourtant récents qui permettent d’identifier des produits à partir de la caméra de son téléphone ou de photos prises au préalable.

Même les équipes spécialisées dans la publicité en ligne, l’une des activités les plus rentables d’Amazon, ont vu leurs équipes partiellement réduites.

Par ces licenciements, Amazon rejoint la liste des sociétés de l’industrie numérique qui réduisent leurs effectifs depuis la fin des confinements liés à la pandémie de Covid-19.

Aux États-Unis, le site Layoffs.fyi a repéré plus de 114 000 licenciements depuis le début de l’année 2025.

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☕️ Banque Populaire : 2,5 millions d’euros pour des commissions d’intervention non justifiées

La DGCCRF a mené une enquête entre septembre 2023 et juin 2025 sur la Banque Populaire Rives de Paris. Il en est ressorti que, entre le 1ᵉʳ janvier 2022 et le 27 juin 2025, la banque pratiquait « certains actes constituant une pratique commerciale trompeuse ».

Sur Paris et dans l’ensemble du territoire de la région Île-de-France, Banque Populaire Rives de Paris « tromp[ait] les consommateurs en leur facturant des commissions d’intervention non justifiées, dans certains cas précis, sans qu’il n’y ait eu d’irrégularités de fonctionnement du compte bancaire, en méconnaissance de la réglementation applicable ».

La banque « a accepté une amende transactionnelle d’un montant de 2 500 000 euros assortie de la publication du présent communiqué, ainsi que l’arrêt de la pratique constatée ». Banque Populaire Rives de Paris revendique 2 800 collaborateurs, plus de 200 agences et 734 000 clients (dont 226 000 sociétaires).

À l’AFP, un porte-parole de la banque précise que les cas soulevés « relèvent chacun d’une situation très particulière », sans plus de détails. « La banque a conscience que, dans certains cas, ce mécanisme peut parfois être complexe à appréhender pour certains de ses clients. C’est pourquoi (elle) a pris la décision de mettre un terme à cette pratique dès mi-octobre 2025 », ajoute-t-il. Là encore, le porte-parole ne donne aucune précision…

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☕️ COP30 : des actions insuffisantes, l’Europe dénonce un « front uni BRICS–États arabes »

La 30ᵉ Conférence des Nations unies sur le climat (alias COP30) s’est déroulée du 10 au 21 novembre au Brésil. Un accord final a été conclu le 22 novembre. La déception est palpable : « un accord modeste, sans plan de sortie des énergies fossiles » titre Courrier internationnal, « la COP30 sauve la face mais pas le climat » au Monde, « un accord au rabais qui permet tout juste de sauver la face » chez Les Échos, « pas de consensus » chez France 24, etc.

Le Parlement européen s’est exprimé par l’intermédiaire de Lídia Pereira, présidente de la délégation : « À la COP30, malgré nos efforts constants et le mandat clair du Parlement concernant l’atténuation et la sortie des combustibles fossiles, nous avons été confrontés à un front uni BRICS–États [BRICS pour Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Iran, Égypte… ndlr] arabes ainsi qu’à une Présidence qui n’était pas disposée à atteindre notre niveau d’ambition. Nous regrettons que le résultat final ne soit pas allé plus loin ».

Il faut se contenter d’un lot de consolation : « la reconnaissance de la nécessité de répondre au problème des émissions, l’organisation d’un événement de haut niveau consacré à la mise en œuvre ». Arte explique que l’accord « réaffirme l’engagement des 1,5 °C et la nécessité de mettre pleinement en œuvre les plans climatiques nationaux, les pays riches doivent augmenter leur aides climatique aux plus pauvres ». Le problème étant « l’absence de feuille de route concrète ».

Pour Mohammed Chahim, vice-président de la délégation, le résultat est en dessous des attentes : « L’issue de la COP30 établit une base minimale pour l’action climatique mondiale, mais le rythme demeure largement insuffisant face à l’urgence de la crise climatique. Ce résultat confirme que l’écart entre l’ambition affichée et les réductions effectives d’émissions reste considérable ».

« L’UE s’est présentée avec l’intention de jouer un rôle moteur au sein d’une coalition de pays ambitieux. Toutefois, la résistance de certains États producteurs de pétrole, entre autres, a été trop forte, et les équilibres géopolitiques se sont nettement modifiés. Aux côtés du Royaume-Uni, l’UE a dû aller à contre-courant pour préserver un minimum d’ambition. Cela isole l’Europe du reste du monde. L’UE doit désormais s’attacher, de toute urgence, à consolider des coalitions afin d’éviter de se retrouver de nouveau isolée lors des prochaines négociations », ajoute-t-il.

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☕️ Face à Gemini 3 Pro, Anthropic dégaine son Claude Opus 4.5

Anthropic était manifestement prête : une semaine après le lancement en grande pompe de Gemini 3 Pro par Google, la startup réplique avec la version 4.5 de son plus gros modèle, Opus.

Dans son billet d’annonce, Anthropic est très satisfaite de présenter des scores supérieurs à ceux de Google dans pratiquement tous les tests, y compris dans ARC-AGI-2, réputé difficile : 37,6 % pour Opus 4.5, contre 31,1 % pour Gemini 3 Pro et 17,6 % pour GPT-5.1. Anthropic met surtout en avant ses performances dans le développement, où son modèle reprend la couronne, en étant notamment le premier à dépasser la barre des 80 % sur le test SWE-Bench Verified.

Anthropic en profite pour s’intégrer davantage dans certaines applications. Ses extensions pour Chrome et Excel sortent ainsi de leur phase de test, avec un Claude pour Chrome prochainement disponible pour les abonnés Claude Max, et un Claude pour Excel bientôt disponible pour les abonnés Max, Team et Enterprise.

Les abonnés Max reçoivent d’ailleurs d’autres capacités, dont un travail de fond sur la mémoire censé permettre une utilisation prolongée des requêtes dans un même contexte, même quand ce dernier atteint la limite de jetons. À TechCrunch, Anthropic explique que la mémoire de contexte sera compressée de manière transparente, ce qui devrait être particulièrement visible dans le cas où un gros modèle est utilisé pour en piloter plusieurs petits (avec Claude Haiku), dans un cadre de développement agentique.

Signalons tout de même que même si Anthropic récupère la couronne dans presque tous les tests, c’est à travers un modèle accessible uniquement par les comptes payants. Les utilisateurs gratuits ne peuvent utiliser que Haiku et Sonnet, là où Gemini 3 Pro a été diffusé dans tous les produits et pour l’ensemble des utilisateurs (avec des limites bien sûr).

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Meta aurait enterré des recherches internes sur les méfaits des réseaux sociaux

Chut
Meta aurait enterré des recherches internes sur les méfaits des réseaux sociaux

Dans un procès qui oppose Meta à plusieurs districts scolaires états-uniens, l’entreprise de Mark Zuckerberg voit remonter l’évocation de recherches internes non rendues publiques montrant que les personnes qui ont cessé d’utiliser Facebook sont devenues moins déprimées et moins anxieuses.

Depuis 2022, Meta fait face à une plainte de plusieurs districts scolaires états-uniens concernant l’addiction des adolescents aux réseaux sociaux et qui accusent l’entreprise de proposer « des produits défectueux ».

Selon un des documents produits lors de ce procès, Meta aurait arrêté des travaux de recherches internes montrant des preuves de causalité entre l’utilisation du réseau social et la santé mentale de ses utilisateurs, explique Reuters.

Un projet abandonné après des signes problématiques sur l’utilisation des réseaux

Fin 2019, l’entreprise a mis en place, selon ce document [PDF], ce qu’elle a nommé le « Projet Mercury » : un travail en collaboration avec l’entreprise de sondage Nielsen sur les effets liés au fait de « désactiver » Facebook. « Les personnes qui ont cessé d’utiliser Facebook pendant une semaine ont déclaré ressentir moins de dépression, d’anxiété, de solitude et de comparaison sociale » montrent des tests pilotes de cette étude.

« Mais au lieu d’aller plus loin ou de sonner l’alarme », affirment les avocats des districts scolaires, « Meta a suspendu le projet, affirmant que les commentaires des participants étaient biaisés par « le résultat du discours médiatique existant autour de l’entreprise » ».

Des craintes internes d’une image proche de celle de l’industrie du tabac si le travail était enterré

En interne, cet arrêt a été critiqué par certains : « L’étude Nielsen montre effectivement un impact causal sur la comparaison sociale.☹ », a écrit un chercheur de Meta anonyme. Un autre employé s’inquiétait d’une éventuelle fuite de l’enterrement de ce projet : « Si les résultats sont mauvais et que nous ne les publions pas, mais qu’ils fuitent, cela ressemblera-t-il aux fabricants de tabac qui menaient des recherches, savaient que les cigarettes étaient nocives, mais gardaient cette information pour eux ? ». Et ils accusent Meta de ne pas avoir publié ces résultats : « À la place, Meta a menti au Congrès sur ce qu’elle savait », affirment-ils.

« Nous sommes en total désaccord avec ces allégations, qui s’appuient sur des citations choisies de manière sélective et des opinions erronées dans le but de présenter une image délibérément trompeuse », affirme le porte-parole de Meta, Andy Stone comme l’indique CNBC. Pour lui, le projet de l’étude était biaisé : « Il constatait que les personnes qui pensaient que l’utilisation de Facebook leur était néfaste se sentaient mieux lorsqu’elles cessaient de l’utiliser », affirme-t-il sur Bluesky, ajoutant que ça ne serait que la confirmation d’autres études démontrant le même effet. « Cela semble logique intuitivement, mais cela ne montre rien concernant l’effet réel de l’utilisation de la plateforme », défend-il.

Les documents sur lesquels s’appuient les avocats des districts scolaires ne sont pas publics. Reuters explique que l’entreprise a demandé à ce qu’ils soient enlevés du dossier, considérant que leur nature était trop générale et ne concernait pas ce que les plaignants cherchent à prouver.

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☕️ NIS 2 : en attendant la transposition, l’ANSSI ouvre son bureau de pré-enregistrement

La directive européenne NIS2 est toujours dans l’attente d’une transposition dans le droit français. Le projet de loi relatif à la résilience des infrastructures critiques et au renforcement de la cybersécurité a passé le cap du Sénat mais reste en attente d’un vote final.

Le mois dernier, Vincent Strubel rappelait aux Assises de la cybersécurité de Monaco que ce vote est « une étape indispensable et essentielle, mais ce n’est qu’une étape et pas la plus difficile ». Le plus dur, c’est la mise en œuvre et pour cela « il ne faut pas attendre » car « on sait tout ce qu’il faut faire », expliquait-il.

L’ANSSI avance et annonce l’ouverture d’un guichet de pré-enregistrement, ce qui constitue « la première brique de l’entrée en vigueur de NIS 2 et un premier pas pour les entités dans le respect de leurs obligations ». Comptez 5 à 10 minutes de procédure si vous avez déjà un compte Club SSI (obligatoire).

L’Agence rappelle que « l’ensemble des entités soumises au champ d’application de la directive a l’obligation de communiquer un certain nombre d’informations à l’autorité compétente (article 3 et article 27 de la directive) ». Le changement est important : de 600 entreprises environ concernées par NIS1, on passe à 15 000 avec NIS2.

« Ce pré-enregistrement permet aux entités de préparer leur enregistrement afin de bénéficier d’un enregistrement facilité lorsque la phase d’enregistrement obligatoire démarrera après publication des textes réglementaires associés au projet de loi Résilience », explique l’ANSSI.

Un simulateur permettant « d’obtenir une estimation du statut d’une entité, conformément aux textes actuellement en vigueur » est disponible à cette adresse. Bien évidemment, « le résultat est dépendant de l’exactitude des données fournies en entrée, ne dispense pas d’une analyse au vu des textes en vigueur et des circonstances propres à chaque entité. Les résultats du test sont strictement indicatifs, dans l’attente de l’adoption définitive des textes législatifs et réglementaires de transposition de la directive NIS 2 ».

Tous les détails se trouvent par ici, tandis que la pré-inscription se fait par là.

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Streaming musical : une action de groupe pour obtenir réparation des pratiques d’Apple

Envoyez des sioux
Streaming musical : une action de groupe pour obtenir réparation des pratiques d’Apple

L’association de consommateurs CLCV a initié une action de groupe à l’encontre d’Apple devant la justice française pour pratiques commerciales trompeuses liées à la façon dont l’entreprise régit l’accès aux offres de streaming musical sur iOS et via l’App Store.

Déjà sanctionnée par la Commission européenne à 1,8 milliard d’euros pour abus de position dominante, Apple pourrait-elle bientôt se voir condamnée à indemniser les consommateurs français en raison de ses pratiques en matière de streaming musical ? Pendant que l’examen du recours déposé par l’entreprise se poursuit à l’échelle européenne, tel est l’objectif affiché par l’association de consommateurs CLCV (Consommation, logement, cadre de vie). Elle a en effet annoncé lundi avoir lancé une action collective à l’encontre d’Apple et de son App Store.

Un double préjudice

Dans son assignation, déposée début novembre au tribunal de Paris et que Next a pu consulter, l’association souhaite obtenir réparation de ce qu’elle estime être les préjudices associés à l’utilisation d’un service de streaming musical par l’intermédiaire de l’App Store sur iOS. Outre l’abus de position dominante sanctionné par Bruxelles, la CLCV « considère que les pratiques d’Apple constituent également des pratiques commerciales trompeuses, en ce qu’elles ont privé les consommateurs d’une information essentielle sur les tarifs réellement disponibles », explique l’association dans un communiqué.

L’assignation, qui se fonde sur l’exemple et les pièces justificatives de plusieurs consommateurs considérés comme représentatifs, distingue deux cas de figure. D’abord, ceux qui ont acquitté leur abonnement par l’intermédiaire de l’App Store et subi la commission appliquée par Apple quand cette dernière a été répercutée par le service de streaming musical.

À ce préjudice qualifié d’économique, « du fait du surcoût payé chaque mois », CLCV en ajoute un deuxième, qualifié de moral cette fois. Cette fois, elle cible les pratiques, qualifiées d’anti-steering, un temps mises en œuvre par Apple pour limiter l’information sur les possibilités d’abonnement hors App Store, comme l’interdiction d’intégrer des liens dans l’application pointant vers un parcours de souscription extérieur. Et réclame donc que soit compensé, pour les abonnés Spotify par exemple, le préjudice « lié à la privation d’une information loyale et à la restriction de leur liberté de choix ».

Une action sans fondement pour Apple

Elle réclame de ce fait l’indemnisation de l’ensemble des consommateurs concernés, soit les « utilisateurs d’iOS qui ont payé leurs abonnements à des services de musique en streaming (Deezer, Spotify, YouTube Music, Tidal, Qobuz) via l’App Store, entre 2011 et 2025, en particulier lorsqu’ils ont payé via l’App Store ». L’association demande au tribunal d’étudier une réparation forfaitaire, calculée au prorata du nombre de mois d’abonnement sur la période concernée, et de l’habiliter pour pouvoir négocier avec Apple l’indemnisation des participants à son action collective.

« Cette action en justice est sans fondement, a réagi un porte-parole d’Apple, cité par l’AFP. Le marché européen de la musique numérique est prospère et compétitif, et les consommateurs ont plus de choix que jamais en matière de services de streaming musical ».

L’association CLCV s’inscrit dans le sillage des actions collectives déjà entreprises en Belgique, en Italie, en Espagne et au Portugal par l’association Euroconsumers. Dans ses différentes procédures, initiées en septembre 2024, cette dernière réclame que les consommateurs soient indemnisés à hauteur de 3 euros par mois d’abonnement concerné par un surcoût lié aux pratiques d’Apple et souscrit depuis juillet 2013.

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Candace Owens et Pavel Durov relaient des thèses complotistes sur le couple Macron

Candace et Pavel sont dans une chambre d'écho
Candace Owens et Pavel Durov relaient des thèses complotistes sur le couple Macron

Sur X, l’influenceuse pro-Trump Candace Owens et le cofondateur de Telegram Pavel Durov diffusent des thèses complotistes relatives au couple Macron, sur fond de démêlés avec la Justice.

Depuis qu’il a été arrêté à la sortie de l’avion, à l’été 2024, pour douze chefs d’accusation, le patron de Telegram a une dent contre la France. Cette irritation s’était jusqu’ici traduite surtout par des prises de parole sur son propre réseau social, quelquefois au prix de notifications intempestives sur les appareils d’usagers n’ayant rien demandé.

En cette fin novembre, la prise de position de Pavel Durov prend un nouveau tour, dans la mesure où il relaie les thèses de Candace Owens.

Forte de 7,4 millions d’abonnés sur X, l’influenceuse pro-Trump est poursuivie par le couple Macron devant la Justice américaine pour avoir donné une résonance internationale aux thèses transphobes et misogynes visant Brigitte Macron.

La thèse des tueurs du couple Macron

Dans une publication du 22 novembre, celle-ci affirme avoir « été contactée par un employé haut placé du gouvernement » dont elle ne donne pas le nom, selon lequel le couple Macron aurait payé pour qu’une petite équipe du GIGN l’assassine. Ce faisant, elle reprend une thèse complotiste préexistante, selon laquelle le couple Macron aurait constitué une « armée de tueurs à gages » de « 40 à 50 assassins professionnels » dédiés à supprimer leurs opposants politiques.

Le média Les Surligneurs retrace l’origine de cette théorie à une publication de la Foundation to Battle Injustice, dont l’acronyme FBI peut prêter à confusion. D’après des travaux de l’université de Clemson et de Viginum sur l’opération de désinformation russe Storm-1516, cette entité a été créée par l’ex-directeur de la milice privée russe Wagner, Evgueni Prigojine.

Parmi les autres éléments de sa publication, Candace Owens affirme que l’assassin du soutien de Trump Charlie Kirk aurait été entraîné au sein de la Légion française. Elle déclare enfin que la vie de Xavier Poussard serait elle aussi en danger. Ne rentrant plus en France depuis son signalement pour « appel à la haine en raison de la race ou de la religion », ce dernier est l’auteur du livre de désinformation Devenir Brigitte auquel Candace Owens a donné une audience internationale.

En appelant ses lecteurs à « RETWEET et partager », Candace Owens cultive la circulation de ses propos : au 24 novembre, sa publication dépassait les 95 000 retweets, 211 000 likes et 30 000 sauvegardes.

Pavel Durov amplifie la thèse

Suivi par 2,6 millions de personnes sur X, et aux prises avec ses propres démêlés avec la Justice française, Pavel Durov participe de manière non négligeable à cette circulation.

« Après avoir repris tout ce que Charlie Kirk a jamais dit sur la France de Macron, je trouve l’information de Candace sur l’implication de la France dans sa mort entièrement plausible », déclare-t-il. Et de citer, en guise de preuve, le fait que l’activiste d’extrême droite s’était prononcé en faveur de taxes douanières de 300 % contre la France – dans un contexte où l’essentiel des pays du monde étaient ciblés par les menaces de taxes de Donald Trump. Plus loin, Pavel Durov qualifie Charlie Kirk de « héros ».

Cette saillie fait suite à une série de prises de parole de l’entrepreneur, notamment depuis sa propre application, dans lesquelles il mettait en cause les capacités de la Justice ou du gouvernement français. Fin octobre, il alimentait même cette communication par le partage d’un mini-jeu dans lequel les internautes devaient incarner Pavel Durov s’échappant d’une prison française.

Ce 13 novembre, la Justice française levait l’interdiction de voyager qui empêchait Pavel Durov de se déplacer ailleurs qu’entre son logement dubaïote et le commissariat de police de Nice.

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Itinéraire d’une actu : Colis Privé et sa fuite de données

Viens, je t'emmène derrière le miroir
Itinéraire d’une actu : Colis Privé et sa fuite de données

Encore un nouveau format sur Next : Itinéraire d’une Actu. Dans une introspection personnelle, je vous explique les étapes qui ont conduit à la publication de l’actualité sur la fuite de données de Colis Privé. Un travail personnel, à la première personne.

Vendredi soir, Colis Privé a envoyé à certains de ses clients un e-mail pour les informer d’une fuite de données. Nous l’avons reçu sur une de nos boites et plusieurs lecteurs nous l’ont également signalé. Déjà, merci à eux de nous l’avoir fait suivre. Comme nous allons le voir, c’est toujours utile d’avoir plusieurs sources.

Dans ce nouveau format, on vous propose de plonger dans les coulisses de la rédac, plus précisément dans le processus qui a donné naissance à cette petite actualité sur la fuite des données chez Colis Privé. Un retour à la première personne car il ne concerne que moi, ma manière de faire.

Règle d’or : vérifier et ne pas faire la course

Samedi matin, je prépare une actualité sur le sujet, pour ne pas attendre lundi et commencer la semaine avec des sujets chauds (très chauds, on en reparle rapidement). Vous l’avez peut-être remarqué, l’actualité n’a été publiée qu’à 17h26… Je n’ai évidemment pas mis des heures à l’écrire, une demi-heure tout au plus. Elle était prête pour midi, mais la publication a été mise en pause en attendant une confirmation.

Comme toujours en pareille situation, je vérifie l’authenticité de l’e-mail (je préfère prendre le temps plutôt que foncer tête baissée et me poser des questions ensuite…). Comment être sûr qu’il provient bien de Colis Privé ? Généralement, le message est aussi visible en ligne sur le site de la société ou repris sur les réseaux sociaux. Sans être une preuve irréfutable, cela permet d’avoir un niveau de confirmation suffisant pour publier une actualité.

Bonne pratique : publier le communiqué sur le site

Deux exemples avec des fuites récentes de données chez Plex et Infomaniak. Le premier propose de « lire cet e-mail depuis un navigateur » avec un lien vers une page en newsletter.infomaniak.com/*, le second propose un lien « View Online » en bas de page qui renvoie vers exactement le même communiqué sur une page en links.plex.tv/*. Une confirmation que cette information n’est pas un e-mail envoyé en masse par un plaisantin (ou pire, d’une personne malintentionnée) se faisant passer pour une entreprise.

Dans le cas de Colis Privé, rien : pas le moindre lien vers un communiqué visible sur un domaine officiel de l’entreprise. Il y a par contre des liens « Unsubscribe From This List » et « Manage Email Preferences » qui renvoient bien vers mon adresse e-mail, mais un petit doute subsiste dans ma tête (est-il justifié ? C’est une autre question).

Plutôt que courir à publier au plus vite, je décide d’attendre une confirmation, même si les messages envoyés par les lecteurs permettent de tester ces liens avec d’autres adresses e-mail et de se rendre compte que tout semble légitime.

Et si… mail, SMS et demande LinkedIn envoyés

Quoi qu’il en soit, une petite voix m’a poussé à chercher davantage au cas où (spoiler : au cas où rien du tout finalement, j’aurais pu publier immédiatement). Quelques e-mails et demandes LinkedIn partent dans la foulée pour le service presse et des responsables Colis Privé. Nous sommes samedi, je pars me promener et je me dis que je verrai bien en rentrant si j’ai une réponse. Ce n’est pas non plus l’info de l’année qui mérite que je reste sur le pont H24.

En revenant en fin d’après-midi, pas de réponse. Je regarde les métadonnées de l’e-mail pour voir si je peux confirmer sa provenance (je vous laisse seulement la partie intéressante) :

Received: from wfbtzhfp.outbound-mail.sendgrid.net (wfbtzhfp.outbound-mail.sendgrid.net [159.183.224.243])
for seb***@***.fr; Fri, 21 Nov 2025 19:37:13 + 0000 (UTC)
dkim=pass (2048-bit rsa key sha256)
dmarc=pass
spf=pass

L’e-mail est envoyé par la plateforme d’e-mailing états-unienne SendGrid. Est-elle autorisée à envoyer des e-mails pour le compte de notification.colisprive.com (attention on ne parle que du sous-domaine) ? Un coup de dig confirme que la réponse est oui (ça prend 2 secondes, ce serait dommage de s’en priver) :

gathor@ubuntu-seb:~$ dig +short TXT notification.colisprive.com
"v=spf1 include:sendgrid.net ~all"

C’est confirmé, ça part en ligne

L’e-mail passe donc les sécurités DKIM et SPF. Je m’apprêtais à le préciser dans l’actualité et à la publier quand je reçois un SMS de confirmation d’un responsable de la communication de CEVA Logistics, une filiale de CMA CGM qui détient Colis Privé. J’ajuste le contenu de l’actualité pour préciser la confirmation et la publie dans la foulée.

Il n’y avait aucune urgence à publier et nous étions en plein week-end, ce qui explique les délais un peu rallongés, mais cette pratique est, dans mon cas, la base avant de publier l’annonce d’une fuite ou une information du genre. Attention, je ne prétends pas que cette méthode est infaillible – loin de là –, mais ces vérifications permettent au moins d’assurer un minimum d’authenticité.

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Des comptes influents pilotés depuis l’étranger ? Une fonctionnalité de X sème le doute

T'es où ?
Des comptes influents pilotés depuis l’étranger ? Une fonctionnalité de X sème le doute

Une nouvelle fonctionnalité de X présentant les informations de création et de localisation des comptes semble dévoiler l’ampleur de l’ingérence à l’œuvre derrière, notamment, les discussions MAGA et d’extrême droite. Mais les informations présentées par le réseau social restent à prendre avec des pincettes.

Le 21 novembre, X publiait une nouvelle fonctionnalité dédiée à fournir plus de transparence sur les usagers. Nommé « À propos de ce compte », l’outil permet, en cliquant ou survolant la date d’inscription d’un compte X, d’obtenir plus d’informations sur son nombre de modifications de nom d’utilisateur, via quel outil (web ou magasin d’applications) l’internaute se connecte, et, au moins théoriquement, la région du monde d’où il ou elle se connecte.

Dans les heures qui ont suivi sa mise en ligne, de nombreuses personnes se sont lancées dans la vérification de divers comptes très actifs sur le réseau social d’Elon Musk. Depuis les États-Unis, ceci a notamment permis de constater que certains comptes MAGA (Make America Great Again, le mouvement de soutien à Donald Trump) très suivis étaient localisés en Russie, en Inde ou au Nigeria. De même en France, des comptes d’apparence « patriote », ou d’extrême droite, parfois suivis par plusieurs dizaines de milliers de comptes, apparaissent localisés au Sénégal.

Pour autant, chacune de ces informations reste à prendre avec des pincettes. Comme le montrent nos tests réalisés sur les comptes de journalistes de la rédaction, le fonctionnement de l’outil déployé par X reste fragile.

Des VPN et des magasins d’applications

Commençons donc par le compte de Jean-Marc Manach. Depuis sa bio, nous apprenons qu’il a rejoint Twitter en 2008, qu’il utilise l’application téléchargée depuis un smartphone sous Android, et que son compte est basé en France. Jean-Marc souligne que dans les faits, il consulte « d’abord et avant tout X en mode desktop web ».

Le petit « i », pour « information », à la droite de sa géolocalisation ? En cliquant, nous obtenons le message suivant.

Capture d’écran des informations de localisation fournies par X : « Le pays ou la région dans lequel un compte est installé peut être touché par de récents voyages ou une relocalisation temporaire. Ces données peuvent être inexactes et changer périodiquement. »

Le compte de l’autrice de ces lignes présente des informations un peu plus atypiques. D’une part, on y apprend que j’ai changé trois fois de handle. La localisation indique quant à elle « États-Unis », alors même que j’écris ces lignes depuis la France métropolitaine.

Ceci s’explique probablement par le fait que je ne recours à X que depuis mon navigateur, lui-même derrière un VPN (virtual private network) en France qui me permet d’accéder à différents outils de travail. À côté de la géolocalisation faussée, le symbole « information » n’est d’ailleurs plus entouré d’un simple cercle, mais d’un symbole de bouclier. Lorsqu’on clique, le message n’est pas exactement le même que dans le cas précédent.

Capture d’écran des informations de localisation fournies par X : « L’un de nos partenaires a indiqué que ce compte se connecter peut-être via un proxy – comme un VPN (…) Ces données peuvent être inexactes. Certains fournisseurs internet utilisent des proxies automatiquement, sans action de leurs utilisateurs. (…) »

Comptes d’extrême droite pilotés depuis l’extérieur ?

Malgré ces aléas, l’exposition des informations d’un autre compte a permis de suggérer que des comptes MAGA très suivis étaient pilotés depuis divers pays étrangers, à commencer par la Russie, l’Inde et le Nigeria. De fait, ces différents pays sont connus pour leurs opérations d’ingérence ou pour héberger des fermes à trolls, dont l’objet consiste à simuler des activités légitimes en ligne à des fins financières, politiques, ou les deux à la fois.

Tous n’ont pas nécessairement une très forte audience. Mais quelques-uns, comme le compte @MAGANationX, suivi par plus de 392 000 comptes, ou @IvankaNews_, suivi par plus d’un million de comptes, attirent particulièrement l’attention. Créé en avril 2024, le premier serait localisé en Europe de l’Est, « (hors de l’Union européenne) », selon les informations présentées par X. Vieux de 15 ans, le second serait quant à lui installé au Nigeria.

Dans le même ordre d’idées, @America_First0, suivi par plus de 67 000 comptes X, a beau donner l’image d’une Américaine convaincue par Trump, ses informations le localisent au Bangladesh.

Après ces premiers exemples, la pratique d’exposition des informations de compte s’est répandue à toute vitesse, comme une de ces tendances (trends) classiques des cultures numériques. Elle a donné lieu à des passes d’armes pleines d’insinuations entre, par exemple, le « lobby américain pro-israël » AIPAC et divers internautes. À ses 187 000 followers, le premier publie l’information selon laquelle le compte @palestine serait installé en Australie, avec pour simple légende « Oh. ». En réponse, de petits comptes comme @crawlings13 répondent, ironiquement : « Vous ne devinerez jamais la raison pour laquelle tant de comptes palestiniens sont situés en dehors de la Palestine. »

En France, de même, quantité d’utilisateurs explorent les comptes des uns et des autres. D’après X, « @cestpasdeslol_x » (84,3 K abonnés) est par exemple basé au Maroc. Autodécrit comme « spécialisé dans les faits divers en France », le profil est qualifié de « compte favori de la patriosphère xénophobe » par le maître de conférences spécialiste des cultures numériques Tristan Mendès-France, qui s’amuse de sa potentielle localisation outre-Méditerranée. Plus radical, le compte @Henri2Turenne, suivi par plus de 20 000 personnes et affichant les drapeaux français, russe et du Vatican, a été pris à parti après que X a indiqué sa localisation au Sénégal. Ce 24 novembre, le compte avait été supprimé, quand bien même divers utilisateurs plaidaient son possible recours à un VPN.

Directeur produit chez X, Nikita Bier décrivait le 22 novembre au soir le déploiement de la fonction « à propos de ce compte » comme « un premier pas important pour sécuriser l’intégrité de cet espace public mondial ». Dans les jours qui précédaient le lancement de la fonctionnalité, divers défenseurs des droits numériques avaient critiqué le projet de X, considérant le nouvel outil comme une attaque contre les internautes qui recouraient à la plateforme depuis des VPN.

Mais plutôt que de se pencher sur cette question, nombreux sont les usagers qui se sont emparés de la fonctionnalité pour tenter de démontrer l’ampleur des ingérences étrangères dans leurs débats en ligne. Tant que la stabilité de l’outil n’est pas assurée, cela dit, difficile de dresser des conclusions solides.

Alors que plusieurs usagers se plaignaient de l’inexactitude des informations relatives à leur compte, Nikita Bier convenait d’ailleurs que « les informations ne sont pas 100 % exactes pour les vieux comptes » et prévoyait que certains dysfonctionnements devraient être résolus « d’ici mardi », c’est-à-dire, a priori, ce 25 novembre.

Il précise par ailleurs : « Si des données sont incorrectes, elles seront mises à jour périodiquement en s’appuyant sur les meilleures données disponibles. » Un processus qu’il déclare organisé de manière « différée et aléatoire », pour « préserver la vie privée ».

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☕️ Le DOGE n’existe officiellement plus

Le département de « l’efficacité gouvernementale » confié pendant un temps à Elon Musk a finalement été lui-même démantelé.

Scott Kupor, le responsable de l’Office of Personnel Management (agence états-unienne de la gestion de la fonction publique), a affirmé à Reuters que le DOGE n’est plus une « entité centralisée » comme elle avait été pensée et annoncée il y a un an par Donald Trump.

Confié à Elon Musk, ce département avait officiellement pour mission de restructurer l’ensemble des administrations publiques américaines. Mais le milliardaire a choisi de quitter sa direction fin mai. S’il avait fait le choix inverse, il aurait dû se plier aux obligations de transparence et de contrôle du Congrès des États-Unis, notamment concernant les conflits d’intérêt avec ses diverses entreprises X, SpaceX et Tesla dont certaines bénéficient de la commande publique.

Selon l’agence de presse américaine, c’est maintenant l’Office of Personnel Management qui a repris une bonne partie des prérogatives qu’avait acquises temporairement le DOGE.

Reuters explique que deux responsables du DOGE, Joe Gebbia et Edward Coristine (du haut de ses 19 ans, ce dernier est surnommé « Big Balls »), font maintenant partie du « National Design Studio », une agence spécifiquement créée en août dernier par Donald Trump pour embellir les sites web du gouvernement.

Pendant cinq mois, le DOGE a pu s’immiscer dans les données de multiples agences états-uniennes comme le Trésor ou Medicare/Medicaid et s’emparer de certains systèmes informatiques. Mais Politico explique qu’après le départ d’Elon Musk, les ingénieurs recrutés par ce département ont perdu leur « protecteur ».

En novembre dernier, Donald Trump annonçait la création de ce département en lui donnant une échéance : « Leur travail prendra fin au plus tard le 4 juillet 2026. Un Gouvernement resserré, avec plus d’efficacité et moins de bureaucratie, constituera un parfait cadeau pour l’Amérique à l’occasion du 250e anniversaire de la Déclaration d’indépendance ». Finalement, la mission a fini huit mois plus tôt.

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☕️ Mots de passe : KeePassXC 2.7.11 disponible, la version 2.7.9 certifiée par l’ANSSI

Le gestionnaire de mots de passe KeePassXC est une version open source et multiplateforme de l’application KeePass Password Safe pour Windows. Les moutures se sont faites plus rares, mais elles comportent toujours autant de nouveautés.

La nouvelle version 2.7.11 déroule ainsi une longue liste d’apports. On y trouve la génération automatique de mot de passe quand on crée une nouvelle entrée, une boite de dialogue pour demander confirmation avant la fusion de deux bases de données, le support de la synchronisation de groupe dans KeeShare, une confirmation quand on sort de la base de données avec Échap, le support des horodatages et de l’historique dans l’import depuis BitWarden, ou encore des recherches prédéfinies pour les entrées TOTP.

On note également la prise en charge d’un plus grand nombre de types de fichiers dans le visualiseur de pièces jointes en ligne, dont les images, le HTML et le Markdown. On peut aussi éditer les fichiers texte en pièce jointe. Sur macOS, l’icône et plusieurs menus ont été passés à la moulinette Liquid Glass.

KeePassXC 2.7.11 corrige en outre toute une série de bugs, dont un qui pouvait empêcher la fenêtre d’être restaurée dans sa géométrie précédente. Les notes de version complètes et les téléchargements sont disponibles depuis le site officiel.

Pour les personnes qui préfèrent une version éprouvée, KeePassXC 2.7.9 a reçu le 17 novembre une certification CSPN-2025/16 de l’ANSSI, obtenue pour trois ans. La petite application a même été mise en avant dans une publication du 21 novembre sur la sécurité des mots de passe.

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☕️ Round 2 des extensions .marque (brandTLD) : l’ICANN a validé le Guide de candidature

En avril 2026 se déroulera le deuxième tour des extensions personnalisées de noms de domaine, les .marques. Lors du premier tour, plusieurs centaines d’entités avaient répondu présentes. Nous pouvons par exemple citer les extensions .leclerc, .bnpparibas, .lancaster, .sncf, .google, ainsi que des extensions géographiques comme les .paris, .bzh, .alsace, etc.

Au début du mois, le Conseil d’administration de l’ICANN a adopté officiellement « le Guide de candidature, ouvrant la voie à la série de 2026 », comme le rapporte Abondance. Dans son communiqué, l’ICANN explique que ce guide « définit les exigences et les procédures applicables à toute entité posant une candidature à un gTLD ».

Désormais, le calendrier se resserre : « le Guide de candidature doit être mis à disposition au moins quatre mois avant l’ouverture de la fenêtre de candidature. L’adoption par le Conseil d’administration lors de la réunion ICANN84 a pour effet que l’organisation ICANN (ICANN org) est chargée de publier le guide au plus tard le 30 décembre 2025 ».

Lors du Summit d’OVHcloud nous avons demandé aux équipes en charge des noms de domaine si un accompagnement des clients souhaitant se lancer dans des .marques était prévu. Le sujet est discuté en interne, mais rien n’est acté pour l’instant.

En attendant, une version non finalisée du guide est disponible à cette adresse (pdf de 440 pages). L’Afnic rappelle les couts qui « représentent certes un investissement au démarrage, mais qui doivent être analysés à la lumière des économies et des bénéfices générés » : 227 500 dollars de frais de dossier pour le dépôt initial la première année, puis à partir de 25 000 dollars par an. Il faut ajouter des coûts techniques variables. Les entités intéressées peuvent contacter l’Afnic pour un accompagnement.

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☕️ Memtest86+ passe en version 8.00, avec un mode sombre

Memtest86+ est un nom qui rappelle certainement des souvenirs aux moins jeunes d’entre nous. Ce petit utilitaire permet de tester de fond en comble la mémoire d’un ordinateur. Il est revenu sur le devant de la scène en 2022 avec une nouvelle version entièrement réécrite. La première nouvelle version était la 6.00 publiée en octobre 2022. En janvier 2024, la 7.00 était mise en ligne.

Et c’est maintenant au tour de Memtest86+ 8.00 de débarquer. Les notes de versions sont assez peu détaillées puisqu’elles indiquent simplement la prise en charge des « derniers processeurs Intel et AMD ».

Des correctifs sur la DDR5 sont de la partie, avec aussi les informations sur la température. Un mode sombre est aussi proposé en option. Tous les détails et les téléchargements sont disponibles dans ce dépôt GitHub. Vous pouvez également passer par le site officiel.

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Fuite de données personnelles confirmée chez Colis Privé

Bonjour, c’est le livreur Colis Privé…
Fuite de données personnelles confirmée chez Colis Privé

C’est au tour de Colis Privé d’être victime d’une fuite de données personnelles de ses clients. Contacté par Next, CEVA Logistics, filiale de CMA CGM et propriétaire de Colis Privé, confirme la situation.

Hier soir, le transporteur français a envoyé un email à des clients (merci à tous ceux qui nous l’ont partagé) dont l’objet est : « Information importante relative à vos données personnelles ». La suite on ne la connait malheureusement que trop bien : une fuite de données.

Par contre, aucun message sur ses réseaux sociaux ni sur son site. Pour confirmer l’envoi de cet email, nous avons contacté le service presse de CEVA Logistics, filiale de CMA CGM (un armateur de porte-conteneurs français) et propriétaire de Colis Privé, qui nous confirme la situation.

Accès non autorisé aux données personnelles, pas bancaires

« Nos investigations ont permis de confirmer que seules des informations de contact sont potentiellement impliquées : nom, prénom, adresse postale, adresse électronique, et numéro de téléphone ». L’entreprise ajoute que vous pouvez être « rassurés » : « aucune donnée bancaire, aucun mot de passe ni aucune information sensible n’est concernée ». On appréciera la considération pour la sensibilité de nos données personnelles…

Colis Privé ne rentre pas dans les détails, évoquant simplement « un incident ayant entraîné un accès non autorisé et limité à certaines données sur une partie de nos systèmes ». La brèche a évidemment été bouchée et, « à ce stade, nous n’avons constaté aucun usage frauduleux de ces informations », ajoute la société.

Prudence face aux arnaques aux faux colis, toujours nombreuses

Nous avons également droit à l’éternelle promesse : « La protection de vos données personnelles est notre priorité absolue ». L’email se termine par trois conseils : « Restez attentif aux e-mails, SMS ou appels vous demandant des informations personnelles ou vous incitant à cliquer sur un lien, et vérifiez toujours l’identité de l’expéditeur en cas de doute », « utilisez des mots de passe forts et uniques pour chacun de vos comptes et activer la double authentification (MFA) » et enfin « ignorez tout message demandant un paiement : Colis Privé ne vous demandera jamais de payer ».

Cette fuite pourrait remettre une pièce dans la machine de l’arnaque aux faux colis et/ faux livreurs. L‘une des dernières versions étant les SMS du type « Bonjour vous êtes chez vous ? », « Bonjour vous êtes à la maison ? », comme l’expliquait récemment l’UFC-Que Choisir.

Si des personnes malintentionnées récupèrent les données de Colis Privé, elles pourraient s’en servir pour « personnaliser » ce type d’arnaque en ciblant davantage les tentatives de phishing avec les noms, adresses, emails, etc. des clients de Colis Privé.

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Vérification d’âge : Pornhub appelle Apple, Google et Microsoft à l’intégrer aux appareils

iD@OS
Vérification d’âge : Pornhub appelle Apple, Google et Microsoft à l’intégrer aux appareils

Alors que de plus en plus de pays veulent imposer des systèmes de vérification d’âge pour filtrer l’accès à certains contenus, l’éditeur du site Pornhub plaide dans une lettre envoyée à Apple, Google et Microsoft pour une intégration dans les systèmes d’exploitation.

En France, aux États-Unis, en Europe ou ailleurs, différentes autorités affichent leur volonté d’intensifier la lutte contre l’accès des mineurs aux sites porno. Aylo, l’entreprise derrière les sites Pornhub, Redtube et Youporn, plaide depuis quelque temps pour que les éditeurs de sites n’en soient pas responsables.

Dans une lettre envoyée récemment à Apple, Google et Microsoft, mais qui n’a pas été rendue publique, le responsable juridique d’Aylo les exhorte d’intégrer une fonctionnalité de vérification d’âge dans leurs systèmes d’exploitation et leurs magasins d’applications.

Une intensification de la pression législative dans le monde

Cet été, en France, l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) a serré les boulons en s’appuyant sur la loi SREN pour imposer aux sites porno de mettre en place des systèmes de vérification d’âge. Aylo a pris la décision de suspendre leur accès en France pour protester. Si la décision a été contestée en justice, le Conseil d’État a pour l’instant rétabli l’obligation de contrôle de l’âge. D’autres sites ont depuis été visés.

Cette lutte a tendance à s’étendre à d’autres contenus. Par exemple, au Royaume-Uni, l’Online Safety Act prévoit un système de catégorisation des sites qui inquiète la fondation Wikimedia.

Mais l’autre problème, comme Next a pu le constater, est que les systèmes de vérification d’âge valident parfois n’importe quoi.

Aylo veut rejeter la responsabilité du contrôle sur les systèmes d’exploitation

Pour y remédier, l’UE a monté un projet d’application de vérification d’âge. De son côté, Aylo plaide plutôt pour une intégration directement sur les appareils des utilisateurs, via les systèmes d’exploitation et les magasins d’applications. Dès juin, lorsque l’Arcom a décidé de sévir, l’éditeur de site porno présentait la vérification d’âge au niveau de l’appareil comme solution simple et ultime.

Dans un communiqué maintenant supprimé de son site mais encore accessible sur Internet Archive, l’entreprise affirmait que « pour rendre l’Internet plus sûr pour tout le monde, chaque téléphone, tablette ou ordinateur devrait commencer par être un appareil sécurisé pour les enfants ». Elle ajoutait que « seuls les adultes identifiés devraient être autorisés à déverrouiller l’accès à des contenus inappropriés pour leur âge. C’est le principe de base de la vérification de l’âge à partir de l’appareil, que nous considérons comme l’option la plus sûre et la plus sécurisée. La technologie permettant d’y parvenir existe aujourd’hui ».

L’entreprise a intensifié sa communication sur le sujet cette semaine en envoyant donc une lettre que Wired a pu se procurer pour demander à Apple, Google et Microsoft de l’implémenter. « Forts de notre expérience concrète des lois existantes en matière de vérification de l’âge, nous soutenons fermement l’initiative visant à protéger les mineurs en ligne », y affirme Anthony Penhale, le responsable juridique d’Aylo, « cependant, nous avons constaté que les approches de vérification de l’âge basées sur les sites sont fondamentalement défaillantes et contre-productives ».

L’entreprise propose que les systèmes d’exploitation intègrent un système de ce genre qui ensuite partagerait les informations sur l’âge de l’utilisateur via une API aux sites et aux applications. Aux États-Unis, 25 États ont voté des lois sur la vérification d’âge. Comme le remarque Wired, toutes sont différentes.

Au Texas, dans l’Utah et en Louisiane, par exemple, elles imposent (avec une mise en application courant 2026) la vérification de l’âge des utilisateurs à la création des comptes et avant de les laisser installer des applications depuis des boutiques. Apple et Google ont réagi en expliquant mettre en place, justement, des API qui signaleront aux applications y faisant appel que la personne est majeure. Apple soulignait cependant que la législation texane portait « atteinte à la vie privée des utilisateurs en exigeant la collecte d’informations sensibles et personnelles pour télécharger une application, même si l’utilisateur souhaite simplement consulter la météo ou les résultats sportifs ».

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☕️ La « Defense Tech » explose, et Boston Dynamics a vendu 2 000 unités de son robot Spot

Cinq ans après son lancement commercial, environ 2 000 unités de Spot, le robot de Boston Dynamics, sont actuellement en service dans le monde entier, rapporte Bloomberg.

Si la plupart des clients de l’entreprise sont encore des clients industriels, notamment des fabricants et fournisseurs de services publics, l’intérêt des forces de l’ordre a fortement augmenté au cours des deux dernières années, et il serait notamment utilisé par le ministère néerlandais de la Défense, la police nationale italienne et par plus de 60 équipes de déminage et d’interventions spéciales aux États-Unis et au Canada.

De la taille d’un berger allemand, Spot pèse 34 kilos et est utilisé par les forces de l’ordre pour gérer les situations de confrontation armée, les prises d’otages et les incidents impliquant des matières dangereuses, autant de situations où l’intervention d’un être humain ou d’un chien réel pourrait mettre leur vie en danger.

Le robot, dont le prix de départ est d’environ 100 000 dollars, peut fonctionner de manière autonome dans de nombreux cas (vérifications de maintenance, détection de fuites de gaz, inspection d’équipements défectueux), mais dépend toujours d’opérateurs humains pour la prise de décision, rappelle Bloomberg :

« À l’aide d’une tablette qui ressemble à une manette de jeu vidéo, l’opérateur guide la machine tout en surveillant les images vidéo en direct transmises par son système de caméras embarquées. Des capteurs supplémentaires intégrés assurent la navigation et la cartographie. Dans les situations à haut risque, les agents peuvent également visionner les images en direct sur des écrans plus grands situés à proximité. »

Spot peut également se rendre là où beaucoup d’autres drones ne peuvent pas aller, notamment à l’intérieur de bâtiments, et l’autonomie de sa batterie lui permet d’opérer pendant environ une heure et demie, contre 20 à 30 minutes pour les drones, relève Bloomberg.

L’ICE, le service américain de contrôle de l’immigration et des douanes, a de son côté récemment dépensé environ 78 000 dollars pour acquérir un robot du fabricant canadien Icor Technology Inc. capable d’effectuer des tâches similaires à celles de Spot, et doté de bombes fumigènes.

Bloomberg relève par ailleurs que, d’après les données de Pitchbook, les investissements en capital-risque dans les start-ups spécialisées dans les technologies de défense (« Defense Tech ») ont atteint 28,4 milliards de dollars, ouvrant la voie à un nouveau record annuel, en hausse de 200 % en glissement annuel :

« Alors que les marchés du capital-risque dans leur ensemble se refroidissent, les technologies de défense sont en pleine effervescence, attirant des capitaux records, des valorisations en hausse et une acceptation croissante par le grand public. »

Les grands gagnants seraient les start-ups qui développent des systèmes autonomes tels que des véhicules terrestres sans pilote, des plateformes informatiques avancées et des technologies antidrones.

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Ubisoft rassure et se prépare à finaliser sa réorganisation avec Tencent

Mr. Wolff
Ubisoft rassure et se prépare à finaliser sa réorganisation avec Tencent

Ubisoft a finalement publié vendredi les résultats financiers de son premier semestre, avec huit jours de retard. L’éditeur français fait état de net bookings en hausse et confirme ses objectifs annuels. Il confirme par ailleurs la mise en œuvre imminente de l’accord avec Tencent, qui va conduire au transfert de trois des licences phare du groupe vers une filiale dédiée.

Prise de contrôle par Tencent, OPA hostile ou simple erreur comptable ? Les rumeurs vont bon train depuis qu’Ubisoft a soudainement annoncé, le 13 novembre dernier, le report de la publication de ses résultats financiers pour le premier semestre 2025 et la suspension de la cotation de son action en bourse. C’est finalement l’explication la moins romanesque qui s’impose. Vendredi matin, Ubisoft a en effet invoqué un différend comptable pour justifier ce délai de la publication.

D’après les explications données par Yves Guillemot, PDG du groupe, dans une conférence aux investisseurs, les nouveaux auditeurs nommés par Ubisoft en juillet dernier auraient décelé un problème dans la façon dont l’éditeur a comptabilisé les revenus issus de certains partenariats commerciaux. Il aurait donc fallu retraiter l’ensemble des chiffres du premier semestre, qui se révèlent par ailleurs supérieurs aux prévisions.

Des ventes supérieures aux attentes

Ubisoft a en effet fait état (PDF) d’un volume de net bookings (l’indicateur qui tient lieu de chiffre d’affaires hors éléments différés dans l’industrie du jeu vidéo) de 772,4 millions d’euros sur le semestre, en hausse de 20,3 % sur un an. La performance est particulièrement marquée sur le deuxième trimestre au cours duquel l’éditeur enregistre 490,8 millions d’euros, contre 450 initialement prévus.

« La surperformance a été portée par des partenariats plus importants qu’anticipés et soutenue par un back-catalogue robuste, tous deux illustrant la force des marques du Groupe », avance Ubisoft, qui profite de l’occasion pour confirmer ses objectifs annuels, et rappeler ses sorties encore à venir sur la deuxième moitié de son exercice, dont la prochaine extension d’Avatar Frontiers of Pandora, le remake de Prince of Persia : the sands of time ou de nouvelles déclinaisons mobiles de The Division et Rainbow Six. Ubisoft se réjouit par ailleurs de l’accueil critique positif réservé à Anno 117 : Pax Romana, en dépit d’une petite controverse liée à des visuels intempestifs générés par IA.

L’accueil des marchés s’est révélé positif : l’action Ubisoft a ouvert en hausse de plus de 8 % vendredi matin.

Mise en œuvre imminente de l’accord avec Tencent

Confronté au poids de la dette et après plusieurs exercices inférieurs aux attentes, Ubisoft doit cependant encore mener l’important chantier de restructuration annoncé en début d’année. Outre un plan continu de réduction des coûts, qui « progresse conformément au plan », ce dernier prévoit pour mémoire une réorganisation de grande ampleur, avec le transfert d’au moins trois des licences phares du groupe (Assassin’s Creed, Far Cry, et Tom Clancy’s Rainbow Six) à Vantage Studio, une filiale qui comptera Tencent comme actionnaire minoritaire, en échange d’un apport d’argent frais à hauteur de 1,16 milliard d’euros.

« La finalisation de notre transaction stratégique avec Tencent est désormais imminente, toutes les conditions suspensives ayant été satisfaites », a déclaré vendredi matin Yves Guillemot, selon qui Vantage Studio disposera d’une équipe de direction dédiée, avec la mission de développer aussi loin que possible les trois licences concernées sur tous les écrans.

Ubisoft va mener en parallèle une réorganisation des équipes qui restent sous son contrôle direct, selon un modèle dit de « Creative Houses ». « Nous aurons finalisé la conception de cette nouvelle organisation d’ici la fin de l’année autour d’entités autonomes, efficaces, focalisées et responsables, chacune dotée de sa propre direction, de sa vision créative et de sa feuille de route stratégique », décrit encore le PDG, selon qui les détails complets de ce nouveau mode de fonctionnement seront dévoilés en janvier.

Les efforts de réduction de coût engagés par le groupe se ressentent déjà au niveau des effectifs globaux, qui « s’élevaient à 17 097 fin septembre 2025, soit une baisse d’environ 1 500 employés sur les 12 derniers mois et d’environ 700 depuis la fin mars 2025 ». En octobre, un programme de départs volontaires ciblé ainsi qu’une proposition de projet de restructuration ont été mis en place dans les studios du Nord de l’Europe, indique par ailleurs l’éditeur.

L’IA générative aussi importante que la 3D en son temps

Yves Guillemot a également évoqué vendredi la tendance, sans doute difficile à éviter, de l’IA générative, sur laquelle Ubisoft affiche des ambitions depuis début 2023. « C’est un tournant aussi important pour l’industrie du jeu vidéo que le passage à la 3D », estime le PDG. Il a rajouté que le groupe aurait des choses à montrer en la matière d’ici la fin de l’année, notamment autour de « Neo NPC », le moteur d’IA générative qui doit permettre de donner naissance à des PNJ (les personnages non joueurs, c’est-à-dire gérés par le jeu, traduits par non playable characters en anglais, d’où le NPC) capables de dialoguer de façon nettement plus avancée en langage naturel.

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Microsoft annonce son CPU Cobalt 200 et la nouvelle génération d’Azure Boost

Toujours plus bleu
Microsoft annonce son CPU Cobalt 200 et la nouvelle génération d’Azure Boost

Microsoft a développé et utilise déjà une seconde génération de processeurs maison basés sur Arm : les Cobalt 200. Elle promet une hausse des performances et de la sécurité. Le fabricant présente aussi la nouvelle génération d’Azure Boost, avec toujours plus de bande passante.

La première génération de processeur maison, Cobalt 100, a été annoncée durant la conférence Ignite 2023 de Microsoft. Cette année, c’est au tour de la seconde génération de débarquer avec le Cobalt 200 qui, selon Microsoft, est 50 % plus rapide que son prédécesseur.

Les machines virtuelles basées sur Cobalt 100 sont disponibles pour les clients depuis octobre 2024. « Les développeurs de Snowflake, Databricks, Elastic, Adobe et de notre propre Microsoft Teams profitent déjà d’Azure Cobalt en production, constatant des performances jusqu’à 45 % supérieures, ce qui se traduit par une réduction de 35 % du nombre de cœurs de calcul et de machines virtuelles nécessaires, ce qui permet de réaliser d’importantes économies », affirme Microsoft. Les exemples mis en avant sont évidemment à son avantage.

L’annonce du jour n’est pas qu’un « paper launch » affirme l’entreprise : « Nos premiers serveurs en production avec des CPU Cobalt 200 sont désormais opérationnels dans nos datacenters, avec un déploiement plus large et une disponibilité client prévue en 2026 ». Quelques détails techniques sont donnés.

Des benchmarks et 350 000 jumeaux numériques

Pour développer sa puce, Microsoft explique avoir été confrontée à un problème : « les benchmarks traditionnels ne représentent pas la diversité des charges de travail clients ». Ils ont tendance à s’intéresser davantage aux cœurs du CPU, laissant de côté « le comportement des applications cloud à grande échelle lorsqu’elles utilisent des ressources réseau et de stockage ». Microsoft a donc développé ses propres benchmarks (il y a environ 140 tests).

À l’aide de jumeaux numériques, le constructeur a fait varier le nombre de cœurs, la taille du cache, la vitesse de la mémoire, la consommation du SoC, etc. Microsoft serait ainsi arrivée à pas moins de 350 000 « candidats » pour son processeur Cobalt 200.

132 cœurs Arm CSS V3, 588 Mo de cache L2 + L3

Dans le CPU, on retrouve des cœurs Arm Neoverse Compute Subsystems V3 (CSS V3) annoncés en février 2024. Les variantes Compute Subsystems avaient été inaugurées avec le cœur N2. C’est une configuration dans laquelle Arm ne s’occupe que de la partie CPU et laisse à ses partenaires la possibilité de personnaliser les puces avec des accélérateurs maison, la gestion de la mémoire, les entrées/sorties, l’alimentation, etc.

D’un point de vue technique, « chaque SoC Cobalt 200 comprend 132 cœurs [128 pour Cobalt 100, ndlr] avec 3 Mo de cache L2 par cœur et 192 Mo de cache système L3 ». Dans la pratique, il s’agit d’une configuration avec deux chiplets, chacun disposant de 66 cœurs, de six canaux pour la mémoire et d’accélérateurs pour la cryptographie.

Ajustement des tensions et des fréquences par cœur

Microsoft précise que son contrôleur mémoire est personnalisé et que « le chiffrement est activé par défaut, avec un impact négligeable sur les performances ». La Confidential Compute Architecture (CCA) d’Arm est de la partie afin de proposer une « isolation matérielle de la mémoire de la machine virtuelle par rapport à l’hyperviseur et au système d’exploitation hôte ».

Cobalt intègre aussi un module Azure Integrated HSM (Hardware Security Module), qui « fonctionne avec Azure Key Vault pour une gestion simplifiée des clés de chiffrement ». Le tout est certifié FIPS (Federal Information Processing Standard Publication) 140 - 3 niveau 3.

Microsoft affirme avoir particulièrement soigné la consommation électrique : « L’une des innovations de nos processeurs Azure Cobalt est le Dynamic Voltage and Frequency Scaling (DVFS) par cœur ». La puce est gravée avec le procédé 3 nm de dernière génération de TSMC.

Coup de Boost sur Azure

Microsoft profitait aussi de sa conférence pour présenter une nouvelle version d’Azure Boost, un système « qui décharge les processus de virtualisation de serveur traditionnellement effectués par l’hyperviseur et le système d’exploitation hôte sur des logiciels et du matériel conçus à ces fins ».

Les performances annoncées peuvent atteindre jusqu’à 1 million d’IOPS, un débit de 20 Go/s pour le stockage et de 400 Gb/s pour le réseau. Le nouveau Azure Boost prend aussi en charge le RDMA (Remote Direct Memory Access) pour un accès direct à la mémoire.

Cette nouvelle génération sera disponible dans les prochaines VM de la série v7 avec des processeurs Intel Xeon de la génération Granite Rapids. Microsoft précise que ses futures machines virtuelles DSv7 et ESv7 pourront gérer jusqu’à 372 vCPU, tandis que les ESv7 pourront prendre en charge jusqu’à 2,8 To de mémoire.

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